Hyperplan stable par produit.

Soit n un entier naurel supérieur à 3.

Existe-t-il des hyperplans de Mn(R) stables par le produit matriciel?

Réponses

  • Non: si l'on munit $M_n(\R)$ du produit scalaire canonique $(M_1,M_2)\mapsto \mathrm{tr}({}^t M_1 M_2)$, on s'aperçoit que l'adjoint de l'endomorphisme de multiplication (à gauche) par $A$ est exactement l'endomorphisme de multiplication par ${}^t A$.

    Comme on sait que si l'on a un sous-espace stable $F$ par $u$, son orthogonal $F^\perp$ est stable par l'ajoint $u^*$, on en déduirait que l'orthogonal d'un hypothétique hyperplan de $M_n(\R)$ stable par produit serait une droite stable par produit matriciel. Or il n'existe pas de droite de $M_n(\R)$ stable pour le produit matriciel.
  • Au contraire, j'ai l'impression qu'il existe quelques droites stables. Il y a $\mathbf R I$, et puis $\mathbf R N$ si $N^2=0$ et $N\neq 0$.
  • $\R I$ ne m'a pas l'air très stable par produit matriciel...

    Soit $A \in M_n(\R)$ tq $A \not\in \R I$ alors :

    $IA = AI = A \not\in \R I$
  • D'accord avec vous.
    Mais ce n'est pas ma définition de "stable par produit matriciel" !
    Je pensais qu'on parlait de parties $X$ telles que $A,B\in X\Rightarrow AB\in X$.
  • PB Écrivait:
    > D'accord avec vous.
    > Mais ce n'est pas ma définition de "stable par
    > produit matriciel" !
    > Je pensais qu'on parlait de parties $X$ telles que
    > $A,B\in X\Rightarrow AB\in X$.

    Bien vu.
  • Bonsoir,
    Désolé de ma confusion... J'y réfléchirai une prochaine fois (si personne n'a répondu d'ici là).
  • Jean : si le début de ce que as fait est correct, alors tu as quand même presque résolu le problème, car il n'y pas "beaucoup" de droite stable.
  • En suivant la piste de PB, soit $D$ une droite stable par produit matriciel. Et soit $A \in D$ non-nulle.

    Alors après Jordanisation de $A$, on ramène le problème aux blocs diagonaux de A dans la base de Jordan.

    Soient $B_i = {\lambda}_i I + N_i$ les blocs de Jordan de $A$ avec $N_i$ nilpotentes ne contenant que des $0$ à l'exception possible de la surdiagonale où peuvent se trouver des $1$.

    On a par hypothèse $A^2 = xA$ pour un réel $x$ fixé.

    Si $x = 0$, A est nilpotente d'ordre 2.
    Et on vérifie que si A est nilpotente d'ordre 2, alors $\R A$ est bien stable par produit matricel.

    Si $x <> 0$, alors ${\lambda}_i^2 = x {\lambda}_i$ pour tout $i$

    (*) Si ${\lambda}_i = 0$ pour un bloc $B_i$ alors $N_i^2 = xN_i$ et alors $N_i = 0$ (regarder par exemple les indices de nilpotences).

    (*) Si ${\lambda}_i = x$ pour un bloc $B_i$ alors $(xI + N_i)^2 = x^2 I+ x N_i$ d'où en développant : $N_i^2 + N_i = (N_i + I) N_i = 0$. Comme alors $(N_i + I)$ est inversible, on en déduit $N_i = 0$.

    Et on vérifie que si A est une matrice dont les blocs de Jordan sont multiples de l'identité (éventuellement différents / nuls) alors $\R A$ est bien stable par produit matricel.

    On a donc deux possibilités pour une droite $\R A$ stable par produit matriciel : soit A est nilpotente d'ordre 2, soit les blocs de Jordan de A sont multiples de l'identité (éventuellement différents / nuls).

    Ouf. En espérant ne pas m'être planté qqpart.

    (Latex corrigé.)
  • Alors, bon, moi je ne suis pas très fort, donc je vais dire si je suis d'accord avec chacun des raisonnements. Ce message sera donc assez longtemps incomplet...

    Bon, déjà, l'adjoint de la mult à gauche par A est bien la mult à gauche par la transposée de A.

    Oui, par contre ce que j'appelle produit matriciel n'est pas l'application linéaire qui à C associe AC mais bien l'application bilinéaire qui à A et B associe AB.
  • Petite question psycho : la mauvaise interprétation de la stabilité est-elle due à l'emploi de "par" (ou lieu de "pour") dans "stable par produit matriciel" ?
  • Possible, mais j'ai trouvé l'énoncé il y avait marqué par. C'était dans l'officiel de la taupe de 2005/2006 donc à vous de juger. Et puis la difficulté n'existerait pas sinon. Et maintenant on voit bien qu'il existe trivialement des droites stables par le produit matriciel, cf les "matrices de projection composées avec des homotéties", vect d'une symétrie..., vect d'une niloptente (d'ordre 2 comme le souligne SadYear).

    Mais n'empêche que la question posée au départ n'est pas encore résolue.
  • Je crois que le début de mon raisonnement reste valable et utilisable. L'adjoint de la multiplication par $A$, c'est la multiplication par ${}^t A$. Si $H$ est un hyperplan stable par multiplication par tout élément de $H$, alors $H^{\perp}$ est stable par la multiplication par tout élément de la forme ${}^t A$ avec $A\in H$. Désignons par $H'$ l'ensemble de ces éléments (qui est aussi un hyperplan).

    Soit donc une matrice $B$ qui engendre la droite vectorielle $H^\perp$. Pour tout $A$ dans $H'$, on a $A B$ colinéaire à $B$. Appelons $x_1$ une colonne non nulle de $B$. Alors pour tout $A$ dans $H'$, $Ax$ et $x$ sont liés, c'est à dire que $x_1$ serait un vecteur propre commun à toutes les matrices d'un hyperplan. Or (on utilise ici $n\ge 3$), il existe deux vecteurs $x_2$ et $x_3$ tels que $(x_1,x_2,x_3)$ soit une famille libre. Soit $C_2$ une matrice telle que $C_2x_1=x_2$ et $C_3$ telle que $C_3x_1=x_3$. Comme $H'$ est un hyperplan, il existe au moins une combinaison linéaire non nulle de $C_2$ et $C_3$ se trouvant dans l'hyperplan $H'$ (il suffit d'écrire $H'$ comme noyau d'une forme linéaire $\phi$ pour trouver une combinaison linéaire possible). Cette combinaison linéaire envoie $x_1$ sur une combinaison linéaire de $x_2$ et $x_3$, donc sur un vecteur non colinéaire à $x_1$. Ouf! C'est fini.

    On peut peut-être faire plus court...

    Remarquons que pour $n=2$, l'hyperplan des matrices triangulaires supérieures est bien stable par produit.
  • A propos de l'intervention de SadYear, on peut faire beaucoup plus court :

    Si $A^2=\lambda A$ pour $\lambda\not=0$ donné, $X(X-\lambda)$ est un polynôme annulateur scindé à racines simples, donc $A$ est diagonalisable et il y a seulement deux valeurs propres, dont $0$.

    La réduction de Jordan n'aboutit donc pas toujours à des simplifications...
  • Franchement, c'est beau comme démonstration. Merci Jean. Sinon c'es vrai que la réduction des matrices simplifie souvent mais pas tout le temps, ne serait-ce qu'à cause de l'existence des pruduits liés aux matrices de passage.
  • Sur le forum il a déjà été question de la dimension maximale d'une sous-algèbre de $M_n(\mathbb C)$ : \lien{http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?2,176275,176952#msg-176952}
  • Pour la preuve de Jean, il me semble que l'on peut terminer sans bricolage
    en raisonnant comme suit :

    il est clair que la matrice $B$ ne peut pas être inversible
    (sinon tout élément de H serait une matrice scalaire),
    et donc l'image est un sous-espace vectoriel non trivial de $\mathbb{C}^n$
    (mettons de dimension $p$) stabilisé par la transposée de toute matrice de $H$.
    On en déduit que la dimension de $H$ est
    au plus $n^2-(n-p)p$, ce qui conduit à une contradiction.
  • Que pensez-vous du résultat suivant ?

    Soit un entier naturel $n \geq 3$, et deux hyperplans $H_1$ et $H_2$ de $\mathcal{M}_n(\K)$. Alors toute matrice de $\mathcal{M}_n(\K)$ peut s'écrire comme le produit d'un élément de $H_1$ par un élément de $H_2$.
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.