Application des topos

Bonsoir,

Quelles sont les applications concrètes de la théorie des topos en dehors de la logique (pas que ça ne m'intéresse pas mais je n'y connais rien donc ça ne me parlerait pas beaucoup). Je suis particulièrement intéressé par les applications en géométrie algébrique.

Quand je dis "exemple concret", je veux dire prouver un théorème qui ne contient pas le mot "topos" dedans par exemple et qui est intéressant sans les topos.

Par exemple, une motivation concrète pour moi d'étudier les champs est de mieux comprendre les quotients en géométrie algébrique.

Merci d'avance !

Réponses

  • Est-ce que ça te va si je te donne une application de logique en géométrie algébrique qui est permise par les topos ? :-D
  • Oui avec plaisir ! :-D
  • Eh beh tu n'es certainement pas sans savoir que la logique interne d'un topos est, en général, intuitionniste, et pas classique.
    Donc ça fait un peu une contrainte quand on veut y travailler; mais aussi, quand on essaie d'y travailler, beaucoup de choses peuvent se simplifier.

    Par exemple, si $(X,\mathcal O_X)$ est un espace localement annelé (on peut penser aux schémas 8-) ), dans le langage interne de $Sh(X)$, $\mathcal O_X$ n'est pas "un faisceau en anneaux dont les germes en chaque point forment un anneau local", non non : c'est un anneau local (au sens où il satisfait $\forall x, \exists y, xy = 1\lor (1-x)y =1$ - attention, comme la logique interne n'est qu'intuitionniste, il faut distinguer les différentes notions d'anneau local).

    Donc si tu peux prouver intuitionnistement des résultats sur les anneaux locaux, ils viennent gratos dans ton topos, et après tu peux les réinterpréter dans le monde usuel et obtenir des résultats sur tes schémas.

    Il y a un énoncé qui est apparemment (je n'ai jamais vérifié) qualifié de "dur" dans Vakil, qui est que si tu as un schéma réduit $X$ (peut-être d'autres hypothèses, je sais plus trop j'avoue, mais je crois que c'est tout), et un faisceau de $O_X$-modules $\mathcal F$ qui est de type fini; alors il est localement libre sur un ouvert dense.
    Je ne sais pas à quoi ressemble la preuve à laquelle pense Vakil, mais dans ce setup elle est relativement simple : tu interprètes l'hypothèse sur $X$ ("réduit") comme un énoncé sur $O_X$ dans le langage interne : ça se traduit par $Sh(X) \models \lceil O_X$ est un corps $\rceil$; et donc dans le langage interne tu peux faire une preuve du résultat intuitionniste suivant :
    "Soit $K$ un corps et $V$ un module dessus, de type fini. Alors $V$ n'a pas pas de base".
    "pas pas" devient " sur un ouvert dense" et on retrouve le résultat de Vakil.

    Bref, faire de l'algèbre linéaire ou de l'algèbre commutative intuitionniste te permet de la faire marcher dans $Sh(X)$ (qui est un "topos localement annelé") lorsque $X$ est un schéma, et donc d'avoir des énoncés prouvés élémentairement alors qu'ils sont potentiellement durs.

    Je ne sais pas quelle est la portée de cette technique, mais c'est essentiellement le domaine de recherche de Ingo Blechschmidt, et il a l'air de dire que ça peut donner des trucs cools.
  • L'énoncé précis dans Vakil est : Si $X$ est réduit, et $\mathscr{F}$ un $\mathcal{O}_X$-module quasi-cohérent, de type fini ET de rang constant, alors $\mathscr{F}$ est localement libre. C'est l'exo 13.7.K, il est aussi dans Hartshorne (ex II.5.8), qui lui ne le qualifie pas de dur (quand Hartshorne met une étoile, en général c'est épicé :-D).

    Je met la preuve ici pour réf: on se ramène au cas affine puisque la question est locale, on pose $n$, on prend un point $\mathfrak{p}$, des générateurs $x_1,\ldots,x_p$ de la tige de $\mathscr{F}$ en ce point définies sur un ouvert (qu'on peut prendre affine $U$), l'application ${\mathcal{O}_X}^{\oplus p}_{|U} \to \mathscr{F}$ définie par ces sections est surjective, donc aussi au voisinage de $\mathfrak{p}$ (disons $V$), reste à voir pour l'injectivité. On restreint tout à $V$, si $\sum r_i x_i = 0$ avec disons $r_1 \neq 0$, alors on a au moins $r_i \not \in p$, et $D(r_1)$ n'est pas tout $V$ (par réduction), donc on peut localiser en $r_1$, et trouver un idéal premier $\mathfrak{q}$ tel que $x_1 = - \frac{1}{r_1}\sum\limits_{k=2}^p(r_i x_i)$, ça contredit l'hypothèse sur le rang, c'est gagné.

    Bon, j'avoue, la preuve avec topos à l'air cool :-D, tu l'as trouvée où? (ou peut-être trouvée toi-même?)
  • D'ailleurs, je viens de voir que j'ai mal lu et qu'en fait, tu parlais d'un énoncé plus simple (pas qualifié de dur lui), si $\mathscr{F}$ est un $\mathcal{O}_X$-module (quasi-cohérent, encore), finiment présenté, sur un schéma réduit $X$ alors il est localement libre sur un ouvert dense.

    Du coup la preuve de Vakil doit en fait être assez proche de celle que tu as donnée, modulo un changement de langage: sur chaque composante irréductible, on a un schéma intégral (réduit + irreductible), en son point générique $\eta$, la fibre est un corps, donc $\mathscr{F}_\eta$ est libre, en bidouillant l'hypothèse de présentation finie ça implique que $\mathscr{F}$ est libre sur un voisinage de $\eta$, i.e sur un ouvert (automatiquement dense), c'est le même genre d'idée. Ca serait rigolo d'écrire un dictionnaire "langage topos $\mathrm{Sh}(X)$" $\iff$ "langage schéma". On fait alors la réunion de ces ouverts sur chaque composante irréductible.

    Edit: j'ai un petit doute sur le coup de travailler composante irréductible par composante irréductible si $X$ n'est pas noetherien. Il me semble que dans ce cas, une écriture en réunion de composante irréductible existe encore (avec un petit coup de Zorn), mais je n'y mettrais peut-être pas ma main à couper.
  • Pourquoi Grothendieck a-t-il introduit les topos ?
    Pour pouvoir parler de la topologie étale et de la cohomologie étale. La topologie étale n'est pas une topologie au sens ordinaire. Elle sert, en gros, à avoir un théorème d'inversion locale en géométrie algébrique. Pour ce faire, il faut sortir du sens habituel de "local" et autoriser qu'un voisinage d'un point sorte de l'espace.
  • Chat-Maths : ton énoncé plus simple est peut-être celui-ci mais il y a plus d'hypothèses que dans mon souvenir - notamment la quasi-cohérence et la présentation finie n'étaient pas dans mon souvenir :-S Je vais essayer de retrouver l'énoncé précis pour ne pas dire de bêtises, a priori il est quelque part sur le site d'Ingo.

    Et justement, l'un des buts d'Ingo est d'établir le dictionnaire que tu mentionnes ! Et de voir que le côté gauche est en général beaucoup plus simple (si on se restreint à ne pas utiliser le tiers exclu :-D )
  • Chat-maths,
    Au fait, je ne t'ai pas oublié, si, si.

    A propos de ton post, une fois que tu es passé en affine, pourrais tu donner l'énoncé équivalent en algèbre commutative ? Du type : soit $E$ un module de type fini (de présentation finie ?) sur un anneau commutatif $A$ tel que .. Alors ...etc... Merci.
  • Bonjour,

    Je n'y comprends rien mais j'ai lu des choses intéressantes sur la page personnelle d'Olivia Caramello (dans "Unifying theory").
  • Chat-Maths : Voir ces slides (la slide 15 plus précisément) . Il parle effectivement de l'exo 13.7.K, mais il mentionne moins d'hypothèses (pas de quasi-cohérence, pas de rang constant); et la conclusion est plus faible (localement libre sur un ouvert dense).
    En traduisant en topos, j'ai pas l'impression que ces hypothèses interviennent, mais je le fais peut-être trop à l'arrache et il faudrait certainement plus travailler en soi mais je voudrais bien voir d'où elles sortent si elles sont effectivement nécessaires à l'exo.
  • Maxtimax : Merci beaucoup de ton exemple !!

    GaBuZoMeu : quelle partie de la cohomologie étale utilise vraiment les topos ? Pour avoir un peu essayé de comprendre la cohomologie étale (en lisant ces notes : https://www.jmilne.org/math/CourseNotes/LECc.pdf ), et il me semble qu'on pourrait juste s'en sortir avec la notion d'un site et d'une topologie de Grothendieck (mais je ne connais pas bien les preuves : peut-être qu'on a besoin aussi des topos). Mais c'est possible je prenne le problème à l'envers, et que les topos sont le lieu "naturel" pour la cohomologie étale.
  • À quoi sert un site, sinon à pouvoir avoir des faisceaux dessus ? Et un topos de Grothendieck, n'est-ce pas la catégorie des faisceaux sur un site ?
    Pour moi, topologie de Grothendieck = topos de Grothendieck. Ça me semble indissociable.
  • @Claude: Je peux essayer une version "algèbre commutative" de l'énoncé oui, il y a un petit point sur lequel je ne suis pas sûr, donc je vais simplement énoncer le truc tel que je le pense, et si c'est faux on ne manquera pas de m'attaquer au coupe-gorge :-D. La version "simple":

    Si $M$ est un module de type fini sur un anneau commutatif intègre $A$, il existe $f \in A$ tel que $M_f$ soit un $A_f$-module libre.

    Et là, si je dis pas de connerie, c'est le "Generic freeness" de Grothendieck, qui est en tout cas vrai pour des machins noetheriens... Donc j'ai bien fait d'emmettre un doute sur mon post plus haut, il faut probablement supposer $X$ (et donc, dans l'énoncé au dessus, $A$) noetherien . (Si c'était vrai en toute généralité, ça se saurait non? :-D)

    Sinon, l'autre énoncé (le premier des deux plus haut) devrait pouvoir se traduire comme ça: si $A$ est un anneau réduit, $M$ un module sur $A$ de type fini de "'rang constant", i.e l'entier $r(\mathfrak{p}) = \mathrm{Dim}_{A_{\mathfrak{p}}}\left(M_{\mathfrak{p}} \otimes_{A_\mathfrak{p}} A_\mathfrak{p}/(\mathfrak{p}A_\mathfrak{p})\right)$ ne varie pas avec $\mathfrak{p}$. Alors pour tout idéal premier $\mathfrak{p}$, il existe $f \not \in \mathfrak{p}$ tel que $M_f$ soit un $A_f$-module libre. (Et $M$ devrait être projectif au passage).

    Là j'ai moins de doute sur le fait d'avoir oublié une hypothèse noetherienne, mais peut-être que $M$ doit être supposé de présentation finie, voir "cohérent" dans ce cas...

    Edit: Moui, faudrait que j'écrive les détails mais je pense bien qu'une histoire de présentation finie a été oubliée dans le deuxième énoncé, en tout cas si on veut "calquer version modules" la preuve que j'ai donnée en version faisceaux.
  • @Maxtimax:

    Je vais lire ces slides, c'est juste possible que l'énoncé qui y soit simplement un poil différent et un poil plus général. Pour ma part j'ai l'impression de vraiment utiliser la quasi-cohérence dans les preuves que j'ai données, pour balancer des trucs commes "$\Phi$ est surjective en $\mathfrak{p}$ donc dans un voisinage Zariski de $\mathfrak{p}$", il faut que le support de $\mathrm{Coker}(\Phi)$ soit fermé, et les support fermés, c'est un truc de faisceaux quasi-cohérents de type finis.
  • Chat-Maths : j'en profite pour te dire (vu que tu le mentionnes) que Ingo traite aussi le Generic freeness lemma de manière constructive, de sorte à pouvoir en déduire un résultat sympa sur les faisceaux - c'est sur son site aussi ;-)

    Sinon oui je vois bien dans ta preuve où interviennent les hypothèses, mais pas dans "la mienne"
  • $\def\fp{\mathfrak p}$Chat-Maths,
    Merci. Je me doutais bien que c'était quelque chose comme cela mais je suis toujours aussi peu habile avec certains discours géométriques.

    Pour le deuxième énoncé, inutile de supposer l'anneau réduit. De type fini suffit et tu peux mettre un peu de mou en supposant la fonction rang localement constante au lieu de constante. Cela évite de figer le rang. Et on obtient l'ouverture : du point $\fp$ à un voisinage $D(f)$ de $\fp$. Et on finit par obtenir $M$ projectif (mais pas de rang constant à cause du mou).

    Au lieu de type fini et rang localement constant, on peut mettre de présentation finie.

    Quand au premier énoncé https://arxiv.org/abs/1807.01231
  • Donc tu dis que si on suppose "Type fini + rang localement constant", on a quand même la conclusion "Pour tout $\mathfrak{p}$, il existe $f \not\in \mathfrak{p}$ tel que $M_f$ est un $A_f$-module libre"? Je veux bien te croire, sachant que tu es une pointe de l'algèbre commutative, mais du coup, j'essaye de comprendre exactement pourquoi Harthshorne et Vakil s'embêtent avec ces histoires de réduction.

    J'ai l'impression que les deux veulent un truc de rang constant parce que les projectifs de rang constant sont intéressants "géométriquement": on les voit comme des fibrés vectoriels, et on aime bien les fibrés de rang fixés :-D. En tout cas, sans l'hypothèse de réduction, j'ai l'impression qu'on ne peut pas espérer du rang constant (vu l'exemple que donne Vakil: $A = k[x]/(x^2)$ et $M = A/x$).

    Et le lien pour le Generic Freeness est exactement celui dont parle Max je crois!
  • Chat-Maths (suite)
    Il s'agit de minimiser les hypothèses de manière à obtenir des EQUIVALENCES. Mais regarde comme c'est subtil entre le th 1 et le th 2 selon le fait que tu figes le rang ou pas. C'est extrait d'un ouvrage sérieux (note : j'ai vu parfois, chez d'autres auteurs moins sérieux, un certain nombre d'énoncés faux).103056
    103060
    Th1.png 120.6K
    Th2.png 62.5K
  • Oh, je reconnais la police d'écriture de cet "ouvrage sérieux" (:P)
    J'avais déjà vu ça, et même probablement lu la preuve. J'ai une propension absolument terrible à tout oublier, et je dois relire les choses en boucle et en boucle... Bref, je vais aller me refaire un coup, c'est dans le chapitre II, right?
  • CQ a écrit:
    extrait d'un ouvrage sérieux

    Je n'y connais rien, mais il semble y avoir des coquilles gênantes pour un débutant comme moi: lire l'idéal $A$ me pose problème à la (d)

    Est-ce que tu pourrais me dire ce que signifie $P_f; A_f$ à la (e) (je comprends le reste), ça me semble la caractérisation la plus courte pour moi à retenir. J'aurais augmenté ma culture?

    Merci
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • $A$ est un idéal de l'anneau $A$, c'est pas une coquille!

    Les indices $f$: $M_f$ désigne la localisation du $A$-module $M$ par rapport à la partie multiplicative $1, f, f^2, \ldots$.

    Mais là, du coup, je n'y comprends plus rien avec l'exemple de Vakil, j'ai pourtant fait et rédigé cet exercice il y a un ou deux mois, et maintenant, les choses sont aussi peu claires que si je n'avais rien fait!

    Donc, avec l'anneau $A = k[x]/(x^2)$ et le $A$-module $M = A/(x) = k$. $M$ est bien de type fini (c'est carrément un module cyclique!). Le rang de $M$ est on ne peut plus constant, car $\mathrm{Spec}(A)$ est réduit à un point. Et $r(\mathfrak{p}) =\mathrm{dim}(M_{(x)} \otimes_{A_{(x)}} \kappa((x))) = 1$... Mais $M$ n'est pas projectif.


    @Claude: Je crois que j'ai trouvé ce qui me chifonne! Pour Bourbaki, le rang, c'est le rang de $M_{\mathfrak{p}}$ lorsque ce dernier est un module libre, pour Vakil, c'est la dimension du $A_{\mathfrak{p}}/(\mathfrak{p}A_\mathfrak{p})$-ev $M_{\mathfrak{p}} \otimes A_{\mathfrak{p}}/(\mathfrak{p}A_\mathfrak{p})$. Du coup, l'énoncé de Bourbaki et de Vakil diffèrent bien un peu! Vakil dit que quand son rang est constant et l'anneau réduit, alors le module est projectif de rang constant. On ne parlait donc pas exactement de la même proposition depuis le début (:P)
  • Christophe : $A$ est un idéal de $A$, non ?

    Pour un $A$-module $M$, et $f\in A$, $M_f$ est le localisé de $M$ en $f$, c'est-à-dire le module muni d'un morphisme de $A$-modules $M\to M_f$ universelle pour la propriété que la multiplication par $f$ est inversible sur $M_f$.
  • @CC : la mise de $f$ en indice désigne en général la localisation par rapport à la partie multiplicative $\{f^n \mid n \in \mathbb N\}$.
  • Pour revenir au sujet du fil et ce que dit GBZM, d'une manière très générale, Lupulus, mais je ne sais pas si tu connais toute cette liste, il semble que ce soit un démarche généralisée dans les maths:

    1/ on ajoute les nombres négatifs
    2/ on ajoute des inverses aux nombres entiers
    3/ on ajoute des infinis
    4/ on ajoute du pouvoir expressif en passant de $E$ à $P(E)$ etc
    5/ on ajoute des éléments à $E$ (les ultrafiltres sur $E$
    6/ on ajoute des racines carrées aux nombres
    7/ on ajoute les distributions aux fonctions
    8/ on sort de l'univers avec le forcing pour trouver des indécidables
    9/ on ajoute des axiomes et des indiscrenables
    10/ on sort de l'espace pour obtenir des fonctions implicites (GBZM) quand on en n'a pas déjà dans l'espace qui soient cool)

    En gros, je dirais (et ce n'est pas un critère fiable, mais plutôt minimaliste), dans cette liste, tu as combien de médailles Field à l'origine d'un ajout? (Exercice de sociologie).
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Grand merci Poirot!!

    Et pour un module?
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Oh, je crois deviner: on divise les vecteurs par des puissances de $f^n$ en reprenant ton $f$.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Pour un module ça peut se définir comme $M \otimes_A A_f$
  • Merci. Je n'ai jamais compris l'indice en ce qui concerne les produits tensoriels de modules, ie la notation:

    $$ M\otimes_{Intrus=A} N$$

    ou alors j'ai peut-être oublié?

    Est-ce que ça veut dire $L(L(M,L(N,A), A)$? Pour moi ce serait la seule "explication"?
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • L'intrus, c'est juste l'anneau sur lequel les modules sont, c'est pour pas "oublier" sur quoi on bosse, et lever des ambiguïtés dans certains cas: par ex si $M$ et $N$ sont des $A$-modules, $M \otimes_\mathbb{Z} N$ c'est juste le produit tensoriel de $M$ et $N$ en tant que groupes abéliens, et $M \otimes_A N$ leur produit tensoriel en tant que $A$-module.
  • $\def\fp{\mathfrak p}$Chat-Maths
    J'ai vu ton post Vakil versus Bourbaki.

    Histoire de faire le point, j'essaie de résumer pour Vakil car je trouve ta définition de $r(\fp)$ bizarre (on y voit une dimension sur $A_\fp$, je suppose que tu as voulu dire sur l'anneau résiduel de $\fp$). Je note $k(\fp)$ le corps résiduel.

    Hypothése : $A$ réduit, $M$ $A$-module de type fini, un entier $n$, et $r(\fp) := \dim_{k(\fp)} (M_\fp/\fp M_\fp)$ égale à $n$ pour tout $\fp$.

    Conclusion : $M$ est projectif de rang constant $n$.

    C'est cela Vakil (en affine) ?
  • Oui, je voulais bien dire la dimension comme $\kappa(\mathfrak{p})$ espace vectoriel.

    Le Vakil affine: c'est bien cet énoncé. Merci de faire le ménage dans mon flou artistique :-D
  • Merci Chat.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • J'en reviens à nouveau au sujet du fil. Lupulus:

    Les spécialités de Max et GBZM sont le local -> global, le traitement de la question (sans réponse toujours positive) "peut-on recoller des trucs qu'on peut faire localement?"

    Leur domaine est la topologie algébrique et la topologie SUPERalgébrique (qui me semble renommé en "géométrie algébrique" parce qu'on y vise principalement les fonctions polynomiales (d où le mot super pour évoquer l'idée qu'on voudrait une topologie où seuls les polynpomes sont continues par exemple)

    Mais j'attire ton attention sur le fait que cette problématique est totalement répandue en dehors de la toppologie.

    1/ La compacité dit "on peut le faire quand la fonction est à valeurs dans un ensemble fini", donc "fin du problème: y en a pas, point barre"

    2/ Le forcing dit "même quand on ne peut pas le faire on peut le faire " quand Lea ne gagne pas infailliblement au jeu:

    Lea joue $x_1$, Bob joue $y_1$, Lea joue $x_2$, etc

    Bob gagne quand la fonction partielle $\{t \mid \exists i: t = (x_i,y_i)\}$ n'est pas disqualifiée par les exigences locales

    3/ De manière encore plus générale, tout énoncé de maths s'arbitre comme suit (j'utilise le fait qu'un énoncé est un jeu, je te renvoie à un autre post, mais demande si tu veux) : à chaque partie perdue par $\exists$ on demande à Lea (joueuse ayant en charge les $\exists$) de désigner un moment atomique de la partie où elle prétend qu'elle n'aurait pas joué comme ça (condition locale). La phrase est fausse si, de quelque manière que s'y prenne Lea, la collecte de ses refus entraine l'existance d'un coup où c'est à elle de jouer et où elle refuse "définitivement" de jouer (ie tout coup suivant a été interdit par elle lors de la collecte).

    4/ Typiquement le forcing "ne donne du jus que dans le non dénombrable", car si tu as des conditions locales sur $\N$ (une condition est une fonction partielle déclarée interdite d'être une restriction de la désirée cherchée), conditions finies, la question d'une solution globale est un arbre (bien fondée si pas de solution, et s'étudiant par l'ordinal qu'est sa hauteur).

    5/ Apparemment, dans une époque proche, de son côté Grothendieck a opté pour un autre chemin car voulait s'occuper du dénombrable, ce qui semble avoir donné les topos plutôt que le forcing, avec avantages et inconvénients (les inconvénients étant l'intuitionnisme "obligatoire" émergeant du "droite de rejeter" les fonctions qu'on veut, me semble-t-il).

    6/ Voilà, en espérant t'avoir mis l'eau à la bouche.

    7/ Et évidemment typiquement les théorèmes obtenus sont des trucs du genre "contentez-vous de le faire localement, nous avons porouvé pour l'éternité que ça suffira dans votre cas".

    8/ Le forcing ayant un but différent (il VEUT la logique classique, c'est dans le cahier des charges à la base), on a quand-même de nombreux théorèmes positifs (ie du genre ça c'est vrai dans tout modèle de ZF) qui sont arrivés en rendant ce qu'on avait envie de rendre dénombrable après s'être assuré qu'il y avait un WLOG pour la question étudiée, mais pas un WLOG "interne". (Tu remarqueras dans (2) que Bob gagne sans STRICTEMENT AUCUNE peine au jeu où il doit faire croire que l'ensemble est dénombrable :-D )
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Chat-Maths

    Encore moi. Prenons cela comme base en ce qui concerne l'énoncé affine de Vakil (énoncé affine == énoncé pour les nazes comme moi). Je dis comme base quitte à faire évoluer les hypothèses (par exemple de présentation finie au lieu de type fini en cas de besoin, il ne faut pas badiner avec cela).

    Et la preuve, tu la connais ? Si oui, je veux bien la voir. Merci.

    PS : j'ai bien vu que tu avais donné une preuve de quelque chose mais je n'ai pas compris de quoi. C'est pas bien de dire que l'on ne comprend pas des choses écrites par les autres, j'en ai bien conscience.
  • @Claude: Je peux au moins essayer de "traduire" la preuve de l'énoncé de Vakil en affine, ça me fera un bon exercice :-D

    Alors allons-y: vu l'énoncé de Bourbaki (un peu de la triche peut-être?), il suffit de prouver que notre module est "localement libre" de rang $n$, je prends donc un idéal premier $\mathfrak{p}$ (on pourrait le prendre maximal). Par hypothèse, $M_{\mathfrak{p}}/(\mathfrak{p}M_\mathfrak{p})$ est un $\kappa(\mathfrak{p})$-espace vectoriel de rang $n$, il a donc une base $\bar{x_1},\ldots,\bar{x_n}$ où $x_1,\ldots,x_n$ sont des éléments de $M_{\mathfrak{p}}$. Le lemme de Nakayama dit que ces éléments engendrent en fait $M_{\mathfrak{p}}$ en tant que $A_\mathfrak{p}$-module. Ces éléments sont de la forme $x_i = \frac{m_i}{f_i}$ où $m_i \in M$ et $f_i \not \in \mathfrak{p}$. On pose $f = \prod\limits_{i=1}^n f_i$. Les $x_i$ donnent des éléments de $M_{f}$, ils définissent un morphisme $\Phi: A_f^{\oplus n} \to M_f$. On va prouver que, quitte à localiser un peu plus, c'est un isomorphisme.
    Vu la construction, le module $\mathrm{Coker}(\Phi)_{\mathfrak{p}}$ est nul, et $\mathrm{Coker}(\Phi)$ est un $A_f$-module de type fini (simplement comme quotient d'un module de type fini), donc il existe $g \in A_f$ tel que $g \not \in \mathfrak{p}$ et $\mathrm{Coker}(\Phi)_g = 0$ (là, le point clé: le support d'un module de type fini est un fermé Zariski: pointeur: https://stacks.math.columbia.edu/tag/00L2).

    Bref, du coup, quitte à localiser en $g$, l'application $\Phi_g: (A_g)^{\oplus n} \to M_g$ est surjective, reste à voir son injectivité: si $\sum\limits_{i=1}^n r_i x_i = 0$ avec $r_1$ non nul, alors il existe un idéal premier $\mathfrak{q}$ tel que $r_1 \not \in \mathfrak{q}$ (sinon, il serait nilpotent, pas possible, l'anneau est réduit), et on aurait alors dans $A_{\mathfrak{q}}$: $x_1 = -\frac{1}{r_1}\sum\limits_{i=2}^nr_i x_i$. Mais là, problème: les $x_i$ engendrent $M_{\mathfrak{q}}$ par surjectivité de $\Phi_g$, et la relation précédente montre que la dimension de $M_{\mathfrak{q}} \otimes_{A_{\mathfrak{q}}} \kappa(\mathfrak{q})$ est au plus $n-1$, l'hypothèse de rang constant empêche cela. Donc $\Phi_g$ est un iso $A_g^{\oplus n} \to M_g$, et c'est gagné: pour tout idéal premier $\mathfrak{p}$, on a un élément de l'anneau $g$ tel que $g \not \in \mathfrak{p}$ et tel que $M_g$ est un $A_g$-module libre de rang $n$.

    Voilà, j'espère ne pas avoir écrit de bêtise. Je sais que tu aimes les preuves un peu constructives, et celle là ne l'est pas complètement, je ne sais pas dans quelle mesure ça peut se constructiviser.

    Edit: Je viens de voir que la proposition et sa preuve sont aussi dans le Stacks: il fallait s'y attendre, c'est ce lemme: https://stacks.math.columbia.edu/tag/0FWG qui vient s'ajouter en complément de https://stacks.math.columbia.edu/tag/00NX (qui est essentiellement la version Stacks des énoncés Bourbaki que tu as donné)
  • $\def\fq{\mathfrak q}$Chat-Maths
    OK. Merci, ça roule.

    Une coquille en dessous de la ligne ``Bref, du coup, quitte à localiser ...'' il existe un idéal premier $\fq$ tel que $r_1 \notin \fq$ au lieu de $r_i \notin \fq$.

    Mais tu peux y aller franc du collier en montrant que $\sum_{i=1}^n r_i x_i = 0$ entraîne $r_i = 0$ pour tout $i$, puisque c'est cela que tu veux. Le localisé $A_g$ est aussi réduit que $A$. Tu passes $\sum_{i=1}^n r_i x_i = 0$ au résiduel d'un localisé de $A_g$ par un quelconque premier $\fq$ de $A_g$. Puisque les $x_i$ forment une base sur ce résiduel, tu obtiens $r_i \in \fq$. Et ceci pour tout $\fq$ et pour tout $i$. Bref, tu obtiens $r_i = 0$.

    Pour moi, cela n'a pas de sens de vouloir constructiviser ICI.

    Par contre, si dans le sens FACILE, je te filais un module projectif de type fini de manière concrète, par exemple le fibré tangent à la sphère réelle en te donnant une matrice de projection de rang 2 (elle est définie sur $\Z$), là cela aurait du sens de vouloir recouvrir l'anneau de la sphère par un nombre fini d'ouverts élémentaires sur lesquels le fibré est trivial. Tu vois ?
  • En fait avec ces points de vue, un module projectif de rang $n$ sur l'anneau $A$ peut être vu comme un fibré vectoriel de rang $n$ sur "l'espace affine $spec(A)$", le cas du module libre étant le plus simple d'entre eux.
    Quand $A$ est un corps, $spec(A)$ est réduit à un point et la notion se trivialise.
    Une fonction est un ensemble $f$ de couples tel que pour tous $x,y,z$, si $(x,y)\in f$ et $(x,z)\in f$ alors $y = z$.
  • @Claude: vu pour ta manière "d'achever" l'énoncé une fois qu'on a $g$, ça évite en effet de montrer qu'on n'a pas $r_1$ non non nul (:D, je l'ai simplement rédigé comme ça car c'est plus ou moins l'indication que donnais Vakil dans l'exercice, et vu que je suis un enfant, je fais comme les grands disent :-D
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