principe d'Hamilton et terminologie

Bonjour,

au principe d'Hamilton est souvent associé la notion d'extremum (ou même principe de moindre action). N'est-ce pas un problème puisque la trajectoire rendant stationnaire l'action n'est a priori ni un minimum ni un maximum?

Réponses

  • Ça dépend un minimum de quoi, et local ou global.
    Algebraic symbols are used when you do not know what you are talking about.
            -- Schnoebelen, Philippe
  • certains auteurs disent que la trajectoire solution rendent l'action (l'intégrale entre t1 et t2 du lagrangien avec conditions de transversalité) stationnaire ce qui me semble correct. D'autres disent que le point (ie, la trajectoire) qui rend cette action stationnaire est un extremum, ce qui me semble incorrect. En effet, la point solution (ie, la trajectoire solution) semble être un point selle de l'action, souvent. Voilà quelques considérations qui peuvent être erronées. Merci.
  • Ben, ça minimise l’énergie, il me semble.
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            -- Schnoebelen, Philippe
  • en statique oui mais pas en dynamique. C'est juste que ça rend l'action stationnaire (et donc ça n'est pas nécessairement un minimum ou un maximum)
  • Bonjour

    On obtient les équation d'Euler-Lagrange en écrivant $\delta S=0$.Dans les livres que j'ai eus entre les mains les auteurs précisent bien que c'est une condition de stationnarité.

    Ce qui vous pose peut-être problème c'est qu'en général, en physique, les équations du mouvement réalisent un minimum de l'action. Minimum, que l'on trouve dans plusieurs domaines, comme le principe de Fermat en optique géométrique ou le principe de Maupertuis pour les systèmes à énergie constante.

    Si on n'est pas en train de traiter un problème de physique, c'est peut-être différent (je ne sais pas).

    Sinon, je ne vois pas ce que vous différenciez par les termes "statique" et "dynamique" dans "en statique oui mais pas en dynamique".
  • bonjour si vous avez un lien qui détaille un peu le fait "qu'en général, en physique, les équations du mouvement réalisent un minimum de l'action", je suis preneur.

    Concernant la différence entre la statique et la dynamique, c'est quand statique, on sait que la position solution est un minimum de l'énergie potentielle alors qu'en dynamique, la solution (qui dépend du temps donc) n'est pas un minimum de l'action (action qui se réduit à l'énergie potentielle en statique je crois) mais la rend seulement stationnaire. Il faut que je regarde plus en détail ce principe de Maupertuis quand même. Merci
  • en fait, après de longues lectures, sont entendus comme extrema, les minima, les maxima et les points selles donc ça va.
  • Bonjour pluton,

    je m'étais posé la même question j'avais un livre ou l'auteur disait qu'il faudrait parler du principe de l'action stationnaire et non de moindre action. Si je le retrouve je te donne la référence. Il justifiait le nom par le fait que souvent on considère des fonctions convexe (voire même des fonctions quadratiques positives).

    Sinon dans le wiki :
    Cette méthode aboutit aux équations d'Euler-Lagrange qui donnent des trajets sur lesquels l'action n'est pas toujours minimale, mais parfois maximale, voire ni l'un ni l'autre mais seulement stationnaire. Dans tous les cas ces trajets respectent les conditions physiques et sont donc réalistes. Mais le long de chacun de ces trajets, si deux points sont assez proches (mesure faite par la longueur du trajet les séparant) alors on peut démontrer qu'entre eux ce trajet minimise l'action dans la méthode variationnelle2, ce qui justifie le nom du principe.

    De mémoire pour la différence entre le principe de Maupertuis et celui de la "moindre" action est le suivant :
    Chez Maupertuis, le temps T pour aller du point A au point B n'est pas fixé mais l'énergie $E$ si alors que dans la moindre action c'est l'inverse, T est fixé mais E non. Ceci reste à vérifier.

    Cordialement,
    Mister Da
  • Merci Mister Da, c'est intéressant et ça rejoint ce que j'avais trouvé dans la littérature.

    En fait, je m'intéressais au calcul de solutions périodiques en utilisant le principe d'Hamilton. Le déplacement inconnu était représenté par une série de Fourier tronquée et une fois l'intégration en temps réalisée, la forme quadratique obtenue (impliquant les harmoniques du mouvement) était convexe selon toutes les harmoniques supérieures ou égales à 1 mais concave selon le terme constant. Les conditions de stationnarité permettaient de retrouver la solution cherchée mais un algorithme de minimisation de type descente (ce qui m'intéressait à l'époque) tombait dans un puits sans fond du fait de la non-existence d'un minimum mais seulement d'un point selle. D'ailleurs, la question est toujours ouverte: existe-t-il des algorithmes de type "descente" qui permettent de trouver des points selles ? (référence en cours: the residual gradient method)

    Depuis, je vois que le principe de Gauss (qui est apparemment similaire au principe d'Hamilton mais je n'ai pas lu de preuves claires et qui semble a priori moins connu en mécanique classique) permet, lui de construire une forme quadratique convexe avec un minimum global. C'est assez fort et ça fonctionne pour l'instant très bien sur les cas que j'ai regardé. Le problème, c'est qu'il implique l'accélération du mouvement alors que le principe d'Hamilton est, dans un sens fonctionnel, plus faible parce qu'il n'implique que la vitesse.
  • J'ai toujours cru que la seule solution physique du principe de "moindre action' était forcément un minimum, bien qu'en théorie ce soit un point critique quelconque.
    Apparemment non, même dans un cas simple (oscillateur harmonique) ça peut être un point-selle comme l'a suggéré Pluton:

    http://julian.tau.ac.il/~bqs/functionals/least_action.pdf
  • Juste pour compléter, pris sur la page action :
    Gray a écrit:
    The action (either S or W) is stationary for true trajectories; it is either a local minimum, or a saddle point (at second order the action is larger for some nearby trial trajectories and smaller for others, compared to the true trajectory action). Action is never a local maximum. (In relativistic mechanics (see below) two sign conventions for the action have been employed, and whether the action is never a maximum or never a minimum depends on which convention is used. In our convention it is never a minimum.)

    où $S$ est l'action d'Hamilton et $W$ celle de Maupertuis.

    Du coup la question que je me pose est : comment l'action peut-elle être globalement (sur toute la trajectoire) maximale si localement elle ne l'est jamais.

    Cordialement,
    Mister Da
  • Physiquement, il n'y a pas de maximum possible ni local ni global. Enfin, c'est ce que disent la majorité des physiciens. Je cite en an aglais un extrait d'un article de 2007:

    Misconceptions concerning the stationary nature of the action abound in the literature. Even Lagrange wrote that the
    value of the action can be maximum,a common error of which the authors of this paper have been guilty. Other
    authors use extremum or extremal, which incorrectly includes a maximum and formally fails to include a saddle
    point. Mathematicians often use the correct term critical instead of stationary, but because the former term has other
    meanings in physics we use the latter. A similar error mars treatments of Fermat’s principle of optics, which is erroneously
    said to allow the travel time of a light ray between twopoints to be a maximum.

    http://www.eftaylor.com/pub/Gray&TaylorAJP.pdf

    (J'ai moi-même entendu mon professeur de physique en spé dire que le Principe de Fermat pourrait autoriser à un maximum. Apparemment, c'était une erreur répandue chez les physiciens. Et le cas du point point-selle n'était quasiment jamais mentionné. J'utilise les équations d'Hamilton donc je me suis intéressé à ce principe il y a longtemps en lisant le "cours de calcul différentiel" d'Henri Cartan.)
  • J'essaie, le moins mal possible, de résumer l'étape d'après, telle que présentée par Feynman.

    Le principe de moindre action (ou principe de Fermat pour ceux qui aiment les mots trop généraux) avant la MQ était un axiome

    Feynman a donné une version vulgarisée dans matière et lumière d'une preuve qui le transformerait donc en théorème (conséquence d'axiomes plus fondamentaux)

    1) L'idée est bien évidemment de considérer le multimonde (où la multihistoire). On imagine une horloge qui tourne dont l'aiguille est un vecteur (représentant de).

    2) On considère tous les trajets possibles (et non ceux empruntant un truc du genre "le plus court chemin, etc")

    3) L'aiguille est à midi quand le "truc" part de "départ". L'aiguille est "quelque part" (noté f(T)) quand le truc arrive à "arrivée", où T est le trajet suivi.

    3bis) l'horloge est attachée au truc!!! (Ce qui permet de de ne pas restreindre ça à l'espace temps classique mais à n'importe quelle physique, dont la relativité)

    4) pour chaque trajet T, le vecteur aiguille f(T) représente ce que les physiciens appellent "son amplitude de suivre le trajet T". C'est un truc qui marche comme une probabilité sauf que c'est un élément de $\C$ et non pas de $[0,1]$. Pour l'intant, il n'ya, contrairement aux apparences par vraiment "d'axiomes engagés" dans cette description car f n'a pas été précisée.

    5) Ensuite, pour simplifier, on suppose que tout est fini. L'amplitude totale obtenue est la somme des amplitudes (exactement comme en proba). Seulement voilà, ce sont des vecteurs (unitaires en plus). Donc s'il y a anarchie, pour un ensemble X de trajets, on aura un $\sum_{T\in X} f(T)$ qui sera un vecteur très proche de $0$ (les aiguilles pointent sans régularité dans tous les sens et se compensent à l'addition)

    6) Question: quels sont les groupes de trajets qui apportent la plus grosse contribution? Réponse: ce sont ceux où toutes les aiguilles pointent à peu près dans le même sens de telle sorte qu'à l'addition ça se renforce et non se compense.

    7) Au voisinage d'un point (d'un trajet) où la dérivée s'annule, c'est à dire au voisinage V d'un trajet où $f$ ressemble très fortement à une constante, toutes les flêches f(T) pour T dans V sont très proche d'une même flèche u et leur somme est "très proche" (proportionnellement) de nu où n est le nombre de trajets de V

    8) Quand on passe à l'infini, le bilan final est que "le trajet" apparent (tout ça n'a pas de sens dans le cadre multimonde) pour les habitants qui réfléchissent à tout ça sera toujours très proche d'un des trajets qui annule la "dérivée" ou plus précisément (car les trajets ne sont pas des nombres, donc il faut inventer des paramétrages et tout et tout, mais c'est routine) d'un des trajets au voisinage desquels la fonction $f$ est proche d'une constante

    9) maximum, minimum (et même dérivée) n'ont finalement un rapport qu'indirect avec tout ça, si ce n'est que la dérivée "piste" ces trajets apparents. Bien évidemment, on n'a pas éliminé tous les axiomes, mais on a juste prouvé le principe de moindre action (ie le principe de Fermat en fait) en utilisant d'autres axiomes mais qui sont plus "fondamentaux" puisque ce sont juste ceux qui posent le cadre de la MQ générale (le fait de passer des probas classiques aux amplitudes et de ne pas considérer qu'on vit dans un unimonde
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • CC, je pense que personne ici ne voulait prouver le principe de "moindre action"...C'était juste une question technique sur la nature du point critique en physique.
    Néanmoins, merci de nous éclairer de tes lumières au sujet d'une preuve possible (puisque ce principe s'applique aussi à la mécanique quantique). A ce sujet, je pense que tu as du t'intéresser aux procèdures de quantification.
  • Salut Olib (et ravi de voir sur le forum, tu fais parfois de longues pauses),

    A ce sujet, je pense que tu as du t'intéresser aux procèdures de quantification : non pas spécialement, je sais juste que le mot "renormalisation" est en gros l'étiquette qu'on met sur l'ensemble des stratégies qui permettent de passer de "fini" à "infini" dans ce que j'ai écrit ci-dessus (additionner toutes les amplitudes de trajets quand y en a une infinité...)

    Je ne sais pas quantifier (techniquement), je sais "un peu" faire la réciproque (ie expliquer les apparences classiques from MQ)

    personne ici ne voulait prouver le principe de "moindre action"...C'était juste une question technique sur la nature du point critique en physique oui ça j'avais bien compris, mais les gens semblaient dérouter par le mot "moindre" et il m'est apparu utile de fournir la raison (entre guillemets reconnue et consensuelle) qui "prouve" ce principe à partir de quelque chose de plus fondamental car dans cette "preuve" (ou pseudo preuve) on voit bien que le fait que ca soit minimum ,maximum ou juste critique n'a aucune importance, faut juste que "f soit constante" au voisinage de T" (avec mes notations)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Salut CC,
    Oui, les forums ça bouffe du temps. Je préfère lire plus ou aller à plus de séminaires, parler directement avec des chercheurs. Ceci dit, je pense qu'on peut apprendre beaucoup sur les forums, la preuve: ce fil qui nous a fait réfléchir sur la nature physique de ce point critique.
    Pour tes arguments ok, mais au niveau où tu te places tu éludes la question de base. Il y a quand même un souci technique en pratique: comment rechercher ce minimum ou point-selle avec des méthodes numériques (algorithmiques), la question étant soulevée par Mister Da.

    Pour la quantification, je parle d'une manière d'associer à un obvervable de mécanique classique un observable quantique et réciproquement.
  • Bonjour,

    merci beaucoup olib pour cet article et ton éclairage. En effet, quand on lit la page 9 du livre de mécanique de Landau et Lifchitz on peut lire en note de bas de page relative au fait que S doit prendre la plus petite valeur possible :
    Il convient cependant de noter que cette formulation du principe de moindre action n'est pas toujours valable pour la totalité de la trajectoire, mais seulement pour chaque partie suffisamment petite de celle-ci ; pour toute trajectoire, l'intégrale peut n'avoir qu'un extremum qui ne sera pas nécessairement un minimum. Cette circonstance n'est cependant pas essentielle pour la formation des équations du mouvement, qui n'utilise qu'une condition d'extremum.
    où l'on remarque qu'il n'est effectivement jamais question de point selle comme tu le faisais remarquer.

    Cordialement,
    Mister Da
  • @oliB, pour les calculs, comme de bien entendu, il ne faut surtout pas compter sur moi, je n'avais d'ailleurs même pas vu ce côté de la question.

    Pour la quantification, oui j'avais compris, et t'ai répondu que je suis "un peu" compétent uniquement pour le "et réciproquement" (ie deviner ou raconter quelles apparences classiques auront telles et telles lois quantiques)
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Bonjour,

    dans cet article, les auteurs imposent explicitement (équation (13)) que l'on atteint un minimum et l'appellent la "condition de Legendre" (le lagrangien est convexe selon les vitesses).

    Est-ce pour montrer que, dans ce cas particulier où le point critique de l'action est un minimum, l'Hamiltonien qu'ils ont défini atteint un maximum (équation (24)) ?

    Merci par avance pour votre aide.

    Cordialement,
    Mister Da
  • Bon, merci pour tous ces liens bien intéressants. Pour ma part, je retiens qu'il faut privilégier le terme "point critique" (et même "point stationnaire") pour le principe d'Hamilton. J'ai l'impression que la confusion règne chez les auteurs en général.

    Concernant le dernier message de Mister Da, il me semble que le passage juste avant l'équation (13) est un peu étrange. J'ai rapidement lu et peut-être mal compris, mais les auteurs semblent dire que la condition de stationnarité suppose qu'ils trouvent un minimum ou un maximum (et ils concluent en regardant le hessien). Ils ont oublié le point selle ? Si le Hessien a les bonnes propriétés d'un minimum, il n'y a pas de problème.

    Dans cette référence the Variational principles of mechanics, l'auteur, qui est connu quand même, ne semble pas non plus prendre le temps de faire la différence entre un minimum et un point stationnaire. p 111: "[...] but shall start with Hamilton's principle which is the most direct and most natural transformation of D'Alembert principle into a minimum principle." L'auteur admet plus loin que "ce minimum principle" est strictement parlant un problème de point critique. On ne sait pas trop donc pourquoi cette terminologie survit.
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