Extensions galoisiennes

Bonjour à tous,
j'ouvre un fil parallèle à celui initié par Emilie770: $\textbf{corps cyclotomiques}$ afin de ne pas trop interférer.
Je ne sollicite rien de précis: je souhaite juste exprimer plus librement mes angoisses !
L'un d'elle concerne la base $(\zeta_p, \cdots, \zeta_p^{p-1})$ de $\textbf{L}:=\textbf{Q}(\zeta_p)/\textbf{(Q)}$.
Je me pose à moi-même, et avec la même insistance, la question du fil : pourquoi est-ce une base de $L$ ? La réponse à cette question passe par une bonne compréhension de $L$. Est-ce un anneau-quotient, un corps de rupture ? Pourquoi tout élément de cet ensemble s'écrit de manière unique comme une combinaison linéaire des puissances $\zeta$ ? \begin{equation}
\displaystyle \alpha = c_0\zeta +c_1\zeta^2 + \cdots + c_{p-1} \zeta^{p-1}, \: \: c_i \in \textbf{Q}.
\end{equation} Peut-on alors définir $\textbf{L}$ comme étant $\textbf{Q}[\zeta]/(X^p-1)$ ? Difficile, surtout pour un amateur, de ne pas patauger dans le vocable galoisien. C'est l'une des difficultés de la théorie.
...
Enfin je propose un exercice qui semble suivre à la trace la problématique soulevée par la discussion "Corps cyclotomiques".
Je réponds brièvement à la première question mais j'ai l'impression que c'est dans la deuxième que tout se joue avec l'entrée en lice d'un déterminant bien connu. J'y reviendrai bien sûr.

$\textbf{Problème}$
Soient $k$ un corps commutatif de caractéristique $p \neq 0$, d'élément-unité $e$, et $K$ une extension galoisienne de $k$ telle que le groupe de Galois $G=G_{K:k}$ soit cyclique d'ordre $p$. On désigne par $\sigma$ un générateur de $G$ et par $\xi$ un élément primitif de $K$.
$\textbf{1°}$ Montrer que les éléments $\xi_j=\sigma^j(\xi) \: \: (j=0,1,2, \dots, p-1)$ sont distincts.

$\textbf{2°}$ On pose, pour chaque entier $n$ tel que $1 \leq n \leq p-1$ : \begin{equation}
\displaystyle S_n = \xi_0^n + \xi_1^n + \dots + \xi_{p-1}^n.
\end{equation} $\textbf{3°}$ Montrer que les $S_n$ ne sont pas tous nuls, et que $\sigma(S_n)=S_n$.

$\textbf{Quelques indications}$
$\textbf{1°}$ Tout élément de $K$ est de la forme : \begin{equation}
\displaystyle \alpha= c_0+c_1\xi + ... +c_{p-1}\xi^{p-1}, \quad c_j \in k,
\end{equation} puisque $K$ est extension galoisienne de $k$ et que la dimension de $K$ comme espace vectoriel sur $k$ est $p$: $(K:k)=p$.

SI $\xi_j=\xi_j'$, pour $\displaystyle 0 \leq j\leq j' \leq p-1$, on a $\sigma^j(\xi)=\sigma^{j'}(\xi)$; d'où $\sigma^{j'-j}(\xi)=\xi$, donc, pour tout $\alpha \in K, \: \sigma^{j'-j}(\alpha)=\alpha$. On part de $\alpha$ et après $p$ tours ou un multiple de $p$ tours: on revient à $\alpha$.
La nature cyclique de $G$ et le fait qu'il soit d'ordre $p$ implique $j' \equiv j \pmod p$, c'est-à-dire $j'=j$.
...

Réponses

  • C'est tout cela à la fois: c'est le corps de rupture de $X^p-1$ sur $\Q$, mais aussi $\Q[X]/(\Phi_p)$ ($p$-ième polynôme cyclotomique) par exemple.
    La base que je préfère, c'est $(1,\zeta,...,\zeta^{p-2})$. La raison est la suivante : $\Q[\zeta]$ est le plus petit anneau contenant $\Q$ et $\zeta$, et en fait c'est l'ensemble des $P(\zeta), P\in \Q[X]$.
    C'est donc l'image de $\Q[X]\to \C, P\mapsto P(\zeta)$, donc par premier théorème d'isomorphisme c'est $\Q[X]/I_\zeta$ où $I_\zeta$ est l'idéal des polynômes annulateurs de $\zeta$, et il est bien connu qu'on a alors $I_\zeta =(\Phi_p)$ .

    En particulier, comme tout polynôme est congru modulo $\Phi_p$ à un polynôme de degré $\leq p-2$, on obtient que tout élément de $\Q[\zeta]$ s'écrit $P(\zeta)$, avec $P$ de degré $\leq p-2$, ce qui correspond au fait que $(1,\zeta,...,\zeta^{p-2})$ est une famille génératrice - elle est aussi libre car $\Phi_p$ est le polynôme minimal. On en déduit que $(\zeta,...\zeta^{p-1})$ est aussi une base (car génératrice: $1= -\displaystyle\sum_{1\leq i\leq p-1} \zeta^i$ et de la bonne taille).

    Ensuite on remarque simplement que $\Q[\zeta] = \Q(\zeta)$ car $\zeta$ est algébrique. Ceci peut se voir polynomialement: si $P$ est un polynôme tel que $P(\zeta)\neq 0$ alors $P$ est premier avec $\Phi_p$ et donc par Bezout on peut l'inverser modulo $\Phi_p$, donc on peut inverser $P(\zeta)$ par un $Q(\zeta)$, $Q$ polynôme.

    Donc ce n'est pas $\Q[X]/(X^p-1)$, mais presque : c'est $\Q[X]/(\Phi_p)$

    Pour la première question du problème, il est peut-être plus rapide de remarquer que si $f\in Gal(K:k)$ fixe $\xi$, puisque $K=k(\xi)$, alors $f$ est l'identité. Que se passe-t-il alors si $\xi_j = \xi_{j'}$ ?

    Pour la deuxième, l'identité $\sigma(S_n)=S_n$ ne devrait pas poser de problèmes, c'est plus la non nullité qui est intéressante, mais comme tu le fais remarquer il y a un déterminant intéressant qui arrive..
  • @Maxtimax: merci beaucoup pour ta réponse. Je l'étudie en détail !

    Est-ce qu'il est vrai de dire que si $\xi_j=\xi_{j'}$ alors par injectivité de $f \in Gal(K:k)$, ces éléments ont la même image ?
    ...
  • Deux éléments égaux ont la même image: c'est la définition de fonction, pas d'injectivité.
    Si $\xi_j = \xi_{j'}$ et donc $\sigma^j(\xi ) = \sigma^{j'}(\xi)$ mais $\sigma$ est un automorphisme, donc ... (bon en fait tu pourrais t'en sortir avec juste les images comme tu le suggères au vu des hypothèses, mais ce que je te propose est plus général en quelque sorte)
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