Témoignage Éducation Nationale — Les-mathematiques.net The most powerful custom community solution in the world

Témoignage Éducation Nationale

Bonjour à tous,

Je ne sais pas si j'interviens sur la bonne discussion.

Je suis venu lire ce site très souvent, et me voilà inscrit. Aujourd'hui je rumine et je viens partager mes doutes, et mes questions.

L'an dernier j'ai passé les concours et j'ai obtenu le CAPES externe. Aux oraux, on nous fait nous aligner comme des prisonniers. Détail qui a son importance.
Je débute l'année dans l'académie de Nice. Ma tutrice est absente tout le mois et vient m'observer seulement une fois en septembre. Elle me voit répondre à une élève de quatrième quand celle ci demande pourquoi le carré de moins un vaut un. Ma réponse, d'une durée de 20 secondes, sera le seul fait qui nourrira ses remarques dans son premier rapport. Trop formel, trop éloigné des réalités de la pédagogie, etc.

Vient alors une deuxième tutrice. Une seule ne suffisait pas. J'ai le malheur d'oublier une séance dans sa classe à laquelle je devais assister. A partir de là, c'est un déluge de critiques, de remontrances, rien ne va. Exemple: elle me donne une fausse adresse mail, puis écrit que je n'envoie pas la préparation de classe lors de sa visite (véridique).
Les deux tutrices commencent à me crier après dans la salle des profs. L'une me sort même: "tu te fous de ma gueule". Je ne comprends sincèrement pas pourquoi. Peut-être parce que je lui ai fait remarquer, quelques semaines avant, que l'on ne pouvait pas définir comme elle le fait une demi-droite comme "une partie d'une droite".
L'autre vient me voir, et me dit que je me suis trompé, quand j'ai dit que 1/3 était un rationnel,puisqu'un rationnel a un nombre fini de décimales. Quand je vais dans sa classe pour apprendre de sa pratique, elle demande à ses élèves de 5e ce qu'est la symétrie centrale, si ce n'est pas un pliage. Un gamin lui répond: "c'est un double pliage". Elle répond non. A la fin du cours, quelle fut sa surprise quand je lui montrais, à l'aide d'un petit papier calque que si. Précisons que lors de sa démonstration de pédagogie et de classe bien préparée, elle explique que la symétrie centrale est une rotation d'angle 180°. (Notion à peine effleurée l'année suivante en 4e).

Les autres collègues se sentent même obligés (en tout cas légitimes) à me parler de préparation. Comprenez: je passe pour un branleur.

L'ambiance se délite. Leur ligne directrice: je ne prépare pas les cours. C'est la seule chose qu'elles peuvent dire. Ma gestion de classe est irréprochable (je n'ai pas eu besoin de punir le moindre collégien jusqu'à fin janvier, sachant que j'ai plusieurs éléments exclus d'autres établissements). Mon contenu est juste (j'ai un Master de Recherche, je peux enseigner Pythagore). Donc on me fait passer pour un branleur. Évidemment, entre les séances ESPE (auxquelles j'assite invariablement), les déplacements, la vie familiale, les classes particulières (on habite dans un village, madame ne conduit pas et garde bébé vient d'avoir un an,alors je fais taxi), je dois jongler. Alors je ne prépare peut être pas assez les classes. Quand je les bosse, je me pose trop de questions,je veux faire les choses parfaitement,parce que j'aime vraiment les gamins et j'aime les maths. (D'ailleurs c'est aussi pour ça qu'ils sont calmes avec moi.) On nous aide un peu à réfléchir à l'ESPE, mais une réflexion ambitieuse et profonde par chapitre, ce n'est pas possible. Pas la première année. Pas pour moi, qui me met parfois à tourner en rond.

Vient le tuteur ESPE. Je devine que mes tutrices m'ont savonné la planche en disant que j'en fichais pas une. Alors, au début de la"visite conseil", je donne à chacun de mes tuteurs un rapport de 40 pages expliquant ma préparation. A la fin de la séance, mes deux "collègues" partent "boire un café". En fait, elles vont courir chez le principal leur montrer le rapport. Il faut changer de version. Je le sais, sans le vouloir, le principal les a vendues. Le tuteur ESPE étant lui de bonne foi, elles doivent bien signer un rapport positif. Même vraiment très positif.

Problème, on se fout pas mal de ce qu'elles signent. Elles ont seriné l'inspectrice. Je ne l'invente pas je le sais de source sûre. Et puis j'ai bien dû constater les dégâts. L'inspectrice vient me mettre en pièces.

Bon évidemment, je ne suis pas le prof parfait, loin de là.
Ma séance est mal gérée sur le timing (les élèves tardent trop sur la construction lors de l'activité de découverte et on ne finit pas le premier exercice d'application). Il y a une formulation malheureuse (je trace le cercle C, un diamètre[AB] puis le cercle C) dans l'énoncé qui ne porte pas à conséquence puisque j'ai sauté l'étape contenant cette coquille en la faisant avec eux au tableau.
Alors, elle attaque là dessus. Je conviens que jusqu'à présent, elle fait son travail, et loin de moi l'idée de le lui reprocher. Elle commence l'entretien en disant: "c'est compliqué". Et elle déroule. Ce devoir maison n'a pas de titre. Cette interrogation n'a pas de date. Cette élève n'a pas collé ses feuilles dans le cahier. Celle-ci a dessiné et j'aurais mis une demi-heure à m'en rendre compte (ce qui est faux). Celui-ci n'a pas pris la correction (alors je lui montre dans son cahier les réponses sont justes). Cette construction est fausse (lors de la séance, on trace le diamètre d'un cercle pour tracer un triangle rectangle dont on connait l'hypoténuse mais pas un côté), oui fausse, parce que les élèves ne savent pas que si les diagonales se coupent en leur milieu et ont même longueur, on a affaire à un rectangle (??? Je l'enseigne en 6e mais en 4e ce n'est pas exigible?!?) Je n'ai pas mis par écrit le projet scratch (mes élèves programment un jeu de foot avec compteurs, rebonds de la balle,etc) et je n'ai pas de preuve (on m'a volé l'ordinateur une semaine avant l'inspection...). Bref. Tel devoir maison est trop court (ma tutrice m'a dit de faire court, voulant les faire bosser, j'en ai donné que des très longs sauf un, celui que l'inspectrice désigne). Telle interrogation est scandaleuse car elle demande seulement une définition (l'évaluation date d'octobre,je lui réponds que jamais je ne l'ai refait, elle répond "et alors"). Et j'en oublie. Une dernière? Je n'ai pas recueilli les 1000 lignes de calcul mental effectués cette année. Vous comprenez, si un parent vient me les demander.

Ma gestion de classe est bonne? Pas un souci pour madame l'inspectrice."Qu'est ce que vous leur avez fait pour qu'ils soient aussi calmes? Je connais ce collège, c'est la première fois que je vois ça ici". Elle le répète 3 fois durant l'entretien. Elle ajoute: "c'est une classe morte, à part ces quelques élèves qui ont participé dans telle rangée et telle rangée " . Un tiers de la classe a participé. "Comment expliquez-vous cela?". Elle m'accuse d'être trop sévère.
Alors qu'un PP est venu me voir pour me dire qu'il hallucinait de constater, en lisant les carnets, que je n'avais encore rien écrit de négatif dans un seul carnet de la classe.

On me reproche de ne pas aller voir mes tutrices (alors que bon, je l'ai fait, elles n'ont jamais plus de 2 minutes consécutives par jour). On me reproche de ne pas aller voir mon chef d’établissement. Alors que je l'ai fait.

Encore mieux, j'ai ouvert un club d'échecs, sans demander de rémunération, je tiens une séance hebdomadaire. Personne ne le mentionne, ni les tutrices, ni le principal, ni l'inspectrice. Personne n'est venu voir. Personne. Jamais. Ah si, pardon. Une fois. La documentaliste est venue prendre des photos pour le site du collège. Trois mois après, on n'y apparaît toujours pas.
Mais moi, je passe pour un branleur.

Quand j'ai repris mes études (tard), beaucoup de personnes pour qui j'ai de l'estime m'ont demandé de passer les concours. J'ai beaucoup réfléchi et quelques mois après le master je suis rentré à l'EN, j'ai choisi de venir défendre certaines valeurs que portaient à mes yeux l’École républicaine. Le temps de pouvoir m'inscrire, l'EN m'a baladé. De poste en poste, (d'ailleurs l'inspectrice m'a aussi reproché mon expérience, je devrais tout bien faire au bout de 2-3 ans). Baladé sur les salaires (c'est encore une autre longue histoire peu intéressante).

Aujourd'hui, j'ai nettement l'impression que ce qui m'est reproché implicitement, c'est de ne pas avoir fait bonne impression aux tutrices.

J'ai un peu peur que l'inspectrice lise ces lignes. Elle me reconnaitra tout de suite. Mais au fond, tant pis. Sincèrement, une fois l'entretien terminé, je me suis senti soulagé. Enfin, c'est fini. Ces mascarades sont terminées. Pour moi, en tout cas.

Le soir, après ma journée de travail,quand j'ai retrouvé les miens je me suis mis dans une colère noire.

En comptant une vacation quand j'ai repris mes études, j'ai passé 3 presque ans à l'EN. A vivre des cauchemars de gestion de classe. Le mépris des élèves qui ont un meilleur pouvoir d'achat que toi. Celui des parents. Celui de collègues parce que tu ne gères pas ta classe (au début, j'ai traversé de très gros problèmes personnels et familiaux qui m'ont rendu très vulnérable). Mais j'ai persévéré. J'ai souffert en silence. Sans jamais me plaindre. Tel proviseur me ment sur la rémunération (contractuel dans le privé c'est 1300 temps plein,vous faites pas avoir, à Nice c'est difficile quand vous êtes le seul à avoir un revenu dans votre petite famille). Telle autre me demande si je veux démissionner et m'engueule après que j'aie touché (et vraiment que touché) une élève qui sortait de ma classe sans permission (et qui m'a frappé, mais ça, boarf...). Tant pis. J'essaie d'être humble. De bosser. De penser aux gamins.
Puis l'année où j'y arrive enfin, où je comprends vraiment comment faire pour tenir ma classe, voilà qu'on me reproche le silence de mes élèves.
L'année de ma vie où je prépare le plus mon travail, on me fait passer pour un branleur.

Alors le fait que l'inspectrice ait un management pourri ne doit pas m'empêcher de continuer mon projet. Mais j'ai décidé de ne pas aller en renouvellement. J'ai fait le travail cette année, mes élèves, évaluation à l'appui, maîtrisent les principaux points du programme (des repères de progressivité puisque le programme est sur tout le cycle...), j'ai suivi les recommandations de l'inspection, j'ai bien tenu mes classes; et même si je ne peux prétendre être un juge impartial, je me refuse à être la victime d'un système de copinage et de cooptage incohérent avec les valeurs qu'il affiche et qui méprise injustement mon travail.

L'inspectrice m'a refusé d'aller aux toilettes durant l'entretien. Elle a crié comme sur un gamin. Non, pas un gamin. L'inspectrice de l'EN, me parle comme à un chien.

Et j'ai dit oui madame. Et je me sens sale. Et ce oui madame est resté en travers de ma gorge. Et je suis très en colère.


Je me suis promis que je ne serai jamais de ceux (qui ont tout mon respect et ma compassion) mais ont craqué et viennent déverser leur amère frustration sur les pages d'un forum en mélangeant sentiment et explication et refusant de voir leur propre faute ou défaillance. Pourtant aujourd'hui ça en a bien l'air. Je me joins au cortège. Pourtant, selon un fin observateur du manège local, je risque fort d'être envoyé en commission puis titularisé.

Mais si jamais on me refuse la titularisation, est-il possible de refuser le renouvellement sans démissionner? De le refuser tout court. Dois-je absolument faire une faute grave?

Avez-vous des idées de reconversion ? J'ai l'impression qu'à 35 ans je suis trop vieux pour nombre d'employeurs.Du boulot, on en trouve, mais cette fois-ci j'aimerais vraiment bien réfléchir, et pour ça, je dois m'y prendre aussi tôt que prévu.

Y-a-t-il des collègues qui ont, eux aussi, eu l'impression que le plus important,l'année du stage, est d'entretenir de bonnes relations avec le tuteur puisque c'est lui qui fournit les informations qui motiveront les décisions des inspecteurs et des chefs d'établissement?

Suis-je sur la bonne discussion?



Désolé pour le pavé. J'y ai passé la nuit, mais c'est quelque chose que j'ai appris cette année. Le passage à l'écrit permet d'avancer dans la réflexion en confrontant l'idée.

Alors,merci à ceux qui m'ont lu.

Chelito.

Réponses

  • Beaucoup de témoignages montrent qu'il faut rentrer dans un moule l'année de stage.
    Ensuite, c'est un peu plus tranquille.

    Si tu aimes ce que tu fais, alors essaye "le moule".
  • Laisse pisser, fait profil bas, dis amen et attend la titularisation en hochant la tête! On ne peut rien contre les cons. Et tu vas en rencontrer beaucoup. Tu sais que 1/3 est rationne et surtout le transmets, c'est le plus important. (Et en plus, plaisir coupable, ta tutrice ne l'a pas pigé).
    Bon courage........
  • Chelito a écrit:
    [...] me dit que je me suis trompé, quand j'ai dit que 1/3 était un rationnel,puisqu'un rationnel a un nombre fini de décimales.

    Hallucinant !...
  • Des collègues de maths qui racontent des âneries tu vas en rencontrer d'autres. Je pense que ça arrive à tout le monde, ce qui est embêtant, c'est de ne pas le reconnaître. Récemment, je me suis pris la tête avec une collègue sur les mots chiffre et nombre. Ma collègue corrigeait des copies, et incendiait un élève sur la copie qui lui parlait du nombre 7 (résultat de son calcul). L'élève était un gros nul, 7 n'est pas un nombre c'est un chiffre, il n'a rien compris, il ne sait même pas ça en seconde alors qu'on apprend ça au primaire.... La discussion s'est poursuivie, à un moment, je demande à ma collègue si 7 est un nombre réel, elle me dit non, enfin c'est un abus de langage, on devrait dire que c'est un chiffre réel en fait, car ce n'est pas un nombre, c'est bien connu.

    Sinon, continue à ne pas avoir le bordel dans ta classe. Chaque enfant a le droit de pouvoir écouter le cours.
    Karl Tremblay 1976-2023, je t'appréciais tellement.
  • X:-(
  • Cette histoire de chiffre et de nombre n'est essentiellement pas une histoire de maths, mais une histoire de pouvoir. Le chef (la cheffe) , c'est celui (celle) qui peut dire quand on dit chiffre et quand on dit nombre.

    Ceci dit, c'est une leçon pédagogique: mieux vaut oublier la légitime fierté de connaître la différence entre chiffre et nombre pour ne pas mettre le bronx dans la tête des élèves.

    Prépare-toi psychologiquement à la rencontre avec des collègues qui t'expliqueront qu'un carré n'est pas un rectangle...
  • J'ai décidé que je dirai tout ce qui s'est passé si on m'envoie à une commission. Je l'écrirai, le signerai, l'enverrai aux supérieurs. Le moule, baisser la tête, faire comme on me dit alors qu'on me dit de réfléchir c'est terminé pour moi.

    L'année fut humiliante, des oraux (où j'ai quand même 18, classé largement premier décile) à l'inspection (alors que j'ai 18 en note de stage visite conseil). J'en peux plus. C'est trop contre nature. J'ai fait tellement d'efforts; j'ai été malade des pressions quotidiennes de mes tutrices, j'ai bossé comme un dingue, j'ai lu, j'ai visité des collègues de SEGPA, de SVT, et on me traite comme un fumiste.

    J'aime mon métier mais je ne peux pas me rendre malheureux pour rien, si on ne veut pas de moi, je m'en vais.

    Aléa: pouvoir que l'on n'a pas puisque l'on a convenu du sens de ces mots. Quand on parle de quotient, de fraction, de nombre en écriture fractionnaire, de rationnel, oui, c'est un peu chacun sa sauce au niveau des définitions, mais là, rationnel, décimal sont des ensembles dont la définition est convenue depuis assez longtemps me semble-t-il. En fait, je crois que tu trolles :). (Sice n'est pas lecas,je te prie de m'excuser) Dans un sens, heureusement que l'on a pas une source faisant autorité et que l'on est libre de faire des choix, tant les chercheurs que les profs; mais si on commençait à excuser l'ignorance en attribuant à chacun la liberté de définir les termes comme bon lui semble, on aurait du mal à communiquer.

    Le carré et le rectangle, je l'ai expliqué et réexpliqué à mes sixièmes, cela est dû à une réalité, dans le primaire, que je connais mal.
  • Chelito:

    Ils s'assurent qu'ils vont titulariser quelqu'un qui est bien obéissant tendance gros mouton et qui a le sens de la hiérarchie tendance "le chef a toujours raison" (si le chef dit qu'un rationnel est un nombre décimal on est prié d'acquiescer le plus servilement qu'il soit).
    J'ai retrouvé un peu l'ambiance de mes deux années de stage il y a plus de 20 ans (qui ont débouché sur un licenciement) dans ton témoignage.

    Cela dit,
    La plupart des gens ne font pas ce travail pour faire plaisir à la hiérarchie (rappelle toi qui est ministre de l'éducation nationale à l'heure actuelle, cela ne donne pas envie d'entrer dans la profession)
    Tu sembles croire que tu ne vas pas être titularisé à la fin de l'année mais tu n'as pas de certitude à ce que je comprends.

    Une année de "stage" supplémentaire c'est un an de salaire assuré.

    Bref, si cet emploi ne te fait pas souffrir au quotidien (et je ne parle pas de l'agitation des gens autour de toi, qui sont obligés de justifier par des simagrées le complément de salaire pour leur boulot de tuteur/trice, qui peut créer de l'inconfort moral et psychologique chez le stagiaire) accroche toi même s'il faut ravaler un peu de ta fierté.

    PS:
    J'ai été licencié à trente ans de l'EN. Je n'ai jamais travaillé un an complet sans interruption depuis cette date, il y a près de 25 ans. Je ne fais pas de généralité avec mon cas personnel.
    Tu as demandé ce qu'on pouvait faire hors EN.
    Je connais le cas d'un cousin d'une amie d'une amie, qui a très mal vécu son année de stage, qui a été licencié et donc non titularisé. Il s'est reconverti comme inspecteur des impôts.
    Je ne vais pas m'étendre sur mon cas personnel c'est une catastrophe sur le plan professionnel même si je travaille assez régulièrement (j'écris ce message sur mon lieu de travail du moment)
  • Merci pour vos réponses.

    Je note que l'on a changé le titre de la discussion qui était: les floués de l’Éducation Nationale, et ce changement de titre permet à mon post initial de ne plus être hors sujet ; merci.
  • @ Chelito.

    Tu aurais dix ans de moins, tout cela ne te serait pas arrivé.

    Tu serais un bon mouton, bien dressé à avaler toutes les couleuvres qu'on te sert.

    Mais là, trente cinq ans, tu exagères un peu...

    Vérifies ce qui se passe pour les stagiaires qui ont ton âge ou plus, tu risqueras d'être étonné.

    Je pense qu'on a voulu te casser, ce qui ne préjuge en rien de ta titularisation.
    Ta hiérarchie s'assure bien qu'elle aura suffisamment d'éléments à charge dans ton dossier pour pouvoir te licencier pour insuffisance professionnelle le moment venu.

    Histoire que tu files droit et ne fasses pas de vague.

    Quoi qu'il en soit (comme on dit à Marseille), bon courage.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Ton hypothèse éclaire mon analyse, elle me semble plausible et je ne l'avais pas envisagée.

    Ceci dit, pourquoi est-ce que j'exagère? Je ne comprends pas.
  • Chelito:
    C'est une plaisanterie.
    Le profil moyen de l'élève stagiaire n'est surement pas le tien:
    Il a moins de 30 ans, vient de terminer son Master, sort tout juste du moule de l'école, a peu eu affaire au monde du travail.
  • Chelito a écrit:
    Puis l'année où j'y arrive enfin, où je comprends vraiment comment faire pour tenir ma classe, voilà qu'on me reproche le silence de mes élèves.

    Rien que cette ligne de ton témoignage peut intéresser pas mal de collègues et notamment les stagiaires.
    Tu as compris comment tenir une classe ? Explique comment !
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • En fait, c'est relatif à ta personnalité, à ta voix, etc. donc ma compréhension (expérimentale ; relative, biaisée, etc...) ne marchera pas pour tous. Mais je crois en mes élèves, toujours, même si ça a l'air désespéré. Je les respecte, même si eux ne le font pas. Je suis moi même, même si je dois respecter des contraintes.


    Quitte à paraitre très prétentieux ( je me rappelle mon désarroi passé , peut-être que ma réflexion peut alimenter celle d'un collègue) je dirais qu'il s'agit d'être exigeant et gentil, être ferme sur les principes tout en étant souple (untel vient de se disputer dans la cour, pas besoin de lui hurler de prendre son cahier, on attend 5 minutes); untel est irrespectueux, arrêter la classe; verbaliser.
    - une première chose est de ritualiser. Calcul mental / exo de recherche? / choisis ton rituel et tiens t'y. Par exemple, avec mes 6e, on commence avec des calculs, et durant toute activité (découverte; application, recherche, devoir surveillé) il y a une devinette pour les plus rapides. Trouver la devinette est leur récompense, la trouver en premier leur fierté. Ils doivent savoir quand chercher, quand écouter, quand recopier, et quand ils peuvent rire. Oui, je fais des blagues. Ils savent que 2 heures consécutives ne signifie pas non plus ennui.
    - les élèves doivent comprendre où l'on va, sur l'année et à chaque séance. Que cherche -t-on à faire, à comprendre... etc. Si les élèves savent où ils doivent aller et sont en mesure de le faire (voilà mon écueil principal auparavant, l'analyse des écueils) alors ils s'y mettent. Si on est clair et accessible dans l'activité demandée, on a la paix. Si on pique leur curiosité, alors on a une ambiance de travail qui peut vraiment surprendre.
    - les élèves doivent se sentir à l'aise, en confiance , pour cela on doit être juste, comprendre leurs limites, ne pas s'énerver. Untel est irrespectueux car il ne le sait pas, non parce que c'est un connard, alors on lui explique calmement et indubitablement pourquoi on réprouve son acte. Etc.
    - ne pas oublier qu'on est aussi, sur un certain plan, "modèle". Notre passion , notre exigence, notre indulgence, notre enthousiasme, tout se diffuse dans la classe qui, au final, n'est rien d'autre que le reflet de ce que l'on a dans le ventre durant la séance.
    - faire attention à sa position, à la force de sa voix: se mettre à l'autre bout de la salle quand on parle à un élève et que ça intéresse le groupe, chuchoter à côté de lui sinon.

    Quand on passe notre temps à se plaindre de nos élèves, on s'enferme. S'ils arrivaient sages, sérieux, curieux, rigoureux, alors on n'aurait pas besoin de nous. Si on est en conflit avec eux, souvent c'est qu'on a oublié que c'est eux qui n'ont pas choisi d'être là, et que nous si. Être injuste, une fois, suffit à se mettre une classe à dos. Mépriser les élèves (en les comparant à un souvenir souvent idéalisé de l'élève de notre époque) est la manière la plus sûre de faire face à un mur.

    Donc, pour conclure, quand on parle de bienveillance, c'est vrai, de confiance, c'est vrai, le problème c'est qu'on galvaude ces termes, qu'on les vide de leur substance avec ce marketing et ce pragmatisme ambiant.

    Tant pis si nos supérieurs ne respectent pas forcément les valeurs essentielles de respect, de justice, de fidélité, nous devons le faire.

    J'ai dit beaucoup d'évidences. Je crois que je suis même hors sujet.
  • Je viens de lire avec plus d'attention que d'habitude le témoignage http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?32,1810338,1810616#msg-1810616

    Je me permets (je n'aime pas intervenir par fil interposé sur des situations individuelles) d'inviter à enquêter sur la présence d'un ou d'une PN (pervers narcissique) au coeur du processus car on a tous les symptômes: collègue "normal", faisant du bon taf, ayant en + la chance (il y en a environ 15%) d'être dispensé de faire de la discipline par "autorité naturelle de naissance", confronté à des déstabilisations paradoxales sans fondement.

    Ca pue le HMoral à plein nez. Et non pas "le cadre EN" (qui bien entendu n'a rien de folichon, mais ne dysfonctionne pas "de cette manière"): il faut savoir que les IPR et les CE s'en foutant TOTALEMENT de la façon dont les enseignants font cours, ça n'a pas l'air d'être assez connu, même si bien entendu, ils mettent des coups de pression de forme et "notent un peu mal" les stagiaires", histoire de "faire les chefs". Le témoignage rapporté ne correspond pas à ça (d'autant plus qu'en l'absence de bazar en classe, personne ne vient embêter l'enseignant (sauf syndicalistes, etc, qui eux se font lapider, mais c'est autre chose).

    Par avoir subi un HM par PN cas d'école en 2008 et en ressubir un par petit groupe que je viens seulement de détecter (c'est connu le 1er sert de "vaccin") cette année, moins "terrible" dans sa forme quotidienne, je pense être expérimenté à dire que noter collègue devrait enquêter. Et qu'il ne s'inquiète pas, les histoires de valeurs professionnelles n'ont rien à voir là dedans: c'est du western sans pitié pur et dur. S'il était mauvais, il ne subirait bien entendu pas toutes ces agressions.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Je ne peux pas dire ça. Non. Je me suis senti très mal mais elles me foutent une paix royale depuis quelques mois.
  • Garde espoir Chelito, et cherche tes soutiens !
    Il y a 3 ans j'ai réussi l'agreg externe (avec 10 ans de plus que toi), et ça s'est très mal passé avec mon tuteur établissement ; je l'ai signalé à une prof de l'ESPE que j'appréciais, j'ai aussi trouvé du soutien auprès du principal de mon collège. Résultat, j'ai été titularisée avec un avis favorable du chef d'établissement et de l'IPR et un avis réservé de l'ESPE (influencé par mon tuteur et assez incompréhensible vues mes notes de l'ESPE).
  • @Chelito: on a tous à un moment eu à affaire à des gens médiocres et agressifs et ils sont malheureusement nombreux à l'EN, à l'université et ailleurs. Si on peut, le mieux est de les ignorer et de continuer à faire son travail. Avec le temps ces mauvais souvenirs deviennent l'objet de rigolades entre collègues. Ne te laisse pas décourager.:-)
    M.
  • Merci pour vos retours et pour votre soutien.
  • Bonjoir Chelito,

    Voilà ce que j'avais écrit il y a quelques temps sur mon expérience (très courte : 1 an en 2014/2015) dans l'EN.
    Pour ce qui est de mon expérience dans cette institution, il faut déjà savoir que je voulais faire enseignant depuis longtemps et que la réalité du métier en classe correspondait très largement à ce que j'attendais (dont les difficultés : je savais qu'il m'aurait fallu plusieurs années pour me roder). Je n'aurais pas abandonné si je n'avais pas eu peur (à juste titre, selon les témoignages que je lis régulièrement) que toutes ces ruines me tombent sur la tronche.

    Mais voilà :
    • J'ai passé le CAPES puis l'AGREG. Mon année de préparation au CAPES à l'IUFM a été une année de régression mentale. Les préparateurs étaient censés partager leur expérience pédagogique sans en avoir le moindre échantillon sur eux.
    • Conférence de l'inspecteur académique : il répond à une question que « Oui, en effet, on manque cruellement de professeurs. Mais on aurait dû recruter en 2012, pas aujourd'hui en 2014 ! Maintenant, c'est trop tard et, avec la démographie, le problème se résoudra de lui-même ». Rétrospectivement, je m'étonne que l'auditoire n'ait pas lancé des tomates à ce menteur indécent.
    • Me voilà agrégé : on m'affecte en tant que stagiaire dans un collège, à deux pas du lycée où mes collègues certifiés sont affectés pour leur stage... Je m'en suis accommodé, mais je considère que la différence de statut, de salaire et de volume horaire (entre agrégé(e)s et certifié(e)s) devrait être accompagné d'une différence de métier. Cette bizarrerie, très facile à éviter, m'a déjà interloquée. J'ai compris assez rapidement que ceux dont dépendaient nos affectations n'en avaient simplement rien à faire.
    • Réunion de pré-rentrée dans l'établissement. Ma tutrice commence par « Ah, bonjour, c'est toi mon nouveau stagiaire ? Ça fait 5 ans que je dis que je ne veux plus de stagiaire et ils continuent à m'en refiler un chaque année ! ». Ambiance... J'ai eu des rapports conflictuels avec elle pendant l'année (je crois qu'elle s'attendait à ce que je dise "béni-oui-oui" à tout ce qui sortait de sa bouche) mais, de façon assez terrible, c'est cette première confidence qui m'empêchera toujours de lui en vouloir vraiment de quoi que ce soit.

    Je n'avais pas encore fait un seul cours et j'avais déjà un bel échantillon des dysfonctionnements de l'EN. Le rythme n'a malheureusement pas ralentit durant toute cette année-là, ni par la suite... À côté de ça, l'expérience humaine du métier d'enseignant est à la fois totalement intense et épuisante. Je considère, à postériori, m'en être pas si mal sorti (l'une de mes classes de 5ème m'a offert une double page de remerciements à la fin de l'année que je conserve comme un trésor, et qui compense largement l'abandon de mon concours), mais on fait tellement d'erreurs, on a tellement d'échecs, malgré les quelques succès... Le métier d'enseignant est un métier à temps plein mais tout est fait pour leur mettre des bâtons dans les roues, pour les assommer de tâches administratives absconses, pour les rabaisser à des êtres tellement infantiles et incapables qu'ils n'ont même pas réussi à faire autre chose que rester à l'école. Je pense qu'il ne reste plus aujourd'hui, dans le corps enseignant, que des authentiques fainéants - qui s'arrangent pour en faire le moins possible - et des êtres exceptionnels, dont le dévouement n'a qu'une limite hypothétique et qui finissent d'ailleurs par en crever. Ceux qui suivent les instructions des IPR, les consignes des gouvernements, ne font plus d'enseignement depuis longtemps mais de la garderie, et ils sont d'accords avec ça.

    Politiquement, je suis ressorti de là avec tout de même une observation qui peut être marquée d'optimisme : la haute administration, le gouvernement, s'est désintéressée complètement du métier d'enseignant, du métier de soignant, du métier de gardien de la paix. Ce qui les intéresse, c'est de vendre tablettes et Windows aux enseignants, leurs médicaments aux soignants, c'est d'utiliser les policiers pour entretenir un climat de tension où les gens doivent soit se tenir à carreaux soit avoir des réactions radicales. Et ce qui les intéresse surtout, c'est réduire les coûts pour avoir plus d'argent à refiler à leurs copains.
    Mais au niveau local, les gens continuent à avoir besoin d'écoles et d'hôpitaux. Toutes et tous s'organisent et ont la responsabilité, de fait, de faire tourner la boutique au quotidien. C'est un phénomène très inégalitaire car on peut tomber sur des petits chefs qui mènent à la ruine, mais aussi sur des administrateurs impliqués et consciencieux qui, en dépit de la baisse de moyens, mettent en place une organisation parallèle. Les actions locales sont aujourd'hui très importantes et (ré-)occupent les secteurs que l'état abandonne.
    Dans mon académie (Toulouse), j'ai été vraiment choqué du mépris de la rectrice contre les profs. Une collègue est restée en grève de la faim pendant plus d'un mois pour obtenir une réponse (c'était une histoire de mutation abusive qui a été reconnue comme telle après coup) ; un collègue stagiaire s'est suicidé l'année suivante, après que la sonnette d'alarme soit tirée à plusieurs reprises.

    Ce n'est pas exactement le même genre de témoignage que le vôtre (j'en veux principalement à l'ESPE et à une certaine hiérarchie, beaucoup moins à ma tutrice intra-muros). Cependant, il me parait évident que l'objectif de l'EN de dresser des toutous obéissants - au risque de cultiver une grande confusion sur les relations de subordination et des problèmes d'autoritarisme - amène au genre d'expérience que vous avez eue.
    Chelito a écrit:
    [...] si on ne veut pas de moi, je m'en vais.
    C'est exactement comme ça que je me l'étais formulé : "On ne veut vraisemblablement pas de moi ici".
    Chelito a écrit:
    J'ai un peu peur que l'inspectrice lise ces lignes. Elle me reconnaitra tout de suite.
    Peut-être, parce que vous avez donné votre académie et qu'on sait que vous êtes en maths, mais sinon je n'en serais pas sûr du tout... Des témoignages comme ça, j'en ai lu un paquet.
  • Je pensais revenir vous remercier et donner deux conseils aux stagiaires pour éviter mes mésaventures, eh bien figurez vous que j'apporte de nouvelles anecdotes.

    Mon Chef d'Établissement me convoque pour me dire: "Merci, je n'ai rien à vous reprocher, mais avis défavorable en raison de l'avis des tutrices."

    Sur le papier qu'il me montre elles ont écrit que j'improvisais mes cours (j'ai donné une préparation pour chaque classe à laquelle elles ont assisté). Elles ne sont pas venues depuis début mars, date à laquelle elles ont signé un avis très positif (3/4 3/4 4/4 4/4 4/4).

    Franchement, je sais qu'elles ne représentent pas tout le monde à l'EN, mais j'ai vécu une année horrible et je vais devoir aller en commission à justifier que je ne suis pas un fumiste. Et je sens que ce que je vais dire ne va pas plaire.

    Tellement de monde m'a demandé de passer les concours (IPR, CDE, profs de la fac, collègues) et voilà que je me fais recaler.

    J'ai été éboueur, vendangeur, veilleur de nuit, aide manoeuvre, déménageur, traducteur, télémarketeur, vendeur, prof de français, j'ai bossé dans le tiers monde à 3€/h, j'ai bossé dans l'événementiel, et ailleurs, jamais, j'insiste, absolument jamais on ne m'a traité ainsi.

    J'aime ce métier. J'adore ce moments qu'une année avec les gamins permet de vivre. Je me sens utile, je me sens en adéquation avec mes valeurs: on prend tout le monde, sans discrimination de race, culture, ni de moyens financiers. Ça vaut le coup d'éviter de se retrouver dans une situation comme la mienne.

    Alors, si je peux donner quelques conseils aux futurs stagiaires:

    Chaque semaine envoyez vos cours par mail académique pour avoir une trace officielle à votre tuteur.
    J'ai arrêté, elles ne le lisait pas, et on me l'a reproché. Alors faites-le, quand bien même on ne vous réponde jamais (si je m'étais lu il y a un an, jamais je n'aurais cru ce que j'écris aujourd'hui).

    Chaque semaine demandez un rdv avec votre tuteur par mail académique pour avoir une trace officielle si on vous le refusait.
    J'ai cru que c'était à elles de proposer de leur temps; surtout que jamais elles ne pouvaient.

    Ne prenez aucune initiative. Elles m'ont reproché de tenir le club d'échecs. Alors que c'est une recommandation du rapport Villani Torossian et des IPR, et même que c'es

    Quand on vous dit de réfléchir, comprenez que ça veut dire "justifiez a posteriori les postulats de vos tuteurs / intervenants espe / IPR".

    Exemple: les soutenances de mémoire furent éloquentes, toutes (sauf la mienne, bien entendu) à corroborer par une "expérience" ce que disent les profs espe durant l'année. Donc en gros, on a eu deux sujets. Et les collègues qui se sont fait étaler devant tout le monde sont ceux qui ont eu des conflits avec la tutrice terrain.

    Après ma soutenance, les tutrices m'ont dit que le sujet de mon mémoire est HS, mais elles me l'ont dit (je me répète) après la soutenance (ça fait trois mois que j'entends, j'y connais rien, c'est super, je vais apprendre). Elles voulaient me mettre la note éliminatoire. Heureusement j'ai lu, analysé et cité plus de 30 articles de recherche en anglais , trois en espagnol, une thèse en français, trois travaux de collègues, cinq textes de loi , et le tuteur ESPE (universitaire que je respecte énormément et auprès de qui j'ai beaucoup appris en cours) a clairement apprécie mon effort et a bloqué à 10 minimum.

    On peut vous renouveler à rien qu'à cause du mémoire, et on vous notera comme on voudra, les grilles et barèmes de notation ESPE sont une vaste plaisanterie.

    Ceux qui sont censés vous conseiller et vous former sont ceux qui vous évaluent sans vous le dire. Tutrices, et aussi intervenants ESPE envoyés par le Rectorat.

    Attention: les discours bienveillants cachent une volonté des intervenants de se convaincre qu'ils collent avec les déclarations de bonnes intentions. La réalité est clairement distincte.


    Et pour finir, allez voir votre tuteur pour votre mémoire, mais un avis oral n'a aucune valeur.
    Exemple: devant les responsable maths de l'ESPE, mes tutrices prétendent m'avoir averti que j'étais (selon elles) HS.
    Autre exemple: mon Chef d'établissement m'avait dit que son avis sur mon travail était positif. 2 semaines après, il signe le contraire. (Il s'est excusé pendant 40 minutes, on est des gens bien nous, on te met à terre ais on te demande pardon).


    Voilà, j'ai bien conscience que la lecture de ces lignes est désagréable. Croyez-moi, écrire ce texte me rend malade, c'est avouer mon impuissance. On a déménagé. J'ai emprunté pour aller aux concours l'an dernier. Cette année, ma famille ne part pas en vacances je suis de nouveau admissible à l'agrégation externe, alors j'irai seul à Lille. Ma femme est étrangère, on habite un petit village (on ne peut pas se loger à la ville) et elle est en recherche d'emploi. Ma fille, ma femme, comptent sur moi. Et j'ai échoué. Mais est-ce par incompétence? Est-ce par manque de travail?
    J'ai échoué car je n'ai jamais rien compris aux codes implicites et ou hypocrites. Alors si vous allez à l'EN en pensant éviter les querelles malsaines des collègues ambitieux, ici il n'y a rien à gagner, mais on se poignarde tout de même dans le dos.

    Ceci dit, il est évident que c'est un témoignage venant une année physiquement et moralement éprouvante, et que mon jugement ne peut être généralisé.

    Merci à tous pour votre charitable attention et pour vos messages de soutien.
  • Chelito a écrit:
    Ceux qui sont censés vous conseiller et vous former sont ceux qui vous évaluent sans vous le dire

    C'était déjà comme ça il y a près de vingt cinq ans.
    Qui contrôle les tuteurs/trices? :-D

    Cela me fait penser à un oral.
    Plus celui ou celle qui interroge t'aide moins ta note est élevée mais tu ne l'ignores pas quand tu passes l'oral. B-)-
  • Cela m’évoque ce bouquin : http://www.lire-ecrire.org/conseils-pratiques/lectures-commentees/livres/journal-dune-institutrice-clandestine.html

    Un témoignage assez terrible.
    Qui résonne comme le tien.

    De tarés, que veux-tu, de vrais tarés.

    L’année de stage est l’année du faux nez, l’année où le stagiaire rentre dans le moule.
    Certains ne font pas d’effort, c’est (cette idéologie débile est) dans leur ADN, et de mon point de vue ils sont irrécupérables.
    D’autres se taisent, abdiquent pour un an, puis redeviennent eux-même.

    Tout cela est terrible mais il ne s’agit pas d’un ministère régalien, ce que je regrette.
  • Ce témoignage est incroyable. Je n'ai jamais entendu rien de tel ou d'approchant. Encore moins vu. (J'ai côtoyé des stagiaires, jamais été tuteur mais connaissais leur tuteur.)
    Ce qui est proprement incroyable, c'est de tomber sur deux cinglés. Un c'est rare, mais deux!!
    @Chélito, tu as l'air en plus d'être un pro de grande qualité, d'ailleurs des personnes s'en rendent compte parmi ceux qui t'entourent (l'universitaire qui a jugé ton mémoire, le chef d'établissement).
    Mais tu es tombé sur des personnes qui mentent et sont malveillantes à ton égard, gratuitement. Deux psychopathes.
    J'espère que tu sortiras de cette ornière et pourra donner toute ta mesure (pense au bien que tu feras aux élèves qui auront la chance de t'avoir pour enseignant pour te motiver, en plus de ta famille).
  • @christophe c

    En fait, tu avais raison, j'ai repensé à ce que tu as dit et le fait que je me sois échappé du processus en en parlant (sans les dénoncer explicitement) à une tierce personne d'influence les a conduit à un processus de sanction par l'évaluation et de rétention d'information.

    J'ai été bien niais. Toi, comme d'autres intervenants ont compris ce que je n'osais imaginer. J'ai toujours tendance à penser que les gens sont bons.


    Encore une fois, merci à tous pour vos messages. J'ai été touché. Et ils m'ont souvent permis de relativiser ou de prendre du recul.

    Je viendrai poster la décision de la commission. (Puisque, avis du CDE oblige, je vais passer en commission).
  • Bonjour,
    Je n'ai pas compris. Concrètement, quelles sont les options juridiques, syndicales, administratives ou tout autre moyen de défense de votre collègue ?
    Merci pour vos réponses.
    Cordialement.
  • @ jma :

    Comme toute décision administrative, il peut la contester par une requête devant le TA. Il vaut mieux pour cela déposer un recours gracieux devant l'autorité (recteur ou ministre) qui a pris la décision.

    Il peut aussi alerter le défenseur des droits (Jacques Toubon) pour signaler une discrimination due à l'âge et demander au ministre de rendre publiques les statistiques des licenciements ou ajournements des stages en fonction de l'âge, de la discipline et de l'académie.

    Il est aussi possible que son passage devant la commission se passe bien...

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • @ev : merci pour ta réponse. Moi aussi, j'espère que tout se passera bien.
    Bonne journée.
  • Ev a écrit:
    et demander au ministre de rendre publiques les statistiques des licenciements ou ajournements des stages en fonction de l'âge, de la discipline et de l'académie.

    Une mesure de salubrité publique et de transparence qui serait la bienvenue.
  • Même si tu as tout mon soutien Chelito, il ne faudrait pas penser que c'est généralisé... Pour l'immense majorité des stagiaires ca se passe bien.
  • Merci pour ta réponse,

    Tu as bien raison, et heureusement, d'ailleurs. Mon propos ne vise pas à généraliser mon cas; je suis venu m'épancher (en versant un tout petit peu trop dans le pathos, admettons-le) en espérant des réponses. D'ailleurs, j'estime que j'ai une part de responsabilité dans ce qui se passe; et c'est cette idée qui me prend aux tripes.

    Je dois dire que vos réactions, et le soutien moral que vous apportez m'ont un peu rassuré.
  • Mince Chelito, maintenant, je vais culpabiliser que tu culpabilises.:-)
    Bonne fin de semaine et bon courage.
  • Héhéhé a écrit:
    Pour l'immense majorité des stagiaires ca se passe bien.

    A l'époque où j'étais stagiaire j'avais eu entre les mains un document que m'avait envoyé un syndicat via mon casier de prof' qui m'indiquait un taux de 5% d'échec (les syndicats démarchaient les apprentis-profs). Je cite ce chiffre de mémoire, il était peut-être sur l'académie où j'exerçais je ne sais plus.
    Ces chiffres étaient connus des syndicats Je ne sais pas ce qu'il en est de nos jours si cette information est accessible.
  • 5% d'échecs ça n'a rien de déraisonnable.
  • Derrière cette statistique on ne voit pas l'impact sur les gens du fait qu'ils se sont fait éconduire et de ce qu'ils ont traversé avant. Je ne vais pas faire de généralité mais je sais que cela disperse des gens façon puzzle psychologiquement.
  • Je suis allé à la commission de titularisation. Un membre de la commission a compris la situation (certains de ses traits d'ironie m'ont fait un bien fou). Il m'a posé une à une les questions qui m'ont permis de faire comprendre aux autres membres de la commission ce qui s'est passé tout au long de l'année.


    La commission a statué. Je suis titularisé.

    Ce qui m'a aidé:
    - le CDE n'avait rien à me reprocher. Impossible pour le jury de comprendre, à la lecture de son rapport, les motivations de son refus.
    - les tutrices ont tellement déversé leur bile dans leur rapport que leur animosité fut évidente.
    - plus important l'IPR a tellement voulu m'enfoncer que son rapport en a perdu sa crédibilité.
    - l'entretien m'a permis de démontrer que j'étais sur la "bonne voie". Autrement dit, ce qui m'était reproché (légitimement) est partie de l'ensemble des éléments qui, actuellement, nourrissent ma réflexion professionnelle. Pour bien me préparer, il m'a fallu relire le rapport de l'IPR, en ressortir les reproches consistants, les analyser et proposer le fruit de ma réflexion en commission.

    Ce qui, sans doute, m'a sauvé: le coup de fil à un ami (du syndicat). D'où le conseil "Chers collègues, syndiquez-vous."
  • L’ironie me pousse à te dire « condoléances pour ton entrée à l’É. N., maintenant t’es fichu ! ».

    Un peu d’humour ;-)
  • Chelito a écrit:
    Le coup de fil à un ami (du syndicat). D'où le conseil "Chers collègues, syndiquez-vous."

    Ce genre de syndicat ???
    Liberté, égalité, choucroute.
  • @Dom: merci !

    @ Mercader: Le syndicat a rempli son rôle, la défense du travailleur. (J'ai regardé le documentaire que tu proposais (idiocratie). Mais c'est un truc d'intellos...).
Connectez-vous ou Inscrivez-vous pour répondre.
Success message!