paradoxe de Zénon...

Bonjour, je ne sais pas si c'est la bonne rubrique. Bon voilà dans le "paradoxe" d'Achille et la Tortue et autres similaires, on s'en tire (en maths) en disant "calculez la série infinie qui etc..."....Mais philosophiquement je crois n'avoir jamais vu d'explication valable. En particulier si le premier pas était infinitésimal (au sens de l'ANS) on n'irait pas très loin même en faisant beaucoup de pas. Quelqu'un aurait-il une justification "intuitivo philosophique "pour ces paradoxes.
Merci.
Cordialement.
Jean-Louis.

Réponses

  • Bonsoir Jean-Louis,

    A quoi sert de commencer par un pas infinitésimal ?

    Pour ce que j'ai vu, on vulgarise quasi-systématiquement en terminant le raisonnement par :
    "...donc Achille ne rattrapera jamais la tortue."

    C'est ce jamais qui est fautif, puisque l'on considère des intervalles de temps de plus en plus petits, auxquels on fait correspondre des distances elles aussi de plus en plus courtes.

    On s'interdit ainsi de franchir, et même d'atteindre, un certain moment.

    Ce qui est contradictoire avec le concept de "jamais", qui suppose que, aussi longtemps qu'on procède, on n'y arrivera pas.

    Mais justement on ne procède pas longtemps, on se limite à un segment (semi-ouvert) dans le temps.

    Amicalement, bonne soirée.

    Félix
  • @JL de mon tel. D une maniere generale face.une presentation qui se veut une preuve d un enonce paradoxal ecris sa preuve completement et regarde les hypotheses. C est comme ca que Felix a fait pour te repondre j imagine.

    Tu as un " blabla donc jamais" dans les presentations habituelles face auquel ton avis de sceptique est libre
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • J'aime bien l'explication de Diogène de Sinope.

    On a dû le lui présenter de manière légèrement différente, de sorte que le paradoxe prétendait qu'il était impossible d'aller d'un point à un autre -- parce qu'il fallait parcourir la moitié de la distance, puis la moitié de la seconde moitié, etc...

    Et Diogène s'est mis à marcher.


    ***

    Le problème avec un paradoxe de cette nature, totalement contradictoire avec l'expérience, est uniquement de SE convaincre que le raisonnement n'a pas de sens. Et comme d'hab, il y a beaucoup de moyens de se convaincre -- les séries, pourquoi pas~; mais Diogène me parle plus.
  • Il y a deux interprétations antiques qui conduisent toutes les deux à des contradictions sur tous ces paradoxes sauf éventuellement pour celui du stade qui semble d'une nature différente. Tous ces paradoxes jouent sur la dichotomie potentiellement infinie du temps et de l'espace.
    Pour faire simple considérons le paradoxe de la dichotomie : Zénon lance une flêche vers un arbre, peut-elle atteindre l'arbre ?
    De deux choses l'une ou les intervalles d'espace sont divisibles indéfiniment ou ils ne le sont pas.
    Supposons qu'ils le soient selon Anaxagore. Alors, pour que la flêche atteigne son but elle doit parcourir une distance d.
    Mais pour cela elle doit parcourir 0,5 d + 0,25 d + 0,125 d+ etc, autrement dit d sera atteint au moyen d'une somme infinie qui pour les grecs de l'antiquité (- 5e siècle) ne pouvaient donner qu'un résultat infini. D'où une contradiction
    Supposons maintenant avec Pythagore que l'espace n'est pas sécable indéfiniment, alors la somme ci-dessus est nécessairement finie, donc la flêche n'atteint pas son but, d'où une nouvelle contradiction.
    Les deux interprétations conduisent à une contradiction, nous sommes bien en présence d'un paradoxe.
  • Le problème du paradoxe de Zénon est que la série infinie n'a pas de dernier terme, c'est ce qui crée le paradoxe.
    Il faut l'accepter.
  • J'ai vu votre discussion, il est tard je vais essayer de relire votre verbe demain car j'ai moi même toujours eu un problème avec ces paradoxes. Effectivement je n'y ai toujours vu qu'un "effet de manche" figeant artificiellement le temps, sans comprendre leur intérêt/rôle exact dans l'histoire des mathématiques.
  • Dans l'histoire des mathématiques : Quasiment rien.
    Ce sont les philosophes qui ont regardé ça de près, car ça fait partie des notions de la philosophie grecque qui ont été conservées (alors que tant d'autres choses ont été perdues). Et conservées probablement parce que ça servait l'idéologie religieuse du bas moyen-âge.

    Cordialement.
  • Le problème du paradoxe de Zénon est que la série infinie n'a pas de dernier terme, c'est ce qui crée le paradoxe.
    Je ne pense pas, la notion de série infinie a toujours été étrangère aux Grecs de l'antiquité alors que ces énoncés ont été ressenti très tôt comme paradoxaux.
    En effet,
    Gerard0 a écrit:
    Ce sont les philosophes qui ont regardé ça de près, car ça fait partie des notions de la philosophie grecque qui ont été conservées.

    Ceci dit on peut en faire une interprétation mathématique moderne mais l'aspect paradoxal disparait pour laisser la place à une simple incompréhension que les grecs avait des sommes infinies qui peuvent être finies.
  • C'est bien beau tout ça, mais la vraie substance du paradoxe reste. Expliquez moi en termes simples qu'il n'y a rien de paradoxal , j"en serai ravi....mais je crois que c'est plus compliqué que ça et que ça doit avoir à voir avec notre méconnaissance de linfini même en math.... D'ailleurs , ça m'a toujours perturbé qu'il faille un axiome pour autoriser "l'infini à apparaître.
    Cordialement.
    Jean-Louis.
  • Ok,

    je veux bien expliquer le paradoxe, mais j'aimerais d'abord savoir en quoi c'est paradoxal. Car je n'ai jamais vu ce qui pose problème :
    Pour aller de A à B, il faut passer par C, le milieu de [AB]; pour aller à C, il faut passer par D, le milieu de [AC]; pour ...
    Oui, et alors ? Il y a possibilité de faire une infinité de phrases. Où est le problème ?
    Donc donne moi le problème et je chercherai.

    Pour les sophistes grecs, il y avait problème, car ils refusaient toute infinité, même potentielle.

    Cordialement.
  • Cher Gérard, en fait je crois que je refuse effectivement l'infini...Dans l'univers physique à ma connaissance, il n'y a aucune valeur de quoique se soit d'infini...Quant à la trame de l'espace temps , j'ai lu récemment qu'elle pourrait être discrète, ce qui élimine (il me semble) toute idée d'infini...
    De la m^me façon je suis géné quand j'entends Reeb dire "les entiers naïfs ne remplissent pas N...Un entier non naif est supérieur à tout entier naif...Ca donne donc l'impression 'fausse mais impression forte quand même) qu'il existe des éléments de N qui sont infinis...Or N est l'ensemble des ordinaux finis etc etc...
    Voilà, c'est pas trop grave quand même pour ma santé mentale.
    Cordialement.
    Jean-Louis.
  • Ou vu autrement,

    Ce matin il me restait à 08h00 4 heures pour atteindre midi.
    A 10h00, une heure.
    A 11h00, une demi-heure.
    Et ainsi à l'infini.
    Avec de la patience, on peut aboutir à des 10 ^ - 120 secondes, et il nous reste encore l'infini(ment petit) devant nous.

    Mais pendant ce temps-là nous voici arrivés à 19h40.

    Zénon plaque sur cette opération une bijection distances-durées.

    Bonne soirée
  • J'ai expliqué dans un message plus haut que les interprétations antiques d'Anaxagore (possibilité de diviser infiniment l'espace) et de Pythagore (impossibilité de diviser indéfiniment l'espace) conduisaient toutes les deux à des contradiction, d'ou l'aspect paradoxal de ces expériences pour les grecs, bien sûr, plus pour nous aujourd'hui qui connaissons les séries infinies.
  • Rien ne t'oblige à accepter l'infini,

    mais ça complique fortement les mathématiques. L'infini actuel, accepté avec Leibnitz puis Cantor, a produit des avancées notables, mais aussi des notions problématiques (les infiniment petits, peut-être les développements actuels, dont la logique est imparable, mais qu'on regardera peut-être dans 2 siècles comme on regarde les infiniment petits de Leibnitz).
    L'infini potentiel est plus difficile à refuser, car la liste des entiers ne s'arrête pas, et on a bien envie qu'un segment soit divisible à l'infini. C'est cette possibilité qui est à l’œuvre dans le paradoxe de Zénon. Plus exactement, je pense, le fait que dans ce cadre, il n'y a pas de premier point par lequel on passe. Mais une fois admis qu'il n'y en a pas, plus de problème.

    On peut effectivement penser que l'espace est discret, donc plus de diagonale du carré ! Ce n'est pas plus délicat à penser que l'utilisation des modèles continus (loi uniforme, loi Normale) des probabilités pour traiter de problèmes statistiques réels : Ce ne sont que des modèles, la géométrie euclidienne est un modèle, valable à notre échelle, plus à l'échelle subatomique. Après tout, on le sait déjà ! Le diamètre d'un quark est une notion non signifiante.

    Cordialement.
  • Pour donner une info concrête sur l'infini: la correspondance de Curry Howard le situe assez bien et sait "l'éliminer" dans le sens que quand on prouve un truc avec une preuve p utilisant l'infini, il existe une preuve p' qui ne l'utilise pas et arrive à la même conclusion. Bien entendu, ceci vaut pour certains axiomes d'infinis (inoffensifs) et pas d'autres, mais l'important est de situer les axiomes (d'infini ou d'autre chose) dans le cadre des concessions que nous faisons pour garantir des choses concrêtes de nos vies. La mesure de ces concessions est assez bien cernée maintenant par la correspondance de Curry Howard (ça vous fait un mot clé à macher ou chasser pour l'avenir :D )

    Par concession j'entends "concession d'un petit chouya de niveau de certitude"
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.