l^p réflexif

Bonjour, je sais que l'application $i$ de $(\ell^p)^*$ dans $\ell^q$ telle que pour toute fonction $f \in (\ell^p)^*$
$i(f) = (f(e_1), f(e_2),\ldots, f(e_n),\ldots),\ 1<p<\infty,\ \frac 1{p} +\frac 1{q} = 1$.
$i$ est une isométrie linéaire surjective.
Je ne comprends pas comment on en déduit que $\ell^p$ est réflexif (c'est-à-dire que $\ell^p$ s'identifie à son bidual par l'injection canonique), $1<p<\infty$ ?
Pouvez-vous m'aider svp ??

Réponses

  • Intuitivement (en escamotant les difficultés), l'idée est la suivante : $(\ell^p)^*$, c'est $\ell^q$. De même, $(\ell^q)^*$, c'est $\ell^p$, donc $\big((\ell^p)^*\big)^*=(\ell^q)^*=\ell^p$, et dire qu'un espace est égal à son bidual, c'est exactement dire qu'il est réflexif.

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    Plus rigoureusement on a une isométrie surjective $i_p$ de $\ell^p$ dans $(\ell^q)^*$ (je rajoute l'indice $p$ car je vais aussi considérer $i_q$ plus tard) qui est la réciproque de celle que tu cites, et qui est donnée par:
    $$\forall f\in\ell^p,\quad i_p(f):g\in\ell^q\longmapsto \langle f,g\rangle_{p,q}:=\sum_i f_ig_i$$
    Cette isométrie, donc continue, admet un adjoint $i_p^*:(\ell^q)^{**}\to(\ell^p)^*$ pour tout $p$, qui est aussi une isométrie surjective (à vérifier, mais c'est vrai). On obtient ainsi une isométrie surjective $(i_q^*)^{-1}\circ i_p$ de $\ell^p$ dans $(\ell^p)^{**}$ et il se trouve que cette isométrie surjective est justement l'injection canonique de $\ell^p$ dans son bidual (vérification à faire également).
  • Tu peux identifier $(\ell^p)^*$ à $\ell^q$. Comme la relation entre $p$ et $q$ est symétrique, tu identifies de la même façon $(\ell^q)^*$ à $\ell^p$.
  • Merci pour vos explications.

    Ce n'est pas trop compliqué à vérifier que $i_p$ est une isométrie surjective et
    $i_p^*\circ i_p$ est l'injection canonique?
  • On précise "isométrie surjective", car toute isométrie est injective. Tu travailles avec des bijections entre $(\ell^p)^*$ et $ \ell^q$ d'une part, $(\ell^q)^*$ et $ \ell^p$ d'autre part.
  • Ante-Scriptum: j'ai modifié plusieurs choses importantes dans mon premier message (qui comportait plusieurs erreurs).

    Montrer que $i_p$ est une isométrie découle de l'inégalité de Hölder et des cas d'égalité.

    Montrer que $i_p$ est surjective découle du fait que l'espace de suites à support finis est dense dans $\ell^p$ d'une part, d'autre part que les suites dont les $n$ premiers éléments (au plus) sont non nuls forme un espace euclidien (avec le produit scalaire canonique), et que, $i_p$ restreint à cet espace s'y écrit comme un produit scalaire. C'est à détailler bien sûr, notamment l'identification de l'antécédent et le passage à la limite $n\to+\infty$...

    Montrer que l'adjoint d'une isométrie surjective est également une isométrie surjective est un bon exercice, pas trop dur (à chercher avant de demander une solution toute faite).

    Montrer que $(i_q^*)^{-1}\circ i_p=J_p$ (où $J_p$ désigne l'injection canonique de $\ell^p$ dans son bidual) revient à montrer que pour tout $f$ dans $\ell^p$ et $g$ dans $\ell^q$, on a $[i_p(f)](g)=\Big[i_q^*\big(J_p(f)\big)\Big](g)$. Je te laisse vérifier que chacun des deux membres est égal à $\langle f,g\rangle_{p,q}$ en revenant aux définitions de l'adjoint, de l'injection $J_p$, etc.
  • ok merci

    J'essaye de démontrer que si T est une isométrie surjective de $E$ dans $F$.(1) Alors $E$ est réflexif ssi $F$ est réflexif.

    1) Supposons $E$ réflexif.
    Il existe une isométrie surjective de $E''$ dans $F''$. (2)
    Et comme $E$ est réflexif, on a $E'' \simeq E$. (3)
    Donc par (1) (2) (3) , on a : $F'' \simeq E'' \simeq E \simeq F$
    On a donc une isométrie surjective de $F$ dans $F''$.
    Je ne vois pas comment montrer que c'est bien l'injection canonique? Pouvez-vous m'aider svp?
    Pour passer de (1) à (2), est-ce qu'il faut justifier quelque chose? merci

    2) je suppose que si j'ai compris le 1) je m'en sortirai pour faire l'autre implication...
  • Salut,

    1) Essaye de construire une application $S \, : \, F'' \to F$ telle que $J_F \circ S=Id_{F''}$, ce qui prouvera que $J_F$ est surjective (où $J_F$ est l'injection canonique de $F$ dans $F''$). Pour construire $S$ tu auras besoin de $J_E$, $T$ et le "biadjoint" $T^{**}$ de $T$ qui est une isométrie surjective de $E''$ dans $F''$.

    2) Applique le 1) à $F,E,T^{-1}$ en lieu et place de $E,F,T$.
  • bigmat écrivait:
    Je sais que l'application $i$ de $(\ell^p)^*$ dans $\ell^q$ telle que pour toute fonction $f \in (\ell^p)^*$
    $i(f) = (f(e_1), f(e_2),\ldots, f(e_n),\ldots),\ 1<p<\infty,\ \frac 1{p} +\frac 1{q} = 1$.
    $i$ est une isométrie linéaire surjective.

    Comme je te l'ai dit, une isométrie est injective, donc $i$ est une bijection. Qui est $i^{-1}$ ? Autrement dit, si $u_n$ est un élément de $\ell^q$, et si $f = i^{-1}(u_n) \in (\ell^p)^*$, comment $f$ est-elle définie sur $\ell^p$ ?

    Parce que ton isométrie $i : (\ell^p)^* \to \ell^q$, a un adjoint $i^* : (\ell^q)^* \to (\ell^p)^{**}$, et tu as une autre isométrie $j : (\ell^q)^* \to \ell^p$ qui admet une bijection réciproque $j^{-1} : \ell^p \to (\ell^q)^*$.

    Tu dois donc considérer la bijection composée $i^* \circ j^{-1} : \ell^p \to (\ell^p)^{**}$ et montrer que c'est l'injection canonique.

    Il te faut donc expliciter $i^*$ et $j^{-1}$ pour arriver à le faire ; tu ne peux pas te contenter d'arguments généraux d'isométrie et de surjectivité.
  • bonjour gb, j'ai l'impression qu'une partie de ton message est effacée..
  • egoroff, tu as parlé d'opérateur biadjoint $T^{**}$ de $T$. Est-ce que tu saurais me donner la définition stp?
    J'ai essayé de prendre $S = T \circ J_E^{-1} \circ (T^{**})^{-1}$ mais comme je ne sais pas vraiment ce qu'est $T^{**}$, je ne peux pas conclure.
  • Ben c'est l'adjoint de l'adjoint, et du coup ça marche, il n'y a qu'à l'écrire (j'espère que je ne suis pas encore en train de raconter de la m...).
  • Si tu sais que le bidual, c'est le dual du dual, tu devrais deviner tout seul ce que peut bien vouloir dire 'bi-adjoint'....
  • oui, mais l'adjoint c'est quoi? merci
  • L'adjoint d'une application linéaire $u:E\to F$ est une application linéaire $u^*:F^*\to E^*$ défini par:
    $$\forall f\in F^*\forall x\in\E,\quad [u^*(f)](x)=f\big(u(x)\big)$$
    avec des conditions supplémentaire pour une bonne définition (surtout lorsque $u$ est un opérateur non-borné, c'est-à-dire une application linéaire non nécessairement continue, dont le domaine de définition est inclus strictement dans $E$, tout en y étant dense la plupart du temps)...
    mais sans savoir ce qu'est l'adjoint d'un opérateur (l'une des première notions vues en cours d'analyse fonctionnelle), la propriété que tu as demandée est assez dure à bien formaliser.

    L'une des références est le livre de Haïm Brézis {\it Analyse fonctionnelle - théorie et applications} publié aux éditions dunod.
  • Pour compléter la réponse de jean, je te pose une question : comment comptais-tu montrer que $E'' \simeq F''$ ? (tu l'as écrit quelques posts plus haut).

    L'idée est de "remonter" $T \, : \, E \to F$ sur les duaux, c'est-à-dire passer à l'adjoint, ce qui renverse le sens de la flèche : $T^* \, : \, F' \to E'$, et en réitérant l'opération on obtient $T^{**} \, : \, E'' \to F''$. Tu n'es pas obligé d'en passer par là si tu ne connais pas l'adjoint, mais il faut quand même que tu trouves un moyen d'écrire un isomorphisme entre $E''$ et $F''$, et pour ça tu t'aidera forcément de l'isomorphisme entre $E$ et $F$ dont tu disposes, à savoir $T$.
  • egoroff Écrivait:
    je te pose une question : comment comptais-tu montrer que $E'' \simeq F''$? (tu l'as écrit quelques posts plus haut).


    ben c'est pour ça que j'ai posté ma question. C'était plutôt intuitif que $E'' \simeq F''$. Ca me semblais logique vu qu'on a une isométrie surjective de $E$ dans $F$. Et je me suis dit qu'il y avait surement un lien entre $T$ et $T^{**}$. Ce n'était pas formel. D'où ma question. (Si je dis au prof "c'est intuitif" ou "ça se voit" ,sans preuve, je pense que ça va pas bien passer... il risque de me répondre qu'on n'est pas des physiciens. (sans vouloir critiquer les physiciens ;) )

    Je me dit que vu que $E$ s'identifie à $E^{**}$, en quelque sorte, on prend $T^{**}$ "=" $T$.

    Mais tu as dit que je ne suis pas obligé de passer par le biadjoint? Je ne trouve pas comment. Est-ce que tu peux m'aider stp?
  • En gros, on est obligé d'utiliser l'adjoint. Il est évidemment possible de rédiger sans faire apparaître le mot adjoint - en l'introduisant sans le dire, si on ne sait pas ce que c'est - mais je pense qu'il n'y a "qu'une seule" démonstration.

    Essaye de montrer à la main, sans rien connaître, que s'il existe une isométrie $i:E\to F$, alors tu peux construire une application (grâce à $i$) $j:E^*\to F^*$ à partir de $i$ (en gros, d'une seule manière possible). Cette application, c'est l'adjoint et, si $i$ est une isométrie surjective, c'est également une isométrie surjective. Mais il faut nécessairement mettre les mains dans le cambouis la première fois, et bien comprendre tout les objets qu'on introduit (le plus difficile est de bien comprendre si tout ce qu'on écrit a un sens).

    Bon courage, mais le mieux, je pense, est qu'on ne t'en dise pas plus pour l'instant.

    Justement, les $\simeq$ et les "$=$" (avec les guillemets) sont en fait que des applications naturelles ("canoniques") entre les espaces sont des isométries. Mais il faut s'embêter plusieurs fois avant de bien l'avoir compris.
  • Ok merci.
    Et sinon, est-ce que prendre $S = T \circ J_E^{-1} \circ (T^{**})^{-1}$ vous semble une bonne idée ou c'est pas ça ?
  • Oui c'est une très bonne idée, mais pour voir pourquoi ça marche tu vas avoir besoin de comprendre ce qu'est $T^{**}$.
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