Transposition, endomorphisme symétrique

Bonjour, j'ai beau chercher je n'arrive pas à interpréter géométriquement la notion d'endomorphisme symétrique soit également de transposée. J'ai pourtant bien fait les "calculs" par exemple f symétrique <=> sa matrice dans une BON est symétrique, F stable par f => l'orthogonal de F est stable par f.

Par exemple je vois ou plutôt je conçois tout à fait pourquoi un endomorphisme f préservant la norme peut se réduire en résumant son action par des rotations, mais je ne vois absolument pas pourquoi le théorème spectral est vrai .
Pour espérer une approche géométrique on doit considérer des R-espaces vectoriels donc on peut considérer
f symétrique <=> f ortho-diagonalisable .

Je cherche donc à comprendre géométriquement la propriété suivante (cas "réel" ) :
f symétrique <=> on peut résumer son action par des homothéties sur une base de vecteurs orthogonaux (lire il existe une base orthogonale de vecteurs propre de f associés à des valeurs propres réels).
J'aurais tendance à dire que je ne comprends pas la signification de la définition même d'un endomorphisme symétrique à savoir "(f(x)|y) =(f(y)|x)". C'est comme si je n'arrivais pas à la lire, même en écrivant formellement " ||f(x)|| ||y|| cos((f(x),y)) = ||f(y)|| ||x|| cos((f(y),x))".

Je suis à la recherche d'un argument qui porte sur les produits scalaires, sur les projections. Ne peut-on pas par exemple, par petitesse de la dimension, déterminer tous les endomorphismes symétriques de R^2 ? de R^3 ? Je connaît les homothéties et les projections orthogonales peut-être que les endomorphismes symétriques en sont des mélanges.
Veuillez excuser ma façon non rigoureuse de parler de l'algèbre linéaire/euclidienne. Si vous pouviez donc m'expliquer la ou une bonne façon de voir les endomorphismes symétriques, mais aussi et surtout la transposition matricielle qui, il est vrai, n'a pas totalement de lien avec tout mon bla-bla d'en haut ...
En fait je voulais vous demander non malhonnêtement de me parler, de m'expliquer vos interprétations de ces deux notions, que voyez-vous lorsque vous lisez des expressions avec des transposées ? Que répondriez-vous en français dans la mesure du possible si l'on vous demandait pourquoi toute matrice réelle symétrique est diagonalisable ?
En espérant que mon pavé n'est pas trop pénible.
Cordialement.

[En typographie, on ne met jamais d'espace avant un point ou une virgule, mais toujours après. ;-) AD]

Réponses

  • Il y a deux choses primordiales à comprendre.
    Dans ce qui suit $f$ est un endomorphisme symétrique d'un espace euclidien $E$. Les notations sont les notations usuelles.

    1) A partir de la relation $\langle f(u),v\rangle = \langle u, f(v)\rangle$, $u$, $v\in E$, on démontre :

    Lemme 1. Si $F$ est un sous-espace de $E$ stable par $f$, son orthogonal $F^\perp$ est aussi stable par $f$.

    2) Ensuite :

    Lemme 2. L'endomorphisme $f$ admet une valeur propre réelle.

    Il y a plusieurs façons de le démontrer mais la plus rapide est de se placer en BON, où $f$ a une matrice $M$ symétrique. On prend un valeur propre complexe $\lambda$ : $MX=\lambda X$, $\lambda\in \C$, $X\in {\rm M}_{n,1}(\C )$ non nul, et on montre qu'en fait $\lambda$ est réelle.

    Les deux lemmes permettent de montrer par récurrence que $f$ possède une BON de vecteurs propres.

    Dis-moi si tu as besoin de d'avantage de détails.
  • Bonjour merci pour votre message , cette démonstration est à peu de choses près universelle , je la connais bien sûr et ne peux la réfuter car c'est de la mathématique.
    Par contre lorsque l'on fait des produits , il me semble hermitiens , avec des transposées et des conjugués pour montrer que la valeur propre est réelle , ce sont toujours des maths , je comprends les étapes mais je ne comprend pas les raisonnements . Comme dit je suis à la recherche d'une interprétation géométrique de la transposition.
    Cordialement
  • D'accord, je comprends mieux ta question à présent.
  • Je ne sais pas si la réponse suivante vas te satisfaire. Mais sait-on jamais.

    Quand on a un espace vectoriel $E$ et un endomorphisme $f$, $f$ induit un endomorphisme du dual $E^*$ par $\varphi \mapsto \varphi \circ f$, endomorphisme noté ${}^t f$ et appelé transposé de $f$. D'un autre côté, si $f$ est euclidien $E$ s'identifie à $E^*$ par $v\mapsto \varphi_v$, où $\varphi_v (u)=\langle u,v\rangle$. L'endomorphisme transposé vérifie
    $$
    {}^t f (\varphi_v) (u) =\langle f(u),v\rangle = \langle u,f^* (v)\rangle = \varphi_{f^* (v)}(u)\ ,
    $$
    avec les quantificateurs là où il faut. En d'autres termes, si l'on confond $E$ et $E^*$ via l'identification ci-dessus, ${}^t f$ correspond à $f^*$, l'adjoint de $E$. Donc demander qu'un endomorphisme est symétrique revient à demander que ${}^t f=f$ dans l'identification $E=E^*$.
  • P.S. Quand tu parles de mélange d'homothéties et de projections orthogonales, tu es dans le vrai puisque tout endomorphisme symétrique est combinaison linéaire de projections orthogonales (commutant deux à deux si l'on veut), et réciproquement.
  • Je vais essayer de digérer tout ça. L'adjoint n'est plus au programme en MP, la seule chose que je sache c'est que les formes linéaires d'un espaces euclidiens sont les applications produits scalaire (elles peuvent s'écrire f(x) = (x|a)).
  • L'adjoint de $f$ est l'unique endomorphisme $f^*$ tel que $\langle f(u),v\rangle = \langle u,f^* (v)\rangle$, pour tous $u$, $v\in E$. Son unicité est facile à voir. Pour l'existence, si $f$ a pour matrice $M$ dans une BON, prendre pour $f^*$ l'endomorphisme de matrice $M^T$ dans la même base. C'est vrai que l'adjoint n'est plus en MP car on ne s'en sert plus. Il était utile quand on traitait encore les endomorphismes normaux : ceux qui commutent avec leur adjoint.
  • Je suis béotien en algèbre linéaire, et je ne sais pas si ça peut t'aider, mais je crois ressentir ton désir. Le calcul
    $$
    (PAP')^t = P'^t A^t P^t = P'^t A P^t = P A P'

    $$ montre*** qu'il y a quelque chose "d'un peu profond" au sens où si tu changes de bases orthonormées tu passes d'une symétrique à une autre symétrique.

    Sauf que tout ça s'obtient A PARTIR d'un truc qui est donné gratuitement, le produit scalaire USUEL. Les angles droits n'existent pas en maths, ils n'existent qu'en physique et on a pu les isomorpher mathématiquement. Mais étant donné un ev de dimension $n$, tu peux chercher longtemps, tu ne trouvera pas de "produit scalaire dessus", ni même d'ensembles de produits scalaires compatibles entre eux.

    Autrement dit, "être symétrique" n'a pas de sens autre que "être diagonalisable" dans l'absolu (ce qui est déjà pas mal ne t'inquiète pas, surtout au dessus de $\R$) mathématique.

    Les matrices $X$ telles que $X' = X^t$ (base canonique de $\R^n$ et produit scalaire USUEL donnés!) sont celles qui en termes de dessins conservent les hypersphères (en dim2 les cercles) et leurs tailles

    Hélas la conservation des elllpses est donnée par toutes les bijections linéaires (ainsi que la conservation des paraboles). Et puis de toute façon, les symétriques (pour le PS usuel) ne sont pas les isométries mais les "je ne sais pas quoi" invariantes par changement de bases obtenu via matrice de passage isométrique, donc bof.

    Ca te donne un truc du genre "je suis symétrique quand n'importe quel changement de base obtenu juste par déplacement me laisse encore symétrique" ce qui est hélas bouclant comme notion.

    Après, tu peux peut-être essayer de la chirurgie.

    - Le produit scalaire usuel est donnée par $(X,Y)\mapsto X^t\times Y$
    - La case $(i,j)$ de $AB$ est donnée par le produit scalaire de la ligne $i$ de $A$ par la colonne $j$ de $B$

    Bof, mais même là, je ne vois pas a priori d'intrinsèque. En termes photographiques, et dans $\R^2$, on obtient toutes les symétriques en tournant une photo puis en appliquant des facteurs pas forcément égaux d'agrandissement pour l'horizontale et la verticale, on voit bien que c'est bof bof.
    Bon, je formalise tout de même ta question pour le produit scalaire usuel, vue qu'elle est vague, en question précise (une version possible comblant tes désirs). Je note $T$ l'ensemble des $f$ symétriques pour le PS usuel.

    Existe-t-il un ensemble $L$ de parties de $\R^n$ tel que (1) et (2) ci-dessous:

    (1) $\forall f\in T\forall X\in L: \{f(u)\mid u\in X\}\in L$

    (2) Pour tout $f\in GL_n(\R)$ si $\forall X\in L: \{f(u)\mid u\in X\}\in L$ alors $f\in T$


    Merci pour ta demande.
    *** j'ai noté $X'$ pour dire "inverse de $X$"
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonjour , merci pour cette réponse très intéressante et riche d'idées à développer . Moi je suis pire que béotien en algèbre linéaire je suis carrément débutant et mes connaissances se limitent à celles du programme de prépa . Aussi pour être honnête je n'ai pas assez de recul pour comprendre vraiment toutes vos pistes (aussi bien de vous M. cristophe que celles de M. Paul) mais je garde ce fil en favori et je vais essayer de tout décortiquer puisque vous avez fait l'effort de me répondre .

    J'aimerais devenir plus familier avec ces notions même si après tout , la notion de " être symétrique " est une notion élémentaire , un concept fondamental de l'algèbre pure / de la logique , qui n'a donc pas forcément de lien avec la géométrie dans le cas des matrices. Peut-être qu'historiquement les mathématiciens se sont simplement intéressés à cette structure particulière dans les coefficients d'une matrice , puis en ont déduit un certain nombre de conséquences plus ou moins géométrique .

    Pour vous aider à m'aider , si vous le voulez bien : comment interprétez-vous ker(A)=ker(At) ? ker(A)=ker(AAt) ?

    pourquoi (A,B)->Tr(ABt) est un produit scalaire ? pourquoi (AB)t=BtAt ?

    Pour moi ces résultats ne représentent rien , je les montre en bidouillant sans rien comprendre ( ok certes rang des lignes= rang des colonnes)

    Cette volonté de vouloir comprendre plus en profondeur ces notions m'est apparue alors que je me retrouvais complètement impuissant face à des problèmes , là ou des magouilles astucieuses ne suffisent pas et ou selon moi il faut vraiment s'imager pour avoir des idées, sur par exemple les endomorphismes positifs ou les endomorphismes qui préservent rang , le spectre , le déterminant etc ..
  • 20100N a écrit:
    pourquoi (A,B)->Tr(ABt) est un produit scalaire ? pourquoi (AB)t=BtAt ? ... Pour moi ces résultats ne représentent rien

    Tu veux dire que tu ne sais pas démontrer ces résultats ou que tu ne sais pas te les représenter géométriquement ?

    Parce que si tu n'arrives pas à te les représenter géométriquement, alors on est deux. Mais en ce qui me concerne ça ne me pose pas de problème, je crois que l'intuition que l'on développe en algèbre n'est pas toujours de nature "géométrique" en se représentant les objets mathématiques par des "formes".
  • Je sais démontrer ces résultats et je suis d'accord pour l'intuition , mais en algèbre linéaire pour apprendre , démontrer , se souvenir , je trouve qu'il est important d'avoir ne serait-ce que quelques analogies géométriques : Un ev de dimenssion n = R^n et R^n = R^3 ou 3 devient n puis on copie les objets et propriétés usuelles .
  • Un endomorphisme symetrique c'est la donnee d'un repere orthonorme de l'espace euclidien $E$ et d'une matrice representative de cet endomorphisme dans cette base qui soit diagonale. En gros $\mathbb{O}(E) \times \R^n.$
  • On peut dire : un endomorphisme est symétrique ssi 1) pour tout x ,y ((f(x)|y) = (f(y)|x)) ssi 2) cette même propriété est vraie est vraie sur une bon.
    Si on a une bon de vecteurs propre de f on a 2) , c'est dans la réciproque que j'ai un problème.
    Je connais les démonstrations du cours et je sais qu'on peut le prouver mais cela ne me convainc pas.
  • @CC je ne comprends pas ta question bleue. Tu es sûr qu'il n'y a pas de coquille?
  • Bon je viens de la relire et non :-S
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • J'avais mal lu^^

    Je ne crois pas...
    Car il me semble que pour tout M inversible symetrique et toute permutation P (disons symetrique) , alors , par la première condition, PMP(L)= L et donc MP(L)=P(L)=L , mais comme on peut prendre M et P de sorte que MP n'est pas symetrique on a pas la condition 2
  • Félicitations !!!!!
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Ou plus rapidement L est invariant par toute transposition (car une transposition est symetrique) et donc par toute permutation (car produit de transpositions) ce qui contredit la deuxième condition.

    Edit : en fait il suffit de dire que les symetriques inversibles ne sont pas un sous groupe de GLn
  • @Cc merci^^


    Meme si je n'ai pas toit compris ton long mail qui a l'air très chouette même lu en diagonal... , j'ai la vague impression que ça va dans le sens de ce que tu disais...
  • Moi-même j'ai "senti" la recherche d'intrinsèquerie de l'auteur du fil, et ai essayé de proser dessus. Qu'y a-t-il de "profond" dans cette propriété des symétriques sur $\R$ (dans la base canonique)? That is the big Kouestionn.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
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