Différentielles

Bonsoir,

Je ne comprends pas qu'on utilise la même notation pour la différentielle et la différentielle extérieure. Par exemple, on a une fonction $f$ de classe $\mathcal{C}^2$ de $\mathbb{R}^2$ vers $\mathbb{R}$. Alors $df$ est une forme différentielle de degré 1 de $\mathbb{R}^2$ vers le dual de $\mathbb{R}^2$. Je peux donc avoir envie à la fois de considérer la différentielle seconde de $f$ $d(df) = f''$, une fonction de $\mathbb{R}^2$ vers l'espace vectoriel des applications linéaires de $\mathbb{R}^2$ vers le dual de $\mathbb{R}^2$ et à la fois de considérer $d(df)$, la forme différentielle nulle de degré 2. Comment font les mathématiciens pour s'y retrouver en notant de la même manière ces deux objets?

Réponses

  • Attention $d(d(f))$ et $f''$ ce n'est justement PAS la même chose. D'ailleurs, ici $f''$ n'a pas trop sens. En général cette notation est utilisée si l'espace de départ $\R.$
  • Beaucoup de gens s'embrouillent pour les notations de calcul diff (moi y compris quand je découvrais), à croire que c'est important d'avoir des notations efficaces en mathématiques 8-)

    De manière générale, je préfère noter $\mathcal{D}_a f$ la différentielle de $f$ en un point $a$, $\mathcal{D}_a^k f$ la différentielle $k$-ieme de $f$ en $a$, puis $\mathcal{D}f$ l'application "différentielle de $f$" (qui à $a$ associe $\mathcal{D}_a f$. Comme ça j'ai des notations avec un D majuscule pour les différentielles et des notations avec un d minuscule pour les formes différentielles. Et là on s'embrouille pas.

    Un conseil : fais comme tout le monde. En calcul diff, invente tes propres notations.
  • @Cyrano: Voici un extrait de Schwartz, Analyse, II, p. 135, que j'ai reformulé à ma manière (en prenant $\mathbb{R}^2$ pour $\mathcal{E}$ et $\Omega$ et $\mathbb{R}$ pour $\mathcal{F}$). Où est mon erreur?80210
  • @Homo Topi: Oui, comme ça, c'est clair. Je me demandais s'il y avait une raison pour laquelle les professionnels ne s'embrouillaient pas, même en mettant des $d$ partout.
  • Je pense que selon le contexte, ils savent de quoi ils parlent.

    Ensuite, je me permets de donner mon avis sur l'histoire de la notation $f''$. Beaucoup d'étudiants (moi y compris), quand ils découvrent le calcul différentiel, confondent les objets "dérivée" et "différentielle", d'autant plus que les profs utilisent les deux à tort et à travers. La manière qui m'a permis de retenir qu'il y a une différence entre les deux, et quelle est la différence, est la chose suivante :

    La différentielle de $f$ en $a$ est censée être un application linéaire : la dérivée $f'$ de $f : x \longmapsto x^3$ n'est absolument pas linéaire. Donc $f'$ n'est pas la différentielle. Cependant il y a un lien, c'est le suivant : $\mathcal{D}_a f = (h \longmapsto f'(a)h)$. Donc la différentielle et la dérivée sont bel et bien liées... mais pour trouver un lien entre la différentielle seconde et la dérivée seconde, j'avouerai que j'ai toujours eu la flemme :-D

    Ensuite, il y a l'application différentielle $\mathcal{D} f : a \longmapsto \mathcal{D}_a f$. Elle est à valeurs dans les applications linéaires, certes, mais elle n'a aucune raison d'être linéaire, donc c'est encore un troisième objet qui n'est ni la différentielle de $f$ en $a$, ni la dérivée de $f$ en $a$.

    Comme je disais, la difficulté principale du calcul diff, c'est les notations.
  • @Homo Topi : en une variable, la différentielle seconde en $a$ est juste la forme quadratique $h \mapsto f’’(a) h^2$.
  • @Alesha,

    Ce que Schwartz appelle ici dérivée est bien la différentielle. Cela s’entend bien dans la mesure où c’est la bonne généralisation de la notion de dérivée d’une fonction d’une variable(i.e pour laquelle la dérivabilité entraîne la continuité). En revanche, c’est problématique quand on voit qu’on peut généraliser naïvement la définition habituelle de la dérivée(comme limite d’un taux d’accroissement), il y aurait alors deux dérivées qu’il faudrait distinguer. Le recours au vocable actuel permet justement de lever cette ambiguïté.
  • > il y aurait alors deux dérivées qu’il faudrait distinguer Le recours au vocable actuel permet justement de lever cette ambiguïté.
    Je n'ai pas compris à quelles dérivées et à quel vocable tu fais allusion.

    Il me semble qu'en anglais on a seulement le mot "differentiable" alors qu'en français on a "dérivable" et "différentiable"; pour le coup, je ne comprends pas l'intérêt d'utiliser deux mots différents en français.
  • Les deux dérivées à considérer dans le cas des fonctions de deux variables sont les dérivées partielles. Elles apparaissent quand on prend la limite du taux d'accroissement selon l'une ou l'autre des variables (pour qu'un tel taux d'accroissement ait un sens, on veut diviser par l'accroissement, ce qui ne fonctionne pas si celui-ci est vectoriel). Tout ceci se généralise en considérant les dérivées partielles selon un vecteur non nul $v$. Malheureusement l'existence de dérivées partielles dans toutes les directions n'implique pas la différentiabilité.
  • Effectivement, Poirot, ce qui était entre parenthèses aurait dû me faire comprendre ce que Amathoué avait en tête; j'étais resté sur mon problème, qui ne consiste pas à distinguer entre dérivée et dérivées partielles mais entre différentielle et différentielle extérieure (ou plutôt leurs notations).
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