Extension de R prolongeant la valeur absolue

Bonjour,

Je me demandais s'il existait une extension de corps $K$ de $\mathbb{R}$ avec une valuation (au sens une norme respectant le produit : $\forall x,y\in K, |xy|=|x||y|$) prolongeant la valeur absolue réelle autre que $\mathbb{C}$ avec le module? J'ai bien pensé au corps $\mathbb{R}(X)$ mais on peut montrer que toute valuation dessus induit la valuation discrète sur $\mathbb{R}$ (celle qui vaut 0 en 0 et 1 sinon).

Quelqu'un aurait-il la réponse ou d'autres idées?
Merci :)

Réponses

  • Bonjour

    Les quaternions... mais c'est non commutatif!
  • Ah oui, merci: bien vu même s'il est vrai que j'avais en tête "extension de corps commutatif"...

    Du coup, d'autres idées en exigeant que le corps $K$ soit commutatif?! (:D
  • C'est impossible (c'est le théorème de Gelfand Mazur).

    En fait soit $(K,|\cdot |)$ un tel corps valué. Alors $(K,|\cdot |)$ est aussi un espace vectoriel normé sur $\C$. Soit $x\in K \backslash \C$. Alors pour tout $z\in \C, 1-zx$ n'est jamais nul et donc est inversible (corps). Soit $u$ une forme linéaire (complexe) continue de $K$. Alors $f_u:z\in \C \mapsto u\left((1-zx)^{-1}\right)$ est une fonction holomorphe(c'est ici que le caractère commutatif du corps sert) de limite nulle en l'infini, et donc constante nulle (Liouville...).

    Or, par Hahn-Banach, comme $(1-x)^{-1}$ n'est pas nul, il existe une forme linéaire continue $v:K\to \C$ telle que $f_v(1)=v\left((1-x)^{-1}\right) \neq 0$. Contradiction.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Merci beaucoup Foys pour ta réponse!

    Juste je ne vois pas pourquoi un tel corps valué est aussi alors un espace vectoriel normé sur $\textbf{C}$?
  • En tout cas, moralement, ce n'est pas gagné pour les extensions transcendantes comme dit dans le premier message de ce fil.
    Quant aux extensions algébriques de $\mathbb R$, l'affaire est vite réglée.
  • @Mililine: C'est l'application directe des définitions.

    Je vois que je n'ai traité que le cas où $K$ est une extension de $\C$.
    Et si $K$ est une extension de $\R$ seulement?

    Dans la suite,(afin dêtre sûr qu'on parle bien de la même chose) $\R \subseteq K$ et $|\cdot|_K:K\to \R$ est une application telle que
    (i) La restriction de $|\cdot|_K$ à $\R$ est la valeur absolue usuelle.
    (ii) Pour tout $x\in K$, $|x|_K\geq 0$ et $|x|_K=0$ si et seulement si $x=0$.
    (iii) Pour tous $x,y\in K$, $|x+y|_K\leq |x_K+|y|_K$
    (iv) Pour tous $x,y\in K$, $|xy|_K= |x|_K\cdot |y|_K$.



    On va distinguer deux cas.

    1°) si $X^2+1$ possède une racine dans $K$ (notons là "$i$").Alors $\left| \cdot \right|_K$ est la valeur absolue usuelle sur $\R [ i ] \simeq \C$ et on est ramené au cas que j'ai traité il y a plusieurs jours
    (On a $|i|_K^2 =|i^2|_K =|1|_K=1$ donc $\left|i\right|_K=1$. Soient $a,b\in \R$ non nuls. Alors par inégalité triangulaire , $\left|a+bi\right|_K\leq \left| a\right|_K+\left| bi\right|_K = |a| + |b|$.
    Ceci entraîne que si $(x_n)_{n\in \N}$ est une suite de $\R [ i ] \simeq \C$ bornée pour la valeur usuelle de $\C$, elle est aussi bornée pour $\left| \cdot\right|_K$. Notamment, si $z\in \C$ (on fait désormais l'identification entre $\C$ et $\R [ i ]$ pour éviter les lourdeurs rédactionnelles) est tel que $\left| z \right| \leq 1$, on a aussi $\left| z \right|_K\leq 1$ (parce qu'alors $(z^n)_{n\in \N}$ est une suite bornée pour $\left| \cdot \right|$ donc pour $\left| \cdot \right|_K$ et $\left|z^n\right|_K=\left|z\right|_K^n$ pour tout $n\in \N$).

    De plus $(a-bi)(a+bi)=a^2+b^2$ et donc $\left|a-bi\right|_K \cdot \left| a+bi\right|_K=|a^2+b^2|=a^2+b^2$ et donc $\left| \frac{a+bi}{\sqrt{a^2+b^2}} \right|_K \cdot \left| \frac{a-bi}{\sqrt{a^2+b^2}}\right|_K=1$). Or les deux membres de ce produits sont de module complexe 1°, donc par la remarque précédente, de valeur absolue $\left| \cdot\right|_K$ inférieure ou égale à $1$. Donc $\left| \frac{a+bi}{\sqrt{a^2+b^2}} \right|_K=\left| \frac{a-bi}{\sqrt{a^2+b^2}} \right|_K=1$ et par suite $\left| a+bi\right|_K=\sqrt{a^2+b^2}$. CQFD).


    ****


    2°) Si $X^2+1$ ne possède pas de racine dans $K$, il suffit de montrer que $\left| \cdot \right|_K$ se prolonge à $L:=K [ i ] :=K[X]/X^2+1$.

    Bah il suffit de poser, pour tous $a,b\in K$, $\left|a+bi\right|_L:= \sqrt{\left|a^2 \right|_K+\left|b^2\right|_K}$ et de montrer que cette fonction vérifie les axiomes (i) à (iv) (exo: c'est exactement comme dans le cas complexe classique et il faut l'avoir fait au moins une fois dans sa vie).

    Donc on est à nouveau ramené au cas précédent puisqu'alors $K[X]/X^2+1\simeq \C$.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Bonjour,

    Merci gai requin et Foys pour votre contribution.

    Foys, oui on avait bien les mêmes définitions et tu réponds tout à fait à ma question ! Tes détails m'ont vraiment aidée.

    J'ai repris ça en détails et c'est bien clair SAUF UN POINT : je ne vois pas du tout où on utilise la commutativité du corps $K$ pour montrer que, pour $u$ une forme linéaire complexe continue sur $K$, l'application $\mathbf{C}\rightarrow \mathbf{C}, z\mapsto u((1-zx)^{-1})$ est holomorphe???!

    En effet, il me paraît clair que $\mathbf{C}\rightarrow K, z\mapsto 1-zx$ est $\mathbf{C}$-différentiable (à valeurs dans $K^*$) et que $u$ est $\mathbf{C}$-différentiable de $K$ dans $\mathbf{C}$ (car linéaire continue). Donc le seul endroit où il y aurait un problème (et où apparaît la loi de multiplication du corps aussi!), ce serait si je dis que l'application inverse $K^*\rightarrow K, y\mapsto y^{-1}$ est $\mathbf{C}$-différentiable .... mais pour moi, ceci est vrai pour n'importe quel corps extension de $\mathbf{C}$ muni d'une valeur absolue qui prolonge le module complexe (pour tout $a\in K^*$, la différentielle de l'application inverse en $a$ est $K\rightarrow K, h\mapsto -a^{-1}ha^{-1}$). Je me trompe? Il faut pour cela que le corps soit commutatif?


    Connaissant le corps non commutatif des quaternions qui vérifie bien cela, je suis totalement perdue :-S
  • J'en ai souvent parlé sur le forum de ce théorème de GM, en évoquant qu'alors "le corps des grandeurs du monde" n'est pas valuable.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Mililine a écrit:
    (...la différentielle de l'application inverse en a est$K\to K,h \mapsto -a^{-1} h a^{-1}$). Je me trompe? Il faut pour cela que le corps soit commutatif?
    On ne peut pas montrer que différentielle de cette application est $K$-linéaire en général (si $h\in K$ et si pour tout $y\in K$, $-a^{-1} yha^{-1}=-ya^{-1} ha^{-1}$ alors $a^{-1}$ commute avec tous les élements de $K$ (et $a$ aussi) .
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Oui d'accord! J'ai réussi à clarifier tout ça :)

    En fait, ma confusion venait aussi du fait qu'en cherchant, j'avais vu le théorème de Gelfand-Mazur affirmait que toute algèbre unitaire normée sur $\mathbf{C}$ de Banach dont tous les éléments non nuls sont inversibles était isomorphe à $\mathbf{C}$. Et comme je croyais que les quaternions étaient une algèbre unitaire normée sur $\mathbf{C}$ de Banach, je n'y comprenais plus rien!
    Mais en fait, les quaternions sont une algèbre unitaire normée sur $\mathbf{R}$ de Banach mais pas sur $\mathbf{C}$ puisque $\mathbf{C}$ n'est pas inclus dans le centre de $\mathbf{H}$ (qui est $\mathbf{R}$).

    Encore merci !
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