Monoïdes libres et groupes libres

Maxtimax
Modifié (January 2023) dans Catégories et structures
Je propose ici une version (j'espère) sans étourderies de l'exercice que j'ai proposé dans le fil "Objets libres"; avec 2 corrections: l'une utilisant une description explicite du monoïde libre sur un ensemble, l'autre utilisant uniquement la définition de monoïde libre.

Je rappelle avant tout la définition de monoïde (resp. groupe) libre sur un ensemble $X$, et la description explicite du monoïde libre sur un ensemble $X$. J'admets (faits démontrés dans l'autre fil) que ladite description vérifie bien la définition de monoïde libre; et le fait que deux monoïdes libres sur un ensemble sont isomorphes (avec un unique isomorphisme respectant ledit ensemble).

Un monoïde (resp. groupe) libre sur un ensemble $X$ est un couple $(M,i)$ où $M$ est un monoïde (resp. groupe), $i: X\to M$ une application (ensembliste) tel que pour tout monoïde (resp. groupe) $N$ et toute application $j: X\to N$ il existe un unique morphisme de monoïdes (resp. groupes) $f: M\to N$ tel que $f\circ i = j$.

Si $X$ est un ensemble, alors $\displaystyle\coprod_{n\in \N} X^n$ muni de la concaténation est un monoïde libre sur $X$ (l'élément neutre étant l'unique élément de $X^0$, c'est-à-dire la suite vide).


Partie I : Faits généraux sur les congruences de monoïdes.

On appelle une congruence sur un monoïde $M$ une relation d'équivalence $R$ telle que $xRx', yRy' \implies (xy)R(x'y')$.
Si $R$ est une congruence, il y a une unique structure de monoïde sur $M/R$ telle que la projection canonique $\pi: M\to M/R$ soit un morphisme de monoïde. En notant $[x] = \pi(x)$ la classe de $x$ modulo $R$, elle est définie par $[x][y] = [xy]$, cette définition étant licite par définition de congruence; l'élément neutre étant $[1]$ ($1$ neutre de $M$).

$M/R$ jouit de la propriété universelle suivante: si $f:M\to N$ est un morphisme de monoïdes tel que $xRy \implies f(x)=f(y)$, alors $f$ se factorise uniquement par $M/R\to N$ (qui caractérise à isomorphisme près $M/R$).

Il est facile de voir qu'une intersection quelconque de congruences est une congruence (en prenant l'intersection vide égale à $M^2$), en particulier pour tout $X\subset M^2$ il existe une plus petite congruence contenant $X$, notée $\langle X\rangle$ et appelée "congruence engendrée par $X$". Lorsque ça ne mène pas à des confusions, on se permettra l'abus de noter $M/X$ au lieu de $M/\langle X\rangle$.

Exemple : Sur $(\N,+)$, la relation de congruence modulo $2$ est une congruence. Le monoïde quotient est un groupe isomorphe à $\Z/2\Z$.

Partie II : Le groupe libre sur un ensemble

Soit $A$ un ensemble, on veut prouver qu'il existe un groupe libre sur $A$ (/ décrire le groupe libre sur $A$).

On pose $E= A\times\{1, -1\}$. On note $j:A\to E$ l'application $a\mapsto (a,1)$ et $l: A\to E$ l'application $a\mapsto (a,-1)$: $E= j(A)\coprod l(A)$.

Soit $(M,i)$ un monoïde libre sur $E$, je note $\times$ sa multiplication et $e$ son neutre; et $X= \{(i\circ j(a)\times i\circ l(a), e)\mid a\in A\}\cup\{(i\circ l(a)\times i\circ j(a), e) \mid a\in A\}$; et $R=\langle X\rangle$. Je note $\pi: M\to M/R$ la projection canonique.

Alors $(M/R, \pi\circ i\circ j)$ est un groupe libre sur $A$.

Lemme: $M/R$ est un groupe
Je fournis deux preuves de ce fait : l'une en utilisant la description explicite de $M$, l'autre utilisant uniquement sa propriété universelle.

Preuve 1:
Notons $t: E\to E$ l'involution $(a,1)\mapsto (a,-1), (a,-1)\mapsto (a,1)$. Je prétends qu'alors pour toute suite $(s_1,...,s_n) \in E^n$, $((s_1,...,s_n)\times (t(s_n),...,t(s_1)), e)$ et $((t(s_n),...,t(s_1))\times (s_1,...,s_n),e)$ sont dans $R$.

On le prouve par récurrence sur $n$ : pour $n=0$ il s'agit de dire que $(e,e) \in R$, ce qui est évident car $R$ est une relation d'équivalence.
Pour $n=1$, cela vient de ce que $X\subset R$.
Le passage $n\to n+1$ se fait de la manière suivante : je suppose la propriété vraie au rang $n$; soit $(s_1,...,s_{n+1})$ une suite à valeurs dans $E$. Alors $(s_{n+1}\times t(s_{n+1}),e)\in R$ (d'après le cas $n=1$). Donc, comme $R$ est une congrence, $((s_1,...,s_n)\times s_{n+1}\times t(s_{n+1}), (s_1,...,s_n))\in R$; donc par définition de $\times$, $((s_1,...,s_n,s_{n+1})\times t(s_{n+1}), (s_1,...,s_n))\in R$. De même, $R$ étant une congruence, $((s_1,...,s_n,s_{n+1})\times t(s_{n+1})\times (t(s_n),...,t(s_1)), (s_1,...,s_n)\times (t(s_n),...,t(s_1)))\in R$.

On applique alors la définition de $\times$ à gauche, puis l'hypothèse de récurrence et la transitivité de $R$ pour obtenir $((s_1,...,s_{n+1})\times (t(s_{n+1}),...,t(s_1)), e)\in R$. On fait exactement de même pour l'autre sens.
On conlut par récurrence.

Ainsi pour tout $s\in M$, il existe $z\in M$ tel que $(s\times z, e)\in R$. Comme $\pi: M\to M/R$ est surjective, cela suffit à prouver que $M/R$ est un groupe.

Preuve 2 : Soit $U\subset M/R$ l'ensemble des inversibles (qui est un groupe) : $U=\{x\in M/R \mid \exists y, xy = yx = e\}$ (je note aussi $e$ le neutre de $M/R$ en espérant que cet abus ne dérangera pas). Je note $k:U\to M/R$ le morphisme d'inclusion.
Je reprends la notation $t:E\to E$ de la preuve $1$.
Puisque pour $s\in E$, $(s\times t(s), e), (t(s)\times s, e)\in R$, on a que $\pi\circ i$ est à valeurs dans $U$, i.e. se factorise par $k$: disons qu'on a $h:E\to U$ telle que $k\circ h = \pi\circ i$.
$U$ étant en particulier un monoïde, l'application $h: E\to U$ permet (par définition de monoïde libre) d'obtenir un morphisme $m:M\to U$ tel que $m\circ i = h$. Alors $k\circ m\circ i = k\circ h = \pi\circ i$. Donc les compositions de $k\circ m, \pi :M\to M/R$ avec $i$ coïncident : par unicité dans la définition de monoïde libre, $k\circ m = \pi$. En particulier, $\pi$ étant surjective, $k$ l'est aussi. Mais $k$ est l'inclusion $U\to M/R$, sa surjectivité signifie simplement que $U=M/R$: donc $M/R$ est un groupe.

Pour moi la preuve 2 est la plus claire et la plus élégante et elle ne nécessite que de savoir que $(M,i)$ est un monoïde libre: si des extraterrestres ont une autre construction du monoïde libre, ces derniers comprendront la preuve 2 sans travail supplémentaire; pour comprendre la preuve 1, iels devront travailler sur l'un des résultats que j'ai admis au début.

A noter que la preuve 2 est infiniment plus claire si on dessine les diagrammes qui vont avec, mais \xymatrix ne marche pas...

Bref, $M/R$ est un groupe, et on a une application $A\to M/R$ qui est la composition $A\to E\to M\to M/R$, plus précisément $\pi\circ i \circ j$. Je la note $b$.
Alors $(M/R, b)$ est un groupe libre sur $A$. Avant la preuve, comprendre d'où ça vient : on est parti d'un monoïde libre sur $A$ et des éléments supplémentaires qui jouent le rôle des futurs inverses des éléments de $A$. L'ensemble $X$ que j'ai décrit et la congruence associée sont juste un moyen de décréter que ce sont effectivement des inverses; et c'est le plus petit truc qu'on peut faire pour les forcer à être des inverses: c'est donc le groupe libre.

Bon, une vraie preuve maintenant (que je fais sans la description de $M$ parce que là elle n'apporte rien; en fait l'utiliser permettrait uniquement de reprouver ce que j'ai admis au début, à savoir que c'est un monoïde libre).

Soit $G$ un groupe dont je note $\star$ la multiplication et $1$ le neutre; $q: A\to G$ une application. En posant $f(j(a)) = q(a)$ et $f(l(a)) = q(a)^{-1}$ on obtient une application $f: E\to G$ telle que $f\circ j = q$, et $f\circ j(a) \star f\circ l(a) = 1$.

$G$ est un groupe donc en particulier un monoïde, donc on obtient un morphisme $r: M\to G$ tel que $r\circ i = f$.

Soit $a\in A$. Alors $r(i(j(a))\star r(i(l(a))= f(j(a))\star f(l(a)) = 1=r(e)$, et similairement $r(i(l(a))\star r(i(j(a))= f(l(a))\star f(j(a)) = 1=r(e)$; de sorte que $X\subset \{(x,y)\in M \mid r(x) = r(y)\}$.
Or il est clair que $\{(x,y)\in M \mid r(x) = r(y)\}$ est une congruence sur $M$, et comme $R$ est la plus petite congruence contenant $X$, $R\subset \{(x,y)\in M \mid r(x) = r(y)\}$. Donc par propriété universelle du quotient (décrit en partie I), $r$ se factorise uniquement par $d:M/R \to G$.

Maintenant, $d\circ b = d\circ \pi\circ i\circ j= r\circ i \circ j = f\circ j = q$ (à nouveau, dessiner un diagramme rend la chose infiniment plus claire).

Quant à l'unicité, si $v: M/R \to G$ vérifie $v\circ b = q$, alors $v\circ \pi\circ i\circ j = q$. On ait que $\pi\circ i\circ l (a)$ est l'inverse de $\pi\circ i\circ j (a)$ pour $a\in A$ , de sorte que cette égalité impose $v\circ \pi \circ i = f$ (par définition de $f$ et par un peu de théorie élémentaire des groupes)
Seulement, $v\circ \pi $ est un morphisme de monoïdes, et sa composition avec $i$ coïncide avec celle de $r$: $(M,i)$ étant un monoïde libre sur $E$, cela impose $v\circ \pi = r$. Mais alors la composition de $v$ avec $\pi$ coïncide avec celle de $d$, donc par propriété universelle du quotient (ou si c'est plus clair pour toi, parce que $\pi$ est surjective), cela impose $v= d$.

Conclusion : on a montré que pour tout groupe $G$ et application $q:A\to G$, il existe un unique morphisme de groupes $d:M/R\to G$ tel que $d\circ b = q$. En d'autres termes, $(M/R,b)$ est bien un groupe libre sur $A$: c'est ce qu'on voulait démontrer.

Quelques idées de généralisation :

Si tu fais bien attention, tu verras que je n'ai essentiellement rien utilisé de spécifique aux groupes ou aux monoïdes. C'est parce que ce qui est fait ici peut se faire dans un plus grand cadre. En fait, si tu as un type d'algèbres, c'est-à-dire une famille $(f_i)_{i\in I}$ de symboles fonctionnels, disons d'arités finies $(n_i)_{i\in I}$, un ensemble d'équations reliant ces symboles fonctionnels (par exemple pour les monoïdes on a deux symboles fonctionnels : $e$, d'arité nulle, et $\times$, d'arité $2$, et comme équations on a $x\times e = x, e\times x = x$, etc.) et que tu regardes la classe (catégorie si ce mot ne te fait pas peur - il ne devrait pas) des ensembles munis d'opérations correspondant aux $f_i$ et vérifiant ces équations, alors tu peux toujours t'interroger sur les trucs libres (où un truc est un de ces ensembles munis d'opérations et vérifiant ces équations). En particulier, il existe toujours des trucs libres sur n'importe quel ensemble (!!).
Plus spécifiquement, comment relier les monoïdes libres et les groupes libres ? Bon ici comme les groupes ont un symbole fonctionnel de plus ($\iota$, pour l'inversion), il faut considérer en fait les "monoïdes muni d'une involution" libres: c'est mon $M$.
En fait rajouter des symboles fonctionnels te fait augmenter la taille de $A$ (c'est le passage de $A$ à $E$) et rajouter des équations te fait quotienter par une bonne congruence (c'est la passage de $M$ à $M/R$): tu peux généraliser ça à besoin/envie

Pour aller encore plus loin, on est ici face à une adjonction entre la catégorie des ensembles et la catégorie des monoïdes (resp. groupes, trucs); et on peut étudier plus généralement ces adjonctions, et voir ce que "algèbre" peut vouloir dire au plus général (il est par exemple possible de traiter des espaces compacts Hausdorffs comme d'objets algébriques)

Réponses

  • Et c'était censé être facile, et je devais y arriver tout seul 8-)

    Merci Max (:D
  • Quand tu auras tout lu tu verras qu'il n'y a pas beaucoup de contenu et que tu aurais effectivement pu trouver :-D enfin tu aurais eu du mal en t'empêtrant dans la description explicite
    Preuve que tu aurais pu trouver : c'est la première fois que j'écris ça proprement et ça n'a requis aucune imagination.
    La morale : un objet défini par une propriété universelle est caractérisé par sa propriété universelle !
  • Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'arguments très "profonds" que tout le cheminement est facile à trouver, surtout quand on découvre. Il y a quand même beaucoup d'étapes dans ce que tu fais.
  • Je relève une petite coquille dans la preuve 1 : c'est $(s_{n+1} \times t( s_{n+1} ), e)$ qui est dans $R$ d'après le cas $n=1$ que tu utilises, pas $(s_{n} \times t( s_{n} ), e)$

    Sinon la preuve 1, je bute un peu sur la dernière phrase.

    Le fait que pour tout $s \in M$, il existe $z \in M$ tel que $(s \times z, e) \in R$, combiné avec le fait que $\pi$ est un morphisme de monoïdes, ça nous dit que tout $[ s ] \in M/R$ admet un inverse à droite qui est $[z]$... ça, c'est la partie avec les $(s_1 , ... s_n ) \times ( t(s_n), ... , t(s_1))$ qui nous le donne. Dans l'autre sens, avec la partie avec les $(t(s_1) , ... t(s_n) ) \times ( s_1, ... , s_n)$, on obtient un inverse à droite pour tout $[ s ] \in M/R$. C'est la surjectivité de $\pi$ qui nous assure que tout élément de $M/R$ est un $[\alpha]$, donc qui nous permet d'affirmer que tout élément de $M/R$ admet donc un inverse à gauche et un inverse à droite, donc un unique inverse. C'est ça ou je me suis embrouillé en chemin ?
  • Ok pour la coquille, je corrige,
    Pour le reste : C'est ça, mais tu remarqueras aussi que dans la construction explicite, l'inverse à droite est le même que celui à gauche, sans même invoquer le lemme (simple, je l'admets) d'égalité des inverses à droite et à gauche.
  • Oui.

    J'essaierai de lire la deuxième preuve quand je serai moins fatigué, et je ferai les diagrammes qui vont avec. Là comme ça je ne comprends pas pourquoi $\pi \circ i$ est à valeurs dans $U$.
  • Bon alors, le fait que $\pi \circ i$ est à valeurs dans $U$, ça j'ai compris. Par contre, la factorisation par $h : E \longrightarrow U$ je ne suis pas sûr. Quels arguments tu utilises ?
  • Bah si tu as trois ensembles, $A,B,C$ et $B\subset C$, en notant $i:B\to C$ l'inclusion alors si $f:A\to C$ est une application, qui est à valeurs dans $B$, alors $f$ se factorise par $i$
  • Dans le sens, il existe une application $\overline{f} : A \longrightarrow B$ telle que $f = i \circ \overline{f}$, c'est ça ? (auquel cas $\overline{f}$ sera unique)

    Faudra que je fasse ce petit exercice...

    EDIT : en fait c'est tout simple :-D
  • Alors, j'ai lu la deuxième preuve et le reste.

    Je suis d'accord que la deuxième preuve pour montrer que $M/R$ est un groupe est "plus élégante" que la première.

    Seulement, je donne une certaine importance à la première simplement parce qu'elle donne une description des éléments de $M/R$.

    Je suis conscient que quand on dit qu'un objet existe, en maths, ça suffit pour s'en servir. Seulement, si on peut, en plus de montrer qu'il existe, en donner une description explicite, je trouve ça mieux. Je pense que beaucoup de gens aiment avoir ne serait-ce que l'impression de comprendre à peu près ce qu'ils manipulent. La description du monoïde libre avec les mots ne m'apporte certes rien comme propriétés de l'objet, mais au moins j'en ai une sorte de représentation en tête.

    Un peu comme quand on pense au nombre 3, on pense à trois objets, et pas à "le nombre entier abstrait entre le nombre entier abstrait 2 et le nombre entier abstrait 4". Je pense que c'est important pour se convaincre qu'on ne manipule pas dans le vide.

    En tout cas merci, je vais poser quelques questions dans l'autre fil puisque je n'ai plus de questions sur les monoïdes et groupes libres.
  • Une remarque pour Homo Topi.

    Dans ton dernier message, tu indiques qu'il suffit de savoir qu'il suffit de savoir qu'un objet (vérifiant une propriété universelle) existe. En fait, ce n'est pas tout à fait vrai : il y a des propriétés de l'objet qui ne découlent pas de la propriété universelle mais de la construction même de l'objet.

    Par exemple, pour le monoïde libre sur X : le fait qu'il soit engendré par X est une conséquence de la construction et pas de la propriété universelle.

    Je te renvoie à ces notes pour plus d'éléments sur le sujet. Bonne lecture.

    Quelques notes de la prépa agreg de Rennes sur les propriétés universelles
  • Je faisais une remarque plutôt d'ordre général sur les théorèmes "d'existence", après, j'ai certes pris un exemple qui ne colle pas exactement.

    Dans les théorèmes d'existence... par exemple, tout espace vectoriel admet une base. En dimension finie, on peut la construire. En dimension infinie, on ne peut pas et elle n'existe que grâce à l'axiome du choix. Ou bien le théorème de Rolle, il existe un $c$ tel quel $f'(c)=0$ mais lequel ? C'est surtout des choses comme ça que j'avais en tête. Je suis peut-être un pseudo-constructiviste... s'il n'y a pas de construction explicite de l'objet, ce n'est pas grave, mais s'il y en a une, je préfère qu'on me démontre à la fois que l'objet existe ET qu'on me montre qui c'est.
  • Vincent : c'est faux. Tu peux parfaitement prouver avec la propriété universelle que $X$ engendre le monoïde libre sur $X$, c'est même plus simple qu'avec la construction : je te le laisse en exercice facile.
    La construction facilite certains preuves (de type combinatoire, notamment pour les groupes libres, les mots réduits peuvent servir) mais globalement la propriété universelle suffit.

    Homo Topi : savoir ce que "qui c'est" veut dire est une question de point de vue. D'après le lemme de Yoneda, connaître $A$ est aussi bon que connaître $\hom_C(A,-)$, ou $\hom_C(-,A)$ : donc décrire une propriété universelle c'est bien donner l'identité de $A$, en d'autres termes, c'est précisèment "montrer qui c'est".
    Je ne dis pas que tu as tort de chercher des constructions explicites, je cherche simplement à montrer que c'est une question de point de vue
  • Ben pour le coup, en général, si je n'ai pas de concept de "à quoi ressemblent les éléments d'un ensemble", pour comprendre les morphismes depuis ou vers cet ensemble, c'est assez compromis... C'est pour ça que je demande des descriptions explicites des ensembles.
  • M'enfin... relis la définition de monoïde libre alors :-D
    Elle te décrit exactement $\hom_{\mathbf{Mon}}( M, -)$ lorsque $M$ est un monoïde libre sur $X$ sans connaître "les éléments de $M$" : c'est bien tout l'intérêt ! Ce n'est pas du tout compromis, au contraire en général c'est connaître les éléments d'un ensemble qui t'embrouille et qui te fait t'empêtrer dans des situations bizarres où tu cherches à voir si c'est bien défini etc. etc.
  • Effectivement Maxtimax: soit $M$ est le monoïde libre sur $X$ et $i : X \rightarrow M$ le morphisme canonique. On note $M_X$, le sous-monoïde engendré par $X$. L'application $i$ se factorise par $M_X$ (notons la $i_X$). Montrons que $(M_X,i_X)$ vérifie la propriété universelle.

    Soit $j: X \rightarrow N$ une application où $N$ est un monoïde. Il existe $f: M \rightarrow N$ tel que $f i = j$ (PU). La restriction de $f$ à $M_X$ fournit $f': M_X \rightarrow N$ tel que $f' i_X=j$. Il reste à montrer l'unicité du $f'$ et cela résulte simplement du fait que $X$ engendre $M_X$.

    J'ai ensuite essayé de montrer avec la PU que l'application $i$ était forcément injective: il suffit pour cela de trouver un monoïde dans lequel X s'injecte et le monoïde de l'ensemble des parties de X (muni de l'union (ou de l'intersection d'ailleurs)) convient.
  • Vincent : c'est ça ! Enfin c'est une manière de le rédiger. D'ailleurs tu remarques peut-être que la différence entre cette preuve et celle à laquelle tu pensais initialement (utilisant la construction avec les mots) est essentiellement la même qu'entre ma preuve 2 et ma preuve 1
  • Je pense que c'est juste quelque chose de très nouveau pour moi, donc je n'ai pas encore trop l'habitude... ça viendra probablement avec le temps :-)
  • Juste pour vérifier que j'ai bien compris ce truc-là :

    Si notre alphabet c'est $\{x,y\}$, le monoïde libre dessus ça sera les mots écrits avec les lettres $x$ et $y$, par exemple $xyxyxyxyxyx$.

    Quand on fabrique notre monoïde-quotient qui sera le groupe libre, on "étend" l'ensemble de lettres en ajoutant des lettres, par exemple ici notre "nouvel alphabet" c'est $\{x,y,x^{-1},y^{-1}\}$. Le passage au quotient se fait en déclarant que $x$ et $x^{-1}$ sont des lettres inverses l'une de l'autre, donc que la concaténation des mots de longueur 1 $(x)$ et $(x^{-1})$ donne le mot vide $()$, idem avec $y$.

    Donc le groupe libre sur $\{x,y\}$ c'est l'ensemble des mots écrits avec ces lettres, dans lesquels il n'y a jamais deux lettres adjacentes qui sont inverses l'une de l'autre. D'où la notion de mot réduit, et mon exemple $xyxyxyxyxyx$ est un mot réduit.
  • En gros oui : si tu veux un terme imagé, l'ensemble des mots réduits est une transversale pour l'application canonique $M\to M/R$.

    Seulement ton dernier paragraphe oublie que les mots réduits peuvent (et ça doit être le cas) contenir des $x^{-1}$, et des $y^{-1}$. Par exemple $xyx^{-1}$ est un mot réduit
  • Je ne suis pas sûr d'avoir compris ta fomulation :

    Certes les mots réduits peuvent contenir des $x^{-1}$ ou des $y^{-1}$, le seul exemple que j'ai donné n'en contient pas parce que j'ai juste tapé sur deux touches de mon clavier comme un gogol pour l'écrire. Mais est-ce que ce que tu as dit, c'est qu'un mot réduit doit contenir des inverses ? Ça me surprendrait.
  • Non, le "doit" faisait référence à la structure globale. Je faisais juste référence à ton "l'ensemble des mots écrits avec ces lettres" (je précisais que "ces lettres" ne devait pas faire référence au $\{x,y\}$ qui venait juste avant).
    Ce que tu viens d'écrire confirme que tu as compris
  • Oui, je me disais bien :-D

    Du coup, le groupe abélien libre que j'obtiens en abélianisant le groupe libre sur $\{x,y\}$, c'est le groupe des $x^n y^m$ avec $n$ et $m$ dans $\mathbb{Z}$, c'est ça ? Si on l'écrit proprement, il sera isomorphe à $\mathbb{Z}^2$ ?
  • Cool, j'ai compris un truc. (:D (:D (:D
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