Lemme chinois

Bonjour,

La démonstration suivante du lemme chinois Si p et q sont premiers entre eux, alors Z/pZ x Z/qZ est isomorphe à Z/pqZ est-elle référencée dans la littérature.

(Résumé de la preuve)
Le produit direct Z/pZ x Z/qZ contient pq éléments, dont le neutre (0, 0) et (1, 1).
Les pq multiples de (1, 1) de 0.(1, 1) jusqu'à (pq - 1).(1, 1) sont tous distincts, car le couple (k.1, k.1) ne devient (0 , 0) que pour un multiple commun de p et q, donc pour les valeurs pq, 2pq, etc.
(1, 1) est donc d'ordre pq et, par suite, engendre Z/pZ x Z/qZ, lequel est donc isomorphe à Z/pqZ.

A+
Hic bene futuna est. (Wallis)

Réponses

  • C'est plutôt une mauvaise preuve : elle ne parle que de groupe et pas d'anneau.
    On peut faire beaucoup plus riche en explicitant les deux isomorphismes à l'aide des coefficients de Bézout et en parlant d'idempotents.
  • Bonjour Piteux-gore
    Il est très classique pour montrer qu'un groupe d'ordre $n$ est cyclique d'exhiber un élément d'ordre $n$.
    Ici, tu montres que les multiples de $(1,1)$ (en notation multiplicative, ce sont ses puissances successives) n'est trivial qu'à partir du rang $pq$ et donc que $(1,1)$ est d'ordre $pq$.
    Note que le lemme des restes chinois montre aussi la réciproque.

    Pour revenir à ta question bizarre
    La démonstration suivante ... est-elle référencée dans la littérature.
    j'ai sorti mon Josette Calais qui dans l'exercice 1) du chap III demande d'abord de calculer l'ordre de l'élément $(a,b) \in \Z/m\Z\times \Z/n\Z$, puis d'en déduire que $(1,1)$ est d'ordre $mn$ quand $m$ et $n$ sont premiers entre eux.
    Et je ne doute pas que ce soit un des premiers exercices d'application de beaucoup de cours sur les groupes.
    Alain
  • RE

    Les preuves que j'ai lues du lemme chinois font intervenir des notions plus complexes que l'étude d'un générateur ; voilà pourquoi j'ai posé cette question bizarre.

    A+
    Hic bene futuna est. (Wallis)
  • Si on veut comprendre que le lemme chinois c'est pareil que le lemme des noyaux, ce qui à l'agrég. peut être bien rentable, il faut plus qu'un générateur.
  • J'ajoute que dans au moins une leçon d'agrégation (interne ?) sur les groupes (et donc sans les anneaux) il faut savoir démontrer ce lemme qu'avec les groupes.

    Évidemment, il faut, aussi dans cette leçon (pour savoir réagir face aux questions du jury) , savoir faire la demo. plus riche, qui utilise l'isomorphisme d' anneaux.

    Ce sont deux notions différentes (le mot isomorphisme, seul, ne veut rien dire) à lier sans les confondre.
  • Mouarf. Parlons de groupes alors, c'est-à-dire de $\Z$-modules. Puisque $up$ et $vq$ (de $up+vq=1$) sont des entiers, ils ont un sens comme endomorphismes du $\Z$-module $M=\Z/pq\Z$ où ils sont idempotents. On a facilement la décomposition $M\simeq upM\oplus vqM$, puis $upM$ est évidemment isomorphe à $p\Z/pq\Z$ (la multiplication par $u$ est un isomorphisme) et donc naturellement à $\Z/q\Z$, idem en permutant, etc.

    C'est plus intéressant d'identifier les deux facteurs du produit de groupes dans $\Z/pq\Z$ que de laisser imaginer une flèche canonique (la réduction modulo un truc plus petit) mystérieusement bijective qui n'aurait pas d'inverse compréhensible. Et là, en plus, on a le lemme des noyaux pour le même prix en posant $\Z=\K[X]$.
  • La démonstration de Piteux_gore est une reformulation (en moins bien à mon avis) de la classique démonstration qui consiste à considérer le morphisme $\Z\mapsto \Z/p\Z\times \Z/q\Z$ (d'anneaux ou de groupes, comme on préfère, mais anneaux c'est mieux) qui envoie l'entier $n$ sur le couple de ses classes modulo $p$ et $q$.
  • Bonsoir,

    je me suis fais la même réflexion (quelques années plus tard). J'ai du mal à trouver la démonstration dans la littérature. Voilà ce que j'ai fait :

    $f:\mathbb{Z}\to \mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ définie par $f(x)=(\bar{x},\bar{x})$ est un morphisme de groupe puisque :
    $f(x+y)=(\bar{x+y},\bar{x+y})=(\bar{x},\bar{x})+(\bar{y},\bar{y})=f(x)+f(y)$

    Ensuite : $x\in ker(f)\Leftrightarrow f(x)=(\bar{0},\bar{0})\Leftrightarrow m|x\,et\,n|x\Leftrightarrow x\in n\mathbb{Z}\cap m\mathbb{Z}\Leftrightarrow x\in ppcm(m,n)\mathbb{Z}$

    D'où $ker(f)=ppcm(m,n)\mathbb{Z}$.

    Si (m,n)=1 alors $ker(f)=mn\mathbb{Z}$ et le théorème de factorisation donne $Im(f)\simeq \mathbb{Z}/ker(f)= \mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$.

    Et là je bloque.
    1) J'arrive à $Im(f)\simeq\mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$ et je veux $\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}\simeq\mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$.

    Or rien ne dit à ce stade que $Im(f)=\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$.

    2) Il ne faut pas que j'oublie la réciproque, à savoir que si $\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}\simeq\mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$ alors (m,n)=1.

    Qu'en pensez-vous ?
    Pouvez-vous à m'aider à avancer ?
    D'avance merci.

    PS : s'il existe des livres dans lesquels on trouve cette démonstration, je suis preneur.
  • Il te manque la surjectivité de $f$. Pour celle-ci le mieux est d'utiliser une relation de Bezout $um+vn = 1$, qui te donne $xum+yvn = xum = x$ modulo $n$, et $xum+yvn = yvn = y$ modulo $m$.

    Pour ta question 2), tu peux prouver que si tu as un diviseur commun, alors $\mathbb Z/n \times \mathbb Z/m$ n'est pas cyclique (par exemple parce qu'il y a un $r < mn$ qui annule tout le monde - peut-être que $ppcm(m,n)<mn$ te donne une idée de qui c'est)
  • Je sais que :

    Si f est une application linéaire d'un ensemble E vers un ensemble F alors :
    (1) f injective ssi $Ker(f)=0$.
    (2) f sujerctive ssi $Im(E)=F$.

    Mais j'avais, je pense, oublié qu'un morphisme est une application linéaire.

    Donc ici, si je prouve que f est surjective, alors j'aurai $Im(f)=\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$.

    Est-ce le bon raisonnement ?

    J'arrive à suivre votre raisonnement jusqu'à ce que vous établissiez $xmu+ynv=x[n]$ et $xmu+ynv=y[m]$. Comment lier cela à la surjectivité de f ?

    $f$ surjective $\Leftrightarrow$ si $(\bar{x},\bar{x})\in\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ alors il existe un élément $x\in\mathbb{Z}$ de sorte que $f(x)=(\bar{x},\bar{x})$
  • Pourquoi parles-tu d'applications linéaires ? Tu vois des espaces vectoriels ici ? ::o
  • Non ! Ce que je voulais dire, c'est que je connaissais la proposition sus-cité pour les applications linéaires, et uniquement pour les applications linéaires -_-

    J'essaye juste de comprendre pourquoi j'ai bloqué à ce niveau et je pense que c'est parce que je ne voyais pas les morphismes comme des applications linéaires.

    Bref, maintenant c'est clair.

    Pour prouver que $Im(f)=\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$, il faut prouver la surjectivité de f.

    Ce que j'essaye de faire.

    Par définition, il faut prouver que tout pour tout élément de $(\bar{x},\bar{x})\in\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$, il existe un élément de $x\in\mathbb{Z}$ de sorte que $f(x)=(\bar{x},\bar{x})$.

    J'ai un doute sur cette phrase là au vu de l'indication de Maxtimax, qui fait intervenir un "y".

    Pouvez-vous m'aider ?
  • BMaths : a priori (enfin si, mais c'est ce qu'on essaie de prouver) tous les éléments de $\mathbb Z/n\mathbb Z \times \mathbb Z/m\mathbb Z$ ne sont pas de la forme $(\bar x, \bar x)$, ils sont de la forme $(\bar x, \bar y)$
  • Je vois.
    Mais par définition, $f$ est le morphisme défini comme suit $f:\mathbb{Z}\to \mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ par $f(x)=(\bar{x},\bar{x})$. Non ?

    Donc : $Im(f)=\{f(x)\mid x\in\mathbb{Z}\}=\{(\bar{x},\bar{x})\mid x\in\mathbb{Z}\}$.

    J'ai l'impression de passer à côté de quelque chose :/
  • Oui, exactement, et le but est de montrer que cette image est tout le monde (c'est la définition de surjectivité !)
  • Je ne vois pas :/
    Je cherche à prouver que $\mathrm{Im}(f)=\mathbb{Z}_n\times\mathbb{Z}_m$, c-à-d que $f$ est surjective.
    Je reviens à la définition : il faut prouver que tout élément de l'espace d'arrivée admet un antécédent dans l'espace de départ.
    Il est établit que :
    $xmu+ynv\equiv x[n]$
    $xmu+ynv\equiv y[m]$
    Alors si $(\bar{x},\bar{y})\in\mathbb{Z}_n\times\mathbb{Z}_m$ (à l'arrivée), alors il existe $p=xmu+ynv\in\mathbb{Z}$ (au départ) de sorte que $f(p)=(\bar{x},\bar{y})$. Soit la surjectivité.
  • Quelqu'un peut-il m'aider ?
    D'avance merci =)
  • @BMaths tu as $f:\mathbb{Z}\to \mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ qui induit une injection de $\mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$ dans $\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ comme tu l'indiques ici http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1111165,1942316#msg-1942316.

    Or cette injection est forcément surjective car $\mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$ a $mn$ éléments et $\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ aussi ! Donc $\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}\simeq\mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$.

    Pour le cas d'un anneau général cet argument ne fonctionne plus mais il a l'avantage d'être super simple dans le cas de $\mathbb{Z}$.
  • BMaths : bah tu viens de résoudre la question dans ton dernier message, je ne comprends pas ce qui te manque :-S
  • Bonjour,
    j'ai repris cette exercice à distance. Je pense l'avoir beaucoup mieux compris. Voici les grandes lignes.

    (1) L'application $f$ défini comme suit $f:\mathbb{Z}\to \mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ par $f(x)=(\bar{x},\dot{x})$ est un morphisme de groupes.
    (2) Le noyau de $f$ est $\ker(f)=ppcm(m,n)\mathbb{Z}=mn\mathbb{Z}$.
    (3) Le th. de factorisation assure l'existence d'un morphisme entre $Im(f)$ et $\mathbb{Z}/\ker(f)=\mathbb{Z}/mn\mathbb{Z}$.
    (4) Du fait que $f$ soit surjective, on a $Im(f)=\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ et donc l'isomorphisme voulu.

    C'est ce dernier point (4) sur lequel j'ai bloqué. Alors je l'ai repris. Voici.

    Je considère un élément $(\bar{x},\dot{x})\in\mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z}$ quelconque et je prouve qu'il existe un antécédent $p\in\mathbb{Z}$ à celui-ci.
    Puisque $pgcd(m,n)=1$ alors le th. de Bézout assure l'existence de deux nombres relatifs $u$ et $v$ tels que $mu+nv=1$.
    On pose alors $p=xmu+ynv\in\mathbb{Z}$.
    D'une part $p=xmu+ynv=(x-xnv)+ynv\equiv x [n]$.
    D'autre part $p=xmu+ynv=xmu+(y-ymu)\equiv y[m]$.
    On a donc bien $f(p)=(\bar{x},\dot{x})$ et la surjectivité.
    Ce qui achève la démonstration.

    Qu'en pensez-vous ?
  • C'est bon pour la surjectivité.
  • Merci beaucoup Poirot :)
  • Bonjour,
    Puisqu'on a du temps devant nous en ce moment, pourquoi ne pas essayer de généraliser?

    Proposition: Soit A un anneau commutatif et I, J deux idéaux de A avec I et J étrangers, i.e. I + J = A. Alors:
    1°) Le produit IJ des deux idéaux est égal à leur intersection.
    2°) Le morphisme naturel f de A dans l'anneau-produit A/I x A/J qui envoie x sur ses deux classes est surjectif.
    3°) On a Ker f = IJ.
    D'où l'isomorphisme d'anneaux de A/IJ avec A/I x A/J.

    On utilise pour cela l'existence de i dans I et j dans J avec i + j = 1.
    Par exemple pour 1°: soit x dans l'intersection, on écrit alors x = xi + xj, donc x est dans IJ.
    Cordialement.
  • Bonsoir Alceste,
    intéressant, mais je manque de connaissances pour y parvenir. J'y reviendrais dès que je serais plus au point :)
  • Bonjour,
    une question qui permettrait de simplifier (peut-être ?) la preuve.

    Puisque $f$ est un morphisme de $\mathbb{Z}$ dans $\mathbb{Z}_n\times\mathbb{Z}_m$, le théorème de factorisation assure :
    1) l'existence et l'unicité d'un morphisme $\bar{f}$ de $\mathbb{Z}/\mathcal{R}$ dans $\mathbb{Z}_n\times\mathbb{Z}_m$ tel que $f=\bar{f}\circ \pi$ ;
    2) l'existence et l'unicité d'un morphisme injectif $\bar{f}$ de $\mathbb{Z}/\ker(f)$ dans $\mathbb{Z}_n\times\mathbb{Z}_m$ tel que $f=\bar{f}\circ\pi$ ;
    3) l'existence et l'unicité d'un isomorphisme $\bar{f}$ de $\mathbb{Z}/\ker(f)$ dans $Im(f)$ tel que $f=\bar{f}\circ\pi$.

    C'est le 2) qui nous intéresse ici :
    Le morphisme $\bar{f}$ de $\mathbb{Z}/nm\mathbb{Z}$ dans $\mathbb{Z}_n\times\mathbb{Z}_m$ est injectif (puisque $\ker(f)=\mathbb{Z}/nm\mathbb{Z}$).
    Et comme $\mathrm{card}(\mathbb{Z}/nm\mathbb{Z})=\mathrm{card}(\mathbb{Z}_n\times\mathbb{Z}_m)$ alors on a une injection entre deux ensembles finis de mêmes cardinaux, c-à-d une surjection.
    Donc finalement, un isomorphisme.

    Est-ce que cela fonctionne ?

    [Pour la visualisation du propos. ;-) AD] $$
    \xymatrix{
    \mathbb Z \ar[r]^-{f} \ar[d]_{\pi}& \mathbb{Z}/n\mathbb{Z}\times\mathbb{Z}/m\mathbb{Z} \\
    \mathbb{Z}/\ker f \ar[ru]_{\bar f}
    } $$
  • ça fonctionne, mais l'argument de cardinal n'est pas super puisqu'il est moins généralisable. Mais ça marche.
  • Super, merci beaucoup !
    Et merci AD pour l'intégration de l'illustration :)

    [À ton service. :-) AD]
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