Matrices-quaternions
dans Algèbre
Bonjour,
ma question concerne les matrices carrées dont les coefficients sont des quaternions $M_n ( {\bf H})$. Je crois que l'on ne peut pas définir un bon déterminant sauf en considérant des coefficients complexes ou réels ; est-ce qu'une matrice est inversible si elle est simplement inversible à droite ou à gauche? J'ai envie de dire que oui car on pourrait se ramener par le pivot de Gauss à une matrice triangulaire supérieure par changement de base et donc elle est inversible si les coefficients diagonaux sont tous non nuls. Mais est-ce bien le cas?
Merci pour vos réponses, Apollonius
ma question concerne les matrices carrées dont les coefficients sont des quaternions $M_n ( {\bf H})$. Je crois que l'on ne peut pas définir un bon déterminant sauf en considérant des coefficients complexes ou réels ; est-ce qu'une matrice est inversible si elle est simplement inversible à droite ou à gauche? J'ai envie de dire que oui car on pourrait se ramener par le pivot de Gauss à une matrice triangulaire supérieure par changement de base et donc elle est inversible si les coefficients diagonaux sont tous non nuls. Mais est-ce bien le cas?
Merci pour vos réponses, Apollonius
Réponses
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A ma connaissance, les seules choses interessantes faites sur les matrices carrees de quaternions concernent celles qui sont hermitiennes au sens $q_{ij}=\overline {q_{ij}}.$ Dans ce cas, oui, le determinant a du sens. Plus generalement, c'est le meme traitement que pour les quatre autres algebres de Jordan euclidiennes, bien defendues dans le livre de Faraut et Koranyi Analysis on symmetric cones 1994.
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Merci bien pour la référence, je regarderai ; donc, mon raisonnement est faux?
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Il y a un déterminant mais il est à valeurs dans $\R_+$.
L'inversibilité à gauche et à droite sont équivalentes, l'argument du pivot est correct (vaut aussi pour n'importe quel corps gauche, il suffit d'appliquer la théorie des espaces vectoriels à droite sur un tel corps). -
Merci. On peut donc définir les groupes $GL_n ({\bf H})$ et $SL_n ({\bf H})$. Autre question naturelle : l'application exponentielle est-elle surjective sur les inversibles?
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Pour la surjectivité de l'exponentielle, on peut utiliser le fait (non trivial) que toute matrice quaternionique est conjuguée à une matrice à coefficients complexes. Il y a même une réduction à la Jordan pour les matrices carrées quaternioniques.
Pour tout cela, voir l'appendice de mon article "Réduction des endomorphismes semi-linéaires" dans la RMS 126-1. -
Intéressant! Et il y a aussi une formule de Campbell-Hausdorff? Donc, des groupes de Lie quaternioniques...?
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Aucune idée, là vous dépassez ma compétence.
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Je ne suis pas non plus de cette compétence, mais on pourrait définir aussi des algèbres de Lie quaternioniques, avec les applications $ad$ et $Ad$. C'est peut-être quelque chose qui n'a pas été beaucoup étudiée... Classifier les algèbres de Lie semi-simples quaternioniques.
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Sur ${\rm M}_n ({\mathbb H})$ il y a une application dite norme réduite qui remplace avantageusement le déterminant.
Pour la définir commençons par le cas $n=1$. On peut voir ${\mathbb H}$ comme l'ensemble des matrices complexes
de la forme :
$$q(z_1 ,z_2 ):=
\left( \begin{array}{cc}
z_1 & -z_2 \\
{\bar z}_2 & {\bar z}_1
\end{array}\right)
$$
On définit la norme réduite d'un quaternion comme étant le déterminant de la matrice de ${\rm M}_2 ({\mathcal C})$ qui le représente : ${\rm Nrd}_{\mathbb H}(q) = {\rm det}(q(z_1 ,z_2 ))=\vert z_1\vert^2 +\vert z_2\vert^2$ si $q=q(z_1 ,z_2 )$.
Pour définir la norme réduite de $A={\rm M}_n ({\mathbb H})$ on raisonne par blocs. En se servant du cas $n=1$, on regarde une matrice $M\in A$ comme une matrice $n\times n$ de blocs de la forme $q(z_1 ,z_2 )$, c'est-à-dire comme
une matrice de ${\rm M}_{2n}({\mathbb C}) $. La norme réduite ${\rm Nrd}_A (M)$ est par définition le déterminant de $M$ vue comme élément de ${\rm M}_{2n}({\mathbb C})$. Elle jouit des propriétés suivantes :
(a) ${\rm Nrd}_A (M)\in {\mathbb R}$ pour tout $M\in A$.
(b) $M\in A$ est inversible si et seulement si ${\rm Nrd}_A (M)\not= 0$.
(c) La restriction ${\rm Nrd}$ : ${\rm GL}(n,{\mathbb H})\longrightarrow {\mathbb R}^\times$ est un homomorphisme de groupes.
(d) Si on fixe une base quelconque de $A$ comme $\mathbb R$-espace vectoriel, ${\rm Nrd}_A (M)$ est polynomiale en les coordonnées de $M$.
D'un point de vue plus conceptuel, voilà ce qu'il se passe. On a un isomorphisme de ${\mathbb C}$-algèbres
$A\otimes_{\mathbb R} {\mathbb C}\simeq {\rm M}_{2n}({\mathbb C})$. Fixant un tel isomorphisme, on identifie $A$ à une sous-${\mathbb R}$-algèbre de ${\rm M}_{2n}({\mathbb C})$ par $M\mapsto M\otimes 1$. La norme réduite de $A$ est alors par définition la restriction du déterminant de de ${\rm M}_{2n}({\mathbb C})$. Il se trouve qu'elle est à valeurs dans $\mathbb R$.
Tout ceci est très bien expliqué dans tout cours introductif aux algèbres centrales simples (un autre mot-clé est aussi le groupe de Brauer). -
Les algèbres de Lie que vous qualifiez de "quaternioniques" sont bien connues et étudiées. Elles apparaissent naturellement quand on cherche à classifier non pas les algèbres de Lie sur $\mathbb C$ mais sur $\mathbb R$. Toute algèbre de Lie sur $\mathbb R$ donne lieu à une algèbre de lie sur $\mathbb C$ par extension des scalaires. Mais à isomorphismes près, il y a d'avantage d'algèbres de Lie sur $\mathbb R$ que sur $\mathbb C$ : deux algèbres de Lie sur $\mathbb R$, non isomorphes, peuvent devenir isomorphes par extension des scalaires à $\mathbb C$. C'est par exemple le cas de ${\mathfrak g}_1 ={\mathfrak g}{\mathfrak l}(n,{\mathbb H})$ et ${\mathfrak g}_2 = {\mathfrak g}{\mathfrak l}(2n,{\mathbb R})$.
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Merci. A-t-on une correspondance entre algèbres de Lie sur les quaternions et groupes de Lie sur les quaternions? Quel est le lien avec les groupes de Lie hyperkähleriens (le tangent a trois structures complexes $I,J,K$)? C'est la même chose?
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Apollonius écrivait :
> Merci. A-t-on une correspondance entre algèbres de Lie sur les quaternions et groupes de Lie sur les quaternions ?
Il n'y a pas de notion de groupe de Lie (ou d'algèbre de Lie) "sur les quaternions". Il y a la notion de groupe de Lie réel, et certains de ces groupes de Lie réels se trouvent être des groupes classiques construits à l'aide de quaternions. Par groupe classique j'entends ici un groupe linéaire général (ou spécial), un groupe d'isométries d'une forme $\epsilon$-hermitienne (ainsi que leurs variantes projectives, spéciales, ou de similitudes), etc.
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