Module simple

Bonsoir,

Soit $p$ un nombre premier, $G$ un $p$-groupe non trivial fini, $F$ un corps de caractéristique $p$, et $FG$ be the group ring. Je veux montrer le résultat suivant.

À isomorphisme près, il y a un seul simple $FG$-module.

J'ai montré avant que si on considère
$\varepsilon: FG \to F$ définie par $\varepsilon\big(\sum\limits_{i=1}^n a_i g_i\big)=\sum\limits_{i=1}^n a_i,$ on a $\ker(\varepsilon)=\mathrm{Rad}(FG)$ est l'unique idéal maximal de $FG$ mais je ne sais pas comment prouver le résultat que j'ai énoncé.

Merci de m'aider.

Réponses

  • Notons $\def\m{\mathfrak{m}}\m=\mathrm{rad}(FG)$. Fixons un $FG$-module simple $M$. Soit $N=\m M$ l'ensemble des sommes d'éléments de la forme $am$ avec $a\in\m$ et $m\in M$. C'est un sous-module de $M$ (pourquoi ?). Supposons que $M=\m M$. Alors $M=\m^nM$ pour tout $n$ (pourquoi ?). Il en résulte que $M=\{0\}$ (pourquoi ?). Qu'en déduit-on de $\m M$ ? Comment conclure grâce à l'application $FG\to M$, $a\mapsto am$ où $m$ est un élément non nul fixé de $M$ ?

    NB : C'est semblable en plus simple au lemme de Nakayama ? (Le corollaire sur la page Wikipedia suffit.)
  • question 1: le produit de deux sous modules est un sous module
    question 2: il faut montrer que les éléments de $m$ sont nilpotents, mais je ne vois pas comment
    question 3: $M=\left\{0\right\}$ je ne sais pas pourquoi

    question 4:Qu'en déduit-on de $mM$, $mM=\left\{0\right\}$

    question 5: Comment conclure? pas clair:-(
  • 1) On pourrait détailler un peu plus. La notion de « produit de modules » n'est pas très bien définie. Sauf quand il s'agit d'idéaux d'ailleurs : c'est quoi le produit $\mathfrak{m}^2$ déjà ?
    2) Celle-ci est vraiment facile et ne parle pas de nilpotence.
    3) C'est là qu'il faudrait démontrer non seulement que tout élément est nilpotent mais encore que $\mathfrak{m}^n=\{0\}$ pour $n$ assez grand, ce qui est strictement plus fort.
    4) Oui, pourquoi ?
    5) Quelle(s ?) structure(s ?) préserve l'application $f:FG\to M$, $a\mapsto am$ ? Quel est son noyau ? son image ? Conséquence ?

    Avec cette ligne de raisonnement, la seule chose qui ne me paraît pas « donnée », c'est que $\mathfrak{m}^n=\{0\}$ pour $n$ assez grand. En gros, c'est une question de nilpotence. Ça m'échappe un peu je dois dire.

    Sinon, pour une autre approche, on peut essayer de partir sur le fait qu'un $p$-groupe fini $G$ est nilpotent et possède un sous-groupe d'indice $p^k$ pour tout $k$ (inférieur à $e$ où $|G|=p^e$).
  • $m^2=\left\{a^2,a\in m\right\}$ Non?
  • Si $A$ est un anneau, tout module simple est isomorphe à $A/I$, où $I$ est un idéal à gauche maximal pour l'inclusion.

    Démo rapide: Soit $M$ un module simple, et soit $x_0\in M$ non nul. L'application $a\in A\mapsto a.x_0\in M$ est $A$-lineaire,et la simplicité de $M$ entraîne qu'elle est surjective. Un coup de factorisation+ encore un coup de simplicité pour voir que le noyau est un idéal à gauche maximal, et c'est plié !

    Or, $\ker(\varepsilon)$ est l'unique idéal maximal de $F[G],$ d'après ce que tu nous as dit.
    C'est donc fini, en tout cas, si c'est bien l'unique idéal à gauche (sinon, je ne vois pas)
  • @killersmile38 ,
    Vous avez raison. J'ai une autre question: Comment prouver que cet unique module simple n'est pas projective ni injective?
  • Désolé, je me suis compliqué la vie de façon insensée. Il doit y avoir un sale mélange de commutatif et de non commutatif en plus. Imputons l'heure tardive...

  • Math Coss, ce n'est pas grave:-D. Avez vous une idée de ma deuxième question?
  • Naima, j'ai l'impression que tu nous demandes de faire ton travail à ta place. Ce n'est pas comme ça que ça marche ici.

    Qu'as-tu fait, qu'as-tu essayé?
  • J'ai montré qu'il n'est pas projective.
    A-t-on toujours l'implication
    injective implique projective ?
  • C'est toi qui devrait savoir. Qu'en penses-tu ?
  • A priori non, dans le cas général mais je ne sais pas si c'est vrai dans notre cas
  • L'anneau $A$ des matrices complexes $2\times2$ triangulaires supérieures (de la forme $\left(\begin{smallmatrix}a&b\\0&d\end{smallmatrix}\right)$ avec $a,b,d\in\C$) possède deux modules simples :\[M_1=\left\{\begin{pmatrix}x\\0\end{pmatrix},\ x\in\C\right\}\quad\text{et}\quad
    M_2=\left\{\begin{pmatrix}0\\y\end{pmatrix},\ y\in\C\right\}.\]L'un des deux est projectif et pas injectif, l'autre est injectif et pas projectif (lequel est lequel ?).

    Remarque : comme le groupe trivial est un $p$-groupe et que sa seule représentation est projective et injective, il faut faire attention à écarter ce cas quand on montre que le module simple de $FG$ n'est pas projectif.
  • Ton module simple est $F[G]/\ker(\varepsilon)$, qui est isomorphe à $F$ muni de l'action triviale. ça ne devrait pas être trop dur d'étudier son injectivité ou sa projectivité...
  • Voila la réponse pour non projective mais je n'ai pas compris comment prouver la première phrase de la preuve :-( pouvez vous m'aider?74412
  • C'est une particularité des algèbres de groupes (que n'a pas l'algèbre des matrices triangulaires). Il est bien connu que la dualité des espaces vectoriels induit une dualité sur les représentations. Elle transforme un $FG$-module $V$ en un autre $FG$-module $V^*$ et un morphisme de représentations $\phi:V\to W$ en un morphisme $\phi^T:W^*\to V^*$ (de plus, c'est involutif). La chose importante, c'est que la dualité inverse le sens des flèches. Par conséquent, le dual d'un module projectif est un module injectif et réciproquement.

    Or les modules projectifs sont exactement les facteurs directs des modules libres et les modules indécomposables projectifs sont les facteurs directs de la représentation régulière $FG$. Il se trouve que $(FG)^*\simeq FG$ comme représentation. C'est dû à l'existence de l'augmentation $\varepsilon$ que tu as citée plus haut : l'application $FG\to(FG)^*$ qui à $a\in FG$ associe la forme linéaire $b\mapsto\varepsilon(ab)$ est un isomorphisme de représentations (ou quelque chose de proche...). Par conséquent, les facteurs directs de $(FG)^*$, qui sont les duaux des indécomposables projectifs et donc les indécomposables injectifs, sont aussi les facteurs directs de $FG$, c'est-à-dire les indécomposables projectifs.
  • c'est écrit aussi '' this module is he trivial one dimention module"

    c'est une question où il veut dire autre chose?

    de plus $K=FG/rad(FG) $ non?
  • Une coquille : un “t” a disparu : “This module is the trivial one-dimensional module.”
    (En effet, il n'y a qu'un seul module et le module trivial est bien connu.)
  • et $K$ c'est quoi?
  • Visiblement, vu qu'il y a un “$KG$” plus bas pour désigner l'algèbre de groupe, l'auteur a hésité entre $F$ et $K$ pour le corps de base et a laissé des traces de ses hésitations. Donc $K=F$ est le module trivial.

    C'est une interprétation d'autant plus raisonnable que pour exprimer qu'un module est projectif, on commence par le mettre à l'origine d'un morphisme ($q$) qui aboutit au but d'un autre morphisme ($f_*$) comme dans le diagramme de la boîte grise.
  • Tu veux dire que $K=F=FG/rad(FG)$ ? Sinon pouvez-vous modifier les notations fausses de la preuve, je suis un peu perdu :-(
  • Je traduis la preuve en espérant ne pas ajouter d'erreurs.

    Données : $p\newcommand{\rad}{\mathrm{rad}}\newcommand{\id}{\mathrm{id}}$ un nombre premier, $F$ un corps de caractéristique $p$ et $G$ un $p$-groupe.
    Les mots "morphisme de représentations", "application $G$-linéaire" et "morphisme de $FG$-modules" sont synonymes.

    Comme les modules injectifs sont précisément les modules projectifs, il suffit de montrer que notre module n'est pas projectif [pour montrer qu'il n'est ni injectif, ni projectif]. Supposons que $FG/\rad$ soit projectif. Ce module est le module trivial, de dimension~$1$ [puisque ce quotient est l'unique $FG$-module simple].

    Supposons maintenant que $f:M\to N$ soit une surjection de $G$-modules. Soit $\hom(M,N)$ l'espace vectoriel de toutes les applications linéaires de $M$ dans $N$, qu'elles commutent à $G$ ou pas, et définissons de même $\hom(N,N)$. L'application\[f_*:\hom(N,M)\longrightarrow\hom(N,N),\quad h\longmapsto f\circ h\] est surjective [cela résulte du théorème de la base incomplète]. En considérant $\hom(N,M)$ et $\hom(N,N)$ comme des $G$-modules de la façon habituelle, l'application linéaire $f_*$ commute à $G$ [parce que $f$ est un morphisme de $G$-modules]. Considérons maintenant l'application linéaire $q:F\to\hom(N,N)$ qui envoie $1$ sur l'identité de $N$: cette application est bien $G$-linéaire et nous avons donc un diagramme dont la ligne horizontale est exacte et dont les flèches sont des morphismes de représentations:\[ \xymatrix{&F\ar[d]^{q}\ar@{-->}[dl]_{Q}\\\hom(N,M)\ar[r]_{f_*}&\hom(N,N)\ar[r]&0}.\]Comme $F$ est un module projectif, il existe un morphisme de représentations $Q:F\to\hom(N,M)$ tel que $f_*\circ Q=q$ [juste la définition d'un module projectif].

    On montre facilement que l'application linéaire $g=Q(1)$, qui va de $N$ dans $M$, est un morphisme de représentations [parce que $Q$ est un morphisme et que $1$ est invariant par $G$], et que $f\circ g=\id_N$ [parce que $f\circ g=f_*(Q(1))=q(1)=\id_N$]. Cela veut dire que l'application $G$-linéaire $f:M\to N$ admet un inverse à gauche [une section]. Cela entraîne que $N$ est projectif [autre formulation de la définition de module projectif].

    Ainsi, si $F$ est projectif, alors tous les modules sont projectifs et par conséquent l'algèbre $FG$ est semi-simple [pourquoi au fait?]. Sauf qu'elle ne l'est pas [du moins si le groupe n'est pas trivial].
  • Je propose une approche différente (merci de vérifier que je ne raconte pas de bêtises). Soit $G$ un $p$-groupe et $F$ un corps de caractéristique $p$. Chercher les $F[G]$-modules simples revient à chercher les représentations $F$-linéaires irréductibles de $G$. Soit donc $V$ un $F$-espace vectoriel de dimension finie muni d'une action $\pi$ de $G$. Notons $p^n$ l'ordre de $G$. Alors pour tout $g$ dans $G$, on a $\pi (g)^{p^n} ={\rm id}_V$. Donc $X^{p^n} -1 =(X-1)^{p^n}$ est un polynôme annulateur de $\pi (g)$ qui est par conséquent unipotent dans ${\rm End}_F (V)$.

    Si $G$ est abélien, les $\pi (g)$, $g\in G$ sont une famille commutante d'endomorphismes unipotents et il est classique qu'ils soient cotrigonalisables ; en particulier ils ont un vecteur fixe $v$ non nul en commun. Puisque $V$ est irréductible, cela entraîne que $V=Fv$ et que $V$ est le module trivial.

    En général on prouve par récurrence sur $n$ que $V^G\not= \{ 0\}$. Si $n=1$, $G$ est abélien et c'est déjà montré. Si $G$ est abélien, c'est déjà montré. Sinon, il est classique que le centre $Z$ de $G$ n'est pas trivial. Par la discussion précédente $V^Z$ est non trivial. Puisque $Z$ est normal dans $G$, $G$ stabilise $V^Z$ (exercice). On applique l'hypothèse de récurrence au groupe $G/Z$ agissant sur $V^Z$. D'où le résultat.

    On peut montrer que le module trivial n'est pas injectif (si $G$ n'est pas trivial) par l'absurde, de la façon suivante. Puisque tout $G$-module non trivial $M$ (de dimension finie) contient le module trivial, si celui-ci était injectif, il serait un facteur direct de $M$. Donc par récurrence immédiate, $M$ serait une somme directe de modules tous isomorphes au module trivial, autrement dit, l'action de $G$ sur $M$ serait triviale. Or il existe des $G$-modules dans lesquels l'action de $G$ n'est pas triviale, par exemple $F[G]$ considéré comme un $G$-module.

    Pour montrer que le module trivial $T$ n'est pas projectif, on procède de façon similaire : on prouve que $T$ projectif entraîne que l'action de $G$ dans toute $G$-module $V$ est triviale. On le prouve par récurrence sur la dimension de $M$. Si $M$ est de dimension $1$, $M$ isomorphe à $T$. En général, $M$ contient un sous-$G$-module $N$ isomorphe à $T$. En appliquant l'hypothèse de récurrence à $M/N$ on voit qu'on a un isomorphisme $M/N\simeq T^d$ pour un certain $d$. Or $T^d$ étant projectif, la suite $0\rightarrow N \rightarrow M\rightarrow T^d\rightarrow 0$ est scindée. D'où le résultat.
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