Série des inverses des nombres premiers

Bonjour,

sur Wikipedia à propos de la "Série des inverses des nombres premiers" je vois la formule suivante (en PJ) mais je ne comprend pas pourquoi ça commence à $\frac12$ et pas à $\frac11$ puisque la somme doit se faire à partir de i=1 (comme on le voit en dessous du $\sum$).
Donc ça devrait faire $1 + \frac12+\frac13+\frac15+\frac17+...$ non ?

Merci.63532

Réponses

  • 1 premier ou pas , pas grave
  • Said Fubini
    heeu :-S ..
  • Le premier nombre premier $p_1$ est $p_1=2$. $1$ n'est pas un nombre premier.
  • Haa.. ha bon 1 n'est pas premier ?.. Ben .. mais pourquoi ?

    edit : ok j'ai vu la "définition" , un nombre premier doit admettre exactement deux diviseurs distincts entiers et positifs qui sont alors 1 et lui-même...

    Et ben c'est pas juste je trouve.
  • $6=1\times 2\times 3=2\times 3$

    Si tu considères que 1 est un nombre premier alors $6$ a deux décompositions différentes en facteurs premiers (à l'ordre près des facteurs).

    PS:
    Par ailleurs, 1 est ce qu'on appelle une unité. Son inverse multiplicatif, qui est lui même, appartient à $\mathbb{Z}$
    Quand on veut généraliser la décomposition en produits d'éléments irréductibles dans d'autres anneaux, on sépare les nombres en deux paquets, les unités et les autres.
    Et les théorèmes de factorisation (qui ne sont pas automatiques) vont affirmer que:
    tout nombre d'un anneau est un produit d'une unité par un produit de puissances d'éléments irréductibles.
    (l'unicité de la décomposition à l'ordre près des facteurs n'étant pas toujours réalisée dans un tel anneau).
  • C'est pourquoi on l'exclut.

    Ce qui est surprenant, c'est que dans mon entourage non mathématique, il y a plusieurs personnes qui se souviennent des nombres premiers (en soi c'est déjà surprenant :-D) mais quasiment tous sont persuadés que $1$ est premier. Pour certains, je ne sais même pas quelle source leur citer car wikipédia est évidemment une source des plus mauvaises pour eux (quand ça les arranges :-P).

    Je soupçonne qu'un certain nombre de profs leur ont expliqué que la définition de $n$ premier est "$n$ divisible par $1$ et lui-même", mais où ces profs ont-ils appris cela, mystère ...
  • Il ne faut pas toujours boire les paroles qu'on lit comme du petit lait. X:-(
  • 1 est le premier nombre (haha).

    Je crois, plus sérieusement, que lorsque la définition est donnée, celui qui la reçoit la reformule à sa sauce.
    C'est valable pour quasiment toutes les situations de la vie courante d'ailleurs : on redit autrement, au moins dans sa tête, pour s'approprier la chose.

    Ainsi, je ne crois pas que ce soit la définition reçue par les profs mais c'est davantage la définition "perçue".

    D'ailleurs, pour ne pas parler de positivité, la définition que l'on m'avait donné, en DEUG, était "nombre qui admet exactement quatre diviseurs".
  • Fin de partie a écrit:
    Si tu considères que 1 est un nombre premier alors $6$ a deux décompositions différentes en facteurs premiers (à l'ordre près des facteurs).

    Ha oui en effet... Bon ben ok... Mais ça fait drôle quand même qu'il soit exclu, je le voyais plutôt comme rien moins que le "roi" des nombres premiers moi :-) (le seigneur de l'anneau :-P )
  • @Dom : sauf que quand j'ai appris les nombres premiers, mes profs ont insisté pour dire que $1$ ne l'était pas !
    FdP a écrit:
    Il ne faut pas toujours boire les paroles qu'on lit comme du petit lait.
    Dans ce cas je n'ai plus aucun argument d'autorité à leur faire valoir pour leur dire que $1$ n'est pas premier :-D
  • skyffer3:

    Cidrolin cite des auteurs, qui affirment dans leur livre, si je comprends bien que 1 est premier.

    L'un des auteurs est Lespinard qui a un nom proche d'un mot argot. (je ne parle pas d'épinards) d'où mon jeu de mots tiré par les cheveux. :-)
  • bonjour

    la querelle de savoir si le chiffre 1 est premier ou non
    date des années 1970 où on décréta brusquement qu'il ne l'était pas
    alors qu'auparavant (le livre Lespinard et Pernet en fait foi) tout le monde admettait cet état de fait

    c'est comme si on avait décidé autoritairement que le chiffre 1 n'était pas impair
    c'est malheureusement un ukaze qui crée une exception dans une définition simple
    et surtout empêche toute comparaison entre fonctions Zéta
    de base les entiers naturels, de base les entiers impairs et de base les entiers premiers
    on peut dire sans exagérer que c'est une décision de technocrates

    pour en revenir à la question originelle sur la série des inverses des entiers premiers
    elle est divergente bien-sûr (Euler l'avait établi d'après les tables)

    on peut le démontrer aisément à partir de l'équivalent du nième nombre premier soit $P_n \sim n(1+ln(n))$
    soit encore $p_n \sim n.ln(n)$
    (équivalent conjecturé par Legendre et Gauss et démontré par Hadamart et La Vallée Poussin)

    le comportement de la série des inverses est donc celui de l'intégrale $\int_2^{+\infty}\frac{dx}{x.lnx}$
    intégrale notoirement divergente sur la borne supérieure puisqu'une primitive est donnée par $ln[lnx]$

    on constate à ce propos que la divergence est extrêmement lente
    puisque arrêtée au bout de $10^{99}$ termes la série des inverses des entiers premiers donnerait un résultat proche de 5,4335

    par contre la série de signe alterné des inverses des entiers premiers converge vers un résultat proche de 0,7305

    et de même la série $\Sigma_1^{+\infty}\frac{1}{p_n.ln(p_n)}$ converge vers une limite proche de 1,6366163233512608

    cordialement
  • Si on dit les choses, autant les dire correctement : utiliser l'équivalent $p_n \sim n \log n$, qui est de la même force que le Théorème des Nombres Premiers (TNP), pour en déduire une égalité asymptotique pour $\sum_{p \leqslant x} \frac{1}{p}$ est un anachronisme.

    Le TNP date de 1896 et utilise, dans sa démonstration forte, les outils d'analyse complexe les plus évolués du moment. Et même la démonstration d'Erdös et Selberg de 1949, dite "élémentaire", est d'une bien plus grande profondeur que les résultats de Mertens, datant de 1874, concernant les produits et sommes sur les nombres premiers, et ce même si l'on peut considérer que ses résultats sont un premier pas vers le TNP.

    Voilà comment les choses se sont passées.

    1737. Euler établit la divergence de la série $\sum_p 1/p$ en comparant le produit infini $\displaystyle \frac{2 \times 3 \times 5 \times 7 \times 11 \times \dotsb}{1 \times 2 \times 4 \times 6 \times 10 \times \dotsb}$ à la série harmonique $\displaystyle 1 + \frac{1}{2} + \frac{1}{3} + \frac{1}{4} + \dotsb$, et en montrant qu'ils donnent le même résultat. Euler savait donc déjà que la somme $\sum_{p \leqslant x} \frac{1}{p}$ avait un ordre de grandeur de $\log \log x$.

    1808. Legendre (Théorie des Nombres, troisième édition, quatrième partie, VIII) tente une première version quantitative du résultat d'Euler, en donnant, sans preuve, l'identité
    $$\sum_{p \leqslant x} \frac{1}{p} = \log (\log x - 0,08366) + C$$
    où $C$ est une "constante inconnue".

    1852. Chebyshev tente une démonstration de l'égalité de Legendre, mais n'y parviens pas (et pour cause...). Cette somme devient alors un grand défi pour les arithméticiens de l'époque...

    1874. Le grand gagnant est Mertens, qui démontre l'identité correcte suivante. Pour tout réel $x \geqslant 1$
    $$\sum_{p \leqslant x} \frac{1}{p} = \log \log x + \gamma + \sum_{m=2}^\infty \mu(m) \frac{\log(\zeta(m))}{m} + \delta$$

    $$\left | \delta \right | < \frac{4}{\log(\lfloor x \rfloor +1)} + \frac{2}{\lfloor x \rfloor \log (\lfloor x \rfloor)}.$$
    Les connaisseurs auront remarqué l'extraordinaire travail de précision de Mertens concernant le terme d'erreur (rappelons que nous sommes 22 ans avant le TNP), et même aujourd'hui on n'a pas fait beaucoup mieux malgré l'avènement de l'ordinateur.

    L'idée de la démonstration de Mertens est la suivante, que l'on a repris dans tous les cours de théorie analytique des nombres :

    1. Par sommation partielle, se ramener à l'étude de la somme $\sum_{p \leqslant x} \frac{\log p}{p}$ (je rappelle que tout produit / somme indicée par $p$ ne porte que sur les nombres premiers).

    2. Montrer alors que cette somme est égale à $\log x + R(x)$ avec $\left | R(x) \right | < 2$. Pour ce faire, on utilise deux outils fondamentaux : la formule de Legendre concernant la valuation $p$-adique de $n!$ et les encadrements de Chebyshev concernant la première fonction de Chebyshev $\theta(x) := \sum_{p \leqslant x} \log p$.

    Les détails de ces calculs se trouvent dans tous les ouvrages de théorie des nombres.
  • Merci Noix de totos pour cette mise en perspective historique du TNP.
  • Pour CV Eynden, citant Dickson, c'est Kronecker qui complète la démonstration de Euler.
    Par ailleurs l'article de Eynden (en pièce jointe) est autrement plus riche que la page Wikipedia.
  • Merci Eric.

    J'imagine que depuis la publication de cet article, dans la même revue il y a eu d'autres auteurs qui se sont essayés à : encore une preuve de ... B-)-
    Cette revue est un trésor de variantes de démonstrations de résultats bien connus. :-)
  • Je cite :

    La querelle de savoir si le chiffre 1 est premier ou non date des années 1970 où on décréta brusquement qu'il ne l'était pas alors qu'auparavant (le livre Lespinard et Pernet en fait foi) tout le monde admettait cet état de fait. .... je coupe. On peut dire sans exagérer que c'est une décision de technocrates.

    Ben, heureusement que Jean Lismonde est là pour remettre de l'ordre, appuyé par une solide référence (Lespinard et Pernet). Quel naïf j'ai été jusqu'à ce jour de croire, en théorie de la divisibilité, à la nécessité de définitions uniformes. Il faut dire pour ma défense que j'ai l'habitude de lire des ouvrages plutôt universitaires (Arithmétique dans les anneaux, Théorie de la divisibilité, Théorie des nombres ..). Dans TOUS ces ouvrages, dans les définitions ad-hoc, on écarte soigneusement 0 et les inversibles.
    Par exemple, dans un anneau intègre $A$ : un élément $a \in A$ est irréductible s'il n'est ni nul ni inversible et si patati-patata, un élément $a \in A$ est premier s'il n'est ni nul ni inversible et si patati-patata. Etc...

    Et que vois je chez Dedekind, dans l'un des articles fondateurs de la théorie des nombres algébriques :

    Un idéal $\mathfrak p$ de $\mathcal O$, différent de $\mathcal O$, qui n'a aucun diviseur autre que $\mathfrak p$ et $\mathcal O$ est dit premier. De cette divisiblité des idéaux, qui comprend évidemment celles des nombres ...etc...

    Sur la Théorie des Nombres entiers algébriques, 1877, Bulletin des Sciences mathématiques et astronomiques, série I, t XI, p. 272.

    A bas les technocrates. Et merci à Jean Lismonde (et Lespinard/Pernet), grands spécialistes de la théorie de la divisibilité devant l'éternel.
  • @claude: tu m'ouvres les yeux. La France s'est donc couchée devant l'Allemagne. Ah, messieurs Lespinard et Pernet, dont les honnêtes patronymes respirent si fort notre chère patrie, plut aux cieux que vous ne voyez pas Messieurs Macron et Villani courir devant Mme Merckel pour affirmer servilement que un n'est pas premier !:-D
  • @Éric : Kronecker, je ne savais pas, mais je maintiens que Chebyshev a aussi tenté son coup.

    Quant à $1$...j'ai préféré ne pas répondre !!!
  • Je vais aller voir ce que raconte Dickson sur ce sujet.
  • Bonjour à toutes et à tous.
    Jeune retraité je renoue avec mes anciennes amours et découvre avec gourmandise votre site ! A la lecture de ce fil de discussion sur les nombres premiers je me pose la question suivante.
    "Coincée" entre la série (divergente) des inverses des entiers et la série (convergente) des inverses des carrés des entiers on trouve la série (divergente) des inverses des premiers, et comme l'indique jean lismonde la série (convergente) des inverses des produits p.ln(p). Mais qu'en est-il de la série des inverses premiers indexés par les nombres premiers eux-mêmes ? Plus précisément, si p(n) est le n-ième nombre premier, que dire de la série des inverses des p(p(n)), et même plus généralement des inverses des p(p(...p(n)...))? Je dois avouer ne pas trop savoir comment chercher des infos sur ce sujet...
    Cordialement, dans l'attente de vous lire,
    Y.
  • PHYC9154:

    On a un équivalent pour $p_n$ quand $n$ tend vers l'infini me semble-t-il.
  • Merci pour cette réponse rapide ! Si je continue :
    $p(n) \sim n\ln(n)$ donc $p\big(p(n)\big) \sim n.\big(\ln(n)\big)^2$ en laissant tomber les termes en $\ln\big(\ln(n)\big)$
    Donc la série se comporte comme l'intégrale de $1/\big(x.(\ln(x))^2\big)$ qui est définie. Correct ?
    Merci d'avance.
    Y.
  • C'est correct oui.
  • Merci beaucoup!
    Y.
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