Faisceau $O(d)$ sur $\Bbb{P}^n$

Bonjour,

Le corps de fonctions sur $\Bbb{P}^n$ c'est $M=\C(x_1,\ldots,x_n)$ mais c'est aussi le sous-anneau de $\C(x),x=x_0,\ldots,x_n$ des fonctions invariantes via $x\mapsto \lambda x$. Soit $\C[x]_d$ les polynômes homogènes de degré $d$ alors $$M= \bigcup_d \frac{\C[x]_d}{\C[x]_d}$$
Le faisceau des fonctions régulières c'est $O$ qui envoie $U\subset \Bbb{P}^n$ vers $$O(U) = \{ \frac{u}{v}\in M\subset \C(x), \exists d, u,v\in\C[x]_d, \forall p\in U,v(p)\ne 0\}$$ On a alors pour chaque $d$ un faisceau $O(d)$ défini par $O(d)(U)= O(U) \C[x]_d\subset \C(x)$ (c'est donc un $O$-module) le faisceau des fonctions sur $\Bbb{A}^{n+1}$ qui satisfont $f(\lambda x)=\lambda^d f(x)$.

Note : parce que $\C[x_1,\ldots,x_n]$ est un UFD, en déhomogénéisant puis rehomogénéisant on a que les polynômes homogènes se factorisent de façon unique en produit de polynômes homogènes irréductibles.

Ces polynômes homogènes irréductibles représentent des hypersurfaces de $\Bbb{P}^n$, d'où on trouve que le groupe des divisuers sur $\Bbb{P}^n$ c'est $$Div=\bigcup_{d,U} O(d)(U) / \C^*$$ Le $d$ représente un homomorphisme $\deg :Div\to \Z$ et $Prin =\ker(\deg)$ d'où $ Pic=Div/Prin\cong \Z$.

Comment faut-il penser $O(d)$ ? Est-ce qu'on peut en faire des fonctions $\Bbb{P}^n\to\ ?$

Si $\varphi \in Aut(\Bbb{P}^n)$ alors $\varphi$ induit un automorphisme de $Div,Prin,Div/Prin$ d'où on trouve que $\varphi$ doit envoyer $\C[x]_1\to \C[x]_1$ autrement dit $\varphi \in PGL(n,\C)$ et donc en choisissant un représentant $\in GL(n,\C)$ on a que $\varphi$ s'étend en un automorphisme de $O(d)$.

Est-ce qu'on peut savoir tout de suite si étant donné une variété $X$ et un faisceau $\mathcal{F}$ de $O_X$-module si un automorphisme de $X$ s'étend en un automorphisme de $\mathcal{F}$ ? J'ai vraiment du mal à voir le truc et en géométrie algébrique ils ne définissent jamais de quoi ils parlent donc je suis obligé d'inventer ma propre interprétation et je ne suis pas encore satisfait de celle-là.

Réponses

  • Je n'ai pas trop le temps mais :

    $O(d)$ c'est un faisceau donc il faut penser "qu'est ce que c'est $\mathcal O(d)(U)$" si $U$ est un ouvert ? La réponse est $\mathcal O(d)(U) = \{f/g \mid \text{ f,g sont homogènes et } \deg(f) = \deg(g) + d, Z(g) \cap U = \emptyset \}$. En particulier $\mathcal O(d)(\Bbb P^n)$ s'identifie avec des polynômes de degré $d$.

    Oui tu peux voir ça comme des "fonctions généralisées". C'est presque aussi bien que des fonctions. Une fonction dans ce langage là c'est une section de $\mathcal O_{\Bbb P^n}$ mais tu sais qu'il n'existe pas de fonctions algébrique non-constante sur $\Bbb P^n$. Cependant si tu autorise $\mathcal O_{\Bbb P^n}$ à être remplacé par un fibré en droite $L$ alors l'ensemble des sections vers $L$ est bien-défini et peut-faire office de fonctions.

    Pour que ça soit concret, une fois que tu as un fibré $L$ tu peux prendre une base de $H^0(\Bbb P^n, L)$ (l'espace des sections) et obtenir une application dans l'espace projectif. Par exemple si tu connais le plongement de Veronese c'est ça qui arrive avec $\mathcal O(d)$.


    _______________________

    Pour la deuxième question : si tu as $f \in Aut(X)$, alors tu peux définir $f_* \mathcal F$ par $f_*\mathcal F(U)$ qui est un autre faisceau. Mais je ne crois pas que tu obtiens une application $f : F \to F$ principalement parce que ça te donnerait une application $f_x : F_x \to F_x$ et ça, ça voudrait dire que $x$ est un point fixé de $f$.
    En revanche pas de soucis, tu agis bien sur le groupe de Picard et sur les sections globales (ou plus généralement sur les ouverts $f$-invariants) donc une partie de ce que tu as écris est juste, mais je ne pense pas que tu obtiens une action sur le faisceau. Dis de manière plus formelle je ne crois pas qu'il existe une application canonique $Aut(X) \to Hom_{Faisceaux}(F,F)$.
  • En vrai tu as deux façons de penser $\mathcal{O}(d)$, toutes deux utiles.
    L'une est géométrique. Tu penses à $\mathcal{O}(-1)$ comme le fibré tautologiques sur $\mathbb{P}^n$, $\mathcal{O}(1)$ c'est son dual, il peut etre de bon aloi de voir comme un quotient du fibré des "1-formes linéaires sur $q^*E$" sur $\mathbb{P}^n$, en le sens où $E$ est l'espace vectoriel $k^{n+1}$ donc $\mathbb{P}^n$ paramètre les droites et $\mathcal{O}(d)$ est le produit tensoriel d-fois de ce dual, notamment tu peux écrire ca en terme de fonctions de transitions.

    Tu peux aussi y penser algébriquement en terme de module gradués. Un faisceau quasi cohérent sur $\mathbb{P}^n$ c'est un module gradué sur $k[x_0,...,x_n]$ essentiellement de type fini (c'est à dire tels que $\bigoplus_{n\geq m_0}M_n$ soit de type fini pour un certain $m_0$) à équivalence près (où la relation d'équivalence est donnée par $M\sim N$ ssi pour un certain $m_0$ $\bigoplus_{n\geq m_0}M_n\simeq \bigoplus_{n\geq m_0}N_n$). En ce sens, $\mathcal{O}(d)$ est le module $k[x_0,...,x_n]$ sur lui même, avec la graduation telle que les monomes de degré usuel d soient de degré 0.

    Cette vision est utile car on comprend alors par exemple le lemme de Serre, sur le fait que tout faisceau cohérent $\mathcal{F}$ sur une variété projective, devient acyclique apres tensorisation suffisante par un $\mathcal{O}(d)$, l'idée étant que tensoriser par $O(d)$ "baisse les degrés", et donc apres tensorisation suffisante les fonctions de transitions deviennent de degré 0 et donc on peut recoller des sections définies localement.

    Tu peux aussi y penser comme les "fibrés de coordonnées homogènes". Globalement en géométrie classique, il est d'usage de se donner une application dans un espace projective par ses coordonnées homogènes, ces coordonnées homogènes "vivent" en fait dans un $\mathcal{O}(d)$. Evidemment tu veux que se donner $X\to \mathbb{P}^n$ soit équivalent à se donner des fonctions $f_0,...,f_n$ sur $X$, mais quand $X$ est projective y a pas de fonctions sur $X$ non constantes (il faut que $X$ soit géométriquement connexe aussi, bon... on s'en fout un peu... moralement si X est pas connexe tu vas avoir des constantes sur chaque composante connexe et si X est pas sur un corps algébriquement clos, tu vas aussi avoir des constantes dans les extensions de ton corps de base... big deal) donc tu te donnes des coordonnées homogènes sur X, qui ne sont définis qu'a une fonction holomorphe inversible pres (localement), ben ca ca tombe bien c'est exactement la définition d'une section d'un fibré.

    Un dernier point qu'il est important de signaler, c'est que y a un dictionnaire entre diviseurs et fibrés qu'on utilise tout le temps (et qui est exact sur les variétés lisses, ou plus généralement dont les anneaux de germes sont factoriels) et ca vaut le coup aussi de voir $\mathcal{O}(d)$ comme un diviseur (à équiv rationnelle près), c'est la somme de d-hyperplans.
  • Pour la seconde question, tout automorphisme de $X$ te donne un isomorphisme entre $\mathcal{F}$ et $f^*\mathcal{F}$ ou $f_*\mathcal{F}$.
  • Hello
    Attention, c'est un algébriste qui s'exprime.
    Pendant des années, je n'ai rien compris à la définition figurant dans le premier attachement (extrait d'un ouvrage bien connu, ce n'est peut-être pas la peine de le citer). Au sens où j'appelle ``comprendre''. Et j'irais même à dire que je ne comprenais pas que l'on puisse donner une telle définition sans la motiver, l'expliquer ...etc.. et pas seulement du bout des lèvres.

    J'en ai déduit que j'avais un sacré blocage en ``Géométrie Algébrique'', ce qui n'est pas faux. Ou bien un peu (??) c.n (ou les deux).

    A noter tout de même, que les objets de départ sont purement algébriques (modules gradués sur un anneau gradué). Oups, n'allez pas penser que j'ai peur des twists et de la venerable formula (j'emprunte cette terminologie à Eisenbud) :
    $$
    M(d)_n = M_{d+n}
    $$Non, ça c'est super utile, voire indispensable dans les résolutions graduées, détermination de la série d'Hilbert-Poincaré, polynôme d'Hilbert-Samuel et toutes ces choses là.

    Le problème était ailleurs. Et il a fallu, à l'aide de plusieurs exemples, que je me fasse ma propre idée. Aidé d'ailleurs par Enrique Arrondo (Introduction to projective varieties) in http://www.mat.ucm.es/~arrondo/projvar.pdf, en particulier son exemple 17.2, p. 124-125 de son chapitre 17 (Vector Bundles).

    Je me permets d'attacher un petit extrait (c'est le texte en français) d'une note destinée à mézigue. J'ai pris un exemple vachement simple : $n=2$, $T = S(1)^3 / \langle x\rangle$ (les définitions y figurent) et le 1 dans $S(1)$, c'est un twist. Et pour moi, ce twist PILOTE des matrices de transition sur les $U_i \cap U_j$. Que l'on peut expliciter bien évidemment. J'ai trouvé cela complètement dingue.
    Do you see what I mean ?

    PS : il est 18h30, je suis à jeun.91010
    91006
  • Je m'aperçois que j'ai oublié de définir correctement $O(d)$ pour $d < 0$, Lupulus l'a fait : pour tout $d$, $O(d)(U)$ c'est les éléments de $\bigcup_m\frac{\C[x]_m+d}{\C[x]_{m}}$ dont le dénominateur ne s'annule pas sur $U$.

    Dans quel sens est-ce que $O(-1)$ est "le fibré tautologique" ? D'un côté j'ai $V$ l'ensemble des fonctions qui à un point de $\Bbb{P}^n$ associent un point de la ligne correspondante de $\Bbb{A}^{n+1}$, de l'autre j'ai $O(1)$ l'ensemble des fonctions qui fixent un hyperplan passant par l'origine de $\Bbb{A}^{n+1}$ (un élément $u$ de $\C[x]_1$) et qui à chaque point de $\Bbb{P}^n$ associent une équation particulière $ru=0$ (pour un $r\in \C$) de cet hyperplan.

    Mais j'ai du mal à lier $O(-1)$ à $V$. D'un côté hyperplan, de l'autre lignes passant par l'origine, c'est dual, mais quand on en fait des $O$-modules.. Du côté algébrique c'est évident que pour $U\subset \Bbb{P}^n$ suffisamment petit $$O(d)(U)\otimes_{O(U)} O(e)(U) = O(d+e)(U)$$

    J'aimerais aussi bien comprendre l'idée de "tensorer par $O(d)$ pour $d$ suffisamment grand permet de simplifier un $O$-module". $O(d)$ est généré par des sections globales, pas $O(-e)$. Est-ce que je dois juste penser que tous les $O$ modules localement libres sont isomorphes à des $O(d)$, ou bien y voir une raison plus profonde ?

    Claude : pour une sous-variété $X\subset \Bbb{P}^n$, je vois bien qu'on peut définir le gros $O_X$-module $M_X=\bigcup_{d,e} \frac{\C[x]_d}{\C[x]_e }_{ \text{ ne s'annulant pas sur un morceau dense de } X} / \{ = \text{ sur } X\}$ qui ne dépend pas seulement de $X$ mais de comment on l'inclut dans $\Bbb{P}^n$,
    C'est quoi $\Gamma_h(X)$ et $\tilde{R(d)}$ ? (est-ce que $\tilde{R(d)}$=R(d)_0$ ?)

    Cela me demande beaucoup d'effort d'essayer de visualiser ce à quoi vous faites référence.
  • reuns a écrit:
    C'est quoi $\Gamma_h(X)$ et $\tilde{R(d)}$ ? (est-ce que $\tilde{R(d)} =R(d)_0$ ?)

    - $ \Gamma_h ( X ) = R $ est l'anneau des sections globales sur $ X $ qui sont les éléments homogènes de $ R $ de tout degré. ( N'oublie pas que $ R $ est un anneau gradué ;-) ) soumis à l'adjonction : $ \Gamma_h ( X ) = R \ \ \Longleftrightarrow \ \ \ X = \mathrm{Proj} R $
    - $ \tilde{R(n)} $ est le faisceau de $ \mathcal{O}_X $ - module, quasi - cohérent associé à l'anneau $ R(n) $ vu comme $ R $ - module défini par : $ R(n)_d = R_{n+d} $ pour tout $ d $.
    Non ?
  • Mais ce qui nous intéresse c'est le $O$-module généré par $\C[x]_d$ pas le $O$-module généré par $\bigcup_{e \ge d} \C[x]_e$.

    J'imagine que la formulation abstraite anneau-gradué sert pour les schémas, vous auriez un exemple simple qui permet de montrer l'idée ?

    En plus on n'a pas encore parlé du fait que pour tout $f\in \C[x]_d$ avec $D= f\C^*$ qui est un élément du groupe de diviseurs alors $\frac1f O(d)(U) = O(D)(U) $
  • reuns a écrit:
    Mais ce qui nous intéresse c'est le $O$-module généré par $\C[x]_d$ pas le $O$-module généré par $\bigcup_{e \ge d} \C[x]_e$.

    $ \mathcal{O}_{ \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} } ( \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} ) = \mathcal{O}_{ \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} } (0) ( \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} ) = \mathbb{C} [x]_0 $.
    $ \mathcal{O}_{ \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} } (d) ( \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} ) = \mathbb{C} [x]_d $.

    Je ne comprends pas ce que tu entends par : le $O$-module généré par $\bigcup_{e \ge d} \C[x]_e$.
    En théorie des fibrés en droites algébriques, on ne manipule jamais d'objets de style : $\bigcup_{e \ge d} \C[x]_e$. A quel faisceau correspond l'objet : $\bigcup_{e \ge d} \C[x]_e$ ?
    reuns a écrit:
    J'imagine que la formulation abstraite anneau-gradué sert pour les schémas, vous auriez un exemple simple qui permet de montrer l'idée ?

    Si tu voudrais passer au langage des schémas, tu n'as qu'à remplacer $ \mathbb{C} $ par un anneau $ A $ avec par exemple : $ \mathbb{P}_A^n = \mathrm{Proj} A [x] $.
    reuns a écrit:
    En plus on n'a pas encore parlé du fait que pour tout $f\in \C[x]_d$ avec $D= f\C^*$ qui est un élément du groupe de diviseurs alors $\frac1f O(d)(U) = O(D)(U) $

    Quelle est ta question ?
    Quand tu écris $ D = f \mathbb{C}^* = (f) $, et que tu affirmes que c'est un diviseur ... c'est un diviseur principal. Non ? Donc, $ \mathcal{O}_{ \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} } ( D ) = \mathcal{O}_{ \mathbb{P}_{ \mathbb{C} }^{n} } $. Non ? C'est quoi $ f \mathbb{C}^* $ ?
  • $\def\F{\mathbb F}\def\C{\mathbb C}$C'est bien vrai que pour passer de $\C$ à un corps fini $\F_p$, il suffit de remplacer le symbole $\C$ par le symbole $\F_p$. C'est pas faux. Ci-dessous, je cherche les emm.rd.ments en prenant le degré nul dans le corps de base (pas si facile à réaliser sur $\C$)
    [color=#000000]> p := 13 ;
    > k := GF(p) ;
    > P2<x0,x1,x2> := ProjectiveSpace(k,2) ;
    > d := p ;
    > X := RandomSmoothHyperSurface(P2, d) ;  // mézigue
    > X ;
    Scheme over GF(13) defined by
    x0^12*x1 + 11*x0^8*x1^5 + 12*x0*x1^12 + 2*x0^5*x1*x2^7 + x2^13
    > 
    > ST := HypersurfaceTangentSheaf(X) ; // mézigue
    > ST ;
    Coherent sheaf on Scheme over GF(13) defined by
    x0^12*x1 + 11*x0^8*x1^5 + 12*x0*x1^12 + 2*x0^5*x1*x2^7 + x2^13
    > ok := IsIsomorphic(ST, Twist(StructureSheaf(X), 3-Degree(X))) ;
    > ok ;
    true
    [/color]
    
    J'ajoute un exemple (de bébé) en attaché (mais juste la première page). Mais peut-être que, du coup, cela va faire trop d'exemples ?91068
  • Ça devait être amusant(sincèrement) les cours de maths avec Claude.
  • Pourquoi est-ce que $O_X(-1)$ est le fibré tautologique ? Parce qu'ils ont les mêmes faisceau de sections.
    Si tu prends $f$ holomorphe sur $U$ ($U$ est $P^1$ privé de Edit: 0 et pas l'infini.), alors $f.1/x$ définit une fonction $f.1/x([x:y])=f.(1, y/x)$ qui définit une section du fibré tautologique sur $U$. En fait par définition une section algébrique du fibré sur $U$ c'est une fonction holomorphe $f$ telle que la section est donnée par $([x:y], f(y/x).(1, y/x))$, donc l'espace des sections est $O(U).1/x$. Bien sûr c'est vrai sur tout ouvert qui est le complémentaire d'un point.
    Tu vois bien que le faisceau des sections holomorphes est le faisceau $O\otimes_{O_X}O_X(-1)$ (ici $O$ est le faisceau des fonctions holomorphes et $O_X$ celui des fonctions algébrique, mais en vrai on s'en fout, pour toute définition de fonction algébrique sur $P^1_C$, il est clair que les sections du fibré tautologique sur $U$ c'est l'ensemble des $[x:y]\mapsto ([x:y], f(y/x).(1, y/x))$ avec $f$ algébrique donc bien les sections de $O_X(-1)$ sur $U$).

    Pour la relation avec les diviseurs c'est le fait qu'on prend $1/f$ (et pas $f$) qui te gène ? C'est dû à la convention dans Riemann-Roch, $O_X(D)=\{f \in K(X)\mid \mathrm{div}(f)\geq -D\}$ et pas $\geq D$.

    J'essaie de donner des réponses (ou plus de détails) au reste dès que j'ai un moment.
  • Je rajoute un truc, la formulation anneau gradué ne sert pas spécialement pour les schémas. C'est simplement que c'est plus simple algébriquement de voir un fibré "géométrique" c'est-à-dire un truc qui est localement un produit par un espace vectoriel, comme le faisceau de ses sections, et on confond allègrement l'un et l'autre, tout comme d'ailleurs si $V$ est un $k$-espace vectoriel (donc un faisceau sur le point) on parle aussi du schéma (ou variété algébrique) $V$ qui est une variété munie d'une projection sur le point, donc un fibré "géométrique" sur le point (dont les sections sont canoniquement $V$ bien sûr).

    Donc c'est naturel de se donner le fibré tautologique par son faisceau de section plutôt que géométriquement, et on a une description agréable des faisceaux quasi cohérent sur l'espace projectif en tant que modules gradués comme j'ai dit plus haut, donc on le donne comme ça.

    Bien évidement ce que j'ai dit dans mon message précédent, montre pourquoi c'est ce module là que l'on prend.

    Du reste il est faux que tout faisceau localement libre est une somme de $O(p_i)$ sur l'espace projectif (mais c'est vrai sur la droite projective), mais tout faisceau cohérent est un quotient d'une telle somme. C'est d'ailleurs grâce à ça qu'on prouve le lemme de Serre que j'ai mentionné plus haut.
  • "Ça devait être amusant (sincèrement) les cours de math avec Claude".

    Je confirme : c'est tordant * !

    * : sincèrement
    ...
  • Oui j’imagine @df. C’est un groupe à lui tout seul, et lequel! Il agit fidèlement sur les tripes de ses étudiants.
  • $\def\P{\mathbb P}$ Hello,
    J'interviens de nouveau pour dire des petites choses, voire en répéter certaines. Sorry, je vais parler un peu de moi.

    1. (Bis) Les premières fois que j'ai vu l'opération de faisceautisation de Serre, $M \mapsto \widetilde M$ (sur la catégorie des modules gradués ...etc..), souvent accompagnée de twists, je me suis demandé d'où cela sortait. Et pourquoi les auteurs ne donnaient pas AUSSITOT d'exemple(s). Dit un peu autrement : pourquoi, sur ce terrain, les auteurs se comportent-ils grosso-modo de la même manière ?

    Question 1 : suis je le seul à avoir subi cela (rappel : je ne suis pas géomètre mais algébriste, ceci explique peut-être cela ?)

    Question 2 : ICI, pourquoi ne considère-t-on pas d'exemples ? D'exemples pertinents bien entendu. Pas en partant au pif d'un module gradué mais en partant de la géométrie et en essayant de réaliser tel faisceau connu sur $\P^n$ (par exemple) sous la forme $\widetilde M$. On pourrait s'amuser (sic), sur ces exemples, à déterminer le module des sections ...etc.. Pourquoi est ce que nous ne le faisons pas ?

    2. Là, où cela a commencé à se décanter chez moi, c'est en échangeant (par mails) avec Arrondo (qui est un géomètre) sur les exemples et/ou exercices du chapitre 17 (Vector Bundles) http://www.mat.ucm.es/~arrondo/projvar.pdf. En voulant traiter un exercice, je n'avais pas tenu compte d'un twist et je trouvais des matrices de transition erronées entre deux ouverts élémentaires $U_i, U_j$ de $\P^n$. Arrondo m'a expliqué cet exercice. Et j'ai compris l'impact sur les systèmes de transition. J'ai essayé d'en parler ici, mais bof.

    Arrondo m'a également détaillé d'autres exemples ou exercices de son chapitre 17. Mais en voulant en faire plus que ce je demandais, il s'est également trompé dans un twist. Cela m'a rassuré.
    Je lui avais avoué d'emblée que je ne comprenais pas grand chose à Hartshorne. Et, ce qui m'a rassuré aussi chez lui, c'est qu'il m'a dit que c'était également son cas (je ne crois pas qu'il ait dit cela pour me faire plaisir).

    3. Cela a continué à se décanter quand j'ai contacté les implémenteurs en magma du chapitre ``Coherent Sheafs''. J'avais décelé des anomalies. Pour comprendre, il faut savoir que le module gradué $M$ qui encode le faisceau n'est pas unique et qu'il intervient via $\bigoplus_{d \ge d_0} M_d$. En passant, chez Hartshorne, on peut regretter que cette équivalence sur les modules gradués (``isomorphie graduée à partir d'un certain rang'') figure seulement en exercice (exercice 5.9 chap II, p. 125). Et qu'elle intervienne avant l'exercice 5.10 qui est plus simple (car portant sur les idéaux). Certes, une fois que l'on a entendu parler ce cette histoire d'équivalence , on la trouve un peu partout.

    Et il arrive parfois qu'un certain module $M$ soit le meilleur à encoder tel faisceau. Pour $\P^n$ par exemple, dont je note $S = k[x_0, \cdots, x_n]$ l'anneau des coordonnées homogènes, $M$ est le meilleur si et seulement si la profondeur de $S_+$ sur $M$ est $\ge 2$. En programmation, quand on tient le meilleur après une étude mathématique, on arme ce renseignement dans le faisceau. Ce qui empêche de faire des calculs inutiles de saturation, indispensables lors de certains calculs cohomologiques, de séries d'Hilbert-Poincaré ...etc..

    Mais quand on décrète qu'un tel est le meilleur, il ne faut pas se louper. Et c'est arrivé chez les implémenteurs : pour le fibré tangent à $\P^n$, le meilleur module est $S(1)^{n+1}/\langle x\rangle$ avec $x = \sum_i x_i e_i$. SAUF pour $n = 1$ : le meilleur est $S(2)$, et pas $S(1)^2/\langle x_0e_0 + x_1e_1\rangle$.
    Désolé d'être technique, mais la détermination du module des sections demande la plus grande précision.

    4. Autre chose (rien à voir). Chez Harshorne, que je comprends pas la plupart du temps, le cadre est très très général : schémas, ...etc.. Mais tiens, bizarrement le cadre du théorème 8.15 en attaché (désolé pour la qualité du scan) nécessite un corps algébriquement clos. Idem pour les résultats de la page suivante. Bizarre, non ? Est ce que quelqu'un peut m'expliquer le pourquoi ?

    5. Est ce que ceux qui sont du métier peuvent comprendre ce que les autres, étrangers à la discipline, ne comprennent pas ?

    6. Est ce que tout cela ne sous-entend pas la chose suivante : si tu n'es pas du métier, passe ton chemin, c'est pas pour toi ? Je termine par une anecdote malheureusement véridique. Un collègue m'avait avoué une fois que, lorsqu'il écrivait un article, il faisait en sorte dans les dix premières lignes (introduction) de mettre le paquet de manière à ce qu'un non spécialiste ne puisse pas comprendre et du coup passe son chemin.91118
  • Bonjour,
    Concernant ton point 1, je comprend pas trop, trop, on donne en général des exemples. Et moi même dans ce fil j'ai traité plus haut l'exemple du fibré tautologique sur $P^n$ (enfin $P^1$ mais c'est la meme musique pour $P^n$) et j'ai montré pourquoi son faisceau de sections était $O(-1)$.

    Pour le point 4, il est "bien connu" qu'Hartshorne a tendance à "trop" se placer dans le cadre géométrique, et donc à supposer le corps de base algébriquement clos, alors qu'il n'en est nullement besoin. En l’occurrence ce résultat est vrai sans ca (enfin il faut quand meme preciser ce qu'il entend pas non singulier dans ce cadre, cela peut etre régulier, cela peut etre lisse, pour un corps parfait ces deux notions coïncident, mais sur un corps non parfait on peut etre régulier sans etre lisse, en l’occurrence le théorème est vrai avec non singular=lisse).

    Pour le point 5, c'est un problème dans toutes les mathématiques non? Quand on a compris qqch on a tendance à oublier que ca puisse ne pas sembler évident.

    Pour le point 6, étant donné la place de la géométrie algébrique dans les maths, et son caractère tres vaste, j'ose esperer que non.

    D'ailleurs il y a tellements de sous disciplines et de façons de faire de la géométrie algébrique. On est pas obligé de faire du Hartshorne, ou du Liu ou du EGA, on peut aussi faire du Voisin, ou du Harris. A chacun de voir ce qui lui correspond le mieux.

    Personnellement je ne manipule quasiment que des schémas de type finis sur $S=\text{Spec} (O_k)$ où $O_k$ est l'anneau des entiers d'un corps de nombres. Ca suffit largement à mes besoins. D'autres se bornent à étudier les variétés complexes (sujet riche s'il en est) et là aussi ils ont pas forcement besoin de se placer dans le cadre général de morphismes de présentation finie etc...
  • C.Q. a écrit:
    4. Autre chose (rien à voir). Chez Harshorne, que je comprends pas la plupart du temps, le cadre est très très général : schémas, ...etc.. Mais tiens, bizarrement le cadre du théorème 8.15 en attaché (désolé pour la qualité du scan) nécessite un corps algébriquement clos. Idem pour les résultats de la page suivante. Bizarre, non ? Est ce que quelqu'un peut m'expliquer le pourquoi ?

    Il faut raconter un peu d'histoire autour de la différence entre un schéma $ X $ sur $ k $ un corps quelconque, et son $ k $ - variété algébrique sous jacente qui est l'ensemble des points fermés $ X_0 $ de $ X $.

    Sauf erreur de ma part,

    Soit $ k $ un corps
    Soit $ A $ une $ k $ - algèbre de type fini.
    Soit $ X = \mathrm{Spec} (A) $ un schéma.
    Si $ x \in X $, l'évaluation $ f \to f(x) $ induit un plongement $ k \hookrightarrow \kappa (x) $ qui fait du corps résiduel $ \kappa (x) $ une extension de $ k $.
    $ X_0 $ qui est l'ensemble des points fermés de $ X $ est l'ensemble des $ x \in X $ tel que l'extension : $ k \hookrightarrow \kappa (x) $ est fini.
    La flèche $ X( \overline{k} ) \to X $ a pour image $ X_0 $.
    $ X(k) \hookrightarrow X ( \overline{k} ) $ est injectif, et devient bijectif dès que $ k $ est algébriquement clos ( i.e : dès que : $ k = \overline{k} $ ).
    On va considérer désormais que $ k $ est algébriquement clos.
    L'ensemble des points $ x \in X $ tels que $ \kappa (x) = k $ est la $ k $ - variété algébrique sous jacente du schéma $ X $.
    L'image de $ X (k) \to X_0 $ est exactement l'ensemble des points $ x \in X $ tels que $ \kappa (x) = k $. Réciproquement, soit $ x \in X $ tel que $ \kappa (x) = k $, alors $ x $ provient d'un unique point de $ X(k) $.
    On conclut ainsi que : $ X(k) = X_0 $ est la $ k $ - variété algébrique sous jacente au schéma $ X $, qui lui est égale ( i.e : $ X(k) = X $ ) si et seulement si $ \kappa (x) = k $ pour tout $ x \in X $.

    Conclusion : Dès que tu vois devant toi l'expression : corps algébriquement clos, tu comprends par là qu'on est placé au niveau des variétés algébriques, et non au niveau des schémas.

    Edit :
    Enfin, c'est ainsi que j'ai saisi cette notion. Peux être que je me trompe, parce que, parfois, je vois parler de variétés sur des corps $ \mathbb{F}_p $ qui ne sont pas algébriquement clos si je ne m'abuse. ( Voir ici : https://webusers.imj-prg.fr/~patrick.polo/M1Galois/ATGch8.pdf , page : $ 10 $ ). Alors, j'ai du mal à interpréter cette remarque par rapport à ce que j'ai développé au début.

    Edit :
    Si on ne veut parler que de schémas, alors, il faut remplacer $ k $ par un anneau quelconque $ A $, et on l’appelle $ A $ - schéma ou schéma relatif $ \pi \ : \ X \to \mathrm{Spec} (A) $.
    On peut définir un schéma $ X = \mathrm{Spec} ( S ) $ sans faire référence à une structure de $ A $ - algèbre de $ S $. Dans ce cas là, il s'agit d'un schéma $ X \to \{ \star \} $. ( sur un singleton ).
    Les variétés algébriques ne sont définies que sur des corps $ k $ et non sur des anneaux $ A $ qui ne concernent que les schémas. ( Que ce soit algébriquement clos ou non ). Voir ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Variété_algébrique

    N.B. : J'espère que je n'ai pas de bêtises. :-)
  • Oui d'accord NoName.

    Si on a une fonction $g : \Bbb{A}^{n+1} \to E$ (un espace vectoriel, et fonction veut dire définie ailleurs qu'à ses pôles) alors homogène de degré $d$ ça veut dire $g(\lambda x)= \lambda^d g(x)$, les fonctions homogènes sont celles qui peuvent s'interpréter en terme de $\Bbb{P}^n$.

    La fonction identité $\Bbb{A}^{n+1}\to \Bbb{A}^{n+1}, x\to x$ est dans $O(1)^n$ (elle est homogène de degré $1$)

    et un élément $f$ de $O(-1)$ est une fonction $\Bbb{A}^{n+1}\to \C$ homogène de degré $-1$

    Donc quand on multiplie les deux on a une fonction $fg:\Bbb{A}^{n+1}\to \Bbb{A}^{n+1}$ homogène de degré $0$ donc qui donne une fonction $\Bbb{P}^n \to \Bbb{A}^{n+1}$,

    et $fg$ envoie chaque point de $\Bbb{P}^n$ vers un point de la ligne correspondante de $\Bbb{A}^{n+1}$ ce qui est ce qu'on appelle (les sections du) fibré tautologique.

    La correspondance analytique-algébrique : les fonctions méromorphes sur $\Bbb{P}^n(\C)$ sont les fonctions rationnelles, ça serait bien de voir si la preuve est faisable pour $n=2$.
  • Claude : Sur la construction des sections du fibré tangent. Soit $V = O(-1) . x$ le fibré tautologique, c'est l'ensemble des fonctions qui envoient chaque point de $ \Bbb{P}^n$ (moins les pôles) vers un point de la ligne correspondante de $\Bbb{A}^{n+1}$,

    Alors le quotient de $O$-modules $O^{n+1} / V$ est un espace de fonctions qui envoient chaque point $[x]$ de $\Bbb{P}^n$ vers un point de l'e.v. $\Bbb{A}^{n+1} / k x$ qui est l'espace tangent en $[x]$.

    Mais dans le sens inverse, étant donné une fonction $f: [x]\to \Bbb{A}^{n+1} / k x$, qu'est-ce qui me dit qu'elle se lifte en une fonction $f:\Bbb{P}^n \to \Bbb{A}^{n+1}$ ? Est-ce que je dois dire "parce que on définit comme ça les fonctions algébriques/analytiques dans l'espace tangent", ou bien est-ce qu'il y a quelque chose de plus subtil du style "pour tout système de cartes, parce que tel truc est simplement connexe, notre système de fonctions locales s'étend en un lifte global [....]"

    Sur les twists et les modules gradués : je n'ai toujours pas compris. Tu peux me montrer comment tu traduis dans ton langage le $O$-module $O(d) = \bigcup_e \frac{\C[x]_{d+e}}{\C[x]_d}$ c'est à dire les fonctions $\Bbb{A}^{n+1}\to \C$ homogènes de degré $d$ ?

    Les fonctions homogènes $\Bbb{A}^{n+1}\to \C$ (qui peuvent avoir des pôles) de n'importe quel degré $d\ge 0$ génèrent un sous-anneau de $M$ de $Frac(\C[x])$ qui est un gros $O$-module gradué : $M = \bigoplus_{d\ge 0} M_d$ et $O(d)$ est le sous-module $M_d$. En divisant par un polynôme de $\C[x]_e$ je peux obtenir un $O$-module gradué qui contient les $O(-d)$. Il n'y a rien d'autre à comprendre ?
  • @Pablo : si $f$ est un polynôme homogène irréductible alors le zéro de $f$ définit une hypersurface irréductible de $\Bbb{P}^n$ et (parce que $R$ UFD $\implies R[t]$ UFD donc $k[x_1,\ldots,x_n]$ est un UFD) toutes les hypersurfaces irréductibles de $\Bbb{P}^n$ sont de cette forme donc $Div $, le groupe des sommes formelles de zéros/pôles des fonctions rationnelles, c'est le groupe multiplicatif généré par les $f\ k^*$, c'est à dire le sous-groupe de $k(x_0,\ldots,x_n)^* / k^*$ des fonctions qui satisfont $F(\lambda x) = \lambda^d F(x)$ pour un $d$. En envoyant $f\ k^*$ vers $\deg(f)$ on a un homomorphisme $Div\to \Z$ et $Prin = \ker (Div\to \Z)$ (le sous-groupe des diviseurs de fonctions rationnelles)
  • D'accord @reuns, je comprends.

    Pour toi $ f \mathbb{C}^* \in \mathbb{C} (x_1 , \dots , x_n ) / \mathbb{C}^* $. Et moi, j'ai appris la théorie des diviseurs qu'en version faisceautique :
    En théorie des faisceaux, $ \mathbb{C} (x_1 , \dots , x_n ) / \mathbb{C}^* = H^0 ( X , \mathcal{K}_X^* / \mathcal{O}_X^* ) $ pour un $ X $ peu importe lequel, et s'appelle l'ensemble des diviseurs de Cartier de $ X $.
    Par contre, on note $ Div ( X ) $ l'ensemble des diviseurs de Weil de $ X $.
    On a : $ Div ( X ) = H^0 ( X , \mathcal{K}_X^* / \mathcal{O}_X^* ) $ lorsque par exemple $ X $ est une variété complexe. ( Le cas qui m’intéressait particulièrement dans mon apprentissage ).
    $ \mathcal{K}_X^* $ s'appelle faisceau des fonctions méromorphes non identiquement nulles sur $ X $.
    Demain, je termine ...
    Bonne nuit.
  • reuns a écrit:
    En plus on n'a pas encore parlé du fait que pour tout $f\in \C[x]_d$ avec $D= f\C^*$ qui est un élément du groupe de diviseurs alors $\frac1f O(d)(U) = O(D)(U) $

    Peux - tu détailler pourquoi il y'a ça ?
    Pour moi, si $ D = \{ (f_i , U_i) \} \in H^0 ( X , \mathcal{K}_X^* / \mathcal{O}_X^* ) $, alors : $ \mathcal{O}_X (D) (U_i ) = \dfrac{1}{f_{i}} \mathcal{O}_X (U_i ) $ pour tout : $ i $.
    Par contre, d'après un de mes cours que j'ai, $ H^0 ( D_{+} ( f ) , \mathcal{O}_X ( d ) ) = f^d H^0 ( D_{+} (f) , \mathcal{O}_X ) $, c'est à dire : $ \mathcal{O}_X ( D_{+} (f) ) = \mathcal{O}_X ( U_i ) = \dfrac{1}{f_{i}^{d}} \mathcal{O}_X (d) ( D_{+} (f_i) ) = \dfrac{1}{f_{i}^{d}} \mathcal{O}_X (d) ( U_i ) $.
    Donc, pour tout $ i $, $ \mathcal{O}_X (D) (U_i ) = \dfrac{1}{f_{i}} \mathcal{O}_X (U_i ) = \dfrac{1}{f_{i}} \dfrac{1}{f_{i}^{d}} \mathcal{O}_X (d) ( U_i ) = \dfrac{1}{f_{i}^{d+1}} \mathcal{O}_X (d) ( U_i ) $. Non ?
    Pour $ U $ quelconque, on a : $ U = \bigcup_{i=1}^{n} U_i $, et donc, vue le caractère de faisceautisation ( i.e : de recollements des sections ouverts ) de $ \mathcal{O}_X $ et $ \mathcal{O}_X (D) $ et $ \mathcal{O}_X (d) $, on a la généralisation : $ \mathcal{O}_X (D) (U ) = \dfrac{1}{f^{d+1}} \mathcal{O}_X (d) ( U ) $ avec : $ f_{|U_{i}} = f_i $ pour tout $ i $.
  • $\def\P{\mathbb P}\def\cT{\mathcal T}\def\M{\mathbb M}\def\GL{\text{GL}}$@Reuns

    1. Non, l'espace tangent à $\P^n$ en un point $p = k.x$ ($x \in k^{n+1} \setminus \{0\}$) n'est pas $k^{n+1}/k.x$ mais $L_k(k.x, k^{n+1}/k.x)$ où $L_k(\text{truc}, \text{machin})$ désigne l'espace vectoriel des applications $k$-linéaires entres les $k$-espaces vectoriels $\text{truc}$ et $\text{machin}$. Ce n'est pas du tout la même chose. On pourrait avoir envie de dire que $L_k(k.x, k^{n+1}/k.x) \simeq k^{n+1}/k.x$, ce qui est vrai car $k.x$ est de dimension 1. Mais l'isomorphisme n'est pas canonique : il utilise $x$ !! Il faut absolument cogiter cette histoire. La formulation intrinsèque, sans choix de $x$ tel que $p = k.x$, est
    $$
    \text{T}_p(\P^n) = L_k(p, k^{n+1}/p)
    $$ 2. Je ne peux pas me permettre de répondre aux multiples questions pour plusieurs raisons : cela me prend beaucoup trop de temps (parfois 1 ou 2 jours pour analyser le post de la personne qui questionne). De plus mon point de vue est algébrique, et en général, la communication entre algébristes et géomètres n'est pas toujours facile.

    3. Je t'attache quand même un truc où je considère mon exemple fétiche $S(1)^{n+1} / \langle x\rangle$ avec $n = 2$. Je ne sais pas si tu vas accrocher. Tu peux laisser tomber les histoires de profondeur à la page 2 et Auslander-Buchsbaum gradué. Il y a un ``tu'' qui ne s'adresse pas à toi mais à un lecteur de l'époque. Au cas où tu accrocherais, je pourrais attacher une autre note pour te montrer l'algébrisation du fibré tangent $\cT$ à $\P^n$. C'est très très concret pour moi. Cette algébrisation fournit le module des sections de $\cT$ sous la forme d'une surjection de noyau $k.\text{I}_{n+1}$ :
    $$
    \M_{n+1}(k) \twoheadrightarrow H^0(\P^n_k, \cT)
    $$A gauche, il s'agit des matrices $(n+1) \times (n+1)$, ce qui fait par exemple que $\dim H^0(\P^n_k, \cT) = (n+1)^2 - 1$. Ce formalisme algébrique (le fameux $M \mapsto \widetilde M$ de Serre, un truc de dingue) fait qu'ici tu peux tout calculer sur la section $s$ image de la matrice $A$. Par exemple, le lieu des zéros de $s$ sous forme d'intersection de quadriques, en lien avec les sous-espaces propres de $A$, le polynôme minimal, caractéristique ...etc...

    On peut même se permettre de retrouver une instance élémentaire du théorème de Borel-Weil-Bott en faisant agir $\GL_{n+1}$ sur le binz : la représentation obtenue sur $H^0(\P^n, \cT)$ est encodée par la partition $\lambda = (2,1^{n-1})$ et débarquent les $(n+1)^2 - 1$ tableaux de Young de forme $\lambda$ à valeurs dans $\{1..n\}$. Bref, en un certain sens, c'est combinatoire et on s'amuse bien. Je m'amuse bien, je veux dire.

    Et comme le module $S(1)^{n+1} / \langle x\rangle$ qui encode $\cT$ est extra-bon pour $n \ge 2$, pour le même prix tu attrapes $H^0\big(\P^n_k, \cT(d)\big)$. Le fait qu'il soit extra-bon est une propriété élémentaire du complexe de Kozsul de $(x_0, \cdots, x_n)$. Sur n'importe quel anneau de base. Tu devrais te douter, si tu programmes un peu, que dans ces histoires, je n'utilise jamais à la base un corps algébriquement clos (évident) et je n'utilise que des schémas (évident aussi que l'on ne peut PAS utiliser autre chose que des schémas).
  • $\def\P{\mathbb P}$@Reuns
    Je crois que bientôt, je vais en avoir marre. Avant que cela ne soit le cas, j'attache deux vieilles notes qui illustrent (en principe) l'opération $M \mapsto \widetilde M$ de Serre sur les modules gradués. Quant aux twists dans les deux exemples que je donne, inutile de s'en occuper, ils doivent s'imposer tous seuls pour que la musique soit bonne.

    1. La première note : recollement les modules des différentielles des $n+1$ ouverts élémentaires $U_i$ de $\P^n$ de manière à fabriquer le plus beau module gradué (sur l'anneau des coordonnées homogènes de $\P^n$) dont le faisceautisé est le faisceau cotangent à $\P^n$. Les twists n'on qu'à bien se tenir.

    2. La deuxième note. Pareil mais avec les modules des dérivations pour obtenir un module gradué encodant le fibré tangent à $\P^n$. C'est juste un extrait de 3 pages sur une note d'une quinzaine de pages. Tu peux laisser tomber les calculs de séries d'Hilbert-Poincaré et de polynômes d'Hilbert-Samuel à la page 2 (c'est de l'algèbre commutative élémentaire sur des petites résolutions libres graduées). Malgré les dates, peut-être cette note vient avant la première.

    3. Avec ça, on ne peut pas encore ``faire grand chose''. Pour que les sections par exemple du fibré tangent deviennent opérationnelles (exemple typique : construire des sections dont les zéros sont imposés), il faut encore travailler (algèbre linéaire élémentaire).

    4. Je voudrais pas insister, mais évidemment que ces objets sont définis sur $\Z$ !!
  • $\def\P{\mathbb P}\def\L{\text{L}}\def\cT{\mathcal T}$Bientôt la fin de la semaine, j'ai envie de me détendre, je fais le guignol comme dirait quelqu'un qui est en mode montagne (le veinard).
    C'est quoi ci-dessous ?
    [color=#000000]> A := JordanMatrix([2,3], [1,-1]) ;
    > A ;
    [ 1  1  0  0  0]
    [ 0  1  0  0  0]
    [ 0  0 -1  1  0]
    [ 0  0  0 -1  1]
    [ 0  0  0  0 -1]
    [/color]
    
    Une matrice $5 \times 5$ avec deux blocs de Jordan de tailles $2$ et $3$. Mais c'est plus que cela ici : $A$ représente une section globale du fibré tangent à $\P^4$; notons là $s \in H^0(\P^4, \cT)$. Le $4$, c'est $5-1$.

    Et on en fait quoi de cette section ? On peut l'évaluer en un point $p$ de $\P^4$ (une droite de $k^5$) et cela doit donner un habitant du tangent $T_p(\P^4) = \L_k(p, k^5/p)$, cf ce matin. Comment ? On restreint $A : k^5 \to k^5$ (à la source) à la droite $p$ et à l'arrivée, on compose par la projection $k^5 \to k^5/p$. Cela donne bien un vecteur tangent en $p$.

    Et quand est ce que $p = k.\xi$ est un zéro de la section $s$ représentée par $A$ ? Ben, quand à l'arrivée cela donne $0$ dans $k^5/p$ i.e. quand $A.\xi$ est multiple de $\xi$. Bilan : $p$ est un zéro de $s$ si les mineurs $2 \times 2$ de $(\xi, A.\xi)$ sont nuls, ce que j'écris symboliquement $\xi \wedge A.\xi = 0$. Bien sûr, c'est indépendant du vecteur directeur $\xi$ choisi pour $p$.

    Et $k$, c'est qui comme corps de base ? Je vais prendre mon préféré : $k =\Z$. Et faire déterminer le lieu des zéros de $s$
    [color=#000000]> Z := IntegerRing() ;
    > P4<x0,x1,x2,x3,x4> := ProjectiveSpace(Z,4) ;      
    > 
    > X := ZeroLocus(A, P4) ;                     
    > X ;
    Scheme over Integer Ring defined by
    -x4^2,
    -x3*x4,
    -x3^2 + x2*x4,
    -2*x1*x4,
    -2*x1*x3 + x1*x4,
    -2*x1*x2 + x1*x3,
    -2*x0*x4 - x1*x4,
    -2*x0*x3 - x1*x3 + x0*x4,
    -2*x0*x2 - x1*x2 + x0*x3,
    -x1^2
    [/color]
    
    Tiens, un schéma défini sur $\Z$ par des quadriques, en nombre $n(n+1)/2 = 10$ où $n = 4$.

    La matrice $A$ n'a pas été choisie n'importe comment. Voici deux points de $X$ correspondants aux deux vecteurs propres de $A$
    [color=#000000]> S := Simplex(P4)[1..5] ;
    > S ;
    [ (1 : 0 : 0 : 0 : 0), (0 : 1 : 0 : 0 : 0), (0 : 0 : 1 : 0 : 0), (0 : 0 : 0 : 1 : 0), (0 : 0 : 0 : 0 : 1) ]
    > p0 := S[1] ;
    > p1 := S[3] ;
    > p0 in X ;
    true (1 : 0 : 0 : 0 : 0)
    > p1 in X ;
    true (0 : 0 : 1 : 0 : 0)
    [/color]
    
    On va examiner les multiplicités des points dans $X$. Mais là faut pas charrier, faut se mettre sur un corps. Je vais choisir $k = \Q$.
    [color=#000000]
    > k := RationalField() ;
    > Xk := BaseChange(X,k) ;
    > Sk := Simplex(AmbientSpace(Xk))[1..5] ;
    > p0 := Sk[1] ;                          
    > p1 := Sk[3] ;
    > 
    > Dimension(Xk) ;
    0
    > Degree(Xk) ;
    5
    > 
    > Multiplicity(Xk,p0) ;
    2
    > Multiplicity(Xk,p1) ;
    3
    [/color]
    
    C'est pas que formel le truc $M \mapsto \widetilde M$ de Serre.

    Rien à voir. Y'a pas que le fibré tangent à $\P^n$ dans la vie. Un exercice du chapitre 17 d'Arrondo dont j'ai déjà parlé.91182
  • Hello Claude,

    J'ai bien rigolé en voyant la recommandation de Pablo : " quand tu vois corps algébriquement tu dis que c'est la variété " … me suis dit tiens Claude quand il voit un corps algébriquement clos, il le remplace directement par $\Z$ :-D
  • $\def\P{\mathbb P}\def\F{\mathbb F}$Salut Goleon

    Je croyais que tu étais en mode montagne ? Ben, heureusement que $\P^n$ est défini sur $\Z$, sinon on serait mal, très mal. Et c'est bien mieux que cela car il y a un foncteur ``local'' (au sens des recollements) $R \mapsto \P^n(R)$ sur la catégorie des anneaux commutatifs. Je parle de $\P^n$ et tout le fourbi qui va avec. En passant, personne n'est obligé de faire dans l'effectif ou le calcul formel, mais je ne comprends pas comment on peut imaginer ``qu'en machine'', il y ait autre chose que des schémas (des équations, pour faire simple). Bref.

    Pendant que j'y pense, peut-être que le Introduction to projective geometry d'Arrondo http://www.mat.ucm.es/~arrondo/projvar.pdf. pourrait t'intéresser. Note que dans le titre, il y a INTRODUCTION. Et je t'assure qu'il sait parler aux enfants.

    J'attache l'exercice 17.2 par lequel j'ai commencé (très exactement le 19 Février 2010). Je n'ai pu le terminer que récemment à cause d'une maladresse dans l'énoncé. Je n'ai jamais pu en parler à l'auteur qui m'avait pas mal dépanné (de plus une suggestion venant de ma part, ignorant, cela la fichait mal).
    Pour pouvoir recoller le binz qui est dans l'exercice en un bel objet, il est nécessaire que cet objet existe. Et cet objet (une fois que tout sera terminé) est une section (globale) du tangent à $\P^2$ ayant pour seuls zéros $(1:0:0)$, $(0:1:0)$ et $(0:0:1)$. Pour qu'une telle section puisse exister il faut et il suffit, sur un anneau de base $R$, qu'il y ait un $\lambda \in R$ tel que $\lambda(\lambda-1)$ soit inversible. Ce n'est pas possible pour $R = \F_2$ ! Cela m'a bloqué pendant des années.

    Bref, quelque chose ne va pas dans son énoncé : il a fait trop de forcing sur les matrices avec ce seul paramètre $\lambda$. Il a dû faire les calculs au brouillon et balancer le résultat dans son cours. Or il faut plus de mou.

    Une preuve qu'il parle aux enfants : le coup du ``reader who does not feel comfortable with imaginary numbers'', alors qu'il est au chapitre 17 en train d'expliquer ``Vector bundles'' !91206
    91210
  • Goleon a écrit:
    J'ai bien rigolé en voyant la recommandation de Pablo : " quand tu vois corps algébriquement tu dis que c'est la variété " … me suis dit tiens Claude quand il voit un corps algébriquement clos, il le remplace directement par $\Z$ :-D
    Pablo a écrit:
    On peut définir un schéma $ X = \mathrm{Spec} ( S ) $ sans faire référence à une structure de $ A $ - algèbre de $ S $. Dans ce cas là, il s'agit d'un schéma $ X \to \{ \star \} $. ( sur un singleton ).

    Il y'a un peu de confusion à ce niveau là :
    On peut définir un schéma $ X = \mathrm{Spec} ( S ) $ sans faire référence à une structure de $ A $ - algèbre de $ S $. Dans ce cas là, il s'agit d'un schéma $ X \to \mathrm{Spec} \mathbb{Z} $ ( $ \mathrm{Spec} \mathbb{Z} $ : Objet final de la catégorie des schémas ). Parce que si $ \mathrm{Sch} $ est la catégorie des schémas, alors $ \mathrm{Sch} = \mathrm{Sch} / \mathbb{Z} $. Non ?
    Par ailleurs, la catégorie des variétés algébriques sur $ k $ est anti-équivalente à la catégorie des $ k $ - algèbres. Dans cette catégorie $ \mathrm{Spec} k $ est un objet final de cette catégorie ( Voir ici : https://math.stackexchange.com/questions/1127345/does-the-category-of-k-algebras-have-terminal-objects ), et on a : $ \mathrm{Var}_k = \mathrm{Var}_k / \mathrm{Spec} k $ avec : $ \mathrm{Var}_k $ : la catégorie des $ k $ - variétés. Donc pour $ X \in \mathrm{Var}_k $ : $ X $ s'identifie : $ X \to \{ \star \} $ avec : $ \{ \star \} $ un singleton. Non ?
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