Endomorphismes à trouver

Bonjour

Trouver tous les $f \in L(M_n(C))$ endomorphismes de $M_n(C)$ tels que pour $X \in M_n(C)$

$f(X)X=Xf(X)$

Merci

Réponses

  • Alors, je commence : pour $n=1$, tous les $f\in \mathcal{L}(\mathcal{M}_n(\C))$ conviennent. B-)
  • Je continue avec les cas évidents : si $\Lambda$ est une forme linéaire sur $\mathcal{M}_n(\C)$, alors $f:M\mapsto \Lambda(M)I_n$ convient.
  • Et bien sûr aussi $f=Id_{\mathcal{M}_n(\C)}$.
  • On peut chercher quelles sont les possibilités pour $f(E_{i,j})$. Ensuite, il y a l'additivité de $f$.
  • On peut même considérer toutes les homothéties de $\mathcal{M}_n(\C)$.
    Je vais réfléchir à ce problème : il a l’air bien sympathique.
  • Bonsoir, deux minuscules contributions : l'ensemble des f qui vérifient la propriété est un sous-espace vectoriel de L(Mn(C)) de dimension < n^4 .

    Pour exploiter f(X)X=Xf(X), on a (f(X)X)p = f(X)pXp=Xpf(X)p
    et aussi que f(X) et X stabilisent mutuellement image et sous-espaces propres de l'autre, ont au moins un vecteur propre commun.
  • $\def\diag{\text{Diag}}$Il me semble que $f(\diag(\lambda_i)) = \diag(\mu_i)$ pour les $\lambda_i$ 2 à 2 distincts + de la linéarité doit donner, par densité-continuité, la stabilité des matrices diagonales. Les $\mu_i$ dépendent linéairement des $\lambda_j$.

    Et évidemment, cette remarque doit être indépendante de la base de diagonalisation choisie.
  • @marsup : J’avais pensé à quelques choses du même genre : si $C\in\mathcal{M}_n(\C)$ est une matrice cyclique, alors $f(C)$ est un polynôme en $C$. Cependant, je n’ai pas encore trouvé si on peut continuer après ou si c’est une impasse.
  • l'idée de déterminer les f en regardant sur la base canonique m'a l'air bonne

    f(Ei,j) commute avec Ei,j donne quelques coefficients nuls et une structure par blocs de f(Ei,j)

    Peut être qu'en écrivant que :

    f(Ea,b+Ec,d) commute avec Ea,b+Ec,d puis en développant avec la linéarité l'identification donnera-t-elle assez de coef nuls .
  • J'ai fait les calculs pour $n=2$ en regardant les matrices élémentaires $E_{i,j}$ ainsi que les matrices $E_{i,j}+E_{k,l}$. On trouve que les $f$ qui conviennent sont toutes de la forme $f(M) = \lambda M + \Lambda(M)I_n$, avec $\lambda\in \C$ et $\Lambda \in \mathcal{M}_n(\C)^*$. Et réciproquement, ces dernières conviennent (vérification immédiate).
  • Si on suppose que $f$ est de cette forme, est-il possible de trouver la valeur de $\lambda$ (définie ci-dessus) en l'exprimant uniquement à l'aide de $f$, de matrices élémentaires et éventuellement de la fonction trace ?

    Cela permettrait dans une synthèse de définir $\lambda$ et la fonction $\Lambda$ puis de montrer que $f$ est de la forme voulue par diagonalisation (et densité).
  • En réponse à Bisam.

    Je note $E_{ij}$ les matrices élémentaires et ${}^t M$ la transposée d'une matrice $M$. Un endomorphisme quelconque de ${\mathcal M}(n,\C )$ s'écrit de façon unique :
    $$
    (*) \hskip1cm f(X)=\sum_{k,l,u,v} \lambda_{k,l,u,v} {\rm Tr}({}^t E_{k,l} X) E_{u,v}
    $$
    pour $n^4$ constantes $\lambda_{k,l,u,v}$. Il me semble (à vérifier !) que $f$ est de la forme proposée par Guego si, et seulement si :

    -- pour $u\not= v$, $\lambda_{k,l,u,v}=0$, dès que $u\not= k$ ou $v\not= l$,

    -- pour $u=v$, $\lambda_{k,l,u,u}$ ne dépend pas de $u$.

    De sorte qu'il suffirait de partir (*) et d'écrire toutes les conditions $E_{ij}f(E_{ij})=f(E_{ij})E_{ij}$, $i$, $j=1,...,n$.
  • Paul : Je ne doute pas que ta méthode fonctionne. C'est d'ailleurs la même que celle proposée par 20100N.
    D'ailleurs, il est évident qu'un endomorphisme de $M_n(\C)$ peut s'écrire sous cette forme et fort probable que les contraintes suffisent à prouver que l'endomorphisme est de la forme suggérée par Guego.

    Mon souhait était de trouver une méthode moins "élémentaire".
  • > Mon souhait était de trouver une méthode moins "élémentaire".

    Oui, moi aussi. J'ai cherché sans succès.
  • L'ensemble des matrices semblables à une matrice-compagnon est dense et, pour une matrice $M$ dans cet ensemble, $f(M)\in\C_n[M]$, ce qui doit restreindre singulièrement le champ des possibles, d'autant plus que la linéarité est peu copine avec les polynômes.

    Mince : je n'avais lu que certains messages ; je vois que l'idée a déjà été lancée deux fois. Vite, Optic 2000:-(
  • J'ai quelques timides avancées mais, comme dirait un de nos plus brillants forumeurs, je n'ai pas démontré la conjecture de Hodge en un jour.

    1) On peut polariser l'identité $f(M)M=Mf(M)$ ; cela donne $[f(M),N]=[M,f(N)]$ pour toute paire de matrices. En particulier, avec $N=Id$, on voit que $f(Id)\in{\rm Vect}(Id)$.

    2) On peut écrire $f\big(\exp(tM)N\big)\,\exp(tM)N=\exp(tM)N\,f\big(\exp(tM)N\big)$, dériver et faire $t=0$ ; cela donne (curieusement, presque le même résultat, mais un peu moins bon) :
    \[[f(MN),N]=[MN,f(N)].

    \] En choisissant $M=N^k$, on voit que $f$ envoie $\C[N]$ dans le commutant ${\mathfrak z}(N)$ pour tout $N$.

    Puisqu'il me semble raisonnable que $f$ soit de la forme proposée par Guego, je vais, quand j'en aurai le loisir, étudier les éléments propres de $f$ ou rêver que $f^2$ s'exprime simplement en fonction de l'identité de $\cal L\,({\mathfrak M}_n(\C))$ et de $f$.
  • Tes histoires de crochet me donnent une idée pour une autre piste.

    On peut considérer l'ensemble
    \[F=\{f\in\mathcal{L}(M_n(\C))\mid \forall X\in M_n (\C),\ f(X)X=Xf(X)\}.

    \] Il est facile de vérifier les points suivants :
    • $F$ est un sous-espace vectoriel de $\mathcal{L}(M_n(\C))$
    • $\mathrm{Id}_{M_n(\C)}\in F$
    • pour tout $\varphi \in\mathcal{L}(M_n(\C),\C)$, l'application $S_\varphi:X\mapsto \varphi(X)I_n$ est dans $F$.
    Ainsi $F$ est de dimension supérieure ou égale à $n^2+1$.

    Si on considère à présent le crochet de Lie usuel sur $M_n(\C)$ : $[M,N]=MN-NM$ et la représentation adjointe : $\mathrm{ad}:M\mapsto(N\mapsto [M,N])$, on peut définir une application $\Phi$ de $\mathcal{L}(M_n(\C))$ dans $\mathcal{L}(M_n(\C),\mathcal{L}(M_n(\C)))$ par
    \[\Phi(f)=\left(M\mapsto\mathrm{ad}(f(M))-\mathrm{ad}(M)\circ f\right)

    \] On vérifie aisément que $\Phi$ est linéaire et d'après le point 1) de john-john, $F=\ker(\Phi)$.

    Puisque $\mathcal{L}(M_n(\C))$ est de dimension $(n^2)^2$, il suffirait alors de prouver que $\mathrm{rg}(\Phi)\geq n^4-(n^2+1)$ pour conclure...

    Bon, en l'écrivant, je me rends compte que ce n'est pas si trivial... mais c'est beau !
  • Avec les notations de bisam, $F$ est même une sous-algèbre parce que, si $f,g\in F$, alors $f(g(M))$ commute avec $M$ pour toute matrice cyclique et donc avec toute matrice grâce à un argument de densité.
  • $\newcommand{\gl}{\mathfrak{gl}}\newcommand{\sl}{\mathfrak{sl}}\newcommand{\gg}{\mathfrak{g}}\DeclareMathOperator{\id}{id}$Je crois qu'on cherche à montrer que toute application linéaire $\varphi: \sl_n\to \sl_n$ satisfaisant
    $$
    \forall x, y,\quad [\varphi(x), y] = [x,\varphi(y)]\tag*{($\star$)}

    $$ est proportionnelle à l'identité.

    Ça doit être vrai non seulement pour $\sl_n$, mais aussi pour toute algèbre de Lie simple complexe, au moins en dimension finie.
    Pas trouvé d'argument court.
    Après je bloque.
  • Bonsoir, i.zitoussi ;

    oui, cela revient à cela si l'on montre que $f$ laisse stable le noyau de la trace ; cela fait partie des questions que je m'étais posées, mais je cherchais dans d'autres directions pour l'instant.
  • $\newcommand{\gl}{\mathfrak{gl}}\newcommand{\sl}{\mathfrak{sl}}\newcommand{\gg}{\mathfrak{g}}\DeclareMathOperator{\id}{id}$Une application satisfaisant l'indentité du fil ne laisse pas nécessairement stable le noyau de la trace.

    Ce que je voulais dire c'est que si on tient compte du fait que $\gl_n$ se décompose en $\sl_n\oplus \C 1_n$ (en tant qu'algèbre de Lie), une application linéaire $\varphi:\gl_n\to\gl_n$ a naturellement 4 composantes. La composante $\C 1_n\to \sl_n$ est nulle (car $\varphi$ doit préserver le centre), les composantes vers le centre $\sl_n\to \C 1_n$ et $\C 1_n\to \C 1_n$ sont libres, et il ne reste plus qu'à déterminer la composante $\sl_n\to\sl_n$.
    Après je bloque.
  • Preuve fausse.

    1) Il est clair que tout endomorphisme de la forme $f_{\lambda,\varphi}(X)=\lambda X+\varphi(X) I$ convient, où $\varphi$ est une forme linéaire et $\lambda$ une constante.

    2) Si $X$ est diagonalisable avec des valeurs propres distinctes, alors $f(X)$ commute avec $X$ donc est un polynôme en $X$.

    3) Par densité, $f(X)$ est un polynôme en $X$ pour tout $X$ (le polynôme dépend de $X$).

    4) Soient $E_{ij}$ les matrices élémentaires, alors il existe des constantes $\lambda_{ij}$ et $\mu_{ij}$ telles que $f(E_{ij})=\lambda_{ij}E_{ij}+\mu_{ij}I$.

    5) Soit $\varphi$ la forme linéaire telle que $\varphi(E_{ij})=\mu_{ij}$ pour tous $i,j$. En retranchant $f_{0,\varphi}$ on peut supposer que $\mu_{ij}=0$.

    6) En écrivant que $f(E_{ii}+E_{ij})$ commute avec $E_{ii}+E_{ij}$ on trouve que $\lambda_{ii}=\lambda_{ij}$. De même on a $\lambda_{jj}=\lambda_{ij}$.

    7) Soit $\lambda$ la valeur commune des $\lambda_{ij}$, alors $f(E_{ij})=\lambda E_{ij}$ pour tous $i,j$ donc par linéarité on a $f(X)=\lambda X$ pour tout $X$.
  • bisam : C'est relativement facile d'exprimer $\lambda$ et $\Lambda$ "intrinsèquement" : pour $\lambda$, tu peux regarder $f(I_n)$ et $Tr(f)$, tu auras un système à deux inconnues et deux équations, qui te permet d'obtenir la valeur de $\lambda$ et de $\Lambda(I_n)$ en termes de $f(I_n)$ et $Tr(f)$; et pour $\Lambda$ tu peux alors considérer $Tr\circ f$ (et non pas $Tr(f)$ !!) qui te permet de récupérer $\Lambda$ en soustrayant $\lambda Tr$ et divisant par $n$.

    Je ne sais pas si ça te permet d'avancer, mais en tout cas tu peux les exprimer (sans faire tout plein de calculs)
  • JLT : comment tu obtiens ton point 3) ? Enfin vu que le polynôme bouge beaucoup je vois mal comment tu le contrôles pour pouvoir écrire $\lim_n P_n(X_n)$ comme $P(\lim_n X_n)$
  • Bon je ferais mieux d'aller me coucher.
  • $\newcommand{\gl}{\mathfrak{gl}}\newcommand{\sl}{\mathfrak{sl}}\newcommand{\gg}{\mathfrak{g}}\DeclareMathOperator{\id}{id}$Un argument qui évite celui de densité, mais c'est un peu longuet:

    Soit $\gg=\sl_n$. Toute application linéaire $\varphi: \gg\to \gg$ satisfaisant
    $$
    \forall x, y,\quad [\varphi(x), y] = [x,\varphi(y)]\tag*{($\star$)}
    $$
    est proportionnelle à l'identité.

    $\bullet$ A) Si $\ker\varphi\neq 0$, alors $\varphi=0$.
    On peut utiliser le fait que $\sl_n$ est simple, ce qui implique:
    - elle admet une forme bilinéaire $\langle-,-\rangle: \gg\otimes \gg\to \gg$ symétrique ($\langle x,y\rangle = \langle y,x\rangle$), invariante ($\langle [x,y], z\rangle = \langle x,[y,z]\rangle$)) et non-dégénérée.
    En combinant la propriété d'invariance de $\langle-,-\rangle$ et la propriété de $\varphi$ ($\star$), on obtient $\langle \varphi(x), [y,z]\rangle = \langle x, [\varphi (y),z]\rangle$, et donc (si $\varphi(x)=0$)
    $$
    [\gg, \ker(\varphi)] \subseteq [\gg, \mathrm{im} (\varphi)]^\perp
    $$
    - Pour tout $x\neq 0$, $[\gg,x]=\gg$ (la représentation adjointe est irréductible).
    Edit: FAUX, l'idéal engendré par $x$ n'est pas $[\gg, x]$, cf le message de Pea plus bas.
    Par conséquent, si $\ker(\varphi)\neq 0$, alors $\gg\subseteq [\gg, \mathrm{im} (\varphi)]^\perp$, soit $[\gg, \mathrm{im} (\varphi)]=0$, et donc $\varphi=0$.

    $\bullet$ B) Ensuite, on peut exploiter les faits que:
    (1) $\gg=\sl_n$ est graduée:
    $$
    \gg=\bigoplus_\alpha \gg_\alpha, \quad [\gg_\alpha, \gg_\beta]\subseteq \gg_{\alpha+\beta}
    $$
    (J'évite volontairement d'expliciter les notations, car si on commence on n'en finit pas. Ce sont les mêmes que celles de wikipedia.)
    $\gg_0$ est l'ensemble des matrices diagonales (de trace nulle), et un point important est que, pour $\alpha\neq 0$, chaque $\gg_\alpha$ non nul a dimension exactement $1$ (un $\alpha$ pour chaque matrice élémentaire hors-diagonale).
    Donc une application linéaire $\varphi: \gg\to \gg$ se décompose en somme de fonctions homogènes pour la graduation de $\gg$, ie $\varphi=\sum_\lambda \varphi_\lambda$, avec $\varphi_\lambda(\gg_\alpha)\subseteq \gg_{\alpha+\lambda}$.

    (2) L'équation du fil est homogène, ce qui n'est pas évident sous la forme originale, mais l'est sous la forme polarisée donnée par john_john ($\star$).
    Par conséquent, $\varphi= \sum_\lambda \varphi_\lambda$ satisfait l'équation si et seulement si chacune de ses composantes homogènes la satisfait.

    (3) Une composante homogène de degré $\lambda\neq 0$ a nécessairement un noyau non nul (car il existe forcément une racine $\alpha$ telle que $\alpha+\lambda$ ne soit pas racine, et donc $\varphi_\lambda(\gg_\alpha)=0$). Par le point A), $\varphi_\lambda = 0$.

    (4) (Edit: mieux) La composante homogène de degré 0 préserve chaque $\gg_\alpha$. Si $\alpha\neq 0$ est une racine, $\gg_\alpha$ est de dimension $1$, donc $\varphi$ agit comme une multiple de l'identité dans chaque $\gg_\alpha$ autre que $\gg_0$. Il suit qu'il existe $k\in \C$ telle que $\varphi-k\,\id_\gg$ a un noyau non nul, et satisfait toujours ($\star$). Donc, toujours par A), $\varphi-k\id=0$.
    Après je bloque.
  • @i.zitoussi

    Ton point (A) entraîne ce qu'on veut. En effet si $\varphi$ est un endomorphisme de ${\mathfrak sl}_n$ qui satisfait l'hypothèse, il possède une certaine valeur propre $\lambda$. L'endomorphisme $\varphi -\lambda{\rm id}$ satisfait la même hypothèse et a un noyau non nul. Il est donc nul par (A).

    N.B. 1) La forme linéaire symétrique non dégénérée est tout-à-fait explicite pour ${\mathfrak sl}_n$ : c'est $\langle X,Y\rangle ={\rm Tr}(XY)$, $X$, $Y\in {\rm sl}_n$.

    2) Il me semble que ta démonstration se généralise au cas d'une algèbre de Lie complexe simple $\mathfrak g$. On aura toujours que $\mathfrak g$ est un $\mathfrak g$-module simple, et pour la forme bilinéaire symétrique, on peut prendre la forme de Killing.

    Rajout : on a bien que (A) entraîne le résultat. Mais la preuve de (A) est problématique.
  • Oui, exactement. Où est le problème ?
    Après je bloque.
  • Ok, je viens de comprendre le sens de ta remarque. J'ai d'abord cru qu'elle voulait dire "ce qu'on veut, y compris n'importe quoi".

    Effectivement, il n'y a pas besoin de point B) !!! J'ai oublié qu'une application linéaire sur $\C$ a toujours un vecteur propre :) Merci de me le rappeler; ça raccourcit considérablement la preuve.
    Après je bloque.
  • @i.zitoussi.

    La preuve de (A) est bizarre. Je verrais plutôt la chose suivante. Si $Y$ est non nul dans le noyau et $X\in {\mathfrak sl}_n$, on a $\langle \varphi (X), [Y,{\mathfrak sl}_n ]\rangle =\{ 0\}$. Par simplicité de ${\mathfrak sl}_n$, on a $[Y,{\mathfrak sl}_n ]={\mathfrak sl}_n$. Donc l'image de $\varphi$ est orthogonale à ${\mathfrak sl}_n$, donc nulle.

    Il est clair que cet argument se généralise à toute algèbre de Lie simple complexe.

    Mais c'est toi qui a fait tout le travail !!


    Edit : cette preuve est fausse.
  • Effectivement, en combinant les identités pour $\langle -,-\rangle$ et $\varphi$, on obtient tout un tas d'identités entre les deux, et j'ai donné une qui ne sert à rien, ou plutot j'ai donné la mauvaise indication (lire "si $\varphi(y)=0$" au lieu de "si $\varphi(x)=0$") Mal recopié mon texte :)

    Concernant le fait de considérer une algèbre de Lie simple quelconque, j'ai pris des notations générales précisément pour cette raison, cf ce message.
    Après je bloque.
  • Merci, Maxtimax. Effectivement, je n'avais pas pensé à prendre la trace de l'endomorphisme $f$... mais finalement, je n'arrive pas à conclure.
    Mon idée était de prouver que $f$ était annulée par un polynôme de degré 2, de la forme $(X-\lambda)(X-(\lambda+\Lambda(I_n))$, mais je ne vois pas du tout comment arriver à cela.

    Finalement, l'élémentaire n'était peut-être pas si mal :)o
  • Humm, l'égalité $[Y,sl_n]=sl_n$ pour $Y\neq 0$ est quand même sacrément bizarre, non ?
  • @Pea Oups en effet, il faut corriger ça ...
  • $\newcommand{\im}{\operatorname{im}}$Une idée. Supposons que $\ker(\varphi)\neq 0$. On veut alors montrer que $\varphi=0$. Soit $x\in \ker(\varphi)$ alors $\im(\varphi)$ est inclus dans le centralisateur $C(x)$ de $x$ dans $sl_n(\mathbb{C})$. J'affirme qu'il suffit de montrer l'existence d'un $y\in sl_n(\mathbb{C})$ de sorte que $C(y)\cap C(x)=0$. En effet, si un tel $y$ existe alors $\varphi(y)\in C(y)$ (car $[\varphi(y),y]=0$) et $\varphi(y)\in C(x)$ (car $\im(\varphi)\subset C(x)$) donc $\varphi(y)\in C(x)\cap C(y)=0$ c'est-à-dire $y\in \ker(\varphi)$ et cela implique $\im(\varphi)\subset C(x)\cap C(y)=0$. Pour trouver un tel $y$, il suffit je crois de choisir une base $e_1,\ldots,e_n$ dans laquelle la matrice de $x$ a toutes ses entrées non nulles puis de choisir un élément $y\in sl_n$ qui est dans cette base diagonal à valeurs propres distinctes.
  • Je rédigerai ceci demain, mais il me semble avoir démontré le point 3) de JLT, en montrant que $f$, lorsqu'il stabilise $sl_n$, stabilise le commutant de toute matrice de trace nulle et donc aussi son bicommutant, ce qui entraîne le résultat.
  • Je signale que la preuve que j'ai donnée ci-dessus semble pouvoir s'adapter au cas plus général d'une algèbre de Lie simple $\mathfrak{g}$ à condition de répondre par l'affirmative à la question suivante (ce que je ne sais pas faire mais le problème me semble intéressant): est-ce que pour tout $x\in \mathfrak{g}$ non nul il existe $y\in \mathfrak{g}$ tel que $C(x)\cap C(y)=0$ (où, comme précédemment, $C(x)$ et $C(y)$ désignent les centralisateurs de $x$ et $y$ respectivement).
  • $\newcommand{\tr}{{\rm tr}}\newcommand{\sl}{\mathfrak{sl}_n}$ Le lemme de Pea est très intéressant à étudier aussi, ne serait-ce que parce qu'il donnerait une preuve élémentaire du résultat attendu, alors qu'il n'est pas évident que le bicommutant d'un endomorphisme $v$ n'est autre que $\C[v]$ --- quoique ce soit un résultat classique---. J'avais confié cette autre étude à mon cerveau gauche, mais l'hémisphère droit a dégainé le premier B-). Alors, voici :

    Soit $\varphi$ un endomorphisme de $\sl$ satisfaisant notre équation fonctionnelle ; puisque $(f,g)\mapsto\tr(fg)$ est non dégénérée sur $\sl$, il existe un adjoint~$\varphi^*$ de $\varphi$. Soit $a,\,b$ dans $\sl$ ; écrivons $b$ sous la forme $[u,v]$, avec $(u,v)$ dans $\sl$. Nous avons la suite d'identités
    \[
    \tr(a\cdot\varphi^*(b))=\tr(\varphi(a)\cdot[u,v])=\tr([\varphi(a),u]\cdot v)=\tr([a,\varphi(u)]\cdot v)=\tr(a\cdot[\varphi(u),v])

    \] Donc, $\varphi^*([u,v])=[\varphi(u),v]$ ; puisque, en outre, $\varphi^*(0)=0^{{\bf\ulcorner reference\ needed\urcorner}}$, on en déduit que $uv=vu\Longrightarrow\varphi(u)v=v\varphi(u)$. Donc, $\varphi$ laisse stable le commutant de $v$ et donc aussi son bicommutant : si $u$ commute avec tout $w$ commutant avec $v$, alors $\varphi(u)$ commute avec tout $w$ commutant avec $v$.

    Où mon cerveau gauche en est-il:-S ? Si l'on triangule supérieurement la matrice de $u$, on doit pouvoir construire $v$ tel que $C(u)\cap C(v)={\rm Vect}(I_n)$ en choisissant pour la matrice de $v$ une matrice triangulaire inférieure, par exemple un bloc de Jordan plein, mais inférieur (pourquoi cela ? C'est afin que le commutant de $v$ soit de la dimension la plus petite possible puisque, dans $\mathfrak{gl}_n$, celle de $C(u)$ peut aller jusqu'à $(n-1)^2+1$ ; la somme des deux ne doit pas dépasser $n^2$).
  • Je précise, mais cela a déjà dû être écrit, que l'on peut toujours supposer que $\varphi$ stabilise $\sl$, quitte à soustraire d'une application $u\mapsto\ell(u)Id$, où $\ell$ est une forme linéaire bien choisie.
  • Finalement, la propriété de Pea est vraie également, du moins dans $\mathfrak{gl}_n$ : si $u_0$ n'est pas une homothétie, il existe $v$ tel que $C(u_0)\cap C(v)=\{0\}$.

    En effet, on écrit $u_0=d+n$, avec $d$ diagonalisable, $n$ nilpotent, tous les deux dans $\C[u_0]$ ; puisque $C(u_0)\subset C(d)$, il suffit de construire $v$ tel que $C(d)\cap C(v)=\{0\}$. Pour cela, dans une matrice qui diagonalise $d$ selon le drapeau des sous-espaces propres (càd avec les éventuelles valeurs propres égales regroupées sur la diagonale), il suffit de prendre pour la matrice de $v$ le bloc de Jordan plein (inférieur).

    Remarque à l'intention des administrateurs : j'ai dû taper $\C[u_0]$ car, en lisant $\C crochet u$, votre analyseur syntaxique voit la balise de soulignement. C'est ballot...

    :-X :-X:-X : ça ne marche pas lorsque $d$ est une homothétie (et seulement dans ce cas). Y'a kék chose qui cloch' la-d'dans ; j'y retourne immédiat'ment
  • Contribution syntaxique : il suffit de mettre une espace à côté ou autour de u pour éviter le soulignement : $\C[ u]$.
  • merci Math Coss ; je me voyais interdire la notation $\C[ u]$ jusqu'à la fin de mes jours... Economie de moyens et sauvegarde des claviers : une espace avant le $u$ suffit
  • Je soumets à votre sagacité la preuve du "fait" suivant :

    Soit $\mathfrak g$ une algèbre de Lie complexe simple. Alors tout endomorphisme $f$ vérifiant
    $$
    (*) \hskip1cm [f(X),Y]=[X,f(Y)], \ X,\ Y\in {\mathfrak g}

    $$ est une homothétie.


    On fixe une sous-algèbre de Cartan $\mathfrak t$ de $\mathfrak g$ et on note $\Phi$ le système de racines de $\mathfrak t$ dans $\mathfrak g$, $\Delta \subset \Phi$ une base. Rappelons qu'on a la somme directe
    $$
    {\mathfrak g}={\mathfrak t}\oplus \bigoplus_{\alpha\in \Phi} {\mathfrak g}_\alpha,

    $$ où ${\mathfrak g}_{\alpha}$ est le sous-espace radiciel des $X\in {\mathfrak g}$ vérifiant $[T,X]=\alpha (T)X$, $T\in \mathfrak t$. Chaque sous-espace radiciel ${\mathfrak g}_\alpha$ est une droite et on en fixe un générateur $X_\alpha$.

    Le sous-ensemble ${\mathfrak t}^{\rm reg}$ formé des éléments réguliers est dense dans ${\mathfrak t}$. De plus puisque pour tout $X\in \mathfrak g$, $X$ et $f(X)$ commutent, il s'ensuit que $f$ envoie ${\mathfrak t}^{\rm reg}$ dans $\mathfrak t$. Par densité et continuité de $f$, $f$ stabilise $\mathfrak t$. On notera $f^*$ l'endomorphisme transposé induit par $f$ dans le dual ${\mathfrak t }^* \supset \Phi$.

    Soit $\alpha\in \Phi$. Alors pour tout $T\in \mathfrak t$, on a $[T,f(X_\alpha )]=[f(T),X_\alpha ]$, ce qui s'écrit $[T,f(X_\alpha )]=f^*\alpha (T)X_\alpha$, $T\in \mathfrak t$. Il s'ensuit que $f(X_\alpha )$ est de la forme $T_\alpha + \lambda_\alpha X_\alpha$, pour un $T_\alpha \in \mathfrak t$ et $\lambda_\alpha \in \C$. En effet, on peut écrire $f(X_\alpha )=T_\alpha +\sum_{\beta\in \Phi} \lambda_{\beta} X_\beta$, pour un $T_\alpha\in \mathfrak t$ et des complexes $\lambda_\beta$. On obtient la condition $\sum_{\beta} \beta (T) \lambda_\beta X_\beta \in \C X_\alpha$, pour tout $T\in \mathfrak t$, ce qui donne ce qu'on veut.

    A présent, écrivons la relation $[f(X_\alpha ),X_\beta ] = [X_\alpha ,f(X_\beta )]$, $\alpha$, $\beta \in \Phi$. Cela donne
    $$
    \beta (T_\alpha )X_\beta +\lambda_\alpha [X_\alpha ,X_\beta ] = -\alpha (T_\beta )X_\alpha +\lambda_\beta [X_\alpha ,X_\beta ].

    $$ Rappelons que $[X_\alpha ,X_\beta ]$ est nul si $\alpha +\beta$ n'est pas une racine, et vit dans ${\mathfrak g}_{\alpha +\beta}$ sinon. Il s'ensuit que $\beta (t_\alpha )$ est nul quelque soit $\beta\in \Phi$. Puisque $\Phi$ engendre ${\mathfrak t}^*$, on a $t_\alpha =0$.
    Nous avons donc prouvé que $f(X_\alpha )=\lambda_\alpha X_\alpha$.

    Pour $T\in \mathfrak t$ et $\alpha \in \Phi$, la relation $[f(T),X_\alpha ]=[T,f(X_\alpha )]$ s'écrit $f^*\alpha (T)= \lambda_\alpha (T)$. On a donc $f^* \alpha = \lambda_\alpha \alpha$, pour toute racine $\alpha$.

    On remarque que $\lambda_\alpha =\lambda_\beta$ pour deux racines $\alpha$ et $\beta$ telles que $\alpha +\beta$ est une racine. Considérons le graphe $\Gamma$ de sommet $\Delta$ et tel que deux sommets $\alpha$ et $\beta$ définissent une arêtes si et seulement si $\alpha +\beta$ est une racine. Ce graphe est connexe car, l'algèbre de Lie étant simple, son diagramme de Dynkin est connexe. On en déduit que $\lambda_\alpha$ ne dépend pas de $\alpha \in \Delta$. Notons ce complexe $\lambda$.

    Puisque $\Delta$ est une base de ${\mathfrak t}^*$, on en déduit que $f$ est l'homothétie de rapport $\lambda$ sur $\mathfrak t$. En écrivant à nouveau que, pour toute racine $\alpha$ et tout $T\in \mathfrak t$, on a $[f(T),X_\alpha ]=[T,f(X_\alpha )]$, on obtient $\lambda_\alpha =\lambda$, de sorte que $f$ est bien l'homothétie de rapport $\lambda$ sur $\mathfrak g$ tout entier. C.Q.F.D.

    N.B. Cette démonstration s'adapte aisément pour montrer que si ${\mathfrak g} ={\mathfrak g}_1 \times \cdots \times {\mathfrak g}_r$ est une algèbre de Lie semisimple complexe (où les ${\mathfrak g}_i$ sont simples) et $f$ un endomorphisme de $\mathfrak g$ vérifiant (*), alors $f$ s'écrit $\lambda_1 {\rm id}_{{\mathfrak g}_1} \times \cdots\times \lambda_r {\rm id}_{{\mathfrak g}_r}$, pour des scalaires $\lambda_1,\ldots,\lambda_r$.
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