Quatre-vingt-dix est son ordre

Bonjour,

un tel groupe ne peut être simple !

Est-ce dans " le grand combat" ?

Cordialement
Yann

Réponses

  • Voici une petite indication :

    Si le groupe $G$ était simple, il aurait six $5$-Sylow (pourquoi ?). Il s'injecterait alors dans $\mathfrak S_6$ (pourquoi ?) et même dans $\mathfrak A_6$. Mais $\mathfrak A_6$ n'a pas de sous-groupe d'indice $4$...

    Cordialement, Yann
  • Plus généralement, si $G$ est simple et $|G|$ est pair, alors $|G|$ est un multiple de $4$. Voir l'exercice 3, page 37 du livre de Perrin «cours d'algèbre».
  • $90=2 \times 3^2 \times 5$ donc les $5$-Sylow ne peuvent venir que par $1$ ou $6$ ou 18 (EDIT : merci AD). Si le groupe est simple, il ne peut pas y en avoir qu'un (sinon classiquement il serait distingué), et donc $G$ admet six $5$-Sylow.

    Ainsi $G$ agit par conjugaison sur ses six $5$-Sylow, d'où un morphisme $G \to \mathfrak S_6$, et cette action est fidèle car non triviale (elle est transitive) et $G$ est supposé simple. Donc $G$ s'injecte dans $\mathfrak S_6$. Je n'ai pas encore d'argument pour dire que l'action se réalise dans $\mathfrak A_6$.
  • Bonsoir Poirot
    Le nombre de 5-Sylow ne peut être 18, car $18\neq 1\pmod 5$
    Alain
  • Oui je me suis complètement embrouillé, j'étais parti sur les multiples de $6$ diviseurs de $18$... Merci AD.
  • Bonjour
    Je laisse Poirot poursuivre ses investigations et je me tourne plutôt vers l'excellente indication de JLT.

    En fait, un groupe de cardinal $2n$, avec $n$ impair, admet un sous-groupe d'indice $2$.

    Voici la preuve.
    L'action libre de $G$ sur lui-même par translations à gauche donne lieu au morphisme composé $\mu$ suivant
    $$ G\to \mathfrak S(G)\stackrel{\varepsilon}{\ \to\ }\{\pm 1\},$$ où $\varepsilon$ est la signature.
    Un élément d'ordre $2$ s'envoie par $\mu$ sur $-1$, si bien que le morphisme $\mu$ est surjectif, et son noyau nous révèle un sous-groupe d'indice $2$.

    Cordialement,
    Yann
  • Poirot a écrit:
    Je n'ai pas encore d'argument pour dire que l'action se réalise dans $\mathfrak A_6$.

    Si $f(G)$ est la copie de $G$ dans $\mathfrak S_6$, elle est contenue dans $\mathfrak A_6$, sinon l'intersection $f(G)\cap\mathfrak A_6$ est un sous-groupe d'indice 2 dans $f(G)$, donc distingué dans $f(G)$ qui est supposé simple.
    Alain
  • Merci AD, c'est tout bête vu comme ça (tu)
  • $"$ Dans un groupe d'ordre 90, il y a toujours un sous-groupe distingué d'ordre 15. $"$

    Est-ce une fausse rumeur ?

    Yann
  • Peut-être Alain traite-t-il le sujet dans son bouquin ?
  • Si je ne m'abuse, Alain traite principalement des groupes d'ordres inférieurs à $32$ dans son livre ! (même s'il ne parle bien sûr pas que d'eux pour énoncer ses théorèmes...)
  • Bonjour
    La démo de Yannguyen http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1562942,1563282#msg-1563282 montre que $G$ d'ordre $90$ admet toujours un sous-groupe d'indice $2$, appelons le $H$, donc distingué dans $G$.
    Mais $H$ est d'ordre $45$ et la démo commune du fil http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1563492,1563492#msg-1563492 montre que $H$ est commutatif, c'est-à-dire soit $C_{45}$ soit $C_{15}\times C_3$.
    Dans les deux cas, $H$ admet un sous-groupe $C_5$ caractéristique (c'est un $5$-Sylow de $H$ commutatif, donc distingué, c'est-à-dire seul d'ordre 5 dans $H$, donc caractéristique dans $H$).
    Comme $H$ est distingué dans $G$, le sous-groupe $C_5$ est distingué dans $G$ (caractéristique dans un distingué), mais c'est aussi un $5$-Sylow de $G$, donc $G$ admet un unique $5$-Sylow.

    Le même raisonnement vaut pour le $3$-Sylow de $H$ qui est donc caractéristique dans $H$ donc distingué dans $G$.
    Ainsi, tous les groupes d'ordre 90 ont un unique $5$-Sylow et un unique $3$-Sylow.
    À partir de là, montrer l'existence d'un sous-groupe d'ordre $15$ distingué dans $G$ ...
    Alain
  • Bonjour AD,

    Ce n'est pas encore acquis !

    J'espère qu'il ne faudra pas aller vers GAP pour s'en convaincre. Et dans ton livre cela s'arrête à 32. Que faire ??

    En tout cas, s'il y a un sous-groupe distingué d'ordre $15$ dans tout groupe d'ordre $90$, c'est qu'il y a toujours aussi un sous-groupe distingué d'ordre $3$ ! En es-tu sûr ??

    Cordialement,

    Yann
  • Alain et Yann,

    On a l'impression que vous jouez au chat et à la souris. Je me trompe ?

    Une mini-contribution : la liste des groupes d'ordre $\le 100$ in https://www.mimuw.edu.pl/~zbimar/small_groups.pdf. Les groupes d'ordre 90 sont à la page 27 (il y en a seulement 10).

    Mais je suppose que cette liste, vous la connaissez et ci cela se trouve, vous la connaissez par coeur ?

    Claude.
    PS : en ce qui concerne l'existence d'un groupe distingué d'ordre 15 (resp. d'ordre 3) dans un groupe d'ordre 90, vu la petitesse du nombre de groupes d'ordre 90, j'ai fait la vérification.
  • Bonjour Yann
    Tu as raison, ce n'est pas encore terminé.
    Cependant, comme un groupe $G$ d'ordre $90$ admet un $5$-Sylow $S$ distingué, on peut donc prendre le quotient $G/S$ qui est d'ordre $18$.
    Si on montre qu'un groupe d'ordre $18$ admet toujours un sous-groupe d'ordre $3$ distingué, celui-ci, en vertu du théorème du treillis quotient${}^1$, se remontera dans le groupe $G$ en un sous-groupes d'ordre $3\times 5=15$ distingué dans $G$.
    Là, comme $18 < 32$, les groupes d'ordre 18 sont listés dans mon livre :-). Il y en a cinq, et on constate visuellement que chacun contient bien un sous-groupe distingué d'ordre $3$.
    Pour en avoir la preuve, comme $18=2\times 3^2$, par Cauchy, tous possèdent au moins un sous-groupe d'ordre $3$. Ensuite, on remarque que parmi les cinq groupes d'ordre $18$,
    $\bullet~$deux sont commutatifs ($C_{18}$ et $C_6\times C_3$) donc leurs sous-groupes d'ordre $3$ sont distingués ;
    $\bullet~$l'un est $\mathfrak S_3\times C_3$ dont un facteur direct, donc distingué, est d'ordre $3$ ;
    $\bullet~$un autre est le groupe diédral $D_9$, possédant un sous-groupe $C_9$ (cyclique) distingué ayant donc un $C_3$ caractéristique, donc distingué dans $D_9$ ;
    $\bullet~$le dernier est $C_3^{\,2}\rtimes_r C_2$, où $r: C_2\to\mathrm{Aut}(C_3^{\,2})$ est défini par $r(s)=(x\mapsto x^{-1})$. Ce qui fait que tous les sous-groupes de $C_3^{\,2}$ sont distingués dans le produit semi-direct (car pour tout $x\in C_3^{\,2}$ on a $sxs^{-1}=x^{-1}\in \langle x\rangle$).
    Alain

    ${}^1$Le théorème du treillis quotient indique que si $H\lhd G$, alors la surjection canonique $\pi:G\to G/H$ induit une bijection entre les sous-groupes du quotient et les sous-groupes de $G$ contenant $H$, que cette bijection, et sa réciproque, conservent la relation d'ordre 'inclusion' et les indices entre sous-groupes (c'est un isomorphisme de treillis) ainsi que le caractère distingué ou non des sous-groupes qui se correspondent.
  • Je vais réécrire une preuve complète car ça commence à être un peu confus. Soit $G$ un groupe d'ordre $90$. D'après le théorème de Cauchy, il possède un élément d'ordre $2$, que l'on notera $s$.

    L'action de $G$ par translation à gauche donne un morphisme $G\to S_{90}$. En composant avec la signature, on obtient un morphisme $f:G\to \{-1,1\}$. Comme $f(s)=(-1)^{45}=-1$, $f$ est surjective, donc son noyau $H$ est d'ordre $45$.

    Le nombre de $3$-Sylow de $H$ divise $5$ et il est congru à $1$ modulo $3$, donc vaut $1$.

    Le nombre de $5$-Sylow de $H$ divise $9$ et il est congru à $1$ modulo $5$, donc vaut $1$.

    Notons $K$ le $3$-Sylow de $H$ et $L$ le $5$-Sylow de $H$. Ce sont des sous-groupes distingués de $H$, et ils sont abéliens car d'ordre premier ou carré d'un nombre premier.

    On a $K\cap L=\{e\}$ car le cardinal de $K\cap L$ divise à la fois celui de $K$ et celui de $L$.

    Pour tous $(k,\ell)\in K\times L$, on a $k(\ell k^{-1}\ell^{-1})\in K$ car $K$ est distingué. De même, $(k\ell k^{-1})\ell^{-1}\in L$, donc $k\ell k^{-1}\ell^{-1}=e$, autrement dit tous les éléments de $K$ commutent avec tous les éléments de $L$.

    Par conséquent, l'application $K\times L\to H, (x,y)\mapsto xy$ est un morphisme de groupes. Comme $K\cap L=\{e\}$, il est injectif. Pour des raisons de cardinalité, il est bijectif, donc $H\cong K\times L$ est abélien.

    Comme $s$ est un élément d'ordre $2$, on en déduit que $G$ est un produit semi-direct $H \rtimes \langle s\rangle$.

    Montrons maintenant que $G$ possède un sous-groupe distingué d'ordre $15$. Pour cela, il suffit de trouver un sous-groupe $M$ d'ordre $15$ de $H$ tel que $sMs^{-1}=M$, puisque $H$ est abélien et $G$ est engendré par $H$ et $s$.


    Premier cas. $K$ est cyclique, donc $H$ est cyclique d'ordre $45$. On prend $M=\{x\in H\mid x^{15}=e\}$.

    Deuxième cas. $K\cong (\Z/3\Z)^2$. Comme $sKs^{-1}$ est un $3$-Sylow de $H$, on a $sKs^{-1}=K$ et de même $sLs^{-1}=L$.
    De plus, l'application de $K$ dans $K$ définie par $x\mapsto sxs^{-1}$ est un automorphisme de groupes involutif, donc c'est une symétrie du $\Z/3\Z$-espace vectoriel $(\Z/3\Z)^2$. Or, une symétrie vectorielle admet toujours une droite stable $D$. Le groupe $M=D\times L$ est un sous-groupe distingué d'ordre $15$ de $G$.
  • Merci à Alain et à JLT.
    Les deux arguments sont très bons, mais j'ai une préférence pour celui de JLT, qui fait usage de l'existence de droites propres pour un endomorphisme involutif (sur $\mathbb F_3$). Bravo...

    Il est temps maintenant pour clore ce registre de compter le nombre de produits semi-directs distincts entre un groupe de cardinal 45 et un groupe d'ordre $2$ qui agit dessus.

    Yann
  • En reprenant les notations de JLT ci-dessus,
    Un groupe $G$ d'ordre $90$ est produit semi-direct (externe) d'un groupe $H$ d'ordre $45$ par un groupe $\langle s\rangle$ d'ordre $2$.
    D'autre part, on sait ( http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1563492,1563492#msg-1563492 ) qu'un groupe d'ordre $45$ est commutatif, donc ou bien $C_{45}$, ou bien $C_{15}\times C_3$.
    Il convient donc de déterminer tous les morphismes $u : \langle s\rangle \to \mathrm{Aut}(H)$ qui vont donner des produits semi-directs a priori différents (non isomorphes).
    On sait (par exemple http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1461578,1462070#msg-1462070 ou mon livre chap X, §3, p 275 et suivantes) que si $u,u' : \langle s\rangle \to \mathrm{Aut}(H)$ sont tels qu'il existe $\sigma\in\mathrm{Aut}(H) , \ u'=\sigma\circ u\circ \sigma^{-1}=int_\sigma\circ u$, c'est-à-dire qu'ils rendent le diagramme suivant commutatif $$\xymatrix {
    \langle s\rangle \ar[r]^{\mathrm{id}} \ar[d]_{u} & \langle s\rangle \ar[d]^{u'} \\
    \mathrm{Aut}(H) \ar[r]_{int_\sigma} & \mathrm{Aut}(H)
    } \qquad int_\sigma\circ u = u'
    $$ alors on a un isomorphisme $\varphi: H\rtimes_u\langle s\rangle \xrightarrow [\simeq]{} H\rtimes_{u'}\langle s\rangle$ défini par $\begin{cases}\varphi(h)=\sigma(h),&\text{pour }h\in H\\ \varphi(s)=s.\end{cases}$
    En d'autres termes, si $\mathrm{im\,}u$ et $\mathrm{im\,}u'$ sont des sous-groupes conjugués de $\mathrm{Aut}(H) $, alors $u$ et $u'$ définissent deux produits semi-directs isomorphes.
    En conséquence, il faut déterminer les classes de conjugaison des sous-groupes d'ordre 2 ($\langle s\rangle$ est d'ordre 2) de $\mathrm{Aut}(H)$, et pour chaque classe, on aura a priori un produit semi-direct différent.

    La suite dans un prochain message.
  • Premier cas, $H=C_{45}\simeq C_9\times C_5$.
    Dans ce cas, $9$ et $5$ étant premiers entre eux, $\mathrm{Aut}(H)= \mathrm{Aut}(C_9)\times\mathrm{Aut}(C_5)\simeq C_6\times C_4 \simeq C_{12}\times C_2$. C'est un groupe commutatif qui nécessite au moins deux générateurs d'ordre pair, il aura donc un sous-groupe isomorphe à $C_2\times C_2$ d'où trois sous-groupes d'ordre 2 distingués, et si $a$ est un générateur de $H=C_{45}$, ces sous-groupes sont engendrés respectivement par $r(s)=(a\mapsto a^{-1}),\ u_1(s)=(a\mapsto a^{19})$ et $u_2(s)=(a\mapsto a^{26})$.
    Nous avons donc, dans $\mathrm{Aut}(H)$ trois classes de conjugaison de sous-groupes d'ordre 2, donc trois produits semi-directs :
    $\bullet~G_1=\langle a,s\mid a^{45}=s^2=1, \ sas^{-1}=a^{-1}\rangle = D_{45}$. On reconnaît là le groupe diédral à $90$ éléments.
    $\bullet~G_2=\langle a,s\mid a^{45}=s^2=1, \ sas^{-1}=a^{19}\rangle .$
    $\bullet~G_3=\langle a,s\mid a^{45}=s^2=1, \ sas^{-1}=a^{26}\rangle .$
    Auxquels il faut ajouter le produit direct (morphisme $u$ trivial $:\langle s\rangle\to\{\mathrm{id}\} \subset\mathrm{Aut}(H)$)
    $\bullet G_0=C_{45}\times C_2 \simeq C_{90}$.

    Ces groupes ne sont pas isomorphes entre eux, car $G_0$ est commutatif et les autres non,
    Ensuite $D_{45}$ admet $45$ éléments d'ordre 2, alors que $G_2$ n'en admet que $5$ et $G_3$ en a $9$.
  • Deuxième cas, $H=C_{15}\times C_3\simeq C_3^{\,2}\times C_5$.
    Ici encore, $3$ et $5$ étant premiers entre eux, $\mathrm{Aut}(H)= \mathrm{Aut}(C_3^{\,2})\times\mathrm{Aut}(C_5) = \mathrm{GL}(2,\mathbb F_3)\times C_4 $.
    On sait que $C_4$ n'ayant qu'un seul sous-groupe d'ordre 2, n'a qu'une classe de conjugaison de sous-groupes d'ordre 2, sous-groupe engendré par $-1$, et qui donne l'automorphisme $(c\mapsto c^{-1})$, où $c$ est un générateur de $C_5$.
    En revanche, $\mathrm{GL}(2,\mathbb F_3)$ admet deux classes de conjugaison de sous-groupes d'ordre 2, l'une (le centre) est engendrée par $-I_2$ distingué et l'autre est constituée de 12 éléments, dont l'un est la permutation des deux coordonnées, que nous appellerons $swp$.
    Les classes de conjugaison de sous-groupes d'ordre 2 du produit $\mathrm{GL}(2,\mathbb F_3)\times C_4 $ (parce que $C_2$ ne possède qu'un seul élément non trivial) vont être $(\text{une classe de }\mathrm{GL}(2,\mathbb F_3), 1_{C_4})$, ou bien $(I_2, \text{une classe de } C_4$) ou enfin $ (\text{une classe de } \mathrm{GL}(2,\mathbb F_3), \text{ une classe de }C_4)$.
    Ce qui donne $2\times 1+1\times 1+2\times 1= 5$ classes de conjugaison différentes dans $\mathrm{GL}(2,\mathbb F_3)\times C_4 $.
    Convenons d'appeler $a,b$ deux générateurs de $C_3^{\,2}$, $c$ un générateur $C_5$ et $s$ celui de $C_2$.
    On a $H=C_3\times C_3 \times C_5=\langle a,b,c\mid a^3=b^3=1,\ ba=ab,\ c^5=1,\ ca=ac, \ cb=bc\rangle$ car il est commutatif.

    $\bullet~u(s)=\big\langle (-I_2,\mathrm{id}_{\mathrm{Aut}(C_5)})\big\rangle$ qui donne le groupe de présentation :
    $G_4=\langle a,b,c,s\mid a^3=b^3=c^5=s^2=1,\ ba=ab,\ ca=ac,\ cb=bc,\ sas^{-1}=a^{-1},\ sbs^{-1}=b^{-1},\ scs^{-1}=c\rangle$,
    que l'on reconnaît être le produit direct de $C_5$ par le diédral généralisé du groupe commutatif $C_3^{\,2}$ (qui est d'ordre $18$)
    GAP> SmallGroup(90,8);

    $\bullet~u(s)=\big\langle (swp,\mathrm{id}_{\mathrm{Aut}(C_5)})\big\rangle$ qui donne le groupe de présentation :
    $G_5=\langle a,b,c,s\mid a^3=b^3=c^5=s^2=1,\ ba=ab,\ ca=ac,\ cb=bc,\ sas^{-1}=b,\ sbs^{-1}=a,\ scs^{-1}=c\rangle$
    GAP> SmallGroup(90,6);

    $\bullet~u(s)=\big\langle \big(I_2,(c\mapsto c^{-1})\big)\big\rangle$ qui donne le groupe de présentation :
    $G_6=\langle a,b,c,s\mid a^3=b^3=c^5=s^2=1,\ ba=ab,\ ca=ac,\ cb=bc,\ sas^{-1}=a,\ sbs^{-1}=b,\ scs^{-1}=c^{-1}\rangle$,
    que l'on reconnaît être $C_3^{\,2}\times D_5$.
    GAP> SmallGroup(90,5);

    $\bullet~u(s)=\big\langle \big(-I_2,(c\mapsto c^{-1})\big)\big\rangle$ qui donne le groupe de présentation :
    $G_7=\langle a,b,c,s\mid a^3=b^3=c^5=s^2=1,\ ba=ab,\ ca=ac,\ cb=bc,\ sas^{-1}=a^{-1},\ sbs^{-1}=b^{-1},\ scs^{-1}=c^{-1}\rangle$,
    que l'on reconnaît être le diédral généralisé du groupe commutatif $H=C_3^{\,2}\times C_5$.
    GAP> SmallGroup(90,9);

    $\bullet~u(s)=\big\langle \big(swp,(c\mapsto c^{-1})\big)\big\rangle$ qui donne le groupe de présentation :
    $G_8=\langle a,b,c,s\mid a^3=b^3=c^5=s^2=1,\ ba=ab,\ ca=ac,\ cb=bc,\ sas^{-1}=b,\ sbs^{-1}=a,\ scs^{-1}=c^{-1}\rangle$
    GAP> SmallGroup(90,7);

    $\bullet~u(s)$ trivial qui donne le produit direct $G_9=C_3^{\,2}\times C_5\times C_2 \simeq C_{30}\times C_3$.
    GAP> SmallGroup(90,10);

    On vérifie (je n'ai pas le courage, mais c'est exact), par exemple en comparant le nombre d'éléments de chaque ordre, que ces groupes sont différents deux à deux, y compris avec ceux obtenus au premier cas lorsque $H=C_9$.
    Cela nous fait alors à isomorphisme près, exactement $10$ groupes distincts d'ordre $90$.

    Alain
  • Bonjour,
    J'apporte un petit complément au post d'Alain in http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1562942,1564528#msg-1564528, complément un tantinet hors sujet, concernant les produits semi-directs $\Z/N\Z \rtimes C_2$ avec $N$ impair. Dans l'histoire de Yann, $N = 45 = 5 \times 9$.

    On écrit $N = N_1 \cdots N_k$ où les $N_i$ sont des puissances de nombres premiers deux à deux distincts. Alors il y a $2^k$ produits semi-directs, deux à deux non isomorphes, indexés par les parties $I \subseteq \{1..k\}$. Le nombre d'éléments d'ordre 2 du produit semi-direct indexé par $I$ est $\prod_{i \in I} N_i$, ce qui assure la non-isomorphie.

    Sketch : on prend comme modèle de $\Z/N\Z \rtimes C_2$ le groupe des applications affines $x \mapsto a^\varepsilon x + b$ avec $a \in \Z/N\Z$ vérifiant $a^2 = 1$, $b \in \Z/N\Z$ et $\varepsilon = 0,1$. Les $a$ s'obtiennent en considérant l'isomorphisme de droite :
    $$
    \Z/N\Z \simeq \prod_{i=1}^k \Z/N_i\Z
    \qquad\qquad\qquad
    (\Z/N\Z)^\times \simeq \prod_{i=1}^k (\Z/N_i\Z)^\times
    \qquad \qquad (\star)
    $$
    Etant donné $I \subseteq \{1..k\}$, on note $a_I$ l'élément de $(\Z/N\Z)^\times$ dont la version $k$-uplet à droite s'écrit $(\pm 1, \pm 1, \cdots, \pm 1)$ avec $-1$ si l'indice est dans $I$, $1$ sinon. Par exemple, $a_\emptyset = 1$ et $a_{\{1..k\}} = -1$. Il n'y a pas d'autres éléments $a$ vérifiant $a^2 = 1$ que les $a_I$ car chaque facteur du produit de droite est cyclique.

    Quant aux éléments d'ordre 2 du produit semi-direct obtenu, il n'y en a pas parmi les $x \mapsto x + b$. Il faut donc chercher parmi les $x \mapsto ax + b$. Avec une notation un peu abusive, cela signifie $(ax + b) \circ (ax + b) = x$ i.e. $ab + b = 0$ i.e. $(a+1)b = 0$. Les éléments d'ordre 2 sont donc les $x \mapsto ax+b$ avec $b \in \Z/N\Z$ vérifiant $(a+1)b = 0$. En utilisant l'isomorphisme de gauche dans $(\star)$, dans la composante indexée par $I$, on $a+1 = 0$ et dans les autres, on a $a+1 = 2$ qui est inversible. On obtient ainsi le nombre d'éléments d'ordre 2 annoncé.
  • Bonsoir Claude
    Joli complément qui traite les produits semi-directs $G=\mathbb Z/N\mathbb Z\rtimes C_2$, avec $N$ impair.

    Je crois qu'on peut même aller un peu plus loin et donner la structure du groupe.
    Pour un $a$ donné, notons $G_a$ le produit semi-direct correspondant.
    L'action du $C_2$ (de générateur représenté, par exemple, par $s=(x\mapsto ax)$ qui est bien d'ordre 2 car $a^2=1$) sur $\mathbb Z/N\mathbb Z$ (de générateur représenté par $(x\mapsto x+1)$) est donnée par $$
    s\cdot(x\mapsto x+1) = (x\mapsto ax)\circ(x\mapsto x+1)\circ(x\mapsto ax)^{-1} = (x\mapsto x+a).
    $$ Pour toutes les coordonnées $i$ où $a_i=-1$, on obtient $s\cdot(x_i\mapsto x_i+1)=(x_i\mapsto x_i-1) = (x_i\mapsto x_i+1)^{-1}$, en d'autre termes $s$ agit en inversant l'élément de $\mathbb Z/N_i\mathbb Z$ sur lequel il s'applique.
    En revanche dans une coordonnée où $a_i=1$, l'action de $s$ est triviale.

    Prenons ta future notation $N_I=\prod\limits_{i\in I} N_i$, complétée par $\ N_{\overline I}=\prod\limits_{j\notin I} N_j$ pour le complémentaire $\overline I$ de $I$.
    Ainsi, sur la partie $\prod\limits_{i\in I} \mathbb Z/N_i\mathbb Z$, $s$ agit par inversion, cela nous donne le groupe diédral $D_{N_I}$.
    alors que sur son complément, $\prod\limits_{j\notin I} \mathbb Z/N_j\mathbb Z$, $s$ agit trivialement et l'on obtient $\mathbb Z/N_{\overline I}\mathbb Z$.
    Finalement, on obtient (***) : $$
    G_a \simeq D_{N_I} \times \mathbb Z/N_{\overline I}\mathbb Z
    $$ Alors, comptons les éléments d'ordre 2 de $G_a$. Ils ne peuvent être dans le facteur $\mathbb Z/N_{\overline I}\mathbb Z$ puisque celui-ci est d'ordre impair, ils sont dont tous dans $D_{N_I}$. Or un groupe diédral d'indice impair $N_I$ contient exactement $N_I$ éléments d'ordre 2 tous conjugués, ce sont les $2$-Sylow de $D_{N_I}$ (on peut aussi les voir comme les symétries du $N_I$-gone régulier).

    Alain

    (***) Pour le cas où tu ne serais pas convaincu par cet argument, on peut écrire la présentation de $G_a$ avec $g_i$ les $k$ générateurs de chacun des $\mathbb Z/N_i\mathbb Z$ et le générateur $s$ d'ordre 2. Les relations entre les $k$ premiers générateurs $g_i$ sont des relations de commutation car $\mathbb Z/N\mathbb Z$ est commutatif. Les relations de $s$ avec les générateurs d'indice dans $I$ sont $sg_is^{-1}=g_i^{-1}$ et avec les générateurs d'indice hors de $I$ : $sg_js^{-1}=g_j$, qui sont des relations de commutation. En regroupant les générateurs d'indice dans $I$ et le générateur $s$, on obtient le diédral $D_{N_I}$, et les autres générateurs fournissent le cyclique $\mathbb Z/N_{\overline I}\mathbb Z$. Les relations de commutation de $s$ avec les $g_j$ pour $j\notin I$ donnent alors le produit direct du sous-groupe diédral $D_{N_I}$ et du sous-groupe cyclique $\mathbb Z/N_{\overline I}\mathbb Z$, comme indiqué ci-dessus.

    [Edit : prise en compte de tes notations du post suivant. Alain]
  • @Alain

    Vu. Juste un petit truc concernant la notation $a_I = \prod_{i \in I} N_i$ que tu m'attribues. Non : $a_I$, chez moi, désignait un élément de $\Z/N\Z$ de carré égal à 1. C'est pas grave. Suite à ton post, sur mon brouillon, j'ai adopté les notations :
    $$
    N_I = \prod_{i \in I} N_i, \qquad N_{\overline I} = \prod_{j \notin I} N_j, \qquad
    \hbox {si bien que} \qquad
    \Z/N\Z \rtimes_I C_2 \simeq \text{Diédral}(N_I) \times \text{Cyclique}(N_{\overline I})
    $$
    Autres choses :

    I) J'avais remarqué que parmi les 10 groupes d'ordre 90, 9 d'entre eux sont des (vrais) produits directs.

    II) J'avais aussi remarqué que le groupe d'ordre 45 est unique. Je ne sais plus si cela avait été dit. Cela doit être classique : si $G$ est un groupe d'ordre $2m$ avec $m$ impair, alors $G$ contient un et un seul sous-groupe d'indice 2.
    Justification :
    a) Comme déjà dit : on considère $\varphi : G \to \{\pm 1\}$ défini par $\varphi(x) = \varepsilon(m_x)$ où $m_x$ est la multiplication à gauche par $x$ et $\varepsilon$ la signature. Puisqu'il existe un élément $s \in G$ d'ordre 2, on a $\varphi(s) = (-1)^m = -1$. Ceci démontre l'existence d'un sous-groupe $K = \ker\varphi$ d'indice 2 (= d'ordre $m$).

    b) On a alors un produit semi-direct $G = K .\langle s\rangle$ (déjà signalé). Je dis que tout sous-groupe $H$ d'ordre impair est contenu dans $K$, a fortiori un seul sous-groupe d'ordre $m$. En effet, soit $x \in H$ ; alors $m_x$ se décompose en cycles à supports disjoints tous de même longueur $\text{o}(x)$ (l'ordre de $x$). Et comme $\text{o}(x)$ est impair, on a $\varepsilon (x) = 1$. Et donc $H \subseteq K$. J'ai l'impression d'en faire des tonnes ici.
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