EDP non linéaire

Bonjour,

Est-ce que vous auriez des références bibliographiques sur cette l'EDP (ci-jointe) ?
Et je serais intéressé par toute solution autre que celles indiquées (et si possible, par des solutions un peu plus générales, formulées explicitement)
Merci par avance de toute information à ce sujet.
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Réponses

  • Bonjour,

    Si on cherche des solutions $f$ de classe $C^1$ telles que, on notant $t$ la deuxième variable au lieu de $y$ (car on va reconnaître un type d'équation dépendant du temps $t$), l'équation s'écrit sous la forme:
    $$\frac{\partial f}{\partial t}+\cot(f)\frac{\partial f}{\partial x}=0$$

    Il s'agit d'une équation (ou loi) de conservation en dimension 1, de type équation de Burgers. Pour des références sur le sujet, on peut consulter les livres suivants (parmi d'autres choses):
    - {\it Numerical Approximation of hyperbolic Systems of Conservation Laws} de E. Godlewki et P.-A. Raviart. Applied Mathematical Sciences {\bf 118}, Springer, 1996. Voir particulièrement la section 2.1 de l'introduction, page 12.
    - {\it Lectures on Nonlinear Hyperbolic Diffrential Equations} de L. Hörmander, Mathématiques et Application {\bf 26}, Springer, 1997. Voir le chapitre II.
    - {\it Systèmes de Loi de Conservation} Volume 1 de D. Serre. Editions Diderot, 1996. Voir le chapitre II.

    Je détaille dans l'exemple ci-dessus le principe (appelé {\it méthode des caractéristiques}). Cela donne une résolution de l'équation, mais seulement sous forme implicite.

    On suppose qu'une solution $f$ de l'équation existe, et on commence par se donner la solution $x(t)$ de l'équation différentielle ordinaire
    $$\frac{\mathrm{d}x}{\mathrm{d}t}=\cot\Big(f\big(x(t),t\big)\Big)$$
    vérifiant $x(0)=0$

    Si $x(t)$ est solution de l'équation, on vérifie par un calcul de dérivées que la fonction $t\mapsto f\big(x(t),t\big)$ est constante (sa dérivée est nulle). D'après l'équation différentielle ordinaire elle-même, il en découle que $x(t)$ est une fonction affine (car $\mathrm{d}x/\mathrm{d}t$ est constante):
    $$x(t)=x_0+t\cot\Big(f(x_0,0)\Big)$$
    [PS: ce sont ces droites qui sont appelées {\it caractéristiques} de l'équations, qui donnent le nom à la méthode de résolution utilisée.]

    En particulier, vu que $f\big(x(t),t)\big)$ est une constante, il vient:
    $$f\bigg(x_0+t\cot\Big(f(x_0,0)\Big),t\bigg)=f(x_0,0)$$
    ce qui est une résolution implicite de l'équation: si on connaît $f$ à l'intant $0$ partout, on la connaît partout à l'instant $t$ via la formule ci-dessus qui montre que la valeur en chaque point est transportée (il y a un théorème des fonctions implicites derrière, qui ne marche que pour $t$ petit: d'ailleurs, au-delà, il n'y a pas toujours univité de la solution)...

    En gros, cette méthode fournit toutes les solutions régulières (et seulement pour $t$ petit), mais pour l'instant, ce n'est pas explicite.

    Attention: parfois, il y a vraiment problème d'unicité... pour plus de détails, consulter les livres mentionnés plus haut.

    Remarque générale: il est rare de pouvoir trouver une formulation de la solution d'une équation aux dérivées partielles qui soit aussi 'explicite' (même si cela ne l'est pas à 100%). D'habitude, on doit se contenter de propriétés qualitatives.
  • Merci beaucoup Jean !

    Le seul nom de Bürgers suffisait pour me donner la clef de ce qui m'avait échappé !!! Bien que ce ne soit pas exactement l'équation de Burgers, c'est tout à fait du même genre, comme de Vries, Korteweg, Kadomtsev, Petviashvili et beaucoup d'autre beau monde ... Dire que je passais à coté de l'évidence : je m'en veux !
    Quant à vouloir des solutions explicites, bien sûr, c'est trop demander (sauf cas particuliers).
    Bravo pour avoir reconnu ce genre d'EDP et merci encore.
  • Voici une autre suggestion de résolution, qui n'a sans doute rien à voir, mais qui, après coup, me semble davantage pertinente (dans la mesure où l'on garde une relative symétrie des variables $x$ et $y$).

    On considère la fonction $G:u\in\R\longmapsto (\sin u,-\cos u)\in\R^2$. L'équation peut se réécrire $\mathrm{div} G(f)=0$. Ainsi, il existe un potentiel rotationnel $V(x,y)$ tel que $\partial_y V(x,y)=\sin f(x,y)$ et $\partial_x V(x,y)=\cos f(x,y)$. On a alors, grâce à l'identité $\sin^2+\cos^2=1$,
    $$|\nabla V|=1$$
    Cette équation s'appelle l'équation eikonale. Un ensemble générique de solutions sont les applications $X\in\R^2\mapsto d(X,\Omega)$ où $\Omega$ est un fermé quelconque de $\R^2$.
  • Bonjour Jean,

    c'est en effet dans cette direction que j'avais cherché au début.
    En fait, la solution particulière f(x,y)=arctg(y/x) provient de là, par passage en coordonnées polaires. Mais cette voie ne m'amenait pas à trouver d'autres solutions explicites.
    Le rapprochement avec les EDP du genre Bürgers et autres est significatif dans le sens où il donne une forme implicite de solutions et surtout qu'il laisse à penser que la recherche de forme explicite est probablement vaine (sauf définir des fonctions spéciales spécifiquement adaptées, ce qui est un peu un tour de passe-passe).
    Bien entendu, en pratique il y a les méthodes numériques qui répondent aux besoins. Mais, en l'occurence, le calcul numérique était hors sujet, tout en sachant bien que c'est ainsi que les problèmes sont traités concrètement en définitive.
    Merci de t'être intéressé à cette question et pour tes indications très pertinentes.
  • Mais justement, je viens par la deuxième méthode de donner une famille générique de solutions explicites (même si je ne les ai peut-être pas toutes):
    $$f(x,y)=\mathrm{Arccos}\left(\frac{\partial}{\partial x}d\Big( (x,y),\Omega\Big)\right)
    =\mathrm{Arcsin}\left(\frac{\partial}{\partial y}d\Big( (x,y),\Omega\Big)\right)
    =\mathrm{Arctan}\left(\frac{\frac{\partial}{\partial y}d\Big( (x,y),\Omega\Big)}{\frac{\partial}{\partial x}d\Big( (x,y),\Omega\Big)}\right)$$
    Ici, $\Omega$ est un fermé quelconque (par forcément un point $(a,b)\,$).

    À titre personnel, la deuxième méthode me semble plus adaptée: l'équation eikonale est un classique de la littérature des EDP (et on tombe sur sa forme la plus simple de manière naturelle).
  • Oui, je suis bien d'accord que l'on peut écrire cela de cette façon dite "explicite". Mais, là, on entrerait dans une discussion sur le sens que l'on veut donner au mot "explicite".
    Sous cette forme, d((x,y),Oméga) n'est bien évidemment pas une fonction quelconque de x et y : Elle doit satisfaire des conditions qui ramèneraient à une EDP et l'on tournerait en rond. Ce n'est pas exactement le sens que je donnais au terme "explicite". Mais peu importe, maintenant je crois savoir à quoi m'en tenir sur cette question.
    Une fois de plus, on a vu que s'adresser à ce forum permet de toucher des intervenants très compétents et d'apporter une réponse satisfaisante.
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