Avenir

Bonjour,

je vous écris ici, car j'éprouve un réel questionnement sur moi même à la suite des évènements récents.

J'ai repris les mathématiques il y a quelques mois, en essayant de m'améliorer et de comprendre ce sujet. Je me suis rendu compte que les mathématiques ont un aspect « pacifiste » et « militantiste ». Faire des mathématiques, c'est aussi se dévouer à une certaine éthique, je pense que beaucoup de matheux ici seront d'accord avec moi.

Ces évènements ont freiné ma motivation et ma volonté d'aller de l'avant.

Je suis avant tout choqué par l'absurdité totale face à laquelle nous devons faire face en tant que chercheurs et en tant que citoyens. Quel sens cela peut-il avoir de vouloir enseigner à des générations futures les mathématiques ? Quel sens cela peut-il avoir que de poursuivre une entreprise qui n'a pour but que d'élever les esprits et ouvrir à la réflexion, au doute, au respect de soi et des autres ? Est-il raisonnable de vouloir aller de l'avant et de transcender notre condition quand tout pousse au défaitisme et au repli sur soi ?

Voilà, ces questions sont lancinantes et je ne connais pas la réponse. Peut être que vous voudrez partager vos impressions sur ce sujet ô combien délicat.

Réponses


  • Ce sont de bonnes intentions mais je crains que les mathématiques ne soient pas le meilleur vecteur pour générer la réflexion et le doute raisonnable.
    Tu parles de défaitisme, tu as bien raison. Pour une incitation à la réflexion et au bon sens tu as en contrepartie 100 mensonges proférés par les médias, la publicité, internet. Le combat est inégal même s'il faut le mener.
  • @albertine : en mathématiques, tu te places dans une tradition plusieurs fois millénaire, avec des temps qui ont été le plus souvent bien plus sombres que le présent. Donc il faut relativiser entre ce qui te touche personnellement aujourd'hui et les mathématiques. Par ailleurs, je ne crois pas que les mathématiques soient pacifistes ou autre, ça n'a pas grand sens. Un mathématicien peut ou ne pas l'être (pacifiste), c'est différent. Enfin, il me semble que l'on fait des mathématiques parce que l'on y trouve du plaisir, des défis à relever, une curiosité à satisfaire. Je suis sûr que parmi les générations futures, il restera toujours des gens (peut-être un peu bizarres) comme ça, quoi qu'il arrive et c'est une bonne chose de tâcher de leur transmettre tout ça également.
  • Albertine,

    tu pourrais lire l'autobiographie de Laurent Schwartz "Un mathématicien aux prises avec le siècle"; il a été dans des événement bien plus inquiétants que ce qui nous arrive aujourd'hui.

    Cordialement.
  • bonsoir

    les mathématiciens ne sont pas tous pacifistes : Lazare Carnot l'un des fondateurs de l'Ecole polytechnique avait bien la fibre militaire
    et Poncelet autre mathématicien célèbre était général dans l'armée de Napoléon lors de l'invasion de la Russie
    en face de lui dans l'armée du tsar figurait le fils aîné du grand Euler, lui-même mathématicien

    et Archimède d'autre part n'était certainement pas pacifiste lorsqu'on lui parlait de la présence romaine en Sicile

    les événements à Paris de la semaine dernière nous touchent et nous concernent en tant que citoyens
    mais pas en tant qu'enseignant ou chercheur en mathématiques

    cordialement

  • C'est surement pour cette raison que Grothendieck quand il a appris que l'IHES était financé, en partie, par le complexe militaro-industriel, a décidé de se mettre en retrait du milieu de la recherche scientifique? B-)-
  • Sans parler de Teichmüller https://fr.wikipedia.org/wiki/Oswald_Teichmüller !

    On trouvera plusieurs articles sur la science et l'armement sur le site de Roger Godement http://godement.eu/site/documents/ dont le texte qui figure dans le tome 2 de son traité d'analyse http://godement.eu/site/download/21/ .
  • Comme tu le dis, tu es choqué. "Elever des esprits et ouvrir à la réflexion, au doute, au respect de soi et des autres" c'est ce qu'il y a de mieux pour lutter contre ces abrutis!
    Retourne travailler, ça ira mieux. Courage
  • Notre bon René Descartes a connu lui aussi son chemin de Damas...

    Il y a toujours de l'espoir comme dirait Pandore.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • L'encre de l'élève est plus sacrée, que le sang des martyrs.

    Traduction approximative, hors contexte, tirée d'un livre. Lequel ?

    La beauté de cette phrase, le lever du soleil sont des exemples qui chaque jour m'aident à croire en ce que je fais : mettre à l'aise mes élèves avec une discipline exigeante. Pour cela, je puise, entre autre, dans l'humour d'ev que j'aime, même si c'est un homme (ça arrive à des gens très bien), même si c'est une femme (mais ça m'étonnerait).

    S
  • Tartaglia un des peres de la solution du 3 eme degree avait assiste a des scenes d'une violence inimaginable a l'age de 9 ans, qui le rendirent begue (d'ou son nom).

  • Gageons qu'il en est revenu les mains vides et la tête pleine.
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