Groupes abéliens finis & caractères

Bonjour

J'ai un petit problème quant à la preuve du théorème de structure des Groupes Abéliens Finis faite dans le (fabuleux) livre Nouvelles histoires hédonistes de groupes et de géométries - Tome second (P. Caldero & J. Germoni, p. 287) ; on fait la preuve de ce théorème via le lemme de relèvement des caractères.

Si $H$ sous-groupe d'un GAF $G$, alors le morphisme de restriction de $\hat{G}$ à $\hat{H}$ est surjectif. Dit autrement, tout caractère de $H$ se relève en un caractère de $G$.

La preuve de ce lemme consiste en un (simple) passage au quotient et un calcul des cardinaux. Sauf que pour le calcul des cardinaux on utilise que $|\hat{G}|=|G|$, or la preuve que je connaissais de ce résultat était de le montrer sur les groupes $\mathbb{Z}/ n\mathbb{Z}$ puis d'utiliser le théorème de structure... :-(

Quelqu'un aurait-il une autre preuve de ce résultat ? Je l'ai peut-être aussi tout simplement manquée dans le livre (dans quel cas désolé !), mais je n'ai pas aujourd'hui le livre sous la main donc si on pouvait m'expliquer svp :-)

Réponses

  • Effectivement ça me paraît bizarre... Pour moi le lemme de relèvement se prouvait plutôt ainsi: on part de $\chi : H\to \mathbb{U}$ un caractère.

    On prend ensuite $K$ un sous-groupe de $G$ contenant $H$, maximal parmi les sous-groupes de $G$ tels qu'il existe un relèvement de $\chi$ à $K$, on note toujours $\chi: K\to \mathbb{U}$ le relèvement.

    On suppose alors que $K\neq G$; soit donc $x\in G\setminus K$. Soit $k$ le plus petit entier tel que $y=x^k \in K$, et on note $\xi = \chi(y)$.

    Si on prend alors $\omega$ une racine $k$-ième de $\xi$, tout se passe bien en définissant $f$ sur $\langle K, x\rangle$ par $f(hx^n) = \chi(h)\omega^n$ pour $n\in \mathbb{Z}, h\in K$.

    En effet si $hx^n = h' x^m$, on a $hh'^{-1} = x^{m-n}$ et donc $k\mid m-n$ (par choix de $k$), disons $kp = m-n$ et alors $hh'^{-1} = y^p$ de sorte que $\chi(h)\omega^n = \chi(hh'^{-1})\chi(h')\omega^n= \chi(y)^p\chi(h')\omega^n =\chi(h') \xi^p\omega^n =\chi(h') \omega^{kp}\omega^n = \chi(h')\omega^m$; de sorte que $f$ est bien définie, et est clairement un morphisme de groupes, et que $f$ prolonge clairement $\chi$, ce qui contredit la maximalité de $K$: donc $K=G$ et c'est bon.

    (on peut aussi le justifier en disant que $\langle K, x\rangle$ est isomorphe à $K\oplus \langle x\rangle / (x^k = y)$ et alors le fait que le morphisme est bien défini provient simplement de la propriété universelle de la somme directe et du quotient)

    Je ne connais pas d'argument autre que le théorème de structure pour $|\hat{G}| = |G|$... mais je serais ravi d'en voir un!
  • Merci pour la preuve bonus ! (tu)

    Il se peut aussi que j'ai tout simplement mal lu la preuve dans le livre, même si en général j'essaie de faire attention.

    Je jetterai un second coup d'oeil au livre et essaierai de me renseigner. Je re-posterai probablement un message d'ici la fin de semaine.
  • Bonjour
    Dans le livre de Caldero-Germoni, ils utilisent un peu de théorie des représentations, de la façon suivante:

    Soit $G$ un groupe fini on définit le dual $\widehat{G}$ comme l'ensemble des caractères irréductibles de $G$, donc dans le cas d'un groupe abélien fini il y a $card(G)$ classes de conjugaison et donc $card(G)$ caractères irréductibles, d'où $card(G)=card(\widehat{G})$.

    Cordialement.
  • Merci pour le compliment :-)

    Le résultat est expliqué dans la preuve de la proposition A.1.3 du livre. Encore une fois depuis Pythagore, "la somme des carrés" en est la pierre angulaire, ce qui ne nous rajeunit pas.

    On sait que si G est un groupe fini, la somme des carrés degrés (=dimension) de ses représentations irréductibles donnent l'ordre du groupe: sum_id_i^2=n. On sait aussi que le nombre de représentations irréductibles est égal au nombre de classes de conjugaisons. Comme A est abélien, il possède n classes de conjugaisons, et si la somme de n entiers strictement positifs vaut n c'est que ces entiers valent tous 1. Il y a donc exactement n représentations de degré 1 de A et donc n caractères.

    Alternative. On peut aussi dire les choses ainsi: les matrices d'une représentation du groupe abélien fini A sont des matrices diagonalisables (par Lagrange) et qui commutent deux à deux. Donc, elles sont simultanément diagonalisables. Il en résulte qu'une représentation irréductible de A est de dimension 1. Comme n=sum_id_i^2=sum_i 1^2, on trouve encore une fois n caractères.

    Cette égalité des ordres est liée à la jolie dualité des groupes abéliens finis (qui rejoint celle des espaces vectoriels de dimension finie) et on n'avait pas vu encore, à notre connaissance, de référence qui faisait descendre cette dualité de la théorie plus générale des représentations des groupes finis.
  • Mais il ne s'agit pas ici des mêmes caractères, si je ne me trompe pas ? Les caractères associés au représentations sont les $Tr\circ \rho$, $\rho$ une représentation alors qu'ici il s'agit de morphismes $G\to \mathbb{C}^\times$... Qu'est-ce que je ne vois pas ?
  • Bonjour Maxtimax,

    Sympa ta rédaction avec le sous-groupe maximal plutôt qu'une récurrence sur $|G\setminus H|$, je trouve ça plus élégant. (tu)

    Pour prouver que $|G|=|\hat G|$, on peut se passer du théorème de structure. Il suffit de calculer de deux manières différentes la somme

    $\sum_{(x,\chi)\in G\times \hat G} \chi (x)$

    à l'aide des deux formules d'orthogonalité des caractères .Donc on peut dire que l'égalité $|G|=|\hat G|$ est plutôt une conséquence du lemme de prolongement des caractères au même titre que le théorème de structure des groupes abéliens finis.
  • @Maxtimax
    Pour les groupes abéliens finis (relis le post de @Working Class Hero) les représentations irréductibles sont de degré 1 donc ils correspondent a des morphismes $f: G\longrightarrow GL_1(\mathbb C)$ et via l'identification $GL_1(\mathbb C)\simeq \mathbb C^*$ les deux sont semblables.
  • @b.b. : merci, mais évidemment je n'invente rien ici :-D

    @aRc : merci bien, effectivement je suis un peu bê-bête parfois...
    Mais ça me semble bizarre d'utiliser un "gros" théorème de théorie des représentations (les caractères irréductibles forment une base des fonctions centrales) pour un théorème élémentaire... Bon après j'imagine que c'est une question de goût.
  • @Maxtimax
    La façon élémentaire ne nécessite (quasi) pas de connaissance "il suffit" de poser tel morphisme et voir que ça fonctionne
  • @ Blackbird

    Une remarque pratique : vu que pour démontrer que $|G|=|\hat G|$, les formules d'orthogonalité et un argument de dénombrement suffisent, tu peux mentionner ce résultat avant le théorème de structure dans ton plan. Le truc qui utilise vraiment le théorème de structure, c'est l'isomorphie entre un groupe abélien et son dual.
  • Merci beaucoup à tous pour vos réponses tout est on ne peut plus clair maintenant :-) :-)
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