rac(3)+rac(2) algébrique?

Salut,

Je cherche à montrer que $\sqrt{3}+\sqrt{2}$ est algébrique, mais vraiment ça ne m'est pas évident, veuillez m'aider!

Merci d'avance

Réponses

  • Bonjour,

    Si $x = \sqrt{2} + \sqrt{3}$, alors $x^2 = 5 + 2\sqrt{6}$, et il reste à éliminer l'irrationalité subsistante...
  • Bonjour,

    Mais justement comment je peux l'éliminer, Dois-je tanter avec des puissances supérieures?

    Je ne vois pas.. Merci de m'éclairer un peu plus.

    (En réalité, je me prépare à un concours la semaine prochaine, c'est déterminant pour moi!)
  • Une étape:
    $x^2 - 5 = 2\sqrt{6}$
  • Joue avec $a=\sqrt{3}+\sqrt{2}$ et $b=\sqrt{3}-\sqrt{2}$.
    Tu verras que $a+b=2\sqrt{3}$, que $a-b=2\sqrt{2}$ et que $ab=1$.
    De plus $a^2=5+2\sqrt{6}$ et que $b^2=5-2\sqrt{6}$.
    Autrement dit, $a^2+b^2=10$ et $a^2-b^2=4\sqrt{6}$, $a^4-2a^2b^2+b^4=96$, or $ab=1$ et $b^4=49-20\sqrt{6}=49-10(a^2-5)=99-10a^2$.
    Donc $a$ est racine du polynôme $a^4-10a^2+99-96-2=a^4-10a^2+1$.

    Il y a plus simple, n’est-ce pas.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Bonsoir,

    On peut faire autrement plus compliqué.
    On peut montrer (demander une démo si nécessaire) que si $L/K$ est une extension de corps alors l'ensemble des éléments algébriques de $L$ sur $K$ forme un sous-corps de $L$.
    En particulier:
    $\sqrt{2}$ et $\sqrt{3}$ sont algébriques dans $\Q$ de polynômes minimaux respectifs $X^2-2$ et $X^2-3$ et donc leur somme est algébrique.

    En espérant t'aider :) (Enfin sur ce coup j'avoue, c'est sortir la grosse artillerie pour pas grand chose)
  • bonsoir

    calcule (x-V3-V2)(x-V3+V2)(x+V3-V2)(x+V3+V2)
  • Une "méthode" qui est intéressante pour les généralisations :

    Soit $a=\sqrt 2+\sqrt 3$.
    Soit $f:\mathbf R\to \mathbf R$ la multiplication par $a$ : $f(x)=ax$.
    L'application $f$ est $\mathbf Q$-linéaire (et même $\mathbf R$-linéaire).
    L'idée est de trouver un sous-$\mathbf Q$-espace vectoriel $E$ de $\bf R$ qui est stable par $f$ et qui est de dimension finie. Car alors le polynôme caractéristique de $f$ annulera $f$ (Cayley-Hamilton) et donc $x$.

    Un espace vectoriel qui va bien est $E=\mathrm{Vect}_{\mathbf Q}(1,\sqrt 2,\sqrt 3,\sqrt 6)$.

    En procédant ainsi, on trouve aussi un polynôme annulateur explicite pour $x$ (même si ce n'est peut-être pas la meilleure façon pour en trouver un).
  • Bonsoir,

    C'est dur d'avoir de tels reflexes en peu de temps dans un concours long, et déja ça peut même éblouir les condidats, qui sont généralement des nouveaux bacheliers:
    http://www.ensam-umi.ac.ma/concours/maths2005SE.pdf question 22
    Pour le moment, la méthode donnée par nicolas.patrois me rassasie!

    Merci à vous tous!
  • Au niveau Bac + 1, on attend généralement un calcul successif de $x^2 = 5 + 2 \sqrt 6$, puis de $x^4 = (x^2)^2 = 49 + 20 \sqrt 6$. L'idée est alors de voir que $\sqrt 6$ apparaît dans ces deux quantités, et, à l'aide de coefficients bien choisis, peut donc être éliminé : ici, en multipliant $x^2$ par $-10$ et en additionnant à $x^4$, $\sqrt 6$ s'élimine, d'où $x^4 - 10x^2 = -1$, ce qui conclut.

    Borde.
  • Avec l'étape de bs : $x^2 - 5 = 2\sqrt{6}$, donc $(x^2 - 5)^2 = 24$, et il n'y a plus qu'à développer.
  • Bah oui c'est vrai, celui qui n'a pas un bon reflexe est vraiment des malheureux (comme moi)

    Remercie!
  • PB a écrit:
    Car alors le polynôme caractéristique de f annulera f (Cayley-Hamilton) et donc x.

    Je dirais "et donc a" :D

    Quid du polynôme minimal par cette méthode?

    Ritchie
  • Bonjour,

    Je ne croyais pas que je bloquerai dans cette deuxième $4^{1/3}+2i$.
    Si quelqu'un pouvait m'aider !

    Merci
  • Même technique :
    $x = 4^{1/3} + 2i$
    $x - 2i = 4^{1/3}$
    $(x - 2i)^3 = 4$
    $x^3 - 6ix^2 - 12x + 8i = 4$
    $x^3 - 12x - 4 = (6x^2 - 8)i$
    $(x^3 - 12x - 4)^2 = -(6x^2 - 8)^2$
  • Merci beaucoup!
  • Je dirais "et donc a"

    (:P)
    Quid du polynôme minimal par cette méthode?

    Soit une extension finie L/K de degré n.
    Pour tout a dans L, notons m(a):L->L la multiplication par a.

    Si on préfère, on peut considérer que m(a) est une matrice n*n à coefficients dans K (c.a.d. si on a choisi une K-base de L).

    L'application m:L->End_K(L) est un morphisme injectif de K-algèbres : m(L) est une sous-algèbre de End_K(L) qui est un corps et qui est isomorphe à L. Au passage on voit ainsi que toute extension finie peut se voir comme une algèbre de matrices.

    A partir de là, il est clair que le polynôme minimal d'un élément a de L est le même que le polynôme minimal de l'endomorphisme m(a).
  • Et donc on peut calculer le polynôme minimal d'un nombre algébrique x en calculant les facteurs invariants de la multiplication par x (je n'ai pas dit que c'est une bonne façon de faire, je préfère me taire car très inculte en trucs effectifs).
  • On a même un peu plus: soit $F/k$ une extension de corps de degré fini.

    Pour tout $a\in F$, on note $\ell_a:F\to F$ l'endormorphisme de multiplication à gauche par $a$ (où $F$ est vu comme $k$-espace vectoriel).


    Alors le polynôme caractéristique de $\ell_a$ est $Irr(a,k)^{[F:k(a)]}$, où
    $Irr(a,k)$ est le polynôme minimal de $a$.
  • Merci Pb et Greg pour vos réponses.
    C'est bien ce que je pensais, pour le polynôme minimal.
    PB a écrit:
    Et donc on peut calculer le polynôme minimal d'un nombre algébrique x en calculant les facteurs invariants de la multiplication par x (je n'ai pas dit que c'est une bonne façon de faire, je préfère me taire car très inculte en trucs effectifs).

    Pour calculer le polynôme minimal d'une matrice, pas besoin de tous ses invariants de similitude :

    Si m(X) est le polynôme minimal, P(X) le polynôme caractéristique et Com(XI-A) la comatrice de XI -A, alors

    m(X) = P(X) / pgcd[ Com(XI-A) ]

    où le pgcd d'une matrice polynomiale est simplement le pgcd de ses coefficients.

    Bon après, ce n'est pas non plus le plus efficace pour calculer le polynôme minimal...

    Cordialement,

    Ritchie
  • Waouh tous les développements sur cette question. A ma connaissance, il y a un théorème qui dit:

    Les nombres algébriques forment un corps (donc stable par $+,\times$)

    Bon, certes, je n'ai pas précisé "algébrique sur quoi, etc...". Mais au moins ce fil permet de s'interroger sur 2 points:

    1) La preuve du théorème précédent est-elle "facile"?
    2) D'une preuve peut-on tirer une façon de rédiger dans les études (bac + $x$ mais avant le théorème) une solution à n'importe quel cas particulier demandé en controle ou exam?

    Une spécialité appelée "correspondance de Curry Howard" assure que la réponse à (2) est "oui"!!! (dans ce genre de contexte, les axiomes hign tech de ZFC n'étant pas utilisé)

    Bon, il me reste plus qu'à réfléchir à une preuve du théorème pour voir si ça vaut le coup de la poster:

    alors voyons voir.

    Si $a_nx^n+..a_0=0$ alors "$a_n+a_{n-1}y^1+...+a_0y^n=0$" semble convenir comme équation satisfaite par l'inverse de $x$

    si $P(x)=0$ et $Q(y)=0$ héhé je vois pas du tout quel polynome pourrait bien annuler $x+y$ (ou $xy$)!!! Mais bon ya une solution "non constructive" comme diraient les anciens. L'espace vectoriel engendré par les $x^n$ est de dim finie, idem pour y (sur le corps initial)

    A priori, donc, les $(x+y)^n$ ne vont pas former une famille libre (c'est du pur feeling, mais bon), pas plus que les $(xy)^n$ car en développant... L'idée serait que chaque fois qu'un terme du genre $x^ny^p$ apparait avec $n$ ou $p$ trop grand, on peut diminuer $n$ ou $p$

    Il semble donc qu'il existe un $T$ tel que les $x^ny^p$ pour $n+p<T$ forment une famille génératrice de l'EV engendré par les $x^ny^p$

    Cette famille étant finie...

    Bon, rolala, désolé pour l'aspect "constructif" parti à la trappe. Mais enfin, je viens de découvrir que le théorème référé n'est pas "banal", comme quoi le parcoeur est bien l'ennemi des maths:D
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Ritchie a écrit:
    m(X) = P(X) / pgcd(Com(XI-A))

    Je me demande si je ne préfère pas calculer les invariants de similitude (:P)
    (jolie formule cela dit)
  • Bonsoir,

    Je viens de parcourir ce fil, et je suis étonné que personne n'ait encore parlé de résultant.
    Si a (resp. b) est un nombre algébrique qui satisfait P(a)=0 (resp. Q(b)=0) où P et Q sont à coefficients entiers, alors a+b est racine du résultant de P(Y) et de Q(X-Y) par rapport à Y: en effet, pour X=a+b, alors Y=a est une racine commune des deux.

    Ca marche bien avec un système de calcul formel, et même sans ça pour de petits exemple comme P=X²-2 et Q=X²-3. Dans ce cas, un petit déterminant 4*4 pas trop dur à calculer, qui donne (X²-1)²-8X².

    C.C. : c'est constructif.

    Cordialement,

    MC
  • {\it C.C. : c'est constructif. }

    Oui, c'est vrai... Je voulais dire: tellement constructif qu'un robot transforme aveuglément mon argumentation en solution pour chaque cas particulier, sans inspiration... Bon, pour expier, je vais essayer de le faire avec le post de départ:

    $x^2=2$ et $y^2=3$

    (olala rien que d'envisager l'exigence de cécité me fait trembler devant l'effort)... snif si encore j'avais droit à une miette d'inspration, ie par exemple d'écrire juste $(x+y)^2$...

    Bon, tant pis, allons-y:

    ....

    oh et puis non, la vie est trop courte lol: j'écris directement $(x+y)^2$

    $x^2+2xy+y^2=2+2xy+3=5+2xy$

    (heureusement qu'on apprend par coeur en 3e que $\sqrt{2}\times \sqrt{3}=\sqrt{6}$)

    quoique, écrire $(xy)^2=6$ n'est pas soumis à ce par coeur...

    bon $(x+y)^2=5+$un nombre dont le carré est 6

    $z^2=6$

    $toto^2=5+z$

    (suis-je inspiré ou robotique?)

    $t:=toto$

    $t^2=5+z$

    $t^4=25+6+2\times 5\times z$ grrrrrrrrrrr encore du z à faire ierch

    hé hé

    $t^4=31+10z=_{car\ z=t^2-5}31+10(t^2-5)$ <---- polynome non trivial!


    {\bf Oups, ya une énoooorme erreur!!!!! Je demande aux "profs" de ne pas la corriger, et de laisser les "étudiants" ou élèves la trouver (ça les oblige à lire en détails)... Elle ne compromet pas le principe ni le résultat}
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • C.C. : ::o

    Que veux-tu de plus "robot" que la technique résultant ?

    On te donne P et Q, tu calcules le résultant par rapport à Y de P(Y) et Q(X-Y).
    C'est direct de la preuve au calcul effectif, sans intermédiaire !

    MC
  • à te lire au post d'avant je m'en doutais, mais je n'ai qu'un problème: je ne connais pas la notion de "résultant" (même si je dois bien connaitre un livre ou 2 qui en parle et que je pourrais donc aller y fourrer mon nez)

    Mais quand tu dis "de la preuve au calcul effectif" tu parles de la preuve informelle que j'ai donnée ou d'une preuve mieux construite?

    Parce que mon seul argument c'est de dire que $x^ny^p$ s'exprime comme une combinaison linéaire de $x^uy^v$ avec $u\leq n$ et $v\leq p$ et $u+v<n+p$ et que donc, à la fin, finalement, on a un espace de dimension finie...

    Je pense que tu envisages {\it avant} le résultant une amélioration de ma preuve un peu brouillone ou alors, je vais devenir un adepte du "résultant" s'il donne des choses aussi magiques.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Je te fourgue ma camelote:
    texte sur le résultant

    Cordialement,

    MC
  • merci!
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • PB a écrit:
    Je me demande si je ne préfère pas calculer les invariants de similitude

    A bien y refléchir, je crois bien qu'avec la méthode "standard" pour calculer les invariants de similitude (ce sont les facteurs invariants de la matrice XI -A), on fait plus ou moins la même chose que pour calculer le pgcd de tous ses éléments.

    Pour la beauté de la formule (c'est une écriture sophistiquée de Cayley-Hamilton), on peut noter un corollaire intéressant : l'invariance du polynome minimal d'une matrice par extension de corps, puisque le déterminant et le pgcd sont invariants.

    Ritchie
  • A bien y refléchir, je crois bien qu'avec la méthode "standard" pour calculer les invariants de similitude (ce sont les facteurs invariants de la matrice XI -A), on fait plus ou moins la même chose que pour calculer le pgcd de tous ses éléments.

    Je m'étais mis dans la tête que calculer Com(XI-A) était très pénible (beaucoup de déterminants...) : je viens de comprendre qu'il suffit de calculer l'inverse de XI-A.
    un corollaire intéressant : l'invariance du polynome minimal d'une matrice par extension de corps

    Merci pour ce résultat : il m'a choqué à la première lecture. Par exemple le polynôme minimal de i sur R est X^2+1 et j'aurais parié qu'après extension des scalaires à C il deviendrait X-i, et bien non ::o

    On peut énoncer le truc de façon plus général : Soit A une K-algèbre et K'/K une extension de corps. On note A' la K'-algèbre obtenue par extension des scalaires. Soit x un élément de A, on note x' son image dans A'. Alors x est algébrique sur K si et seulement si x' est algébrique sur K', et dans ce cas ils ont le même polynôme minimal (qui appartient nécessairement à K[X]).

    Dém :

    Soit B=K[x] la sous-algèbre de A engendrée par x. Notons B' la K'-algèbre obtenue par extension des scalaires. On peut comparer B' à la sous-algèbre K'[x'] de A' engendrée par x' : le morphisme d'inclusion B->A donne par extension des scalaires un morphisme B'->A' dont l'image est K'[x']. Et ce dernier morphisme est injectif car le produit tensoriel par un corps conserve l'injectivité.

    Ensuite, si on note m(X) le polynôme minimal de x sur K, on a B=K[X]/(m(X)) (isomorphisme). Si on étend les scalaires à K', on obtient K'[X]/(m(X)). Donc K'[x']=K'[X]/(m(X)) (isomorphisme), donc le polynôme minimal de x' est m(X) aussi.
  • PB et Ritchie:

    Pour en revenir au problème initial qui était de montrer explicitement que la somme de deux nombres algébriques est algébrique, je vous signale une autre manière de procéder en utilisant des invariants d'endomorphisme de $\mathbb{Q}$-algèbres : sur $\mathbb{Q}[Y]/P(Y)$, on considère l'endomorphisme de multiplication par la classe de $Q(X-Y)$, et on prend son déterminant. Il y a une indéterminée $X$ la-dedans, donc la matrice de l'endomorphisme de multiplication est à coefficients polynomiaux en $X$, et son déterminant est un polynôme en $X$ : c'est celui qu'on veut. Exemple pour $P(Y)=Y^2-2$ et $Q(Y)=Y^2-3$, la matrice est
    $$\begin{pmatrix} X^2-1&-4X\\ -2X& X^2-1 \end{pmatrix}\;,$$
    et son déterminant est bien $X^4-10X^2 +1$.

    Coucou le revoila, c'est le résultant à la mode bourbachique (vu comme une norme)! Voir le texte que j'ai refourgué à CC, p.6.

    A bientôt,

    MC
  • Le résultat, c'est beau, surtout vu comme cela (déterminant de la multiplication par P modulo Q, ou vice versa (?)). S'il n'existait pas, il faudrait l'inventer ;)

    (mais pour trouver des polynômes * minimaux *, je ne sais pas utiliser le résultant directement)
  • PB a écrit:
    (mais pour trouver des polynômes * minimaux *, je ne sais pas utiliser le résultant directement)

    C'est sûr que si on fait le coup du résultant avec Y²+Y+1 et Y²-Y+1, ce qu'on va trouver n'est pas très irréductible...

    Cordialement,

    MC
  • J'aime bien aussi cette présentation à la Bourbaki.

    Si les Bourbaki n'existaient pas, PB les réécrirait :D

    Ritchie
  • Hum, en mathématiques, je suis plutôt un lecteur (en littérature aussi), hélas 8-)
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