Densité des fonctions continues dans Lp

Bonjour
Dans l'ouvrage de J.Faraut Calcul Integral, on trouve une preuve très courte de la densité dans $L^p(X)$ (avec bien sûr $1\leq p < \infty$) des fonctions continues à support compact dans $X$ pour $X$ un intervalle ouvert de $\R$.
Ma compréhension de la preuve du livre est la suivante: on remarque que $\overline{C_c(X)}$ est un espace vectoriel fermé dans $L^p$ qui contient la fonction caractéristique de n'importe quelle intervalle borné de $X$ (prendre une suite de "fonctions trapèze" qui vaut $1$ sur $[a,b]$ et qui converge vers $1_{[a,b]}$ ).
Ensuite, on utilise le fait que les fonctions caractéristiques d'ensembles bornés engendrent l'espace vectoriel des fonctions étagées intégrables lesquelles sont denses dans $L^p(X)$.

Premièrement je souhaitais savoir si cette façon de présenter la preuve est correcte (la preuve dans le livre est très schématique).
Deuxièmement cette preuve me paraît beaucoup plus abordable que les preuves que l'on trouve habituellement dans les ouvrages du même type pour $X=\R^n$ et qui reposent sur le lemme d'Urysohn et utilisent la régularité de la mesure de Lebesgue. Bref, je me demande où est l'arnaque ?
Merci pour vos lumières.

Réponses

  • Bonjour,

    Question intéressante.
    Dans ton sketch de la preuve, je ne vois pas bien comment on passe des indicatrices d'intervalles aux indicatrices d'ensembles bornés.
    Or, c'est précisément ce genre d'approximations (avec parfois compact à la place de borné) qui font appel à la régularité de la mesure de Lebesgue.
  • Merci pour le retour.

    Dans la preuve du livre, l'intervalle $[a,b]$ considéré est borné mais une fois démontré que les indicatrices d'intervalles bornés sont dans $\overline{C_c(X)}$, le texte du livre conclu "par suite toute fonction intégrable élémentaire appartient à $\overline{C_c(X)}$".

    Les fonctions intégrables élémentaires dont parle le texte sont les combinaisons linéaires de fonctions caractéristiques d'ensembles de la tribu borélienne de $X$. Du coup je suis d'accord que le passage d'une indicatrice d'intervalle borné aux fonctions intégrables élémentaires n'est pas clair et c'est sans doute là qu'il y aurait matière à compléter la preuve.
  • On veut montrer que les combinaisons linéaires des indicatrices d'intervalles sont denses dans les fonctions étagées à support compact. Pour cela il suffit de montrer qu'elles sont denses dans les fonctions indicatrices à support compact. Au regard de la norme $L^p$ (pour $p\neq \infty$) cela revient à montrer la propriété suivante :

    Pour tout ensemble mesurable $A$ borné et tout $\varepsilon>0$ il existe une suite finie de pavés ouverts $P_1,\ldots,P_n$ tels que $A\subset \cup P_i$ et $\lambda(\cup P_i)-\lambda(A)<\varepsilon$.

    À noter que si l'on remplace les $P_i$ par les $Q_i=\overline{P_i}$ tout marche pareil puisque $\lambda(\partial P_i)=0$.

    La fonction $\mathbf 1_{A}$ est donc bien approchée en norme $L^p$ par la fonction $\sum\mathbf 1_{Q_i}$ et tu as la densité que tu voulais. La propriété que j'ai énoncé plus haut est en fait plus forte que la régularité extérieure de la mesure de Lebesgue. Elle est cependant obtenue immédiatement si l'on défini la mesure de Lebesgue comme restriction de la mesure extérieure de Lebesgue à $\mathcal L(\mathbf R)$.

    Donc oui, la preuve présentée est correcte modulo les trous à combler. Pour ta deuxième question : je ne crois pas qu'on puisse se passer de la régularité de la mesure, par contre le lemme d'Urysohn n'est nécessaire que lorsque l'on regarde des espaces $L^p$ sur des espaces topologiques plus généraux que $\mathbf R^n$. Sur $\mathbf R^n$ on peut simplement utiliser des fonctions affines par morceaux sans démontrer le lemme d'Urysohn en toute généralité..
  • Merci mojojojo. Moralité je vais plutôt relire mon Briane Pagès ou mon Rudin :-)
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