Existence d’un irrationnel

Bonjour,

Voici un énoncé d’exercice. Il montre qu’il existe un nombre réel dont le carré vaut 2 en utilisant la propriété de la borne supérieure. J’ai bien fait et compris l’exercice mais je me pose une question quasi philosophique : quel besoin d’invoquer la propriété de la borne supérieure pour démontrer que tout nombre réel positif admet une racine carrée.
Quel est le fond de cette réflexion ?
Autrement dit : lorsqu’en seconde on définit la fonction racine pour tout réel positif. On manque une démonstration ?
Toute au long de mon lycée, on écrivait racine de a si a est positif sans se poser la question de l’existence de cette racine

Merci d’avance112730

Réponses

  • Parce que par exemple « tout nombre positif rationnel admet une racine carrée » est faux.
    C’est bien une propriété des réels qui fait que ça marche.
  • Quel rationnel positif n’admet pas de racine carrée ?
    « tout réel positif admet une racine carrée et comme tout rationnel positif est un réel positif tout rationnel positif admet une racine carrée » c’est faux ?
  • Par exemple 2 n'admet pas de racine carrée rationnelle (le mot qui manquait dans le message de Dom).

    C'est bien la propriété des réels qui fait que ça marche.
  • Mais la preuve classique par l’absurde que racine de 2 est irrationnelle n’est-elle pas suffisante pour prouver qu’il existe des réels non rationnels ? Tout ça sans utiliser la propriete de la borne superieure
  • JP59: on n'a pas besoin de ce raisonnement pour savoir que des réels non rationnels existent.
  • Merci Fin de Partie. Mais par conséquent quel est le sens de cet exercice ?
  • Montrer que $2$ a une racine carrée.
  • Merci Chalk pour la correction.

    jp59,

    $\mathbb Q_+$ n'est pas stable par racine carrée.
    On peut écrire ça comme ça : $\sqrt{\mathbb Q_+} \not\subset \mathbb Q_+$

    On construit $\mathbb R$.
    Cet exercice démontre que $\mathbb R_+$ est stable par racine carrée.
    On peut écrire ça comme ça : $\sqrt{\mathbb R_+} \subset \mathbb R_+$
  • jp59 a écrit:
    Mais la preuve classique par l’absurde que racine de 2 est irrationnelle n’est-elle pas suffisante pour prouver qu’il existe des réels non rationnels ?

    Pas du tout !

    Cette preuve démontre que SI il existe une racine carrée du nombre 2, ALORS elle est irrationnelle.

    Cela ne démontre pas du tout l'existence de la racine carrée. Bien sûr, si on admet cette partie là, alors ça démontre bien l'existence d'un nombre irrationnel.
  • Pourquoi on s’en préoccupe rapidement au détour d’un simple exercice pour un seul nombre si le fait qu’un nombre positif admet une racine n’est en général pas une évidence ? Devrait-on démontrer que tout nombre positif admet une racine ?
  • jp59 a écrit:
    Devrait-on démontrer que tout nombre positif admet une racine ?

    Oui, comme c'est fait dans tout cours sérieux d'analyse (par exemple via le théorème des valeurs intermédiaires). Je t'invite à lire mon message précédent car on a posté en même temps.

    Au passage Dom, l'exercice ne démontre pas la stabilité de la racine carrée, il démontre son existence (pour le réel 2).
  • La fonction racine carrée est peut être définie comme étant la fonction réciproque de la fonction $f(x)=x^2$ définie sur $[0,+\infty[$.

    Mais en seconde on ne préoccupe pas de savoir si cette définition a du sens, on fait comme si elle en avait un.
    (toutes les fonctions n'admettent pas une fonction réciproque)

    On peut montrer que la fonction $f$ est injective. $x^2=y^2$ est équivalent à $(x-y)(x+y)=0$ donc comme $x,y$ sont positifs cela implique que $x=y$.

    Mais comment montres-tu que la fonction $f$ est bien surjective c'est-à-dire que l'image de l'intervalle $[0;\infty[$ est lui-même ?
  • La surjectivité peut justement être obtenue par le TVI.
  • f est continue donc d’après le TVI pour tout positif y il existe un positif x tq y=f(x)
  • JP59:
    Il faut appliquer correctement ce théorème tout de même. Ce que tu ne fais pas.
  • Le fait que la fonction carrée est bijective prouve que tout réel positif admet une racine carrée. C’est une preuve alternative à celle de l’exercice ?
  • Soit $0<r<1$ un réel. On considère la fonction $h(x)=x^2-r$ définie sur $[0;\infty[$. Cette fonction est continue c'est un polynôme. $h(0)=-r<0$ et $h(1)=1-r>0$ etc...

    Cela permet de montrer qu'il existe un réel $0<\alpha<1$ tel que $h(\alpha)=0$ c'est à dire tel que $\alpha^2=r$.

    PS:
    Cela démontre que tous les nombres compris entre $0$ et $1$ strictement possèdent une racine carrée.
    Pour $0$ et $1$ le problème est réglé puisque $0=0^2$ et $1=1^2$

    Pour les nombres $r$ plus grands que $1$ on divise $r$ par un carré d'un nombre entier naturel $N$ suffisamment grand pour que le résultat soit un nombre plus petit que $1$ et on applique le résultat démontré.

    Il existe donc $\alpha$ tel que $\alpha^2=\dfrac{r}{N^2}$ c'est à dire que $(N\alpha)^2=r$.
  • JP59 a écrit:
    C’est une preuve alternative à celle de l’exercice ?

    Si tu sais comment montrer que la fonction carrée définie de $[0;\infty[$ vers le même intervalle est surjective en effet.
    Mais pour démontrer cette surjectivité on va être obligé d'utiliser un des théorèmes fondamentaux de l'analyse.
  • jp59 a écrit:
    Le fait que la fonction carrée est bijective prouve que tout réel positif admet une racine carrée. C’est une preuve alternative à celle de l’exercice ?

    Si tu remplaces bijective par bijective sur $\R_+$ alors oui.
  • A nouveau merci Chalk, en effet je me suis appuyé sur le théorème général énoncé dans le message original.
  • Merci pour vos réponses.
  • FindePartie : attention ma question n’est pas provocatrice. Quelle est l’erreur dans mon application du théorème des valeurs intermédiaires, le fait de l’utiliser sur un intervalle qui n’est pas un segment ?
  • JP59:
    Il faut faire proprement le travail.

    Si tu regardes ce que j'ai fait. Je me suis senti obligé de me limiter à m'intéresser à la racine carrée des nombres positifs plus petits que $1$ parce que c'était plus commode (pour moi) pour avoir les deux inégalités dont on a besoin pour appliquer le théorème des valeurs intermédiaires.

    "Ma" version du théorème des valeurs intermédiaires est la suivante:

    Soit $f$ une fonction continue définie sur l'intervalle $[a,b]$ avec $a<b$ si on a $f(a)\times f(b)<0$ alors il existe un réel $\alpha$ appartenant à l'intervalle $[a,b]$ tel que $f(\alpha)=0$.

    $f(a)\times f(b)<0$ est une écriture condensée qui signifie que parmi les nombres $f(a),f(b)$ l'un est strictement positif, l'autre strictement négatif.

    PS:

    Si on pense que c'est évident* que pour $r>0$ il existe toujours un réel $x$ tel que $x^2-r>0$ alors on n'a pas besoin de se limiter comme je l'ai fait.
    Mais il me semble que c'est plus évident de considérer que si on divise un nombre réel par un carré suffisamment grand on obtient un nombre plus petit que $1$.

    *: à ce moment du raisonnement on ne sait pas si la racine carrée de $r$ existe.
  • Et la généralisation avec les limites ?
  • JP59:

    Si tu sais que pour $r>0$ , $\lim_{x\rightarrow \infty} x^2-r=+\infty$ alors on peut chausser les gros godillots.
  • C'est beaucoup plus simple, il suffit d'utiliser la version (y a plein de versions et de corollaires du TVI) qui dit que l'image d'un intervalle est [un] intervalle, et par calcul de limite en l'infini, on en déduit que l'image de la fonction carrée sur $\R_+$ est $\R_+$.
  • Chalk:

    C'est encore plus simple de considérer que le fait que la fonction racine carrée est la fonction réciproque de la fonction définie sur $[0,\infty[$ vers le même intervalle, par $f(x)=x^2$ est un théorème.

    On peut sûrement trouver des arguments encore plus sophistiqués qui le prouvent.
    Mais est-ce que c'est ce qu'il faut faire quand on se questionne sur ce résultat basique d'analyse?
  • Bah quitte à utiliser le TVI, autant prendre la version qui marche en une ligne (et qui n'est d'ailleurs pas plus difficile à montrer que les autres versions, je l'ai d'ailleurs apprise en terminale, ça nécessite juste la caractérisation des intervalles comme convexes ce qui reste trivial en passant par les bornes sup et inf).
  • Chalk:

    Quelque chose me dit que si on rédige proprement ce ne sera pas plus court que ce que j'ai fait.
  • Quelque chose me dit le contraire, maintenant chacun choisit sa préférence.

    Mieux vaut trop de démonstrations qu'aucune démonstration !
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