Nombres algébriques

Bonjour

J'aimerais montrer que les nombres constructibles à l'aide des 4 opérations et des racines énièmes sont algébriques sur Q.
Pouvez vous m'aider ?
Merci.

Réponses

  • Si tu sais que toute extension finie de $\mathbb Q$ est algébrique sur $\mathbb Q$ alors c'est immédiat par définition.
  • Bonjour

    J'ai oublié de préciser dans la pièce jointe que Le corps K0 est Q.
  • Chaque $a_i$ est algébrique puisqu'il existe $n_i$ tel que $a_i^{n_i} \in K_i$, et chaque extension $K_i/\mathbb Q$ est algébrique par une récurrence immédiate.

    Si l'argument formel ne te convainc pas, il te suffit de te dire que l'addition et le produit de deux algébriques est algébrique, et n'importe quelle puissance rationnelle d'un algébrique est algébrique. Comme tu ne fais qu'enchaîner ce type d'opérations tu restes dans $\overline{\mathbb Q}$ à chaque étape.
  • Prenons a0 tel qu'une puissance de a0 soit dans Q.

    1)Je sais que si x appartient à Q(a0) alors il existe un polynôme P tel que x= P(a0) mais je ne vois pas le polynôme de Q[X] tel que Q(x)=0

    ou encore je ne sais pas montrer que[Q(a0):Q] est fini

    2) ou puis-je trouver la démonstration de ce que tout algébrique élevé à une puissance rationnelle est encore un algébrique?


    Merci
  • Je viens de l'expliquer, $a_0$ est algébrique, donc toutes les puissances entières de $a_0$ sont algébriques. Si on écrit $P = \sum_{k=0}^n c_k X^k$, on a $x = \sum_{k=0}^n c_k a_0^k$ et c'est un nombre algébrique car somme de nombres algébriques. Si tu veux un polynôme $Q$ explicite ça peut devenir très vite très moche.
  • Ce ce que je voudrais savoir c'est la démonstration de ce que la puissance rationnelle d'un algébrique est algébrique car avec ce résultat tout devient clair.

    Ce n'est plus utile, il suffit d'écrire les choses. Du coup j'ai prouvé qu l'ensemble A des nombres constructibles à l'aide ds 4 opérations et des racines énièmes est algébrique.

    Je te remercie de m'avoir mis sur la voie.
  • Si $\alpha$ est algébrique sur $\mathbb Q$, de polynôme minimal $P$ de degré $n$, alors $\alpha^{-1}$ est racine du polynôme réciproque $X^nP\left(\frac{1}{X^n}\right)$ à coefficients rationnels.

    De plus, pour tout entier $k \geq 1$, $\alpha^{1/k}$ est racine du polynôme $P(X^k)$, toujours à coefficients rationnels.

    Enfin, en notant $\alpha=\alpha_1, \dots, \alpha_n$ les conjugués de $\alpha$ (c'est-à-dire les racines de $P$), alors pour tout entier $k \geq 1$, $\alpha^k$ est racine du polynôme $$\prod_{i=1}^n (X - \alpha_i^k),$$ qui est à coefficients rationnels car ceux-ci sont des polynômes symétriques en les $\alpha_i$. On peut aussi montrer ça en disant que $\alpha$ est racine du polynôme résultant $\text{Res}_Y(P(Y), Y^k - X)$.

    En combinant ces trois choses, on voit que toute puissance rationnelle de $\alpha$ est algébrique.
  • Je vais étudier attentivement ta réponse.

    Te souviens-tu de ce que je j'essayais de trouver une extension radicale pour les nombres constructibles à l'aide des 4 opérations et des racines énièmes.

    Tu avais eu la gentillesse de me proposer ta solution et j'avais en même temps demandé une explication à Daniel Perrin qui m'a envoyé sa solution que je soumets à ta réflexion dans la pièce jointe.

    Cela me ferait plaisir que tu me dises ce que tu en penses car je la trouve élégante.
    Je te remercie beaucoup.
  • Bonjour

    Je reprends ta démonstration pour montrer que toute puissance rationnelle d'un algébrique est algébrique.


    L' idée du polynôme résultant, je ne la comprends pas à moins que tu veuilles bien me la détailler.


    En te remerciant
  • Si $A$ est un anneau factoriel (dans mon message précédent on a $A = \mathbb Q[X]$) et $P$ et $Q$ sont deux éléments de $A[Y]$, alors le résultant de $P$ et $Q$, qui est l'élément de $A$ défini comme le déterminant de la matrice de Sylvester de $P$ et $Q$ (je te laisse voir la définition de cette matrice ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Résultant ) est nul si et seulement si $P$ et $Q$ ont un facteur commun dans $A[Y]$. Il y a une démonstration dans le lien ci-dessus.

    Dans mon dernier message, on a donc $\text{Res}_Y(P(Y), Y^k - X) \in \mathbb Q[X]$ (car à nouveau, $A = \mathbb Q[X]$). Notons $R$ ce polynôme. On a alors $R(\alpha^k)=0$, car $R(\alpha^k) = \text{Res}_Y(P(Y), Y^k - \alpha^k)$ (évident par la définition via le déterminant de la matrice de Sylvester) est le résultant des deux polynômes $P(Y)$ et $Y^k - \alpha^k$ (à coefficients dans le corps $\mathbb Q(\alpha^k)$ cette fois) et $P(Y)$ et $Y^k - \alpha^k$ admettent tous les deux $\alpha$ pour racine, et donc admettent le polynôme minimal de $\alpha$ sur $\mathbb Q(\alpha^k)$ comme facteur commun dans $\mathbb Q(\alpha^k)[Y]$.

    La démonstration par les polynômes symétriques est, à mon sens, plus naturelle et importante cependant.
  • Merci pour ta réponse que je vais étudier attentivement.
  • Bonjour,

    J'ai travaillé la question du résultant et effectivement c'est une solution très élégante et l'algébricité d'un algébrique à une puissance rationnelle est une belle application de la notion du résultant de 2 polynômes.
  • Attention à ton utilisation du terme "polynôme symétrique élémentaire".

    Ce que je dis, c'est que tout polynôme (à coefficients dans $\mathbb Q$ disons) symétrique en les $\alpha_i^k$ est en fait un polynôme symétrique (toujours à coefficients rationnels) en les coefficients de $P$, donc un élément de $\mathbb Q$.

    Ça vient de deux observations. Tout d'abord, le théorème fondamental des polynômes symétriques : si $A$ est un anneau commutatif et $P \in A[X_1, \dots, X_n]$ est symétrique, c'est-à-dire que $P(X_{\sigma(1)}, \dots, X_{\sigma(n)}) = P$ pour toute permutation $\sigma$ de $\{1, \dots, n\}$) alors il existe un polynôme $Q \in A[X_1, \dots, X_n]$ tel que $P=Q(\Sigma_1, \dots, \Sigma_n)$, où $\Sigma_j$ est le $j$-ième polynôme symétrique élémentaire (en $n$ variables) : $$\Sigma_j = \sum_{1 \leq i_1 < \dots < i_j \leq n} X_{i_1} \dots X_{i_j}.$$ C'est un résultat presque évident quand on regarde des petits exemples, et la démonstration peut être un poil fastidieuse à rédiger proprement, mais c'est presque algorithmique une fois qu'on a compris comment "descendre le poids" du polynôme.

    Ensuite, les relations coefficients-racines nous disent que $\Sigma_j(\alpha_1, \dots, \alpha_n) \in \mathbb Q$ pour tout $j$, car il s'agit, au signe près, du $n-j$-ième coefficient de $P$ ! Pour s'en convaincre il suffit de développer la formule $P = (X-\alpha_1) \dots (X-\alpha_n)$. On tombe sur un coefficient constant égal à $(-1)^n \alpha_1 \dots \alpha_n = (-1)^n \Sigma_n(\alpha_1, \dots, \alpha_n)$, un coefficient devant $X$ égal à $(-1)^{n-1} (\alpha_1 \dots \alpha_{n-1} + \alpha_1 \dots \alpha_{n-2} \alpha_n + \dots + \alpha_2 \dots \alpha_n) = (-1)^{n-1} \Sigma_{n-1}(\alpha_1, \dots, \alpha_n)$, etc.

    On peut maintenant conclure : les coefficients du polynôme $A = \prod_{j=1}^n (X - \alpha_j^k)$ sont des polynômes symétriques en les $\alpha_j^k$, donc en les $\alpha_j$ : pour $0 \leq j \leq n-1$, il existe un polynôme symétrique $P_j \in \mathbb Q[X_1, \dots, X_n]$ tel que le $j$-ième coefficient de $A$ soit $P_j(\alpha_1, \dots, \alpha_n)$. Comme $P_j$ est symétrique à coefficients dans $\mathbb Q$, il existe un polynôme $Q_j \in \mathbb Q[X_1, \dots, X_n]$ tel que $P_j = Q(\Sigma_1, \dots, \Sigma_n)$ et pour finir on a bien $$P_j(\alpha_1, \dots, \alpha_n) = Q_j(\Sigma_1(\alpha_1, \dots, \alpha_n), \dots, \Sigma_n(\alpha_1, \dots, \alpha_n)) \in \mathbb Q.$$
  • Bonjour,

    Un peu avant ta réponse dont je te remercie, je mes suis fait la même remarque que tu viens de faire.

    En fait ce n'était pas difficile à formaliser mais j'avais perdu de vue le théorème fondamental sur les polynômes symétriques.

    Comme quoi, je devrais réfléchir un peu plus avant de te solliciter.

    Alors, je voudrais te remercier infiniment de toute ta gentillesse et de ton immense patience dont tu as fais preuve avec moi tout au long d e cette année ou j'ai renoué avec mes études faites il y a cinquante ans.

    Je sais que parfois tu a dû pousser de hauts cris de désespoir face à mes questions.
    Certaines n’étaient pas évidentes pour moi d'autres venaient du fait que je n'avais pas porté assez d'attention à mon étude du cours sur la théorie de Galois.

    Je ne ne désespère pas d'arriver à délier mon esprit après cette première année de reprise de mes études et tu m'auras vraiment aidé à surmonter certains obstacles qui m'auraient sûrement découragé.

    Je vais réserver à partir de la rentrée deux séances par semaine à la recherche d'exercices sur la théorie de Galois afin de faire vivre ce cours, c'est à dire de greffer la chair sur le squelette.

    Je te dis toute ma gratitude.
  • Avec plaisir ;-)
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