Localisation (anneaux)

Je suis en train de lire cette page et certains détails ne sont pas clairs.
Je reprends leurs notations. J'ai une question de vocabulaire, pour commencer.

On a donc un gentil anneau commutatif unitaire (ACU) $A$, et une partie multiplicative $S$ "en laquelle on veut localiser".
La localisation de $A$ en $S$ est le couple $(S^{-1}A,l_S)$ qui vérifie la propriété universelle donnée.
$S^{-1}A$, auquel ils donnent d'autres notations encore, s'appelle l'anneau des fractions de $A$ associé à $S$.

Mais alors, l'anneau localisé de $A$ en $S$, c'est qui ? Ce n'est pas dit explicitement dans l'article...

Après avoir clarifié ça, j'aimerais m’entraîner sur quelques exemples. Pour ça, il faudrait que je trouve des parties multiplicatives dans des ACU "stricts" (pas des corps, quoi) que je connais. Je n'en connais pas une tonne, mais je vais commencer par chercher dans $\mathbb{Z}$, dans un $A[X]$ où $A$ est un ACU, dans $\mathcal{C}^0(\mathbb{R},\mathbb{R})$. Je vais chercher moi-même avant de demander de l'aide, donc ne me soufflez pas les réponses tout de suite :-)
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Réponses

  • Par exemple, dans $\mathbb{Z}$, la plus petite partie multiplicative contenant $2$ est $S_2 :=\{2^n \mid n \in \mathbb{N}\}$ ?
  • Bonsoir,

    Si dans $\mathbb{Z}$, tu prends la plus petite partie multiplicative contenant $2$ et $5$, tu obtiens les décimaux.

    Cordialement,

    Rescassol
  • Bah l'anneau localisé c'est $S^{-1}A$, qu'est-ce qu'il te faut de plus ? :-D

    Ta partie multiplicative est bien la plus petite contenant $2$ dans $\mathbb Z$.

    Une manière fréquente d'obtenir des parties multiplicatives est de prendre le complémentaire d'un idéal premier dans un tel anneau.
  • Ben, ils ne l'appellent pas explicitement comme ça dans l'article, donc c'est ça qu'il me faut de plus :-D

    Je vais essayer de travailler l'exemple des nombres décimaux, tiens. C'est familier comme objet, donc bien pour commencer.
  • Salut,

    Un exemple : on prend $R := \Z/15 \Z$ et on prend la partie $S := \{ 3^n \mid n \in \N \}$ alors le localisé de $R$ en $S$ c'est qui ?
  • Présenté comme tu le fais, le localisé étant la réponse à un problème universel, il est caractérisé à isomorphisme unique près...

    On peut en donner une construction explicite, cependant. L'idée est de mimer le calcul des fractions. Sur l'ensemble $A\times S$ (dont les éléments vont être les représentants des fractions $a/s$, avec $a\in A$ et $s\in S$), on met la relation d'équivalence suivante : \[(a,s) \sim (b,t)\ \text{si}\
    \exists u\in S,\ u(at-bs)=0.\]Au $u$ près, on reconnaît une façon de reconnaître si $a/s=b/t$ : l'égalité des produits en croix. L'intervention d'un $u$ est nécessaire pour les anneaux non intègres : sans ça, la relation définie n'est pas une relation d'équivalence.

    Ceci fait, on définit $S^{-1}A$ comme le quotient $(A\times S)/\sim$, dans lequel on note comme annoncé $a/s$ la classe d'un couple $(a,s)$, et on le munit des opérations suivantes (il faut vérifier qu'elles ont un sens) : \begin{align*}
    \frac{a}{s}+\frac{b}{t}&=\frac{at+bs}{st}\\
    \frac{a}{s}\cdot\frac{b}{t}&=\frac{ab}{st}\end{align*}On montre que c'est un anneau admettant pour neutre de l'addition $0/s$ pour $s\in S$ quelconque et pour neutre du produit $s/s$ avec $s\in S$ quelconque (ça ne dépend pas de $s$).

    Exemple amusant : dans $A=\mathcal{C}([0,2])$, $S$ est l'ensemble des fonctions non nulles en $1$, c'est-à-dire le complémentaire de l'idéal maximal des fonctions nulles en $1$. Qu'est-ce que $S^{-1}A$ ?
  • @Goleon : si j'ai compris le principe dans le cas des anneaux de "nombres", je dirais que le localisé de $\mathbb{Z}/15 \mathbb{Z}$ par rapport à $\{3^n \mid n \in \mathbb{N}\}$ (au passage, je pense qu'il y a une petite coquille dans ton message) est l'ensemble des fractions triadiques $\displaystyle \frac{a}{3^n}$ avec $a \in \{0,...,14\}$ ?
  • Salut Homo Topi,

    Oui, mais mais c'est quand même pas terrible comme description dans le sens pas ultra-concret ! Si le but de cette localisation c'est d'inverser $3$ … et bien regarde, j'ai un morphisme qui inverse $3$ a disposition $ \Z/ 15 \Z \to \Z/5\Z$ la réduction modulo $5$ peut être que tu peux l'utiliser pour te donner une idée !

    Ah oui merci pour la coquille :-D
  • Avec $R=\Z/15\Z$ alors $3^{-1} R$ c'est en deux étapes :
    - On trouve le quotient par le plus petit idéal tel que $3$ ne soit plus un diviseur de zéro dans $R/I$, c'est donc $$I= \sum_{a\in R,3a =0\in R}a R= (5).

    $$ - Si $R/I $ est non-trivial, ici c'est le cas puisque $R/I = \Z/5\Z$ alors $3$ n'est plus un diviseur de zéro dans $R/I$ et on peut regarder $$R/I[3^{-1}]=R/I[x]/(3x-1)=\Z/5\Z[x]/(3x-1)=\Z/5\Z.
    $$ $R$ n'est pas intègre et $R\to 3^{-1} R$ n'est pas injectif.

    Ça marche pareil pour $(R\setminus(3))^{-1} R= 5^{-1} R$.
  • EDIT j'ai écrit ça en deux temps (entre temps j'ai mangé, et reuns a posté pendant ce temps-là). Cependant je ne comprends pas grand-chose à ce qu'il a dit...

    Je n'y avais pas pensé et j'avoue que ça me surprend comme résultat... disons que ça me surprend que $ \dfrac{7}{9}$ par exemple est censé avoir un homologue dans $\mathbb Z/5 \mathbb{Z}$.
    Essayons voir. Donc ton morphisme c'est $l_5 : x \mapsto x \pmod 5$.
    On va voir si le couple $(\mathbb Z/5 \mathbb{Z};l_5)$ vérifie tout ce qu'il faut.

    1) $l_5(3^n) = 3^n \pmod 5$ doit être inversible dans $\mathbb Z/5 \mathbb{Z}$. $3^n$ n'est jamais nul modulo $5$ et $\mathbb Z/5 \mathbb{Z}$ est un corps, donc c'est bon.

    2) La propriété universelle : soit $B$ un anneau (quelconque ? unitaire ?) et $f : \mathbb Z/15 \mathbb{Z} \longrightarrow B$ un morphisme d'anneaux quelconque.
    Supposons que pour tout $n$, $f(3^n)$ soit inversible.
    On doit trouver un morphisme $g : \mathbb Z/5 \mathbb{Z} \longrightarrow B$ tel que $g \circ l_5 = f$.
    $f$ est, et $g$ doit être, un morphisme de groupes, donc on doit avoir $f(0)=g(0)=0_B$.
    Il faut aussi qu'on ait $f(1)=g(1),\ldots,f(4)=g(4)$, donc si $g$ existe, ce qui précède confirme qu'il est uniquement déterminé.
    La question étant, $g$ ainsi défini est-il un morphisme d'anneaux ?
    $g(x+y)=f(x+y)=f(x)+f(y)=g(x)+g(y)$, $g(1)=f(1)=1$, $g(xy)=f(xy)=f(x)f(y)=g(x)g(y)$.
    Donc c'est bon je pense ?

    Bon, si je ne me suis pas gouré dans ce que j'ai écrit, on a bien que $\mathbb{Z}/5 \mathbb{Z}$ est "un" localisé.

    Deux localisés (du même anneau par rapport à la même partie multiplicative, bien entendu) sont-ils nécessairement isomorphes ?
  • Par rapport au message de reuns :

    Je suis d'accord pour trouver le plus petit idéal $I$ tel que $3$ n'est plus un diviseur de zéro dans $R/I$. Effectivement, puisqu'un élément inversible ne peut pas être un diviseur de $0$, autant quotienter pour que le machin qui doit devenir inversible ne divise plus $0$. Par contre, pourquoi le plus petit idéal est-il la somme des $aR$ pour $a$ diviseur de zéro ?
  • Salut
    Petite remarque : dire que pour tout $n$, $f(3^n)$ est inversible ça veux juste dire que $f(3)$ est inversible. Maintenant si tu as $f : R \to B$ un morphisme tel que $f(3)$ est inversible et bien $0 = f(0) = f(3 \times 5) = f(3) \times f(5)$ et comme $f(3)$ est inversible on a : $f(5) = 0$, et donc on peut factoriser le morphisme $f$ par la réduction modulo $5$.

    Après pour unitaire ou pas … je ne sais pas du tout perso je prends comme définition d'anneau : unitaire et commutatif.

    Pour ta question sur les isomorphismes. Oui, c'est général des problèmes universels, si tu as deux objets universels tu appliques la définition à l'un (avec l'autre) et à l'autre avec l'un et tu fais joujou avec l'identité.
    Donc ici : disons que tu as $R$ un anneau et $S$ un partie multiplicative. Soit $(L_1,\iota_1)$ et $(L_2,\iota_2)$ vérifiant la définition. Alors comme : $\iota_1 : R \to L_1$ inverse la partie $S$, tu peux factoriser $\iota_1 = \phi_1 \circ \iota_2$ (la propriété universelle pour $L_2$). Tu fais pareil pour $\iota_2 : R \to L_2$ inverse $S$ et donc il existe $\phi_2$ tel que $\iota_2 = \phi_1 \circ \iota_1$.
    Donc : $\
    \phi_1 \phi_2 \iota_1 = \iota_1.
    $ Maintenant tu regardes $$
    \xymatrix{
    R \ar[r]^{\iota_1} \ar[d]^{\iota_1} & L_1 \\
    L_1 \ar[ru]_{\phi_1 \phi_2}
    }
    \qquad
    \xymatrix{
    R \ar[r]^{\iota_1} \ar[d]^{\iota_1} & L_1 \\
    L_1 \ar[ru]_{\text{Id}_{L_1}}
    }
    $$ Tu as deux factorisations de $\iota_1$ dans le localisé $L_1$ (faut rester zen ici, j'ai mis la localisation de haut en bas) : $\text{Id}_{L_1}$ et également $\phi_1 \circ \phi_2$. Par unicité dans la propriété universelle tu en déduis que $\phi_1 \circ \phi_2 = \text{Id}_{L_1}$.
    Enfin vérifie j'ai écrit assez vite fait !
  • C'est d'ailleurs mieux que "unique à iso près", c'est "unique à unique iso près" où le deuxième "unique" fait référence aux isos qui commutent avec le morphisme partant de $A$.
    À nouveau c'est un fait général concernant les propriétés universelles.
  • Si $3$ n'est pas un diviseur de $0$ dans $R/J$ alors $3^na = 0 \in R/J \implies 3^{n-1} a =0 \in R/J$ donc $J$ contient les $a\in R$ tels que $ 3^n a=0\in R$ donc $J$ contient $$
    I = \sum_{\substack{a\in R\\ \exists n,\, 3^n a=0\in R}} aR.

    $$ Si $3=0$ dans $R/I$ alors c'est fini $3^{-1}R=\{0\}$.
    Sinon $3\ne 0$ dans $R/I$, supposons que $3 b=0$ dans $R/I$, alors $3 b=\sum_j a_jr_j \in I$ (ici je suppose que $I$ est finiment généré, que $R$ est noethérien..) donc $3^n b =\sum_j 3^n a_jr_j= 0 \in R$ donc $b\in I$ donc $b=0\in R/I$.
    Donc $I$ est bien le plus petit idéal tel que $3$ n'est pas un diviseur de $0$ dans $R/I$ et on a $$3^{-1} R = R/I[x]/(3x-1).

    $$ Si $f$ est un morphisme $R\to S$ tel que $f(3)\in S^\times$ alors $$f : R \to R/I\to 3^{-1}R\to S$$
  • Le dernier message de Goleon m'a donné une bonne vision de pourquoi $\mathbb{Z}/ 5 \mathbb{Z}$ apparaît naturellement ici.

    Par contre je bugue complètement sur ce que dit reuns. Pas à pas :

    Supposons que $3$ ne soit pas un diviseur de $0$ dans $R/J$.
    Si $3^na = 0$ dans $R/J$, alors $3^n-1a =0$ dans $R/J$. D'accord.
    Donc $J$ contient les $a$ tels que $3^na = 0$ dans $R$... par récurrence sur $n$ ? On part de $3^na=0$, comme ce n'est pas $3$ qui divise $0$, on divise par $3$ et on trouve $3^na=0$, puis on recommence et on finit par avoir $a=0$ dans $R/J$, donc $J$ contient $a$ dès que $3^na=0$ dans $R$. D'accord.
    Comme $J$ est un idéal, il contient $aR$ tout entier dès qu'il contient $a$ (parce que les idéaux sont des "aspirateurs" multiplicatifs). D'accord.
    Comme $J$ est en particulier un groupe abélien, il va contenir les sommes de $aR$. D'accord.
    Donc $J$ contient effectivement ce que reuns a appelé $I$. D'où le fait que ce $I$ soit le plus petit idéal tel que [...]. Jusque-là j'ai compris.

    Quand $R = \mathbb{Z}/ 15 \mathbb{Z}$, ben... les $a$ qui conviennent sont $5$ et $10$, et comme $5 \mathbb{Z} + 10 \mathbb{Z} = 5 \mathbb{Z} := (5)$, j'ai fini la première étape du truc de reuns.


    Si $3=0$ dans $R/I$, je n'ai pas encore compris pourquoi c'est évident que le localisé est trivial...
  • Si $3=0$, le localisé est trivial parce que $1/1=0/1$ parce que $3\times(1\times1-0\times1)=0$.
    Pour rappel, $a/s=b/t$ s'il existe $u$ dans $S$ tel que $u(at-bs)=0$.
  • Un point de vue un peu différent. On part de $\Z/15\Z\simeq\Z/5\Z\times\Z/3\Z$ (produit d'anneaux). Par l'isomorphisme le plus naturel, $3\in\Z/15\Z$ a pour image $(3,0)$. On veut localiser par la partie $S=\{(3,0)^k,\ k\in\N\}$. Comme $3$ est inversible modulo $5$ et nul modulo $3$, inverser par $(3,0)$ laisse le premier facteur inchangé et tue le second.

    En effet, regardons à quelle condition on a $a/s=b/t$ avec $a=(a_1,a_2)$ et $b=(b_1,b_2)$ dans $\Z/5\Z\times\Z/3\Z$ et s,t\in S. C'est qu'il existe $u=(u_1,u_2)$ tel que $u(at-bs)=0$, c'est-à-dire $\bigl(u_1(a_1t_1-b_1s_1),0\bigr)=0$. Comme $u_1$, $t_1$ et $s_1$ sont inversibles, c'est équivalent à $a_1s_1^{-1}=b_1t_1^{-1}\in\Z/5\Z$. Autrement dit, $(a_1,a_2)/s=(b_1,0)/(1,1)$ pour $b_1=a_1s_1^{-1}$.
    Bilan : tout élément de $S^{-1}A$ est égal à $(b_1,0)/(1,1)$ pour un unique $b_1\in\Z/5\Z$.
  • J'ai encore beaucoup de choses à comprendre rien que sur l'exemple de $\mathbb{Z}/15 \mathbb{Z}$...

    Prenons un truc un peu plus abstrait, je pense que ça va m'aider ici.

    On a donc un $\mathbb{Z}/n \mathbb{Z}$, et supposons qu'on ait sa décomposition (j'écris ça à la va-vite) : $\mathbb{Z}/n \mathbb{Z} \simeq \mathbb{Z}/a_1^{m_1} \mathbb{Z} \times ... \times \mathbb{Z}/a_N^{m_N} \mathbb{Z}$.

    Soit $x \in \mathbb{Z}/n \mathbb{Z}$ non inversible.

    Comment exprime-t-on le localisé $x^{-1} \mathbb{Z}/n \mathbb{Z}$ à partir de ça ?
  • Heu ce genre de factorisation de $\mathbb Z/n \mathbb Z$ a peu de chance de se produire. Ne pas confondre $\left(\mathbb Z/p \mathbb Z\right)^2$ et $\mathbb Z/p^2\mathbb Z$ !
  • Oui, j'ai écrit n'importe quoi, j'ai rectifié et modifié ma question en conséquence
  • Reformulons : on prend un entier et on le factorise en produit de nombres premiers distincts : $n=\prod_{i=1}^rp_i^{v_i}$. On prend un certain nombre d'entiers $s_1,\dots,s_k$ et on veut localiser $A=\Z/n\Z$ par rapport à la partie $S$ qu'ils engendrent dans $\Z/n\Z$. Alors $S^{-1}A$ est $\prod_{i}\Z/p_i^{v_i}\Z$, le produit portant sur les $i$ tel que $p_i$ ne divise aucun des $s_j$.

    PS : il revient au même de localiser par rapport à la partie engendrée par $x=\prod_{j=1}^ks_j$.
  • C'est ce que je voulais savoir, je vais essayer de le montrer à la main plus tard (:D
  • Deux exemples amusants tirés de cette fiche de Diego Izquierdo.
    • Dans $A=\mathcal{C}^0([0,2])$, $S$ est l'ensemble des fonctions non nulles en $1$, c'est-à-dire le complémentaire de l'idéal maximal des fonctions nulles en $1$. Qu'est-ce que $S^{-1}A$ ?
    • Pour $f\in A$, on note $A[1/f]$ l'anneau localisé $T^{-1}A$ pour $T=\{f^n,\ n\in\N\}$. Montrer que $S^{-1}A=\lim\limits_{\overrightarrow{f\in S}}A[1/f]$.
  • Homo topi,
    Tu t'en sors ? J'ai pensé à la chose suivante, je pense que c'est ok, soit $R,R'$ deux anneaux, soit $(a,b) \in R \times R'$, est-ce que $$

    (R \times R')_{(a,b)} \simeq R_{a} \times R'_{b}

    $$ Ici je note $R_{\text{Machin}}$ le localisé de $R$ par rapport à la partie multiplicatif engendré par $\text{Machin}$. J'ai mis sous forme de question car je n'ai pas trouvé ce résultat dans le livre que j'ai regardé mais je pense que c'est ok. Bon si ce n'est pas bon, et bien quelqu'un nous le dira :-D
  • J'ai eu une tonne de choses à faire (surtout corriger des copies et préparer des conseils de classe) donc je n'ai pas vraiment avancé. Je vais y réfléchir maintenant, mais je préviens d'avance pour tout ce que je vais écrire aujourd'hui que je suis fatigué... la mauvaise fatigue où on est crevé sans arriver à dormir.
  • Alors... reprenons.

    On part de $A := \mathbb{Z}/15 \mathbb{Z}$, dans lequel $3$ n'est pas inversible car c'est un diviseur de $0$.

    On cherche donc à localiser $A$ pour rendre $3$ inversible. La partie multiplicative engendrée par $3$ est $S := \{1;3;6;9;12\}$.

    Donc du point de vue "fractions", j'ai des fractions avec un numérateur entre $0$ et $14$ et un dénominateur parmi $1$, $3$, $6$, $9$ et $12$.

    Comme $3 \times 5 = 0$ dans $\mathbb{Z}/15 \mathbb{Z}$, deux fractions $a/s$ et $a'/s$ de même dénominateur seront égales (entre autres) dès que $a' \equiv a [5]$ (donc on a la réduction modulo $5$ qui apparaît). Pour comparer des fractions de dénominateurs différents, je me suis fait un petit tableau avec un code couleur, et il n'y a effectivement que $5$ classes de fractions distinctes dans le quotient (donc on a un anneau de cardinal $5$ qui apparaît).

    Donc en bidouillant un peu, on fait bel et bien ressortir naturellement $\mathbb{Z}/5 \mathbb{Z}$.

    J'essaie encore d'écrire l'isomorphisme entre $S^{-1}A$ (le localisé "version fractions") et $\mathbb{Z}/5 \mathbb{Z}$. Les fractions de la forme $5n/s$ ont l'air d'être envoyées sur $0$, pour les autres, c'est moins évident. Je pense que les fractions $s/s$ sont envoyées sur $1$.
  • Les $s/s$ sont toujours envoyés sur $1$ par définition du localisé.
  • Pas faux :-D

    J'ai quand même du mal à transformer les choses en une formule qui marche pour toute fraction $a/s$ et qui soit un isomorphisme.
  • Hm... en principe, $3$ est inversible d'inverse $1/3$ dans $S^{-1}A$, et d'inverse $2$ dans $\mathbb{Z}/5 \mathbb{Z}$. Ça devrait être utile...
  • Bonjour,

    Est-ce que, par hasard :
    \begin{gather*}
    a/1 \mapsto a \pmod 5 \\
    a/3 \mapsto 2a \pmod 5 \\
    a/6 \mapsto a \pmod 5 \\
    a/9 \mapsto -a \pmod 5 \\
    a/12 \mapsto -2a \pmod 5
    \end{gather*}
    te conviendrait ?
  • Ce n'est pas un isomorphisme, il me semble, puisque chaque $a$ aura deux antécédents.

    Il n'y a pas une formule simple où on n'a pas besoin d'expliciter l'image de tout le monde ?
  • EEn fait, j'ai donné trop d'images, il suffit de
    \begin{gather*}
    a/1 \mapsto a \pmod 5 \\
    a/3 \mapsto 2a \pmod 5 \\
    a/9 \mapsto -a \pmod 5 \\
    a/12 \mapsto -2a \pmod 5
    \end{gather*}
    puisque :
    \[\left. \begin{array}{c}3\in S \\ 3 (a.1-a.6) \overset{(1)}= 0 \end{array} \right\rbrace \implies \frac a6 \overset{(2)}= \frac a1\]
    où l'égalité (1) est dans \(\mathbf{Z}/15\mathbf{Z}\) et l'égalité (2) dans le localisé.
  • Salut Homo topi:

    Tu l'as dit l'inverse de $3$ est $2$ dans $\mathbb{F}_5$ … $\frac{a}{3^k} \mapsto 2^k a \pmod{5}$ semble être un candidat, non ?
  • Ah... oui, je vois comment tu as fait. Pas bête !
  • Je suis satisfait de ce qu'on a écrit, je vais encore essayer de montrer le résultat annoncé par Math Coss sur le localisé de $\mathbb{Z}/ n \mathbb{Z}$ en général.

    Pas ce soir, je pense, je suis fatigué.
  • Homo Topoi,
    Je me permets une petite remarque du type ``automatic idempotent calculus''. L'anneau $\Z/15\Z$ fait partie d'une classe d'anneaux $R$ ayant la propriété : pour tout $x \in R$, il y a un entier $n \ge 1$ tel que l'idéal $\langle x^n \rangle$ soit engendré par un idempotent $e$, engendré au sens fort : i.e. il existe un inversible $\varepsilon \in R^\times$ vérifiant $e = \varepsilon \times x^n$.

    Exemple. Pour $x = 3$ dans $\Z/15\Z$, on a $6 = 2 \times 3$, $2$ est inversible et $6$ est idempotent : $6^2 = 6 \bmod 15$.

    $\bullet$ Revenons au premier paragraphe. La localisation en $x$, c'est la même chose que celle en $x^n$, et donc la même chose que la localisation en $e$.
    Or la localisation en un idempotent $e$, c'est canoniquement la même chose que le quotient par $1-e$ : $R_e \quad \buildrel {\rm can.} \over \simeq\quad R/\langle 1-e\rangle$. Canoniquement, j'insiste. Ce qui implique qu'il n'y a pas à chercher l'isomorphisme, il vient tout seul.

    Ainsi pour $R = \Z/15\Z$, on a $R_3 = R_6$ et comme $1-6 = -5$, on a $R_3 \simeq R/5R = \Z/5\Z$.

    $\bullet$ Justification de $R_e \quad \buildrel {\rm can.} \over \simeq\quad R/\langle 1-e\rangle$.
    1) Le morphisme de localisation $R \to R_e$ est surjectif. En effet, la partie multiplicative engendrée par l'idempotent $e$ est réduite à $\{1,e\}$. Et pour tout $y \in R$, on a $y/e = y/1$ comme on le voit en faisant le produit en croix et en multipliant par $e$.
    2) Le noyau de $R \to R_e$ est engendré par $1-e$. En effet, pour $x \in R$, que signifie que $x$ est nul dans $R_e$ ? Réponse : que $ex = 0$. C'est bien le cas de $x = 1-e$. Et si $x$ est tel que $ex = 0$, $x$ est multiple de $1-e$ : inutile de chercher le multiplicateur, c'est $x$ lui-même i.e. $x = (1-e)x$ vu que $ex = 0$.
    3) Le morphisme de localisation $R \to R_e$ est surjectif, de noyau $\langle 1-e\rangle$ et induit donc un isomorphisme $R/\langle 1-e\rangle \simeq R_e$.
    4) ``Intuition'' du truc. Si $e$ est idempotent i.e. $e^2 = e$ et que $e$ est inversible, c'est que $e = 1$. Donc en présence de $e^2 = e$, vouloir forcer $e$ inversible c'est la même chose que de vouloir forcer $1 - e = 0$.

    $\bullet$ Exemples d'anneaux rentrant dans la classe mentionnée au début : tous les anneaux finis et plus généralement les anneaux de dimension (de Krull) nulle.
    Note : ce type de localisation est vraiment particulier et ne reflète pas vraiment (à mon avis) la localisation.
  • J'aimerais démontrer le truc en deux temps. La première chose que j'aimerais démontrer, c'est ça (en admettant que c'est vrai, ça en a l'air en tout cas... on verra bien si j'arrive à le démontrer) :

    Soit $A$ un anneau, soient $S$ et $T$ deux parties multiplicatives de $A$. Alors $T^{-1}(S^{-1}A) \simeq <S \cup T>^{-1}A \simeq S^{-1}(T^{-1}A)$.

    Je pense qu'il n'y a qu'un seul des deux isomorphismes à montrer, si l'un marche, l'autre marchera aussi par symétrie.
    Pour simplifier, je vais noter $U=S \cup T$.

    Notons $(U^{-1}A, L)$ le localisé de $A$ par rapport à $U$, où $L$ désigne le morphisme $L : A \longrightarrow U^{-1}A$.

    Soit $(S^{-1}A, l_S)$ le localisé de $A$ par rapport à $S$, et $(T^{-1}(S^{-1}A), l_T)$ le localisé de $S^{-1}A$ par rapport à $T$.
    Je veux montrer que $(U^{-1}A,L)$ et $(T^{-1}(S^{-1}A), l_T \circ l_S)$ sont isomorphes, donc qu'il existe un isomorphisme $\mu : T^{-1}(S^{-1}A) \longrightarrow U^{-1}A$
    tel que $L = \mu \circ (l_T \circ l_S)$.

    Je dispose de trois propriétés universelles.

    Pour tout anneau $B$ et tout morphisme $f : A \longrightarrow B$, il existe un unique morphisme $\overline{f} : S^{-1}A \longrightarrow B$ tel que $f= \overline{f} \circ l_S$.

    Pour tout anneau $C$ et tout morphisme $g : S^{-1}A \longrightarrow C$, il existe un unique morphisme $\overline{g} : T^{-1}(S^{-1}A) \longrightarrow C$ tel que $g = \overline{g} \circ l_T$.

    Pour tout anneau $D$ et tout morphisme $h : A \longrightarrow D$, il existe un unique morphisme $\overline{h} : U^{-1}A \longrightarrow D$ tel que $h= \overline{h} \circ L$.

    En particulier, si $B := U^{-1}A$ et $f:=L$, on obtient un unique morphisme $\overline{L} : S^{-1}A \longrightarrow U^{-1}A$ tel que $L = \overline{L} \circ l_S$.
    Ensuite, en prenant $C:=U^{-1}A$ et $g:=\overline{L}$, on obtient un unique morphisme $\mu : T^{-1}(S^{-1}A) \longrightarrow U^{-1}A$ tel que $\overline{L} = \mu \circ l_T$.
    Donc on a : $L = \mu \circ (l_T \circ l_S)$, où $\mu$ est bien un morphisme.

    Pour voir que c'est un isomorphisme... Je ne sais pas encore.

    Et ceux que je vois venir pour me dire que je me complique la vie et qu'il y a nettement plus simple... laissez-moi faire à ma manière jusqu'à ce que je me retrouve bloqué :-D
  • Claude : je n'ai pas vraiment compris ce que tu as écrit, ça va un peu vite pour moi. Ces histoires de localisation par rapport à un idempotent, il va me falloir un moment pour comprendre. Et les dimensions de Krull, je sais juste que ça existe, je ne connais pas (encore).

    Je veux faire un exemple $\mathbb{Z} / n \mathbb{Z}$ pour m'entraîner, pour commencer, tant mieux si c'est facile. J'ai encore d'autres exemples à traiter après. J'essaie de me familiariser avec les notions, les méthodes, les interprétations. L'exemple avec l'anneau des fonctions continues risque de ne pas ressembler des masses à $\mathbb{Z} / n \mathbb{Z}$, donc je découvrirai d'autres difficultés à ce moment-là.
  • Je ne vois pas trop comment faire pour montrer que mon $\mu$ est un isomorphisme. Une piste ?
  • Tu peux lui construire un inverse ? En utilisant la propriété universelle de $U^{-1}A$.

    Autre exercice (qui rejoint un autre de tes fils :-D ) : soit $I$ un ensemble ordonné filtrant non vide et $(S_i)_{i\in I}$ une famille de parties multiplicatives de $A$, croissante pour l'inclusion ( $i\leq j \implies S_i \subset S_j$). On obtient par la propriété universelle des morphismes $S_i^{-1}A\to S_j^{-1}A$ dès que $i\leq j$. Soit $S= \bigcup_{i\in I}S_i$. Montrer que $S^{-1}A$ est la limite inductive des $S_i^{-1}A$ (de son vrai nom : colimite filtrante)
  • Je voulais me laisser ces histoires de limites pour plus tard, j'y reviendrai de toute façon. J'essaierai de ne pas oublier ce que tu dis ici.

    Pour l'instant je veux me familiariser avec la localisation, les anneaux locaux et plus loin les espaces localement annelés
  • J'avais essayé de trouver un inverse mais je m'étais emmêlé les pinceaux... j'accuse la fatigue.

    Réessayons :

    Pour tout morphisme $h : A \longrightarrow T^{-1}(S^{-1}A)$, il existe un unique morphisme $\overline{h} : U^{-1}A \longrightarrow T^{-1}(S^{-1}A)$ tel que $h = \overline{h} \circ L$. Si on prend $h := l_S \circ l_T$, on a donc $\overline{h}$ tel que $l_T \circ l_S = \overline{h} \circ L$.

    J'ai donc : $L= \mu \circ (l_T \circ l_S)$ et $(l_T \circ l_S) = \overline{h} \circ L$.

    Donc $(l_T \circ l_S) = (\overline{h} \circ \mu) \circ (l_T \circ l_S)$ et $L = (\mu \circ \overline{h}) \circ L$.

    Si j'ai bien retenu comment manier les PU depuis le fil sur les structures libres, ce n'est pas parce que $\mu$ et $\overline{h}$ sont uniques dans leurs PU respectives que $(\overline{h} \circ \mu)$ et $(\mu \circ \overline{h})$ sont automatiquement uniques dans les égalités ci-dessus. Si l'on arrive à justifier qu'ils le sont, alors c'est terminé.
  • Homo topi.
    Je n'ai pas tout lu ! Mais je pense que tu peux relire ici et regarder les deux diagrammes : $$
    L = (\mu \circ \overline{h}) \circ L \qquad \text{et}\qquad L = \text{id} \circ L
    $$ Ca t'aide ?
  • Pas tant que ça... en fait il faut que j'arrive à montrer que $T^{-1}(S^{-1}A)$ vérifie une PU de localisé de $A$, à partir de ça le reste serait gratuit, mais c'est justement ça qui bloque.

    Donc je voudrais montrer que pour tout anneau $R$ et tout morphisme $r : A \longrightarrow R$, il existe un unique morphisme $\overline{r} : T^{-1}(S^{-1}A) \longrightarrow R$ tel que $r = \overline{r} \circ (l_T \circ l_S)$.

    J'arrive sans problème à montrer qu'il y en a un, avec les PU ça se fait en 2-3 lignes. Mais l'unicité, comme je disais déjà... ce n'est pas parce que les deux PU que je vais utiliser me fournissent chacune un morphisme unique que la composée de ces deux morphismes est l'unique morphisme qui vérifie machin.
  • Un coup de main ?
  • Bah tu peux maintenant composer tes trucs avec l' "inclusion" $A\to U^{-1}A$ par exemple pour vérifier que ça ne change rien, et en déduire que ça doit être l'identité de $U^{-1}A$. De même pour l'autre en composant par exemple avec l'"inclusion" $S^{-1}A\to T^{-1}(S^{-1}A)$ pour en déduire que ton truc est l'identité de $T^{-1}(S^{-1}A)$
  • Soient $A$ un anneau commutatif, $T\subseteq A$ une partie, $S$ la plus petite partie de $A$ telle que $T\subseteq S$ et $S$ est stable par produit. Construire un isomorphisme entre $S^{-1}A$ et $A[X_{\tau}, \tau\in T]/\langle \tau X_{\tau} - 1, \tau \in T \rangle$.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • Foys : ça m'a l'air difficile mais j'essaierai !

    J'ai essayé d'écrire proprement ce qu'a dit Maxtimax mais je ne comprends vraiment pas l'histoire d'inclusion qui doit donner l'identité en composant.
  • Dans l'article Wikipédia en anglais sur la localisation, j'ai l'impression de comprendre que c'est mon $L$ de $(U^{-1}A,L)$ qui est "l'inclusion" $A \longrightarrow U^{-1}A$, auquel cas l'indication de Maxtimax ne fait aucun sens pour moi. Et si on considère une autre application $i : A \longrightarrow U^{-1}A$ qui à $a$ associe la classe de $(a,1)$ dans le quotient, je ne comprends pas trop comment m'en servir et trouver quelque chose avec une identité qui apparaît...
  • Bon, j'ai le cerveau un peu moins embrumé, je crois.

    Alors on a $L = (\mu \circ \overline{h}) \circ L = id \circ L$.

    La PU de $(U^{-1}A,L)$ nous dit que pour le morphisme $L : A \longrightarrow U^{-1}A$, il existe un unique morphisme $\overline{L} : U^{-1}A \longrightarrow U^{-1}A$ tel que $L=\overline{L} \circ L$. Or on sait que $\overline{L} = id$ fonctionne, mais $(\mu \circ \overline{h})$ aussi, donc $(\mu \circ \overline{h}) = id_{U^{-1}A}$.

    Dans l'autre sens, je ne suis pas encore sûr, à cause de ce que je disais avant.

    EDIT :

    Dans l'autre sens, j'ai donc $(\overline{h} \circ \mu) : T^{-1}(S^{-1}A) \longrightarrow T^{-1}(S^{-1}A)$ qui vérifie $(l_T \circ l_S) = (\overline{h} \circ \mu) \circ (l_T \circ l_S) = id \circ (l_T \circ l_S)$ et je veux aussi montrer que c'est l'identité.
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