Anneaux - idéaux premiers

Bonjour,

J'aurais des questions générales concernant les idéaux premiers d'un anneau :

1) comment s'appellent les anneaux dont la factorisation des idéaux en idéaux premiers est unique ? (ce ne sont pas a priori les anneaux factoriels dont c'est la décomposition des éléments en éléments irréductibles qui est unique, à l'ordre près, aux unités près, etc..., mais peut-être que si),

2) auriez-vous un exemple d'anneau (commutatif) qui possède des idéaux premiers non maximaux ? On sait au moins qu'ils sont inclus dans un idéal maximal,

3) les anneaux dont tous les idéaux premiers sont maximaux portent-ils un nom ? (les anneaux principaux vérifient cette propriété, mais ce ne sont pas les seuls car les ordres en font partie).

Merci d'avance.

Réponses

  • 2) (j'imagine que tu veux dire "idéaux premiers non nuls et non maximaux")
    $\Z [X]$ est un exemple typique, un autre exemple (du même type) est $k[x_1,...,x_n]$ lorsque $n\geq 2$

    Un exemple plus géométrique peut-être, $\R[x,y,z]/(x^2+y^2+z^2-1)$
    (Tu verras dans ma réponse à 3) pourquoi je parle de géométrie)

    3) Dans un anneau, on définit la dimension de Krull comme étant la borne sup des $n$ tels qu'il existe une chaîne d'inclusioms strictes $p_n< ...< p_0$ d'idéaux premiers.
    Un corps est de dimension de Krull $0$, un anneau principal qui n'est pas un corps de dimension $1$.

    Si je rèponds à ta question littéralement, je vais donc dire "de dimension $0$". Mais je pense que tu voulais aussi prendre en compte $0$, dans ce cas ce sera "intègre de dimension $\leq 1$".

    (À noter que cette dimension est aussi celle de $Spec(A)$, qui est souvent la "dimension intuitive" lorsque $A$ est l'anneau de polynômes sur une variété - bon, je ne connais pas le théorème précis, mais c'est l'idée)
  • Pas sûr que 1) porte un nom, d'autant que l'existence d'une telle décomposition n'est pas garantie dans un anneau général (tout comme la décomposition d'un élément en produit d'irréductibles ne l'est pas toujours, elle l'est dans un anneau noethérien par exemple).

    Tu peux généraliser le premier exemple de Max à $A[X]$ où $A$ est intègre, pas un corps.
  • Les anneaux commutatifs intègres dont tout idéal se factorise en produit fini d'idéaux premiers sont précisément les anneaux de Dedekind (c'est une caractérisation peu connue de ces derniers). À noter qu'en jouant un peu avec les définitions, cette factorisation est nécessairement unique. C'est peut-être ce à quoi tu pensais pour 1), n'est-ce pas?

    Pour une référence, je t'invite à consulter Commutative Algebra de Zariski et Samuel, chapitre V, paragraphe 6: c'est la définition qu'ils donnent d'un anneau de Dedekind et ils montrent toutes les équivalences avec les définitions "usuelles".
  • Merci pour vos réponses. Je voulais parler d'anneaux commutatifs, intègres et unitaires.

    1) je n'ai pas encore vu les anneaux de Dedekind, juste entendu parler. Merci beaucoup Gaussien. En effet (vu sur Wiki), ils possèdent plusieurs propriétés équivalentes qui les caractérisent, dont celle-là.
    Poirot, c'est parce que tous les anneaux ne possèdent pas cette propriété qu'elle porte un nom ?

    2) oui je voulais parler des idéaux premiers non nuls ; aurais-tu l'exemple d'un idéal premier non nul non maximal dans $\mathbb{Z}[X]$ ?

    3) des idéaux premiers emboités les uns dans les autres? mes illusions s'écroulent ; ok, c'est donc une considération générale.
    De dimension $0$, ce sont les corps. Je me situe dans un anneau qui n'est pas un corps dont tous les idéaux premiers sont maximaux : donc de dimension $1$ ?

    4) existe-t-il à votre connaissance un schéma synthétique de tous les types d'anneaux qui existent avec leurs propriétés ?
  • 1) La réponse me semble évidente, non ? :-D Tu peux par exemple te convaincre que $\mathbb Z[X]$ n’est pas de Dedekind, en répondant à ta question 2).

    2) Cherche un quotient intègre de $\mathbb Z[X]$ qui n’est pas un corps. Indice : il y a écrit $\mathbb Z$. :-D

    3) Les idéaux premiers non nuls. Oui c’est la même chose que de dimension 1.

    4) J’avais enregistré une image trouvée sur le forum il y a quelques années, je peux partager ça ce soir. Sache que les propriétés usuelles dont on parle ne sont pas totalement ordonnées pour l’inclusion.
  • Pour 3) : si tu regardes l'exemple de $k[x_1,...,x_n]$ tu trouveras facilement des listes de premiers emboîtés
  • L'image promise. Les anneaux de Dedekind ne sont pas représentés mais ils sont à l'intersection des anneaux noethériens et des anneaux intégralement clos (ils ne coïncident pas avec cette intersection).121376
  • Poirot: Jolie image! Pour un peu plus d'exotisme, il ne reste plus qu'à rajouter les anneaux japonais, excellents et henséliens. :-D
  • Wouah ! Merci beaucoup. C'est encore plus riche que je ne le pensais, je ne connais pas les anneaux Cohen-Maccaulay, et réguliers pas sûr non plus. Il manque fini, finiment engendré (je l'aurais mis en premier dans la distinction), de Dedekind (tu l'as dit), booléen, ... :-D.

    Et ce ne sont là que les anneaux commutatifs.

    Finalement on crée une structure, sans s'imaginer peut-être la richesse des comportements particuliers que cela engendre.
  • Vu que leurs idéaux sont tous maximaux, les anneaux d'entiers et les ordres sont aussi de dimension $1$, leurs idéaux premiers forment une chaîne à $2$ éléments ($(0)$ et l'idéal maximal).
    En effet, dès que l'anneau n'est pas principal, il apparait plus facile de développer une chaîne d'idéaux premiers donc non maximaux sauf pour l'un d'entre eux (le dernier j'imagine).
    Dans $\mathbb{Z}[X]$, j'ai trouvé : $(2) \subsetneq (2,X)$, $(2) (\cong (\mathbb{Z} / 2 \mathbb{Z})[X]$) est premier non maximal, et $(2,X) (\cong \mathbb{Z} / 2 \mathbb{Z})$ est maximal.

    Sinon, il y a aussi la distinction unitaire ou non, que j'aurais mis en tout premier. On ne peut pas développer beaucoup avec des anneaux non unitaires ? (vu intrinsèquement, car les idéaux propres d'anneaux sont aussi des anneaux non unitaires).
  • Les anneaux principaux (qui ne sont pas des corps) sont de dimension 1, donc toute chaine d'ideaux premiers est de la forme $(0)\subsetneq (p)$.
    Cela vaut également pour les anneaux de Dedekind, qui sont localement principaux (à ceci près qu'on a donc $(0)\subsetneq (a,b)$ pour $a$ et $b$ deux éléments possiblement associés).

    Si $R$ est noethérien alors la dimension de $R[T_1,\ldots,T_n]$ est exactement $n+\dim(R)$, une inégalité est totalement triviale (et vrai sans caractère noethérien), l'autre pas si évidente.

    Sur $k=\mathbb{C}$, si l'on prend un idéal $I=(f_1,\ldots,f_p)$ de $k[T_1,\ldots,T_n]$ donnant un quotient intègre (en fait on peut s'affranchir de cette hypothèse), alors $k[T_1,\ldots,T_n]/I$ est de dimension égal à la moitié de la dimension de la variété différentielle donnée par l'ensemble des points réguliers de $\{x\in \mathbb{C}^n\mid f_1(x)=\cdots=f_p(x)=0\}$ autrement dit la dimension complexe de l'espace tangent de la variété ce qui est à quoi on s'attend. C'est aussi la dimension en l'espace cotangent algébrique i.e la dimension de $\mathfrak{m}/\mathfrak{m}^2$ sur $k$ (que $k$ soit $\mathbb{C}$ ou juste un corps).

    Si les générateurs sont choisis minimaux alors cette dimension vaut au moins $n-p$ et quitte à localiser et à re-choisir les générateurs exactement $n-p$ (là aussi que $k$ soit $\mathbb{C}$ ou juste un corps). L'inégalité peut être stricte.

    Ce qui permet de construire pleins d'exemples d'anneaux avec des chaînes d'ideaux premiers un peu comme on veut.

    Si on remplace $k$ par $\mathbb{Z}$ ou un anneau de Dedekind alors on peut étendre (avec des modifications) ces résultats en localisant.

    Mais les résultats tels que ne se généralisent pas, exemple tarte à la creme, $(pT-1)$ est maximal dans $\mathbb{Z}_p[T]$ qui est de dimension 2.
  • Vu ton 1er paragraphe, je rectifie mon message précédent (je me demandais pourquoi l'indice des dimensions démarrait à $0$ et pas $1$).
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