Corps des fractions complet

Bonjour,
Je considère un anneau commutatif, intègre et totalement ordonné $(A,+,\cdot,\leq)$ (l'ordre est compatible avec la structure d'anneau). J'ajoute là-dessus que cet anneau est dense dans lui-même ($\forall a,b\in A,~ [a<b \rightarrow \exists c\in A,~ (a<c<b)]$) et qu'enfin il est complet au sens de la distance $d(a,b)=\max\{a-b,b-a\}$.
On nomme $K$ le corps des fractions de $A$, pas trop de problèmes pour trouver qu'il est totalement ordonné et par conséquent pour définir la distance et aussi montrer qu'il a aussi la propriété d'être dense dans lui-même (note, pour faire court : n'ayant pas de source contentant la définition la relation d'ordre dans $K$, j'ai défini, par analogie avec ce qu'on peut faire sur $\mathbb{Q}$ : $a/b\leq c/d$ si $0<b$ et $0<d$ et $0\leq cb-ad$ et en me débrouillant avec des "opposés" lorsque $b$ ou $d$ ne sont pas positifs, vu que c'est compatible avec la relation d'équivalence et que c'est total et transitif sur $A\times A\setminus \{ 0\}$, je crois que je colle grosso modo à la bonne définition), mais je n'arrive pas à montrer que $K$ est complet au sens de cette distance. Pour ce faire, je crois que la propriété suivante me suffirait : pour toutes suites de Cauchy $(x_n)_{n\in\mathbb{N}}$ d'éléments de $K$, il existe deux suites de Cauchy $(a_n)_{n\in\mathbb{N}}$ et $(b_n)_{n\in\mathbb{N}}$ d'éléments de $A$ tel que $\forall n \in\mathbb{N},~["x_n=a_n/b_n"]$ (désolé pour l'abus de notation). Je crois que cette dernière propriété est vraie et que la densité de $A$ dans lui-même joue un rôle important dans sa démonstration (en fait, initialement, je n'avais pas pensé à ajouter cette condition dans les propriétés de $A$ et je me suis vite rendu compte que c'était mal barré :-D), mais je ne parviens pas à trouver un truc précis...
Si quelqu'un a une idée je serais très content de la connaître !

Réponses

  • $d$ n'est pas une distance définie ainsi. Tu as par contre d'autres notions de complétude qui conviennent (ou encore tu peux mimer toutes les définitions en disant que désormais une distance est à valeurs dans $K$, mais alors le rapport avec la complétude usuelle n'est pas clair).
    Mais du coup ça risque de jouer un rôle dans la question "est-ce que $K$ est complet ?" donc faudrait préciser (enfin peut-être pas, mais a priori en tout cas sans plus d'argument il n'y a pas de raison que les deux sens de "complet" coïncident)

    (j'ai l'impression que pour réfléchir à la question, l'exemple de $A=\R[ [X ]]$ peut être instructif. Je dis ça sans y avoir réfléchi plus de 3secondes donc ça vaut ce que ça vaut)
  • Ah... oui, en effet, la notion de distance est beaucoup plus restrictive que ce que je pensais, comme je n'ai pas de nom, on appellera les trucs définis schtroumpf dans $A$ et schtroumpf dans $K$ (on les notera $d_A$ et $d_K$)... Pour la notion de complétude au sens d'une schtroumpf associée à une relation d'ordre totale et compatible avec la structure d'anneau ou de corps, j'avais initialement pensé aux coupures de Dedekind (j'aime bien, mais vu que là, c'est très algébrique, je ne vois pas comment faire), puis pensé à la "propriété des segments emboîtés" (entre guillemets parce que j'ai oublié le nom précis), mais j'ai cru que les suites de Cauchy au sens des schtroumpfs étaient plus adaptées. Il se trouve que j'avais précisément en tête le corps des fractions rationnelles, je le crois complet au sens du schtroumpf "hérité" de $\mathbb{R}[X]$ (basé sur la relation d'ordre $a\leq b$ équivalente à ce que le coefficient du terme de plus haut degré de $b-a$ est positif), ou de manière équivalente, "isomorphe à la structure de ses coupures de Dedekind" définie sur la base de la relation d'ordre associée.
    Il se trouve que c'est un truc que je n'ai pas plus étudié que ça (j'aurais peut-être dû), tu crois que c'est foutu pour la propriété ?
  • Mhm j'avais dit $\RX$ parce que je me disais que $\R[X]$ ne serait probablement complet en aucun sens, mais en fait à y réfléchir la suite que j'avais en tête n'est pas de Cauchy... Alors effectivement $\R[X]$ va être schtroumpf-complet parce qu'une suite de Cauchy est, à partir d'un certain rang, de la forme $P+u_n$ avec $(u_n)$ de Cauchy pour de vrai, qui donc converge dans $\R$, et alors ça converge dans $\R[X]$.

    Pour $\R(X)$ et plus généralement $K$ je ne sais pas trop, faudra y réfléchir. Il y a moyen que ça marche.
  • $A=\Bbb{Z}$ a la propriété de la plus petite borne supérieure mais pas $Frac(A)$.

    Si on suppose que $A$ a la propriété de la plus petite borne supérieure et est dense dans $Frac(A)$ (que pour $b >0\in Frac(A), \exists a \in A, 0 < a < b$) alors on doit avoir $A= Frac(A)$ ?

    Cela dit la complétion pour une valeur absolue est beaucoup plus simple (et je ne comprends pas bien pourquoi les coupures de Dedekind sont enseignés comme construction de $\Bbb{R}$ en première année de fac).
  • reuns : $\Z$ n'est pas dense dans lui-même, donc ne constitue pas de contrexemple.
    Par ailleurs ton deuxième commentaire n'est pas vrai : si je prends $\R[X]$ mais cette fois avec $X$ infiniment petit, alors $\R[X]$ est bien dense dans $\R(X)$ mais ne lui est pas égal.
  • oups...

    À la réflexion, je commence à croire que la propriété est fausse, par exemple dans $\mathbb{R}(X)$ avec la relation d'ordre "héritée" de $\mathbb{R}[X]$, il me semble qu'une série de type $\sum_{n\in\mathbb{N}}{\frac{c_n}{X^n}}$ est de schtroumpf-Cauchy, pourtant, je ne donne pas cher de sa convergence vers une fraction rationnelle (sauf si il n'y a qu'une partie finie des $c_n$ qui sont non nuls).

    Note: en ce qui concerne cette histoire de densité, je ne crois pas que $\mathbb{R}[X]$ soit dense dans $\mathbb{R}(X)$, je ne peux pas mettre de polynôme entre $1/X^2$ et $1/X$
  • Bonsoir,
    @side, je ne comprends pas pourquoi $\mathbb{Z}$ n'est pas dense dans lui même avec la distance la valeur absolue je présume.
    merci et bonne soirée.
  • Finalement, mon dernier argument n'est qu'une reformulation de ce qu'a dit side (c'est juste que je tenais très fort à la relation de comparaison, parce que dés qu'on met quelques relations qui définissent des ensembles en algèbre, je suis content, d'ailleurs il y a au moins une personne ayant intervenu dans cette discussion qui commençait à s'en douter :-D). La propriété est fausse (pas grave, je vais trouver un truc pour me consoler :)o).

    @caliwhisky:
    Le truc, c'est que par définition: une propriété qui s'applique à certaines relations d'ordre et comme le dit side, quand on dit $\mathbb{Z}$ on pense à une relation d'ordre qui ne vérifie pas cette propriété.
  • Titi: n'importe quelle suite $(c_n)$ ne marchera pas, par exemple avec $c_n=1$, ça converge vers $\frac{X}{X-1}$. Par contre intuitivement si la série $\sum_n c_n z^n$ a un rayon de convergence nul, alors $\sum_n \frac{c_n}{X^n}$ ne devrait pas converger vers une fraction rationnelle. Enfin c'est mon intuition. De là à le prouver, vu que ça ne marche pas pour toute suite $(c_n)$ ça veut dire que si j'ai raison il y aura des arguments analytiques à la clé...
  • Re, merci beaucoup pour toute les réponses, ça fait plaisir de voir que le problème puisse intéresser (et notamment des gens bien plus balaises que moi),
    Hélas, je crois que j'ai un contre-exemple: la suite strictement croissante de $\mathbb{R}(X)$ définie par $u_n=\sum_{k=0}^{n}\frac{1}{k! X}$ (qui converge vers $~\exp{\frac{1}{X}}$) est majorée dans $\mathbb{R}(X)$ au sens de la relation d'ordre dont on a parlé (par exemple par n'importe quel polynôme constant strictement plus grand que "1") et ne converge pas vers une fraction rationnelle (elle définit pourtant une coupure de Dedekind, toute fraction rationnelle étant strictement supérieure à tout les éléments de la suite ou strictement inférieur au moins à partir d'un certain rang), alors que la construction de la relation d'ordre dans $\mathbb{R}(X)$ repose sur une relation d'ordre de $\mathbb{R}[X]$ qui semble avoir toutes les propriétés requises.

    Là, je deviens franchement défaitiste, mais je crains que pour que la propriété deviennent vraie, il soit nécessaire d'ajouter un truc du genre : $P(K)$ (l'ensemble des élément positif de $K$) contient un "monoïde archimédien" d'éléments tous majorés par tous les autres élément de $P(K)$. Auquel cas, je ne suis pas sûr que la propriété puisse faire mieux que montrer que l'anneau $\mathbb{R}$ est schtroumpf-complet donc le corps $\mathbb{R}$ est schtroumpf-complet.
  • Comment tu prouves que ta suite ne converge pas vers une fraction rationnelle ? (tu écris "converge vers $\exp (\frac{1}{X})$ : dans quel sens, dans quel anneau, avec quelle topologie ?)
  • Désolé pour cette histoire d'exponentiel (j'ai juste donné l'expression pour signaler que ça allait être compliqué pour trouver une fraction rationnelle vers laquelle ça convergerait), c'est vrai que ça ne prouve rien. Je suppose qu'on peut trouver une propriété de ce type: si on a $a=p/q$, $p$ et $q$ deux polynômes premiers entre eux et $q$ de degré $n$, tel que $\forall k (u_k< a)$ alors il existe une fraction rationnelle $b=p_2/q_2$ avec les polynômes $p_2$ et $q_2$ premiers entre eux et le degré de $q_2$ plus grand que n tel que $b<a$ et $\forall k (u_k<b)$, ce qui prouverait qu'il n'y a pas de borne inférieure dans $\mathbb{R}(X)$ à l'ensemble des majorants de la suite.
  • Juste une remarque. Ce serait bien d'avoir des exemples de tels anneaux.

    Si $A$ est archimédien, par un théorème d'unicité célèbre, $K$ est isomorphe à $\mathbf R$ comme anneau ordonné (et via un unique isomorphisme). Est-il possible d'écrire $\mathbf R$ comme le corps des fractions d'un anneau complet $A$ strictement contenu dans $\mathbf R$ ? Visiblement non : un tel sous-anneau est un particulier un sous-groupe et il ne peut ni être discret (sinon ${\rm Frac}(A)\not= {\mathbf R}$), ni dense (sinon $A={\bar A} = {\mathbf R}$). Rappelons que tout sous groupe additif de $\mathbf R$ est discret ou dense.

    Pour avoir des exemples non triviaux, il faut alors regarder des corps $K$ complets totalement ordonnés non archimédiens. Ceux-ci ne peuvent être localement compacts, car par un résultat classique tout corps complet localement compact non discret est isomorphe à $\mathbf R$, $\mathbf C$, ou une extension finie d'un ${\mathbf Q}_p$ (A. Weil, Basic number theory, chap. 1).
  • Super, merci pour la citation du dernier théorème et la référence (même si, en ce qui me concerne, sa lecture nécessite beaucoup de lectures préalables, dés la première démonstration -les corps finis sont commutatifs- je tombe sur des trucs nommés "polynômes cyclotomique", qui ne me parlent pas du tout). En tout cas, une fois que j'aurai pigé ça, ça me donnera une idée plus précise du pourquoi de la distance nécessairement dans $\mathbb{R}^+$ (les autres corps cités ne possédant pas de relation totale compatible avec la structure de corps), parce que pour le moment je n'en suis qu'à intuiter la nécessité de "structure archimédienne" de l'anneau (et je ne vois pas non plus d'anneau complet inclus dans $\mathbb{R}$ si ce n'est lui-même).
  • Il y a des choses intéressantes dans Wikipédia sur les corps ordonnés non archimédiens (voir la page "Non archimedean ordered field") :

    https://en.wikipedia.org/wiki/Non-Archimedean_ordered_field

    En particulier, elle renvoie à l'ouvrage :

    Counterexamples in Analysis by Bernard R. Gelbaum and John M. H. Olmsted, Chapter 1, Example 7, page 17.

    qui donne un exemple de corps ordonné non archimédien et complet (au sens des suites de Cauchy). On prend $K={\mathbf R}(X)$ que l'on ordonne de la façon suivante : une fraction rationnelle non nulle $P/Q$ est positive si les coefficients dominants de $P$ et $Q$ ont même signe. $K$ n'est pas complet, mais son complété pour la valeur absolue naturelle ${\bar K}$ est complet ordonné non archimédien. Algébriquement $\bar K$ est isomorphe au corps des séries de Laurent ${\mathbf R}((X))$. Ce corps est intéressant car bien que complet, contrairement à $\mathbf R$, il ne satisfait pas à l'axiome de la borne inférieure

    P.S. Une version pdf du livre de Gelbaum et Olmsted circule sur l'internet.
  • Il est possible de s'intéresser à la notion de complétude comme définie avec la fausse distance $\operatorname{d}(a,b):=max(a-b,b-a)$.
    Cependant, cette notion se comporte assez mal si on la définit à l'aide de suites de Cauchy: par exemple, il y a des corps ordonnés où les seules suites de Cauchy sont les suites stationnaires.

    Un exemple: soit $\mathbf{K}=\mathbb{Q}((X_{\alpha})_{\alpha\leq\omega_1})$ le corps des fractions rationnelles à coefficients rationnels et à indéterminées $X_{\alpha},\alpha \leq \omega_1$, ordonné de telle sorte qu'on a $\mathbb{Q}((X_{\alpha})_{\alpha<\beta})<X_{\beta}$ pour tout $\beta\leq \omega_1$.

    Le sous-anneau $\mathbf{A}$ de $\mathbf{K}$ engendré par $\mathbb{Q}((X_{\alpha})_{\alpha<\omega_1})$ et $X_{\omega_1}$ est bien dense dans lui-même (car divisible en tant que groupe) et il est complet car ses suites de Cauchy sont les suites stationnaires. Son corps des fractions $\mathbf{K}$ n'est pas complet en revanche car la suite de Cauchy "$\exp(\frac{1}{X_{\omega_1}})$" définie par $(\sum \limits_{k=0}^n \frac{1}{k!{X_{\omega_1}}^k})_{n \in \mathbb{N}}$ n'y converge pas.

    Le truc qui fait que l'énoncé est faux en général est que le corps de fractions d'un anneau ordonné non archimédien peut contenir des éléments beaucoup plus grands ou beaucoup plus petits que ceux de l'anneau.
  • Palabra : si je ne me méprends pas, en français on dit "stationnaire" (eventually est un faux-ami de "éventuellement")
  • Ah oui, mon directeur de stage me l'avait un jour signalé! En français, on peut aussi dire "ultimement" plutôt qu'éventuellement.
  • Bonjour,
    une idée... on recherche un anneau qui vérifie certaines propriétés, je "propose" l'anneau des fractions rationnelles (on reste des fonctions de R dans R écrites sous forme de quotient de polynômes)
    muni de l'ordre suivant, (déjà est-ce que c'est un ordre total... je ne sais pas je n'ai pas eu le temps de vérifier)


    il s'agit de comparer deux fractions rationnelles:
    soient f et g,
    on les compare de la façon suivante:
    les fonctions au voisinage de +l'infini:
    a priori sur un intervalle [a,+infini[ f et g il y en a forcément l'une au dessus de l'autre
    (et ça se préserve si on prend un a plus grand je pense)

    Est- ce que c'est déjà un ordre total ?

    autre question:
    est ce que que cet espace en lui même est complet ?
    (on peut imaginer que exp(-x) fasse parti de l'espace complété... mais que exp(x) n'en fasse pas partie) )

    bref des questions ouvertes pour moi

    (désolé je devrais bosser ces choses la moi-même, mais là je n'ai pas le temps)
    si vous avez une réponse toute faite là de suite je suis preneur.
    Bonne journée.
  • Salut,
    Merci à tous pour vos réponses, notamment Paul Broussous qui a proposé des références permettant d'en apprendre beaucoup plus long sur "l'interface algèbre-analyse". En ce qui concerne l'exemple de la suite de Cauchy non convergente dans $\mathbb{R}(X)$ (celle qui "converge vers $\exp \left( \frac{1}{X} \right)$"), je pense avoir trouvé le truc, il suffit de montrer que toute fraction rationnelle $a=p/q$ avec $p$ et $q$ deux polynômes et $q$ de degré $n$, on aura
    $a> \sum_{k=0}^{n}{\frac{1}{k!X^k}} \rightarrow \forall m \in \mathbb{N} \left[a-\frac{1}{X^{n+1}}> \sum_{k=0}^{m}{\frac{1}{k!X^k}}\right]$.
    @callipiger: Ta relation de comparaison sur $\mathbb{R}(X)$ est identique à celle qu'on a développée dans la discussion, (soit $a$ et $b$ deux fractions rationnelles, tu peux écrire $a=p/q$ et $b=r/s$ avec $q$ et $s$ des polynômes tels que le coefficients du terme de plus haut degré est positif, vérifier que le coefficient du terme de plus haut degré de $ps-qr$ est positif est équivalent à vérifier que "$a$ est au dessus de $b$ quand $X$ tend vers l'infini"), oui la relation d'ordre est totale, et du coup, non elle n'est pas complète (et son complété contient des éléments très rigolos, comme $\sum_{n\in\mathbb{N}}{\frac{n!}{X^n}}$, limite d'une suite de Cauchy dont chaque terme est au sens de notre relation de comparaison strictement plus petit que $1.0000001-\frac{1}{X}$, élément lui-même plus petit que "$1,0001$", du coup lui aussi est plus petit que $1,0001$).
  • Ah, je n'avais pas vu qu'un contre exemple avait déjà été trouvé.

    En ce qui concerne les notions de complétude, coupures de Dedekind et suites de Cauchy, on peut faire plusieurs remarques générales:

    Un corps ordonné est naturellement muni d'une valuation dite valuation naturelle. En tant que corps valué, il est sujet à la notion de complétude suivante: un corps valué est complet s'il n'admet aucune extension (de corps valué) dense (pour la topologie de la valuation) propre.
    Cette notion de complétude est particulière en ce que tout corps archimédien est complet.

    Un corps ordonné est naturellement muni d'une structure uniforme (cf Bourbaki de topologie), pour laquelle on peut alors parler de complétude au sens de convergence des filtres de Cauchy. Il se trouve que pour les corps ordonnés, on peut se passer de filtres et parler de suites (généralisées, indexées par les ordinaux) de Cauchy au sens où $u: \lambda \rightarrow \mathbf{K}$ est de Cauchy si elle satisfait $\forall \varepsilon \in \mathbf{K}^{>0},\exists \alpha < \lambda,\forall \beta,\gamma < \lambda, \alpha\leq \beta,\gamma \longrightarrow \operatorname{d}_{\mathbf{K}}(u(\beta),u(\gamma))<\varepsilon$.
    En fait, le seul ordinal $\lambda$ qui joue un rôle est la cofinalité de $\mathbf{K}$ qui est le plus petit ordinal se plongement cofinalement dans $(\mathbf{K},<)$. En particulier, c'est $\omega$ si $\mathbf{K}$ est archimédien, d'où les suites de Cauchy classiques.
    Un inconvénient de l'approche séquentielle est qu'elle nécessite l'axiome du choix.


    Enfin, on peut parler de coupures de Dedekind sur $\mathbf{K}$, mais c'est seulement lorsque $\mathbf{K}$ est archimédien que ces coupures forment une structure de corps. Dans le cas général il ne faut choisir que les coupures $(A,B)$ où il existe des éléments $(a,b) \in A \times B$ tels que $\operatorname{d}_{\mathbf{K}}(a,b)$ est aussi petite que l'on veut. Ces coupures correspondent justement aux suites de Cauchy sans limites et les définitions de Dedekind pour l'ordre, l'addition et la multiplication de coupures fonctionnent.
    Est alors complet tout corps ordonné sans coupures dans ce sens plus précis.


    Ces trois approches (ou quatre si l'on distingue filtres et suites généralisées) coïncident, au cas archimédien près pour la première. Elles proposent notamment différentes constructions du "complété" d'un corps ordonné. Le complété de $\mathbf{K}$ étant son unique extension dense complète. C'est une construction fonctorielle avec de jolies propriétés initiale / finale dans des catégories d'extensions.
    La première approche construira ce complété comme ensemble de séries formelles, la seconde comme espace de filtres ou de suites généralisées (quotienté), et la dernière comme ensemble de coupures.
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