Amusettes sur l'infini

Bonsoir à tous,

on connait l'hotel infini de Hilbert. Il y a même un métro transfini.

Connaissez-vous d'autre illustrations amusantes (ou même sérieuses !) de l'infini, ou de différences entre fini et infini.

Par exemple, quel que soit n supérieur ou égal à 3, on peut mater avec Roi + Tour contre Roi sur un échiquier de côté n mais pas sur un échiquier infini.

Eventuellement des liens vers des sites traitant ce genre de choses.

Merci.

Aldo

Réponses

  • Je suis sûr que Christophe en connaît pas mal, par exemple ici :
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?12,352935,page=1
  • bonjour

    les séries de Fourier permettent d'illustrer des paradoxes numériques ,
    ceux liés à la forme indéterminée infini x zéro

    une somme infinie de valeurs nulles (ou de limites nulles) n'est pas forcément nulle ni infinie
    la série numérique peut converger vers une constante réelle non-nulle
    elle peut diverger vers une constante complexe ou l'infini

    soit la série de Fourier: x/2 = sinx - (1/2)sin(2x) + (1/3)sin(3x) - (1/4)sin(4x) +.........lorsque x = pi il vient:

    pi/2 = sin(pi) - (1/2)sin(2pi) + (1/3)sin(3pi) - (1/4)sin(4pi) +.......
    une somme infinie de valeurs nulles (au second membre) converge vers une limite positive;

    de même pour la somme infinie de valeurs nulles (au second membre)
    pi/4 = cos(pi/2) - (1/3)cos(3pi/2) + (1/5)cos(5pi/2) - (1/7)cos(7pi/2) +......

    soit la série de Fourier: (1/2)lntan(pi/4 + x/2)) = sinx - (1/3)sin(3x) + (1/5)sin(5x) - (1/7)sin(7x) +......pour x = pi il vient:

    i(pi/2 + k.pi) = sin(pi) - (1/3)sin(3pi) + (1/5)sin(5pi) - (1/7)sin(7pi) +......
    tous les termes sont nuls et la série diverge dans l'ensemble des complexes

    soit la série de Fourier (1/2)tan(x/2) = sinx - sin(2x) + sin(3x) - sin(4x) +......
    pour x = pi le premier membre tend vers l'infini et le second membre correspond à une infinité de valeurs nulles

    cordialement
  • Je ferai un post sur les paradoxes et autres joyeusetés quand je serai chez moi
  • Il y a aussi le développement en série de 1/(1+x) en 1 qui donne 0,5=1−1+1−1+1−1…
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • 1) déjà tu as le lien mis par JLT

    2) comme différence entre fini et infini notable et générale il y a le théorème de logique qui dit qu'il existe un programme d'ordinateur capable d'écrire la liste de tous les théorèmes (ie les énoncés vrais dans tous les mondes) alors qu'il n'existe pas de programme capable d'écrire la liste de tous les énoncés vrais dans tous les mondes finis

    3) Les ultrafiltres permettent d'approximer l'infini par le fini (donnant lieu à l'analyse non standard comme technique achevée)

    4) La théorie des cardinaux (assez sérieuse) regorgent de phénomènes tous plus extravagant les uns que les autres (style métro ci-dessus)

    5) Tu as le paradoxe probabiliste de l'enveloppe: on te donne deux enveloppes dont tu as la certitude que l'une contient un chèque 1000 fois plus élevé que le chèque de l'autre. Tu as le droit de n'en ouvrir qu'au plus une avant de choisir laquelle tu emportes (tu ne peux en emporter qu'une). Le paradoxe réside dans le fait qu'une fois que tu en auras ouvert une, tu auras une irrémédiable envie de partir avec l'autre, or ça tu le savais dès le départ donc tu aurais pu en choisir une quelconque sans l'ouvrir

    6) Dans un compact $E$ pour toute suite de fonctions continues $f_n$ il existe une suite de $u_n\in E$ telle que $\forall n: u_n=f_n(u_{n+1})$. (C'est une sorte de récurrence à l'envers à mettre en contraste avec la fonction que j'ai décrite dans le fil du lien de JLT)

    7) Un que j'aime bien de mon pur cru (dû à une erreur*** et tant mieux pour cette erreur): tu vas dans un casino, jouer une infinité de fois. Les éléments jouables sont des éléments de E un ensemble qu'on suppose bien ordonné. Un raisonnement probabiliste tout bête évoquant l'indépendance des tirages successifs fait que la proba que la suite des tirages $u_n\in E$ soit injective est nulle. Si E est très grand (par exemple si E=IR), on est fasciné par la variable aléatoire "1er n tel qu'il existe un $p<n$ avec $u_p=u_n$. (C'est comme ça que j'ai inventé les ultrafiltres, car c'est facile de prouver que la variable aléatoire $u\mapsto min\{u_n/n\in \N\}$ est tel que sa loi est à image dans la paire $\{0;1\}$ ce qui donne précisément par définition un ultrafiltre. Remarque: je me suis jamais amusé à programmer un tirage aléatoire de piles et faces indicés par $\N^2$ pour voir ce que ca donne. Ie tant que les premiers digits des premiers $u_n$ donne une suite injective continuer d'augmenter n, et sinon, augmenter les tirages des $u(k,i), k\leq n$ sans toucher à n jusqu'à tomber sur une suite $k\leq n\mapto (i\leq p \mapsto u(k,i))$ injective, avant de continuer à augmenter n. Peut-être que Ô surprise, ça finirait (selon le petit raisonnement qui précède) par s'arrêter sur un certain n avec un p qui continuerait éternellement d'augmenter auquel cas ce serait la découverte physique du siècle mais il faudrait un générateur quantique. En tout cas ce serait une manière concrête de voir si la Nature VEUT que IR soit bien ordonné ou non :D
    *** en fait pas vraiment, mais en poussant on obtient tout simplement une contradiction

    8) Paradoxe de Banach Tarski (mon paradoxe de BS à moi c'est le (7) :D )

    9) Question: le retournement de la sphère est-il de près ou de loin lié à l'infini ou pouet-on exprimer TOUT ce qu'il contient en substance par un phénomène fini?

    Voili voilou, si je pense à d'autres trucs, je complèterai.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Merci à tous pour toutes ces bonnes idées, c'est super.

    Quand je pense que j'ai failli oublier la bibliothèque de Babel alors que je viens de voir le film Babel !
  • J'en rajoute sur Borgès: si on cite souvent la bibliothèque de Babel dans leaquelle l'infini est vraiment le thème principal, il y a pas mal d'autre de ses nouvelles qui aborde ce thème. Il aimait bien les jeux de miroirs, les mises en abymes, les paradoxes, les jeux sur le fond et la forme.

    Plus spécifiquement sur l'infini, dans le meme recueil que Babel (Fictions) il y a "le chemin aux sentiers qui bifurquent" par exemple, qui parle d'un labyrinthe infini. Dans son autre grand recueil de nouvelles, l'Aleph, il y a L'immortel, la quete D'averroes, le Zahir, et surtout l'Aleph (deja une reference à l'infini mathématique) qui chez Borges est un objet, ou un point, à partir duquel on peut observer l'univers entier d'un seul coup, ou plutot chaque détail de la totalité de l'univers simultanement. Sensation qui donne evidemment un certain vertige au narrateur :)

    Celles qui ne parlent pas de l'infini sont evidemment tout aussi extraordinaires !
  • Une différence sérieuse: si $A$ est un anneau quelconque, et si $M$ est un $A$-module libre de type infini, alors toutes les bases de $M$ sont équipotentes.

    En langage moins savant, si $I$ et $J$ sont infinis, alors $A^{(I)}\simeq A^{(J)}\Rightarrow I\simeq J$.

    Cela devient faux pour les cardinaux finis:

    $A^n\simeq A^m$ n'implique pas forcément $n=m$. (si $A$ est suffisamment général).


    Autre truc rigolo: tout ensemble infini $E$ admet une partition en deux sous-ensembles équipotents à $E$.
  • Je prévoyais quelques bouquins de maths à lire sur la plage, il y aura peut-être aussi du Borges !

    Pour m'instruire sur les A-modules, j'ai trouvé ce cours qui me semble bien fait.

    Aldo
  • Hello !
    il y en a quelques unes dans le livre de Martin Gardner : "La magie des paradoxes", bibliothèque Pour La Science.
    Un autre soit-disant "paradoxe" très simple : "Il y a plus de nombres qu'il y a de nombres" dans "Pastiches, paradoxes, sophismes, ...", p..12, par le lien suivant :
    http://www.scribd.com/JJacquelin/documents
  • 7) Un que j'aime bien de mon pur cru (dû à une erreur*** et tant mieux pour cette erreur): tu vas dans un casino, jouer une infinité de fois. Les éléments jouables sont des éléments de E un ensemble qu'on suppose bien ordonné. Un raisonnement probabiliste tout bête évoquant l'indépendance des tirages successifs fait que la proba que la suite des tirages $ u_n\in E$ soit injective est nulle.

    Je ne comprends pas grand' chose. Comment fait-on le tirage? Avec quelle loi de probabilité sur $E$?
  • à JLT: je suis un peu pressé car j'ai louée une caisse pour partir en vac et elle est mal garée :D

    Justement, je ne précise pas 'exprès. On "suppose" juste qu'on raisonne avec une probabilité sur $T:=E^\N$ (pas du tout sigma additive, faut quand-même pas pouser :D) qui est diffuse, et qui vérifie toutes les hypothèses intuitives et honnêtes qu'on a envie de faire.

    (par exemple prendre E=2)

    Par exemple, $m(A)=m(B_f)$ quand $B_f$:=l'ensemble des $u\in T$ telles que $uof\in A$ pour chaque injection f de IN dans IN, etc.

    Of course une telle mesure ne peut pas exister. Mais en s'arrêtant AVANT une contradiction dans une preuve naturelle à la Banach Tarski (c'était ça mon erreur de jeunesse) de cette inexistence, on "croise" en coup de vent des tas d'objets, dont les ultrafiltres (comme expliqué ci-avant). Si on oublie de continuer de s'intéresser à la preuve de l'inexistence de m, et qu'on se met à réfléchir aux objets un peu "magiques" qu'elle produit, et bin on se met à aimer faire des maths (du moins c'est mon témoignage: je ne m'étais jamai occupé de maths avant cette idée, un jour je papotais de probas avec un gars dans un bar, je lui ai raconté cette histoire (en fait elle me venait au fil où je la racontais) et puis me suis pris de passion pour lesdits objets. Comme je n'avais pas de papier-crayon, je ne suis pas allé jusqu'à l'inexistence de m, j'ai juste essayé de refléchir aux objets créés, à savoir les ultrafiltres $W_m$ donné par $W_m:=\{X /$ pour m-presque tout $u\in T$, en regardant le 1er n tel que $\forall p\in \N: u_n\leq u_p$, alors $u_n\in X\}$

    (Rappel on suppose que toutes les partie de T sont m-mesurables et que E est bien ordonné)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Ce qui est rigolo c'est que si je n'avais pas eu cette conversation (avec un plagiste totalement non matheux d'ailleurs, on parlait de casinos et de pognon), je n'aurais fait de maths, jamais "inventé" les ultrafiltres, jamais fait de logique (car les ultrafiltres sont un objet de logicien), jamais même entendu parler de forcing, etc... :D
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonjour

    Voici deux autres références:

    Infini Dans Les Sciences L'Art Et La Philosophie

    Bouazaoui / Delahaye

    ainsi que

    Jeux finis et infinis
    Jean-Paul Delahaye
  • Aldo écrivait:
    >
    > Par exemple, quel que soit n supérieur ou égal à
    > 3, on peut mater avec Roi + Tour contre Roi sur un
    > échiquier de côté n mais pas sur un échiquier
    > infini.

    Je serais curieux de savoir où on place les pièces au début de partie sur un tel échiquier !

    Ceci dit j'aime bien l'argument de la diagonale de Cantor de la non-dénombrabilité de l'ensemble des réels.

    Bien cordialement
    kolotoko
  • C'est vrai que des parties sur un échiquier infini, c'est pas évident !

    J'apprécie aussi cette diagonale de Cantor. Même vu et revu, ça force l'émerveillement.

    Aldo
  • À force de jouer sur la diagonale d'un échiquier infini, Cantor est devenu fou.

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Bonjour,

    à lire sur la plage : "le livre de sable" de Borges ; c'est une nouvelle qui nous parle d'un livre ayant une infinité de pages et qui remplace avantageusement pour ce qui est de l'encombrement toutes les bibliothèques de Babel imaginables.

    on peut aussi sur la plage refaire le calcul d'Archimède qui tenta ,il y a 22 siècles de compter les grains de sable de l'univers connu.

    J'aime bien aussi parfois songer au paradoxe de Galilée ; il y a autant de nombres carrés que de nombre entiers et pourtant l'ensemble des carrés est une partie de l'ensemble des entiers.

    Un autre paradoxe : celui des singes dactylographes d'Emile Borel . .

    Bien cordialement
    kolotoko
    kolotoko
  • D'où le titre du film "La diagonale du fou" !
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