Groupe de Galois

Bonjour

on dit que le groupe de Galois d'une certaine équation de degré 5 a 4 éléments.

On dit que ce groupe est les 4 itérés d'une certaine permutation de quatre des cinq racines.

Mais je ne comprends pas cette phrase car dans ma tête, si par définition le groupe de Galois d'une équation est l'ensemble des permutations de ses racines, alors toutes les permutations de 5 éléments devraient convenir puisque n'importe quelle permutation de 5 éléments permute en particulier les racines de cette équation.

Pouvez-vous me dire pourquoi ce n'est pas le cas ? Et un contre-exemple simple ?
Merci

Réponses

  • Bonjour

    Regarde $P(X)=X^5-1$. Peux-tu permuter les racines n'importe comment?
  • bonjour Magnolia, et bien je pense que oui, il suffit de considérer n'importe quelle permutation de 5 éléments et de permuterles 5 racines, et on obtient encore les racines de P

    je ne comprends pas où est le problème
  • Tu veux quand même que les éléments du groupe de Galois soient des automorphismes de corps.
  • Dans le cas de cette équation, avec quel élément ce ne serait pas le cas ?
  • galien : il y a au moins, parmi les racines de ton polynôme, le nombre 1, qui est un peu à part car tout automorphisme de corps doit le laisser fixe. Du coup, toutes permutation des racines qui ne laisse pas 1 fixe n'est pas dans ton groupe de Galois (disant cela, j'identifie bien sûr ton groupe de Galois à un ensemble de permutations des racines).
  • Bonsoir,

    Si $\sigma$ est un tel automorphisme, alors $\sigma(1)=1$ nécessairement. Non ?

    Avec tout mon respect,

    Thierry
    Le chat ouvrit les yeux, le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, le soleil y resta. Voilà pourquoi le soir, quand le chat se réveille, j'aperçois dans le noir deux morceaux de soleil. (Maurice Carême).
  • J'ai supposé qu'on parle d'extension sur $\Q$. Si ce n'est pas le cas, il faudra modifier.

    En posant $\alpha=e^{2i\pi/5}$ les racines sont $1,\alpha,\alpha^2\alpha^3,\alpha^4$. Si je pose $\sigma(\alpha)=\beta$, ou $\beta$ est une des autres racines, suis-je libre pour le choix de $f(\alpha^2)$ ? Et d'ailleurs, $\beta$ est n'importe qui?
  • @pb, cet argument m'échappe car j'ai vu une équation de degré 5 dont on dit que nombre d’éléments de son groupe de Galois est justement $120=5!=\mathrm{card}\, S_5$. Or dans $S_5$, il y a des permutations qui ne fixent pas 1

    [Edit : Cocher la case "LaTeX"]
  • Oui, bien sur que ça existe! Mais 1 n'est pas forcément racine du polynôme choisi!
  • Le nombre d'éléments du groupe de Galois ne dépend pas que du degré du polynôme.
    Par exemple : il existe des polynômes (disons rationnels) de degré 5 dont le groupe de Galois (sur Q) est d'ordre 120, et il existe des polynômes de degré 5 dont le groupe de Galois est d'ordre 1.
  • Là Magnolia et pb, vous avez retranscrit en termes d'automorphismes, mais ce n'est pas ce que je souhaite

    Je souhaiterais pour l'instant seulement, rester dans le langage des permutations, pour répondre à ma question de départ.
  • par définition le groupe de Galois d'une équation est l'ensemble des permutations de ses racines
    Justement non, ce sont des "bonnes" permutations, les permutations qui conservent les relations entre les racines, G est incluse dans Sn (parfois (G=Sn bien sur)
  • Bon, reprenons mon exemple avec mes notations.

    $X^5-1=(X-1)(X^4+X^3+X^2+X+1)$

    Comme tout le monde te l'a fait remarquer, on a nécessairement $\sigma(1)=1$. Comme $\sigma$ est injective, il est exclu qu'une autre racine puisse aller sur 1. Donc déjà tu n'as plus ${\cal S}_5$ tout entier, tu as un point fixe. Maintenant $\sigma(\alpha)$ est nécessairement une racine du deuxième facteur, mettons $\beta=\alpha^k$ avec $1\leq k\leq 4$. Mais alors $\sigma(\alpha^m)=(\sigma(\alpha))^m=\beta^m$ ce qui montre que le choix de $\sigma(\alpha)$ détermine toute la permutation! Tu ne peux pas évacuer le fait qu'on ne cherche pas des permutations au hasard, mais des $\Q$-automorphismes, qui sont obligés de permuter les racines, mais toute permutation ne donne pas naissance à un automorphisme.
  • Plus précisément, le groupe de Galois $G$ agit sur les $n$ racines, ce qui donne un morphisme de $G$ dans le groupe symétrique $S_n$. Comme l'action sur les racines suffit pour reconstruire l'action entière (car les racines et le corps de base engendrent l'extension et que le groupe de Galois agit par automorphismes de corps), il y a un morphisme injectif de $G$ dans $S_n$. (C'est un morphisme très simple : la restriction d'un automorphisme à la partie formée des $n$ racines, que l'automorphisme stabilise.)

    Mais vouloir oublier que le groupe de Galois est formé d'automorphismes, cela conduit à l'incompréhension de départ de galien, il me semble.

    [Edit : ceci est une réponse au message de morpho.]
  • merci à vous,

    mais je me répète :

    Que sepasse-t-il si on ne part pas du fait qu'on cherche des automorphismes ?

    et qu'on cherche à partir de notre équation étudiée, les permutations des racines ?

    c'est cela ma question, car dans une introduction de cours sur Galois, on dit que le groupe de Galois d'une équation, c'est l'ensemble des permutations de ses racines

    donc on ne part pas du fait qu'il s'agisse d'automorphismes

    Même la condition $\sigma(1)=1$ tes obtenue comme condition nécessaire sur la définition d'un automorphisme

    Par contre, quand on démarre en disant, que le groupe de Galois d'une équation, c'est l'ensemble des permutations de ses racines, on ne dit pas la même chose, et c'est le passage de l'un à l'autre que je voudrais comprendre

    merci
  • galien écrivait:
    > c'est cela ma question, car dans une introduction
    > de cours sur Galois, on dit que le groupe de
    > Galois d'une équation, c'est l'ensemble des
    > permutations de ses racines

    C'est une simplification qui peut éventuellement convenir à une introduction. Pas plus. Le groupe de Galois doit tenir compte de la structure algébrique pour des tas de raisons. Par exemple, parce que cela n'a pas d'intérêt d'introduire un groupe de Galois isomorphe à $S_5$ pour comprendre l'équation $x(x-1)(x-2)(x-3)(x-4)=0$.
  • Salut,

    Si tu veux une définition en termes de permutations, un élément du groupe de Galois est une permutation des racines qui laisse invariante toute relation polynomiale entre ces racines (sous-entendu à coefficients dans $\Q$). La définition telle que tu la donnes est incorrecte.

    Aurel

    [Edit : Cocher la case "LaTeX"]
  • @Jer anonyme, oui cet exemple $x(x-1)(x-2)(x-3)(x-4)=0$ est intéressant, il y a 5 racines en effet , et si on prend n'importe quelle permutation de ces 5 racines, on a bien obtenu ce qu'on voulait pour le respect de cette définition.
  • Et on a un objet absurdement compliqué pour décrire l'extension $\Q/\Q$ !

    Si on prend en compte la structure de corps, l'exemple de Meu montre qu'elle contraint les permutations envisageables.
  • Je ne comprends pas ce que tu veux dire Jer anonyme
  • Eh bien, mettons que le groupe de Galois serve à étudier des équations. Après la résolution antédiluvienne des équations de degré 2 et celle des équations de degré 3 et 4 vers la Renaissance, plus personne n'est parvenu à comprendre pourquoi on n'arrivait pas à trouver «des formules» générales pour résoudre celles de degré 5 et plus.

    Un problème annexe était que lorsque l'on donne des formules en degré 2 à 4, elles sont ambiguës : elles reposent sur le choix d'une racine carrée ou cubique (du discriminant) qui n'a rien de canonique, du moins avec des complexes. Du coup, on écrit des formules comme $(-b\pm\delta)/(2a)$ avec $\delta$ une racine carrée du discriminant mais on ne sait pas a priori laquelle est laquelle.

    Galois a comment traduire cette ambiguïté par un objet algébrique qui permet de faire des calculs -- le groupe de Galois. Le groupe de Galois d'une équation ne dépend pas vraiment de l'équation mais seulement de l'extension qui lui est associée, à savoir le couple formé par le corps $K$ où vivent les coefficients de l'équation et le corps $L$ engendré par les racines de l'équation (*). Il est défini comme le groupe des automorphismes du gros corps $L$ qui fixent point par point le petit corps $K$. «Dans les bons cas», il permet d'établir une correspondance entre (certains) corps et sous-groupes du groupe de Galois.

    Ma remarque était : si on veut que cela serve à quelque chose, il ne faut pas associer un groupe compliqué comme $S_5$ à une extension simple comme $\Q\subset\Q$.

    NB : Plus fort : Galois a réussi à relier les propriétés algébriques du groupe (résolubilité) et la possibilité d'écrire des «formules» pour résoudre l'équation.


    (*) Exemples : on va prendre des équations à coefficients dans $\Q$. Pour l'équation $X(X-1)(X-2)(X-3)(X-4)=0$, dont toutes les solutions sont rationnelles, le «gros» corps est $\Q$ ; pour l'équation $X^5-1=0$, le «gros» corps est $\Q(e^{i2\pi/5})$ ; pour l'équation $X^2+1=0$, à coefficients réels cette fois, le «gros» corps est $\C$. Etc.
  • intuitivement, je peux comprendre ce que tu veux dire, mais ma problématique va moins haut pour l'instant, je cherche juste à comprendre par exemple sur cet exemple trivial d'équation dont on connaît les solutions $X(X-1)(X-2)(X-3)(X-4)=0$, pourquoi n'importe quelle permutation ne peut convenir puisque la définition primaire que j'ai que le groupe de Galois que j'ai est :
    c'est l'ensemble des permutations de ses racines.

    A priori, n'importequelle permutation à 5 éléments pourraient convenir.

    Sans faire la relation avec les automorphismes, j'aimerais comprendre comment , sur cet exemple, on peut raffiner et être sûr qu'un certain nombre de permutations (qui ensuite seulement dans une deuxième partie seront traduites en termes d'automorphismes) ne peuvent pas convenir.
  • C'est-à-dire que comme l'ont dit un certain nombre de gens déjà -- je ne suis pas le seul -- la définition primaire n'est pas une définition du tout. C'est une description vague qui va bien pour donner une idée : l'idée que le groupe de Galois associé à une équation est fini puisqu'on peut le réaliser comme un sous-groupe du groupe des permutations des racines. Au-delà, il est impératif de prendre en compte la structure de corps -- la théorie de Galois, c'est le «niveau 2» de la théorie des corps (où le «niveau 1» serait ce qui conduit à résoudre les problèmes de constructibilité à la règle et au compas, c'est-à-dire l'étude des dimensions).
  • la définition primaire que j'ai que le groupe de Galois que j'ai est :
    c'est l'ensemble des permutations de ses racines.
    Tu peux jeter cette définition à la poubelle :-)
    Prends la suivante : soit $P\in\mathbb Q[X]$ un polynôme à coefficients rationnels. Notons $K$ le sous-corps de $\mathbb C$ engendré par les racines complexes $x_1,\dots,x_n$ de $P$. Le corps $K$ contient $\mathbb Q$ (tout sous-corps de $\mathbb C$ contient $\mathbb Q$, exercice). On appelle groupe de Galois $P$ (sur $\mathbb Q$), le groupe des automorphismes du corps $K$, c'est-à-dire des bijections $\sigma:K\to K$ qui sont des morphismes de corps.

    Si tu restreins un élément $\sigma:K\to K$ à l'ensemble $X=\{x_1,\dots,x_n\}$ des racines de $P$, tu obtiens une application $\sigma_{|X} : X\to K$ qui est en fait à valeurs dans $X$ (exercice), donc une application $\sigma_{|X} : X\to X$. Cette application est injective (comme restriction d'une injection) donc bijective (parce que $X$ est fini), donc $\sigma_{|X}:X\to X$ est une permutation de $X$.

    Exemple (trivial) : $P=X(X-1)(X-2)(X-3)(X-4)$. Le sous-corps de $\mathbb C$ engendré par les racines de $P$ est $\mathbb Q$ ! Donc le groupe de Galois de $P$ est l'ensemble des automorphismes du corps $\mathbb Q$. Or il n'y a qu'un automorphisme du corps $\mathbb Q$ : l'identité (exercice). Le groupe de Galois de $P$ est réduit à un élément (pourtant il existe 120 permutations des racines de $P$, comme quoi…).

    Exemple : $P=X^2+1$. Le sous-corps de $\mathbb C$ engendré par les racines de $P$ est $\mathbb Q(i)=\{a+bi,(a,b)\in\mathbb Q^2\}$. Donc le groupe de Galois de $P$ est l'ensemble des automorphismes du corps $\mathbb Q(i)$. Or il y a exactement deux automorphismes du corps $\mathbb Q(i)$ : l'identité et la conjugaison complexe (exercice). Le groupe de Galois de $P$ a donc deux éléments. Par ailleurs, il existe exactement deux permutations des racines de $P$ (puisque $P$ a deux racines). On a ici un exemple où toute permutation des racines de $P$ provient (par restriction) d'un élément du groupe de Galois.
  • @Jer anaonyme et PB : Merci pour ces éxplications de qualité
  • @Galien
    tu verras tout cela dans le livre de JeanPierre Escofier
    Théorie de Galois : Cours et exercices corrigés :
    chez Dunod : se trouve chez les Gilbert et je trouve pas trop cher (25 euros en 97) et c'est pas un "gros" livre
    il est très progressif : non seulement il y a beaucoup d'exercices corrigés mais aussi beaucoup d'exemples
    en outre il ne se place pas dans un cadre ultra général : tout est "chapeauté" par C au départ
    je cite quelques extraits de la table des matières
    polynômes symétriques, résultant , discriminant
    extension de corps, degré d'une extension, multiplication des degrés (on peut rien faire sans cette règle)
    polynôme minimal
    extension algébrique, par adjonction de racine
    K-homomorphismes
    élément primitif,
    extensions normales
    corps de décomposition
    groupe de Galois d'une extension, d'un polynôme, groupe de Galois comme sous-groupe de permutations
    correspondance de Galois
    racines nième de 1
    extensions cycliques
    applications au 3ième degré et 4ième degré
    groupe résoluble, polynôme résoluble par radicaux
    cas de l'équation générale de degré n
    ensuite un chapitre sur le cas des corps finis, et un où il considère des corps commutatifs quelconques
  • Pour répondre à la question, le groupe de Galois qui correspond à $X^5-1=0$ ne serait-il pas $Z/4Z$
  • Ou plutot $Gal(Q(e^{2i\pi/5}):Q)$ isomorphe à $Z/4Z$
  • Bonjour
    C'est vrai car $5$ est premier.
    D'une façon générale, le groupe de Galois de $X^n-1$ est isomorphe au groupe des inversibles de $Z/nZ$
    Pour $n=8$, ca ne donne pas un groupe cyclique, mais le groupe de Klein.
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