De la paralysie d'analyse

dp
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Modifié (January 2023) dans Vie du Forum et de ses membres
Je comptais réaliser un édit discret d'un post datant d'il y a deux semaines, mais je me suis dit que ça pourrait en intéresser certains donc je crée un fil ici.
Ce fil n'a pas forcément vocation à attirer les foules ni même à ce que je réponde à vos réactions, simplement je poste ça ici pour ceux que ça intéresserait ou qui auraient ce souci en particulier; notez que prendrons ici des exemples concernant l'apprentissage des mathématiques car, après tout, nous sommes sur un forum de mathématiques.
Dans les derniers messages du fil en question vous pouvez voir que @fricadelle et moi-même (bien plus encore à une certaine époque) sommes enclins à deux soucis :
  1. La paralysie d'analyse https://fr.wikipedia.org/wiki/Paralysie_d'analyse : pour faire (très) simple, la paralysie d'analyse consiste en une futile volonté de perfection et une irrationnelle peur de l'échec.
    Cette peur de l'échec est assez horrible en soi, car elle nous fait constamment nous demander si nous faisons les bons choix, si nous n'aurions pas dû faire autrement. La volonté de perfection accentue très violemment cette peur car nous nous disons par exemple "si je n'ai pas fait tous les exercices de ce chapitre alors je ne pourrais jamais avancer au suivant..." quand bien même il s'agirait des mêmes exercices avec des valeurs différentes ou bien d'exercices d'approfondissements pour ceux qui veulent aller très loin. Il en est de même avec le cours, d'ailleurs : "si je ne comprends pas cette démonstration il est certain que je n'y arriverais jamais...", alors autant rester bloqué trois semaines sur cette démonstration sans jamais rien faire d'autre... non ?
    Il s'agit d'une certaine forme de procrastination, car nous passons tout notre temps à réfléchir à comment faire, en élaborant des stratégies toujours plus abracadabrantesques, plutôt qu'à faire. Un exemple assez évocateur (oui, c'est une série humoristique dont l'humour ne fera pas rire tout le monde, merci de ne pas épiloguer dessus).
  2. L'abondance de choix : L'abondance de choix est évidemment une bonne chose, mais couplée à la paralysie d'analyse elle peut vite devenir un cauchemar. En effet, comme je l'ai indiqué au-dessus, nous remettons sans cesse en question notre façon de faire et l'abondance de choix fait que nos cerveaux vont se servir de ces "choix possibles" comme d'une excuse pour toujours plus rechercher une stratégie optimale, qui est bien évidement... inexistante... typiquement cela se traduit en les derniers postes de @fricadelle mais cela peut aller plus loin.
    Dans certains cas ça peut aller jusqu'à, par exemple, se demander pendant un an et demi en prépa si nous devrions faire les choses de telle ou telle façon plutôt de que de bosser et se retrouver à trois mois des concours en ayant rien foutu ou presque.
    Encore plus loin, nous pouvons passer notre vie à imaginer un super plan génial de la mort pour réussir, sortir de la misère, monter sa boite, etc... et arriver à la retraite en ayant passer sa vie à ramasser les ordures (aucune offense envers les éboueurs qui font partie des héros méprisés de nos sociétés modernes).
Bref, vous l'aurez compris, cette abondance de choix couplée à la paralysie d'analyse est ce qui peut vous arriver de pire.
Mais alors, comment s'en sortir ? Eh bien, il existe quelques possibilités simples sur le papier mais difficile à réaliser :
  • Supprimer le choix : En limitant les possibilités d'action, il devient impossible à notre cerveau de réaliser des hypothèses sur ce dont il ne dispose pas.
    Dans le cas des mathématiques, cela peut se traduire par se limiter à un livre ou une série de livres par sujet/année. Certes, nous serons toujours tentés d'avoir envie de revoir notre super plan à la moindre difficulté. Toutefois, un livre, du début à la fin, point.
    Si vraiment c'est difficile alors nous pouvons demander de l'aide ou jeter un œil à un autre livre (si possible que nous n'achetons pas... nous pouvons par exemple aller à la BU) de cette façon nous ne sommes pas tentés de partir sur un autre livre.
  • Apprendre à marcher avant de courir : Une de nos grandes faiblesses est de vouloir courir avant d'avoir appris à marcher. Ça se traduit par exemple à se lancer corps et âme dans le RDO tome 3 d'analyse et de se prendre un mur en pleine face en tombant sur les espaces topologiques alors qu'on sort tout juste de terminale... [small](oui, c'était mon cas, ça m'a bien calmé et m'a remis les idées en place à l'époque!)[/small]
  • Créer un plan détaillé et s'y tenir : Comme il nous est de toute façon impossible de réaliser un projet sans mettre au point un plan derrière, autant en réaliser un le plus détaillé possible. Une fois ce plan détaillé réalisé il faut alors toujours agir conformément à ce plan. Si une action n'est pas conforme alors ne pas y accorder la moindre importance. Il n'est du coup plus possible de revenir sur ce plan car ça ne ferait justement pas partie du plan.
  • Définir des objectifs et priorités à son plan: Afin de ne pas se laisser submerger et de ne pas rater ses objectifs, il est important de définir des objectifs et des priorités.
  • Supprimer les retours en arrière : Une de nos plaies est de se dire que si nous ne comprenons pas du premier coup alors c'est qu'il y a un souci dans ce que nous avons précédemment appris. Nous sommes alors très enclins à TOUT reprendre depuis le début (je ne comprends pas une notion dans un livre de 1ère S ? C'est forcément que j'ai mal capté un truc dans le livre de 6ème...). C'est stupide et il faut se sortir cette idée de la tête.
    Afin de ne pas agir de cette façon il est utile de considérer les objectifs définis plus tôt comme des jalons sur l'autoroute : une fois passé, il est impossible de revenir en arrière.
  • Réaliser un OneShot limité en temps : Le but ici est de réaliser une tâche raisonnable en une seule fois et en un temps limité.
    Le fait de se limiter dans le temps va créer une pression dans notre esprit (comme aux examens ou aux concours) et va nous inciter à nous donner à fond pour réussir.
  • Accepter l'échec : Dans certains cas nous allons échouer lamentablement. Ce n'est pas grave. Il faudra quand même avancer. Rien ne nous empêchera de revenir plus tard sur ce passage critique de notre échec, mais il faut prioritairement se relever et avancer afin de ne pas stagner pendant des jours... semaines... mois... années..?
À noter toutefois que cela fini par "disparaitre" avec le temps et la maitrise du sujet. Malheureusement, un autre sujet non maitrisé finira par prendre la place du précédent et vous serez tout autant paralysé si vous n'y prêtez pas assez attention...

Réponses

  • Je me reconnais beaucoup dans cette description, c'était une cause d'échec pour moi autrefois, mais je suis arrivé un peu aux mêmes conclusions. Le plus important est de se tenir à ces conclusions et de ne plus penser à aucune autre possibilité, sinon on passe notre temps à réfléchir à comment s'en sortir plutôt que de s'en sortir.
  • Moi aussi j'ai une paralysie d'analyse je crois c'est quoi le remèdes ???
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