Sous-groupe dérivé = {commutateurs} ?

Chers forumeurs,
un de mes élèves a retranscrit de façon ambiguë un exercice sur le groupe dérivé : il parle du sous-groupe des commutateurs alors que, sans doute, l'énoncé évoquait le sous-groupe engendré par les commutateurs. Soit ! Mézalors, je me rends compte que je n'ai pas à me mettre sous la dent un produit de commutateurs qui ne soit pas lui-même un commutateur. Quelqu'un a-t-il une idée ? (Groupe fini, groupe infini, peu me chaut).

Par exemple, je me suis demandé quels sont les commutateurs dans SO$(3)$ : eh bien, ce sont tous les éléments du groupe. Adoncques, caramba, encorrrre rrrraté.

Bonne recherche ! j__j

Réponses

  • Dans $SL_2(\mathbb{R})$, $-I_2$ n'est pas un commutateur.Par contre, c'est un produit de commutateurs, puisque ce groupe est égal à son propre groupe dérivé .

    Plus concrètement , si $B=\begin{pmatrix}0 & 1 \cr -1 & 0\end{pmatrix}$ et $C=\begin{pmatrix}1 & 1 \cr 0 & 1\end{pmatrix}$, alors $-I_2=[B,C]^3$.

    Pour voir que $-I_2$ n'est pas un commutateur: si $-I_2=MNM^{-1}N^{-1}$ ,alors
    $N\in SL_2(\mathbb{R})$ est conjuguée dans $SL_2(\mathbb{R})$ à $-N$. On aurait alors $tr(N)=0$ et $\det(N)=1$. Donc $\chi_N=X^2+1$. Il est bien connu qu'une telle matrice $N$ est semblable à $B$ dans $GL_2(\mathbb{R})$, justement. En conjuguant $M$ et $N$ par une même matrice inversible, ce qui ne change pas leur déterminant, on peut supposer que $N=B$.
    Un calcul simple montre alors qu'une matrice conjuguant $B$ en $-B$ possède un déterminant $<0$, et ne peut appartenir à $SL_2(\mathbb{R})$.



    Pour les groupes finis, le plus petit contre-exemple est d'ordre 96, et il ya exactement deux groueps non isomorphes fournissant un contre-exemple. Ce sont deux sous-groupes de $S_{32}$, dont la liste des éléments peut se trouver dans cette dicussion sur Math Stack exchange.
  • Un peu brutal : dans le groupe libre à quatre générateurs $\{a,b,c,d\}$, le produit $aba^{-1}b^{-1}cdc^{-1}d^{-1}$ n'est pas un commutateur. (Pourquoi au fait ?)
  • Bonjour John_john
    Le sous-groupe dérivé d'un groupe est engendré par les commutateurs d'éléments du groupe.
    Cela veut dire que l'ensemble des commutateurs ne forme pas nécessairement le sous-groupe dérivé, ou qu'il peut exister des commutateurs dont le produit n'est pas un commutateur.
    Pour trouver un groupe fini où cette situation apparaît, il faut aller jusqu'aux groupes d'ordre 96, où il existe deux exemplaires de tels groupes.
    $G_1=\langle\, a,b,c,d\mid a^4=b^2=c^4=d^3=1,\ ba=ab,\ cac^{-1}=ab,\ cb=bc,\ dad^{-1}=c,\ db=bd, \ dcd^{-1}=a^{-1}c^{-1}\,\rangle$
    $D(G_1)$ est d'ordre 32, c'est le 2-Sylow de $G_1$.
    Tous les éléments de $D(G_1)$ s'expriment sous forme de commutateurs, sauf $a^2,\,c^2$ et $a^2bc^2$.
    Pour s'en convaincre, on peut accéder à $G_1$ dans GAP par la commande SmallGroup(96,3);
    L'autre groupe d'ordre 96 présentant cette particularité est accessible par SmallGroup(96,203);
    Il y a plus de détails dans mon livre, à la page 252.
    Alain
  • @MathCoss : Par un argument circulaire en utilisant le résultat de killersmile par exemple :-D (si c'était un commutateur, tout produit de commutateurs en serait un).
    Pour une preuve directe, j'étais en train de réfléchir à utiliser des morphismes bien choisis $F_4 \to F_2 \times F_2$ pour compter les lettres dans $e,f$ si $[a,b][c,d] = [e,f]$; mais je ne suis pas sûr que ça aboutisse
  • Oui, j'avais pensé à l'argument circulaire. Un peu de pudeur, pour une fois...
  • Merci beaucoup à tous !

    post scriptum 1 : je n'aurais pas dû m'arrêter aux groupes d'ordre 95 ;-)
    post scriptum 2 : et je suis sûr que j'aurais trouvé mon bonheur dans le livre d'AD

    Amitiés, j__j
  • La dernière phrase de l'article de Schützenberger joint montre que si, dans un groupe libre, $[a,b]=c^2$, alors $c=1$. Par conséquent, dans le groupe libre engendré par $\{x,y\}$, le carré du commutateur $[x,y]$ n'est pas un commutateur.

    Toujours pas satisfaisant parce que la preuve n'est pas hyper agréable...
  • Bonjour

    J'ai interrogé les experts pour connaitre leur sentiment sur les allégations de Killersmile38 qui affirme que: $-I_2 =[B,C]^3$ avec $ B=\begin{pmatrix} 0&1\\-1&0 \end {pmatrix}$ et $C=\begin{pmatrix} 1&1\\0&1\end{pmatrix}$. Tous m'ont répondu que cela n' était pas vrai. J'étais rassuré car je pensais que $-I_2$ n'habitait pas dans le groupe dérivé de $SL_2(\mathbb Z)$ et ne pouvait donc être le cube d'un commutateur de $SL_2(\mathbb Z).$

    Amicalement,
  • Ah, tiens, je n'avais pas vérifié pour $B$ et $C$ ! En revanche, je confirme que $-\mathrm{Id}_2$ n'est pas un commutateur (pas même dans $SL_2(\R)$.

    Cordialement, j__j
  • Pour ceux que cela intéresse, voici une caractérisation du groupe dérivé de $SL_2(\Z)$ : c'est l'ensemble des matrices $\begin{pmatrix}a&b\\c&d\end{pmatrix}$ à coefficients entiers, de déterminant $1$ et telles que $(1-c^2)(bd+3(c-1)d+c+3)+c(a+d-3)\in12\Z$. Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ;-)???

    Une idée de la preuve est à trouver ici et met à contribution les délices modulaires chères à Godement.

    Cordialement, j__j
  • Bonjour,

    Je fais remonter ce fil
    pour poser la question suivante : quel est l‘abélianisé de $SL(2,\mathbb Z)$ !?

    J‘ai vu sur le Web qu‘il est d‘ordre 12, dans un article de Conrad, mais il n‘est nulle part dit que ce groupe abélien est $C_{12}$ ou $C_6\times C_2$ !

    Merci pour votre aide

    Yann
  • @Yannguyen : dans le document de Conrad ci-dessus, Theorem 3.8, il est dit que l'abélianisé de $\mathrm{SL}_2(\mathbb Z)$ est engendré par deux éléments $g$ et $h$ vérifiant $g^4 = h^6=1$ et $g^2=h^3$, et comme on sait que ce groupe est d'ordre $12$ il n'est pas difficile de voir que ça implique qu'il s'agit de $C_{12}$ car pour $x=gh^{-1}$ car on a $x^2=h \neq 1, x^3=g \neq 1, x^4 = h^2 \neq 1$ et $x^6 = g^2 \neq 1$ (sinon il y aurait strictement moins de $12$ éléments dans le groupe).


    Un isomorphisme explicite envoie $g$ sur $\bar 3$ et $h$ sur $\bar 2$ (d'où l'idée de considérer $gh^{-1}$).
  • Bonjour, Poirot,

    par parenthèse, ce que tu écris me rassure : chaque fois que je dis que l'abélianisé est $C_{12}$, on me dit que, non, c'est $C_6\times C_2$, alors que je trouve moi aussi que ce groupe est cyclique par un autre calcul que celui de Conrad. À présent, la question est : pourquoi Conrad n'écrit-il pas que le groupe est cyclique, alors qu'il doit savoir qu'il n'a pas complètement traité la question de l'abélianisé (et ce, d'autant plus que le calcul du cardinal exact, savoir $12$, demande plus de travail que le caractère cyclique).

    Cordialement, j__j
  • Angina Seng est d'accord avec john_john et Poirot. Vous faites tout de même un mauvais procès à Conrad qui dit, p. 8, sous le théorème 3.8 :
    Keith Conrad a écrit:
    Next we will show in two ways that $\mathrm{SL}_2(\Z)$ has a cyclic quotient group of order $12$.
  • Merci à tous !

    C’est clair maintenant pour moi aussi

    Mais l’allusion à un quotient cyclique d’ordre 12 concerne-t-elle vraiment l’abélianisé !?

    Cordialement
    Yann
  • SL2(Z) has a cyclic quotient group of order 12. Je pinaille sans doute, mais tout groupe admet un quotient cyclique d'ordre $1$ et cela n'apprend pas grand chose sur l'abélianisé ; nicht wahr ?
  • Bonjour Yannguyen
    Si le quotient de $\mathrm{SL}_2(\Z)$ par un sous-groupe $H$ est $C_{12}$ (donc abélien) alors $H$ contient le sous-groupe dérivé $D\big(\mathrm{SL}_2(\Z)\big)$.
    Alain
  • Puisque $\mathrm{SL}_2(\mathbb Z)$ admet un quotient cyclique d'ordre $12$ et que l'abélianisé de ce groupe, qui est d'ordre $12$, est son plus grand quotient abélien (au sens où tout quotient abélien du groupe est quotient de l'abélianisé), ça donne bien le résultat. Mais il faut bien reconnaître que cette phrase est moins explicite que "l'abélianisé de $\mathrm{SL}_2(\mathbb Z)$ est cyclique d'ordre $12$".
  • en fait, Poirot et moi sommes les deux premiers mathématiciens de la galaxie à nous être aperçus du caractère cyclique d'icelui (tu)
  • Je n'ai pas tout suivi mais $SL_2(\Z)$ admet la présentation $\langle A,B\mid A^4=1,\; A^2=B^3\rangle$ en prenant $A=\begin{pmatrix} 1 & 1 \\ -1 & 0\end{pmatrix}$ et $B=\begin{pmatrix} 0 & -1 \\ 1 & 0\end{pmatrix}$.

    Si on pose $M=AB^{-1}=\begin{pmatrix} -1 & 1 \\ 0 & -1\end{pmatrix}$ alors dans l'abélianisé on a $M^3=A$ et $M^2=B$ donc l'abélianisé est cyclique engendré par $M$, et son ordre divise $12$. Réciproquement, en envoyant $A$ sur $e^{i\pi/2}$ et $B$ sur $e^{i\pi/3}$ on voit que l'abélianisé est d'ordre au moins $12$. Ceci prouve que l'abélianisé est d'ordre $12$ et engendré par $M$.
  • $\def\SL{\text{SL}}$A mon tour. Chez K. Conrad, d'une part, il est mention de surjections canoniques et de sous-groupes distingués $N_i$
    $$
    \SL_2(\Z) \quad \twoheadrightarrow \quad \SL_2(\Z/3\Z) \times \SL_2(\Z/4\Z)
    \quad \twoheadrightarrow \quad{\SL_2(\Z/3\Z) \over N_3} \times {\SL_2(\Z/4\Z) \over N_4}
    \simeq C_3 \times C_4 \simeq C_{12}
    $$d'où une surjection :
    $$
    {\SL_2(\Z) \over D\big( \SL_2(\Z) \big)} \quad \twoheadrightarrow \quad C_{12} \qquad \qquad (\star)
    $$D'autre part, K. Conrad commence sa démonstration par le fait que l'ordre du groupe de gauche dans $(\star)$ est $\le 12$. Donc ....
  • Oui oui bien sûr

    Je suis désolé de mon étourderie !

    Pensum pour demain : j’écrirai cent fois « je réfléchirai dorénavant avant de poster n’importe quoi » !

    Merci Poirot, AD, Math Coss, John_John et les autres.

    Yann
  • Merci aussi à JLT et à Claude
  • bonjour, JLT,
    n'aurais-tu pas interverti les rôles de $A$ et de $B$ dans ton dernier message ?

    Bien cordialement, j__j
  • $\def\SL{\text{SL}_2(\Z)}\def\PSL{\text{PSL}_2(\Z)}\def\DSL{\text{DSL}_2(\Z)}\def\PDSL{\text{PDSL}_2(\Z)}\def\H{\mathbb H}\def\P{\mathbb P}$Hello
    Je relance le truc. K. Conrad dit dans la remarque 3.9 de (son excellent) https://kconrad.math.uconn.edu/blurbs/grouptheory/SL(2,Z).pdf que le groupe dérivé $\DSL$ de $\SL$ est engendré par les deux commutateurs :
    $$
    X = [S, T], \qquad Y = [S,T^{-1}], \qquad \qquad S = \left[\matrix {0 &-1\cr 1 & 0\cr}\right], \quad T = \left[\matrix {1 &1\cr 0 & 1\cr}\right]
    $$Est ce qu'on saurait le démontrer ? Est ce que $\DSL$ un groupe libre ?

    $\bullet$ On voit chez lui que $T$ est un générateur d'ordre 12 du quotient $\SL/\DSL$. Il y a, en remarque 2.5, son morphisme $\chi : \SL \to \mathbb U_{12}$ qui n'est pas piqué des vers, de noyau $\DSL$. On a $\chi(-T^6) = 1$ ce qui fait que $-T^6$ est dans le sous-groupe dérivé. En fait :
    $$
    -T^6 = [X,Y] \qquad\qquad \text{note : le --, c'est bien entendu } S^2
    $$$\bullet$ Il m'est venu à l'idée de passer au projectif. Je vais noter avec un P devant les groupes obtenus. Faut me surveiller car je confonds la multiplication par $2$ et la division par 2. Autant prendre son temps
    $$
    \pi : \SL \twoheadrightarrow \PSL/\PDSL \qquad \qquad \ker \pi = \{\pm \text{I}_2 \} \times \DSL
    $$Le noyau est deux fois plus gros que $\DSL$, donc au quotient, cela fait un truc deux fois plus petit. En clair, un quotient cyclique d'ordre 6:
    $$
    \PSL/\PDSL = \langle \overline T\rangle = \langle T\rangle / \langle T^6\rangle \simeq C_6
    $$Du coup, via le demi-plan de Poincaré complété avec ses pointes (cusps), on dispose d'un revêtement 6-cyclique de $\P^1(\C)$ (j'espère que je ne raconte pas de bêtises)
    $$
    \xymatrix {
    \overline{\H} / \PDSL\ar[d] \\
    \overline {\H}/\PSL \simeq \P^1(\C) \\
    }
    $$$\bullet$ On a envie d'en savoir plus, non ? Où est la ramification, genre de la surface en haut ? On doit pouvoir s'aider de $\chi$ pour trouver des groupes d'inertie ?? Pas sûr du tout. Est ce que par hasard ce revêtement ne serait pas $\P^1$ avec l'homographie d'ordre 6 (que l'on trouve dans la classification des sous-groupes finis de $\text{PGL}_2(\Q)$) :
    $$
    h(t) = {-t - 1\over t-2} \qquad \qquad H = \left[\matrix {-1 &-1\cr 1 & -2\cr}\right]
    $$A droite, j'ai mis une matrice $H$ de l'homographie ; elle vérifie $H^6 = -27$.
    Je dis cela au pif et c'est vraiment léger : ce n'est pas parce que l'on dispose de deux groupes cycliques d'ordre 6 qui viennent de la géométrie, que la géométrie suit.

    Si quelqu'un a une idée. Merci.
  • $\def\SL{\text{SL}}\def\XY{\langle X,Y\rangle}\def\mat#1#2#3#4{\left[\matrix{#1&#2\cr #3&#4\cr}\right]}\def\H{\mathbb H}\def\PSL{\text{PSL}}\def\P{\mathbb P}$Hello. Je fais remonter ce fil pour plusieurs raisons. D'abord, parce que j'en ai envie. Ensuite, il y a des coquilles de commutateurs dans mon post précédent. Et surtout, en ce qui concerne le dernier point : cette histoire d'homographie 6-cyclique est une piste totalement erronée et le quotient $\overline { \H}/\SL_2(\Z)'$ est en fait une courbe elliptique où $\SL_2(\Z)'$ est le groupe dérivé de $\SL_2(\Z)$. Note : sous-entendu, je passe au projectif $\PSL_2(\Z)$ pour quotienter au niveau du demi plan de Poincaré

    Comme j'ai besoin de choses très précises, je reprends à 0 la détermination de $\SL_2(\Z)'$ et du fait que le quotient résiduel est 12-cyclique, engendré par $T$. Quand on passe derrière les autres, c'est plus simple, ce que je vais faire en passant derrière K. Conrad in https://kconrad.math.uconn.edu/blurbs/grouptheory/SL(2,Z).pdf (la remarque 2.8 a été corrigé depuis). Quant à cette histoire de courbe elliptique, j'attache une page qui provient d'un article de Connes & Moscovici de 60 pages https://arxiv.org/pdf/math/0301089.pdf auquel je ne comprends pas grand chose pour l'instant.

    Le premier attachement provient d'une note de mézigue (le coup de $ST$ qui ne tourne pas dans le bon sens dans le demi-plan de Poincaré).

    Je vais avoir besoin de plusieurs coups de main(s).

    $\bullet$ 0. Pré-requis sur $\SL_2(\Z)$.
    $$
    \SL_2(\Z) = \langle S,T\rangle \qquad S = \mat{0}{-1}{1}{0}, \quad T = \mat{1}{1}{0}{1}, \qquad S^2 = -1, \qquad\qquad
    S^4 = 1, \quad S^2 = (ST)^3
    $$Les 2 relations à droite constituent une présentation de $\SL_2(\Z)$ mais je ne vais pas utiliser ce fait. Ces relations servent de guide quand on passe dans l'abélianisé : avec des notations en minuscule, on a, dans l'abélianisé, $s^2 = s^3t^3$ donc $st^3 = 1$ puis $t^{12} = 1$ dont on déduit $s = t^9$. On va retrouver ces égalités dans le point suivant.

    $\bullet$ 1. Je vais utiliser la notation de commutateur à la Conrad $[a,b] = aba^{-1}b^{-1}$ et pas celle de Bourbaki $(a,b) = a^{-1}b^{-1}ab$. J'introduis, suite à Conrad, les deux commutateurs :
    $$
    X = [S,T] = \mat {1}{-1}{-1}{2}, \qquad Y = [S,T^{-1}] = \mat {1}{1}{1}{2}
    $$A quelque chose près, on les retrouve sous les noms $\gamma_1, \gamma_2$ à la page 24 du papier de Connes/Moscovici. A noter qu'il y a une erreur sur leur caractère $\chi$ qui est 6-cyclique : cela devrait être un caractère 12-cyclique.

    $\blacktriangleright$ $\XY$ est normal. Avec beaucoup d'étonnements, j'ai découvert les relations ci-dessous qui dénotent d'une certaine harmonie
    $$
    TXT^{-1} = YX, \quad T^{-1}XT = Y^{-1}, \quad TYT^{-1} = X^{-1}, \quad T^{-1} Y T = XY, \qquad \qquad
    SXS^{-1} = S^{-1} X S = X^{-1}, \quad SYS^{-1} = S^{-1} Y S = Y^{-1}
    $$ $\blacktriangleright$ On a $\SL_2(\Z) \ \buildrel {(\heartsuit)} \over =\ \XY.\langle T\rangle$ de manière extrêmement précise. Attention : l'intersection n'est pas triviale (on verra qu'elle vaut $\langle T^{12}\rangle$). Pour montrer $(\heartsuit)$, il suffit de voir que $S$ est dans le membre droit, ce qui découle de la première égalité ci-dessous. Pour gagner de la place, je mentionne d'autres égalités qui vont être utiles.
    $$
    ST^3 = XY, \qquad\qquad
    -T^6 = [X^{-1}, Y^{-1}] \quad \text{i.e.} \quad S^2T^6 = [X^{-1}, Y^{-1}] \quad\text{donc}\quad T^{12} = [X^{-1}, Y^{-1}]^2,
    $$ $\blacktriangleright$ Le quotient $\SL_2(\Z)/\XY$ est cyclique, engendré par $T$, d'ordre un diviseur de 12 puisque $T^{12} \in \XY$. Comme ce quotient est abélien, on a $\SL_2(\Z)' \subseteq \XY$. Mais comme $X,Y$ sont des commutateurs, on a $\fbox{$\SL_2(\Z)' = \XY$}$ ; et ce sous-groupe est d'indice un diviseur de 12.

    $\blacktriangleright$ Je vais utiliser le fait que la réduction modulo $N$, $\SL_2(\Z) \to \SL_2(\Z/N\Z)$ est surjective pour n'importe quel entier $N \ge 1$. Ce n'est pas difficile. En particulier pour $N = 12$. Ce qui permet d'introduire la surjection composée
    $$
    \pi : \SL_2(\Z) \twoheadrightarrow { \SL_2(\Z/12\Z) \over \XY} = \langle \overline T\rangle \qquad\qquad
    \overline T^k = \mat{1}{k}{0}{1}
    $$Il est clair que $\overline T$ est d'ordre 12 dans le groupe quotient à droite. Bref, à l'arrivée, il s'agit d'un groupe 12-cyclique.

    $\blacktriangleright$ Comme $\SL_2(\Z)/\ker\pi$ est abélien, on a $\SL_2(\Z') \subset \ker\pi$. Puisque $\SL_2(\Z)'$ est d'indice $\le 12$ et $\ker\pi$ d'indice 12, on a l'égalité. Bilan/résumé
    $$
    \XY = \SL_2(\Z)' \qquad \qquad {\SL_2(\Z) \over \SL_2(\Z)'} \simeq \langle \overline T\rangle_{\SL_2(\Z/12\Z)}, \qquad\qquad
    \Gamma(12) \subset \SL_2(\Z)'
    $$A droite, $\Gamma(12)$ est par définition le noyau de la réduction modulo $12$ $\SL_2(\Z) \twoheadrightarrow \SL_2(\Z/12\Z)$.

    $\bullet$ 2. Bonus (dont on n'a pas besoin pour l'instant) concernant $\XY$ dans $\SL_2(\Z/12\Z)$. On devine cela chez K. Conrad. On écrit $\SL_2(\Z/12\Z) = \SL_2(\Z/3\Z) \times \SL_2(\Z/4\Z)$.

    Le premier facteur $\SL_2(\Z/3\Z)$ est d'ordre 24 et l'image de $\XY$ est le groupe quaternionnique $Q_8$ d'orde 8 ; c'est l'unique 2-Sylow. Le second facteur $\SL_2(\Z/4\Z)$ est d'ordre 48, et l'image de $\XY$ est d'ordre 12, isomorphe au groupe alterné $\mathfrak A_{4}$. Ceci permet de mesurer la distance de $\Gamma(12)$ à $\SL_2(\Z)'$ :
    $$
    {\SL_2(\Z)' \over \Gamma(12) } \simeq Q_8 \times \mathfrak A_4
    $$ $\bullet$ 3. Ping pong : qui peut m'aider à appliquer le lemme du ping-pong pour montrer que $\SL_2(\Z)'$ est un groupe libre en $X,Y$ ? Ou toute autre méthode.

    $\bullet$ 4. Dans un post à venir, je vais déterminer la ramification du revêtement 6-cyclique $\overline\H/\SL_2(\Z') \twoheadrightarrow \overline\H/\SL_2(\Z) \simeq \P^1(\C)$ en commençant par montrer que $\SL_2(\Z)'$ ne possède qu'un seul cusp. Ceci grâce à l'égalité $\SL_2(\Z) = \SL_2(\Z)' . \langle T\rangle$. Je devrais écrire partout du $\PSL_2$ au lieu de $\SL_2$.

    La formule de Riemann-Hurwitz donnera le genre 1 pour la courbe au-dessus. Et très probablement une courbe elliptique du type $y^2 = x^3 - D$ vu la propriété 6-cyclique du revêtement. Je crois comprendre dans l'article de Connes/Moscovici qu'il s'agit de $y^2 = x^3 - 1728$ dont le modèle minimal est $Y^2 = X^3 - 27$ de Cremona reference 36a3.

    Le revêtement possède 3 points de branchement en bas (sur $\P^1$). On dit alors qu'il s'agit d'un revêtement de Belyi. La référence [6] dans la page attachée est une référence à Bost (From Number Theory to Physics) et le théorème pointé I.5.2 est justement le théorème de Belyi sur toutes ses coutures. Je me permets de dire que ce sont des jolies mathématiques.

    C'est ici que je vais avoir besoin d'un gros coup de main pour comprendre des passages du papier de Connes/Moscovici.113800
    113802
  • $\def\SL{\text{SL}}\def\XY{\langle X,Y\rangle}\def\mat#1#2#3#4{\left[\matrix{#1&#2\cr #3&#4\cr}\right]}\def\H{\mathbb H}\def\PSL{\text{PSL}}\def\P{\mathbb P}\def\PDS{\PSL_2(\Z)'}$Bon, je continue mon monologue. Certes, cela fait bizarre sur un forum. Mais j'ai mis les mains dans le cambouis, j'ai bien pataugé et finalement je constate que certains faits sont abordables.
    Bref, je continue avec le groupe dérivé $\SL_2(\Z)'$ de $\SL_2(\Z)$ et son image dans $\PSL_2(\Z) = \SL_2(\Z)/\langle S^2\rangle$ que je note $\PDS$. Etat des lieux de manière un tantinet redondante
    $$
    \SL_2(\Z) = \SL_2(\Z)' . \langle T\rangle, \qquad { \SL_2(\Z) \over \SL_2(\Z)'} = \langle \overline T\rangle_{12}
    \qquad\qquad \qquad
    \PSL_2(\Z) = \PDS . \langle T\rangle, \qquad
    {\PSL_2(\Z) \over \PDS} = \langle \overline T\rangle_6
    $$En indice, j'ai fait figurer les ordres des groupes cycliques engendrés par l'image de $T$ dans les quotients. Ce que je cherche à faire, c'est à identifier la courbe $E'$ et son revêtement au dessus de $\P^1$. En bas, l'identification est comme d'habitude réalisée via la fonction modulaire $j : \overline \H \to \P^1(\C)$
    $$
    \xymatrix @R = 1.5cm {
    E' := \overline\H / \PDS \ar[d]|{\textstyle 6-\rm cyclique} \\
    \overline\H/\PSL_2(\Z) =_j \P^1(\C) \\
    }
    $$En haut, il y a les points ramifiés suivants où ici $j$ désigne $\zeta_3 = e^{2i\pi/3}$ :
    $$
    [\infty]_{E'} \text{ d'inertie } T \text{ d'ordre 6} \qquad\qquad
    _{E'} \text{ d'inertie } S \text{ d'ordre 2} \qquad \qquad
    [j]_{E'} \text{ d'inertie } ST \text{ d'ordre 3}
    $$Donc le degré de la différente du revêtement 6-cyclique est donné par
    $$
    \text{degré différente} = {6 \over 6} \times (6-1) + {6 \over 2} \times (2-1) + {6 \over 3} \times (3-1) = 5 + 3 + 4 = 12
    $$Et la formule de Riemann-Hurwitz donne, en désignant par $g'$ le genre de $E'$ :
    $$
    2 - 2g' = 6 \times (2 - 2 \times 0) - \text{degré différente} = 12 - 12 = 0\qquad\qquad \text{donc} \quad g' = 1
    $$Il s'agit donc d'une courbe elliptique. C'est petit comme résultat mais c'est un calcul que j'aurais dû faire depuis longtemps.

    Pour faire joli (?), un schéma de la ramification. En haut, j'ai mentionné en indice les indices de ramification. Et en bas, c'est dans $\P^1(\C)$, les 3 valeurs de la fonction modulaire $j$ aux 3 points de $\overline\H$ : $[\infty]_{\overline \H}$, $\zeta_4 = e^{2i\pi/4}$ et $\zeta_3 = e^{2i\pi/3}$. Note : $j(\zeta_6) = j(\zeta_3)$ puisque $\zeta_6 = 1 + \zeta_3$
    $$
    \def\bigcirc{\bullet}
    \xymatrix {
    \bigcirc_6\ar[d] & \bigcirc_2 \bigcirc_2 \bigcirc_2 \ar[d] & \bigcirc_3 \bigcirc_3 \ar[d] \\
    \infty & 1728 & 0 \\
    }
    $$Je vais continuer (si, si) en coiffant la courbe $E'$ par la courbe elliptique modulaire $X(6)$. Cela résulte de considérations groupistes beaucoup plus aisées que je ne le pensais initialement, au niveau des sous-groupes de $\SL_2(\Z)$ et $\PSL_2(\Z)$.
  • $\def\SL{\text{SL}}\def\XY{\langle X,Y\rangle}\def\mat#1#2#3#4{\left[\matrix{#1&#2\cr #3&#4\cr}\right]}\def\H{\mathbb H}\def\PSL{\text{PSL}}\def\P{\mathbb P}\def\PDS{\PSL_2(\Z)'}\def\PG{\text{P}\Gamma}\def\F{\mathbb F}$
    Je désigne par $\Gamma(N)$ le noyau de la surjection $\SL_2(\Z) \twoheadrightarrow \SL_2(\Z/N\Z)$, par $\PG(N)$ son image dans $\PSL_2(\Z)$ et je note $G'$ le groupe dérivé d'un groupe $G$. J'ai mis un moment à me rendre compte de l'inclusion de gauche
    $$
    \Gamma(6) \ \subset\ \SL_2(\Z)'.\langle S^2\rangle \qquad \text{a fortiori, au projectif} \qquad
    \PG(6) \subset \PSL_2(\Z)'
    $$C'est cette inclusion qui est visée et qui s'accompagne de la détermination des indices au niveau $\SL_2(\Z)$ et au niveau $\PSL_2(\Z)$
    $$
    \xymatrix @C = 2cm{
    \Gamma(6) \ar@/^15pt/@{-}[r]^-{24} & \SL_2(\Z)'.\langle S^2\rangle \ar@/^15pt/@{-}[r]^-{6} & \SL_2(\Z) \\
    }
    \qquad\qquad
    \xymatrix @C = 2cm{
    \PG(6) \ar@/^15pt/@{-}[r]^-{12} & \PSL_2(\Z)' \ar@/^15pt/@{-}[r]^-{6} & \PSL_2(\Z) \\
    }
    $$ $\bullet$ 1. On a vu que $\SL_2(\Z) = \SL_2(\Z)'.\langle T\rangle$ et que $S^2 T^6$ est un commutateur, a fortiori $S^2T^6 \in \SL_2(\Z)'$. Cela va perdurer si on réduit modulo $N$, en particulier pour $N = 6$. Avec l'anneau de base $\Z/6\Z = \F_2 \times \F_3$, il va y avoir plusieurs miracles. En particulier, pour le modulus $6$, niveau $\SL_2$ versus $\PSL_2$, c'est kif-kif
    $$
    {\SL_2(\Z/6\Z) \over \SL_2(\Z/6\Z)'} = {\PSL_2(\Z/6\Z) \over \PSL_2(\Z/6\Z)'} \qquad \qquad (\star)
    $$Justification : $S^2T^6$ est un commutateur et $T^6 = \mat{1}{6}{0}{1} = 1$ modulo 6. Bref $S^2 = 1$ à gauche donc quotienter par $S^2$ ne change rien.

    L'ordre du groupe (cyclique, engendré par la classe de $T$) $(\star)$ est 6. On peut le voir en utilisant le fait que le groupe dérivé d'un produit c'est le produit des groupes dérivés, en faisant intervenir $\F_2, \F_3$ et les droites projectives sur ces 2 corps.
    $$
    \PSL_2(\Z/6\Z) = \PSL_2(\F_2) \times \PSL_2(\F_3) \quad \text{d'ordre} \quad 6 \times 12 = 72
    \qquad
    \PSL_2(\F_2) \simeq \mathfrak S_3, \qquad \PSL_2(\F_3) \simeq \mathfrak A_4
    $$En ce qui concerne $\SL_2(\F_3)$ voir par exemple Olivier Serman in http://math.univ-lille1.fr/~serman/agreg/SL2F3.pdf. On divise ensuite les deux groupes de permutations par les groupes dérivés et on obtient bien $2 \times 3 = 6$.

    $\bullet$ 2. Du coup, on a une surjection sur un groupe cyclique d'ordre 6
    $$
    \pi : \SL_2(\Z) \quad \twoheadrightarrow\quad \SL_2(\Z/6\Z) / \SL_2(\Z/6\Z)'
    \qquad \text{dont on déduit facilement que} \qquad
    \ker\pi = \SL_2(\Z)'.\langle S^2\rangle
    $$Comme $\pi$ est trivial sur $\Gamma(6)$, on obtient bien l'inclusion $\Gamma(6) \ \subset\ \SL_2(\Z)'.\langle S^2\rangle$ qui m'a donné du mal (à la deviner). Pour les indices, en principe, il y a tout ce qu'il faut.

    $\bullet$ 3. Au niveau des courbes, cela donne le schéma suivant que je visais : $E'$ coiffant $X(1)$ et coiffée par $X(6)$.
    $$
    \xymatrix @C = 0.5cm{
    & X(6) =_{\rm def} \overline \H /\PG(6)\ar[dl]_{12} \ar[dd]^{\PSL_2(\Z/6\Z)}_{72} \\
    E' =_{\rm def} \overline\H/\PDS \ar[dr]_6 \\
    &X(1) =_{\rm def} \overline\H/\PSL_2(\Z) = \P^1(\C) \\
    }
    $$
    $\bullet$ 4. Mais c'est pas fini car les courbes elliptiques possèdent des équations. Idem pour les revêtements. Je ne sais pas si je vais y arriver. $X(6)$ est bien connue. Elle est isomorphe à $X_0(36)$, encore une propriété exceptionnelle du nombre 6 et a pour Cremona code 36a1. Son équation minimale est $y^2 = x^3 + 1$. C'est celle dont parlent Connes et Moscovici à la page 34 de https://arxiv.org/abs/math/0301089
  • $\def\SL{\text{SL}}\def\XY{\langle X,Y\rangle}\def\mat#1#2#3#4{\left[\matrix{#1&#2\cr #3&#4\cr}\right]}\def\H{\mathbb H}\def\PSL{\text{PSL}}\def\P{\mathbb P}\def\PDS{\PSL_2(\Z)'}\def\PG{\text{P}\Gamma}\def\F{\mathbb F}\def\S{\mathfrak S}\def\A{\mathfrak A}$En ce qui concerne les équations, ça risque d'être chaud. Et pas que les équations. D'abord, il faut absolument que je reste dans le fil ``Groupe dérivé'' car si john_john passe par là, cela risque de se passer mal pour mon matricule.

    $\bullet$ Donc, du groupe dérivé $G \mapsto G'$, je vais en causer. D'abord, c'est une opération compatible avec les morphismes surjectifs d'une part et d'autre part avec les produits cartésiens :
    $$
    f : G_1 \twoheadrightarrow G_2 \qquad f(G'_1) = G'_2, \qquad \qquad (G \times H)' = G' \times H'
    $$Donc ce qui a été obtenu au niveau $\SL_2(\Z) = \SL_2(\Z)' . \langle T\rangle$ va passer au projectif $\PSL_2(\Z)$ et au projectif $\PSL_2(\Z/N\Z)$. D'ailleurs, $\SL_2(\Z)$, on va le mettre de côté et faire uniquement avec $\PSL_2$. Je dessine de nouveau le schéma des courbes en mettant cette fois les groupes de manière à ce que john_john voit bien qu'il y a du groupe dérivé :
    $$
    \xymatrix @C = 0.5cm @R=2.1cm{
    & X(6) =_{\rm def} \overline \H /\PG(6)\ar[dl]|-{\PSL_2(\Z/6\Z)'} \ar[dd]^{\PSL_2(\Z/6\Z)}_{72} \\
    E' =_{\rm def} \overline\H/\PDS \ar[dr]|-{\PSL_2(\Z/6\Z) \over \PSL_2(\Z/6\Z)'} \\
    &X(1) =_{\rm def} \overline\H/\PSL_2(\Z) = \P^1(\C) \\
    }
    $$Du groupe dérivé, en veux-tu en voilà:
    $$
    \PSL_2(\Z/6\Z)' = \PSL_2(\F_2)' \times \PSL_2(\F_3)' = (C_3 \text{ dans } \S_3) \times (V \text { dans } \A_4)
    $$Explication : $\S_3$ c'est le groupe de permutations de $\P^1(\F_2)$, droite projective sur $\F_2$ et $\A_4 \subset \S_4 = {}$ groupe des permutations de $\P^1(\F_3)$. Et $V$ c'est le sous-groupe des double-transpositions, isomorphes à $C_2 \times C_2$. Bilan groupiste pour le groupe d'ordre 12 qui intervient en diagonale en haut
    $$
    \PSL_2(\Z/6\Z)' \simeq C_3 \times C_2^2
    $$Cela colle avec Connes & Moscovici page 36 https://arxiv.org/abs/math/0301089

    $\bullet$ Ce n'est pas avec ces considérations groupistes que l'on va attraper les équations. Il faut s'appuyer sur une base solide en ce qui concerne $X(6) = X_0(36)$. Là je suis obligé de zapper sur $X_0(36)$ qui débarque. Je dis juste que pour tout $N \ge 3$, il y a un morphisme canonique $\pi_0 : X(N) \to X_0(N^2)$ qui est de degré $\varphi(N) /2$. Ce qui fait que pour $N = 6$, $\pi_0$ est un isomorphisme.

    Et il se trouve que $X_0(36)$ est bien répertoriée depuis longtemps comme les 12 (je crois) courbes $X_0(N)$ qui sont de genre 1. Son équation minimale est $y^2 = x^3 + 1$. Là je vais m'appuyer sur Elkies https://arxiv.org/abs/math/0103107. J'attache un extrait car, dammned, il y a une erreur dans le développement (là où j'ai mis du rouge). Il s'agit de coiffer la courbe elliptique $X_0(36) : y^2 = x^3 +1$ par le demi-plan de Poincaré, via des fonctions $x(q)$, $y(q)$ où $q = e^{2i\pi\tau}$, $\tau \in \H$, définies à partir de la forme modulaire $\eta$ de poids 1/2
    $$
    \eta(q) = q^{1/24} \prod_{n \ge 1} (1 - q^n)
    \qquad\qquad
    x(q) = {\eta(q^{12}) \eta(q^{18})^3 \over \eta(q^6) \eta(q^{36})^3}
    \qquad
    y(q) = {\eta(q^{12})^4 \eta(q^{18})^2 \over \eta(q^6)^2 \eta(q^{36})^4}
    $$
    [color=#000000]> // Elkies, Explicit Modular Towers, page 6 https://arxiv.org/pdf/math/0103107.pdf
    > Eta := DedekindEta ;
    > // X0(36) <-> 36a1
    > eta6 := Eta(q^6) ;  eta12 := Eta(q^12) ;  eta18 := Eta(q^18) ;  eta36 := Eta(q^36) ; 
    > xNum := eta12 * eta18^3 ;   // poids : 1/2 + 3/2 = 2
    > xDen := eta6 * eta36^3 ;
    > yNum := eta12^4 * eta18^2 ; // poids : 4/2 + 2/2 = 3
    > yDen := eta6^2 * eta36^4 ;
    > x := xNum / xDen ;
    > y := - yNum / yDen ;  // un - par rapport a Elkies
    > x + O(q^precision) ;
    q^-2 + q^4 + q^10 - q^16 - q^22 + q^34 + 2*q^40 - 2*q^52 - 3*q^58 - q^64 + 4*q^70 + 4*q^76 + O(q^80)
    > y + O(q^precision) ;
    -q^-3 - 2*q^3 - q^9 + 2*q^21 + 2*q^27 - 2*q^33 - 4*q^39 - 3*q^45 + 4*q^51 + 8*q^57 + 4*q^63 - 5*q^69 - 14*q^75 + O(q^80)
    > y^2 - (x^3 + 1) ;
    O(q^80)
    [/color]
    
    Du coup, je vais être obligé de faire des vérifications pour bien m'assurer que je m'appuie sur de bonnes bases. J'ai également mis un $-$ sur $y$ de manière à ce que le pull-back de la différentielle invariante sur la courbe elliptique soit la forme modulaire officielle au niveau du demi-plan de Poincaré. C'est chaud et pour l'instant, on est en HAUT, au niveau $X(6) = X_0(36)$

    $\bullet$ Calcul différentiel de bébé
    $$
    y^2 = x^3 + 1, \qquad 2y dy = 3x^2 dx \qquad \omega = {dx \over 2y} = {dy \over 3x^2}, \qquad
    q = e^{2i\pi\tau} \qquad dq = q \times (2i\pi d\tau)
    $$Plusieurs vérifications :
    [color=#000000]> // y^2 = x^3 + 1 -->  2*y*dy = 3*x^2*dx ->  omega = dx/(2*y) = dy/(3*x^2)
    > // q = e^(2*i*pi*tau) ---> dq = q * (2*i*pi) dtau  
    > D := map < Qq -> Qq | serie :-> q * Derivative(serie) > ;
    > 
    > D(x) / (2*y) ;
    q - 4*q^7 + 2*q^13 + 8*q^19 - 5*q^25 - 4*q^31 - 10*q^37 + 8*q^43 + 9*q^49 + 14*q^61 - 16*q^67 - 10*q^73 - 4*q^79 +O(q^87)
    > D(y) / (3*x^2) ;
    q - 4*q^7 + 2*q^13 + 8*q^19 - 5*q^25 - 4*q^31 - 10*q^37 + 8*q^43 + 9*q^49 + 14*q^61 - 16*q^67 - 10*q^73 - 4*q^79 +O(q^87)
    > // Un eta-produit fait le job
    > DedekindEta(q^6)^4 ;
    q - 4*q^7 + 2*q^13 + 8*q^19 - 5*q^25 - 4*q^31 - 10*q^37 + 8*q^43 + 9*q^49 + 14*q^61 - 16*q^67 - 10*q^73 - 4*q^79 +O(q^87)
    [/color]
    
    Dernière ligne ci-dessus. Il se trouve que dans les bons pollards, on trouve la forme modulaire de poids 2 attachée à la courbe elliptique. Il s'agit de
    $$
    \eta(q^6)^4 = q \prod_{n \ge 1} (1 - q^6)^4
    $$C'est le binz merveilleux qui sert à compter le nombre de points modulo $p$ de $E : y^2 = x^3 + 1$ : le coefficient $t_p$ en $q^p$ est égal à $p+1 - \#E(\F_p)$.

    Une dernière vérification avec les outils magma valides pour toute courbe elliptique rationnelle :
    [color=#000000]> E36a1 := EllipticCurve("36a1") ;
    > E36a1 ;
    Elliptic Curve defined by y^2 = x^3 + 1 over Rational Field
    > f := ModularForm(E36a1) ;
    > qExpansion(f, precision) ;
    q - 4*q^7 + 2*q^13 + 8*q^19 - 5*q^25 - 4*q^31 - 10*q^37 + 8*q^43 + 9*q^49 + 14*q^61 - 16*q^67 - 10*q^73 - 4*q^79 +O(q^80)
    > &+[TraceOfFrobenius(E36a1,p) * q^p : p in PrimesInInterval(2,precision)] ;
    -4*q^7 + 2*q^13 + 8*q^19 - 4*q^31 - 10*q^37 + 8*q^43 + 14*q^61 - 16*q^67 - 10*q^73 - 4*q^79
    [/color]
    
    Dernière ligne : j'ai fait une vérification avec du comptage modulo $p$. Bon, tout baigne : les informations sur le haut $X(6)$ sont solides, je peux envisager de quotienter.

    $\bullet$ Au lieu de quotienter $X(6) = X_0(36)$ par $\PSL_2(\Z/6/\Z)' \simeq C_3 \times C_2^2$ d'ordre 12, on va le faire ``cha-ptit'' comme on dit dans le Poitou (j'ignore si cela s'écrit comme cela). Cela signifie par petits bouts, par petites étapes. Je vais quotient par $C_3$ et voir où on se retrouve. Peut-être que l'on va se trouver sur un (autre) exemplaire de $E'$ et qu'il suffira de descendre par une isogénie de degré 6. POUF-POUF : de degré 4 ($12 = 3 \times 4$) liée à la 2-torsion $C_2 \times C_2$. Car je soupçonne, en ayant jeté un oeil sur Connes/Moscovici que
    $$
    E' : \{ y^2 = x^3 - 1728\} \simeq \{ y^2 = x^3 - 27\} \qquad 1728 = 2^6 \times 27
    $$Et ce qui est charmant, c'est que les courbes $y^2 = x^3 - D$ sont à multiplication complexe par $\Z[j] = \Z[\zeta_3]$, que j'écris naïvement
    $$
    \zeta_6 . (x,y) = (\zeta_3 x, -y)
    $$La multiplication par $\zeta_6$ est un automorphisme d'ordre 6 et j'espère bien, tout à la fin, quotienter $E'$ par cet automorphisme afin de tomber sur $\P^1$, le passage au quotient $E' \to \P^1$, offrant la ramification escomptée : $\bullet_6$, $\bullet_3 \bullet_3$, $\bullet_2\bullet_2\bullet_2$.

    Ici, je fais élaborer par le logiciel une isogénie de degré 3 à partir d'un point de 3-torsion :
    [color=#000000]> // y^2 = x^3 + 1. Multiplication complexe par Z[zeta_3] : zeta_6.(x,y) = (zeta_3.x, -y)
    > // Un point de 6-torsion : (2 : 3 : 1)
    > p6 := E36a1 ! [2,3,1] ;
    > // Points de 3-torsion sur Q : (0 : +-1 : 0)
    > p3 := E36a1 ! [0,1,1] ;
    > assert 2*p6 eq p3 ;
    > // Points de 3-torsion sur Q : (x,y) avec x = 0
    > 
    > T3 := SubgroupScheme(E36a1, x) where x is ZX.1 ;
    > T3 ;
    Subgroup scheme of E36a1 defined by x
    > Degree(T3) ;
    3
    > E36a3, E36a1_E36a3 := IsogenyFromKernel(T3) ;
    > E36a3 ;
    Elliptic Curve defined by y^2 = x^3 - 27 over Rational Field
    > E36a1_E36a3 : Minimal ;
    Elliptic curve isogeny from: CrvEll: E36a1 to CrvEll: E36a3
    taking (x : y : 1) to ((x^3 + 4) / x^2 : (x^3*y - 8*y) / x^3 : 1)
    [/color]
    
    Bingo : on est bien descendu sur $y^2 = x^3 - 27$.

    Cette isogénie de degré 3, on peut la monter à la main : elle figure chez Cohen de la courbe $y^2 = x^3 + d$ vers la courbe $Y^2 = X^3 - 27d$ via les formules ci-dessous (je ne donne pas les formules de l'isogénie duale, pas besoin pour l'instant).
    [color=#000000]> // Cohen p. 479 (j'inverse majuscules et minuscules)
    > // y^2 = x^3 + d  --->  Y^2 = X^3 - 27d   X = (x^3 + 4*d)/x^2,  Y = y * (x^3 - 8*d)/x^3
    > X := (x^3 + 4)/x^2 ;
    > Y := y * (x^3 - 8)/x^3 ;
    > Y^2 - (X^3 - 27) ;
    O(q^80)
    [/color]
    
    Mais attention, ce n'est pas terminé : il y a eu juste une petite descente de 3 (cha-p'tit).113906
  • Hello,

    J'ai corrigé une coquille dans mon post précédent. J'avais presque écrit que $12 = 3 \times 6$, alors qu'il s'agissait de $12 = 3 \times 2^2$. Je trouve que ça la fout mal sur le fil de john_john. On ne sait jamais ce qui peut arriver (des mauvaises langues sur le forum ? descentes de police ? et tout le truc).

    Par ailleurs, c'est vrai qu'autrefois, quand j'étais tout petit petit, on causait patois à la maison. Mais c'était il y a longtemps longtemps. Et, en ce 9 décembre 2020, je ne sais pas trop comment s'écrit cha p'tit. C'était justement à propos du fait que pour descendre de 12 (je parle du degré de morphismes entre courbes), il suffisait de descendre de 3 puis de $2^2 = 4$.

    Dans l'exemple attaché, je crois que cela signifie : petit à petit, les oiseaux font leurs nids.113908
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