Descente galoisienne

Un résumé de ma question est : Quel est le cadre "le plus général" dans lequel on a de la descente galoisienne ?

Bon, il faut être plus précis parce que ça peut partir trop loin (d'où les guillemets), donc je vais dire ce que j'entends par là, et vous verrez qu'en fait c'est très restreint.
Tous mes anneaux sont commutatifs, unitaires.

Je prends $R,S$ deux anneaux, $f: R\to S$ un morphisme d'anneaux, $G$ agissant sur $S$ et je suppose que $f$ se factorise par $S^G$. Pour $s\in S, g\in G$, je note $s^g$ l'action de $g$ sur $s$.

Alors je vais avoir une adjonction très sympathique entre les $R$-modules et les "$S$-modules munis d'une donnée de $G$-descente".

$\newcommand{\Mod}{\mathbf{Mod}}$ Plus précisément, je considère la catégorie suivante, que je note $(S-\Mod)^{hG}$ : ses objets sont les $S$-modules $N$ munis d'une action $\mathbb Z$-linéaire de $G$ telle que pour tout $s\in S, n\in N, g\cdot (sn) = s^g\cdot (g\cdot n)$; et ses morphismes sont les morphismes $S$-linéaires et $G$-équivariants.

Exemple : $S^n$ muni de $g\cdot (s_1,...,s_n) = (s_1^g,...,s_n^g)$

Alors j'ai un foncteur $R-\Mod\to (S-\Mod)^{hG}$ défini par extension de scalaires: $M\mapsto S\otimes_R M$, avec l'action de $G$ sur le facteur $S$; et un foncteur $(S-Mod)^{hG}\to R-\Mod$ donné par les points fixes: $N\mapsto N^G$
(les choses évidentes sur les flèches)

C'est assez facile de voir qu'on a affaire à une adjonction.

Si on regarde son unité et sa co-unité, c'est les trucs auxquels on s'attend : $M\to (S\otimes_R M)^G$ et $S\otimes_R N^G\to N$

Le "théorème fondamental de la descente galoisienne" (je sais pas si ça s'appelle comme ça, ni si ça a un nom) nous dit que lorsque $G$ est fini, agissant fidèlement sur $S$, $S= K$ est un corps, et $R= K^G$, alors cette adjonction est une équivalence (i.e. les deux flèches ci-dessus sont des isomorphismes)

Exemple: un $\R$-espace vectoriel, ce n'est rien d'autre qu'un $\C$-espace vectoriel muni d'une conjugaison.

Je connais une preuve de ce théorème, mais je ne la comprends pas "en profondeur"; en particulier j'utilise très souvent (enfin à au moins 2 reprises) le fait qu'on a affaire à des corps. Pourtant je sais qu'il y a des résultats similaires en dehors du cadre des corps.

Ma question est en gros: quelles sont des conditions sympathiques, si possibles plus générales, sur $R\to S$, pour que ça marche ?
Le type de conditions que j'espère porterait plus sur $f$, ou l'action de $G$, que sur la structure de $S$ (e.g. "$S$ est un corps" me va moyen - bon, des hypothèses de raisonnabilité, comme "$S$ est noethérien" m'iraient, j'espère que vous voyez ce que je veux dire).

Je serais ok pour me restreindre au cas où $R\to S$ n'est autre que l'inclusion $S^G\to S$, ça me paraît tout à fait raisonnable, et ça colle avec ce que je veux en faire de toute façon; je l'ai formulé tel quel parce que ça s'écrit de la même manière de toute façon.

EDIT (en pleine écriture, je réfléchis en écrivant :-D) : en fait, $R=S^G$ est une condition nécessaire à ce qu'on ait descente: regarder l'unité de l'adjonction en $M=R$

D'ailleurs, quid du cas où $G$ n'est pas fini ? Il me semble que le résultat que je cite plus haut est vrai aussi lorsque $G = Gal(\overline k/k)$, donc très rarement fini - quitte à modifier légèrement ce qu'on raconte, particulièrement demander à ce que les actions soient continues, et peut-être se restreindre à la dimension finie; donc je me demande un peu aussi dans quelle mesure on peut remplacer ça par profini.

Je suis preneur d'explications, ou de références, ou les deux
(ça n'est pas toujours le cas, mais ici pour des raisons d'intérêts personnels, des explications plus abstraites m'iraient mieux que des explications "calculatoires" ou concrètes)

Pour info, à tout hasard, la preuve que je connais suit à peu près ce document, de Keith Conrad.

Réponses

  • Le cadre "le plus général" que je connaisse est la descente fidèlement plate en géométrie algébrique.

    Je pense que je ne l'expliquerai pas très bien donc je vais te donner les références qui m'ont plus ou moins aidé.

    - Les techniques de descentes et théorèmes d’existence en géométrie algébrique d'Alexander Grothendieck : Le numéro 1 (Pas facile en première lecture).

    - Néron model de Siegfried Bosch, Werner Lutkebohmert et Michel Raynaud de la page 129 à 152 (beaucoup plus digeste, notamment l'exemple avec un groupe fini y est traité).

    Sinon le cas d'une extension galoisienne finie se traite de manière amusante de façon élémentaire avec une équivalence de Morita bébé (entre $k-Mod$ et $End_k(V)-Mod$ pour $V$ un $k$-ev).
  • aRc : merci pour ta réponse !
    J'ai déjà entendu parler de descente fidèlement.plate, mais là je veux vraiment un truc "galoisien", donc avec un groupe et tout - c'est certainement plus facile à exprimer dans ce contexte restreint, non ?

    Je vais réfléchir à Morita bébé => extension galoisienne finie, merci !
  • J'espère que cela peut t'aider:

    Dans le cas où $G$ est fini, on a que $R=S^G\to S$ est fidèlement plat (et donc tu as ta descente Galoisienne) si et seulement si $R\to S$ est plat (en effet le morphisme $Spec(S)\to Spec(S^G)$ est toujours surjectif d'après le théorème de Cohen-Seidenberg).

    Supposons de plus que $S$ soit l'algèbre des fonctions régulières sur une variété $X=Spec(S)$ sur un corps $k$ algébriquement clos. Alors $Y=Spec(R)=Spec(S^G)$ s'appelle le quotient grossier de $X$ par $G$ et est souvent noté $X//G$. Dans ce cadre, on a: si $X$ est lisse, le morphisme $R=S^G\to S$ est plat si et seulement si la variété $Y$ est aussi lisse (cela découle d'un critère de platitude classique cf. exercice III.10.9 dans le livre de Hartshorne). De plus, si $k$ est de caractéristique zéro, on a la caractérisation "géométrique" suivante. Au voisinage d'un point géométrique $x\in X$, le quotient grossier $Y=X//G$ "ressemble" (plus précisément est isomorphe localement pour la topologie étale) au quotient grossier $T_xX//G_x$ où $T_xX$ est l'espace tangent en $x$ et $G_x$ le stabilisateur de $x$. Or, $T_xX$ étant un espace vectoriel, le théorème de Chevalley-Shephard-Todd dit que $T_xX//G_x$ est lisse si et seulement si l'image de $G_x$ dans $GL(T_xX)$ est engendré par des pseudo-réflections de $T_xX$. Au final, on obtient: $R\to S$ est fidèlement plat si et seulement si pour tout point géométrique $x\in X$ l'image du morphisme naturel $G_x\to GL(T_xX)$ est engendré par des pseudo-réflections.
  • aRc : je crois que j'ai compris ton exo de Morita, c'est sympa :-D - sauf que j'utilise toujours vachement que c'est un corps (et c'est moins élémentaire que ce que fait Conrad, mais ça à la limite) tu avais autre chose en tête que ce que je décris plus bas ?
    On montre que $End_k(K) = K\otimes \langle Gal(K/k)\rangle$ (où je prends le sous-$k$-espace vectoriel engendré dans $End_k(K)$).

    En effet, les éléments de $Gal(K/k)$ sont linéairement indépendants dans $F(K^\times, K)$ (classique), donc $K\otimes \langle Gal(K/k)\rangle \to End_k(K) \subset F(K,K)$ est injective; et après on regarde la dimension : $\dim_k(K)\leq |Gal(K/k)|$ par exemple par théorème de l'élément primitif, et ça suffit.
    Il en découle qu'un $End_k(K)$-module c'est pareil qu'un $K\otimes_k k[Gal(K/k)]$-module, où la multiplication sur ce dernier est la multiplication naïve twistée ($(\lambda_0\otimes \sigma_0)(\lambda_1\otimes\sigma_1) = (\lambda_0\lambda_1^{\sigma_0})\otimes (\sigma_0\sigma_1)$ ), et ça c'est précisément une donnée de descente. On conclut par Morita (il faudrait s'assurer que le foncteur obtenu est celui que j'ai décrit, mais ça doit être évident)
    En tout cas ça m'a fait apprendre un nouveau truc !

    Pea: tu me dis que j'ai descente galoisienne si et seulement si c'est fidèlement plat, ou simplement que fidèlement plat est un bon critère pour déterminer si j'ai de la descente ? (qui lui est équivalent dans ce cas à la platitude, et donc après ce que tu fais etc. )

    Et la suite d'ailleurs est un peu en dehors de ce que je comprends (lissité etc.) malheureusement
  • Il me semble que la condition "fidèlement plate" est évidemment nécessaire puisque c'est équivalent à demander que ton foncteur $M\mapsto S\otimes_R M$ soit exact (plat) et fidèle.
  • Une autre référence que tu trouveras peut-être plus facile d'accès: les notes de cours "Notes on Grothendieck topologies,fibered categories and descent theory" d'Angelo Vistoli (notamment la section 4.2 pour ce qui concerne ton problème) disponible ici. Bonne lecture!
  • Je vais te dire comment j'y pense ou plutôt comment je l'ai appris.

    Soit $k$ un corps et $L/k$ une extension galoisienne de degré fini, soit $G$ le groupe de Galois, si $W$ un $L$-espace vectoriel, une action du groupe $G$ sur $W$ est dite $L/k$-semi-linéaire si pour tous $w\in W$,$g\in G$ et $\lambda \in L$ on a \[g\cdot (\lambda w)=g(\lambda)g\cdot w\]

    Ensuite on définit $A=\bigoplus_{g\in G}L[g]$ qui est un anneau pour lequel l'addition est définie composante par composante et on définit la multiplication par, $$\lambda[g] \cdot \mu[h]=\lambda g(\mu)[gh]$$pour tous $\lambda$, $\mu \in L$ et $g$,$h \in G$ et $$ e_{A}=e_L [e_G]$$ est l'élément neutre pour cette multiplication.

    Maintenant les étapes
    1) Se donner un $A$-module revient à se donner un $L$-espace vectoriel muni d'une action $L/k$-semi-linéaire à gauche
    de $G$
    2) $A$ est isomorphe comme $k$-algèbre à $End_k(L)$
    3) On en déduit que se donner un $End_k(L)$-module est équivalent à se donner un $L$-espace vectoriel muni d'une action $L/k$-semi-linéaire de G.
    4) Si $X$ est un $L$-espace vectoriel muni d'une action $L/k$-semi-linéaire de $G$ alors on a l'isomorphisme de $k$-espaces vectoriels suivant $L^*\otimes_{End_k(L)}X\cong X^G$
    5) Morita (en explicitant les foncteurs de l'équivalence ) permet de conclure que $L\otimes_k X^G\cong X$

    Donc maintenant que je l'ai écris , oui c'est plus ou moins ce que tu as écris ( si ce n'est pas la même chose) on utilise les mêmes outils.


    Pour la descente fidèlement plate (version "restreinte), je réfléchis à une réponse satisfaisante mais je ne trouve pas..... désolé, si je trouve je te dis.
  • Pea : oui tu as tout à fait raison - ça veut dire qu'il faut que je regarde la descente fidèlement plate arg :-D
    Merci pour les notes !

    aRc : oui ok c'est tout à fait la même chose ! En tout cas merci pour ce point de vue qui est plus simple à comprendre que la "méthode Conrad"
    Bon, ça reste très "corps-centrique" malheureusement (sauf si tu as une preuve sympa de ton 2) )
  • Bon, je crois qu'il me manque une partie du puzzle mais voici déjà un truc que j'ai obtenu en fouinant un peu: l'idée est de base-change à un truc où l'extension $R\to S$ a une forme triviale.

    Soit donc $S$ un groupe avec $G$ un groupe fini agissant dessus, $R=S^G$. Je suppose que $S$ est fidèlement plat sur $R$.

    Je remonte à ce que j'ai écrit au tout début; pour avoir mon équivalence de catégories il suffit de prouver que mon unité et ma co-unité sont des isomorphismes, i.e. $M\to (S\otimes_R M)^G$ et $S\otimes_R N^G\to N$ ($M$ un $R$-module, $N$ un $S$-module avec données de descente).

    Première remarque : avec $N = S[G] = S\otimes_R R[G]$ muni de l'action diagonale (ou de l'action sur le facteur $G$ uniquement, les deux sont isomorphes), la deuxième condition nous dit que $S\otimes_R S\cong S[G]$. Attention, du côté $S\otimes_R S$, il s'agit bien de l'action sur le $S$ de gauche.

    Je rajoute donc cette hypothèse, i.e. que la co-unité est un isomorphisme en $N=S[G]$.

    Partant de ça, je rappelle que puisque $S$ est fidèlement plat, $A\to B$ est un isomorphisme si et seulement si $S\otimes_R A\to S\otimes_R B$ en est un.

    Je rappelle de plus que puisque $S$ est plat, $S\otimes_R -$ préserve les limites finies.

    Ainsi, $M\to (S\otimes_R M)^G$ est un isomorphisme si et seulement si $S\otimes_R M \to S\otimes_R (S\otimes_R M)^G$ en est un, mais ce dernier devient $S\otimes_R M\to (S\otimes_R S\otimes_R M)^G \cong (S[G]\otimes_R M)^G \cong S\otimes_R M$, qui est un isomorphisme
    (ici l'action de $G$ est sur le deuxième $S$, mais naturellement, le switch est un isomorphisme )

    (il faut analyser la flèche, mais ça se fait, c'est : $s\otimes m \mapsto s\otimes 1\otimes m \mapsto \sum_g s^g \otimes g\otimes m = \sum_g g\cdot (s\otimes m)\mapsto s\otimes m$)

    De même, $S\otimes_R N^G \to N$ est un isomorphisme si et seulement si $S\otimes_R S \otimes_ R N^G\to S\otimes_R N$ en est un.

    Mais je peux réécrire le début comme $(S\otimes_R S)\otimes_S (S\otimes_R N)^G$ (à nouveau j'ai passé le $G$ dedans grâce à la platitude de $S$, en particulier, notez que dans l'ordre, mes $S$ ont : l'action triviale, l'action de départ, et l'action triviale)

    Du coup en fait je suis ramené à une extension "galoisienne" de la forme $S\to S\otimes_R S, s\mapsto s\otimes 1$, avec l'action sur le $S$ de droite, et j'ai supposé $S\otimes_R S \cong S[G]$, donc on a bien $(S\otimes_R S)^G = S \otimes_R 1$; donc finalement je me suis ramené à une extension "galoisienne" de la forme $S\to S[G]$.
    Attention, un point très important sur lequel j'ai failli faire des bêtises: $S[G]$ n'est pas l'algèbre de groupe, c'est plus $\prod_g S$ muni de la structure produit. Je devrais la noter $F(G,S)$ ou quelque chose comme ça... Allez, je vais le faire, je vais même être plus audacieux et la noter $C(G,S)$.

    A noter que $S\otimes_R N$ est un $S\otimes_R S$-module muni d'une donnée de descente (qui est l'action sur $N$, attention, sur le $S$ de $S\otimes_R N$, c'est trivial. Il faudrait des bonnes notations :-D )

    Je le vérifie pour faire un sanity-check, même si en principe c'est trivial et formel : $g\cdot (s_0\otimes s_1) \cdot (s\otimes n) = g\cdot (s_0s\otimes s_1n) = (s_0s)\otimes (g\cdot s_1n) = (s_0s)\otimes (s_1^g g\cdot n) = (s_0\otimes s_1^g) g (s\otimes n)$, c'est bien ce qu'on voulait.

    Bon, la pièce du puzzle qui me manque (enfin à laquelle je n'ai pas réfléchi avant d'écrire) c'est pourquoi on a descente lorsque mon extension est $S\to C(G,S)$, ça devrait être relativement simple
    (j'y connais rien mais si je ne m'abuse, "topologiquement", ça correspond à un revêtement bebête de la forme $Y\times G\to Y$ - si on n'a pas de descente pour ça...)

    Je le fais en live : je prends donc $L$ un $C(G,S)$-module muni d'une donnée de descente (moralement "$L= S\otimes_R N$", mais même plus besoin en principe), et je voudrais montrer que $C(G,S)\otimes_S L^G\to L$ est un iso. ça devrait être simple mais j'ai pas d'argument immédiat (à part peut-être un argument homotopique) sans calcul.

    Bon, bah $C(G,S) = \prod_{g\in G}S$ donc j'ai tout intérêt à regarder ma décomposition favorite de $L$: $ L =\bigoplus_{g\in G}\delta_g L$

    De plus, $g\delta_h l= \delta_{gh}(gl)$, de sorte que la composante $hL$ est envoyée par $g$ dans $ghL$. Donc $G$ permute les composantes.

    Pour tout $g\in G$, $g$ est un isomorphisme $\delta_eL\to \delta_g L$, naturel en $L$.
    Soit $l\in L$. $l = \sum_g \delta_g l$. Si $l$ est un point fixe, alors $\delta_g l = g\delta_e l$ pour tout $g$. Réciproquement, si $a\in e L$ alors $\sum_g ga$ est un point fixe. Donc $\delta_e : L\to eL$ établit un isomorphisme $L^G\to eL$. Il est alors simple de vérifier que $C(G,S)\otimes_S eL\to C(G,S)\otimes_S L^G\to L$ est un isomorphisme.

    Conclusion : soit $G$ un groupe fini agissant sur $S$ et $R=S^G$.
    Si $S$ est fidèlement plat sur $R$; et si $S\otimes_R S \cong S[G]$ (au sens décrit plus haut), alors on a de la descente.
    Cela donne automatiquement le cas des corps (on voit d'où sort l'astuce de aRc !)

    Je ne suis pas sûr par contre de voir d'où vient ce que disait Pea, à savoir que la fidèle platitude suffisait. J'ai beaucoup utilisé $S\otimes_R S \cong S[G]$.

    En fait, la fidèle platitude ne peut pas suffire pour avoir ma descente galoisienne, car ça voudrait dire que je peux remplacer $G$ par n'importe quelle extension de $G$, or ça change la catégorie des données de descente (en particulier ça changerait $S\otimes_R S$, qui doit être de rang $|G|$ sur $S$, donc $G$ doit agir fidèlement)

    Pea, si tu repasses par là, tu pourras peut-être préciser ce que tu voulais dire ?
  • Maxtimax: je n'ai pas tout lu mais je m'aperçois effectivement que ce que je t'ai raconté est faux. Plus précisément, si $R\to S$ est fidèlement plat, on a bien une équivalence entre la catégorie des R-modules et celles des S-modules munis d'une "structure de descente" (c'est expliqué dans la section 4.2.1 du cours de Vistoli) mais, cependant, lorsque $R=S^G$ cette donnée de descente n'a aucune raison d'être équivalente à une action de $G$-semilinéaire (en général on a besoin de plus). En fait, c'est le cas précisément quand $Spec(S)$ est un $G$-torseur sur $Spec(R)$ ce qui est encore équivalent à ta condition $S\otimes_R S\simeq S[G]$! Du coup le critère géométrique devient aussi plus facile à énoncer (sauf erreur!): si $S$ est l'algèbre des fonctions régulières d'une variété lisse $X$ sur un corps $k$ algébriquement clos alors $R\to S$ vérifie ta "descente Galoisienne" si et seulement tous les stabilisateurs pour l'action de $G$ sur $X$ sont triviaux. Encore désolé pour cette fausse indication!
  • Pea: Oui je me disais bien que ma condition sur $S\otimes_RS$ avait une interprétation géométrique.
    Merci pour ta correction, je pensais bien que c'était quelque chose comme ça - la donnée de descente a un lien avec le (co?)nerf de Cech, c'est ça ?
  • Je ne sais pas ce que c'est le "(co)nerf de Cech" mais géométriquement une donnée de descente c'est la chose suivante. On a un $S$-module $M$ que l'on voit comme un module quasi-cohérent sur $Spec(S)$. Pour la topologie fidèlement plate (de présentation finie) $Spec(S)\to Spec(R)$ est un recouvrement ouvert et une "donnée de descente" c'est une donnée de recollement sur l'intersection $Spec(S)\times_{Spec(R)} Spec(S)=Spec(S\otimes_R S)$ (un isomorphisme $\psi: M\otimes_R S\simeq S\otimes_R M$) avec une condition de cohérence sur l'intersection triple $Spec(S)\times_{Spec(R)} Spec(S)\times_{Spec(R)} Spec(S)=Spec(S\otimes_R S\otimes_R S)$ (les deux isomorphismes $M\otimes_R S \otimes_R S \simeq S\otimes_R S\otimes_R M$ que l'on peut déduire de $\psi$ coïncident).
  • Oui ok, là tu tronques le (co)nerf de Cech parce qu'on n'a pas besoin de plus.

    Dans le monde homotopique il faudrait continuer (montrer que les identifications des isos sur les triples intersections coïncident sur les quadruples intersections etc.) et ça donne un truc du genre $S\otimes_R S, S\otimes_RS\otimes_R S, ..., S^{\otimes_R n}$ qui a une structure naturelle d'ensemble cosimplicial (donc en toute logique, le conerf de Cech plutôt que le nerf)

    C'est des trucs que j'ai envie d'apprendre un jour (notamment parce que là ça permet de détecter les faisceaux, et qu'il y a un truc qui s'appelle "hyperfaisceaux" que je ne connais pas du tout)
    mais bon, on s'éloigne là (quoique... je crois que j'ai à peu près ce qu'il me faut, sauf si quelqu'un·e a des choses à ajouter - notamment sur les points suivants :


    a- quid des groupes infinis (profinis ?) ?
    b- Y a-t-il des critères sur l'action de $G$ pour détecter les deux conditions que j'ai mentionnées ? (Fidèle platitude, et la condition shr $S\otimes_R S$)
  • Maxtimax,

    Je précise tout de suite que je n'y connais que dalle à la théorie de la descente galoisienne. J'ai juste étudié les trucs de bébés de BASE : par exemple, on ne se moque pas, ce qui figure dans le chapitre V (Corps commutatifs) de Bourbaki (les différentes éditions), un peu dans Corps Locaux et d'autres ouvrages (Poonen, dans Rational points on varieties http://math.mit.edu/~poonen/papers/Qpoints.pdf, Gille & Szamuely, Central Simple Algebras and Galois Coholomogy).

    Il s'agissait pour moi d'analyser les preuves (le lemme de Speiser, le trick de Cartier ...etc..) et savoir comment dans un contexte galoisien $(K,L,G)$ en théorie des corps, s'organisaient les oeufs et les poules. Et si je parle des différentes éditions de Bourbaki, c'est que oeufs et poules ont changé de rôle entre telle et telle édition. Et que ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver.

    Et alors ? Ce qui m'étonne, mais je suis peut-être à côté de mes pompes, c'est le fait de vouloir passer du contexte $(K,L,G)$ en théorie des corps à $(R,S,G)$ en théorie des anneaux avec $R = S^G$ si j'ai bien compris sans hypothèse supplémentaire. Par exemple une hypothèse galoisienne telle que $(R,S,G)$ est une algèbre galoisienne, ce qui est peut-être un peu fort comme hypothèse d'ailleurs (mais qui est celle du contexte des corps !).

    Si je suis hors-sujet, préviens un modérateur.
  • Salut Claude,.

    Non justement ce n'est pas sans.hypothèse supplémentaire !
    Le but de l'opération était précisément de trouver des hypothèses sur $(R,S,G)$ qui faisait marcher le schmil-blick, mais des hypothèses portant plus sur la struccture de $S$ "vis-à-vis de $G$" disons, que sur la tructure de $S$ elle-même.
    Par exemple je ne voulais pas supposer que $S$ est un corps. L'une des raisons est que fondamentalement je veux regarder plus loin : Ausoni-Rognes (puis Mathew et d'autres) ont développé (développent) une théorie de Galois dans le cadre des anneaux en spectres, et sans forcément savoir grand chose de ça, tu dois imaginer qu'on ne peut pas supposer qu'on a affaire à un corps dans ce cadre :-D

    (D'ailleurs peut-être que l'algèbre spectrale, ça ta plairait - c'est très peu concret, mais du fait de la nature des objets on est un peu obligé de travailler constructivement, et de comprendre "le fond" de certains phénomènes d'algèbre commutative, exercice que je sais te plaire ;-) )

    Par contre on peut faire des hypothèses telles que "$S$ est fidèle sur $R$", c'est pour ça que ce type d'hypothèse me va.

    Mais je suis intéressé : c'est quoi une algèbre galoisienne ?
  • Maxtimax
    Je nous fais de la pub : section VI.7. On tient cela par exemple de DeMeyer et Ingraham (chap III, Galois algebras, de leur Separable Algebras over Commutative Rings, LNM 181, 1971).

    Un exemple de bébé : $L/K$ une extension galoisienne de corps de nombres de groupe de Galois $G$. Tu passes aux anneaux d'entiers : $R$ pour $K$, $S$ pour $L$. Tu as bien sûr $R = S^G$ mais $(R, S, G)$ n'est pas une algèbre galoisienne. Il faut neutraliser la ramification en rendant inversible ce qu'il faut. Par exemple si $K = \Q$, donc $R = \Z$, il faudra localiser en bas pour rendre inversible le discriminant de $S/\Z$.

    De manière générale : si $(R,S,G)$ est galoisienne, alors $S$ est un $R$-module projectif de rang constant $|G|$, $R$ est facteur direct dans $S$ (en tant que $R$-modules) et $S/R$ est étale au sens tracique ou différentiel, c'est pareil.
    C'est donc très très fort comme hypothèse et je me demande si cela a un rapport avec tes affaires.
  • Merci pour la ref !
    C'est marrant, j'ouvre ton livre, et la définition 7.2 (automorphismes séparants) j'étais tombé dessus en réfléchissant à comment généraliser l'approche "de Conrad" mais je m'étais dit que c'était trop restrictif :-D

    En fait, plus exactement, je ne sais pas trop retraduire cette condition "plus abstraitement"
    (Et comme je l'ai dit, ce n'est pas un but en soi d'abstraire, mais ici, j'en ai "besoin")
  • Il me semble que c'est effectivement la même condition: $Spec(S)$ est un $G$-torseur sur $Spec(R)$ signifie que $Spec(S)$ est un revêtement galoisien de groupe $G$ de $Spec(R)$. Pour un critère général portant sur l'action de $G$, on a le résultat suivant: si $S$ est nothérien et $S/R$ est fini (ce qui est très souvent le cas en pratique, par exemple, si je ne dis pas de bêtise, si $S$ est intègre et l'extension $Frac(S)/Frac(R)$ séparable), alors $Spec(S)$ est un $G$-torseur sur $Spec(R)$ si et seulement si pour tout point $x\in Spec(S)$, le groupe d'inertie $G_i(x)$ (i.e. le sous-groupe du stabilisateur agissant trivialement sur le corps résiduel) est trivial (et d'ailleurs, il me semble qu'il suffit aussi de vérifier cela sur les points fermés). C'est dans SGA 1: proposition 2.6 de l'exposé V (le début de l'exposé porte précisément sur les revêtements galoisiens).
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