Comprendre les schémas en groupe

Bonsoir,
j'aimerais essayer de comprendre ce message.

En fait, il est question dans ce post de groupe algébrique. L'ensemble sous-jacent à l'exemple est la droite affine, et l'algèbre associée est k[t]. À partir de là, je ne comprends pas comment on vérifie les axiomes de groupe.

ignatus.

Réponses

  • Il y a deux points de vue, le plus simple pour ce genre de questions est le point de vue foncteur des points.

    Un schéma (sur $k$) est un certain type de foncteur $CAlg_k\to Set$ des algèbres commutatives sur $k$ vers les ensembles; et ce type de foncteurs est stable par produit naïf, i.e. $(X\times Y)(R) = X(R)\times Y(R)$ - en fait ce produit n'est pas "quelconque", c'est le produit catégorique.

    Donc, un schéma en groupes, c'est un foncteur $X$ (qui est un schéma) muni d'une multiplication $X\times X\to X$, d'un neutre $1\to X$ et d'une inversion $i:X\to X$, qui vérifient un certain nombre d'axiomes.

    Comme ces axiomes sont des commutations de diagrammes, et que le produit est "pointwise" (cf. plus haut), ces axiomes reviennent à dire que pour tout $R$, la multiplication, le neutre et l'inverse qu'on s'est donnés sur $X(R)$, en font un groupe.

    Par conséquent (il y a un théorème plus général derrière mais passons), un schéma en groupes c'est un foncteur $CAlg_k\to Grp$ tel que si on le compose avec le foncteur d'oubli $Grp\to Set$, on obtienne un schéma.

    Ici, on sait au préalable que la ligne affine $\mathbb A^1$ est un schéma (c'est $Spec(k[t])$), mais on sait aussi que le foncteur en question c'est le foncteur d'oubli $R\mapsto R$ (sans abus de notation :-D ça donne $(R,+,\times,0,1,\eta : k\to R) \mapsto R$, donc vraiment un oubli)

    Mais sauf que ça on peut le voir comme la composition $R\mapsto (R,+)\mapsto R$ où on oublie d'abord tout sauf la structure de groupe additif, puis on réoublie ça. Donc $R\mapsto (R,+)$ est un schéma en groupes: on l'appelle $\mathbb G_a$. Et dans ce cas particulier, j'ai rien à vérifier puisque les axiomes de groupes sont imposés par la définition d'anneau !

    Ce sera pareil dans le cas de $\mathbb G_m$, défini par $R\mapsto (R^\times, \cdot)$ (dont le schéma sous-jacent est $Spec(k[t,t^{-1}])$)

    Ce que NoName indiquait avec $1\otimes t + t\otimes 1$ c'était la version Yoneda-duale du produit en question, mais n'y prête pas trop attention pour le moment.
  • Ton explication est lumineuse Maxtimax, je te remercie chaleureusement !!

    Effectivement, avec les pages wikipedia, je m'emmêlais les pinceaux avec la définition par foncteur, et celle qui mime les les axiomes de groupe.

    J'aurais cependant plusieurs remarques à faire.

    1)Tout d'abord, le produit catégorique. J'ai du mal à le comprendre précisément, mais je crois que c'est un cas particulier de préservation de limite finie. On a une limite dans une catégorie de foncteurs et une limite dans la catégorie des ensembles. En fait, on a un foncteur de la catégorie des schémas à valeurs dans la catégorie des ensembles. Je ne sais pas si c'est correct ce que je dis, mais j'aimerais bien voir apparaître une adjonction qui respecte les limites...

    2)Ensuite, pour pouvoir parler d'unité, on a besoin d'introduire un schéma de base S qui sera mon objet final. C'est bien ça ?

    3)Quel est le théorème général dont tu parles ?

    4)Finalement, je ne comprends pas comment on obtient la version Yonéda-duale du produit ?

    ignatus.
  • 1/ C'est un fait général que si $C$ a toutes les limites de type $I$, alors $Fun(J,C)$ les a aussi, pour tout $J$, et elles sont préservées par les évaluations $ev_j : Fun(J,C) \to C$. Ici il y a une subtilité additionnelle que la catégorie des schémas n'est pas juste celle des foncteurs, donc il faut dire quelques mots pour expliquer pourquoi le produit est effectivement préservé.

    2/ Oui, je me suis placé sur une base $S = Spec(k)$ dans mon message précédent mais on peut généraliser et jouer avec une base plus générale.

    3/ Si $T$ est une théorie algébrique, et $C$ est une catégorie avec des produits finis, alors pour tout $J$, $Mod_T(Fun(J,C)) \simeq Fun(J,Mod_T(C))$, où $Mod_T$ veut dire "modèles de $T$ dans" - je voulais pas préciser parce que je n'ai pas dit ce qu'était une théorie algébrique ou ce qu'étaient ses modèles dans une catégorie.

    4/ $Spec$ envoie $R$ sur $\hom(R,-)$ : $Spec(R)$ est le foncteur $S\mapsto \hom(R,S)$. Le lemme de Yoneda nous dit en particulier que $Spec$ est pleinement fidèle (comprendre "un plongement") et envoie les coproduits (produit tensoriel dans ce contexte) sur des produits. Ainsi, si $Spec(R)$ est muni d'une structure de groupe, alors $R$ est muni d'une structure de co-groupe, c'est-à-dire qu'il vient avec une comultiplication $\Delta: R\to R\otimes R$ et une co-unité $R\to k$ qui vérifient certains axiomes.

    Ici, NoName te décrivait la comultiplication sur $k[t]$ qui vient de ce que $Spec(k[t]) = \mathbb G_a$ est le "groupe additif". Pour obtenir une description il suffit de suivre la preuve du lemme de Yoneda. En l'occurrence, il va falloir regarder la multiplication $\mathbb G_a(k[t]\otimes_k k[t]) \times \mathbb G_a(k[t]\otimes k[t]) \to \mathbb G_a(k[t]\otimes k[t])$ - à gauche, on a le couple $(t\otimes 1, 1\otimes t)$ qui représente l'identité dans $\hom(k[t]\otimes k[t],k[t]\otimes k[t]) \cong \hom(k[t],k[t]\otimes k[t]) \times \hom(k[t],k[t]\otimes k[t]) = \mathbb G_a(k[t]\otimes_k k[t]) \times \mathbb G_a(k[t]\otimes k[t]) $

    Par Yoneda, il va être envoyé, dans $\hom(k[t], k[t]\otimes k[t])$ sur la comultiplication $\Delta$, donc il faut voir sur quoi notre couple est envoyé. Mais on sait que $\mathbb G_a$ est le groupe additif sous-jacent, donc c'est juste $t\otimes 1 +1\otimes t \in \mathbb G_a(k[t]\otimes k[t])$ - c'est ça que NoName disait.
    Pour $\mathbb G_m$, on a la description $t\otimes t$ par un calcul similaire.
  • Hello

    Une petite remarque, on est pas obligé de représenter $\mathbb{A}^1 \times \mathbb{A}^1$ par l'anneau $k[t] \otimes k[t]$ et le point générique $(1 \otimes t, t \otimes 1)$. On peut prendre un modèle polynomial du produit tensoriel, i.e représenter par $k[X,Y]$ et le point générique $(X,Y)$, et l'addition devient $X+Y$ et la co-multiplication (enfin co-addition plutôt )$t \mapsto X+Y$.
  • @Maxtimax : J'essaie de comprendre ta réponse à la question 4. C'est surtout ça qui me posait problème, et j'essaie de revenir au lemme de Yoneda et sa relation avec le produit tensoriel via les foncteurs représentables.

    ignatus.
  • Je crois avoir avancé d'un petit pas.

    J'ai longtemps bloqué sur l'assertion qui dit que les coproduits sont transformés en produits. Je ne comprenais pas parce que tout ce que je savais, c'est que dans une adjonction, l'adjoint à gauche préserve les colimites, et l'adjoint à droite les limites.
    Mais dans le chapitre 3 du livre de Riehl, à la page 96, il est fait mention de la propriété universelle de représentabilité des colimites : le foncteur Hom à valeurs dans la catégorie des ensembles transforme les colimites en limites. Il faudra que je lise ce chapitre pour comprendre clairement tout ça...

    Bon, je vais m'arrêter là pour aujourd'hui car le simple fait d'avoir cherché à comprendre ça m'a fatigué.

    ignatus.
  • Bonjour,

    après m'être un peu reposé, j'essaie de revenir sur le point 4).

    On a Spec(R) qui est le foncteur S...........> Hom(R, S). On doit donc avoir, pour tout S, que Hom(R, S) est un groupe.
    Du coup, je n'ai pas très bien compris ce qu'était une comultiplication, mais cela doit vouloir dire que l'on définit une opération sur R telle que, lorsqu'on applique Spec, le transport de structure donne une multiplication sur Hom(R, S). Comme on a Hom(R*R, S) = Hom(R, S) x Hom(R, S), on peut comprendre que la comultiplication ait quelque chose à voir avec le produit tensoriel, et soit une application de la forme R......> R*R, x I...........>x*x. Est-ce que ce que j'écris est correct ?

    Après, je ne comprends pas pourquoi on prend le groupe additif à valeurs dans k[t] * k[t]. Est- ce que c'est parce que cela facilite le calcul de l'unité et la counité ?

    ignatus.
  • La multiplication sur $Spec(R)$ est un morphisme $Spec(R)\times Spec(R) \to Spec(R)$, i.e. (comme $\otimes$ est un coproduit) $Spec(R\otimes R)\to Spec(R)$.
    Comme le plongement de Yoneda est pleinement fidèle, ça correspond à un morphisme $R\to R\otimes R$, c'est ça la comultiplication.
    Pareil, l'unité de notre groupe est un morphisme $Spec(k)\to Spec(R)$, qui correspond donc à un morphisme $R\to k$, c'est ça la co-unité.

    Pour les "calculer", on suit simplement la preuve du lemme de Yoneda, qui nous dit que pour trouver à quel morphisme $R\to R\otimes R$ correspond $Spec(R\otimes R)\to Spec(R)$ correspond, il suffit d'évaluer en $R\otimes R$ (donc si $R=k[t]$ et qu'on regarde le groupe additif, on évalue en $k[t]\otimes k[t]$ : on regarde le groupe additif de $k[t]\otimes k[t]$), puis en $id_{R\otimes R}$.

    Donc ce n'est pas une question de facilité, c'est juste que c'est comme ça que c'est défini.

    C'est comme ça qu'on voit qu'il suffit de regarder l'image de $(t\otimes 1, 1\otimes t)$. Comme tu le vois dans ce cas, ce n'est pas (du tout du tout) forcément de la forme $x\mapsto x\otimes x$ - c'est d'ailleurs rarement de cette forme là, même l'existence d'un $x$ non trivial qui vérifie $\Delta(x) = x\otimes x$ n'est pas en général assurée.
  • Oui, merci beaucoup Maxtimax, je viens de comprendre. C'est effectivement la méthode de la démonstration du lemme de Yoneda. Bien que je connaisse quelques termes en théorie des catégories, je suis loin encore d'avoir des réflexes de pensée de catégoricien...

    ignatus.
  • @flipflop : désolé de te répondre si tard. Je viens de lire ton message, et je te remercie pour ton point de vue. En fait, ce que tu dis, c'est que A2 est isomorphe à A1 x A1. Après, je n'ai pas compris la suite, mais je vais essayer de faire un effort.

    ignatus.
  • $\newcommand{\mbb}{\mathbb}$Mais géométriquement ce qui se passe dans le cas de $\mbb{G}_a$ est éminemment simple.
    On a un groupe $G$, donc il est muni d'une opération $\mu: G\times G\to G$. Ca donne une application duale dans les fonctions régulières (disons $\Gamma(G)$), $\Delta: \Gamma(G)\to \Gamma(G\times G)$, qui à $f$ associe $f\circ \mu$. On peut voir $f\in \Gamma(G)$ comme une application sur la première copie de $G$, disons $f_1=f\circ p_1$ ou sur la second $f_2=f\circ p_2$. La comultiplication décrit juste sur qui $f$ est envoyé en général, c'est la multiplication duale qui agit sur les fonctions.
    Pour $G=\mbb{G}_a$, on a essentiellement qu'une seule fonction, la fonction $t$, la loi étant l'addition, on voit que $\Delta(t)(x,y)=t(x+y)=x+y$ (avec $x$ et $y$ les coordonnées sur chaque copie de $\mbb{G}_a$ qui est la droite affine), mais $x$ c'est la fonction, $t_1=t\circ p_1$ et $y$ c'est la fonction $t_2=t\circ p_2$, donc $\Delta(t)=t\circ p_1+t\circ p_2$.

    Evidemment tout ca est tres "classique" et un peu faux, cela suppose $G$ affine (ce qu'il est ici) sinon on est obligé de faire les choses localement et de faisceautiser, cela suppose qu'on est sur un corps algébriquement clos, mais si on ecrit tout ca en langage schématique, $t_1=t\otimes 1$ et $t_2=1\otimes t$ et $\Gamma(G\times G)=\Gamma(G)\otimes \Gamma(G)$ par définition (localement bien sur, ici globalement car le groupe est affine). C'est bien le point du monde algébrique, que localement les fonctions sur un produit $X\times Y$ sont des sommes finies de $f(x)g(y)$ avec $f$ fonction sur $X$ et $g$ fonction sur $Y$.

    Bien sur rien n'empêche d'adopter le point de vue foncteur des points, et il est fructueux de le faire en particulier pour comprendre pourquoi on appelle ce truc LE groupe additif, mais si on fait un dessin tout ceci c'est évident en fait.

    Edit: corrigé une faute de frappe $\Gamma(G)\times \Gamma(G)$ au lieu de $\Gamma(G\times G)$ assez facheuse pour la compréhension.
  • En fait, je n'ai pas complètement compris.

    Je me dis que pour déterminer un morphisme de k[t] (tensoriel) k[t] dans k[t] (tensoriel) k[t], il suffit de déterminer l'image de 1 (tensoriel) t et t (tensoriel) 1. Le morphisme identité est donc "représenté" par l'identité sur 1 (tensoriel) t et t (tensoriel) 1. Et le morphisme que l'on associe par Yonéda est déterminé par la somme de 1 (tensoriel) t et t (tensoriel) 1.

    Si l'on prend la reformulation de flipflop, à une transformation naturelle entre Spec (K[X, Y]) et Spec (K[X]), on associe un unique morphisme entre K[X] et K[X, Y]. Pour déterminer un morphisme de K[X, Y] dans K[X, Y], on a besoin de connaître l'image de X et l'image de Y. Le morphisme identité est donc représenté par l'identité sur X et l'identité sur Y. L'image par Yonéda est donc t envoyé sur X + Y.

    Est-ce que c'est exact ?

    ignatus.
  • Salut Ignatus,

    Ma remarque c'est juste pour rendre la chose un peu plus claire et c'est pour les foncteurs qui sont représentés par des algèbres de présentation finies !

    Tu représentes $\mathbb{A}^1 \times \mathbb{A}^1$ par $\Z[X,Y]$ et les points $X$ et $Y$ ; l'addition de $X$ et $Y$ c'est bien $X+Y$ (c'est un peu plus parlant je trouve que $1 \otimes t + t \otimes 1$ ?!?). Et bien le morphisme convoité c'est celui qui envoie $t$ sur $X+Y$.

    Essayons avec la multiplication matricielle du foncteur $\text{SL}_2$ que tu représentes par $\Z[a,b,c,d] / \langle ad-bc - 1 \rangle$ et la matrice $\begin{bmatrix} a & b \\ c & d \end{bmatrix}$. Tu dupliques les variables avec des indices $1$ et $2$ pour le produit $\text{SL}_2 \times \text{SL}_2$ $$\Z[a_1,b_1,c_1,d_1,a_2,b_2,c_2,d_2] / \langle a_1d_1-b_1c_1 - 1, a_2d_2-b_2c_2 - 1 \rangle$$

    Tu calcules le produit matricielle des deux matrices :
    $$
    \begin{bmatrix} a_1 & b_1 \\ c_1 & d_1 \end{bmatrix} \times \begin{bmatrix} a_2 & b_2 \\ c_2 & d_2 \end{bmatrix}
    $$
    et le morphisme (d'algèbre) de co-multiplication que tu veux voir, envoie $(a,b,c,d)$ sur les coefficients de la matrice produit que tu obtiens.

    En espérant que ça t'aide, sinon oublie ;-)
  • Merci flipflop, j'ai l'impression de comprendre ton exemple.

    J'aimerais répondre à NoName, parce qu'il y a une ouverture pour considérer des groupes qui ne proviennent pas d'un schéma affine, bien que ce ne soit pas très clair pour moi... Mais pour l'instant, je me repose...

    ignatus.
  • Petite remarque en passant : dans les messages plus hauts, il a été fait mention de points génériques. Or, c'est un terme qui intervient dans la définition des schémas comme espaces localement annelés. Je ne connais pas la correspondance entre ce point de vue, et le point de vue foncteur des points...

    ignatus.
  • Le terme de générique utilisé plus haut n'est pas du tout dans le sens de point générique au sens schématique, c'est simplement au sens le "point courant" (ce qui n'est pas le cas dans le message que j'avais écris dans l'autre fil).
  • Et j'ajoute qu'à mon avis, tu t'égares totalement dans ce fil.

    Comprendre les schémas en groupe, ca n'est pas comprendre comment Yoneda redonne la comultiplication ou la relation du produit tensoriel avec le produit. Tout ca c'est de l'abstract nonsense général qui n'a rien à voir avec les schémas en groupe et à peine avec de la géométrie algébrique.

    Comprendre les schémas en groupe, c'est comprendre pourquoi un groupe algébrique affine est un groupe linéaire, c'est comprendre pourquoi $SL_n$ est réductif ou classifier les fibrés en droites sur un groupe algébrique propre.

    Ca ce sont de "vraies" questions et pour ça, tous les Yoneda du monde ne te seront d'aucune aide.
    Non pas que le point de vue foncteur des points ne soit pas utile, voire indispensable si on veut faire des choses plus sophistiquées et non pas que les considérations sont sur Yoneda ne soient pas intéressantes non plus, mais c'est juste de la théorie des catégories de base, et ca n'a absolument rien à voir avec des schémas en groupe.

    A mon avis, peut être non partagé d'ailleurs, tu mets vraiment la charrue avant les bœufs (ou plutôt tu te trombes sur ce qu'est la charrue et ce que sont les bœufs).

    De la meme manière comprendre qu'on peut voir un espace vectoriel fonctoriellement comme un schéma c'est bien, et il faut le faire un jour, mais c'est pas faire de l'algèbre linéaire et ca va pas t'aider à prouver Cayley-Hamilton.
  • Merci de donner ton avis NoName.

    Le principal problème, comme tu l'as vu, c'est que mes connaissances en géométrie algébrique sont très limitées. Il me manque des cours de base de M2.

    A partir de là, tout est affaire de philosophie une fois de plus. Pour ma part, je trouverai intéressant d'apprendre la théorie des catégories parallèlement à de l'algèbre avancée. Après, tu as des personnes, comme Maxtimax, qui préfère d'abord se saisir d'outils très conceptuels pour apprendre des mathématiques plus "concrètes". C'est aussi le point de vue d'Emily Riehl par exemple, qui milite pour l'introduction des catégories très tôt dans le cursus mathématique, car elle a fait l'expérience dans sa propre trajectoire qu'un cours de théorie des catégories qu'elle avait suivi en "undergraduate" lui avait permis d'apprendre facilement toutes les théories avancées de géométrie algébrique et de topologie algébrique.
    Enfin, il y a le point de vue des "géomètres", dont tu fais partie, qui pensent qu'il faut d'abord se frotter à des problèmes concrets pour vraiment comprendre les choses, avant de chercher une mise en ordre et une clarification conceptuelle.

    Maxtimax est très fort, et toi aussi tu es très fort. Il est donc difficile pour quelqu'un comme moi de savoir qui a raison. C'est pour cela que je parle d'affaire de goût, ou de philosophie. Ma position à moi serait de ne pas trancher. Je ne sais pas si c'est possible...

    Dans tous les cas, il faut apprendre les bases, et résister à l'envie d'en savoir plus quand on entend des mots compliqués, car très vite, on se heurte à cette évidence : on ne peut aller nulle part si l'on n'a pas les prérequis, et on ne peut pas demander aux gentils interlocuteurs du forum d'être précis quand ils savent que cela ne servira à rien. Donc, il faut soit accepter des réponses très générales dont on sait qu'elles n'expliquent pas grand chose, soit se maîtriser et accepter de faire des gammes avant d'aller vers ce qui nous intéresse vraiment...

    ignatus.
  • @NoName : du coup, si tu pouvais m'expliquer ce message, et pourquoi un groupe algébrique affine est un groupe linéaire, ce serait très gentil... Et si je vois vraiment que je suis largué, j'arrêterais le fil.

    ignatus.
  • Ben je veux bien t'expliquer mon message de plus haut (ou t'expliquer pourquoi tout groupe algébrique affine est linéaire, c'est assez élémentaire comme résultat), mais peut etre peux tu dire ce qui t'y parait obscur?

    Prend $k=\mathbb{C}$ un groupe algébrique affine c'est une sous variété affine, disons $G$, de $\mathbb{C}^n$, défini par des équations polynomiales, et équipé d'une multiplication $\mu: G\times G\to G$ qui soit algébrique (donnée par des polynomes) ainsi que d'un point de $G$ qui soit le neutre, et d'une inversion $\iota: G\to G$ là aussi algébrique, et qui vérifie les axiomes usuels d'un goupe.
    Si $f$ est une fonction de $G$ dans $\mathbb{C}$, alors on peut voir $f$ comme une fonction de $G\times G$ dans $\mathbb{C}$ donnée par $f\circ \mu$, l'application que l'on obtient $\Gamma(G)\to \Gamma(G\times G) $ s'appelle la comultiplication. Comme $G$ est une variété affine et que $\mathbb{C}$ est algébriquement clos et que $G$ est lisse alors $\Gamma(G\times G)=\Gamma(G)\otimes \Gamma(G)$ (ceci est un faux problème schématiquement, pour deux $R$-schémas affines, on a toujours $\Gamma(X\times_R Y)= \Gamma(X)\otimes_R \Gamma(Y)$, mais en fonction de la notion de variété que l'on prend, il peut y avoir qqch à vérifier ici qui utilise le fait que $\mathbb{C}$ est algébriquement clos).

    En général on prescrit toujours les morphismes de variétés en se donnant les morphismes sur les anneaux de fonctions (les $\Gamma(X)$) parce que c'est exactement comme ca qu'on se les donne dans la pratique.

    La comultiplication dans le cas du groupe additif est simplement le morphisme qui à $f$ (fonction sur $\mathbb{C}$) associe $\delta(f)$ fonction sur $\mathbb{C}^2$ défini par $\Delta(f)(x,y)=f(x+y)$.
    Comme $\Gamma(\mathbb{C}))=\mathbb{C}[t]$, on se contente en general de donner l'image de $t$ qui s'envoie donc sur la fonction sur $\mathbb{C}^2$ qui a $(x,y)$ associe $x+y$, c'est $t\circ p_1+t\circ p_2$. Comme dit plus haut, via l'identification $\Gamma(G\times G)=\Gamma(G)\otimes \Gamma(G)$, alors $t \circ p_1$ c'est $t\otimes 1$ et $t\circ p_2$ c'est $1\otimes t$ (c'est simplement l'isomorphisme $\mathbb{C}[T] \otimes \mathbb{C}[T] \simeq \mathbb{C}[X, Y]$ )

    Bref, le groupe algébrique additif sur $\mathbb{C}$ c'est $\mathbb{C}$ muni de l'addition, simplement revisité avec un langage un poil different.
  • Bonjour NoName,

    désolé d'avoir tardé à te répondre.

    J'ai l'impression de comprendre ton exemple, sauf qu'en quittant le point de vue fonctoriel, il est moins clair qu'un schéma en groupe n'est pas un schéma qui est muni d'une structure de groupe. Il me semble que tu en as besoin pour comprendre ce qu'est le groupe affine additif.

    Sinon, peut-être pourrais-tu me donner un exercice un poil plus dur que ton exemple pour vérifier si j'ai compris.

    ignatus.
  • Hello Ignatus,

    Tiens j'avais confectionné un petit exemple de groupe pour m'amuser un peu. Normalement j'ai vérifié le truc, espérant que je n'ai pas commis d'erreur (si y'a une connerie je serai content de le savoir).

    Soit $k = \Z[ X ]$, j'identifie la catégorie des $k$-algèbre à la catégorie suivante : pour objet je prend les couples $(R,r)$ où $r \in R$, un morphisme entre deux objets $(R,r)$ et $(R',r')$ est un morphisme d'anneau $\phi : R \to R'$ vérifiant $\phi(r) = r'$.

    Je note $G$ le foncteur donné par $(R,r) \mapsto \{ e \in R/rR \mid e^2 = e \}$ pour un morphisme $\phi : (R,r) \to (R',r')$ et bien par définition l'image de $r$ est $r'$ et j'ai un morphisme quotient $\overline{\phi} : R /rR \to R' /r'R'$, et puisque $\overline{\phi}$ est un morphisme d'anneau on a que si $e ^2 = e$ dans $R/rR$ alors $\overline{\phi}(e) ^2 = \overline{\phi}(e)$. Donc $G$ est bien un foncteur.

    On note : $\star : G \times G \to G$ donné par $\star_{R,r} : G(R,r) \times G(R,r) \to G(R,r)$, $(e_1,e_2) \mapsto e_1e_2+(1-e_1)(1-e_2)$. On note $\text{Inv} : G \to G$ le morphisme identité et $1 : \bullet \to G$ qui sélectionne $1 \in R/r$.

    Exercice : montrer que $(G,\star,1,\text{Inv})$ est un schéma en groupe (sur $k$).
  • Bonsoir flipflop,

    merci d'avoir fait l'effort d'écrire cet exercice.

    Je ne comprends pas bien ton identification des k-algèbres aux couples (R, r). R est une k-algèbre dont on a sélectionné un point, et on restreint les morphismes à ceux qui respectent ce point ? On a donc une sous-catégorie des k-algèbres.

    Puisque tu as déjà montré que G était un foncteur, il suffirait de montrer que G(R, r) est un groupe pour tout couple (R, r) avec la loi que tu as donnée. Donc en particulier qu'on obtient un idempotent à l'arrivée, à partir de deux idempotents au départ.

    J'essaierais de faire ça demain.

    ignatus.
  • Salut,

    Pour l'identification. C'est la propriété universelle des anneaux de polynômes. Non ce n'est pas une sous-catégorie des $k$-algèbre, c'est la catégorie des $k$-algèbre sauf connerie de ma part.

    1. Soit $k= \Z[X]$, une $k$-algèbre c'est la donné d'un anneau $R$ et d'un morphisme d'anneau $\iota_R : \Z[X] \to R$ (je pense qu'on dit morphisme structurel), mais un tel morphisme correspond à la donné de l'image de $X$ qui est un élément de $R$. Donc finalement, tu peux identifier une $k$-algèbre a la donné d'un couple $(R,r)$ où $r \in R$. De même, un morphisme de $k$-algèbre est un morphisme d'anneau $\phi : R \to R'$ tel que $\iota_{R'} = \phi \circ \iota_R$. Ce la revient à la condition que j'ai donné sur les morphismes. J'aime bien cette identification de la catégorie des $\Z[X]$-algèbre pour construire des foncteurs car ça te donne directement les données dont tu as le droit pour les construire ici un anneau $R$ et un point $r$ de l'anneau $R$ te permet de construire avec les données le quotient $R/ rR$.



    2. En fait c'est une construction générale. Soit $C$ une catégorie et soit $X : C \to \text{Ens}$ un foncteur covariant. On peut former la catégorie de Grothendieck de $X$ dont les objets sont les couples $(R,\zeta)$ avec $R$ un objet de $C$ et avec $\zeta \in X(R)$ et les morphismes sont les morphismes $\phi : R \to R'$ qui respecte le point $\zeta$ i.e un morphisme de $(R,\zeta) \to (R',\zeta')$, c'est un morshime $\phi : R \to R'$ tel que $X(\phi)(\zeta) = \zeta'$. Le lien avec le point $1$, c'est de faire cette construction pour le foncteur $\mathbb{A}^1 : \text{Ring} \to \text{Ens}$. On parle également de la catégorie des points de $X$.

    3. Pour l'exercice, il faut tout vérifier. Le fait que pour chaque anneau, $G(R,r)$ est bien un groupe et que lorsque tu te donne un morphisme $\phi : (R,r) \to (R',r')$, le morphisme correspondant $G(\phi) : G(R,r) \to G(R',r')$ est un morphisme de groupe (pas oublié ça). Ensuite, il fait prouver que le foncteur que je donne est bien un schéma ( c'est un vrai schéma pour le coup et pas un anneau !!!) ce n'est pas une évidence ! Je pense que si tu regardes les couples $(R,r)$ avec $R$ un corps est peu être pas mal pour commencer et avoir une idée !


    Une remarque : c'est juste un amusement car je n'y connais pas grand chose en algèbre et géométrie algébrique. Noname aura sans doute des exemples plus intéressant, mon bidule c'est juste pour matérialiser les définitions et se rendre compte des difficultés ou non !
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