Équilibre de la Toupie

Salut,

Merci JLT.

Pourquoi une toupie en rotation ne tombe pas ? Quelle est l'équation mathématique qui explique son équilibre vertical ?


Merci.79878

Réponses

  • Je me lance naïvement.

    La question que je pose est : pourquoi une toupie tombe ?

    En effet, si on répond à cette question, on sait qu'alors elle tombe sur un de ses côtés.
    Je me dis que si elle tourne très vite, alors elle tombe constamment sur ledit côté, et comme ce "côté" tourne...elle veut tomber au Nord, puis à l'Est, puis au Sud, etc.

    Chers physiciens, pardon.

    C'était mon moment $euqisyhp$ ;-)
  • Bonjour,

    Sans schéma c’est difficile.

    Le plus simplement possible : on considère une toupie qui tourne sur une pointe autour de son axe avec un angle par rapport à la verticale dans le champs de pesanteur.

    On prend une photo. Et on utilise les lois de Newton.

    La combinaison des rotations (autour de l’axe propre et autour de la verticale) crée une accélération dirigée parallèlement à l’axe propre et fuyant la pointe pour les masses supérieures de la toupie; et parallèle et dirigée vers la pointe pour les masses inférieures de la toupie.
    Par la loi F=ma, la partie supérieure subit une force parallèle à l’axe propre et fuyant la pointe; la partie inférieure subit une force parallèle à l’axe propre dirigée vers la pointe.
    Ces deux forces créent un moment.
    Quelle est donc l’origine de ce moment ? C’est la gravitation qui l’exerce.

    Donc la gravitation permet de maintenir constant l’angle de la toupie avec la verticale.

    Ce qui n’est pas immédiat c’est de comprendre la direction de l’accélaration subie par les masses de la toupie. Un peu comme dans un mouvement circulaire uniforme où l'accélération est dirigée vers le centre du cercle et orthogonale à la vitesse : c’est contre intuitif.
    Ici pour comprendre cette accélération, il est nécessaire de supposer que l’angle avec la verticale reste constant lors du mouvement. C’est cette hypothèse qui impose la direction des accélérations dans la toupie.
  • La chose qui m'étonne et me fascine dans ce phénomène c'est qu'une toupie inclinée sur sa pointe, immobile ou en rotation, elle garde exactement les mêmes caractéristique (forme, masse, position ...). Dans le premier cas elle tombe, dans l'autre cas elle reprend sa position verticale.

    Pourquoi la rotation provoque une force virtuelle dirigée vers la droite verticale qui passe par la pointe de la toupie ?79880
  • Gu peux faire la même remarque d'une balle de tennis lâchée en l'air (qui tombe verticalement) ou smashée par Roger Federer: même masse, même forme, même position.
  • @L'Axone du Choix : Ok, différence d’accélération.

    @YvesM : je vais relire ton post pour avoir une image plus claire.
  • @YvesM
    La combinaison des rotations (autour de l’axe propre et autour de la verticale) ....

    La clef de la réponse je crois que c'est la rotation autour de la verticale. Sans cette rotation, la toupie tombera. Et sans la rotation autour de l’axe propre il n'y aura pas de rotation autour de la verticale. C'est ce que j'ai pu comprendre.
  • Bonjour,
    YvesM a écrit:
    La combinaison des rotations (autour de l’axe propre et autour de la verticale) crée une accélération dirigée parallèlement à l’axe propre et fuyant la pointe pour les masses supérieures de la toupie; et parallèle et dirigée vers la pointe pour les masses inférieures de la toupie.
    Par la loi F=ma, la partie supérieure subit une force parallèle à l’axe propre et fuyant la pointe; la partie inférieure subit une force parallèle à l’axe propre dirigée vers la pointe.
    Ces deux forces créent un moment.
    Quelle est donc l’origine de ce moment ? C’est la gravitation qui l’exerce.

    Donc la gravitation permet de maintenir constant l’angle de la toupie avec la verticale.

    J'ai souligné : tu voulais sûrement dire perpendiculairement à l'axe propre ? C'est la seule manière d'avoir un couple de forces.

    Or, tel que décrit, la gravitation ne peut pas créer ce couple de forces : par définition, il faudrait une résultante de forces nulle alors que tous les vecteurs "poids" sont dirigés vers la même direction (à notre échelle).

    En fait, il y a deux approches possibles :

    - On se place dans le repère fixe $(Oxyz)$ où l'on voit la toupie tourner autour de l'axe vertical $(Oz)$ à vitesse angulaire $\Omega$ et autour de son axe propre à vitesse angulaire $\omega$. Dans ce cas, il y a conservation du moment cinétique par rapport à l'axe des $z$ : en effet, aucun moment de force ne fait varier ce moment cinétique (le poids a un moment nul par rapport à (Oz) puisque de même direction). Le moment cinétique initial de la toupie, lorsqu'elle tourne verticalement, est M0. Une fois qu'elle commence naturellement à tomber, ce moment cinétique va se voir diminuer par rapport à $(Oz)$ - vu qu'on le projette sur cet axe : sa nouvelle valeur suivant $z$ sera $M_1$. Il faut donc un nouveau moment cinétique M' pour compenser cette perte. D'où l'équation de conservation suivant $(Oz)$ : $M_0 = M_1 + M'$. C'est $M'$ qui traduira la rotation de la toupie inclinée autour de $(Oz)$ en plus de sa rotation propre représentée par $M_1$.

    - On se place dans le repère tournant où $\Omega = 0$. La toupie est alors en équilibre grâce à deux types de force : les forces de gravitation (qui font tomber l'objet) et les forces centripètes d'inertie de Coriolis (qui rapprochent de l'axe $(Oz)$) - ces dernières sont dues à la rotation $\Omega$ du repère et à la rotation $\omega$ de la toupie sur elle-même.
  • Bonjour,

    Ce que j’ai écrit est correct. Tu l’interprètes mal. Par ailleurs je parle du moment par rapport au point pivot et non pas par rapport à un axe.
    Si le cœur t’en dis tu peux faire tous les calculs et vérifier ce que j’ai écrit dans la limite gyroscopique.
  • Une dernière chose, à quoi est dû la rotation autour de la verticale ?
  • @YvesM : je connais bien les calculs mais à quelle "limite gyroscopique" fais-tu allusion s'il te plaît ? Pour le dire vite, la gravité ne peut pas servir à la fois de force d'équilibre et de déséquilibre de la toupie. Elle fait bien tomber la toupie.

    @L2M : la conservation du moment cinétique est la clé pour comprendre ce phénomène. Pour un objet en rotation autour d'un axe $\Delta$, c'est un vecteur suivant l'axe de rotation et dont la norme est $I\dot{\alpha}$, avec $\dot{\alpha}$ la vitesse angulaire de l'objet et $I_\Delta$ son moment d'inertie par rapport à $\Delta$ (un moment d'inertie mesure la répartition de matière de l'objet autour de l'axe et donc sa capacité à "résister" à une mise en rotation).

    Un moment cinétique mesure donc une sorte de "quantité de rotation" (qui est le pendant de la quantité de mouvement pour les translations) autour d'un axe. Un moment de force par rapport à un axe mesure quant à lui l'effet de rotation autour de cet axe qu'entraîne une force appliquée sur l'objet. Or, la variation du moment cinétique par rapport au temps est reliée au moment des forces par un théorème de physique très important qui est l'équivalent du principe fondamental de la dynamique, mais pour les rotations.

    Lorsque les moments de force sont nuls par rapport à un axe (ici c'est le cas pour $(Oz)$ car le poids ne peut pas faire tourner la toupie autour de cet axe : c'est comme si tu essayais de faire pivoter une porte en tirant juste sa poignée vers le bas), alors le moment cinétique de l'objet suivant cet axe se conserve dans le temps : c'est une application du théorème précédent à l'équilibre des moments de force (de même qu'il découle du principe fondamental de la dynamique que lorsque la résultante des forces sur l'objet est nulle alors sa quantité de mouvement se conserve).

    Ici, étant donné que le poids fait basculer la toupie, le moment cinétique de cette dernière (initialement dirigé selon $(Oz)$ et de norme $I_z\omega$) va être alors dirigé suivant son axe de rotation propre $(Oz')$ et sa norme va diminuer car il y a "moins de rotation" de la toupie autour de $(Oz)$. Il va donc se créer un autre moment cinétique autour de $(Oz)$ pour le compenser (n'oublie pas que le moment cinétique total de la toupie doit rester constant). C'est justement le moment cinétique dirigé suivant les $z$ et de norme $I'_z\Omega$ (avec un nouveau moment d'inertie $I'_z$) : il exprime la "quantité de rotation" de la toupie autour de $(Oz)$. Grâce à lui la toupie va rester en équilibre (sous conditions de vitesse angulaire initiale), sinon la loi de conservation du moment cinétique ne sera plus respectée.

    Dans le repère mobile qui tourne à la vitesse $\Omega$, donc qui suit la toupie, celle-ci va subir des forces d'inertie ("virtuelles" mais bien réelles) dites de Coriolis et des forces de gravitation, qui vont toutes s'équilibrer. Toutefois, ces forces d'inertie n'existent pas dans le repère fixe : dans ce repère, seule la conservation du moment cinétique par rapport à $(Oz$) permet d'expliquer la création, autour de cet axe, d'une rotation de vitesse $\Omega$ de la toupie inclinée - en plus de sa rotation autour de $(Oz')$.

    Je peux te donner tous les détails mathématiques mais à quel niveau souhaites-tu des explications ? Dis-moi s'il te plaît pour que je puisse m'adapter.
  • Je reviens : n'est-il pas correct de dire que l'objet tombe dans toutes les directions (j'entends celles qui sont parallèles au sol) car il tourne très vite ?
  • @Dom : si ça tombe dans tous les sens, il finira par tomber sur l'un des sens.
  • Bonjour,

    @Ltav : @L2M demande une explication simple, pas le calcul et tout le toutim (qui n'est d'ailleurs pas compliqué et se traite en L1 dès que les notions de mécanique du solide sont abordées).

    Si tu n'as pas saisi mon message, relis-le et essaie de comprendre. C'est un bilan des forces et des moments dans le plan contenant l'axe de la toupie et de la verticale au point pivot. Pour bien comprendre, il faut identifier la direction des accélérations dans la toupie : partie supérieure (au-dessus de l'axe propre) et inférieure (en dessous). Amuse-toi à retrouver cette description par le calcul.

    Pour répondre à ta question : la limite gyroscopique est le régime de rotation axiale à vitesse angulaire constante. Quand on ne fait pas tourner la toupie suffisamment vite ou en fin de course, elle tombe parce qu'elle n'entre pas ou finit par sortir de ce régime. En L1 pour simplifier l'énoncé se place dans ce régime directement 'on considère une toupie qui tourne à vitesse angulaire constante autour de l'axe vertical'.

    @Dom : Je n'arrive pas à donner sens à ton explication. La toupie tombe du fait de la gravité. Elle subit une accélération due à la dynamique des rotations : et par la loi de Newton F=ma, cette accélération crée une force égale et opposée aux forces sur la toupie (poids et réaction au point pivot). C'est un équilibre dynamique : il faut que la vitesse angluaire soit ajustée à une valeur précise pour maintenir cet équilibre.
    Quand on lance la toupie, on fait tourner trop vite (sinon elle tombe immédiatement) et lorsque la toupie perd de l'énergie (par frottement au point pivot et résistance de l'air) elle tourne moins vite et inévitablement passe par la valeur ajustée de la vitesse angulaire, qui devient constante dans ce régime et entretient la rotation de la toupie... avant de quitter ce régime et de tomber.
  • Ok.
    Je n'y connais rien pour ainsi dire.
    Ma vision (naïve, voire erronée) est la suivante : je la pose verticalement en l'origine d'un repère et je la regarde du dessus.
    a) quand elle est posée bien droite, elle tombe sur un côté, un seul, ce côté C regarde vers 0° (au Nord, en haut).
    b) à l'arrêt, elle met un certain temps $t$ pour tomber complètement sur le côté.
    c) quand elle tourne vite elle tombe à 0°, puis à 1°, puis à 2° etc. N'ayant pas le temps de tomber (elle veut tomber en haut et quasiment en même temps, à droite, et quasiment au même moment, en bas, etc.). En gros, elle est tombée dans toutes les directions ce qui a pour effet de ne pas tomber.
    Puis, tournant de moins en moins vite, elle finit par tomber dans "une seule" direction : elle a le temps de tomber.
  • Bonjour,

    @YvesM : j'ai refait tous les calculs pour savoir de quoi on parle. On reste à $\theta$ constant (pas d'effet de nutation) et en régime permanent (ou "limite gyroscopique" si tu préfères - je ne connais pas cette expression).
    YvesM a écrit:
    La combinaison des rotations (autour de l’axe propre et autour de la verticale) crée une accélération dirigée parallèlement à l’axe propre et fuyant la pointe pour les masses supérieures de la toupie; et parallèle et dirigée vers la pointe pour les masses inférieures de la toupie.
    Par la loi F=ma, la partie supérieure subit une force parallèle à l’axe propre et fuyant la pointe; la partie inférieure subit une force parallèle à l’axe propre dirigée vers la pointe.
    Ces deux forces créent un moment.
    Quelle est donc l’origine de ce moment ? C’est la gravitation qui l’exerce.

    On peut donner une interprétation à ton message seulement s'il parle des forces d'inertie de Coriolis (en négligeant les forces centrifuges, supposées beaucoup plus faibles) et si on intègre ces forces sur chaque moitié de la toupie divisée par un plan contenant son axe de symétrie.

    Or, dans ce cas les directions que tu donnes pour les résultantes des forces/accélérations ne sont correctes que pour $\theta = \pi/2$ (angle que fait la toupie avec la verticale), c'est-à-dire quand la toupie est horizontale (donc déjà "tombée" en quelque sorte si on règle son premier contact avec le sol à $\theta = \pi/2$) et roule autour de $(Oz)$ (avec ou sans glissement suivant sa vitesse de rotation propre $\omega$ et les frottements du sol). A ce moment là, les deux forces globales de Coriolis - une pour chaque moitié de la toupie - sont bien suivant l'axe propre et il y a un bras de levier - je pensais que tu parlais d'un point d'application sur l'axe propre - mais elles n'expliquent plus vraiment la sustentation de la toupie : les forces de réaction du sol suffiraient à compenser le poids à elles seules.

    Dans le cas général, les directions sont différentes. On se place dans un repère orthonormé $R' = (Ox'y'z')$, mobile par rapport à $R = (Oxyz)$ et dans lequel la toupie ne tourne que sur elle-même. Leurs vecteurs de base, respectivement $(\vec{e}_{x'}, \vec{e}_{y'}, \vec{e}_{z'})$ et $(\vec{e}_x, \vec{e}_y, \vec{e}_z)$, sont confondus à $t=0$ pour $\theta = 0$. Le nouvel axe propre de la toupie est donc $\vec{e}_{z'}$.

    On s'intéresse à la force de Coriolis élémentaire sur un point de masse $dm$ de la toupie, situé au point $M$ tel que : $\vec{OM} = -r\cos\alpha \vec{e}_{x'} - r\sin\alpha \vec{e}_{y'} + z' \vec{e}_{z'}$ et se mouvant à la vitesse relative $\vec{v}$ dans $R'$. Ainsi, le point $M$ est à une distance $z'$ de $O$ suivant l'axe propre $\vec{e}_{z'}$, à un rayon $r$ de cet axe et tel que le vecteur $(\vec{OM} - z'\vec{e}_{z'})$ fait un angle $\alpha$ avec le vecteur $-\vec{e}_{x'}$. Pour préciser les choses, lorsque tu parles de "masses supérieures de la toupie" ou de "masses inférieures", je suppose que c'est respectivement pour les points $M$ à angle $\alpha \in [0,\pi]$ et $\alpha \in [\pi, 2\pi]$.

    On peut écrire :

    $$\vec{\Omega} = \Omega (-\sin \theta \vec{e}_{y'} + \cos \theta \vec{e}_{z'})$$

    et

    $$\vec{v} = r\omega (\sin \alpha \vec{e}_{x'} - \cos \alpha \vec{e}_{y'})$$

    D'où la force de Coriolis élémentaire en $M$ (je donne mes résultats en vrac) :

    $$d^3\vec{f_c} = 2dm \vec{v} \wedge \vec{\Omega} = 2dm r \omega \Omega (- \sin \theta \sin \alpha \vec{e}_{z'} - \cos \theta \sin \alpha \vec{e}_{y'} - \cos \theta \cos \alpha \vec{e}_{x'}) $$

    Elle a des composantes suivant les trois dimensions de l'espace. En intégrant par rapport à $\alpha$ sur la circonférence du cercle de rayon $r$ où se trouve $M$, on obtient une résultante $d^2\vec{f_c}$ nulle. Maintenant, en intégrant sur un demi-cercle ("masses supérieures" pour $\alpha \in [0,\pi]$), l'on obtient ($dm$ ne dépendant pas de $\alpha$) :

    $$d^2\vec{f_c} = 2dm \int_0^{\pi} \vec{v} \wedge \vec{\Omega} d\alpha = 4dm r \omega \Omega (- \sin \theta \vec{e}_{z'} - \cos \theta \vec{e}_{y'} )$$

    Sur l'autre demi-cercle ("masses inférieures"), on trouverait la même force mais de sens opposé. Or, on voit ici que $d^2\vec{f_c}$ n'est plus parallèle à l'axe propre de vecteur $\vec{e}_{z'}$ de la toupie. Intégrer sur tout le volume de la toupie ne changera pas ce résultat : il y a toujours deux composantes.

    Pour le moment élémentaire $d^3\vec{M}$ par rapport à $O$ de la force de Coriolis élémentaire, on obtient :

    $$d^3\vec{M} = \vec{OM} \wedge d^3\vec{f_c} = 2dm r \omega \Omega \left[ (z'\cos \theta \sin \alpha + r\sin \theta \sin^2 \alpha )\vec{e}_{x'} + (- z' \cos \theta \cos \alpha - r \sin \theta \cos \alpha \sin \alpha )\vec{e}_{y'} \right]$$

    L'intégration par rapport à toute la circonférence donne :

    $$d^2\vec{M} = 2\pi dm r^2 \omega \Omega \sin \theta \vec{e}_{x'} $$

    On aura un effet rotatif autour de $(Ox')$, opposé au poids de la toupie - l'intégration sur tout le volume ne changera pas cette direction du moment de force. Dans le repère mobile, cet effet est dû aux forces inertielles de changement de repère. Dans le repère fixe, il faut une autre explication à la sustentation car ces forces sont nulles (j'ai parlé plus haut de la conservation du moment cinétique).

    Il faudrait donc que tu expliques ta phrase :
    Ces deux forces créent un moment.
    Quelle est donc l’origine de ce moment ? C’est la gravitation qui l’exerce.

    Et petite précision : tu sais peut-être que la compréhension du phénomène de la toupie ne fait pas encore l'unanimité chez les scientifiques. Ce n'est pas juste un "petit" problème de L1.

    @Dom : je réfléchis à ton post.
  • On m'a suggéré "le paradoxe de l'âne de Buridan" par MP (j'en remercie l'auteur ;-)).
    En effet, je ne connaissais pas mais c'est une bonne image de ce que je dis.

    Ne te prends pas trop la tête dessus, je suis vraiment un inculte en ce qui concerne la physique.
    Mais cela dit, je suis prêt à entendre et à m'intéresser à des arguments qui prouvent que c'est une mauvaise façon de voir les choses,
  • Bonjour,

    Je me place dans le plan $O, e_z,e_z’$. Comme la toupie tourne, on prend une photo dans ce plan et on fait un bilan des forces dans ce plan. De plus, n’oublie pas qu’une force est la combinaison d’un vecteur et d’un point d’application (pour les parties supérieure et inférieure). Tu retrouves tout ce que j’explique. Tu as le droit de préférer une autre explication... mais pour rester élémentaire un bilan des forces est approprié. Sinon, le théorème du moment donne que la composante selon z reste constant et donc quand la toupie tombe, elle diminue son moment et pour rester constant il ne lui reste plus qu’à tourner...
  • @Ltav : la compréhension du phénomène de la toupie ne fait pas encore l'unanimité chez les scientifiques. Ce n'est pas juste un "petit" problème de L1
    Tout-à-fait d'accord.
    @Ltav
    Il faudrait donc que tu expliques ta phrase :
    @YvesM :
    Ces deux forces créent un moment.
    Quelle est donc l’origine de ce moment ? C’est la gravitation qui l’exerce.

    Faisons une expérience de pensée : Imaginons une toupie dans l'espace isolée de tout champ de gravitation et faisons la tourner uniquement autour de son axe. L'intuition dit que la toupie ne bougera pas.
  • En fait, si mon intuition dans cette expérience de pensée est vraie, alors la toupie sur le sol de la terre doit tomber dans tous les cas.
  • @Dom :
    On m'a suggéré "le paradoxe de l'âne de Buridan" par MP (j'en remercie l'auteur winking smiley).
    En effet, je ne connaissais pas mais c'est une bonne image de ce que je dis.

    Non, contrairement à l'âne de Buridan qui hésitait tellement entre manger et boire qu'il n'a fait ni l'un ni l'autre, j'ai l'impression que "ta toupie" fait bien deux actions simultanément : elle tombe et en même temps "prend la tangente", à chaque instant, ce qui la maintiendrait en équilibre. Tu penses peut-être à l'explication classique de la rotation d'une planète autour du Soleil ? La planète "tombe" sur lui à chaque seconde mais "s'éloigne" en même temps de lui par inertie, d'où sa trajectoire fermée - à condition que la vitesse de la planète soit suffisamment grande.

    Ici, la principale différence serait dans la direction de chute : la toupie ne tombe pas sur l'axe vertical de rotation $\vec{\Omega}$ mais vers le sol. Aussi, sa vitesse autour de cet axe ne devrait pas "rattraper" sa chute. Elle finirait par tomber. Par contre, il y a quand même une histoire d'inertie avec la toupie comme pour la planète : en théorie, rien ne peut détruire sa rotation autour d'un axe sauf une force contraire à cette rotation. C'est le principe d'inertie. Or, le poids de la toupie n'a aucun effet rotatif ou contrarotatif autour de $(Oz)$. De même que la réaction du support. Le poids peut juste incliner la toupie mais il ne lui fera pas perdre sa "quantité de rotation" initiale autour d'elle-même (lorsque son axe propre est confondu avec $(Oz)$). Comme une inclinaison fait perdre un peu de cette quantité de rotation, alors la loi de conservation (dite du moment cinétique) se traduit par la création d'une nouvelle rotation de la toupie autour de $(Oz)$ et non plus seulement autour d'elle-même. Voir détails ci-dessous.

    Pour les translations, on a la même idée avec le principe de conservation de la quantité de mouvement $p = \sum_i m_i v_i$ d'un système isolé : pense par exemple au célèbre tir de canon. Je simplifie. Le système "canon + boulet" (on omet tous les frottements) a une quantité de mouvement initiale $p$ nulle. Tant qu'aucune force extérieure ne s'exerce sur ce système, $p$ restera égale à zéro. Or, le tir va occasionner une vitesse $v > 0$ au boulet de masse $m$, donc une quantité de mouvement $mv$ qui va mettre en danger la loi de conservation. Ici, aucune interaction extérieure sur le système, il n'y a que des interactions internes qui se compensent (explosion de la poudre, chocs, réactions des pièces entre elles, etc.). Il faut donc, pour garder la quantité de mouvement constante et égale à zéro, que le système réagisse de manière "opposée" : le canon de masse $M$ va reculer à vitesse $V < 0$, tel que :

    $$p = MV + mv = 0$$

    d'où : $V = -mv/M$.

    Cette loi découle du principe d'inertie. Maintenant, imaginons qu'il n'y ait plus de force de gravitation au moment du tir. Chacun des deux bolides continuerait alors sa course, avec la même vitesse et dans la même direction sans jamais s'arrêter : pourtant aucune "force ne les pousse" ? Eh bien non, c'est là encore une application du principe d'inertie, qui est un principe "par défaut" : pas besoin de chercher un moteur. C'est au contraire parce qu'aucune force ne s'exerce sur un mobile qu'il continue toujours sur sa lancée initiale.

    Dans le cas de la toupie, pareillement, le système est $(Oz)$-isolé au sens de sa "rotation par rapport à $Oz$". Toute action du poids ne sera alors qu'indirecte et interne à ce système (pour reprendre l'image du canon) : son moment cinétique suivant $(Oz)$ ne changera pas. Une brève action pesante "$(Oz)$-contrarotative" (uniquement à travers l'inclinaison $\theta$) dans le repère fixe va donc engendrer une toute aussi brève réaction du système sous la forme d'un moment de force égal et opposé au moment de force de "dérangement", afin de rétablir la "quantité initiale de rotation" en faisant tourner la toupie autour d'un autre axe.

    Ainsi, on croit le vecteur poids toujours agir, certes il est là, mais il n'agit absolument pas du point de vue rotatif autour de $(Oz)$. Il n'affecte le système qu'indirectement et transitoirement. Mais on pourrait encore se demander : "Oui mais alors pourquoi la toupie ne tombe t-elle pas quand même tout en tournant autour de $(Oz)$, à cause de cette destruction rotative même "indirecte" du poids ?. Pour cela, il faudrait que l'effet contrarotatif du poids soit assez fort pour annuler complètement le moment cinétique $M'$, qui est le moment initial diminué à cause de l'inclinaison due au poids. Or, il ne le peut pas sous une certaine hypothèse.

    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?44,1706368,1707002#msg-1707002
    $$M_0 = M_1 + M'$$

    En effet, techniquement on peut poser (on projette tous les vecteurs sur $\vec{e}_z$) : $M' = M_0\cos \theta$ (où $M_0$ est le moment cinétique initial $(Oz)$-conservatif). Plus $\theta$ augmente (i.e. la toupie tombe), et plus $M'$ sera faible, jusqu'à s'annuler à $\theta = \pi/2$.

    Est-il possible d'avoir finalement $M_0 = M_1$ ? Eh bien non, si l'on suppose $\omega \gg \Omega$ (hypothèse dite gyroscopique). En effet, on sait que $M_0 = I_0\omega$ et $M_1 = I_1\Omega$, où $I_0$ et $I_1$ sont respectivement les moments d'inertie de la toupie tournant sur elle-même et autour de l'axe vertical (comme $I_1$ est déjà plus grand que $I_0$, vu les répartitions différentes de masse, on comprend le signe $\gg$). La condition revient donc à impulser une vitesse initiale très élevée à la toupie verticale. Tant qu'elle est beaucoup plus grande que $\Omega$, la toupie ne tombera pas.

    Je préfère ces explications à celle avec les forces de Coriolis, qui ne jouent aucun rôle dans le repère fixe - dans lequel pourtant on continue d'observer l'apparente sustentation de la toupie...
    Dom a écrit:
    Ne te prends pas trop la tête dessus, je suis vraiment un inculte en ce qui concerne la physique.
    Mais cela dit, je suis prêt à entendre et à m'intéresser à des arguments qui prouvent que c'est une mauvaise façon de voir les choses,

    Merci de ta sollicitude mais j'ai trouvé ta remarque digne de réflexion - comme d'ailleurs souvent les remarques des non-professionnels d'un domaine particulier. Il n'y a pas que du "mauvais" dans ta vision.
  • http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?44,1706368,1707532#msg-1707532

    @YvesM : Oui j'ai retrouvé l'essentiel de tes calculs (sauf pour les directions des forces de Coriolis sur chaque moitié de la toupie, vérifie bien) en les généralisant. Tant mieux si j'ai pu détailler ton interprétation, mais il serait bon que tu précises cette idée de gravitation à l'origine de l'apparente sustentation, alors que tu es d'accord d'un autre côté que ce sont les forces d'inertie dans le repère mobile. Tu penses au principe de Mach, à l'équivalence inertie/courbure espace-temps de la relativité, etc. ?
    Tu as le droit de préférer une autre explication... mais pour rester élémentaire un bilan des forces est approprié. Sinon, le théorème du moment donne que la composante selon z reste constant et donc quand la toupie tombe, elle diminue son moment et pour rester constant il ne lui reste plus qu’à tourner...

    Ce n'est pas juste une question de préférence ou de droit. L'explication avec les forces d'inertie (Coriolis) impose un angle $\theta$ fixe et inférieur à $\pi/2$ et démarre son bilan à partir de cette hypothèse. De plus, elle n'éclaire pas les phénomènes dans le repère fixe (où il n'y a plus de forces inertielles). Au contraire, l'explication avec la conservation du moment cinétique se passe de l'hypothèse sur $\theta$ et permet même de la retrouver à partir d'une condition initiale très facilement réalisable qu'est l'hypothèse gyroscopique (voir la fin de mon dernier message : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?44,1706368,1707624#msg-1707624).

    @L2M :

    http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?44,1706368,1707534#msg-1707534
    L2M a écrit:
    Faisons une expérience de pensée : Imaginons une toupie dans l'espace isolée de tout champ de gravitation et faisons la tourner uniquement autour de son axe. L'intuition dit que la toupie ne bougera pas. [...] si mon intuition dans cette expérience de pensée est vraie, alors la toupie sur le sol de la terre doit tomber dans tous les cas.

    Hors théorie de la relativité générale (qui nous dit que l'espace-temps est le champ de gravitation lui-même) ou alors en se plaçant dans un espace-temps parfaitement "plat" (infiniment loin de toute masse), ton expérience de pensée est possible. Même sans forces de gravité, la toupie tournante légèrement déviée de la verticale à $t=0$, peut rester à l'équilibre à angle $\theta < \pi/2$ sans problème grâce à la conservation du moment cinétique (ou "quantité de rotation du système autour de (Oz)") et l'hypothèse gyroscopique (voir mon dernier post).

    Mais peux-tu préciser ta Gedankenexperiment s'il te plaît ? Je n'ai pas compris ta conclusion personnelle. Fais-tu référence à cette intuition là (qui semble tout à fait correcte) ?
    L2M a écrit:
    La clef de la réponse je crois que c'est la rotation autour de la verticale. Sans cette rotation, la toupie tombera. Et sans la rotation autour de l’axe propre il n'y aura pas de rotation autour de la verticale. C'est ce que j'ai pu comprendre.
  • Oui exactement.
    Sans le contact de la toupie avec le sol, il n'y aura pas d'équilibre de la toupie.
    En fait le sol nous garantit la rotation de la toupie autour de la verticale.

    La Gedankenexperiment en image :79962
  • ... C'est-à-dire que si on arrive à empêcher la toupie de tourner autour de la verticale, il tombera même si elle tourne autour de son axe.

    La question qui échappe aux équations est : pourquoi la toupie tourne autour de la verticale ? c'est une question que j'ai déjà posé en haut. http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?44,1706368,1707058#msg-1707058

    Je ne suis pas vraiment fort en physique. Mais j'ai toujours voulu comprendre ce phénomène.
  • Merci pour tes précisions et schémas associés. Je ne suis pas encore sûr de parfaitement comprendre mais attention, la réaction du sol et le poids n'interviennent pas dans le calcul de la rotation de la toupie autour de la verticale (voir mes posts) : leurs effets "rotatifs" (dits "moments de force" par rapport à (Oz)) sont nuls. Le théorème de conservation du moment cinétique nous montre que seules comptent la rotation initiale de la toupie verticale sur son axe et une perturbation (le poids ou autre chose) qui incline la toupie.

    On utilise ce principe dans le gyroscope à cardan par exemple, très utile pour s'orienter, même en navigation spatiale : le centre de gravité de la toupie (ou gyroscope) est placé exactement sur son axe de rotation. Aussi, la force gravitationnelle n'a aucun "effet rotatif" sur le gyroscope : vu qu'il ne subit aucune autre perturbation, son moment cinétique (ou vecteur "quantité de rotation autour de l'axe") est constant, l'axe de rotation est alors toujours dirigé vers la même direction universelle (comme dans ton premier schéma d'espace-temps plat).

    En tout cas, comme tu l'as dit, la rotation de la toupie inclinée autour de la verticale est très importante pour assurer l'équilibre de la toupie, sinon soit elle s'effondre, soit elle revient tourner à la verticale. Et cette rotation est une "partie" de la rotation initiale de la toupie sur elle-même quand elle était à la verticale. L'autre "partie" est sa rotation sur elle-même. La somme doit être constante (théorème dit de "conservation du moment cinétique") car aucune force, pas même le poids, ne trouble la rotation autour de la verticale (Oz).
    La question qui échappe aux équations est : pourquoi la toupie tourne autour de la verticale ? c'est une question que j'ai déjà posé en haut.

    Je pensais avoir répondu à ta question dans mes posts suivants mais j'ai peut-être mal expliqué. Cette question n'échappe pas aux équations. J'ai rappelé sa formalisation dans : http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?44,1706368,1707624#msg-1707624, mais je précise que, à chaque instant $t$ :

    $$M_0(t) = M_1(t) + M'(t) = k$$

    où $k$ est une constante et les $M$ sont des mesures physiques (appelées "moments cinétiques") de chaque "quantité de rotation" autour de (Oz) : $M_0$ correspond à la rotation initiale de la toupie verticale (elle se conserve à travers le temps), $M_1$ correspond à la rotation de la toupie inclinée autour d'elle-même mais sans tourner autour de (Oz), $M'$ à la rotation de la toupie qui tourne autour de (Oz) mais sans tourner autour d'elle-même. Comme $M_0 \gg M_1$ si $\omega \gg \Omega$ (hypothèse gyroscopique), on ne peut pas avoir $M'(t) = 0$. Or, $M'(t)$ est nul seulement lorsque $\theta = \pi/2$, i.e. la toupie tombe.

    Pour résumer simplement :

    1- Les lois de la physique nous imposent une conservation de la "quantité de rotation initiale" de la toupie autour de l'axe vertical (Oz) qui est aussi son axe propre (de rotation sur elle-même) au départ.

    2- Si la toupie s'incline, alors cette quantité va diminuer (la toupie "tourne moins" autour de l'axe vertical : tu arrives à visualiser cela ?).

    3- Il doit donc nécessairement se créer une nouvelle rotation pour la toupie inclinée qui va s'ajouter à la quantité de rotation diminuée.

    4- Cette rotation sera celle de la toupie inclinée immobile autour de l'axe vertical (Oz).

    5- L'important est de garder constante cette somme de deux "quantités de rotation".

    Est-ce que cette explication te parle, ou sinon, à partir de quelle ligne numérotée ?
    Je ne suis pas vraiment fort en physique. Mais j'ai toujours voulu comprendre ce phénomène.

    Mais pas de soucis, c'est justement comme ça que l'on devient fort.

    Bonne nuit.
  • Merci. Toutes les lignes sont claires.
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