Réunions de sous-espaces

Bonjour.
Soit $E$ un espace vectoriel sur un corps (commutatif) $K$ infini. Il est bien connu que $E$ n'est pas réunion finie de sous-espaces stricts (c'est-à-dire : autres que $E$). C'est bien connu, mais je ne retrouve pas de références ni papier ni Internet. J'avais de longue date dans mes archives une démonstration pour le cas où $E$ est de dimension finie, mais un pote vient de m'en signaler une qui est valable en dimension quelconque, et sans supposer que $K$ soit de caractéristique nulle.
Si maintenant ce corps $K$ est $\mathbb R$ ou $\mathbb C$, alors cette réunion finie de sous-espaces stricts est d'intérieur vide. Et là je ne vois pas comment faire et je ne trouve rien nulle part.
Qu'en dites-vous ?
Bonne journée.
Fr. Ch.

Réponses

  • On peut faire avec le lemme de Baire, en prenant même une union dénombrable de sous-espaces stricts. Il faut juste prouver qu'un sous-espace strict est un fermé d'intérieur vide.

    EDIT : ça marche en dimension infinie ? Avec quelle topologie ?
  • Aucune hypothèse de dimension n'est nécessaire lorsque $K$ est infini (ni d'ailleurs aucune hypothèse de caractéristique !) : voici la preuve classique taupin (en blanc, si vous voulez y réfléchir) :
    Soit $V_1,...,V_n$ des sous-espaces de $E$, on suppose que $\displaystyle\bigcup_{i=1}^nV_i = E$. Quitte à raisonner par récurrence, ou à choisir un $n$ minimal, on peut supposer que pour tout $j\neq 1$ $V_j$ n'est pas inclus dans $V_1$ (sinon $V_1= E$), et que $V_1$ n'est pas inclus dans $\displaystyle\bigcup_{i=2}^nV_i$. On choisit donc $x_j \in V_j \setminus V_1 $ pour $j\neq 1$, et $x_1\in V_1\setminus \displaystyle\bigcup_{i=2}^nV_i$, et on regarde $x^j(\lambda) = \lambda x_1 + x_j$, pour $\lambda \in K$ et $j\neq 1$. Il existe toujours $i$ tel que $x^j(\lambda) \in V_i$ (par hypothèse) et donc, $K$ étant infini, par principe des tiroirs, il existe $\lambda\neq \mu$ et $i$ tels que $x^j(\lambda), x^j(\mu) \in V_i$. Donc $x^j(\lambda)-x^j(\mu) \in V_i$ donc $(\lambda-\mu)x_1\in V_i$. Comme $\lambda \neq \mu$, cela impose $i=1$, et ensuite $x^j(\lambda) \in V_1$ impose $x_j\in V_1$, ce qui est absurde. Donc on a obtenu une contradiction.

    En regardant mieux cette preuve, et en étant plus attentif, on se rend compte que l'hypothèse "$K$ infini" est en fait superflue, et on peut obtenir un résultat plus précis dans le cas $K$ fini: si $K$ est fini de cardinal $q$, alors $E$ n'est pas réunion de moins de $q$ sous-espaces stricts.
  • Je me demande si on peut aussi obtenir un résultat utilisant les codimensions des espaces dont on prend la réunion. Par exemple, la somme des $\frac{1}{q^d}$ avec $d$ parcourant les codimensions devrait être supérieure ou égale à $1$ (avec égalité si et seulement si les sous-espaces sont disjoints ?). Je n'ai pas le temps d'y réfléchir.

    @Maxtimax : pourquoi as-tu supprimé le lien vers mathoverflow ? J'aurais voulu pouvoir y jeter un œil… :(
  • @CPL : je n'avais pas posté de lien, j'avais juste dit quelque chose, et j'ai ensuite eu l'impression que c'était idiot; mais là je me rends compte que ça ne l'est pas. Je réitère donc: sur mathoverflow j'avais lu qu'un espace $E$ de dimension finie sur un corps $K$ de cardinal infini $\kappa$ (le cas de $K$ de cardinal fini ayant été traité élémentairement) ne pouvait être réunion de strictement moins de $\kappa$ sous-espaces stricts.
    Remarques : évidemment ça ne marche pas en dimension infinie, par exemple on peut prendre $K^{(\N)}$ comme contrexemple, pour $|K|$ très grand; et la preuve élémentaire que j'ai présentée ne s'adapte pas très bien à cause de la première étape de réduction qui ne passe pas au cas d'une infinité de sous-espaces.

    Je ne retrouve malheureusement pas le lien :-( je me souviens que la preuve se faisait par récurrence sur la dimension en réduisant la dimension en considérant des intersections. Avec assez de temps je pourrais la retrouver
  • Après un peu de réflexion, voici une preuve: soit $K$ un corps de cardinal $\kappa$; on prouve par récurrence sur $n$:
    Si $\dim V = n$ et $\displaystyle\bigcup_{i\in I}V_i = V$ alors $|I| \geq \kappa$ ou il existe $i\in I$ tel que $V_i = V$.

    Pour $n=0,1$, c'est clair. Soit $n\geq 2$, supposons le résultat acquis pour $k<n$, et soit $V$ de dimension $n$, et des $V_i$ tels que $\displaystyle\bigcup_{i\in I}V_i = V$. On suppose de plus que les $V_i$ sont stricts, i.e. $V_i \neq V$ pour tout $i$.

    Par l'absurde, on suppose aussi que $|I|<\kappa$.

    Soit $W$ un hyperplan de $V$. Alors $W= \displaystyle\bigcup_{i\in I}(V_i\cap W)$. Comme $|I|<\kappa$, et $\dim W < n$ on a par hypothèse de récurrence qu'il existe $i$ tel que $W\cap V_i = W$. Donc $W\subset V_i$. Mais $W$ est un hyperplan et $V_i$ est un sous-espace propre de $V$ donc $W=V_i$. Donc pour tout hyperplan $W$ il existe $i$ tel que $V_i = W$.

    Ainsi on a une surjection $J:= \{i\in I \mid V_i $ est un hyperplan $\} \to \{W\subset V\mid W$ est un hyperplan $\}, i\mapsto V_i$.

    Donc $|I|\geq |J| \geq |\{W\subset V \mid W$ hyperplan $\}$. Reste à calculer ce dernier cardinal, ou en tout cas à le minorer. Comme on a supposé $n\geq 2$, tout va bien se passer : soit en effet $(e_i)_{1\leq i \leq n}$ une base, et $\langle , \rangle$ la forme bilinéaire symétrique associée (qui correspond au produit scalaire canonique sur $\R^n$ par exemple). On note $x^\bot = \{y\in V\mid \langle x, y\rangle = 0\}$. Soit pour $\lambda \in K$ le vecteur $x(\lambda)= e_1 + \lambda e_2$ (qui a un sens car $n\geq 2$) .

    Alors $x(\lambda)^\bot\neq V$: en effet $\langle e_1 , x(\lambda)\rangle = \langle e_1, e_1\rangle = 1 \neq 0$, et $x(\lambda)^\bot$ est le noyau d'une forme linéaire: c'est donc un hyperplan.

    Maintenant, pour $\lambda \in K$, $\lambda e_1 - e_2 \in x(\lambda)^\bot$: c'est un simple calcul. Si $\lambda e_1 - e_2 \in x(\mu)^\bot$, alors $\lambda - \mu = 0$ donc $\lambda = \mu$. Donc $\lambda \mapsto x(\lambda)^\bot$ est injective $K\to \{W\subset V\mid W$ hyperplan $\}$. Donc en conclusion $|I|\geq |K|$, ce qui est absurde.

    Donc $|I|\geq \kappa$ ou l'un des $V_i$ est strict.
  • Merci pour ces précisions. J'avais vu sur Internet un article qui concernait les corps finis : Vector spaces as unions of proper subspaces, Apoorva Khare
    https://ac.els-cdn.com/S0024379509002985/1-s2.0-S0024379509002985-main.pdf?_tid=a6c6fdc1-3296-4472-bc97-df01581e92e5&acdnat=1532788585_b69043f8f94de81c0c32695d46126c63
    C'est intéressant, mais ce n'est pas mon souci présent.

    Comme j'ai dit, j'avais depuis pas mal de temps une démonstration du fait qu'un espace vectoriel de dimension finie sur un corps infini n'est pas réunion finie de sous-espaces stricts. Cette démonstration se fait par récurrence sur la dimension. Depuis peu, j'ai pris connaissance d'une autre démonstration, valable pour les espaces de dimension finie ou non. C'est pour l'essentiel celle que maxtimax dit « classique taupin», qui fait intervenir une droite affine et ses intersections avec les sous-espaces. Je l'ai rédigée par récurrence sur le nombre de sous-espaces.
    Et comme je m'intéresse en priorité aux espaces vectoriels sur $\mathbb R$ ou ur $\mathbb C$, ça m'a fait penser aux intérieurs : cette réunion finie de sous-espaces stricts est d'intérieur vide, ça paraît vrai mais je ne vois pas comment le prouver, sans le théorème de Baire.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • Comme tu parles d'unions finies, on n'a pas besoin de passer par Baire : dans n'importe quel espace topologique, l'union finie de fermés d'intérieur vide est d'intérieur vide. En effet, soit $O$ un ouvert non vide. Alors $O$ n'est pas contenu dans le premier terme de l'union (car ce premier terme est d'intérieur vide). On prive $O$ de ce premier terme, on conserve donc un ouvert non vide (car ce premier terme est fermé). On continue avec le deuxième terme, etc. et à la fin on obtient que $O$ n'est pas contenu dans l'union.

    edit : Tu veux faire dans n'importe quelle espace vectoriel topologique réel ?
  • Je ne comprends pas ta question @Chaurien... déjà pourquoi vouloir se passer de Baire ?
    Ensuite, si les espaces sont de dimension infinie, Baire tombe à l'eau (mais la remarque de Champ-Pot-Lion vient à la rescousse !).
    Mais tout ça tu as l'air de le savoir, donc je ne comprends pas ce que tu demandes ?
  • Ma remarque ne fonctionne que dans le cas de sous-espaces fermés. On peut peut-être faire une preuve (algébrique) que pour n'importe quel point de l'union, il y a une droite affine passant par ce point et sur laquelle le point est isolé.
  • @CPL : Effectivement; enfin de toute façon ici la topologie n'est pas nécessaire
  • Finalement ma remarque fonctionne en prenant la topologie suivante sur un espace vectoriel réel quelconque : $V$ avoisine $x$ si et seulement si pour tout vecteur $u$, il existe $\varepsilon > 0$ tel que $x+u\left]-\varepsilon,\varepsilon\right[ \subseteq V$. Dans cette topologie, tous les sous-espaces sont fermés (et d'intérieur vide). Une union finie de sous-espaces propres est d'intérieur vide dans cette topologie, et donc dans n'importe quelle autre car c'est la plus fine possible.
  • Je demande simplement la chose suivante : démontrer que dans un espace vectoriel normé $E$, une réunion finie de sous-espaces stricts est d'intérieur vide. Et je préfèrerais une démonstration « classique taupin ».
    La première démonstration de Champ-Pot-Lion convient pour des sous-espaces fermés, donc si l'espace $E$ est de dimension finie.
    La seconde démonstration de Champ-Pot-Lion doit pour moi être traduite « taupinalement ». Je vais m'y essayer.
    Merci pour l'intérêt que vous portez à cette question.
    Bonne soirée.
    Fr. Ch.
  • Bonjour @Chaurien,

    Soit la réunion finie, notée $F$ d'intérieur non vide

    Donc $F$ contient une boule de rayon non nul et de centre $a$.

    Donc le translaté de $F$, $F-a$ contient une boule $B$ de même rayon $r>0$ et centrée en $0$.

    Donc $a$ n'appartient pas à tous les sous espaces de la réunion (sinon on aurait $F-a=F$ et $F$ contiendrait une boule non vide centrée en 0, donc on aurait $F=E$, impossible d'après les posts précédents).

    Donc $a$ n'appartient pas à $N$ sous-espaces de la réunion ($N$ entier non nul).

    Soit maintenant $x \notin F$ (dont on sait qu'il existe).
    Alors $ \forall \lambda \in ]0, r]$, $ \dfrac {\lambda x} {||x||} \in F-a$ donc $\dfrac x {||x||} \in F-\dfrac 1 {\lambda} a$ et donc $\dfrac x {||x||} +\dfrac 1 {\lambda} a \in F$ et plus précisément appartient à un sous espaces ne contenant pas $a$
    Prenons $N+1$ valeurs de $\lambda$ pour lesquelles cette appartenance est vérifiée.
    Alors pour deux d'entre-elles $\lambda_1$ et $\lambda_2$ (principe des tiroirs), les deux vecteurs $\dfrac x {||x||} +\dfrac 1 {\lambda_{1,2}} a$ appartiendront au même sous-espace. La différence $\dfrac x {||x||} +\dfrac 1 {\lambda_{1}} a - \left ( \dfrac x {||x||} +\dfrac 1 {\lambda_{2}} a \right )$ aussi.
    Absurde car $a$ n'appartient à aucun des $N$ sous-espaces.
  • Avec Vandermonde on peut s'en sortir en dimension finie.
  • Merci Blueberry pour cette belle démonstration.
  • Relisant le stylo à la main la démonstration de Blueberry, je vois bien pourquoi $a$ ne peut être nul, mais je ne vois pas pourquoi $a$ n'appartient pas à tous les sous-espaces de la réunion. Merci de m'éclairer.
  • @Chaurien
    Si $a$ appartient à tous les sous-espaces, on a $F-a=F$.
    Donc la boule centrée en $0$ de rayon non nul est incluse dans $F$.
    Donc pour $x \in E$, il existe un certain $\lambda$ tel que $\lambda x$ est dans la boule, donc dans $F$, donc dans l'un des sous-espaces, donc $x$ lui-même est dans ce sous-espace donc est dans F.
    Donc $F=E$ absurde d'après les posts précédents.

    Edit: je viens de lire le message de Christophe. effectivement, une réunion finie de fermés d'intérieurs vides étant d'intérieur vide (dans un espace séparé non pas besoin de séparation finalement) $F$ ne peut contenir une boule.
    Edit 2: on sait que les sous-espaces fermés si on est en dimension finie. Sinon on ne peut supposer à priori les sev fermés.
  • Merci encore Blueberry pour ces nouvelles explications. Mon souci c'est que je ne voulais pas rédiger en termes de translation parce que je ne suis pas certain que ce soit clair pour les élèves de Math. Spé. à qui finalement tout ça est destiné. L'idée centrale de ta démonstration c'est cet ensemble $S=\big\{a+\lambda \frac{x}{\left\Vert x\right\Vert }\mid\lambda \in\lbrack 0,r]\big\}$ qui reste inclus dans la réunion finie et qui, lui, est infini, d'où principe des tiroirs. C'est à ça que je n'ai pas pensé, et j'ai grand tort car c'est par une idée analogue qu'on prouve le lemme algébrique qui dit que notre réunion finie de sous-espaces n'est pas égale à $E$ tout entier.
    Alors j'ai pensé à rerédiger la démonstration comme suit.Soit $E$ un espace vectoriel normé, soit $p\in \mathbb{N}^{\ast }$, soient $F_{1},F_{2},\ldots, F_{p}$, des sous-espaces vectoriels de $E$, autres que $E$, soit $\displaystyle F=\overset{p}{\underset{i=1}{\bigcup }}F_{i}$, et soit $a$ un point intérieur à $F$. Il existe $r\in \mathbb{R}_{+}^{\ast }$ tel que, pour tout $z\in E$, $\left\Vert z-a\right\Vert \leq r$ implique $z\in F$.
    Un lemme algébrique dit que $F\neq E$. Soit donc $x\in E\setminus F$, d'où en particulier : $x\neq 0$.
    L'ensemble $S=\big\{a+\lambda \frac{x}{\left\Vert x\right\Vert }\mid \lambda \in\lbrack 0,r]\}$ est un ensemble infini (c'est un segment d'une droite affine) inclus dans $\displaystyle F=\overset{p}{\underset{i=1}{\bigcup }}F_{i}$. Au moins l'un des $F_{i}$ contient donc une infinité de points de $S$.
    Il existe donc $\ell \in \{1,2,\ldots,p\}$, et $\lambda _{1}\in \lbrack 0,r]$, et $\lambda _{2}\in \lbrack 0,r]$, tels que : $a+\lambda _{1}\frac{x}{\left\Vert x\right\Vert }\in F_{\ell }$, et $a+\lambda _{2}\frac{x}{\left\Vert x\right\Vert }\in F_{\ell }$, et $\lambda _{1}\neq \lambda _{2}$.
    Il en résulte : $x=\frac{\left\Vert x\right\Vert }{\lambda _{1}-\lambda _{2}}\big((a+\lambda _{1}\frac{x}{\left\Vert x\right\Vert})-(a+\lambda _{2}\frac{x}{\left\Vert x\right\Vert })\big)\in F_{\ell }$, ce qui est impossible car par hypothèse $x\notin F$.J'espère n'avoir pas écrit de grosse bêtise.
    Bonne nuit.
    Fr. Ch.
  • Je remercie aussi Christophe C qui s'est intéressé à la question, mais je ne vois pas pourquoi il dit que mes questions laissent perplexes les familiers du forum.
    Son point 1/ est bien connu.
    Son point 2/ : « Toute réunion d'un nombre fini de fermés d'intérieur vide est d'intérieur vide » avait déjà été donné ci-dessus par Champ-Pot-Lion et il répond à la question pour des sous-espaces fermés, donc en particulier si l'espace $E$ est de dimension finie, mais non dans le cas général.
    Son point 3/, je ne l'ai pas compris. Mais ça ne fait rien, c'est sympa. Inutile d'y revenir puisque nous avons finalement la démonstration que je souhaitais.
    Bien cordialement.
    Bonne nuit.
    Fr. Ch.
  • Effectivement, démonstration débarrassée du superflu et parfaitement claire dés la première lecture (tu)
  • Un dernier point, au sujet du 3/ évoqué sur l'autre fil (L1 L2 trop oubliés), car Christophe y donne la démo que une réunion finie de sev propres ne peut être égale à l'espace tout entier, et je trouve ça particulièrement clair. Donc pour un lecteur que ça intéresserait.
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    Supposons que $E$ soit une réunion de sev propres $(E_i)$ en nombre fini au moins égal à deux et que cette réunion finie soit minimale (i.e aucun $E_i$ n'est inclus dans la réunion des autres).

    A chaque $E_i$ on associe un $x_i$ appartenant à $E_i$ mais à aucun $E_j$ pour $j \ne i$.

    Il est clair que par construction, pour $i \ne j$, $x_i$ et $x_j$ ne peuvent appartenir à un même $E_k$.

    Soit donc $x_i$ et $x_j$ avec $i \ne j$. Alors la droite affine $(x_ix_j)$ qui possède un nombre infini de points rencontre un des $E_k$ en au moins deux points distincts (principe des tiroirs). $E_k$ contient donc toute cette droite et en particulier $x_i$ et $x_j$. Absurde.
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    Edit: je complète pour un $K$ espace vectoriel, $K$ corps fini à $q$ éléments. La droite affine évoquée ci-dessus contient alors $q$ points, donc si le nombre de $E_i$ est $<$ à $q$, le principe des tiroirs peut encore s'appliquer et on a la conclusion.
  • Soit $K$ un corps infini, $E$ un $K$-epace vectoriel. Montrons par récurrence sur $n$ que $K$ n'est pas l'union d'une famille finie de sous espaces vectoriels stricts $E_1,...,E_n$.
    Le résultat est évident pour $n=1$.
    Supoosons l'affirmation au rang $n$. Si $E_1,...,E_{n+1}$ sont des sous ev stricts de $E$ dont l'union est égale à $E$ (*) , alors il existe $x \in E\backslash E_{n+1}$ et (par hypothèse de récurrence) $y \in E\backslash \bigcup_{k=1}^n E_k$. Mais comme la droite affine $D$ engendrée par $x,y$ est infinie (comme $K$), il existe $i \in \{1,...,n+1\}$ tel que $D \cap E_i$ a au moins deux éléments (via (*) et le principe des tiroirs...). Par suite $D\subseteq E_i$ et donc $x,y \in E_i$ ce qui est impossible (dans les deux cas $i\leq n$ ou $i=n+1$).

    (EDIT: ok ça a été dit plus haut)
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Voir plus haut : j'ai déjà dit dans un message d'il y a deux jours que j'avais pris connaissance récemment d'une démonstration du « lemme algébrique » selon lequel un espace vectoriel de dimension finie ou non sur un corps infini n'est pas réunion finie de sous-espaces stricts. J'ai dit que cette démonstration fait intervenir une droite affine et ses intersections avec les sous-espaces, et que je l'ai rédigée par récurrence sur le nombre de sous-espaces. C'est à peu près celle de Foys, qui semble être en vigueur dans la tradition orale des CPGE d'aujourd'hui « de bouche de druide à oreille de druide ». Je la préfère de beaucoup à celle qui exige l'hypothèse supplémentaire de « minimalité » qui pour moi complique les choses.

    J'ai dit aussi que je n'ai d'abord pas vu que pour traiter la question de l'intérieur on garde les mêmes idées, mais en remplaçant la droite affine par le segment $S=\big\{a+\lambda \frac{x}{\left\Vert x\right\Vert }\mid \lambda \in\lbrack 0,r]\}$. Ceci a été trouvé par Blueberry, et ceci m'a permis de donner une version de sa démonstration en 7 lignes, qui me semble simple et claire, et à Blueberry aussi, et sans doute à tout un chacun qui fait de vraies mathématiques. Ce qui est sympa c'est que cette démonstration est le fruit de notre collaboration : encore un effet bénéfique de ce forum.

    Bonne après-midi.
    Fr. Ch.
  • Comme j'ai raconté, j'ai dans mes papiers (sans référence) depuis des lustres une démonstration du fait qu'un espace de dimension finie sur un corps infini n'est pas réunion finie de sous-espaces stricts. Elle fonctionne par récurrence sur la dimension. Un espace $E$ de dimension $n+1$ étant supposé réunion finie de sous-espaces stricts, on considère un hyperplan $H$ de $E$ et l'hypothèse de récurrence finit par impliquer que cet hyperplan est égal à l'un des sous-espaces, ce qui impliquerait que l'espace $E$ n'aurait qu'un nombre fini d'hyperplans. On démarre avec le lemme : « Dans un espace vectoriel de dimension $ n \ge 2$ sur un corps (commutatif) infini, il y a une infinité d'hyperplans », et c'est fait.

    L'autre démonstration, dont nous avons parlé plus haut, et qui est, elle, valable en dimension finie ou non, semblait destiner celle-ci à la poubelle. Mais voici que mes recherches sur Internet à propos de réunions de sous-espaces m'ont conduit à m'intéresser aux réunions dénombrables. Alors, plus de récurrence sur le nombre de sous-espaces, et ma vieille démonstration peut encore servir.

    À suivre...
    Bonne après-midi.
    Fr. Ch.
  • Pourtant une récurrence sur la dimension fonctionne encore, il me semble!
    Il faut juste montrer (au moins si ton corps de référence est $\mathbb{R}$ ou $\mathbb{C}$) que la sphère de rayon $1$ d'un espace vectoriel $E$ de dimension finie (plus grande que $2$) à au moins autant d'éléments que le cardinal du corps de référence.
    Il suffit de conclure en utilisant le théorème de Riesz et en appliquant l'hypothèse de récurrence (sinon, on a construit une injection de l'ensemble des vecteurs de la sphère de $E$ dans un ensemble dénombrable).
  • Chaurien : oui, elle peut servir : regarde mon message prouvant qu'un espace vectoriel de dimension finie sur $K$ n'est pas réunion de strictement moins que $|K|$ sous-espaces stricts :-D en particulier lorsque $K$ est de cardinal $>\aleph_0$, on obtient les réunions dénombrables
  • Suite de mon dernier message. J'ai dit qu'on peut observer, en guise de lemme, que dans un espace vectoriel de dimension finie $ n \ge 2$ sur un corps (commutatif) infini, il y a une infinité d'hyperplans. Précision : on peut trouver une famille d'hyperplans équipotente au corps lui-même.

    La démonstration de mon dernier message s'adapte alors pour prouver qu'un $\mathbb R$-espace vectoriel de dimension finie n'est pas réunion dénombrable de sous-espaces stricts.

    Et cette propriété une fois démontrée, on peut adapter à son tour la démonstration vue plus haut pour l'intérieur, et prouver qu'une réunion dénombrable de sous-espaces stricts est d'intérieur vide. Comme précédemment, on considère un point $a$ intérieur à cette réunion et un point $x$ qui n'est pas dans cette réunion, et l'on considère l'ensemble $ S=\big\{a+\lambda \frac{x}{\left\Vert x\right\Vert }\mid \lambda \in\lbrack 0,r]\} $, qui est infini non dénombrable.. Ce qui implique encore qu'au moins un des sous-espaces contient une infinité (non dénombrable) de points de $S$, etc.

    L'hypothèse de la dimension finie est indispensable. Par exemple, le $\mathbb R$-espace vectoriel $\mathbb R[X]$ est bel et bien réunion dénombrable des sous-espaces stricts $\mathbb R_n[X]$, $n$ décrivant $\mathbb N$. Il paraît même que tout espace vectoriel de dimension infinie est réunion dénombrable de sous-espaces stricts.

    Bonne fin de journée, en attendant la fraîche.
    Fr. Ch.
  • Chaurien : certes mais pour le coup en dimension finie, on est complet et les sous-espaces sont fermés, donc on a Baire
    (Et je confirme pour les espaces de dimension infinie sur n'importe quel corps, c'est même facile à prouver)
  • Merci à Maxtimax et à BobbyJoe, je vais regarder ceci.
    Je rappelle que pour moi tout ça est destiné au bout du bout à fabriquer exercices et problèmes pour Math. Spé. de 2018, bientôt 2019. Déjà je me demande si mes considérations cardinalices ne sortent pas du programme. C'est triste mais c'est ainsi.
    Bien sûr je suis aussi intéressé par des approches de plus haut niveau - pour autant qu'elles ne sortent pas de ma comprenette.
    Encore merci, bien cordialement,
    Fr. Ch.
  • Chaurien écrivait : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,1687332,1690798#msg-1690798
    > Il paraît même que tout espace vectoriel de dimension infinie est réunion dénombrable de sous-espaces stricts.

    En effet, soit $(e_i)_{i\in I}$ une base et soit $f : \N \to I$ une injection. Alors l'espace est la réunion sur $k \in \N$ des sous-espaces générés par les $e_i$ pour $i \in I \setminus f([\![k,\infty[\![)$.
  • Chaurien : il n'est pas interdit de proposer des exercices hors-programme : les questions cardinales (autre que dénombrables) ne sont effectivement pas vraiment au (dans l'esprit du) programme, mais sont théoriquement connues et peuvent être intéressantes pour des étudiants motivés et/ou avec un bon niveau
  • Evidemment les espaces ainsi générés par la remarque précédente ne sont pas (toujours) fermés!
    Car par Baire, un espace de Banach ne peut pas être réunion dénombrable de sous-espaces stricts et fermés!
  • J'ai trouvé ça dans : Golan J. S., Foundations of linear algebra, Kluwer, 1995, chapter III, p. 40, problem 27 : « Let $V$ be a vector space which is not finite dimensional over a field $F$. Show that there exists a countable set of proper subspaces of $V$ the union of which equals $V$ ». Mais ma foi je ne sais pas faire :-(
  • Champ Pot Lion t'a répondu !
  • En effet, merci à Champ-Pot-Lion, et honte sur moi de n'avoir pas trouvé :-).
    Bonne et chaude journée.
    Fr. Ch.
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