Polynôme irréductible.

D'après moi, dans Z/2Z[X] on a:

X4 + X + 1 = X + X + 1 = 2 X + 1 = 1

J'applique le théorème de Fermat: ( X2 )2 = X2 = X

Donc ce polynôme ne peut pas être un irréductible de Z/2Z[X]

Or c'est le cas d'après la correction du Gourdon, dans laquelle je ne vois pas d'erreur non plus (ex 11 p 69)
Je ne vois pas où est mon erreur sur ce raisonnement.

Réponses

  • Tu confonds polynôme et fonction polynomiale, tes égalités sont fausses. Revois tes définitions.
  • Merci pour la piste, je vais revoir cela!
  • Le polynôme $X^4+X+1$ n'est pas égal au polynôme $1$ : ils n'ont pas le même degré. Par contre leurs fonctions polynomiales associées, qui sont $x \mapsto x^4+x+1$ et $x \mapsto 1$, définies sur $\mathbb Z/2 \mathbb Z$ sont bien égales, car elles prennent les mêmes valeurs en tout point.
  • Bonjour elb,

    pour revenir à la question initiale, vois-tu pourquoi ton polynôme est irréductible ?
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • @Poirot:
    Je vois mais j'ai encore un peu de mal à me convaincre que des fonctions polynomiales identiques n'impliquent pas que les polynômes sont égaux.
    Bon c'est juste que K[X] et l'espace des fonctions polynomiales de K dans K ne sont pas isomorphes (problème évident pour l'injectivité dans ce cas) mais ça m'empêche pas de me faire des nœuds au cerveau depuis ce matin.

    @Zeitnot
    Oui, ça c'est bon, raisonnement par l'absurde en le supposant réductible et on arrive à une contradiction sur les coefficients. Le problème c'est que j'avais deux démonstrations avec des conclusions différentes.

    En tous cas merci pour votre aide, je pense avoir tout en main pour m'en sortir.
  • elb a écrit:
    j'ai encore un peu de mal à me convaincre que des fonctions polynomiales identiques n'impliquent pas que les polynômes sont égaux.

    C'est pourtant clair lorsqu'on revient à la construction de l'anneau des polynômes.

    Le polynôme $P=\sum_n a_n X^n$, c'est en fait la suite $(a_n)_{n\geq 0}$ à coefficients dans $K$. C'est donc la fonction $P: n\in \mathbb{N}\mapsto a_n\in K$

    La fonction polynomiale associée c'est $\widetilde{P}:t\in K\mapsto \sum_n a_n t^n\in K$. Deux objets de nature complètement différente.

    L'exemple clair de Poirot te montre qu'en général, l'application $P\mapsto \widetilde{P}$ n'est pas injective. Je ne vois pas ce qu'il faut de plus pour te convaincre ?

    Un autre exemple peut-être ? Si $K=\mathbb{F}_2$ et $P=X^2-X$, alors $\widetilde{P}=0$, qui est aussi l'application polynomiale associée au polynôme nul.
  • Non je vois, je pensais d'ailleurs à Xp - X dans Fp pour p premier pour la non injectivité.
    D'ailleurs j'étais en train d'y penser et je me répondais à moi même juste en dessous de la phrase que tu cites :-D
  • Il est dommage qu'on ait refoulé les corps finis de l'enseignement, jusqu'à bac+2, du moins en classes préparatoires, alors qu'à mes débuts, on travaillait dans les $\mathbb Z/ n \mathbb Z$ en sixième !
    Tant qu'on considère les polynômes sur un corps commutatif infini, on peut allègrement confondre le polynôme formel et la fonction polynôme associée. Mais si l'on se place sur un corps fini, la fonction nulle ne correspond pas nécessairement au polynôme nul, comme il est bien connu.

    En fait, il faut démontrer le théorème suivant.Soit $n\in \mathbb{N}$, soit un corps commutatif $K$ et soient $a_{0}$, $a_{1}$, ..., $a_{n}$ des éléments de $K$. Soit l'application $\displaystyle x\mapsto P(x)=\underset{k=0}{\overset{n}{\sum }}a_{k}x^{k}$, de $K$ dans $K$. Soient $\xi
    _{1}$, $\xi _{2}$, ..., $\xi _{n+1}$, des éléments de $K$, distincts. Si $P(\xi _{1})=P(\xi _{2})=...=P(\xi _{n+1})=0$, alors : $a_{0}=a_{1}=...=a_{n}=0$.Je l'ai énoncé volontairement en ne parlant pas de polynôme, ni formel, ni fonction, ni bien sûr de degré. Ce théorème est vrai dans tout corps, fini ou non, mais s'il est fini il doit avoir au moins $n+1$ éléments pour que l'hypothèse du théorème soit vérifiée.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
    30/12/2017
    [Saint Roger]
  • Bonne fête Roger alors. ;-)
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • Bonsoir,

    Bonne fête de ma part également.

    Cordialement,

    Rescassol
  • L'avantage avec la question posée par elb, c'est qu'on se place sur le corps $ \mathbb Z/ 2 \mathbb Z $, qui est tout petit. Il peut dresser la liste des polynômes formels (normalisés) de degrés 2, 3, 4, il n'y en a pas tant, et regarder à la main ceux qui sont irréductibles. Ça me semble une bonne approche.
  • Bonsoir,

    Est il exact que:
    1) Sur un corps commutatif $\mathbb{K}$, il y a isomorphisme entre les polynômes formels et les fonctions polynômes.
    2) $\mathbb{K}$ est infini.

    sont deux propositions équivalentes ?

    Cordialement,

    Rescassol
  • Oui. Comme l'application « polynôme $\mapsto$ fonction polynomiale » est un morphisme d'anneaux, l'injectivité se teste par le noyau. L'équivalence vient des deux remarques suivantes :
    • sur un corps infini, un polynôme de degré $d\ge0$ ayant au plus $d$ racines, ne peut définir une fonction nulle ;
    • sur un corps fini de cardinal $q$, le polynôme $X^q-X$ définit une fonction nulle (par exemple par le théorème de Lagrange appliqué au groupe multiplicatif, qui a pour cardinal $q-1$).
  • @ Rescassol
    Autre formulation.
    Sur tout corps commutatif $K$, l'application qui à un polynôme formel associe son polynôme-fonction est toujours un morphisme d'anneaux. Les polynômes formels ont été fabriqués justement pour ça.
    Si le corps est infini, le théorème que j'ai énoncé montre que le noyau se réduit à $\{0\}$.
    Si le corps est fini, ce noyau contient le polynôme produit des $X- \xi $, où $\xi$ décrit ce corps.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • Merci Zeitnot. Merci Rescassol.
    Pour désigner quelque chose qui dure tout le temps, on dit « du premier janvier à la Saint Sylvestre », d'où la célébrité des Sylvestre. Et on oublie toujours l'avant-dernier, Roger. Encore une injustice à réparer ;-).
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