Équation fonctionnelle complexe

Bonjour
J'ai rencontré ce problème d'analyse complexe lors d'un examen de l'année dernière.

Trouvez toutes les fonctions holomorphes telles que $f: \mathbf{C}\to \mathbf{C},\ $ \forall z,w\in \mathbf{C}: \quad (f(z))^{2}+(f(w))^{2}=f(z+w)f(z-w)
$$
\forall z,w\in \mathbf{C}, \quad \big(f(z)\big)^{2}\color{red}{-}\big(f(w)\big)^{2}=f(z+w)f(z-w).

$$ Une idée ?
Merci d'avance.

Réponses

  • Je suggére de dériver une fois par rapport à z et une fois par rapport à w pour annuler le membre de gauche
  • Bonjour.

    Quelques idées de départ (j'écris au fur et à mesure des idées):
    * en prenant w=0, on voit que f(0)=0
    * si f est une solution, kf en est une pour tout $k\in\mathbb C$.
    * en prenant w=z, on trouve 2f(z)² = 0, pour tout z.

    Donc f est la fonction nulle.

    Cordialement.
  • Ah oui c'était immédiat celle là en effet. J'ai confondu avec $f(z)^{2}-f(w)^{2}=f(z+w)f(z-w).$
  • La solution de gerard0 montre que ça n'a rien à faire dans un cours d'analyse complexe, l'exercice fonctionne de manière similaire en remplaçant $\mathbb C$ par n'importe quel anneau sans nilpotent d'ordre $2$ et de caractéristique $\neq 2$.
  • Désolé, j'ai fait une erreur en écrivant le problème. J'ai corrigé le problème.

    @Namiswan: Votre confusion m'avertit en fait que j'avais formulé le mauvais problème. Merci.
  • OK.

    ma deuxième idée est toujours valable.
    Une factorisation du premier membre montre que tous les morphismes de groupe de $(\mathbb C,+)$ dans $(\mathbb C,+)$ conviennent. Y-a-t-il d'autres cas ?
    En prenant z=w=0, on trouve que f(0)=0.
    En prenant z=0, on trouve que f(-w) =- f(w) pour tout w.

    Cordialement.
  • Et ma première idée est également toujours valide.

    Il y a des solutions non linéaires
  • Chaurien,

    Je ne peux pas lire tout le document :-(
  • Merci Chaurien pour le lien
    Le 😄 Farceur


  • C'est technique quand même comme papier. Et je ne suis pas convaincu que cette condition sur les zéros soit nécessaire (je ne crois pas avoir vu de contre-exemple). N'y a-t-il pas eu mieux depuis ?

    J'ai pour ma part une preuve relativement courte dans le cas continu réel et le cas analytique complexe. Je vais réfléchir si j'arrive à faire quelque chose dans le cas continu complexe.
  • Si l'on cherche les applications continues $f : \mathbb R \rightarrow \mathbb R $ telles que : $\forall x \in \mathbb R, \forall y \in \mathbb R, f(x)^2-f(y)^2=f(x+y)f(x-y)$, la melleure méthode à mon avis est ce que j'appelle le « renforcement des hypothèses ». On démontre qu'une telle fonction $f$ est nécessairement $\mathcal C^1$, $\mathcal C^2$, on pourrait même plus mais ce n'est pas utile. Par double dérivation, on transforme l'équation fonctionnelle en équation différentielle du second ordre à coefficients constants, sans second membre, très simple, et c'est fait.
  • L'équation proposée dans $\mathbb C$, avec $f$ holomorphe, se prête par hypothèse à double dérivation, et l'on obtient la même équation différentielle que dans le cas réel $f''(z)=Kf(z)$.
    La question se pose naturellement, dans le cas complexe, de supposer seulement $f$ continue. L'article que j'ai communiqué est effectivement fort rébarbatif, et il est possible qu'il existe des solutions plus simples. On pourrait se demander si la méthode de « renforcement », que je propose dans le cas réel, peut s'importer dans le cas complexe, mais je ne suis pas assez calé en variable complexe pour en juger. Il y a eu des articles de l'American Mathematical Monthly sur ces questions, il faudra les retrouver.
    Bonne journée.
    Fr. Ch.
  • Ok, ma méthode est la même que toi. Elle marche en fait pour $f$ continue de $\R$ dans $\C$ sans changement.

    Pour $f$ continue de $\C$ dans $\C$, on peut donc appliquer ça pour tout $z\in \C$ à la fonction $t\mapsto f(tz)$ ($t\in\R$), mais je n'ai pas encore réussi à recoller les morceaux.
  • La méthode de « renforcement » que j'ai évoquée utilise le fait que toute fonction continue $f : \mathbb R \rightarrow \mathbb R$ a une primitive. Avec mes maigres souvenirs de la variable complexe, ça ne me semble pas vrai de toute fonction continue $f : \mathbb C \rightarrow \mathbb C$, car ceci impliquerait que toute fonction continue $ \mathbb C \rightarrow \mathbb C$ est holomorphe, si je ne me trompe.
    Malheureusement, mon livre préféré sur la variable complexe se trouve présentement dans les mains d'un artisan-relieur aux fins de réparation, et je ne suis pas familier de ces questions.
  • Chaurien : c'est pour cette raison que Namiswan proposait d'étudier des fonctions de $\R$ dans $\C$... et d'en déduire le comportement de la fonction $f$.
  • Quelque chose me chiffonne dans l'article: la fonction $z\mapsto \bar{z}$ n'est elle pas solution?

    En fait je dirais que les solutions continues sont les fonctions $z\mapsto a z+b \bar{z}$ et $z\mapsto K \sin(a z+b \bar{z})$
  • On peut citer trois équations fonctionnelles à une fonction inconnue dans le domaine réel, donnant pour solutions des fonctions circulaires réelles à variable réelle :
    \begin{align*}
    f(x)^2-f(y)^2&=f(x+y)f(x-y),&\tag 1\\
    f(x+y)+f(x-y)&=2f(x)f(y),& \tag 2\\
    f(x+y)f(x-y)&=f(x)^2+f(y)^2-1. \tag 3

    \end{align*} Pendant longtemps on les a posées avec conditions de dérivabilité. Par exemple, l'équation (3) a été posée au concours Putnam en 1941 avec l'hypothèse $\mathcal C^2$, et l'équation (1), qui nous occupe aujourd'hui, a été posée au concours Putnam en 1963 avec l'hypothèse : deux fois différentiable. Dans les années 1960-1970, on a vu des articles dans la Revue de Mathématiques Spéciales ou dans Les Humanités Scientifiques (Hatier) sur ces équations fonctionnelles, avec hypothèses plus ou moins réduites, et méthodes plus ou moins habiles, jusqu'à ce que l'on s'avise de cette méthode que j'appelle « renforcement des hypothèses », qui règle la question en supposant seulement la continuité partout. Or cette méthode avait été publiée dès 1900. Comme la lumière d'une étoile lointaine, elle a mis longtemps pour arriver jusqu'à nous.
    Bonne journée de Vendredi Saint 2021.
    Fr. Ch.
  • Si on suppose $f$ deux fois différentiable, on peut également rajouter à la liste l'équation "monovariable"
    $$f(2x)=2f(x)^2-1.

    $$ Edit : j'ai du augmenter un peu l'hypothèse de régularité pour que ça se résolve (sauf erreur).
  • Je sais résoudre les trois équations données par Chaurien, mais je n’ai aucune idée de comment résoudre la tienne Namiswan. Une piste pour démarrer?
  • Voir Concours général 2009, avec hypothèses supplémentaires.
    Joyeuses Pâques 2021.
    Fr. Ch.
  • Oui le lien montre que "différentiable" ne suffit pas d'où mon edit pour demander à $f$ d'être deux fois différentiable (en fait j'ai juste besoin qu'elle ait un DL d'ordre 2 en 0). J'obtiens comme solutions la fonction constante $-1/2$ et les fonctions $x\mapsto \cos(kx)$ et $x\mapsto \cosh(kx)$.

    Je pense avoir plusieurs moyens de le prouver, mais l'idée commune est que la valeur de $f$ en $x$ est reliée à la valeur de $f$ en $x/2^n$ pour $n$ grand, elle même reliée au DL de $f$ en $0$.
    Je donnerai une version détaillée plus tard.
  • Merci à vous tous pour vos indications. Je vais les étudier.
  • Voici une solution pour l'équation $f(2x)=2f(x)^2-1$ avec $f$ deux fois différentiable (ou juste à un DL d'ordre 2). Ceux qui veulent encore chercher, ne lisez pas la suite.

    En faisant $x=0$, on trouve $f(0)=-\frac{1}{2}$ ou $f(0)=1$. Traitons les deux cas.

    Cas 1: $f(0)=-\frac{1}{2}$
    En dérivant l'équation en $0$, on trouve $2f'(0)=-2f'(0)$ donc $f'(0)=0$. Posons $g(x)=f(x)+\frac{1}{2}$ qui vérifie l'équation $g(2x)=-2g(x)+2g(x)^2$ avec $g(0)=g'(0)=0$.

    En particulier pour $x$ proche de $0$ on a $|g(2x)|\leq 3|g(x)|$, donc $|g(x)|\leq 3^n |g(x/2^n)|$. Or par DL, $g(x/2^n)=O(1/4^n)$, donc à la limite on obtient $g(x)=0$. Ainsi $g=0$ au voisinage de $0$, mais les zéros de $g$ étant stable par $x\mapsto 2x$, $g=0$ sur $\R$, et $f=-\frac{1}{2}$ sur $\R$

    (En étant plus précis dans le calcul, $f$ dérivable en $0$ est en fait suffisant pour traiter ce cas)

    Cas 2 : $f(0)=1$.
    On peut fair une méthode analogue au cas 1 avec des calculs un peu plus complexes pour montrer que si 2 solutions ont même DL d'ordre 2 en 0, alors elles sont égales. Mais je vais présenter une autre solution plus rapide:

    On sait que $f$ est positive sur un voisinage de $0$. Soit $x$ fixé dans ce voisinage. Parmi les solutions connues de l'équation, à savoir $t\mapsto \cos(kt)$ et $t\mapsto \cosh(kt)$, on peut en trouver une, appelons là $g$, tel que $f(x)=g(x)$ et $g$ postive sur $[0,x]$ (cette fonction $g$ dépend donc de $x$). Alors, pour tout $n$ on a $f(x/2^n)=g(x/2^n)$, donc en particulier $f''(0)=g''(0)$. Or la dérivée seconde en $0$ de $g$ détermine entièrement la fonction $g$ (qui je rappelle est de la forme $t\mapsto \cos(kt)$ ou $t\mapsto \cosh(kt)$) . Ainsi la fonction $g$ ne dépend que de $f''(0)$ et donc pas de $x$. On conclut que $f=g$ au voisinage de $0$, puis en fait sur $\R$ en utilisant comme dans le cas 1 la stabilité de la propriété par $x\mapsto 2x$.
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