Localisation (anneaux)

1234568»

Réponses

  • Bon, tu es d'accord que, en tant que matrices (sans impliquer $M$ pour le moment), on a $N(I_n-Y) = dI_n$, avec $N= {}^{t\!}\mathrm{com}(I_n-Y)$ ? Je vais noter $R=I_n-Y$

    Admettant ça, on va le réécrire : Pour tous $i,j,$ on a $\sum_k n_{ik}r_{kj} = d\delta_{ij}$

    Rappelons nous, au passage, que $\sum_q y_{pq}x_q = x_p$ donc $\sum_q r_{pq}x_q = \sum_q (\delta_{pq}-y_{pq})x_q = x_p - x_p = 0$. C'est ce qu'on aura envie de noter $RX = 0$ si on avait le droit. Moi je dis qu'on n'a pas besoin (en tout cas pour ici) de s'inventer un formalisme où on a le droit, puisque ce sont des calculs.

    Je vais calculer $\sum_{k,q} n_{pk}r_{kq}x_q$ de deux manières différentes. D'un côté, je sépare en deux sommes de cette manière : $\sum_k n_{pk}\sum_q r_{kq}x_q$ . Or $\sum_q r_{kq}x_q = 0$, par ce que j'ai dit plus haut. Donc cette somme vaut $0$.

    De l'autre, je sépare d'une autre manière : $\sum_q (\sum_k n_{pk}r_{kq} )x_q$. Or $\sum_k n_{pk}r_{kq}= \delta_{pq}d$, par ce que j'ai dit plus haut. Donc notre somme $= \sum_q d\delta_{pq} x_q = dx_p$.
    Donc $dx_p = 0$.

    C'est ce que j'essayais de dire en disant "c'est juste du calcul" : l'associativité de la multiplication des matrices c'est un calcul purement formel qui se fait en développant des sommes et en multipliant par des scalaires ; or tout ça on peut le faire dans $M$, donc aucun souci : c'est ce que le calcul que je viens de faire montre.
  • Ok, merci, ça commençait sérieusement à m'embrouiller cette histoire. En principe, c'est quelque chose que j'aurais dû réussir à faire tout seul, mais j'avais du mal à voir ce qu'il fallait faire.

    En attendant : on doit en déduire que $dM=(0)$, ça c'est bon. Et comme $d \in 1+I$, il existe $\alpha \in I$ tel que $(1+\alpha)M=0$ et le lemme sous cette forme est démontré.
  • Prenons $I=J$, le radical de Jacobson de $A$. J'admets les propriétés de $J$ que je devrais pourrais :-D démontrer à part.

    Si $M \subseteq JM$, alors il existe $\alpha \in J$ tel que $(1+\alpha)M=0$. J'utilise une propriété de $J$, à savoir que $\alpha \in J$ si, et seulement si, $1+\alpha x$ est inversible pour tout $x \in A$. Pour $x=1$, on obtient que $(1+\alpha)$ est inversible dans $A$. Je dois trouver que dans ce cas, $(1+\alpha)M=M$.

    Soit $z \in A$ inversible. A-t-on $zM=M$ ? Le sens $zM \subseteq M$ est évident. Dans l'autre sens : soit $x \in M$. On cherche s'il existe $y \in M$ tel que $x=z \cdot y$. Il suffit de prendre $y = z^{-1} \cdot x$ et c'est réglé. On a ce petit corollaire sous la main.

    La propriété de $J$ que j'ai utilisée est démontrée sur Wikipédia.
  • Bon, maintenant pour le cas général.

    $A$ est toujours un ACU, $M$ est toujours un $A$-module de type fini, $I$ est toujours un idéal de $A$ et $N$ est un sous-$A$-module de $M$. On veut montrer que si $M \subseteq (IM+N)$, alors il existe $\alpha \in I$ tel que $(1+\alpha)M \subseteq N$.

    Supposons donc que $M \subseteq (IM+N)$, et définissons $N' = M/N$. $N'$ est de type fini, ça ça va. Il faut montrer que $N' \subseteq IN'$. Après ça, je comprends le reste de la preuve sur Wikipédia.

    J'ai un théorème dans mon bouquin (pour moi : théorème 11.12) qui dit que si $Z$ est un module et si $W$ est un sous-module de $Z$, alors l'application $\varphi : P \longmapsto P/W$, qui envoie un sous-module de $Z$ contenant $W$ sur le sous-module $P/W$ de $Z/W$, est une bijection.

    Donc ici : je prends $Z=IM+N$ et $W=N$. $N$ est un sous-module de $M$, qui est un sous-module de $IM+N$, donc ça marche. Ce théorème me dit que pour $P=M$, l'image $N':= M/N$ de $M$ par $\varphi$ est un sous-module de $(IM+N)/N$. Maintenant, j'aimerais que $(IM+N)/N$ soit égal à $(IM)/N + N/N$, qui lui est égal à $(IM)/N$, et j'aimerais que $(IM)/N$ soit égal à $I(M/N)$, c'est-à-dire $IN'$.

    Donc je dois montrer ces deux résultats-là (le mieux, ça serait dans le cadre le plus général possible), et j'aurai compris la preuve du lemme de Nakayama "général".
  • Ces trucs-là sont tous très faciles à montrer, pour ce faire il faut juste que tu aies l'intuition de ce qui se passe (si tu cites ce théorème en mode "il faudrait montrer que" et pas "il est évident que", je crois en déduire que tu n'as pas -encore- ladite intuition). Pour l'obtenir, tu devrais vraiment regarder des ensembles de sous-modules et de modules quotients et voir ce qui se passe à chaque fois.

    Comprendre que quand on dit "$M/N$ c'est comme $M$ mais on a décrété $N=0$", c'est vraiment ça etc.
  • Je fais toujours une différence entre "le résultat me paraît logique" et "je sais quoi écrire pour démontrer le résultat". J'y réfléchis.
  • Le premier truc que je veux montrer, il me semble, c'est :

    Soit $R$ un anneau, $M$ un $R$-module, et $A$, $B$ et $C$ trois sous-modules de $M$ tels que $C$ est un sous-module de $A$ et de $B$.
    A-t-on $(A+B)/C \simeq A/C + B/C$ ?

    Je suppose qu'il faut regarder $\varphi : A/C + B/C \longrightarrow (A+B)/C$, $\overline{a} + \overline{b} \longmapsto \overline{a+b}$, mais si $A$ et $B$ sont quelconques (par exemple, non disjoints) je ne suis pas sûr que c'est un isomorphisme. Je ne suis pas trop sûr que c'est la bonne application, non plus...
  • Le résultat est vrai et c'est la bonne application (encore faut-il voir pourquoi elle est bien définie, puis prouver que c'est un isomorphisme - pourquoi n'essaies-tu pas ?); mais ce n'est pas celui-là que tu veux utiliser (puisqu'a priori, on n'a pas $N\subset IM$, alors que c'est dans ce cadre que tu veux l'utilisee)

    Tu peux prouver cependant quelque chose comme "l'image de $A$ par la projection canonique $M\to M/C$ est $(A+C)/C$" (que $A$ contienne $C$ ou pas !) et "$I(M/N)$ est l'image par ladite projection de $IM$"
  • J'étais trop fatigué (je suis malade, comme à chaque fois que j'ai des vacances...) alors je suis allé dormir. Et là 3 heures plus tard je suis de nouveau réveillé, parce que mon corps trouve que bien sûr que 3h de sommeil ça suffit. Je verrai si je trouve quelque chose avant de me rendormir.
  • Je dis juste un petit quelque chose. Il n'y a jamais eu, pour Nakyama, de matrices à coefficients dans un module. Et c'est important, dans le contexte $a,b,c,d \in A$ (scalaires donc) et des habitants $v_1, v_2, v'_1, v'_2$ d'un $A$-module ($v$ pour vecteur) de pouvoir écrire des choses du type
    $$
    \left\{
    \begin {array}{c}
    v'_1 = a v_1 + b v_2 \cr
    v'_2 = c v_1 + d v_2 \cr
    \end {array}
    \right.
    \quad \text{pareil que} \quad
    \left[ \matrix {v'_1\cr v'_2\cr} \right] \ \buildrel {(\heartsuit)} \over = \
    \left[ \matrix {a &b\cr c &d \cr} \right]
    \left[ \matrix {v_1\cr v_2\cr} \right]
    \quad \text{donc} \quad
    \delta \left[ \matrix {v_1\cr v_2\cr} \right] =
    \left[ \matrix {d &-b\cr -c &a \cr} \right]
    \left[ \matrix {v'_1\cr v'_2\cr} \right]
    \quad \text{avec} \quad
    \delta = \left| \matrix {a &b\cr c &d \cr} \right| = ad -bc
    $$Détails : je pose $B = \left[ \matrix {a &b\cr c &d \cr} \right]$ et je multiplie $(\heartsuit)$ par la cotransposée $\widetilde B = \left[ \matrix {d &-b\cr -c &a \cr} \right]$, en utilisant $\widetilde B\, B = \delta\, \text{Id}_2$.

    Exemple : soit $B : \Z^2 \to \Z^2$ une matrice $2 \times 2$ à coefficients entiers de déterminant $\delta$. Bien entendu, il n'est pas vrai qu'un vecteur $v \in \Z^2$ quelconque est dans l'image de $B$. Ce qui est vrai c'est que $\delta\, v$ est dans l'image de $B$. Ce n'est pas rien.
  • Je veux bien. J'ai un peu de mal à expliquer en français pourquoi ça me dérange un peu de présenter les choses comme ça.
  • Quelqu'un peut me réexpliquer comment montrer que $N' \subseteq IN'$ (cf ce message) ? Je me suis perdu en chemin dans ce qu'a dit Maxtimax en dernier. J'ai le cerveau embrumé (je suis malade).
  • On a $M \subset (IM + N)$, donc tout élément de $M$ s'écrit sous la forme $x=\sum_{j=1}^m i_jx_j + n$ avec $i_j \in I, x_j \in M, n \in N$.

    La classe de $x$ modulo $N$ vaut donc la classe $\overline{\sum_{j=1}^m i_jx_j}$ de $\sum_{j=1}^m i_jx_j$, qui vaut $\sum_{j=1}^m i_j \overline{x_j}$ (par compatibilité de la multiplication externe avec le passage au quotient par un sous-module). On a donc bien que tout élément de $N'$ est de la forme voulue, soit $N' \subset IN'$.
  • OK, ça va, j'ai compris finalement. Je ne sais pas trop ce qui n'était pas clair, en fait, après avoir lu ce que tu as écrit. On va dire que c'est parce que je suis malade que je ne suis pas bien concentré :-D
  • Bon, on va dire que le lemme de Nakayama, c'est fait.

    Je pense avoir trouvé pourquoi le cas des anneaux locaux est important ici.
  • Quelqu'un sait ce que ça veut dire quand ils disent qu'une base "lifts to" un ensemble minimal de générateurs, exactement ? J'ai déjà vu cette expression dans des textes de maths en anglais mais je ne sais pas comment la comprendre, je pense que c'est un terme technique.
  • "se relève" : si tu as une base $e_1,...,e_n$ de $M/\mathfrak m M$ en tant que $R/\mathfrak m$-espace vectoriel, alors tu peux la relever en $x_1,...,x_n$ tels que $\pi(x_i) = e_i$, où $\pi :M\to M/\mathfrak m M$ est la projection canonique, et tels que $x_1,...,x_n$ est un ensemble minimal de générateurs de $M$

    (en fait c'est plus fort que ça : n'importe quel relèvement $x_1,...,x_n$ est un tel ensemble minimal de générateurs. )
  • Je sais traduire "lift" en français, mais même là, je ne suis pas sûr... c'est quoi "un relèvement $x_1,...,x_n$" ?

    Je crois comprendre que pour toute base $(e_1,...,e_n)$, il existe une ensemble minimal de générateurs $(x_1,...,x_n)$ tels que $\pi(x_i)=e_i$ pour tout $i$. C'est ça, c'est plus que ça ?
  • C'est ça (la phrase que j'ai écrite après ma traduction)

    Pourquoi relèvement ? Parce que tu pars d'éléments de $M/\mathfrak m M$ et tu les remontes à $M$ dans ce diagramme : $\xymatrix{& M \ar[d] \\
    n\ar[r] \ar@{.>}[ru] & M/\mathfrak m M}$
  • D'accord. Le résultat n'a pas l'air d'être trivial, il faudra que je réfléchisse si j'arrive à trouver des pistes pour démontrer quelque chose.
  • En fait, la preuve est dans le Atiyah-Macdonald.

    Bon. Est-ce qu'il me reste encore des trucs fondamentaux/importants à voir sur la localisation en général ?
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.