Ces professeurs à qui l'on doit tant...
Bonjour,
Alain Connes racontait qu'il estimait tout devoir à un professeur de 6e qui, l'interrogeant au tableau, lui donnait l'impression qu'il connaissait la réponse et qu'il ne pouvait, donc, que la trouver.
De telles anecdotes vous reviennent-elles? avez-vous eu des pygmalions mathématiques?
Amicalement,
F.D.
Alain Connes racontait qu'il estimait tout devoir à un professeur de 6e qui, l'interrogeant au tableau, lui donnait l'impression qu'il connaissait la réponse et qu'il ne pouvait, donc, que la trouver.
De telles anecdotes vous reviennent-elles? avez-vous eu des pygmalions mathématiques?
Amicalement,
F.D.
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Réponses
- M. Desarnaud que j'ai eu en Seconde. Je pense qu'il était professeur stagiaire et je me rappelle qu'il avait été très investi dans notre réussite. C'est peut-être en partie grâce à son enthousiasme que j'étais allé en S.
- M. Jean-Pierre Grivaux que j'ai eu en Maths Spé à Chaptal. J'ai tellement adoré sa façon d'enseigner que je suis resté deux ans en Spé X:-( J'étais très impressionné (et je crois que je le suis toujours) par sa grande culture mathématique et sa personnalité... pleine d'humour quand on a un peu compris le personnage.
- J'ai aussi beaucoup apprécié M. George Skandalis pendant ma prépa agreg.
ma réussite à l'agrégation doit énormément à Georges Skandalis :-) (ah! l'inégalité de Young n'était sûrement pas le développement que j'aurais choisi mais j'ai fait l'ânerie de le proposer lol)
Amicalement,
F.D.
Bonne journée.
Jean-Louis.
Bon sinon, pour répondre à la question initiale, moi j'ai eu plusieurs profs qui m'ont influencée. Une prof de maths au collège avec qui j'ai commencé à vraiment aimer les maths (surtout la géométrie, on en faisait encore pas mal à l'époque). Un jeune prof de maths de terminale (il faisait son stage d'agreg) qui m'a encouragée à poursuivre dans les maths. Un prof de spé dont les cours étaient un régal.
Et surtout, surtout, un prof en prépa agreg qui était génialissime. À lui je dois beaucoup, beaucoup, beaucoup et c'est un bel euphémisme ! Il a profondément changé ma manière d'appréhender les maths et a eu une influence cruciale (pour ne pas dire totale) sur mon orientation en thèse.
Jean-Louis.
- J'ai souvent évoqué M. Bigo, qui fut mon prof de maths en 5e. Je crois que j'ai déjà raconté ici qu'il m'a fait découvrir le dénombrement et la programmation. Puisqu'on parle des anecdotes, je me souviens que lorsqu'il réfléchissait à un programme, il regardait le plafond en courbant légèrement le dos. Je trouvais qu'il avait la grande classe, et ses compliments avaient beaucoup de valeur pour moi.
- J'ai eu la chance d'être, en TC, un des derniers élèves de Pierre Scherpereel, avant qu'il devienne IPR. Il faisait déjà plus ou moins fonction de, il était tout le temps sur la route, et pourtant, il n'était pas avare de son temps et nous a bien préparé au concours général.
- J'ai une dette particulière envers Brigitte Séverin, que j'ai connue au lycée où elle animait un club de mathématiques.
Mais c'est surtout quand j'étais en taupe qu'elle m'a soutenu, dans des moments parfois difficiles. Je lui dois en particulier de m'avoir prêté des livres et conseillé de bonnes lectures quand je suis rentré en Licence, qui m'ont permis de faire d'énormes progrès. Je sais qu'elle a eu ce rôle de mentor pour de nombreux élèves. Je crois qu'elle enseigne encore dans ce même lycée, et ça me fait penser qu'on a quand même de la chance en France d'avoir dans l'école de tout le monde des gens aussi compétents et aussi généreux de leur savoir.
- Enfin, je ne peux pas ne pas évoquer Raymond Moché, qui m'a fait découvrir les probabilités. Je crois que j'ai rarement rencontré d'enseignant aussi perfectionniste, aussi soucieux de la cohérence de son cours. J'ai maintenant construit mes propres idées sur l'enseignement des probas, mais pendant très longtemps, ses cours ont été ma référence. Détail amusant, mais caractéristique de la personne et de sa modestie, il mettait à la fin de ses polys de maîtrise la bibliographie des auteurs dont il s'était inspiré. Par la suite, il est devenu directeur d'IREM, ce qui est une fonction qui lui allait bien, assez caractéristique de sa générosité.
J'en ai omis énormément: s'ils me reconnaissent, j'espère qu'ils m'excuseront...
A la fac de Montpellier je me souviens de Mr Molino en prépa agreg qui nous a fait un magnifique cours d'analyse complexe, sujet que bizarrement je n'avais pas rencontré avant, ainsi que des corrections d'épreuves d'analyse d'agreg, le tout sans notes ni hésitations.
Auparavant, j'avais suivi un cours d'Algèbre et Géométrie en maîtrise avec Mr Roby, je me suis régalé.
Tout ce que je sais sur les anneaux, les modules et les catégories vient de lui.
Ce sont les deux meilleurs professeurs que j'ai jamais eu, et j'ai encore mes notes manuscrites 40 ans après.
Cordialement,
Rescassol
Je voudrais d'abord remercier FrançoisD pour cette bonne idée de topic.
Malheureusement, depuis quelques années, il est devenu " de bon ton " de taper sur les profs !
Il y a beaucoup de professeurs dont je pourrai parler.
Ils m'ont tous apporté, de l'instituteur de village des années 60 au professeur d'université des années 80.
Et ceci dans toutes les disciplines et dans beaucoup de domaines !
J'aurai tellement d'histoires à raconter que je n'en livrerai qu'un seule en mémoire d'un de mes professeurs dont je suis devenu par la suite un collègue et un ami. Il est malheureusement parti sous d'autres cieux depuis 20 ans.
" Mon Ami, mon Maître ", était mon professeur de maths en première C.
Quand je l'ai vu la première fois, j'ai eu peur qu'avec son physique, il ne se fasse chahuter !
Il était tellement passionné par les maths que, dès le premier cours, à la sortie, nous étions tous en admiration.
Je me suis servi de ses cours de première jusqu'en licence en topologie !
Quand j'étais étudiant dans les années 80 et que je le voyais prendre sa petite mousse dans un café, j'allais le voir pour partager un moment avec lui. Il était très heureux que ses anciens élèves viennent le saluer et discuter de tout et de rien. Cela lui arrivait de chercher un problème de maths en écrivant sur son carton de bière !
Quand il faisait une démonstration et qu'il arrivait à la dernière étape, il courait au fond de la classe et il nous disait : " Et alors , et alors , ... ". Les premières fois, on ne savait pas quoi répondre. Il courait alors très vite vers le tableau en criant : " C'est gagné ! " et il terminait enthousiaste sa démonstration comme s'il avait trouvé le Saint Graal !
Lorsqu'il est tombé très malade, il est tout de même revenu au lycée et nous sommes tombés dans les bras l'un de l'autre, tellement il était heureux de revenir ! Quelques jours après, la maladie l'emportait ...
J'espère que, dans quelques années, sur ce forum ou un autre, il y aura un de mes anciens élèves qui racontera une anecdote sympathique sur moi ...
Cordialement, TG.
NB
A un topic , " ces CDE à qui on doit tant ... " , je ne répondrai pas à cause de ceux qui m'ont rendu dépressif !
Cordialement,
LP
Quand je suis passé à la radio il y a deux semaines, je voulais parler des personnes qui m'ont fait aimer les maths, mais, pris par d'autres sujets, je n'ai pas pu le faire : je le fais ici !
Je dois beaucoup à Messieurs Edgar Zammit et Serge Mehl, mes profs de maths de première et terminale C de 1974 et 1975.
Je pense que tous ceux qui ont surfé sur internet et cherché un site de référence francophone d'histoire des maths, connaissent chronomath, c'est le travail de Monsieur Mehl. C'était un excellent pédagogue qui ne se contentait pas d'enseigner ce qui était au programme. Lui et Monsieur Zammit sont pour beaucoup dans mes succès ultérieurs, je leur dois ma sélection dans la filière A qui regroupait les 20 meilleurs bacheliers chaque année dans les 70's...
Je dois aussi beaucoup à Monsieur Chatterji à l'école polytechnique de Lausanne. Ce spécialiste d'analyse hors pair, savant aux pieds nus comme on appelait les cerveaux du tiers-monde alors, avait commencé sa carrière au Michigan au MSU avant d'être recruté par l'EPFL. Sa connaissance très vaste de l'analyse et son sens de la pédagogie peuvent être remarqués dans ses excellents ouvrages parus aux presses polytechniques romandes...
Enfin, je ne peux pas passer sous silence ceux qui ont failli me faire détester les maths, ils sont deux ou trois que je ne nommerai pas, parce qu'ils ne le méritent pas, mais sachez qu'ils ont sévi en prépa en France ! On trouve quelques exemplaires de ces personnes malintentionnées sur les foras de maths... Leur égo surdimensionné, leur mauvaise foi en font de très mauvais ambassadeurs des maths. C'est tout ce que je dirai !
Je pense que ce topic peut continuer encore longtemps!!!
Allez, je m'y colle à mon tour:
- M. Pierre Carato, professeur de mathématiques au lycée Mme de Staël de Montluçon, était un homme hors du commun qui m'a communiqué l'envie de comprendre des choses et de prendre le temps de le faire (et avec lui je n'oublie pas Mme Mansat et M. Boyer) bon, jamais je ne surveillerai mes DS en faisant le poirier sur le bureau, certes, mais si je peux motiver mes élèves comme lui :-) son décès brutal une veille de Noël m'a beaucoup remué
- M. Debris, professeur de philosophie dans ce même lycée : je lui dois une question ... "Les règles de la logique limitent-elles la liberté de l'esprit?", et me voilà agrégé et bac +5 en maths sans avoir de réponse ferme à cette question!!!
- M. Didier Bresch (aujourd'hui DR à l'Université de Savoie Chambéry) qui m'a appris comment les petits trucs font les grands machins
- M. Jean-Louis Ducourtioux qui a quitté l'Auvergne pour les cieux plus cléments de l'Université Pasquale Paoli et qui m'a appris tant de choses en Analyse qui son cours est précieusement conservé et sera un jour retapé!!! (n'oublions pas ses bons conseils pour mon oral d'agreg, genre... me taire quand je parle! :-D )
- M. Bruno Ingrao pour ses questions lors des oraux blancs de CAPES qui m'ont préparé au mieux ou au pire (coucou Bruno!)
et j'en passe encore beaucoup, il y a juste une mention spéciale, mon papa qui est mon modèle de prof sur un point: j'ai été élève dans le lycée où il enseignait (ma maman aussi d'ailleurs) et c'était vraiment un plaisir car il suscitait de la passion et de l'intérêt chez ses élèves
Amicalement,
F.D.
Soyons clairs : j'ai appris des choses avec les enseignants que j'ai eus. Par contre, j'ai vraiment l'impression que mon goût pour les mathématiques ne vient que de la nature des mathématiques elles-mêmes. Je n'ai pas l'impression d'avoir eu besoin d'un enseignant particulier pour me faire comprendre ce qu'étaient les mathématiques ni pour m'en faire apprécier la beauté.
Je pense avoir commencé à aimer les mathématiques en 4ème (pas à cause du prof mais parce que l'on commençait à faire des démonstrations). L'étape suivante a été la lecture des Ramis-Deschamps-Odoux en prépa où j'ai découvert l'élégance, la puissance et la simplicité des mathématiques.
Une personne marquante tout de même , André Gramain que j'ai découvert en maîtrise à Tours mais c'était la fin de mes études et le pli était déjà bien pris .
Domi
Cet insituteur exigeant, qui savait faire briller les yeux de ses élèves, cet instituteur qui a su me porter à bout de bras pendant toute une année.
Encore merci.
Grace à eux j'ai pu découvrir les bibliothèques.
Même si j'ai fait l'éloge de trois de mes profs de maths, je partage ce sentiment. Je pense que j'aime les maths pour ce qu'elles sont. Cette prof de collège dont je parlais était une bonne enseignante, mais elle n'avait rien de spécial, à part nous poser des exercices dé géométrie qui nécessitait de trouver des démonstrations : comme pour toi en 4ème c'est avec la démonstration que j'ai commencé à aimer les maths. Il se trouve que c'est avec cette dame et que (j'en ai eu conscience un peu plus tard), les exercices qu'elle nous posait étaient plutôt un peu plus compliqués et intéressants que ceux posés traditionnellement.
Quant aux autres, j'étais en spé pour l'un et en prépa agreg pour l'autre, donc mon goût je l'avais déjà. Mais je garde un excellent souvenir du premier (avoir plaisir à se lever tôt le matin pour aller en cours ce n'est pas si fréquent). Quant au second, je rebondirai plus sur ceci :
Là c'est vrai que moi si d'une certaine manière. Avant ce prof, j'appréciais beaucoup plus l'algèbre que l'analyse, en grande partie parce que, sans être une cc bis, j'ai quand même un peu tendance à être allergique aux calculs (mon prof de spé disait de moi que je préférais faire une preuve sans calcul de plus de 10 lignes pour m'épargner un calcul de moins de 5 lignes).
Je n'avais donc jamais creusé beaucoup ce qu'on fait en analyse en Licence, me contentant d'un travail superficiel qui permettait de valider sans difficultés mais sans éclats non plus. Et en M1, j'ai essentiellement suivi des cours d'algèbre.
Donc là, c'est effectivement vraiment lui, par ses cours, qui m'a fait découvrir que, cachée dans ce que j'appelais l'Analyse, il y avait parfois beaucoup de géométrie. C'est lui qui m'a fait découvrir cette géométrie, et il se trouve que c'est ce qui aujourd'hui me plaît le plus.