Résolution de exp(z) = z

Dans un fil précédent, ( http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?3,455961,455961#msg-455961 ), nicolas.patrois avait posé la question - un peu vague à mon humble avis - de l'équation \[e^z = z.\] Devant l'afflux des réponses je me propose d'ouvrir un nouveau fil.

Quelques remarques:
  • Les solutions dans $\mathbb R$ sont vite trouvées.
  • Les racines sont simples.
  • $z \mapsto e^z - z$ est entière non constante donc atteint tous les points sauf peut-être un. Sauf manque de bol intersidéral il y a des solutions.
  • Approche numérique: En calculant
    $\int \dfrac{\textrm dz}{ e^z - z}$ sur des cercles de centre O et de rayons croissants on devrait pouvoir localiser ces racines (en module).
  • En considérant que $z \mapsto e^z - z$ est d'ordre fini, on peut la développer en produit de Weierstrass et démontrer l'existence de zéros.
  • on peut remplacer $z \mapsto e^z - z$ par d'autres fonctions, par exemple par $z \mapsto ze^{-z} - 1$.
  • Approche kamikaze - attention, après des années de pratique de cette méthode, il ne me reste plus qu'un seul bandeau de sacrifice rituel - Considérer l'équation $e^{e^z} = z$
  • Approche culture générale: Regarder du côté de la fonction $ W$ de Lambert, on ne sait jamais.
enjoy, have fun !

e.v.

[Complété selon ton indication ci-après. ;) AD]
Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


Réponses

  • J'ai garroché le dernier post à la bourre - l'oeuf à la coque ayant priorité - et j'ai oublié:

    $\bullet$ Approche culture générale: Regarder du côté de la fonction $W$ de Lambert, on ne sait jamais.

    e.v.

    PS Ce qui confère à ce Phôrüm une dimension universelle c'est que le temps de compilation est exactement le temps de cuisson d'un oeuf à la coque.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • On avait regardé la tête de la valeur absolue de $z \mapsto e^z-z$ avec scilab et on avait cru voir un endroit pas loin de zéro. Cela donne une idée de l'endroit du zéro éventuel mais cela ne prouve pas son existence.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Bonjour Nicolas.

    L'intérêt de l'approche numérique est de fournir l'existence de zéros.
    Tu parles "du zéro éventuel". Tu as un résultat d'unicité ?

    Bien le bonjour à Philippe (??)

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Il s'agit juste d'une matrice de scilab représentée graphiquement, ça ne prouve strictement rien.
    Philippe est Philippe Malot, le modérateur. On en avait causé sur IRC.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • Je vois deux clients possibles dans les régions bleues :

    9517
  • Deux autres vues :

    9518
    9519
  • en écrivant z=x+iy et en regardant les modules et les arguments, je trouve des candidats (y a pas que remarque qu'a un Mac :D) :
    9520
  • Attention Gaston_Ldéco ! Ne me provoque pas !

    9521
  • (heu faut-il préciser que les candidats sont les points d'intersection des courbes noires et de la grise ? en zoomant, les deux points les plus proches de 0 ont l'air d'être les mêmes que ceux de remarque - ils sont situés dans le même "carré"... ça c'est de la preuve mathématique hein :D )
  • Clairement il y a une infinité de solutions. Maintenant, ya plus qu'à le montrer, mais c'est moins rigolo que de faire des dessins...
  • Bonjour à tous.
    remarque a écrit:
    Maintenant, ya plus qu'à le montrer, mais c'est moins rigolo que de faire des dessins...

    Peut-être en utilisant les produits de Weierstrass et en remarquant qu'un polynôme n'est pas une exponentielle ou quelque chose comme ça ?

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Bonjour,

    ce que donne Maple:

    solve({x=exp(x)*cos(y), y=exp(x)*sin(y)}, {x,y});
    ===> {y = 0, x = -LambertW(1)}, {y = 0, x = -LambertW(-1)}

    On retrouve effectivement la fonction de Lambert, mais j'ai dû oublier quelque chose :S )

    Amicalement.
  • On peut sans doute faire de façon plus élémentaire, en regardant simplement les zéros des parties réelles et imaginaires. Ce ne sont pas des courbes très compliquées. Mais bof, je suis convaincu par le dessin.

    9522
  • Arf, j'ai compris ce que voulait dire remarque.
    Bon déjà, si $z$ est solution $\overline z$ l'est aussi. On peut jeter les $y<0$.
    De $x^2+y^2 = e^{2x}$ on tire $$y = \left(e^{2x} -x^2 \right)^{1/2}$$ et de $x=e^x\cos y$ on tire $$x = e^x \cos \left(\sqrt{e^{2x} -x^2} \right)$$ soit
    $$\cos \left(\sqrt{e^{2x} -x^2} \right) = xe^{-x}.
    $$ C'est là qu'intervient la courbe remarquable.
    pour $x$ assez grand, $xe^{-x}$ est compris entre 0 et 1 et comme $\left(e^{2x} -x^2 \right)^{1/2}$ tend vers $+\infty$ en croissant, la sinusoïde traverse une infinité de fois la courbe $y = xe^{-x}.$ Voila notre infinité de solutions.

    non ?

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Oui. D'un autre côté, avec le grand théorème de Picard sous la main, il eût été fort surprenant qu'il en fût autrement.
  • Ben oui,
    mais grand Picard ou pas, $e^z = 0$ n'a pas de solution.
    Une proposition peut être à la fois surprenante et vraie.
    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Nous sommes d'accord. En tout cas, dès qu'on a une solution, on en a une infinité.
  • $ze^z = 0$?
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Damned ! Toutes ces années où j'avais mal compris le théorème de Picard réduites à néant par ev... bin, merci ev en fait.
  • Bonjour à tous.

    Bien entendu, toutes les solutions de $e^z = z$ sont transcendantes.

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • ev :

    il me semble que dans ton post précédent, l'infinité de $x$ tels que $(E) : \cos \left(\sqrt{e^{2x} -x^2} \right) = xe^{-x}$ ne suffit pas à conclure car on a me semble-t-il besoin de $\sin(\sqrt{e^{2x} -x^2})\geq 0$ pour les valeurs de $x$ solution de $(E)$ et ça ne me semble pas acquis, même si j'avoue que je n'ai pas (encore) eu le courage de mettre les mains dans le cambouis de la trigonométrie.

    Cela dit, si on se contente d'une seule solution, y a peut-être moyen de vérifier numériquement les éventuels problèmes de signe...
  • Bonsoir detourre.

    Merci pour cette excellente remarque. J'étais allé un peu vite et j'ai dérapé sur mon enthousiasme. Dans la mesure où on prend $y > 0$ il faut aussi jeter les $\sin y < 0$ c'est-à-dire un sur deux. Autrement dit on ne garde comme valables que les points où la "sinusoïde" (il faut le dire vite !) $\cos \left(\sqrt{e^{2x} -x^2} \right)$ coupe la courbe $xe^{-x}$ {\bf en descendant}

    amicalement,
    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • On pourrait aussi utiliser la partie imaginaire directement, en remarquant que

    x = y.cotan(y) et en réutilisant le x^2 + y^2 = exp(2x)

    on a encore une fois plein de solutions, bien réparties.
  • C'est ça que tu voulais faire en pstricks, ev ?

    16897
  • En voilà un topic intéressant ! :D
  • Ce topic (intéressant, merci Philippe) a aussi titillé un autre forum.
    Ils ne renâclent pas à utiliser l'armement lourd ces gaillards.

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • on peut utiliser l'écriture polaire de z = p.exp(i.o)
    alors z=exp(z) si
    1 - module(z)=module(exp (z))
    2 - Arg(z) = Arg(exp(z)) modulo 2.pi

    Alors |z| = p
    |exp(z)|=exp(p)

    p est réel. comme p=exp(p) n'a pas de solution...

    mais ce raisonnement m'a l'air trop simple, je dois faire une erreur qq part.
  • Tu affirmes que le module de exp(z) est égal à l'exponentielle du module de z.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • oui je me suis un peu mélangé les pinceaux. mais en posant z = p.exp(i.o) = a+i.b

    on a

    exp(a).exp(ib) = p.exp(i.o)

    ça donne un système assez reloud effectivement.

    a²+b² = exp(2a)
    b=Arctg(b/a) (-pi)

    Maintenant y a qu'à... faut qu'on....
  • En fait, il y a une technique pour résoudre n'importe quelle équation de ce genre (enfin d'approcher des solutions d'autant qu'on veut), c'est "d'exécuter" le théorème de Picard (exécuter une preuve, dans le cas présent, ressemblerait beaucoup à en éliminer les coupures par passage au cas particulier vu qu'on a la fonction, etc)

    Je sais qu'il y a une preuve du théorème de Picard dans un livre de Rudin très célèbre et (vue ma mémoire c'est sans garantie), elle ressemble à toutes les preuves holomorphiques habituelles, on "maximise" un nombre réel (un module de je sais plus quoi exactement, un f'(t), t étant fixé et f variant dans un bon ensemble de fonctions annexes et on prouve que toute f qui réalise le maximum convient à tel ou tel truc.

    Appliqué ici, le théorème de Picard te dit que tous les complexes z sauf au plus un éventuellement sont tels qu'il exite un complexe x tel que x+z=exp(x)

    Bon je crois pas que z=0 soit le "au plus un" concerné, mais sait-on jamais ...
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • on "maximise" un nombre réel (un module de je sais plus quoi exactement, un f'(t), t étant fixé et f variant dans un bon ensemble de fonctions annexes et on prouve que toute f qui réalise le maximum convient à tel ou tel truc.

    A l'oeil nu, le truc en question c'est le théorème de représentation conforme, pas le petit ni le grand théorème de Picard. ;)
  • Ah merci remarque, alors en fait le th de representation conforme m'a tellement marqué que j'ai l'impression de l'avoir vu partout :D

    Picard se démontre tout à fait autrement?
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Oui, mais je ne me souviens plus de la preuve. Le petit Picard est assez simple, on prend l'inverse de je ne sais plus quoi mais ça se retrouve. Le grand, j'ai vraiment tout oublié... :-(
  • Allez, pour moi ça va être l'occasion d'être courageux, rolalala, comme c'est dur, je ne m'en rendais pas compte, d'être courageux. Mais commme j'ai envie de fumer et que j'ai laissé mes clopes dans ma voiture.... hé hé

    J'ai essayé de battre des records, alors à coté de chez moi, j'ai acheté la plus grosse valise possible et je l'ai remplie et mise dans mon coffre et dedans, je crois bien que j'ai même mis la version anglaise de Rudin

    Bin, depuis un mois que je trimballe tout ça dans un coffre pour rien, (à chaque fois je me dis, "demain, je ...") ça va êter l'occasion d'aller sortir ce livre des 40 degrés en plein soleil qu'il subit :D

    Je posterai un résumé de la preuve que j'y trouve (si je peux la disséquer, rien n'est moins sûr)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • C'est page 332 de la version anglaise du livre de W.Rudin

    Mais je ne suis pas la preuve, car il utilise des notations introduites avant, faudrait que je lise aussi les preuves d'avant (qui introduisent les notations)

    Effectivement, il passe par le th de Liouville, construit une chaine de disque, fait des inversions locales pour arriver à une fonction holomorphe qui envoie le plan dans un demiplan et en vient à une absurdité

    Mais en passant, j'ai regardé longuement la lune avec mon minitéléscope et faut que je cherche des photos sur internet pour les reliefs, je l'ai vraiment trouvé cabossée et surtout je suis étonné que les reliefs se voient si bien (je vais chercher les altitudes..et il y a des dessins bizarres :D)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • bonjour

    l'équation $z = exp(z)$ peut s'écrire aussi $z = ln(z)$

    les solutions éventuelles correspondent aux points (imaginaires) d'intersection des courbes exponentielle et logarithmique
    ces points d'intersection sont forcément situés sur la première bissectrice dans le plan $R²$

    je propose une solution $z = 0,31813151.....+ i(1,3372357.....)$
    c'est donc un nombre complexe qui est égal à sa propre exponentielle et à son propre logarithme népérien
    nous verrons que le conjugué de $z$ est aussi solution ce qui était conjecturé par les intervenants précédents

    démonstration: posons $z = a + ib$ avec $a$ et $b$ réels
    l'équation $z = exp(z)$ donne $a = exp(a).cos(b)$ et $b = exp(a).sin(b)$ soit encore (en privilégiant la variable $b$)

    $tan(b) = \frac{b}{a}$ et donc $\frac{sin(b)}{b} = exp(\frac{-b}{tan(b)})$
    les deux membres de cette dernière équation sont pairs en $b$ ce qui confirme que si $r$ est solution alors $- r$ l'est aussi

    les deux courbes représentatives de $\frac{sin(b)}{b}$ et $exp(\frac{-b}{tanb}$ comportent des points communs situés sur l'axe des abscisses
    $b= \pi; 2\pi; 3\pi$ etc. mais dans ce cas la partie réelle $a = \frac{b}{tanb}$ diverge (ce sont des points à l'infini)

    nous voyons apparaître un point d'intersection acceptable
    d'abscisse $r$ compris entre $\frac{\pi}{3}$ et $\frac{\pi}{2}$ et d'ordonnée comprise entre $0$ et $1$

    par recherche dichotomique de la solution (comprise entre $\frac{\pi}{3}$ et $\frac{\pi}{2}$)
    de l'équation $\frac{sin(b)}{b} = exp(\frac{-b}{tanb})$
    on trouve $r = 1,3372357....$ (tous les chiffres sont sûrs)
    on en déduit la partie réelle de $z$ soit $a = \frac{r}{tan(r)} = 0,31813151.....$

    les solutions de $z = exp(z)$ sont bien $0,31813151....+ i(1,3372357....)$ et son conjugué

    cordialement
  • Bonjour Jean.
    jean lismonde a écrit:
    ces points d'intersection sont forcément situés sur la première bissectrice dans le plan \mathbb R^2

    Quelles forces utilises-tu ?

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • bonjour ev

    tu as raison: l'expression est maladroite
    à partir du moment où on raisonne avec z complexe
    autant pour moi

    amitiés
  • Pour ce problème, une seule force s'impose :

    16920
  • Je fais remonter cette vieillerie histoire de signaler que le sujet de la grègue interne de 2013 permet d'écrapoutir joyeusement cette question.
    En effet, modulo un théorème de relèvement, on y démontre entre les questions 15 et 19 que $z\longmapsto ze^z$ est mollement surjective sur $\C$. Du coup $-1$ admet un antécédent. Son opposé est solution de $e^z = z$.

    amicalement,

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • La surjectivité molle devrait naturellement être en dualité avec l'injectivité dure.
  • Bonne nuit,

    Le "gang de l'abstraction avant" ?
    (Nicolas de Staël)

    Bien cordialement.
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