Courbes reliant les sommets d’un carré

Bonjour à tous,
Je sèche actuellement sur le problème suivant: on considère le carré $[0,1]^2$, ainsi que deux courbes paramétrées $\gamma_1$ et $\gamma_2$ continues, incluses dans le carré, telles que $\gamma_1(0)=(0,0)$, $\gamma_1(1)=(1,1)$, $\gamma_2(0)=(0,1)$ et $\gamma_2(1)=(1,0)$. Le but est de montrer que les deux courbes se coupent.

Je n’ai pas trouvé de solution, et j’ai donc cherché sur internet. Je suis entre autres tombé sur la discussion suivante: http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?2,43743,43763
L’auteur affirme avoir une solution commençant ainsi: on divise le carré initial en $n^2$ petits carrés de côté $\frac{1}{n}$. On colorie ensuite en rouge les petits carrés traversés par $\gamma_2$. Il dit ensuite « il n’est pas excessivement difficile de montrer que $\gamma_1$ va traverser la zone rouge. C’est d’ailleurs un bon petit exercice ». Cependant, je n’arrive pas à le montrer. Quelqu’un a-t-il une solution pour montrer cette affirmation (et si possible une solution « simple », même si dans un premier temps je suis preneur de toute solution, simple ou pas)?

Je vous remercie d’avance pour votre aide!

Réponses

  • Au bord gauche de l'intervalle $[0;1]$, on a clairement $\gamma_1$ qui est strictement en-dessous de $\gamma_2$. Si les deux courbes ne se croisent jamais, ça reste le cas tout le long de l'intervalle $[0;1]$. Mais au bord droit de l'intervalle $[0;1]$, c'est $\gamma_2$ qui est strictement en-dessous, ce qui devrait être absurde pour une certaine raison (liée à la continuité bien sûr).

    Je pense que ça peut se formaliser sans utiliser de gros théorème (le fil que tu as cité utilise le théorème du point fixe de Brouwer par exemple).

    Plus précisément : $f = \gamma_1 - \gamma_2$ est une fonction continue qui change de signe, on doit pouvoir utiliser le théorème des valeurs intermédiaires quelque part.
  • Justement Homo Topi, je comprends de l’exercice que l’on ne s’autorise pas à l’évidence expérimentale.
    Ce n’est pas en disant « clairement » que l’on convainc quelqu’un de sceptique.

    C’est la formalisation dont tu parles que l’auteur de l’exercice veut voir, je pense.
  • Je veux bien l'aider, j'ai donné quelques pistes. Je le laisse d'abord chercher tout seul et exposer ce qu'il a fait, avant de lui donner une solution toute faite.
  • Side : le lemme et le théorème sont juste. Les courbes que tu donnes ne vérifient pas les condition de départ et d'arrivée de $\gamma_1$ et $\gamma_2$. Le lemme est correcte, si on prend les deux diagonales du carré alors le point $(1/2;1/2)$ est dans toutes les zones rouges et les deux courbes passent par là.

    Homo-topi : Je doute que tes pistes soient réellement une aide, j'ai un peu cherché pour construire une fonction continue qui vaudrait $1$ en $(1;0)$, $-1$ en $(0;1)$ et qui ne s'annulerait que sur $\gamma_1([0;1])$ mais à chaque fois pour montrer que ma fonction est bien définie il faut que je prouve un résultat équivalent à celui que j’essaye de démontrer.
  • Traverser veut dire intersecter. En tout cas c'est comme ça que je le comprends, que le lemme est correcte et qu'il permet bien de démontrer le résultat voulu.

    Ensuite ta courbe "bord inférieur, bord droit" va de $(0,0)$ à $(1,1)$ et ta courbe "bord gauche, bord supérieur" va aussi de $(0,0)$ à $(1,1)$ alors qu'elle doit aller de $(1;0)$ à $(0;1)$.
  • @side désolé si mon énoncé n’était pas clair. Quelques précisions sur le vocabulaire: $\gamma_1$ et $\gamma_2$ sont bien entendu définies sur le segment $[0,1]$. Elles sont continues et à valeurs dans $[0,1]^2$. Quand je dis qu’elles sont incluses dans le carré, je veux juste dire que $\forall t \in [0,1], \gamma_1(t) \in [0,1]^2 \text{ et } \gamma_2(t) \in [0,1]^2$. Autrement dit, les courbes représentant $\gamma_1$ et $\gamma_2$ peuvent très bien passer par les bords du carré (mais elles ne peuvent pas sortir du carré). Pour ce qui est du coloriage, je colorie un petit carré en rouge si $\gamma_2$ rencontre le carré. Autrement dit, en notant $[a,b] \times [c,d]$ un tel petit carré, je colorie ce carré en rouge s’il existe $t \in [0,1]$ tel que $\gamma_2(t) \in [a,b] \times [c,d]$. Ainsi, même si $\gamma_2$ ne fait que toucher le bord ou un sommet du carré (ne serait-ce qu’en un seul point), alors je colorie ce carré en rouge. Le lemme serait évidemment faux si je n’avais colorié que les carrés dont $\gamma_2$ rencontre l’intérieur, puisque je pourrais très bien choisir $\gamma_2$ ne passant que par les bords des petits carrés, auquel cas aucun carré ne serait colorié. J’espère qu’avec ces précisions le problème est plus clair.

    @Homo Topi je ne comprends pas votre premier paragraphe. Que voulez-vous dire par « au bord gauche de l’intervalle $[0,1]$ », et par « $\gamma_1$ est strictement en-dessous de $\gamma_2$ »? De plus, en posant $f= \gamma_1 - \gamma_2$, $f$ est une fonction qui part de $[0,1]$ pour arriver dans $\mathbb{R}^2$, donc « changer de signe » n’a pas de sens puisque $f$ n’arrive pas dans $\mathbb{R}$. Pouvez-vous préciser ce que vous voulez dire?
  • J'ai mal lu l'énoncé et je pensais que tu te compliquais beaucoup la vie pour parler de deux fonctions de $[0;1]$ dans $[0;1]$. Donc laisse tomber ce que je disais.
  • Par contre, j'ai une question : $\gamma_1$ et $\gamma_2$ ne seraient-elles pas homotopes à ce que j'avais en tête, à savoir les courbes de deux fonctions continues de $[0;1]$ dans $[0;1]$ ?
  • peut être avec le th de Jordan ?
    Supposons $C_1$ et $C_2$ sans points doubles.
    Prenons J=$C_1\cup(0\times[0,1])\cup C_2\cup(1\times[0,1])$
    Alors $J$ devrait définir un intérieur et un extérieur.
    Or on voit que ça fait un "papillon".
    Par continuité des courbes, il doit y avoir un $(\epsilon,k)$ intérieur "en parcourant dans le sens trigo" et un $(1-\epsilon',k')$ intérieur "en parcourant dans le sens négatif" ce qui devrait amener une contradiction.
    Je ne sais pas très bien comment formaliser tout cela.
    Vincent
  • @elodouwen Le problème est que le théorème que je cherche à démontrer est utilisé dans la démonstration du théorème de Jordan (pour le cas différentiable en tout cas). On ne peut donc pas utiliser le théorème de Jordan pour le démontrer.

    Sinon je sais qu’il existe plusieurs démonstrations du théorème que je cherche à montrer (par Brouwer par exemple). La question que je posais dans cette discussion était celle de la démonstration par le lemme des petits carrés (et donc la preuve de ce lemme).
  • Je commence vraiment à penser que ce lemme n'est pas plus simple à démontrer que le théorème général. Cependant j'aimerais beaucoup me tromper et que quelqu'un me présente une démonstration du lemme des carrés rouges qui ne donne pas directement la démonstration du théorème.

    Voici une nouvelle idée : étant donné un quadrillage réguliers de $C=[0;1]^2$de $n^2$ carrés je nomme "chemin de carrés" un sous ensemble de carrés (bord compris) du quadrillages qui soit connexe par arc. Un chemin de carré reliant $a$ et $b$ est un chemin de carrés contenant $a$ et $b$. On a alors le plan de démonstration suivant :

    Lemme :
    Soit $\Gamma_1$ un chemin de carrés reliant $(0;0)$ et $(1;1)$. Soit $\Gamma_2$ un chemin reliant $(0;1)$ et $(1;0)$. On a $\Gamma_1\cap \Gamma_2 \neq \emptyset$

    Une fois que ce lemme est démontré le théorème se prouve comme suit.
    On note $\Gamma_1$ les carrés intersectés par $\gamma_1([0;1])$ et $\Gamma_2$ les carrés intersectés par $\gamma_2([0;1])$, on est bien dans la situation du lemme précédent parce que les $\gamma_i$ sont continues et que chaque carré est connexe par arc (car convexe). Le lemme nous dis donc que $d(\gamma_1([0;1]),\gamma_2([0;1]))\leq \frac{2\sqrt 2}{n}$ et ce pour tout entier $n\geq 1$. On a donc $d(\gamma_1([0;1]),\gamma_2([0;1]))=0$ et puisque $\gamma_1([0;1])$ et $\gamma_2([0;1])$ sont compacts (images d'un compact par une fonction continue) on en déduit qu'ils s'intersectent.


    Ce lemme (non démontré) n'est toujours pas évident mais j'ai déjà plus confiance dans l'existence d'une démonstration élémentaire parce qu'on s'est ramenés à des mathématiques discrètes.
  • @Corto
    J’ai réfléchi au lemme des carrés rouges et j’ai eu plusieurs idées (pas encore concluantes mais bon, au moins ce sont des idées). L’une d’elles est proche de ce que vous avez proposé et se ramène à un problème discret. Voici plus de détails.

    Tout d’abord, notons que dans le lemme que vous proposez, l’intersection de $\Gamma_1$ et de $\Gamma_2$ ne contient pas nécessairement un carré. En effet, si l’on divise par exemple le carré $[0,1]^2$ en quatre carrés, si on prend pour $\Gamma_1$ le chemin de carrés composé du carré contenant $(0,0)$ et du carré contenant $(1,1)$, et si on prend pour $\Gamma_2$ le chemin de carrés composé des deux autres carrés, alors $\Gamma_1 \cap \Gamma_2$ est une réunion de deux segments (le segment joignant $(0,\frac{1}{2})$ à $(1,\frac{1}{2})$ et le segment joignant $(\frac{1}{2},0)$ à $(\frac{1}{2},1)$).

    Je propose un lemme à montrer dans lequel l’intersection contiendra un carré, puis j’explique comment ce lemme se ramène à un problème discret.

    Pour ne pas reprendre les termes « chemins de carrés », j’introduis le notion de « parcours de carrés ». Soient $a$ et $b$ deux points de $[0,1]^2$. J’appelle parcours de carrés de départ $a$ et d’arrivée $b$ toute suite finie $(C_1, C_2, ..., C_q)$ de petits carrés telle que $a \in C_1$, $b \in C_q$ et pour tout entier $k$ entre $1$ et $q-1$, $C_k$ et $C_{k+1}$ aient un bord en commun et $C_k \neq C_{k+1}$.

    Je colorie en rouge les carrés traversés par $\gamma_2$ et en bleu ceux traversés par $\gamma_1$ (encore une fois, « traversé » signifie que la courbe et le carré ont au moins un point d’intersection, même si ce point était un sommet du carré où sur l’un de ses bords).

    J’affirme qu’alors il existe un parcours de carrés $(C_1, C_2, ..., C_q)$ de départ $(0,1)$ et d’arrivée $(1,0)$ constitué uniquement de carrés rouges. Je ne rédige pas de preuve ici mais j’y ai réfléchi et je suis assez convaincu que ça se démontre. Si vous me le demandez j’exposerai mes idées là-dessus.
    De même, il existe un parcours de carrés $(C’_1, C’_2, ..., C’_p)$ de départ $(0,0)$ et d’arrivée $(1,1)$ constitué uniquement de carrés bleus.

    Sous ces hypothèses, le lemme à démontrer est qu’il existe un entier $\alpha$ entre $1$ et $q$ et un entier $\beta$ entre $1$ et $p$ tels que $C_\alpha = C’_\beta$. Autrement dit, l’un des carrés sera à la fois colorié en rouge et en bleu.

    Voici comment ce problème se traduit de façon « discrète ». On considère, dans $\mathbb{Z}^2$, l’ensemble $[\![ 0, n -1 ]\!] ^2$. Cet ensemble représente le carré initial $[0,1]^2$. Chaque point représente le petit carré qui lui correspond. Par exemple, le point $(0,0)$ correspond au carré en bas à gauche et $(n-1, n-1)$ correspond au carré en haut à droite.

    De la même façon que pour les parcours de carrés, je considère deux points $A$ et $B$ de $[\![ 0, n -1 ]\!] ^2$, et j’appelle parcours entier de départ $A$ et d’arrivée $B$ toute suite finie $(X_1, X_2, ..., X_q)$ de points de $[\![ 0, n -1 ]\!] ^2$ telle que $A=X_1$, $B=X_q$ et pour tout entier $k$ entre $1$ et $q-1$, il existe $\varepsilon_k \in \{ (0,1), (0,-1), (1,0), (-1,0) \}$ tel que $X_{k+1} = X_k + \varepsilon_k$. En d’autres termes, on relie $X_k$ à $X_{k+1}$ par un segment horizontal ou vertical de longueur $1$, tout en restant dans le carré $[\![ 0, n -1 ]\!] ^2$. Le fait que l’on relie $X_k$ à $X_{k+1}$ par un segment horizontal ou vertical vient du fait que dans le parcours de carrés correspondant, $C_k$ et $C_{k+1}$ ont un bord en commun. Un parcours entier de départ $A$ et d’arrivée $B$ se représente donc comme une suite finie de segments horizontaux et verticaux de longueur $1$, reliant des points de $[\![ 0, n -1 ]\!]^2$, partant de $A$ et arrivant en $B$.

    On traduit le lemme ainsi: soient $X=(X_1, X_2, ..., X_q)$ un parcours entier de départ $(0, n-1)$ et d’arrivée $(n-1, 0)$ et $Y=(Y_1, Y_2, ..., Y_p)$ un parcours entier de départ $(0,0)$ et d’arrivée $(n-1,n-1)$. Alors il existe un entier $\alpha$ entre $1$ et $q$ et un entier $\beta$ entre $1$ et $p$ tels que $X_\alpha = Y_\beta$. En d’autres termes, les parcours entiers $X$ et $Y$ ont un point en commun.

    Sous ces termes, le lemme semble en effet plus simple à démontrer. Je suis entrain d’y réfléchir, mais je ne vois pas trop comment l’attaquer. Est-ce un problème d’algèbre, de dénombrement, de théorie des graphes??

    Voyez-vous comment faire ou sinon avez-vous des idées?
  • Tu as raison pour cette histoire de parcours. En fait les $\Gamma_i$ sont des chemins de carré qui ont une propriété supplémentaire, si la courbe $\gamma_i$ passe d'un carré à un autre par un coin alors on colorie en fait les 4 carrés qui ont ce coin en commun, on peu donc toujours passer d'un carré à un autre de $\Gamma_i$ en ne faisant que des déplacement haut/bas gauche/droite. Une autre propriété des $\Gamma_i$ c'est qu'ils contiennent au moins un carré dans chaque ligne et chaque colonne du quadrillage (c'est une conséquence rapide du TVI).

    J'ai un peu essayé de démontrer mon lemme mais sans succès, même en remplaçant le mot chemin par parcours. C'est assez rageant d'ailleurs pour quelque chose qui a l'air si simple en apparence. J'ai tenté de regarder "le premier carré rouge qui n'a aucun carré bleu au dessus de lui" ou "le premier carré rouge qui possède un carré bleu en dessous de lui" mais ça ne marche pas. Je pense qu'il doit y avoir une preuve astucieuse et pas topologique de ce résultat. Une preuve combinatoire devrait au moins exister, puisqu'il existe des preuves combinatoires du théorème de Brouwer.

    Je vais aller regarder du côté du jeu de hex, c'est un jeu qui ressemble furieusement à notre situation et qui a été étudié par des mathématiciens.
  • Salut,
    Corto, je ne suis pas trop d'accord pour cette histoire des 4 carrés coloriés si on passe par le coin. En effet je pense que pour que le découpage fonctionne, l'ensemble des carrés doit constituer une partition de $[0,1]^2$, les carrés ne sont donc généralement pas des fermés et chaque coin n'appartient qu'à un seul carré.
    Par ailleurs, je suppose qu'il faut fixer termes, je n'y connais rien à la théorie des graphes, mais je propose ça:
    Si $A$ et $B$ sont deux carrés, je ne dirais pas que "$A$ et $B$ sont voisins directs" si $\overline{A}\cap \overline{B} \neq \emptyset$ mais plutôt si $\overline{A}\cap B \neq \emptyset$ ou $A\cap \overline{B}=\neq \emptyset$. Si on prend comme convention un truc du genre: "chaque carré possède son coin supérieur droit" on aura alors 7 voisins directs pour un carré "à l'intérieur" (lui-même, les quatre qui possèdent un "bord commun avec lui", celui qui possède son coin "inférieur gauche" et celui qui est en contact avec son coin "supérieur droit").
  • Je n'ai pas lu les contributions du fil, mais on trouve une réponse au problème ici :
    https://groups.google.com/d/msg/fr.sci.maths/Y10Gn2eWaFs/t8pf1TRdbfsJ
  • Titi : Je ne vois pas l'intérêt d'avoir une partition exacte, ça complique même les choses non ?
  • Tu as probablement raison, mais en fait pour montrer que "$\Gamma_{1,n}$, la trace de $\gamma_1$" sur $A_n$, l'ensemble des carrés, est connexe (je veux dire par là que pour chaque paire d'élément de $\Gamma_{1,n}$ il existe une chaîne dans le graphe $A_n$ et ne passant que par des éléments de $\Gamma_{1,n}$), je suis allé vers un truc à base de borne inférieur (et ça pointe vers des frontières), et j'avais l'impression que j'avais besoin d'une fonction clairement définie de $[0,1]$ vers $A_n$, mais finalement on s'en passe :-D... Edit À la réflexion, pour ma démonstration ci-dessous, j'avais besoin de propriété comme " la chaîne ne passe pas entre deux sommets libres et voisins entre eux, et si il y a des "arêtes croisées" parce que les coins sont partagés, cette propriété devient fausse, du coup, je préfère ma convention qui n'autorise qu'un seul type "d'arête diagonale".

    Sinon pour la démonstration avec les petits carrés, je crois que je tiens un bon truc (librement inspiré du coup du comptage de traversée de la courbe), j'explique avec les mains:
    edit: petite convention, $A_n$ est l'ensemble des sommets du graphes (qui représente les carrés), on représente généralement ses éléments par un couple $(i,j)\in |[1,n]|^2$, l'ensemble des arêtes sont les paires $\{(i,j),(i',j')\}\in \mathcal{P}(A_n) $ vérifiant: $i=i'\wedge j=j'\pm 1$, ou $j=j'\wedge i=i'\pm 1$, ou $i'=i+1\wedge j'=j+1$ (ou $-1$ mais vu qu'on parle de paire et non de couple, ça marche dans l'autre sens). $\Gamma_{1,n}$ est une partie de $A_n$ (et on ne nommera pas l'ensemble des arêtes, parce qu'on ne fait pas ici une démonstration propre).
    - Une fois qu'on sait que l'ensemble $\Gamma_{1,n}$ est une partie connexe du graphe (je veux dire partie de l'ensemble des sommets du graphe, les rigoristes risquent de me tomber dessus), on se dit que si il existe une chaîne allant de (1,n) à (n,1), et ne passant pas par $\Gamma_{1,n}$ elle ne passera pas non plus par une partie quelconque de $\Gamma_{1,n}$, du coup, on "élague" $\Gamma_{1,n}$, jusqu'à ce qu'il n'en reste que de quoi faire une unique chaîne simple (edit: très simple même, on supprime les sommets par lesquels elle ne passe pas) de (1,1) à (n,n), ça se démontre par récurrence.
    - Une fois qu'on a réduit à la chaîne minimale, "on oriente les arêtes" (ça entre en (1,1), ça sort en (n,n)). De cette manière pour tout élément $x$ de $\Gamma_{1,n}^e$ ("e" pour élagué), il n'existe que deux arêtes le connectant au reste de cette ensemble, une entrante et une sortante, chaque arête est soit "parfaitement vertical" soit "va plutôt vers la gauche" soit "va plutôt vers la droite, par commodité on considérera qu'il existe une arête "entrante" qui vient de l'extérieur et pointe vers (1,1) et elle va à droite, et une arête "sortante" qui va vers l'extérieur depuis (n,n) et qui va aussi à droite.
    À chacune des arêtes (orientée) on associe un élément de $Z_4$ (le groupe cyclique à quatre éléments qu'on notera 1,$i,-i$,-1 ), si l'arête est parfaitement verticale, c'est 1, si elle va plutôt vers la droite, c'est $i$, si elle va plutôt vers la gauche, c'est $-i$.
    Une fois cette convention posée, on pose la fonction de $A_n$ dans $Z_4$ suivante $\forall (i,j), f( (i,j) = \displaystyle \prod_{k=1}^{j} g( (i,k) )$.
    On définit ainsi $g$: si (i,j) n'appartient pas à $\Gamma_{1,n}^e$ alors $g(i,j)=1$ et sinon il est égal au produit des éléments de $Z_4$ associés à ces deux arêtes.

    Maintenant on considère deux éléments de $A_n$ ils sont voisins (nommons les $x$ et $y$) et ne sont pas éléments de $\Gamma_{1,n}^e$ (qui ne peut pas passer "entre les deux", sinon ils ne seraient pas voisins). Intéressons nous aux valeurs relatives de $f(x)$ et $f(y)$, si ils sont l'un au dessus de l'autre, c'est évident, disons que $x$ est "plutôt à gauche" de $y$.
    - Disons que la courbe passe sous $x$ (en venant de la gauche donc allant vers la droite donc $\times i$ ), soit elle monte ou descend avant de repartir vers la gauche ($\times -i$) ce qui ne change pas les valeurs relatives ($\times 1$ pour les deux).
    - Si elle traverse, ça fait $\times -1$ pour les deux.
    - Si elle arrive d'un côté fait des zigzagues sous les deux avant de repartir d'un côté où de l'autre, on se rend vite compte que les zigzags ne changent rien au problème et que pour savoir par quoi on doit multiplier les deux, il faut juste regarder par où elle arrive et par où elle part.
    Donc au final, $f(x)=f(y)=\pm 1$.
    Là dessus, il n'y a plus qu'à montrer que si $(1,n)$ n'appartient pas à $\Gamma_{1,n}^e$ alors $f( (1,n) ) =-1$ (rappel on a pris une convention entrante vers la droite en (1,1) ). Et si (n,1) n'appartient pas à $\Gamma_{1,n}^e$ alors $f( (n,1 )) =1$ (c'est un peu plus évident).
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