Matrice unipotente

Bonjour
Dans une feuille d'exercices MPSI 2011/12 du Lycée Louis-le-Grand, on trouve en page 79 l'exercice 34.19 qui porte sur les matrices unipotentes et qui commence par :

"Une matrice $M \in \mathcal{M}_n(\mathbb{C})$ est dite unipotente s'il existe $k \in \mathbb{N}^{*}$ tel que $M^k=I_n$"

La définition usuelle est pourtant qu'une matrice $M$ est dite unipotente ssi $M-I_n$ est nilpotente.

Je n'arrive pas à faire le lien entre $\exists k,\ M^k=I_n$ et $\exists k,\ (M-I_n)^k=0$ ...
Quelqu'un saurait-il m'aiguiller ?

Réponses

  • Il n'y a pas de lien : regarde $\pmatrix{1&1\\0&1}$ d'un côté, et $\pmatrix{0&1\\1&0}$ de l'autre.
  • Hello,

    fastoche, y a aucun rapport! :-D

    $M=\begin{pmatrix}1 & 1 \cr 0 & 1\end{pmatrix}$ vérifie $(M-I_2)^2=0$, mais n'a aucune puissance non nulle égale à $I_2$

    $M=-I_2$ vérifie $M^2=I_2$, mais $M-I_2$ n'a aucune puissance nulle.

    Amicalement,

    Mel.
  • En effet, les définitions n'ont rien à voir. Une matrice $M$ pour laquelle il existe un entier $k$ tel que $M^k=\mathrm{I}_n$ est diagonalisable dans $\mathcal{M}_n(\C)$ (tiens, pourquoi au fait ?) alors que la seule matrice $M$ pour laquelle il existe $k$ avec $(M-\mathrm{I}_n)^k=0$ et qui est diagonalisable est l'identité.

    La définition usuelle d'« unipotente » est la deuxième : $M$ est unipotente SSI $M-\mathrm{I}_n$ est nilpotente. C'est un usage hétérodoxe du vocabulaire de la part de l'auteur de la fiche.
  • Math Coss a écrit:
    C'est un usage hétérodoxe du vocabulaire de la part de l'auteur de la fiche

    C'est un peu étrange de la part d'un prof aussi réputé que Mansuy, auteur de plusieurs ouvrages chez Vuibert...
  • J'ai déjà vu des appellations bizarres dans des problèmes de classes préparatoires. Notamment des "endomorphismes cycliques" qui n'étaient pas les endomorphismes cycliques de tout le monde.
    Tant que la notion est explicitement définie à l'intérieur de l'exercice ou du problème, et n'est pas une définition de cours, ce n'est pas trop grave.
  • OK, merci. Affaire conclue.

    Au fait :
    Math Coss a écrit:
    Une matrice $M$ pour laquelle il existe un entier $k$ tel que $M^k=I_n$ est diagonalisable dans $M_n(C)$

    Oui ? Pourquoi ? Je ne sais pas...
  • Une telle matrice annule un polynôme de la forme $X^k-1$ qui est scindé à racines simples.
  • Well, si $M^k=I_n$, le polynôme caractéristique de $M^k$ est le polynôme caractéristique de $I_n$, soit $(X-1)^n$. Ensuite, Cayley-Hamilton dit que si l'on applique le polynôme à la matrice elle-même, on obtient la matrice nulle, soit $(M^k-I_n)^n=0$ ; mais ça, ça fait tourner en rond... D'où vient $X^k-1$ STP ?
  • Bah, par définition, si $M^k=I_n$ c'est que le polynôme $X^k-1$ est un polynôme annulateur de $M$ !
  • Il n'y a pas besoin de polynôme caractéristique. Dire que $M$ est unipotente-au-sens-de-RM, c'est dire qu'il existe $k$ tel que $M^k=\mathrm{I}_n$, d'accord. Or, si $P=X^k-1$ est un polynôme, alors $P(M)=M^k-\mathrm{I}_n$ par définition. Dire que $M$ annule $P$, c'est exactement dire que $P(M)=0$ (ce $0$ est la matrice nulle).

    Si $\omega_j$ ($0\le j\le k-1$) sont les racines $k$-ièmes de l'unité, on a $P(X)=\prod_{j=0}^{n-1}(X-\omega_j)$. Les polynômes $P_j=X-\omega_j$ sont deux à deux premiers entre eux. Par le lemme des noyaux, le noyau de $P(M)$, qui est $\C^n$ entier, est la somme directe des noyaux des $P_j(M)$, c'est-à-dire des espaces propres associés aux valeurs propres $\omega_j$. En d'autres termes, $M$ est diagonalisable.
  • Certes ! Mais si le polynôme caractéristique est bien un polynôme annulateur, un polynôme annulateur n'est pas forcément le polynôme caractéristique... et c'est ce dernier qui donne les valeurs propres, non ? Donc, un truc qui semble évident continue à m'échapper...

    PS : je n'avais pas lu réponse de Math Coss ! -> Merci !
  • Le truc à peu près évident qui doit t'échapper, c'est que dès que l'on a un polynôme annulateur $P$ d'une matrice $M$, on peut affirmer que toute valeur propre de $M$ est une racine de $P$. En effet, si $\lambda$ est une valeur propre de $M$ et si $V$ est un vecteur propre associé, alors $0=P(M)V=P(\lambda)V\in\C^n$ et, comme $V\ne0$, $P(\lambda)=0$. En fait, le polynôme caractéristique, on s'en fiche dans ce cas très précis. (Si tu insistes, on peut dire que c'est un multiple d'un diviseur de $X^k-1$ et on ne peut rien dire de plus.)

    Une fois qu'on a démontré que $\C^n=\bigoplus_{j=0}^{k-1}\ker(M-\omega_j\mathrm{I}_n)$, on a fini, n'est-ce pas ? En effet, en réunissant des bases de ces sous-espaces, on obtient une base de l'espace entier formée de vecteurs propres. Note que certains de ces sous-espaces sont peut-être réduits à $\{0\}$, auquel cas la base correspondante est (la famille) vide.

    Edit : Rectification des indices dans la dernière décomposition.
  • Oui, l'évidence est là :
    $P(M)V=P(\lambda)V$
    Cela plus le lemme des noyaux, ça marche !
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