Compacité, max et continuité

gimax
Modifié (October 2023) dans Topologie
Bonjour

Soit $X$ un espace compact et $f : X\times X \to \R$ continue. Soit $S : x \mapsto \max_{y\in X}f(x,y)$.
La fonction $S$ est-elle continue ? J'ai envie de dire que oui, mais n'ai pas réussi à le prouver.

Merci d'avance pour votre aide.
gimax
«1

Réponses

  • Bonsoir,
    Est-ce que $X$ est métrique ? Si oui, on peut s'en sortir avec la caractérisation séquentielle de la continuité.
  • @gimax on peut procéder ainsi pour montrer que $S$ est continue en un point $x_0$ :

    Soit $\varepsilon >0$. Pour tout $y\in X$, par continuité de $f$ en $(x_0,y)$, il existe un voisinage ouvert $V_{y}$ de $x_0$ et un voisinage ouvert $W_y$ de $y$ tels que $\forall (x,y') \in V_{y}\times W_{y}, \; |f(x,y')-f(x_0,y)|\leq \varepsilon$.

    Par compacité de $X$, il existe un entier $n$ et $y_1,...,y_n\in X$ tels que $X=\bigcup\limits_{i=1}^{n} W_{y_i}$. On peut sans perte de généralité supposer que $y_n$ vérifie $f(x_0,y_n)=S(x_0)$.
    On pose $V:=\bigcap\limits_{i=1}^n V_{y_i}$. Il ne reste qu'à vérifier que $V$ est un voisinage de $x_0$ qui fait l'affaire.

    En effet, soit $ y\in X$. Il existe $i\leq n$ tel que $y\in W_{y_i}$ et donc $\forall x\in V, \; |f(x,y)-f(x_0,y_i)|\leq \varepsilon$.

    On a donc : $\forall x\in V,\; f(x,y)\leq f(x_0,y_i)+\varepsilon \leq S(x_0)+\varepsilon$. Vu que $y$ est quelconque ceci implique $\forall x\in V,\; S(x)\leq S(x_0)+\varepsilon$.

    Pour finir, $\forall x\in V,\; |f(x,y_n)-f(x_0,y_n)| \leq \varepsilon$. Donc $ S(x_0)-\varepsilon = f(x_0,y_n)-\varepsilon \leq f(x,y_n)\leq S(x)$.

    En conclusion, $\forall x\in V,\; |S(x)-S(x_0)|\leq \varepsilon$.
  • on laisse à gmax vérifier la preuve de raoul
    Dans le cas d'un e.v normé c'est encore plus simple
    Le 😄 Farceur


  • Merci beaucoup raoul.S !

    Aux autres : non, $X$ n'est pas métrique et encore moins un evn.

    Encore merci.
  • gmax c'est bien de savoir une preuve dans un espace topologique (je n' ai pas tout compris dans la preuve de raoul).
    Mais si tu rencontres cette question dans un oral ou un écrit avec $X=\R^n $, tu vas t'en sortir comment. J'attend ta réponse ( ca serait mal vu de reproduire la preuve de Raoul que je félicite )
    Le 😄 Farceur


  • Mais si tu rencontres cette question dans un oral ou un écrit avec X=Rn, tu vas t'en sortir comment. J'attend ta réponse ( ca serait mal vu de reproduire la preuve de Raoul que je félicite )

    J'ai passé l'âge des études, des oraux et des écrits depuis un petit moment. J'étudie juste des choses qui m'intéressent, pour mon plaisir personnel, et je ne viens pas ici pour être bien ou mal vu.

    Cela dit, je crois que Calli a déjà répondu à la question : caractérisation séquentielle de la continuité. Je ne vois pas ce qu'être dans $\R^n$ va apporter de plus par rapport à être dans un métrique.
  • Désolé, confusion avec un autre pseudo plus jeune. Je voulais seulement dire , lorsque on simplifie l espace on simplifie les preuves.
    Le 😄 Farceur


  • Je suis bien d'accord que c'est plus simple si on est métrique !
    Mais je ne vois pas ce qu'être dans $\R^n$ apporte par rapport à être métrique.
  • Par contre, je n'appellerais pas ça "simplifier l'espace". C'esst plutôt le contraire d'une certaine manière : plus un espace a de la structure, et plus on va avoir d'outils à disposition pour prouver des résultats. Ajouter de la structure à un espace, ce n'est pas le simplifier, c'est le rendre plus riche.
    Mais c'est juste une question sémantique. :-)
  • Si tu es d' accord je vais (ou un autre) chercher une preuve valable dans $\R^n $ pour voir si on peut la calquer pour un métrique (tout ça c'est pour le plaisir et ne comprend pas mal mes propos )
    Le 😄 Farceur


  • Fais toi plaisir ! Si tu as un truc qui est plus rapide dans $\R^n$ (enfin dans un compact de $\R^n$, je ne suis pas sûr qu'on puisse se passer de l'hypothèse de compacité), que dans un métrique compact quelconque, c'est toujours intéressant !
  • En fait on peut aussi faire une preuve séquentielle lorsque $X$ est un espace topologique en utilisant des suites généralisées (aussi appelées filets). C'est à peine plus compliqué qu'avec des suites classiques car le principe est vraiment le même. Mais leur usage n'a pas l'air très répandu, donc je pense que la preuve de Raoul satisfera plus la majorité des gens.
  • Merci Calli pour cette info. Je ne connais effectivement pas les filets...
  • Dans la preuve de raoul, je ne vois pas
    On peut sans perte de généralité supposer que $y_n$ vérifie
    $f(x_0,y_n)=max_{y\in K}f(x_0,y)$.
    Le 😄 Farceur


  • Par compacité de $X$, tu sais qu'il existe $y^*$ tel que $\max_{y\in X}f(x_0,y)=f(x_0,y^*)$.

    Et tu sais qu'il existe un indice $i$ tel que $y^*\in W_{y_i}$. Tu peux supposer que $i=n$.

    Non, c'est plutôt que tu peux ajouter $y^*$ à ta liste. Je précise : par compacité de $X$, tu sais qu'il existe une famille finie $(y_i)_{1\leq i \leq n}$ tel que $X=\bigcup_{i=1}^n W_{y_i}$. C'est encore vrai que $X=\left(\bigcup_{i=1}^n W_{y_i}\right)\cup W_{y^*}$.
  • Merci je vais regarder en fumant une cigarette B-)-
    Le 😄 Farceur


  • gebrane tu fumes ? Je ne t'imaginais pas en fumeur.
  • Tu as déjà oublié le code Poirot ? Dernière la fumée, il y a MSE
    Le 😄 Farceur


  • Ah mais si les smileys changent à chaque fois on ne s'y retrouve pas !
  • Je choisis les Smiley de couleurs vertes exprès.
    Le 😄 Farceur


  • side : il me semble que tu utilises la caractérisation séquentielle de la continuité, donc que tu es dans un espace métrique. Mais j'avoue que je ne comprends pas bien ce que tu fais.

    On doit peut-être pouvoir utiliser cette caractérisation dans d'autres espaces que les espaces métriques (je parle de la caractérisation usuelle, pas de celle donnée par Calli), mais probablement pas dans un espace topologique quelconque.
  • Ok. Je ne suis pas familier d'utiliser la convergence de suite dans des espaces non métriques.

    Mais je ne vois pas pourquoi $y^*$ est une valeur d'adhérence de la suite $(y_n)$. Je suis d'accord que par compacité, ta suite $(y_n)$ va avoir des valeurs d'adhérence, mais il n'y a priori aucune raison que $y^*$ soit l'une d'elle.
  • Bon sinon, voici ce que j'avais dans le cas métrique. La fonction $f$ est uniformément continue.
    Soit $\epsilon>0$ soir $r>0$ tel que si $d(x,y),(x',y'))<r$ alors $|f(x,y)-f(x',y')|<\epsilon$.

    Soit $y_1,\dots,y_m$ tels que $X= \bigcup_{i=1}^m B(y_i,r)$.

    Soit $x^*$ et soit $y^*$ tel que $S(x^*)=f(x^*,y^*)$. Soit $(x_n)_{n}$ qui converge vers $x^*$.

    Pour tout $y$, $\lim_{n \to \infty}f(x_n,y^*)-f(x_n,y)= f(x^*,y^*)-f(x^*,y)\geq 0$. Donc il existe $N$ tel que pour tout $n\geq N$, et tout $1\leq i \leq m$, $f(x_n,y^*)-f(x_n, y_i) \geq -\epsilon$.

    Soit $n\geq N$ et soit $y\in X$, il existe $i$ tel que $y\in B(y_i,r)$. Alors, comme
    $$
    f(x_n,y^*)-f(x_n,y)=f(x_n,y^*)-f(x_n,y_i)+f(x_n,y_i)-f(x_n,y)
    $$
    on a $f(x_n,y^*) \geq f(x_n,y)-2\epsilon$.

    Ceci est vrai pour tout $y$, donc $f(x_n,y^*) \geq S(x_n)-2\epsilon$. Ceci est vrai pour tout $n\geq N$ donc $S(x) \geq S(x_n)-2\epsilon$.

    D'autre part, il existe $N'\geq N$ tel que pour $n \geq N'$, $d(x_n, x^*) < r$. Alors $f(x_n,y^*) \geq f(x^*,y^*)-\epsilon= S(x^*)-\epsilon$. Donc $S(x_n) \geq S(x^*)-\epsilon$.

    gebrane : je ne vois pas comment on peut faire "plus simple" en prenant un compact de $\R^n$ au lieu d'un métrique compact. Tu as quelque-chose ?

    PS : gebrane et Poirot, c'est quoi MSE ? C'est quoi cette histoire de code ?

    EDIT : certains $x$ étaient en fait des $x^*$. J'ai corrigé cela, j'espère qu'il n'y a pas d'autres fautes de typo...
  • Side, comme déjà dit, je comprends bien que ta suite $y_n$ va avoir des valeurs d'adhérence. Je ne comprends pas pourquoi l'une de ses valeurs d'adhérence serait $y^*$.
  • Calli
    Modifié (October 2023)
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2039662,2040248#msg-2040248
    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2039662,2040260#msg-2040260

    Je me suis dit que j'allais détailler cette histoire de filet car ils sont pratiques pour généraliser les raisonnements séquentiels en topologie générale.

    $\textbf{Définition :}$ Un filet (ou suite généralisée, ou net) sur un espace topologique $X$ est une application $x:I\to X$ où $I$ est un ensemble non vide muni d'un ordre filtrant croissant (i.e. chaque paire est majorée). On aime bien noter le filet sous la forme $(x_i)_{i\in I}$. Par exemple, en prenant $I=\Bbb N$, on retrouve les suites classiques.

    $\textbf{Définition :}$ Un filet $(x_i)$ converge vers $a\in X$ si, pour tout voisinage $V$ de $a$ : $\exists i_0\in I, \forall i\in I, i \geqslant i_0\Rightarrow x_i\in V$.

    $\textbf{Proposition :}$ Une application $f:X\to Y$ entre deux espaces topologiques est continue en $a\in X$ ssi, pour tout filet $(x_i)$ de $X$ convergeant vers $a$, le filet $(f(x_i))_{i\in I}$ converge vers $f(a)$.

    Preuve : Appliquer les définitions pour le sens direct. Et faisons la réciproque par contraposée. Si $f$ n'est pas continue en $a$, alors il existe un voisinage $V$ de $f(a)$ tel que, pour tout voisinage $U$ de $a$, $f(U)\not\subset V$. Posons $I \displaystyle=\bigcup_{U\text{ voisinage de }a} \{U\}\times (U\setminus f^{-1}(V))$ qu'on munit de l'ordre tel que $(U,x)\leqslant (U',x') \Leftrightarrow U\supset U'$. Alors, on vérifie que $(U,x)\mapsto x$ est un filet indexé par $I$ qui converge vers $a$ et dont l'image ne converge pas vers $f(a)$.

    $\textbf{Proposition :}$ Soit $(x_i)$ un filet sur un espace quasi-compact $X$. Alors $x$ possède une valeur d'adhérence, i.e. un élément $a\in X$ tel que pour tout voisinage $V$ de $a$ : $\forall i_0\in I,\exists i\geqslant i_0, x_i\in V$.

    Preuve : Par l'absurde. Sinon, tout $a\in X$ possède un voisinage $V_a$ tel que : $\exists i_a\in I,\forall i\geqslant i_a, x_i\not\in V_a$. On extrait un sous-recouvrement fini $V_{a_1},\dots,V_{a_n}$. Il existe $\iota\in I$ majorant $i_{a_1},\dots,i_{a_n}$. Alors $x_\iota$ n'est dans aucun $V_{a_k}$, donc il n'est pas dans $X$ : absurde.

    Preuve de l'énoncé de ce fil : Soient $x\in X$ et $(x_i)_{i\in I}$ un filet de $X$ convergeant vers $x$. Montrons que $(S(x_i))$ converge vers $S(x)$. Soit $\varepsilon >0$. Soit $x'\in X$ tel que $S(x)=f(x,x')$.
    1) Par continuité de $f$ en $(x,x')$, il existe un voisinage $U\times V$ de $(x,x')$ sur lequel $f$ est supérieur à $S(x)-\varepsilon$. Soit $i_0$ tel que : $\forall i\geqslant i_0, x_i\in U$. Alors : $\forall i\geqslant i_0, S(x_i)\geqslant f(x_i,x')\geqslant S(x)-\varepsilon$.
    2) Ensuite, supposons par l'absurde l'inexistence de $i_1$ tel que : $\forall i\geqslant i_1, S(x_i)\leqslant S(x)+\varepsilon$. Soient $J=\{(i,y)\in I\times X\mid S(x_i)> S(x)+\varepsilon \text{ et } f(x_i,y)=S(x_i)\}$ muni de l'ordre tel que $(i,y)\leqslant (i',y')\Leftrightarrow i\leqslant i'$, et le filet $z : (i,y)\in J\mapsto y$. On vérifie que $z$ est bien un filet (ici on utilise la compacité, et plus précisément le théorème de la borne atteinte, pour montrer que l'ordre sur $J$ est filtrant croissant). Alors $z$ possède une valeur d'adhérence $a$. Soit $U'\times V'$ un voisinage de $(x,a)$ sur lequel $f$ est inférieur à $f(x,a)+\varepsilon$. Il existe $\iota\in I$ tel que : $\forall i\geqslant\iota, x_i\in U'$. Et il existe $(i,y) \in J$ avec $i\geqslant\iota$ tel que $y=z_{(i,y)}\in V'$ (ici on utilise l'hypothèse absurde). Donc $$S(x)+\varepsilon<S(x_i) =f(x_i,y)\leqslant f(x,a)+\varepsilon\leqslant S(x)+\varepsilon.$$ C'est absurde, donc : $\exists i_1,\forall i\geqslant i_1, S(x_i)\leqslant S(x)+\varepsilon$.
    3) Alors n'importe quel majorant de $i_0$ et $i_1$ est un rang à partir duquel $|S(x_i)-S(x)|<\varepsilon$. CQFD

    PS: J'ai pris soin de ne pas utiliser l'axiome du choix. Y avoir recours peut simplifier la rédaction (par exemple en faisant, pour tout $i$, un choix de $y_i$ tel que $f(x_i,y_i)=S(x_i)$).

    Ma preuve n'est finalement pas plus simple que celle de Raoul, mais elle montre que les filets peuvent être bien utiles quand on a trouvé un raisonnement de type séquentiel et qu'on manque d'inspiration pour en trouver un purement topologique (je veux dire : juste avec des histoires d'ouverts, de fermés, etc.).
  • Je n'avais pas vu l'intervention de side et les messages qui ont suivi (j'ai mis un peu de temps à écrire mon message précédent). Je vais les lire.
  • Merci Calli. Tout ceci est très nouveau pour moi, et contrairement à toi, je suis quelqu'un de très lent ; il ne me suffit pas de lire une fois pour comprendre.

    Est-ce qu'on pourrait se passer d'un raisonnement par l'absurde dans la preuve (celle de mon énoncé) et adapter vraiment la preuve que j'ai donnée dans le cas métrique ? Ou bien est-ce qu'un raisonnement direct est vraiment plus long qu'un raisonnement par l'absurde ?
  • À side et gimax :
    side a écrit:
    Dans ce qui suit, je ne pense pas que j'utilise la moindre notion métrique. [...]
    $\forall z \in S(\overline A) $ il existe $x\in X$ et une suite $(x_n) $ d'éléments de $A$ tels que la suite $(x_n) $ converge vers $x$ et $S(x)=z$

    Non, c'est faux. Il est possible d'avoir $x\in \overline A$, mais aucune suite de $A$ qui converge vers $x$. Un exemple : $X=[0,\omega_1]$, $A=[0,\omega_1[$ et $x=\omega_1$ (avec $\omega_1$ le premier ordinal indénombrable et la topologie de l'ordre des ordinaux sur $X$).
    side a écrit:
    $\forall n$, il existe $y_n\in X$ tels que [...] et toujours par compacité on peut trouver une sous-suite $(y_{\varphi(n)}) $ convergeant vers un élément $y^{*} \in X$.

    Encore non, mais là j'avoue que c'est très piégeux ! Je m'étais fait avoir par ça l'année dernière quand je préparais mon TIPE. Soit $(y_n)$ une suite d'un espace compact $X$. Alors $(y_n)$ possède une valeur d'adhérence $a$ (au sens de la définition que j'ai donnée dans mon gros message) : pour tout voisinage $V$ de $a$, il existe une infinité d'indices $n$ tels que $y_n\in a$. Mais ça ne veut pas dire qu'il existe une sous-suite de $(y_n)$ qui converge vers $a$ ! Par exemple, si on prend $X=\{0,1\}^{\mathcal{P}(\Bbb N)}$ et $y_n = (\mathbf{1}_A(n))_{A\in \mathcal{P}(\Bbb N)}$, alors $X$ est compact d'après le théorème de Tykhonov. Mais pour toute extractrice $\varphi$, la projection selon la coordonnée $\{\varphi(2n)\mid n\in\Bbb N\}$ de $y_{\varphi(n)}$ est $\mathbf{1}_{2\Bbb N}(n)$ qui ne converge pas, donc $(y_{\varphi(n)})$ ne converge pas.
    gimax a écrit:
    On doit peut-être pouvoir utiliser cette caractérisation dans d'autres espaces que les espaces métriques (je parle de la caractérisation usuelle, pas de celle donnée par Calli), mais probablement pas dans un espace topologique quelconque.

    Sur des espaces séquentiels, certaines choses marchent toujours avec les suites. Peut-être pas tout ; je ne suis pas sûr (voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Espace_séquentiel). En pratique, retenir que les suites c'est très bien en espace métrique mais, dès qu'on a des espaces topologiques non métriques, ça se casse la gueule.
  • @side j'ai quand même un doute sur ta preuve.

    En effet tu prends un $x\in \overline A$ et tu dis qu'il existe une suite $(x_n)$ dans $A$ qui converge vers $x$. Mais justement ceci n'est pas vrai dans les espaces topologiques généraux. Dans les espaces métriques oui mais autrement pas forcément.

    D'ailleurs après une recherche sur Wikipedia j'ai trouvé que les espaces topologiques qui jouissent de cette propriété portent un nom : Espaces de Fréchet-Urysohn. Les espaces métriques sont donc des espaces de Fréchet-Urysohn mais il se trouve que les espaces compacts ne le sont pas en général.

    D'ailleurs l'espace $I^I$ avec $I=[0,1]$ devrait être un contre-exemple comme indiqué ICI.

    Edit : OK j'ai posté un poil après Calli
  • gimax a écrit:
    Est-ce qu'on pourrait se passer d'un raisonnement par l'absurde dans la preuve (celle de mon énoncé) et adapter vraiment la preuve que j'ai donnée dans le cas métrique ? Ou bien est-ce qu'un raisonnement direct est vraiment plus long qu'un raisonnement par l'absurde ?

    Oui. En fait l'adaptation aux espaces non métriques de ton raisonnement, c'est ce qu'a fait Raoul. En tout cas, c'est ma façon de voir les choses.
  • Calli, je parlais de ta preuve avec les filets. J'ai bien vu que la preuve de raoul.S marchait très bien dans les espaces topologiques quelconques ! Je rebondissais sur ceci :
    Calli a écrit:
    ...mais elle montre que les filets peuvent être bien utiles quand on a trouvé un raisonnement de type séquentiel et qu'on manque d'inspiration pour en trouver un purement topologique

    Ma question était donc : peut-on adapter ma preuve avec les filets ?

    En fait, plus généralement, ma question était surtout : peut-on faire une preuve (de mon énoncé de départ) avec les filets qui ne soit pas plus longue que celle que tu as proposée, mais qui ne soit pas par l'absurde ?
  • gmax
    MSE est le site suivant https://math.stackexchange.com/questions/3735262/if-fx-sup-y-in-kgx-ya-continuous-function-on-topological-space/3735495#3735495

    Ta preuve utilisant l'uniforme continuité, tu l'as compliqué à mon avis on peut procéder comme dans https://math.stackexchange.com/questions/698150/is-fx-sup-y-in-kgx-y-a-continuous-function

    Je pose souvent des questions posées ici sur MSE pour explorer d'autres méthodes
    Le 😄 Farceur


  • En fait la structure de ta preuve c'est : soit une suite qui converge vers $x$, soit $\varepsilon$, il existe un voisinage de $x$ sur lequel $S$ vaut $S(x)$ à $\varepsilon$-près, et à partir d'un certain rang $x_n$ est dans ce voisinage. Pour moi, tu n'exploites pas vraiment les propriétés des suites (extraction de sous-suite, etc.). Donc autant directement montrer l'existence d'un voisinage de $x$ sur lequel $S$ vaut $S(x)$ à $\varepsilon$-près. Et quand on adapte ça dans un espace non métrique, on tombe sur la preuve de Raoul.
  • En effet. Merci de ta réponse !
  • Je voulais rebondir sur cette affirmation de Calli concernant les filets :
    Calli a écrit:
    Mais leur usage n'a pas l'air très répandu,

    et il est vrai qu'on leur préfère les filtres comme généralisation de la notion de suite, en tout cas il me semble.

    Et je crois savoir pourquoi. Avec les filtres on peut caractériser la compacité, comme avec les suites dans le cas des espaces métriques.

    Rappel avec les suites : un espace métrique est compact ssi toute suite possède une sous-suite convergente.

    Avec les filtres on a de façon générale : un espace topologique $X$ est compact ssi pour tout filtre sur $X$ il existe un filtre plus fin qui converge. (un filtre plus fin est l'équivalent de sous-suite).

    Mais avec les filets on ne peut pas dire $X$ est compact ssi tout filet possède un "sous-filet" qui converge. Il faudrait déjà définir c'est quoi un sous-filet et il me semble que même avec une définition intuitive on aura pas ce résultat.


    Deuxième remarque : en réfléchissant aux filets je me suis rendu compte que la relation d'ordre que tu définis Calli par $(U,x)\leqslant (U',x') \Leftrightarrow U\supset U'$ dans ce message http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?4,2039662,2040658#msg-2040658 n'en est pas une car à priori elle n'est pas antisymétrie, ou me trompé-je ? Il me semble qu'il peut y avoir plusieurs $x$ pour un même $U$ non ? Du coup je me dis que pour garantir un seul $x$ par $U$ il faut le "choisir"... et on tombe sur AC. Mais je ne suis pas sûr.
  • D'après ce que j'ai compris, les filtres sont préférés en France et les filets sont plutôt utilisés par des anglophones. Mais ces deux notions sont équivalentes dans le sens où toute propriété sur les filtres possède un analogue avec des filets et réciproquement. On a une sorte de dualité : à un filet est associé le filtre des parties dans lesquelles le filet tombe à partir d'un certain rang, et à tout filtre possède un filet qui lui est associé. NB: Je ne sais pas si on peut rendre rigoureuse ma remarque "toute propriété sur les filtres possède un analogue avec des filets et réciproquement", mais en tout cas en pratique je l'ai toujours vu être vérifiée.

    L'avantage des filets c'est qu'ils sont plus intuitifs car il ressemble aux suites classiques ; c'est pour cela que je les préfère. Mais il y a plusieurs définitions de sous-filets qui cohabitent. Je crois qu'elles sont plus ou moins équivalentes, sauf une qui est clairement plus faible ("sous-filet fréquent", cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Suite_généralisée#Sous-filets). La raison c'est que ce sont les filtres qui sont les vrais objets intrinsèques et donc, en ce sens, ils sont meilleurs. Mais je préfère les filets, car plus intuitifs pour moi comme je l'ai dit.
  • Pour ta deuxième remarque, tu as raison, j'ai juste défini un préordre. Je pense qu'on peut corriger le tir en posant $(U,x)< (U',x') \Leftrightarrow U\supsetneq U'$. C'est le truc que j'avais en tête en fait, mais je l'ai mal écrit.

    La suite de mon plaidoyer pour les filets dans mon prochain message...
  • Raoul a écrit:
    Mais avec les filets on ne peut pas dire $X$ est compact ssi tout filet possède un "sous-filet" qui converge. Il faudrait déjà définir c'est quoi un sous-filet et il me semble que même avec une définition intuitive on aura pas ce résultat.

    Si, on peut. Je poursuis ici ce message : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2039662,2040658#msg-2040658.

    $\textbf{Définition :}$ Un sous-filet d'un filet $(x_i)_{i\in I}$ est un filet $(y_j)_{j\in J}$ tel qu'il existe une application $h: J\mapsto I$ vérifiant $y=x\circ h$ et : $\forall i\in I, \exists j_0\in J, \forall j\geqslant j_0, h(j)\geqslant i$.

    Remarque :
    1. On voit des variantes de cette définition dans l'article Wikipédia que j'avais mis en lien. Je l'ai déjà évoqué dans mon avant-dernier message.
    2. On ne demande ni que $h$ soit croissante, ni qu'elle soit injective.
    3. Un sous-filet d'une suite classique n'est pas forcément une suite classique, et a fortiori pas forcément une sous-suite classique.

    $\textbf{Proposition :}$ Soient $(x_i)_{i\in I}$ un filet d'un espace topologique $X$ et $a\in X$. Alors $a$ une valeur d'adhérence de $(x_i)$ ssi il existe un sous-filet de $(x_i)$ qui converge vers $a$.

    Preuve : Pour le sens direct, soit $J = \displaystyle\bigcup_{V\text{ voisinage de }a}\{V\}\times \{i\in I\mid x_i \in V\} $ qu'on munit de l'ordre produit, i.e. $(V,i)\leqslant (V',i') \Leftrightarrow$ $V\supset V' \wedge i\leqslant i'$. Soient $h:J\to I, (V,i)\mapsto i$ et $y=x\circ h$. Alors $(y_j)_{j\in J}$ convient. Pour la réciproque, appliquer les définitions.

    $\textbf{Théorème :}$ Soit $X$ un espace topologique. Alors $X$ est quasi-compact ssi tout filet de $X$ possède un sous-filet convergent.

    Preuve : Le sens direct est immédiat avec la proposition ci-dessus et la dernière proposition de http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2039662,2040658#msg-2040658. Réciproquement, supposons que tout filet de $X$ possède un sous-filet convergent. Soit $R$ un ensemble d'ouverts de $X$ qui recouvrent l'espace et sans sous-recouvrement fini. Soient ${\cal P}_f(R)$ l'ensemble des parties finies de $R$, $I = {\displaystyle\bigcup_{A\in {\cal P}_f(R)}} \{\bigcup A\}\times (X\setminus\bigcup A)$ qu'on munit de l'ordre $(U,x)<(U',x') \Leftrightarrow U\subsetneq U'$ et $y:(U,x)\in I\mapsto x$. L'hypothèse sur $R$ montre que l'ordre sur $I$ est filtrant croissant et que $y$ est un filet. Alors $x$ possède une valeur d'adhérence $a$. Soient $U \in R$ tel que $a\in U$ et $x\in X\setminus U$. Puisque $(U,x)\in I$ et $a$ est une valeur d'adhérence, il existe $(U',x')\in I$ tel que $(U',x')\geqslant (U,x)$ et $x'=y_{(U',x')}\in U$. Or $x'\in X\setminus U' \subset X\setminus U$. C'est absurde et un tel $R$ ne peut pas exister. CQFD

    On peut trouver d'autres caractérisations de la compacité à l'aide des filets dans ce document page 16 : http://lumimath.univ-mrs.fr/infoetudiant/COURSTOPOLOGIE2010.pdf.
  • Raoul a écrit:

    Oui. Mais si je n'ai pas fait d'erreur, j'ai montré un moyen de ne pas utiliser AC ici grâce au principe : au lieu de faire un choix d'un élément qui convienne, je prends à la fois tous les éléments qui conviennent.

    PS: Merci au modérateur qui a mis la discussion dans la bonne section.
  • OK Calli je prends note qu'on peut caractériser les compacts avec les filets même si la notion de sous-filets utilisée n'est plus si intuitive.

    Par contre je n'ai toujours pas compris quand tu dis "au lieu de faire un choix d'un élément qui convienne, je prends à la fois tous les éléments qui conviennent.

    En reprenant tes notations de ce message http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2039662,2040658#msg-2040658 si tu as $(U,x)$ et $(U,x')$ avec $x\neq x'$, quel est un majorant de ces deux éléments ?
  • Raoul a écrit:
    Par contre je n'ai toujours pas compris quand tu dis "au lieu de faire un choix d'un élément qui convienne, je prends à la fois tous les éléments qui conviennent".

    Ce que je veux dire c'est que dans ma preuve de "$f$ continue ssi pour tout filet $(x_i)$ convergeant vers $a$, $(f(x_i))$ converge vers $f(a)$" (cf. http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2039662,2040658#msg-2040658), j'aurais pu choisir (avec AC) dans chaque voisinage $U$ de $a$ un élément $x_U\in U\setminus f^{-1}(V)$ et définir un filet $(x_U)_{U\text{ voisinage de }a}$ en ordonnant les voisinages de $a$ par l'inclusion inverse. Mais au lieu de ça, j'ai pris pour chaque voisinage $U$ de $a$ tous les élément de $U\setminus f^{-1}(V)$. Aucun choix à faire, je les prends tous ! Et comme on a quand même besoin d'ordonner les valeurs que prend notre filet, on étiquette chaque valeur avec l'un des $U$ et on les ordonne selon l'inclusion inverse. Est-ce plus clair ?
    Raoul a écrit:
    En reprenant tes notations de ce message http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?14,2039662,2040658#msg-2040658 si tu as $(U,x)$ et $(U,x')$ avec $x\neq x'$, quel est un majorant de ces deux éléments ?

    Ouais, d'accord ça n'est pas totalement évident (et je viens de voir que j'avais raté un petit point, mais c'est sans conséquence). On doit distinguer plusieurs cas :
    • Si parmi $U$ et $U'$ aucun n'est inclus dans l'autre, alors $U\cap U'$ est un voisinage de $a$ strictement inclus dans $U$ et $U'$. Par hypothèse, il existe $y\in U\cap U' \setminus f^{-1}(V) \neq\varnothing$. Alors $(U\cap U',y)$ est un majorant de $(U,x)$ et $(U,x')$.
    • Si $U\subsetneq U'$, alors $(U,x)$ majore la paire. De même si $U'\subsetneq U$.
    • Si $U=U'$, alors :
      • Soit il existe un voisinage $U''$ de $a$ tel que $U''\subsetneq U$. Dans ce cas, il existe $y\in U'' \setminus f^{-1}(V) \neq\varnothing$, donc $(U'',y)$ majore la paire.
      • Soit $a$ possède un voisinage $U$ minimal pour l'inclusion et dans ce cas mon filet n'en est en fait pas un et il faut traiter ce cas à part (c'est le point que j'avais raté). Mais c'est facile : il existe $y\in U\setminus f^{-1}(V) $ et le filet $\{*\}\to X, * \mapsto y$ converge vers $a$ mais son image par $f$ ne converge pas vers $f(a)$.
    Es-tu convaincu ?
  • Oui convaincu (tu). Merci.
  • Raoul : (tu). En fait, j'ai écrit mes deux gros messages sur les filets aussi pour me montrer à moi-même qu'on a pas besoin de l'axiome du choix dans ces choses, parce que les sources que je connais sur les filets utilisent AC à tout bout de champ (peut-être parce que, quand tu démontres le théorème de Tykhonov juste après, tu n'en a rien à faire d'utiliser prématurément AC).

    side : Ça marche. C'est en quelque sorte une variante de la preuve de Raoul que tu nous as faite.
  • Bon, après m'être fait ridiculiser dans l'autre fil, je propose une démonstration sans filets. Bon, ça doit toujours tourner autour des mêmes choses (j'avoue que je n'ai pas lu en détail les vôtres).

    Soit $X$ un espace compact (séparé). Soit $f : X \times X \rightarrow \mathbb{R}$ continue.

    Posons $m_f := x \mapsto \max_{y \in X} f(x,y)$. On se propose de démontrer que $m_f$ est continue.

    Posons $F := \{(x,y) \in X \times X \ \vert \ f(x,y) = m_f(x)\}$.

    Sur $X\times X$, soit $\sim$ la relation "avoir la même première coordonnée", i.e. pour tout $x,y,y' \in X$, $(x,y) \sim (x,y')$ et il n'y a pas d'autres couples en relation.

    1) Démontrons que $F$ est compact.
    Soit $(x,y) \not \in F$. Soit $y_0 \in X$ tel que $f(x,y_0) = m_f(x)$. Alors $f(x,y) < f(x,y_0)$. Notons $\epsilon := f(x,y_0) - f(x,y)$.
    Soit $U$ un voisinage ouvert de $(x,y_0)$ dans $X\times X$ tel que $f$ est strictement minorée par $f(x,y_0) - \epsilon/2$ dessus.
    On peut supposer que $U = U_1 \times U_2$ où $U_1$ et $U_2$ sont des ouverts de $X$.
    Soit $V$ un voisinage ouvert de $(x,y)$ dans $X\times X$ tel que $f$ est strictement majorée par $f(x,y) + \epsilon/2$ dessus.
    On peut supposer que $U = U_3 \times U_4$ où $U_3$ et $U_4$ sont des ouverts de $X$.
    Si on pose $V_1 := U_1 \cap U_3$ et $V_2 := U_4$, on a que pour tout $(a,b) \in V_1\times V_2$, $f(a,b) < f(x,y) + \epsilon/2 < f(x,y_0) - \epsilon/2 < f(a,y_0) \leq m_f(a)$.
    Donc $(x,y) \in V_1\times V_2 \subset F^c$ et donc $F^c$ est un voisinage de $(x,y)$.
    Donc $F$ est fermé. Et donc, comme $X\times X$ est compact, $F$ est compact.

    2) Soit $i : F \rightarrow X\times X$ l'application d'inclusion. Elle passe au quotient en une application $\tilde{i} : F/\sim \rightarrow X\times X/\sim$ et on va démontrer que $\tilde{i}$ est un homéomorphisme.

    Tout d'abord, $\tilde{i}$ est trivialement injective, et est surjective car $F$ intersecte toute partie de $X\times X$ de la forme $\{x\}\times X$.

    De plus, $\tilde{i}$ est continue. En effet, $i$ est continue, sa composée avec la projection $X\times X \rightarrow X\times X/\sim$ est continue et cette fonction-ci est continue et constante sur les classes dans $F$ pour $\sim$ donc $\tilde{i}$ est continue.

    De plus, $F/\sim$, comme image continue de $F$ par la projection canonique, est un espace quasi-compact ; donc, par le "théorème d'homéomorphisme d'un compact vers un séparé", $\tilde{i}$ est un homéomorphisme.

    3) Soit $r : X \rightarrow F/\sim$ l'application qui à tout $x$ associe l'ensemble des $(x,y)$ qui sont des éléments de $F$.

    Alors $r$ est continue. En effet, soit $x_0 \in X$. Alors $r$ est la composée de l'application qui à $x$ associe le couple $(x,x_0)$ et de $\tilde{i}$ qui sont toutes deux continues.

    4) La restriction de $f$ à $F$ passe au quotient en une application continue $\tilde{f} : F/\sim \rightarrow \mathbb{R}$ car $f$ est continue et constante sur les classes dans $F$ pour $\sim$.

    5) On a que $m_f$ est la composée de $r$ avec $\tilde{f}$ qui sont toutes deux continues. Donc $m_f$ est continue.
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