Matrices et rang

Bonjour,

on peut montrer que l'ensemble des matrices réelles $m$ lignes $n$ colonnes de rang $r$ : $\mathcal{M}_r = \{ M\in\mathbb{R}^{m\times n}\mid \operatorname{rang} M = r \}$ (avec $r\leq \min(m,n)$) est une sous-variété de $\mathbb{R}^{m\times n}$ de dimension de $mn-(m-r)(n-r)$ (voir ici).

Une première question, sur la dimension
En admettant que l'on a bien affaire à une sous-variété, je souhaite retrouver cette dimension par le biais d'une décomposition en valeurs singulières : $M = USV^t$.

Pour reconstruire $M$, il faut et il suffit de garder les $r$ premières colonnes de $U$, les $r$ premières colonnes de $V$ et les $r$ premières valeurs singulières (nécessaire strictement positives) qui sont les $r$ premiers coefficients de la "diagonale" de $S$. Comme $U$ est orthogonale, on a besoin de $n-1$ coefficients pour retrouver la première colonne, $n-2$ pour la seconde,$\dots$, $n-r$ pour la $r$ième colonne. Ainsi il faut $(m-1) + \cdots + (m-r) = rm - \frac{1}{2}(r+1)r$ coefficients pour reconstruire les $r$ premières colonnes de $U$. De la même manière il faut $rn - \frac{1}{2}(r+1)r$ coefficients pour reconstruire les $r$ premières colonnes de $V$.

Au total, il faut $[rm - \frac{1}{2}(r+1)r] + [rn - \frac{1}{2}(r+1)r] + r = mr+nr-r^2 = mn-(m-r)(n-r)$ coefficients et on retrouve bien la dimension attendue. Est-ce que ce raisonnement est correcte ?

Une seconde question, sur les matrices de rang inférieur ou égal à $r$
D'autre part, je suis tenté d'écrire quelque chose qui me semble faux mais je ne vois pas pourquoi.

Les $(m+n-r-1)r$ coefficients servant à reconstruire les $r$ premières colonnes des matrices $U$ et $V$ sont des réels alors que les $r$ valeurs servant à reconstruire $S$ sont des réels strictement positifs. Ainsi la carte utilisée doit être du genre $\mathbb{R}^{(m+n-r-1)r}\times(\mathbb{R^+_*})^{r}$.

A partir de là, j'ai la furieuse tendance à me dire qu'en considérant $\mathbb{R^+}$ la clôture de $\mathbb{R^+_*}$, l'espace $\mathbb{R}^{(m+n-r-1)r}\times(\mathbb{R^+})^{r}$ représente toutes les matrices de rang inférieur ou égal à $r$. En notant $\mathcal{M}_{\leq r}$ cet ensemble, puis-je écrire $\overline{\mathcal{M}_r} = \mathcal{M}_{\leq r}$ ?

Je vous remercie par avance pour vos précieuses lumières.
Cordialement,
Mister Da

Réponses

  • Je réponds à la deuxième question :
    Déjà, l'ensemble des matrices de rang inférieur ou égal à $r$ est fermé : en effet son complémentaire est l'union sur les matrices extraites de taille $r+1$ de "cette matrice extraite est inversible", qui est évidemment ouvert.
    Ensuite, il te suffit de montrer qu'une matrice de rang inférieur ou égal à $r$ est dans l'adhérence. Pour ça, le plus efficace est d'utiliser que le rang est invariant par équivalence, et de te ramener à une matrice $\mathrm{diag}(1,...,1,0,...0)$ avec moins de $r$ $1$'s. Si celle-là est dans l'adhérence, alors toute matrice de rang égal au nombre de $1$ lui est équivalente et donc est dans l'adhérence. Mais bon, si il y a exactement $r$ $1$'s c'est clair, et s'il y en a moins, $\mathrm{diag}(1,...,1,\epsilon,...,\epsilon, 0,...,0)$ avec le bon nombre de $1$ et de $\epsilon$ est de rang $r$, et tend vers la bonne matrice quand $\epsilon \to 0$ : on a gagné.
  • Bonjour,

    merci pour ta réponse.

    Pour montrer que c'est fermé, je pensais procéder par l'image réciproque d'un fermé par une fonction continue en mimant ce que l'on fait pour les matrices inversibles avec $\det^{-1}(\mathbb{R}^*)$ (où pour le coup c'est l'image réciproque d'un ouvert). Pour cela, je considère l'application (continue) qui à une matrice donne un vecteur composé de tous les mineurs de dimension disons $r+1$. L'ensemble des matrices de rang inférieur ou égal à $r$ devant avoir tous ses mineurs de dimension $r+1$ nuls est donc l'imagine réciproque de l'ensemble (fermé) composé du seul vecteur nul par cette fonction continue. C'est donc un fermé. J'ai eu du mal à comprendre le début de ton message mais je crois que j'ai capté.

    Pour la seconde partie, j'ai compris. Finalement dans la décomposition en valeurs singulières on utilise aussi l'invariance par équivalence au détail près que toi tu manipules des $1$ au lieu de nombre strictement positifs c'est ça ?

    Au départ, comme l'ensemble des matrices $n\times m$ de rang $r$ est une variété de dimension $mn-(m-r)(n-r)$ je cherchais à écrire explicitement une carte. Sommes-nous d'accord que la soupe reposant sur la décomposition en valeurs singulières qui permet de reconstruire une matrice avec justement $mn-(m-r)(n-r)$ scalaires en est une ? Si c'est exact, ce qui me perturbe c'est que j'ai l'impression qu'une seule carte suffit non ?

    Je te remercie par avance pour tes précieuses lumières.

    Cordialement,
    Mister Da
  • Pour la première partie, c'est une manière de voir, j'ai fait ouvert, tu as fait fermé mais c'est évidemment équivalent.

    Pour la deuxième et ta question sur la décompisition en valeurs singulières, je n'ai aucune idée de ce que la décomposition en valeurs singulières est, donc je m'abstiens de répondre :-D (c'est aussi pour ça que je n'ai pas répondu à ta première question)
  • Bonjour,
    merci pour ta confirmation.
    En fait, j'utilise cette décomposition car c'est essentiellement celle que je maîtrise le moins mal.

    Au final, je voudrais juste faire plus ample connaissance avec l'ensemble des matrices $n\times m$ de rang $r$ ou celui des matrices de rang inférieur à $r$. Connaîtrais-tu des références sur le sujet ? Quand je tape des choses comme "low rank matrix manifold" je tombe essentiellement sur des forums et je cherche plutôt un cours, un livre, une vidéo.
    Je te remercie par avance.
    Cordialement,
    Mister Da
  • Ok alors je viens de regarder cette fameuse décomposition en valeurs singulières. Le truc c'est qu'intuitivement ta méthode de "compter les paramètres libres" devrait marcher, mais que ce n'est pas évident d'en extraire une vraie preuve. Tu le vois d'ailleurs au lien que tu as suggéré, qui donne une preuve plus subtile.

    Et non, je ne connais pas vraiment de références, désolé :-(
  • Bonjour,

    je viens de retourner sur le lien et en fait je n'avais pas prêté attention au dernier commentaire (hé oui pas très dégourdi hein...). Effectivement ça semble apporter de l'eau au moulin car il précise "we just explicitly constructed a continuous invertible map...".

    Merci beaucoup d'avoir pris le temps de regarder la décomposition en valeurs singulières, c'est super sympa.

    Cordialement,
    Mister Da
  • re bonjour,

    j'ai cliqué trop vite. J'ai un argument plus convaincant pour le nombre de paramètres libres. En considérant une matrice orthogonale $U$ de dimension $m\times m$, je note $U_r$ la matrice composée des $r$ premières colonnes de $U$. Cette matrice a donc $mr$ coefficients qui doivent vérifier $U_r^t U_r = I_r$. Comme cette équation est symétrique elle implique $\frac{1}{2}r(r+1)$ relations (linéairement indépendantes) entre les coefficients. On a donc $mr - \frac{1}{2}r(r+1)$ paramètres libres. Je trouve ça mieux que le premier argument que j'avais invoqué non ?

    Cordialement,
    Mister Da
  • Hello,

    Action de groupe ? Disons que l'on considère l'action de $\text{GL}_n \times \text{GL}_m$ sur $\mathcal{M}_{n,m}$ :
    $$
    (P,Q) \star A = PAQ^{-1}
    $$
    Alors l'ensemble des matrices de rang $r$ est exactement l'orbite de la matrice $I_{n,m,r}$ (avec $r$ $1$ sur la diagonale). Mais on a un résultat qui dit que orbite c'est pareil que l'ensemble sur le stabilisateur (là c'est ensembliste et je ne sais pas du tout si ça passe bien niveau variété). Mais le stabilisateur de $I_{n,m,r}$ est donnée par
    $$
    P = \begin{bmatrix} A &B \\ 0 & D \end{bmatrix} \qquad
    Q = \begin{bmatrix} A &0 \\ C' & D' \end{bmatrix}$$
    c'est un truc de dimension $r^2+r(m-r)+(m-r)^2+ (n-r)r+(n-r)^2$. Et on trouve :
    $$
    n^2+m^2 -(r^2+r(m-r)+(m-r)^2+ (n-r)r+(n-r)^2) = nr + mr - r^2 = mn-(m-r)(n-r)
    $$
    On retombe sur nos pattes !

    (les calculs sont présentés dans le livre " Histoires Hédonistes de groupes et géométries ").
  • Soit $V = \{ \pmatrix{A \\ B}, A \in \R^{r \times n}, B \in \R^{(m-r) \times n}, \det(A A^\top) \ne 0, B = C A, C \in \R^{(m-r) \times r}\}$.
    Ces matrices $A$ de rang $r$ sont denses dans les matrices $r \times n$, donc $V$ est clairement une sous-variété de $\Bbb{A}^{ mn }$ de dimension $r n + (m-r)r=mn- (m-r)(n-r)$, pour en faire une variété affine il faut ajouter une variable $z$ et ajouter l'équation $z\det(A A^\top)=1$, ainsi que $(m-r)r$ autres variables pour définir $C$, donc $V$ est une sous-variété affine de $\Bbb{A}^{mn+1+(m-r)r}$.

    Soit $P$ l'ensemble des matrices de permutation $m \times m$ correspondant au quotient de groupes de permutation $S_m/ (S_r \times S_{m-r})$, alors $\{ M \in \R^{m \times n}, rang(M) = r\} = \bigcup_{Q \in P} \{ QM, M \in V\}$

    $\{ M \in \R^{m \times n}, rang(M) = r\} $ n'est donc pas un ensemble algébrique irréductible, c'est l'union de ${ r \choose m}$ copies de $V$.
  • Bonjour,
    merci pour vos messages.
    Je n'y connais pas grand chose et je suis vite dépassé. Je rebondis sur celui de moduloP que j'ai l'impression de mieux comprendre (enfin de moins pas comprendre)

    "je ne sais pas du tout si ça passe bien niveau variété".
    Je viens de re-bachoter quelques définitions. Sur l'ensemble des matrices de rang $r$, l'action du groupe $\text{GL}_n \times \text{GL}_m$ est donc transitive. Autrement dit, (par définition, wikipédia), l'ensemble des matrices de rang $r$ est un espace homogène.

    Je ne pense pas dire de bêtise en ajoutant que $\text{GL}_n \times \text{GL}_m$ est un groupe de Lie. Du coup l'ensemble des matrices de rang $r$ est un espace homogène d'un groupe de Lie et ça doit être suffisant pour dire que l'on a devant nous une variété différentielle (en fait analytique), voir toujours sur wikipédia.

    L'ensemble des matrices $P = \begin{bmatrix} A &B \\ 0 & D \end{bmatrix}$ est un sous-groupe de $\text{GL}_n$ pareil pour l'ensemble des matrices $Q$ avec $\text{GL}_m$.

    Quand on quotiente un groupe de Lie par un de ses sous-groupes on obtient visiblement une variété sur laquelle le groupe en personne agit (https://en.wikipedia.org/wiki/Quotient_group#Quotients_of_Lie_groups)

    Je ne sais pas si ce message est compréhensible mais je m'accroche aux branches que je trouve.
    Cordialement,
    Mister Da
  • Mister Da,

    Oui c'est ce que je veux dire mais on peut également comprendre la dimension, puisque tu as un morphisme $\pi : \text{GL}_n \times \text{GL}_m \to \mathcal{G}_r$. Qui a un couple $(P,Q)$ associe la matrice $P I_{n,m,r} Q^{-1}$. C'est une application surjective comme tu l'as dit l'action est transitive. J'ai noté $\mathcal{G}_r$ l'espace des matrices de rang $r$.

    Maintenant la fibre au dessus de chaque point $\zeta \in \mathcal{G}_r$ est simplement le stabilisateurs pour l'action de $\zeta$. Et comme l'action est transitive, les stabilisateurs sont conjugués et en particulier ils sont isomorphes et donc même dimension. On regarde la fibre au dessus de $I_{n,m,r}$ est c'est l'ensemble des matrices que j'ai donné, on voit la dimension.

    Ensuite, on a (disons qu'on aimerai bien avoir) la formule $\text{Dim}(\text{Fibre})+ \text{Dim}(\mathcal{G}_r) = \text{Dim}(\text{GL}_n \times \text{GL}_m)$.

    Mais c'est juste une idée, faut demander a un pro pour savoir si ça peut donner une démonstration, je ne suis pas du tout familier avec les variétés et donc je ne peux pas t'aider dans les détails :-o
  • Oui, enfin il y a plus de choses que ça à verifier. Une orbite sous l'action (lisse) d'un groupe de Lie n'est pas automatiquement une variété, il faut a minima que l'orbite soit localement fermée ce qui est bien le cas ici.
    Si l'orbite est fermée alors tu as un homeomorphisme de $G/Stab(x)$ sur celle-ci, comme Stab(x) est fermé dans $G$, alors $G/Stab(x)$ a une structure naturelle de groupe de Lie, qui rende l'homeo precedent lisse et qui fasse de l'orbite une sous variété de l'espace sur lequel $G$ agit. On a alors bien sur égalité des dimensions.

    Mais les choses peuvent mal se passer comme l'illustre la sempiternelle droite de pente irrationnelle dans le tore.
  • Bonjour,

    merci énormément pour vous messages. J'ai mis du temps à répondre car j'ai repris toutes les définitions pour être certain de bien décoder ce que vous me disiez.

    On note $G = \mathrm{GL}_n \times \mathrm{GL}_m$ le groupe muni de la loi de composition interne $(P,Q)\circ(P',Q') = (PP',QQ')$ que l'on va faire agir sur $\mathcal{M}_{n,m}$ par $(P,Q) \star X = PXQ^{-1}$. On vérifie que l'on a bien $[(P,Q)\circ(P',Q')]\star X = (P,Q)\star [(P',Q')\star X]$. Pour le côté "Lie" on s'assure que la composition et l'inverse $(P,Q)^{-1} = (P^{-1},Q^{-1})$ sont bien différentiables.

    On note $O_X$ l'orbite d'une matrice $X\in\mathcal{M}_{n,m}$ et $\mathrm{stab(X)}$ son stabilisateur.

    Ainsi l'ensemble des matrices de rang $r$ est $\mathcal{G}_r = O_{I_r}$ où $I_r$ est la matrice "identité" de dimension $n\times m$ et de rang $r$.

    On considère le morphisme $\pi\colon G\to O_{I_r}$, $(P,Q)\mapsto PI_rQ^{-1}$. L'action étant transitive, ce morphisme est surjectif.

    On remarque que $\pi^{-1}(\{X\}) = \mathrm{stab(X)}$ et comme les stabilisateurs sont conjugués $\mathrm{stab((P,Q) \star X)} = (P,Q)\mathrm{stab(X)}(P,Q)^{-1}$, toutes les fibres sont isomorphes. @moduloP ici tu dis "donc de même dimension". On est d'accord que si on ne parle que de $G$ en tant que groupe alors on aurait dit même cardinalité et là comme on voit $G$ comme un groupe de Lie on peut dire même dimension, c'est ça ?

    On définit une relation d'équivalence sur $G$ donnée par $(P,Q)\sim(P',Q')\Leftrightarrow\pi(P,Q)=\pi(P',Q') \Leftrightarrow (P,Q)\in (P',Q')\mathrm{stab(I_r)}$.

    Le théorème de factorisation permet de construire $\bar\pi\colon G/\mathrm{stab(I_r)} \to O_{I_r}$. @NoName ici je ne comprends plus. Visiblement, pour que les choses se passent bien, il faut supposer que l'orbite est fermée mais j'avais dans l'esprit que l'ensemble des matrices de rang $r$ n'est pas fermé (sauf pour le cas $r=0$). J'ai loupé quelque chose ?

    Désolé pour ce long paraphrasage probablement maladroit mais si je ne détaille pas ce que vous me dites j'ai la sensation de louper des subtilités.

    Cordialement,
    Mister Da
  • Hello,

    Je suis d'accord avec le côté action de groupe ! En particulier, ton application $\overline{\pi}$ est bijective ! Mais il faut faire attention car y a certainement des choses topologiques à vérifier, vu qu'on veut mettre de la topologie et plus dedans il y a des conditions Je suis en train de lire quelques trucs sur le sujet histoire de voir ce qu'il faut exactement, par exemple je pense qu'il faut que le stabilisateur soit fermé pour que ça se passe bien.

    Est-ce que tu vois que le stabilisateur de $I_r$ est fermé dans $\text{GL}_n \times \text{GL}_m$ ?

    Sinon, y a le théorème 1 et 2 ici qui semble contenir ce qu'il faut ! Reste à comprendre :D

    Ps : Le théorème $5$ à la fin du texte est encore plus simple d'utilisation !!! (Pour mon histoire de fibre on les mêmes dimensions, en fait peu importe, c'était juste pour donner une intuition, mais y'a tout ce qu'il faut dans les théorèmes du papier :).
  • Bonjour,

    merci pour ton message. Je n'ai pas encore lu le document. Effectivement, je me suis plus concentré sur le groupe et l'action que sur la couche topologique et "variétale" pour le moment.

    Pour tenter une réponse à ta question, intuitivement je n'arrive pas vraiment à me convaincre mais si je pars du fait que $\mathrm{stab}(I_r) = \pi^{-1}(\{I_r\})$, j'aurais tendance à dire que $\{I_r\}$ est fermé dans $O_{I_r}$ et donc $\mathrm{stab}(I_r)$ est un fermé de $G$ en tant qu'imagine réciproque de $\pi$ qui est continue. Ça tient ?

    Mais si j'ai compris NoName, visiblement il faudrait que l'orbite $O_{I_r}$ soit fermée. Et ici je patine sec, pour moi hormis le cas $r=0$, l'ensemble $O_{I_r}$ est ouvert dans $\mathcal{M_{n\times m}}$ mais dans $O_{I_r}$ (lui même donc) il est également fermé c'est ça la subtilité ?
    Cordialement,
    Mister Da
  • Bonjour,

    @moduloP je viens seulement de voir ton ps. Effectivement il semble tout y avoir dans ce document. Merci beaucoup. Je n'ai malheureusement pas encore eu le temps de le lire calmement mais tout à l'air de bien s'y passer. Avec quels mots clés l'as tu trouvé ?

    Cordialement,
    Mister Da
  • $\newcommand {\Binom}[2]{\genfrac{[}{]}{0pt}{}{#1}{#2}}\def\M{\mathbb M}\def\GL{\mathbb {GL}}\def\F{\mathbb F}$@Mister Da
    Je me permets d'intervenir pour dire quelques banalités en algèbre linéaire. J'ai lu rapidement le fil et je n'ai rien vu de tel, probablement parce que ce sont des banalités (ou alors j'ai loupé quelque chose ?). Bref, ici, on est loin des choses ``savantes'' mentionnées dans les posts précédents. On travaille avec un corps de base $K$ quelconque (commutatif bien entendu).

    1. Fabriquer des matrices de rang $r$. Soit $M \in \M_{n,m}(K)$ de rang $r$ avec un mineur $\det_{I \times J}(M) \ne 0$ où $I \subset \{1..n\}$, $J \subset \{1..m\}$ sont des parties de cardinal $r$. Pour des raisons de confort (notations), je suppose $I = J = \{1..r\}$. Je dis que $M$ est de la forme :
    $$
    M = \left[ \matrix { A_{r\times r} & B_{r \times (m-r)} \cr C_{(n-r)\times r} & CA^{-1} B\cr} \right]
    \qquad\qquad\qquad
    \left[\matrix {B\cr CA^{-1}B} \right] = \left[\matrix {A\cr C} \right] \ A^{-1}B
    \qquad\qquad\qquad
    M = \left[ \matrix { A_{r\times r} & B_{r \times (m-r)} \cr C_{(n-r)\times r} & \star\cr} \right]
    $$
    Beaucoup de monde dans cette ligne mais c'est pour gagner de la place. Cela peut se lire de gauche à droite. A gauche, j'ai divisé $M$ en 4 blocs en indiquant les dimensions des blocs ; $A$, carrée $r \times r$, est inversible (par hypothèse sur le mineur). Au milieu, c'est censé expliquer pourquoi chaque colonne ``de gauche'' de $M$ (parmi les $m-r$ dernières) est une combinaison linéaire des $r$ premières colonnes, permettant de confirmer que l'image de $M$ admet comme base les $r$ premières colonnes de gauche et donc que $M$ est bien de rang $r$. Enfin à droite, $\star$ c'est d'une part pour faire joli mais d'autre part pour ne pas oublier que les $(n-r)(m-r)$ coefficients sont imposés par les autres, en nombre $nm -(n-r)(m-r)$ ; et également pour signifier qu'il y a une seule manière de boucher $\left[ \matrix { A & B \cr C & \star\cr} \right]$ de façon à faire de $M$ une matrice de rang $r$.

    2. De manière un peu plus formelle, on vient de définir une injection dans l'ensemble des matrices de rang $r$.
    $$
    \GL_r(K) \times \M_{r,m-r}(K) \times \M_{n-r,r}(K) \to \M_{n,m}(K) \qquad\qquad
    (A,B,C) \longmapsto \left[ \matrix { A & B \cr C & CA^{-1}B \cr} \right]
    $$
    Idem avec $I,J$ de cardinal $r$ au lieu de $I = J = \{1..r\}$. Je note $U_{I,J}$ l'image parce que ``quelque part'', $U_{I,J}$ est un ouvert dit élémentaire, spécifié par la (non nullité de) la fonction $\det_{I \times J}$.

    3. Il faudrait aller un peu plus loin pour dire en quoi cette injection est un isomorphisme de ``variétés algébriques'' . Il faudrait faire débarquer la sous-variété (affine) $V^{(r)}$ de $\M_{n,m}$ des matrices de rang $\le r$, spécifiée par l'idéal $\mathcal D_{r+1}(X)$ des mineurs d'ordre $r+1$ de la matrice générique $X = X_{n,m}$ à $n$ lignes et $m$ colonnes. Et $U_{I,J}$ est un ouvert élémentaire de $V^{(r)}$. Mais le post est déjà long (la belle excuse).

    4. Ca, c'est sûr que je ne l'ai pas vu. Le nombre de matrices $n\times m$ de rang $r$ sur un corps fini $\F_q$ est un polynôme (unitaire) en $q$ de degré $nm -(n-r)(m-r)$. C'est très exactement le produit des 3 polynômes de degrés (en $q$) respectifs $r(n-r)$, $r(m-r)$, $r^2$
    $$
    \Binom{n}{r}_q \times \Binom{m}{r}_q \times Q_r(q^r) \qquad \qquad Q_r(X) = (X -1)(X-q) \cdots (X - q^{r-1})
    $$
    Avec les notations un peu près habituelles pour le $q$-polynôme binomial ($d$ facteurs au numérateur et au dénominateur)
    $$
    \Binom{n}{d}_q =
    \frac{(1-q^n)(1-q^{n-1}) \cdots (1-q^{n-d+1})} {(1-q)(1-q^2)\cdots (1-q^d)}
    $$
    Là, ok, dans ce dernier point, je m'éloigne du sujet.
  • Bonjour,

    @Math Coss : je ne connaissais pas, merci pour la référence. La section 5. va m'être utile mais je crois que je vais prendre le temps de lire tout le début.

    @claude quitté : merci énormément pour ce message qui m'est très instructif et très éclairant. Ma culture mathématique en général et algébrique en particulier est très faible, je ne trouve rien de banal.

    Pour le 1. et le 2. j'ai compris. Le texte est tellement limpide que je me suis senti intelligent l'instant d'un moment. Pour le 3. je commence à patiner. Je vais retourner grenouiller dans mon bac à sable pour essayer de me construire un début d'intuition sur quelques exemples et recoller les morceaux avec ce qu'on a dit précédemment. Pour le 4. j'étais loin de me poser une telle question mais je trouve le résultat très élégant !

    Cordialement,
    Mister Da
  • Bonjour,

    avec le mot clef "Action de Steinitz" j'ai trouvé beaucoup de document qui ont répondu à beaucoup de mes interrogations.

    Il reste un point qui visiblement est ultra évident mais que je ne comprends pas. Quand on considère un groupe $G$ qui agit sur une ensemble $E$, il est dit que $E$ est la réunion disjointe de ses $G$-orbites. Je ne comprends pas pourquoi on précise "disjointe".
    J'ai compris que les orbites sont des classes d'équivalence. Autrement dit, si deux orbites ne sont pas disjointes elles sont égales. Du coup je me dis que les orbites sont disjointes. Alors pourquoi préciser que l'on fait une réunion disjointe et pourquoi ne dit-on pas plus simplement que $E$ est l'union de ses orbites ?

    Cordialement,
    Mister Da
  • Ça donne plus d'informations, dire qu'un ensemble est réunion disjointe de $A$ et $B$ c'est plus fort que réunion de $A$ et $B$
  • Bonjour,

    merci pour ta réponse. D'accord ça donne plus d'informations (j'imagine que c'est en terme de cardinalité, de topologie, etc)

    Comme cela me semblait un peu pléonastique, histoire d'être certain, quand on fait une réunion disjointe de deux ensembles disjoints on a bien le même objet qu'en faisant une "simple" union de ces deux ensembles disjoints ? Il n'y a aucune subtilité ?

    Cordialement,
    Mister Da
  • Bonjour
    Une orbite est l'orbite de chacun des éléments la constituant.
    La réunion des orbites fait la réunion de la même orbite autant de fois qu'elle a d'éléments (qui, au final, ne fait obtenir qu'une seule fois l'orbite).
    La réunion disjointe permet de dire qu'on ne compte qu'une seule fois chaque orbite distincte.
    C'est plus court que de dire : la réunion des orbites d'une famille de représentants des orbites.
    Alain
  • Bonjour,

    merci beaucoup ! Tout est clair !

    Cordialement,
    Mister Da
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