Factorisation d'un carré

Bonjour.
Soit $a^2=mn$, et $PGDC(m,n)=1$.
Peut-on montrer que $m$ et $n$ sont des carrés sans recourir à la factorisation ?
Cordialement.

Réponses

  • Avec le lemme d'Euclide et le lemme de Gauss, non ?
  • Oui, on peut le montrer.
    Il suffit de faire une récurrence descendante sur $a$.

    Pour $a=1$ c'est évident.
    Supposons $a>1$. Soit $p$ un diviseur premier de $a$ ; posons $a=p\,a_1$.
    Alors $p$ divise $mn$ donc par le lemme d'Euclide $p$ divise $m$ ou $n$.
    Supposons que $p$ divise $m$ : $m=p\,m_1$.
    Alors $p^2\,a_1^2=p\,m_1\,n$ d'où $p\,a_1^2=m_1\,n$.
    Comme $pgcd(m,n)=1$, $p$ ne divise pas $n$.
    Donc par le lemme d'Euclide $p$ divise $m_1$ : $m_1=p\,m_2$.
    Finalement $a_1^2=m_2\,n$ avec $a_1<a$ et $pgcd(m_2,n)=1$.
  • Et, en trichant :

    \begin{eqnarray*}
    mn = a^2, \ (m,n) = 1 & \Longleftrightarrow & \tau(mn) \ \textrm{impair} \\
    & \Longleftrightarrow & \tau(m) \tau(n) \ \textrm{impair} \\
    & \Longleftrightarrow & \tau(m) \ \textrm{et} \ \tau(n) \ \textrm{impairs} \\
    & \Longleftrightarrow & m \ \textrm{et} \ n \ \textrm{carrés.}
    \end{eqnarray*}
  • @archimède : merci.
    @discret : quelle idée inattendue et réjouissante !
  • Oui, mais tu as remarqué, j'ai dit "j'ai triché", en ce sens qu'il ne me paraît pas être simple de se passer de la décomposition primaire des entiers pour démontrer l'équivalence (au moins la condition nécessaire)
    $$\tau(n) \ \textrm{impair} \Longleftrightarrow n \ \textrm{carré}.$$
  • @discret : de quelle fonction $\tau$ s'agit-il ?
  • $\tau(n)$ est le nombre de diviseurs positifs de $n$, également notée $d(n)$.
  • Et peut-on prouver les propriétés de la fonction $\tau$ sans recourir à la factorisation ?

    PS Je n'avais pas vu l'avant dernier message de discret...
  • Est-ce vraiment tricher ?

    Pour un entier positif $N$, chaque diviseur $p$ a un diviseur conjoint $q=N/p$, donc le nombre de diviseurs de $N$ est pair, sauf si l'un de ses diviseurs est égal à son conjoint.
    Ça ne peut se produire qui'une seule fois et seulement si $N$ est un, carré.
  • @Jacquot : à mon sens, tu as montré la condition suffisante de l'équivalence ci-dessus, mais l'implication $n \ \textrm{carré} \Longrightarrow \tau(n) \ \textrm{impair}$ nécessite un peu plus de travail, je trouve.
  • Il faut peut-être dire que deux diviseurs distincts ne peuvent pas, en bonne moralité, avoir le même conjoint et que le conjoint du conjoint est le diviseur lui-même, bref qu'ils "vont bien par deux", sauf quand l'un est son propre conjoint.

    Quoiqu'il en soit, ça ne nécessite pas qu'on passe par la factorisation
  • J'avoue qu'avec toutes ces histoires de conjoints...

    Ah mais, j'entends ma conjointe qui revient du travail...On va pouvoir manger !
  • C'est la multiplicativité de $\tau$ qui me semble délicate sans factorisation.
    Que les diviseurs aillent en général par paires $\{d,n/d\}$ est effectivement facile à voir.
  • Tout à fait, soland !
    Cette multiplicativité n'est d'ailleurs de mise que si $m$ et $n$ sont premiers entre eux.
    Il faut alors voir que les diviseurs de $mn$ sont tous les nombres de la forme $p\times q$ où $p$ divise $m$ et $q$ divise $n$ .
    Les $1\times q$ fournissant les diviseurs de $n$ et les $p\times 1$ ceux de $n$

    Mais, au juste, pourquoi ne peut-il pas y avoir d'autres diviseurs de $mn$ que ceux-ci ?

    @ discret:
    Moi aussi, j'ai dû faire une pause-casseroles :-D
    Quand tu écris la liste des diviseurs d'un nombre, par exemple 144, tu peux commencer par devant et par derrière en même temps:
    $\mathcal D_{144}= \{1 ; 2 ; 3 ;\dots\ \ ; 48 ; 72 ; 144\}$
    Les conjoints sont les nombres symétriques dans cettte liste.
  • Boniour,
    $\tau$ est multiplicative puisque c'est 1 * 1
  • @Cidrolin : je ne connais pas la signification de 1*1
  • On pose $\mathbf 1(n)=1$, pour tout $n \in \N$ et $*$ désigne le produit de convolution de Dirichlet,
    on a $ \displaystyle \tau (n) = \sum _{d \mid n } 1$
  • Étant donnée la richesse de la structure multiplicative des entiers, la question de Soland m'a paru être comme un défi, une gageure même !

    @Jacquot : par définition, une fonction arithmétique est dite multiplicative si $f(1) \neq 0$ et si, pour tous entiers $m,n$ tels que $(m,n)=1$, on a $f(mn) = f(m)f(n)$. SI tu enlèves la contrainte $(m,n)=1$, on dit que $f$ est complètement multiplicative.

    Cette définition est évidemment clairement liée à la structure multiplicative des entiers. Par exemple, la multiplicativité de $\tau$ découle immédiatement du théorème suivant :
    $$f,g \ \textrm{multiplicatives} \Longrightarrow f \star g \ \textrm{multiplicative}$$
    où $f \star g$ désigne, comme le dit Cidrolin, le produit de convolution de Dirichlet (il suffit d'appliquer ce résultat avec $f=g= \mathbf{1}$ pour obtenir la multiplicativité de $\tau$), mais ce résultat ô combien important s'en déduit à partir du moment où l'on sait démontrer que, si $(m,n)=1$, alors tout diviseur $d$ de $mn$ s'écrit $d=ab$, avec $a \mid m$ et $b \mid n$.
  • Pour la multiplicativité, je pensais à
    $PGDC(m,n) =1$ et $d|mn$ impliquent $d=PGDC(m,d)\cdot PGDC(n,d)$
  • Bonsoir
    discret a écrit:
    ...à partir du moment où l'on sait démontrer que, si $(m,n)=1$, alors tout diviseur $d$ de $mn$ s'écrit $d=ab$, avec $a \mid m$ et $b \mid n$.
    C'est là qu'on aura peut-être besoin de l'unicité de l'écriture de $mn$en produit de facteurs premiers, non ?

    @ soland : et comment justifies-tu cette ilmplication ?
  • Jacquot a écrit:
    C'est là qu'on aura peut-être besoin de l'unicité de l'écriture [...]

    Il est certain que cette proposition peut, bien sûr, se démontrer avec la décomposition canonique des entiers.

    Maintenant, si tu peux la démontrer sans elle...
  • Alors, finalement, as-tu triché ou pas ?
    Et si oui, où as-tu triché ?
  • Oui, j'ai bien triché !

    Mais ça aura eu le mérite de nous faire causer d'arithmétique, ce qui n'est pas une perte de temps. :-)
  • Que ce soit bien clair, je ne t'en fais aucun reproche puisque tu l'annoncçais d'emblée...(smiley avec les bières, disparu...)
    Mais faut que j'aille vite à mes casseroles!;-)
  • Pour que la question soit formelle ("sans recourir à factorisation" est trop vague), on peut peut-être poser la question dans les anneaux principaux par exemple.

    Ca évoque le fait qu'ils sont forcément factoriels si je ne me trompe pas. Tu peux alors écrire une preuve de principal =>factoriel puis de factoriel => ton truc puis tenter d'éliminer les passages qui sont inutiles pour avoir principal => ton truc en recourant le moins possible à la factorialité
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Christophe C a écrit:
    "sans recourir à factorisation" est trop vague

    Je ne suis pas d'accord.
    Christophe C a écrit:
    on peut peut-être poser la question dans les anneaux principaux par exemple.

    Là non plus, je ne suis pas d'accord. C'est du formalisme inutile (ou alors pourquoi se restreindre aux anneaux principaux, et pas élargir aux anneaux de Dedekind, par exemple). La question était claire.
  • Bonjour

    essayez ca :

    a^2 = m.n => (a/n)^2 = m/n

    Soit r = pgcd (a,n), avec a = rp, n =rq => p et q premiers entre eux, de meme pour p^2 et q^2 => p^2/q^2 est en forme reduite.

    donc on a p^2/q^2 = m/n avec toutes les deux fractions de forme reduite => m = p^2, n =q^2
  • discret a écrit:
    C'est du formalisme inutile

    Bin j'ai juste été explicite.
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • D'accord avec Archimède!
  • Mais peut-on alors prouver
    - l'unicité de l'écriture d'une fraction irréductible
    - le fait que si $a$ et $b$ sont premiers entre eux alors $a^2$ et $b^2$ aussi

    sans avoir recours à la factorisation ?
  • Pour boucher les "trous" dans la démonstration ci-dessus:


    Le résultat suivant est bien utile:

    Si $a>0$ et $b>0$ sont premiers entre eux d'une part et si $u>0$ et $v>0$ sont aussi premiers entre eux :

    $av=bu$ entraîne $a=u$ et $b=v$

    $a$ est premier avec $b$ et divise $bu$ donc, d'après le théorème/lemme de Gauss, $a$ divise $u$

    $u$ est premier avec $v$ et $u$ divise $av$ donc, d'après le théorème/lemme de Gauss, $u$ divise $a$

    $a$ divise $u$ et $u$ divise $a$ or $a,u$ sont strictement positifs donc $a=u$

    On montre de même que $b=v$

    Et pour montrer que si $a$ et $b$ sont premiers entre eux alors $a^2$ et $b^2$ sont premiers entre eux.

    $a$ et $b$ sont premiers entre eux donc il existe $u,v$ entiers tels que:

    $ua+vb=1$


    $1=(ua+vb)^3=u^3a^3+3u^2a^2vb+3uav^2b^2+v^3b^3=(u^3a)a^2+(3u^2vb)a^2+(3uav^2)b^2+(v^3b)b^2$
    donc $1=(u^3a+3u^2vb)a^2+(3uav^2+v^3b)b^2$

    Donc $a^2$ et $b^2$ sont premiers entre eux.
  • On voit bien que si on détaille tout, ça devient assez long.

    Essayons une preuve utilisant juste l'existence du PGCD et le lemme de Gauss.

    Ecrivons $a=bc$ et $n=n'c$ où $c$ est le PGCD de $a$ et $n$. Alors $b$ et $n'$ sont premiers entre eux.

    Comme $b^2c=mn'$ et $b$ divise le membre de gauche, $b$ divise $m$ donc on peut écrire $m=bm'$. Ceci donne
    $bc=m'n'$.

    Comme $b\mid bc=m'n'$, $b$ divise $m'$ donc on peut écrire $m'=bm''$, d'où $c=m''n'$.

    Enfin, $c$ divise $n$ donc est premier avec $m$. A fortiori, $c$ est premier avec $m''$ donc $c$ divise $n'$.

    Comme $m''\frac{n'}{c}=1$, on a nécessairement $m''=\frac{n'}{c}=1$, d'où finalement $n=c^2$ et $m=b^2$.
  • En vérité, JLT ne fait que démontrer que "génial" admet un strict majorant
  • @moussaid521 :
    Dans $\mathbb{Z}[\sqrt{-5}]$ les écritures
    $$
    \frac{3}{1+\sqrt{-5}} = \frac{1-\sqrt{-5}}{2}
    $$
    sont réduites. L'unicité de l'écriture d'une fraction sous forme réduite n'est donc pas garantie par la seule structure d'anneau.
    Cordialement.
  • HELP

    Quelqu'un pourrait-il m'aider à terminer cette démonstration?35475
  • Je crois que ce que discret appelait "clair" à propos de "sans factorisation"c'était d'éviter de dire la chose suivante: m,n n'ont pas de facteur premier commun. Tous les facteurs premiers de $a^2$ apparaissent en double. De $a^2=mn$ on tire qu'ils se répartissent entre $m$ et $n$, mais en double à chaque fois. Donc $m,n$ sont tous deux des carrés

    Je commence à voir avec les idées (géniales comme dit depasse :-D ) de moussaid et JLT que l'évitement de l'argument précédent suffit presque à satisfaire le critère. Mais personnellement, aussi "géniales" soient-elles, je n'ai vraiment pas compris en quoi elles évitaient la factorisation ou plutôt je ne l'ai compris qu'à relecture et re-réflexion sur le fil.

    Comme (neuroleptiques n'arrangeant rien) je ne bite rien aux calculs de moussaid et JLT, j'essaie, à la vue de l'ensemble de ces arguments, de résumer ce qui se passe pour un lecteur peu calculant:

    1) on a $a^2 = mn$ et on cherche $x,y$ tels que $(x^2,y^2)=(m,n)$. En fait, il en existe, mais on veut prouver qu'ils sont entiers.

    2) De $a^2=x^2y^2=mn$ et $m,n$ premiers entre eux on tire que $y$ semble être un bon candidat à s'appeler $PGCD(a,n)$

    3) On prend donc ce PGCD et on essaie de prouver que $n$ est son carré à partir des hypothèses. Ce qui a été fait ci-dessus (et suffit par symétrie).

    Mais pour vraiment dire "sans factorisation", il me semble qu'il faudrait trouver une large classe d'anneaux noethériens non factoriels dans lesquels le phénomène survient. Ça inspire une question. JLT ayant bien circonscrit les propriétés qu'il utilise, celles-ci entrainent-t-elle, dans un anneau noethérien qu'il est factoriel?
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • @cc : j'ai quand même utilisé sans le dire l'intégrité de $\Z$ dans ma démonstration.
  • Donc la question qu'on pourrait se poser est:

    est-ce qu'un anneau noethérien intègre vérifiant le phénomène PGCD-lemme de Gauss-lié est forcément factoriel?
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
  • Je ne l'ai pas rédigé, mais il me semble bien que noethérien + intègre + lemme de Gauss entraîne factoriel.

    En effet, noethérien entraîne l'existence d'une décomposition en facteurs irréductibles. Le lemme de Gauss et l'intégrité donnent l'unicité.
  • Merci JLT: donc pour l'instant "objectivement" le résultat ne se prouve qu'avec des hypothèses qui sont au moins aussi fortes que la factorisation (dans les noethériens)
  • Ce amène comme question:

    soit $A$ un anneau noethérien intègre tel que pour tout $a,m,n$, si $a^2=mn$ alors $m$ est un carré. Question: est-il forcément factoriel?
    Aide les autres comme toi-même car ils sont toi, ils sont vraiment toi
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