Formule de Riemann-Hurwitz

Bonjour,

j'aimerais comprendre la démonstration de la formule de Riemann-Hurwitz. Je travaille dans le cadre des surfaces de Riemann. Je recopie ci-dessous la formule puis la preuve avant de vous faire part de ma première interrogation à propos de cette dernière. Merci d'avance pour votre aide !

$\bullet$ Voici l'énoncé de la formule:

Soit $f: Y \to X$ une application holomorphe entre surfaces de Riemann compactes, c'est-à-dire un revêtement de degré $k$. Pour $y\in Y$ on note $\nu (y)$ l'indice de ramification de $f$ en $y$. Alors $$\chi (Y)=k\chi (X) - \sum\limits_{y\in Y} ( \nu (y) -1).$$

$\bullet$ Voici la démonstration que j'ai:

Soit $\tau$ une triangulation de $X$ dont l'ensemble des sommets contient tous les points de ramification $\{ x_1, x_2, ... , x_k \}$ de $f$. On note $S_X$, $A_X$ et $F_X$ le nombre de sommets, d'arêtes et de triangles de $\tau$. On peut supposer que tout triangle peut être inclus dans un disque au-dessus duquel $f$ s'écrit: $$f \ : \ z \to \ z^k$$
On relève ensuite cette triangulation en $f^{-1} (\tau )$ à $Y$.
Les triangles et les arêtes vus comme des ouverts dans la topologie de $\tau$ sont simplement connexes et inclus dans $X \backslash \{x_1, ... , x_k \}$.
La restriction du revêtement $f$ sur l'image réciproque de tous ces ouverts doit être triviale. Ainsi donc, par le relèvement de tous les triangles ouverts et les arêtes ouvertes dans $\tau$, on obtient $k$ copies de chaque. Et on a un homéomorphisme entre les arêtes ouvertes de $Y$ et les intérieurs des 1-simplexes standards et entre les triangles ouverts de $Y$ et les intérieurs des 2-simplexes standards. Il reste à montrer que cet homéomorphisme se prolonge sur le bord.
Puisque l'application $$f \ : \ Y \backslash f^{-1} ( \{x_1,...,x_k \} ) \to X \backslash \{x_1,...,x_k \}$$ est un revêtement non ramifié, on peut donc étendre l'homéomorphisme sauf sur un petit voisinage arbitraire d'un point de $f^{-1} ( \{x_1,...,x_k \} )$. Mais pour tout point $P$ dans $f^{-1} ( \{x_1,...,x_k \} )$ on peut choisir une carte appropriée de telle sorte que les coordonnées locales de $f$ sont fournies par l'application $$z\to z^{\nu (P)}$$
Cette application est un homéomorphisme local dans un petit voisinage épointé de de $P$, de plus $$\lim\limits_{z\to 0} z^{\nu (P)} =0$$
Notons que, si $y\notin f^{-1} ( \{x_1,...,x_k \} )$ l'indice $\nu (y)=1$.
Par construction, tout point de $f^{-1} ( \{x_1,...,x_k \} )$ est un sommet dans la triangulation de $Y$.
Soit maintenant $x$ un sommet dans la triangulation de $X$.
$$\sum\limits_{y\in f^{-1} (x)} 1= k- \sum\limits_{y\in f^{-1} (x)} (\nu (y) -1)$$
Le nombre de sommets de la triangulation de $Y$ vaut $$\sum\limits_x \sum\limits_{y\in f^{-1} (x)} 1= kS_X- \sum\limits_x \sum\limits_{y\in f^{-1} (x)} (\nu (y) -1)$$
En calculant la caractéristique de $Y$ (car, une surface de Riemann est orientable) on obtient:
$\begin{align} 2-2g_Y &=kS_X- \sum\limits_x \sum\limits_{y\in f^{-1} (x)} (\nu (y) -1)-kA_X+kF_X \\ &= k(2-2g_X) - \sum\limits_{y\in Y} (\nu (y) -1)\end{align}$
C'est la formule de Riemann-Huritz.

$\bullet$ Premièrement je me demandais pourquoi il existerait une triangulation de $X$ dont l'ensemble des sommets contient tous les points de ramification de $f$ ?

Réponses

  • Tu pars d'une triangulation quelconque, et tu peux la raffiner de façon à ce qu'un ensemble fini donné de points soient des sommets. Tu peux partir d'un complexe simplicial fini, on te donne un ensemble fini de points dessus, tu peux subdiviser pour avoir un nouveau complexe simplicial dont les points donnés sont des sommets.
  • Bonsoir GaBuZoMeu et merci pour ton aide !

    Du coup, par construction, il suffit qu'il existe une triangulation pour qu'on puisse en fabriquer une autre dont les sommets contiennent un ensemble de points fini.

    Ensuite, je ne comprends pas ce que veux dire:
    On peut supposer que tout triangle peut être inclus dans un disque au-dessus duquel $f$ s'écrit: $$f \ : \ z \to \ z^k$$

    Pourriez-vous me l'expliquer ?
  • Il y a deux choses (sans trop détailler, c'est très vite et très mal écrit)
    - le fait qu'on a un recouvrement de $X$ par des ouverts $U_i$ au-dessus desquels $f$ s'écrit; en coordonnées locales dans chaque composante connexe de $f^{-1}(U_i)$, $z\mapsto z^k$,
    - le fait qu'on peut subdiviser la triangulation pour que chaque triangle soit contenu dans un tel ouvert $U_i$.
    Laquelle de ces deux choses te pose problème ?
  • Bonjour GaBuZoMeu,
    GaBuZoMeu a écrit:
    - le fait qu'on a un recouvrement de $X$ par des ouverts $U_i$ au-dessus desquels $f$ s'écrit; en coordonnées locales dans chaque composante connexe de $f^{-1}(U_i)$, $z\mapsto z^k$

    C'est cela qui me pose problème. Par ailleurs je ne comprends pas très bien l'expression "au-dessus", c'est parce qu'on parle d'un revêtement ?
  • Soit $x\in X$ et soit $w$ une coordonnée locale holomorphe centrée en $x$. Soit $y\in Y$ tel que $f(y)=x$ et $\nu(y)$ l'indice de ramification de $f$ en $y$. Alors tu peux trouver une coordonnée locale holomorphe $z$ centrée en $y$ telle que $f$ au voisinage de $y$ soit $z\mapsto w=z^{\nu(y)}$.
    Tu n'as pas vu ça ? Ca doit être expliqué dans tout bon bouquin, normalement. Tu peux partir d'une coordonnée locale holomorphe $\tilde z$ centrée en $y$ quelconque, $f$ s'écrit $\tilde z\mapsto a\tilde z^{\nu(y)}+\cdots$, et tu fais un changement de coordonnée holomorphe adéquat $z=b \tilde z+\cdots$ de façon que $(b \tilde z+\cdots)^ {\nu(y)}=a\tilde z^{\nu(y)}+\cdots$.

    Je note que dans ton texte $k$ sert vraiment à tout : c'est le degré du revêtement, le nombre de points de ramification, et l'indice de ramification !
  • Ok ! Merci pour ton explication, je vais réfléchir à tout ça !

    C'est une démonstration que j'ai trouvé sur le net, ce n'est pas un bouquin.

    En ce qui concerne $k$, il faudrait refaire la notation en effet. Par contre je ne comprends pas pourquoi tu dis que c'est l'indice de ramification aussi, celui-là il est noté $\nu (y)$ pour $y\in Y$ non ?
  • Il y a $z\mapsto z^k$ dans ce que tu as écrit.

    Lis un bouquin sérieux sur les surfaces de Riemann plutôt que de glaner sur internet. Tu auras des informations plus complètes et plus cohérentes.
  • Bonjour,

    j'ai suivi ton conseil et j'ai cherché un bouquin. Je ne sais pas si c'est moi qui ne sait pas chercher mais je n'ai pas réussi à en trouver un qui traite des surfaces de Riemann en commençant par le début. Je veux dire par là que j'ai trouvé seulement des livres très spécifiques, comme par exemple sur le théorème d'uniformisation.
    Aurais-tu un livre à me conseiller ?

    Cependant on m'a donné le polycopié d'un cours d'Eric Reyssat sur les surfaces de Riemann. Je l'ai étudié ces cinq derniers jours et j'en suis arrivé au point qui me pose problème. Par contre je ne comprends pas la démonstration donnée. Voici comment il traite le problème et je précise après ce qui me pose problème:

    Soit $f:X \to Y$ un morphisme (non constant) de surfaces de Riemann. Soient $x_0 \in X$, $y_0=f(x_0)$ et $t$ une carte en $y_0$. Alors il existe une carte $z$ en $x_0$ telle que $t \circ f=z^{n_0}$ où $n_0=e_{x_0}(f)$.

    Preuve: Si $z_1$ est une carte en $x_0$, on a $t \circ f=z_1^{n_0} \sum\limits_{n_0}^{\infty} a_nz_1^{n-n_0}$. La série a un terme constant, donc c'est une unité de $C\{ \{ z_1 \} \}$, donc on a une racine $n_0$-ième (il y en a même $n_0$) qui est une unité $u$. Alors $t \circ f = z^{n_0}$ où $z=z_1 u$ est une carte ($u$ est un isomorphisme local).

    Alors, premièrement: je ne connais pas $C\{ \{ z_1 \} \}$, qu'est-ce que c'est ?
    Deuxièmement: je ne comprends pourquoi le fait que $\sum\limits_{n_0}^{\infty} a_nz_1^{n-n_0}$ ait un terme constant implique qu'elle possède une racine $n_0$-ième.

    Merci encore pour ton aide GaBuZoMeu !

    Edit: Je rajoute ma dernière question, après elle et celles ci-dessus tout est clair dans la démonstration.
    Pourquoi est-il précisé que $u$ est un isomorphisme local ?
  • Visiblement cela ne passionne plus grand monde donc je vais passer à la suite, la formule de Riemann-Hurwitz ! J'aimerais encore réfléchir à deux ou trois choses et je posterai si j'ai du mal.
  • J'ai emmené le bouquin qui doit s'appeler "Galois theory, coverings and Riemann surfaces" à Manchester mais ne l'ai pas lu. J'ignore s'il pourrait te convenir.
  • $\C\{\{z_1\}\}$ est l'anneau des séries convergentes en $z_1$. Et je suis sûr que si tu as une série$1+b_1z+\cdots.$, tu sais calculer sa racine $k$-ème qui commence par $1$ (développer en série $(1+s)^{1/k}= 1+ (1/k) s+ \cdots$)
  • donc en gros $f \in C\{\{z_1\}\}$ ça veut dire une fonction analytique et qui ne s'annule pas au voisinage de $z_1$ (où $z_1 \in \mathbb{C}$ ou $X$, ça ne change rien) si bien qu'elle peut potentiellement représenter une carte de ce voisinage de $z_1$ vers le voisinage de $f(z_1)$ ?
  • Bonjour,
    Sylvain a écrit:
    J'ai emmené le bouquin qui doit s'appeler "Galois theory, coverings and Riemann surfaces" à Manchester mais ne l'ai pas lu. J'ignore s'il pourrait te convenir.

    Merci d'avoir proposé une idée ! Cependant cela ne convient pas, ce livre traite principalement de la théorie de Galois. Seule la troisième partie traite d'un sujet bien précis en lien avec les surfaces de Riemann.
    GaBuZoMeu a écrit:
    $\C\{\{z_1\}\}$ est l'anneau des séries convergentes en $z_1$.

    D'accord, merci ! Je ne connaissais pas la notation.
    GaBuZoMeu a écrit:
    Et je suis sûr que si tu as une série$1+b_1z+\cdots.$, tu sais calculer sa racine $k$-ème qui commence par $1$ (développer en série $(1+s)^{1/k}= 1+ (1/k) s+ \cdots$)

    Désolé de te décevoir mais je ne sais pas faire cela:

    Si on a une série $1+b_1z+\ldots=1+\sum\limits_{n=1}^{\infty} b_nz^n$ alors sa racine $k$-ième est :

    $\left ( 1+\sum\limits_{n=1}^{\infty} b_nz^n \right )^{\frac{1}{k}}=1+\sum\limits_{i=1}^{\infty} c_i \left ( \sum\limits_{n=1}^{\infty} b_nz^n \right )^i$ où $c_i=\dfrac{\frac{1}{k} \left (\frac{1}{k} -1 \right ) \ldots \left ( \frac{1}{k}-i+1 \right)}{i!}$.

    Et là je ne vois pas quoi faire.

    Par ailleurs je ne comprends pas bien le but de tout cela vu que dans notre cas la série qui nous intéresse est de premier terme constant $a_{n_0}$ et non $1$.
  • Et là je vois pas quoi faire.
    développe, car tu sais que la série finale converge absolument pour $|z|$ suffisamment petit :

    Si $h(z)$ est holomorphe sur $V = \{z-a| < r\}$ alors il suffit que $g(z)$ soit holomorphe sur $U = \{|z-b| < R\}$ et que $g(U) \subset V$ pour que $h(g(z))$ soit holomorphe sur $U$.
    En fait c'est trivial, mais ce qui l'est moins c'est que holomorphe implique analytique et donc la "composition" de séries de Taylor marche bien.

    Et je me suis embrouillé plus haut, je voulais dire $f'$ ne s'annule pas (pour que ça soit une carte), mais on a aussi besoin que $f$ ne s'annule pas pour assurer qu'elle ait une racine $n$ème (vu que $z \mapsto z^{1/n}$ est holomorphe sur un voisinage de $a$ ssi $a \ne 0$).
  • C'est marrant, tu dis que tu ne sais pas faire, mais tu fais. Tu as une famille sommable de séries formelles, et pour la convergence pas de problème.
    Ensuite, le problème du terme constant n'en est pas un : tu peux toujours diviser par le terme constant pour avoir une série de terme constant 1, n'est-ce pas ? Et tout nombre complexe a des racines $k$-èmes ...
  • Ah oui ok ! Je pensais qu'il fallait réarranger tout ça mais en fait pas besoin. On a exhibé une racine $k$-ième pour la série de terme constant $1$. Le fait d'avoir des séries formelles nous ôte le problème de la convergence, je ne m'en étais pas rendu compte.

    Donc $\sum\limits_{n_0}^{\infty} \frac{1}{a_{n_0}} a_nz_1^{n-n_0}$ possède une racine $n_0$-ième car elle est de terme constant $1$, appelons-la $v$, c'est-à-dire $v^{n_0}=\sum\limits_{n_0}^{\infty} \frac{1}{a_{n_0}} a_nz_1^{n-n_0}$, ou encore $a_{n_0}v^{n_0}=\sum\limits_{n_0}^{\infty} a_nz_1^{n-n_0}$. Comme tout nombre complexe admet des racines $n_0$-ième alors $a_{n_0}$ admet une racine $n_0$-ième, disons $w$, et donc finalement:
    $\sum\limits_{n_0}^{\infty} a_nz_1^{n-n_0}=(wv)^{n_0}$, c'est-à-dire $\sum\limits_{n_0}^{\infty} a_nz_1^{n-n_0}$ admet une racine $n_0$-ième.

    Merci beaucoup pour votre aide !

    J'en viens à ma dernière interrogation: dans la preuve, il est précisé que $u$ est un isomorphisme local. Si je comprends bien c'est pour prouver que $z$ est bien une carte. Je sais ce qu'est un homéomorphisme local mais je n'avais jamais entendu parler d'isomorphisme local, quel est la différence ?
  • Je ne sais pas pourquoi GaBuZoMeu parle de série formelle. Mon argument c'était le contraire, que tout converge absolument pour $|z|$ suffisamment petit, et donc pas besoin de se soucier de la convergence (vu que quoi qu'on fasse ça converge dans le voisinage de $z=0$)

    Et j'essaye comme toi de comprendre ce théorème de Riemann-Hurwitz, mais je sais qu'avec $f(z)$ analytique dans le voisinage de $z=a$, alors si et seulement si $f'(a) \ne 0$, il existe un $r$ suffisamment petit tel que $f$ est un isomorphisme de $B_a(r) = \{|z-a| < r\}$ vers $f(B_a(r))$
  • Je pense (dites-moi si je me trompe) que c'est parce qu'ici on n'a pas une série où $z_1$ est un nombre complexe. Ici, $z_1$ est une carte, c'est-à-dire une application d'une surface de Riemann sur $\mathbb{C}$.
  • Une série entière est en particulier une série formelle. Et l'extraction de racine $k$-ème a bien un sens dans l'anneau des séries formelles puisque
    $$\sum\limits_{i=1}^{\infty} c_i \left ( \sum\limits_{n=1}^{\infty} b_nz^n \right)^i$$ est la somme d'une famille sommable (l'ordre de la $i$-ème série est $i$). La convergence vient en prime et n'est pas un problème.
  • $f:X\to Y$ est un isomorphisme local si pour tout $x\in X$, il existe un voisinage $U$ de $x$ tel que $f$ induise un isomorphisme de $U$ sur $f(U)$, c-a-d il existe $g: f(U) \to U$ tel que $f \circ g = id_{f(U)} $ et $g\circ f = id_{U}$.

    Dans le cadre topologique, on va exiger que $f$ et $g$ soient continues et on parle d'homeomorphisme local.

    Dans le cadre differentiable, on va exiger que $f$ et $g$ soient $C^k$ et on parle de $C^k$-diffeomorphisme local.

    Dans le cadre holomorphe, on va exiger que $f$ et $g$ soient analytique mais on prefere garder le terme d'isomorphisme local plutot que de parler de biholomorphisme local.
  • Euh, afk, j'avais comme l'impression que le sujet de ce fil était la ramification. Me serais-je trompé ?
  • Il y a un exemple illustratif et simple à regarder de ce théorème de Riemann-Hurwitz ?
  • afk a écrit:
    $f:X\to Y$ est un isomorphisme...

    Bonsoir et merci afk, c'est très clair !
    GaBuZoMeu a écrit:
    Euh, afk, j'avais comme l'impression que le sujet de ce fil était la ramification. Me serais-je trompé ?

    C'est le cas, on est toujours sur la formule de Riemann-Hurwitz et donc la ramification, cependant afk répond à une question que j'ai posé 7 messages plus haut et restée sans réponse.
    reuns a écrit:
    Il y a un exemple illustratif et simple à regarder de ce théorème de Riemann-Hurwitz ?

    Je ne suis pas sur de pouvoir te donner un exemple simple pour l'instant, c'est quand même tout nouveau pour moi, mais de ce que j'en sais la formule de Riemann-Hurwitz fournit un moyen efficace pour calculer le genre d'une surface de Riemann grâce au nombre de ses points de ramification et de ses feuillets. Au travers de mes lectures j'ai pu croiser beaucoup d'autres applications mais elles sont encore un peu floues pour moi.
    Par ailleurs, on ne dit pas théorème de Riemann-Hurwitz mais formule de Riemann-Hurwitz lorsque l'on parle de ce théorème en question. Car il existe un autre énoncé, que l'on appelle théorème de Riemann-Hurwitz, c'est celui-ci:
    Le groupe des automorphismes d'une surface de Riemann $X$ est de cardinal inférieur ou égal à $84(g-1)$.
    D'ailleurs la démonstration de ce théorème repose en partie sur la formule de Riemann-Hurwitz, ce qui en fait une autre application de la formule.
    Rien que d'en parler cela me donne envie de retourner étudier; si tu as un peu de temps à tuer, je te conseille de t'intéresser aux surfaces de Riemann, c'est un sujet tellement passionnant ! :-)
  • reuns : tu peux par exemple montrer que la courbe d'équation $y^2 = x(x-1)(x-\lambda)$ est un tore (pour $\lambda \in \mathbb C \backslash \{0,1\})$. En effet, on considère la projection $\pi_x : X \to \mathbb P^1$. $\pi_x$ est un revêtement de degré $2$, ramifié en $x = 0,1,\lambda, \infty$. On obtient $\chi(X) = 2 \times \chi(P^1) - 4 = 4 - 4 = 0$. Par conséquent, $X$ est une courbe lisse projective de genre $1$ donc un tore.
  • @GBZM Je repondais a la question de vocabulaire.
  • Oui, excuses, j'avais zappé cette question.
  • reuns : C.Q. met son grain de sel. Pourquoi ne pas prendre l'exemple le plus simple (pour moi) constitué d'une fraction rationnelle $F(X) \in \mathbb C(X)$ non constante et considérer le revêtement ramifié $\mathbb P^1(\mathbb C) \to \mathbb P^1(\mathbb C)$ défini par $x \mapsto F(x)$ ? Le degré $n$ du revêtement c'est la hauteur de $F$ i.e. le sup des degrés de $u, v$ quand on écrit $F = u/v$ de manière irréductible. C'est aussi le degré $[\mathbb C(X) : \mathbb C(F)]$.

    Où sont les points de branchement (à l'arrivée) ? Quels sont les points ramifiés $x \in \mathbb P^1(\mathbb C)$ (à la source) et comment détermine-t-on l'indice de ramification $e_x$ ? Pourquoi l'égalité
    $$
    2 - 2 g_{\rm haut} = n \times (2 - 2 g_{\rm bas}) - \sum_x (e_x-1), \qquad\quad g_{\rm haut} = g_{\rm bas} = 0
    $$
    est-elle ``juste'' (avec les renseignements trouvés sur les $e_x$ là haut) ?

    On peut même commencer plus simple en prenant pour $F$ un polynôme. Je pense que la plupart ``des gens'' trouvent cela beaucoup trop simple. On peut alors, toujours dans le cadre de cet exemple, compliquer un peu la chose en parlant du diviseur ``différente'' et du diviseur ``discriminant'' et en essayant d'expliquer en quoi le second est la norme du premier.
  • Bonsoir,

    J'aimerais maintenant comprendre la démonstration de la formule, c'est pourquoi je sollicite votre aide. Je travaille désormais sur le cours d'Eric Reyssat, voici comment il énonce la formule et la preuve qu'il donne:

    Enoncé: Soit $f \ : \ X \to Y$ un morphisme non constant de surfaces de Riemann compactes. On note $g_X$ et $g_Y$ les genres de $X$ et $Y$, et $n$ le degré de $f$ (comme revêtement ramifié). Alors $$2g_X-2=n(2g_Y-2)+\sum\limits_{x\in X} (e_x(f)-1).$$

    Preuve: On triangule $Y$ de sorte que (la projection de) tout point ramifié soit un sommet et que tout triangle soit dans un disque conforme, au-dessus duquel $f$ s'écrit $z\to z_i^{e_i}$. On peut remonter cette triangulation sur $X$.
    On note $S_X, S_Y, A_X,A_Y,F_X,F_Y$ les nombres de sommets, arêtes et faces sur $X$ et $Y$. Puisque chaque fibre (sauf un nombre fini) contient $n$ points, $A_X=nA_Y$ et $F_X=nF_Y$. Le nombre de points dans une fibre $f^{-1}(y)$ est $$\sum\limits_{f(x)=y} 1= n+ \sum\limits_{f(x)=y} (1-e_x(f))$$ d'après le théorème 5.1. Par suite, $S_X=nS_Y+\sum\limits_{x=sommet} (1-e_x(f))$; on peut aussi prendre la somme sur $X$ entier puisque $e_x(f)=1$ hors des sommets. Le résultat découle alors de $2-2g_X=S_X-A_X+F_X$ et de même pour $Y$.


    Le fameux théorème 5.1, cité dans la preuve est le suivant (c'est aussi une définition):
    Soit $f \ : \ X \to Y$ un morphisme non constant de surfaces de Riemann compactes. Alors:
    1) $f$ n'a qu'un nombre fini de points de ramification $x_1,...,x_k$.
    2) Hors des fibres $f^{-1}(f(x_i))$, $f$ définit un revêtement (étale) à fibres finies de cardinal constant, soit $n$.
    3) Pour tout point $y$ de $Y$, $$\sum\limits_{f(x)=y} e_x(f)=n$$
    (ainsi, en comptant les multiplicités, toutes les fibres ont $n$ éléments)
    On dit que $f$ est un revêtement ramifié de degré $n$.

    Alors pour le début de la preuve: le professeur appelle disque conforme de $Y$, l'image réciproque d'un disque par une carte. D'après le point précédent que vous m'avez aidé à comprendre, on sait qu'en tout point $y=f(x)$ de $Y$ on peut trouver un ouvert au-dessus duquel $f$ s'écrit $z\to z^{e_x(f)}$. Donc si on triangule $Y$, quitte à subdiviser suffisamment la triangulation, on peut trouver une triangulation telle que d'une part la projection de tout point ramifié de $f$ soit un sommet de la triangulation et d'autre part telle que tout triangle soit contenu dans un disque conforme au-dessus duquel $f$ s'écrit $z\to z^{e_x(f)}$.
    Premièrement, je me demandais pourquoi un disque conforme, pourquoi pas juste un ouvert ?
    Deuxièmement et plus globalement, je ne comprends pas à quoi cela sert de trouver une triangulation telle que tout triangle soit dans un disque conforme au dessus duquel on peut écrire $f$ comme $z\to z^{e_x(f)}$ ? Où s'en sert-on par la suite dans la démonstration ?

    Merci d'avance pour votre aide !
  • une référence: Complex Analysis 2 par Freitag et Eberhrard chez Springer (Universitext 2011) page 208 et sq..
    A demon  wind propelled me east of the sun
  • Premièrement, je me demandais pourquoi un disque conforme, pourquoi pas juste un ouvert ?
    Ca te gène vraiment ?
    Où s'en sert-on par la suite dans la démonstration ?
    On s'en sert pour remonter la triangulation, précisément pour remonter les $m$ triangles de sommet $f(x)$ en $m\times e_x(f)$ triangles de sommet $x$
  • gilles benson a écrit:
    une référence: Complex Analysis 2 par Freitag et Eberhrard chez Springer (Universitext 2011) page 208 et sq..

    Merci pour la référence, cela convient parfaitement. Bon, c'est en anglais, mais de toute façon j'ai l'impression qu'il n'existe pas vraiment ce que je recherche en français.
    GaBuZoMeu a écrit:
    Ca te gène vraiment ?

    Non, cela ne me gêne pas du tout, je me demandais seulement pourquoi imposer que ce soit un disque, s'il y avait une utilité que je ne vois pas...
    GaBuZoMeu a écrit:
    On s'en sert pour remonter la triangulation, précisément pour remonter les $m$ triangles de sommet $f(x)$ en $m\times e_x(f)$ triangles de sommet $x$

    Ok ! C'est un peu nouveau pour moi la notion de relèvement. Je pense avoir saisi l'idée mais formellement j'ai du mal. Je vais réfléchir à tout ça !

    Merci pour ton aide.
  • Illustration pour $m=3$ et $e=2$ :55380
  • Soit $T$ le triangle du plan complexe de sommets $0,1$ et $e^{i\frac{\pi}{3}}$.
    Appellons $\tau_i \ : \ T \to Y$ les 2-simplexes de la triangulation de $Y$ que l'on a mis en évidence.
    On remonte cette triangulation sur $X$, c'est-à-dire qu'on relève les $\tau_i \ : \ T \to Y$ relativement à $f \ : \ X\to Y$.
    On a donc des injections continues $t_i \ : \ T \to X$ telles que $f \circ t_i= \tau_i$.
    Cependant je ne comprends pas pourquoi les $t_i$ formeraient une triangulation de $X$. J'imagine qu'il faut se servir du fait que $f$ s'écrit $z\to z^{e_x(f)}$ au dessus de ces 2-simplexes, comme tu me l'as indiqué, mais je ne vois pas comment... Pourriez-vous me l'expliquer s'il vous plaît ?

    Edit: J'avais pas vu ton illustration. Cependant je ne comprends pas très bien ce que cela montre. Tu représentes ce qu'il se passe en coordonnées locales ?
  • De gauche à droite : l'application $z\mapsto z^2$
  • Désolé, mais je ne comprends pas ce que cela illustre. Que sont ces cercles ?
  • Les parts de gâteau de droite sont les triangles de sommet $f(x)$ de la triangulation, et à gauche on a les remontés des triangles le long de $z\mapsto z^2$. Trois triangles en bas, six en haut (l'indice de ramification est 2).

    L'application $z\mapsto z^2$ admet deux sections continues (qui sont des homéomorphismes sur leur image) au-dessus de chaque part de gâteau de droite. Les triangles de la triangulation en haut sont les images de ces sections.
  • Ok. Merci pour l'illustration, cependant je ne comprends toujours pas pourquoi cela se passe comme tu l'as illustré:

    On a donc pour chacun des disques conformes des cartes $t$ et $z$ telles que $t\circ f = z^{e_x(f)}$ où $t$ et $z$ sont des homéomorphismes. On peut ainsi relever tous les triangles de la triangulation de $Y$. Cependant je n'arrive pas à comprendre pourquoi les triangles de $X$ ainsi obtenus formeraient forcément une triangulation de $X$.

    Edit: Orthographe :-(
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