$p=x^2+11y^2$ ou le discriminant quad. $-44$

$\def\OK{\mathcal O_K}\def\OE{\mathcal O_E}\def\Cl{\text{Cl}}\def\Dfond{D_{\rm fond}}\def\S{\mathfrak S}\def\Gal{\text{Gal}}\def\f{\mathfrak f}\def\SL{\text{SL}}\def\U{\mathbb U}\def\fp{\mathfrak p}\def\fa{\mathfrak a}\def\fb{\mathfrak b}\def\F{\mathbb F}$Suite aux posts http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?5,2039170,2061266#msg-2061266 et http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?5,2039170,2061410#msg-2061410, je préfère ouvrir ce fil (qui risque de se réduire à ce seul post). Il s'agit d'y coucher quelques éléments autour de $p = x^2 + 11y^2$ résultant de notre travail agité avec moduloP alias FlipFlop sur le forum ces dernières années. Ce n'est pas facile de donner des références. Il y a bien entendu le livre de Cox. Mais également des articles bien trop compliqués pour nous autres (moduloP et mézigue) mais grâce auxquels on a quand même réussi à illustrer quelques bricoles.

En particulier, Ernst Kani in https://mast.queensu.ca/~kani/papers/theta.pdf, https://www.mast.queensu.ca/~kani/papers/thetaCM2r.pdf, https://mast.queensu.ca/~kani/papers/2013K.pdf, https://mast.queensu.ca/~kani/lectures/Bintheta2.pdf (doublons : preprints versus versions publiées).

En ce qui concerne l'utilisation des fonctions de Weber : ``Weber's class invariants revisited'' de Reinhard Schertz in http://www.numdam.org/article/JTNB_2002__14_1_325_0.pdf ou https://jtnb.centre-mersenne.org/article/JTNB_2002__14_1_325_0.pdf. Il y a également le papier ``On the singular values of Weber Modular functions'' de Yui & Don Zagier https://people.mpim-bonn.mpg.de/zagier/files/doi/10.1090/S0025-5718-97-00854-5/fulltext.pdf

Rien n'est facile et c'est la jungle, chacun pour soi.

Je ne mentionne pas Deligne/Serre concernant les formes modulaires de poids 1 et représentations galoisiennes car cela (me) fait trop peur et que je serais bien incapable de sélectionner les bons papiers. Peut-être quand même le papier fourni par un certain Nonoche du forum: Modular forms of weight one and Galois representations, J.P. Serre (collaboration with Bushnell), Algebraic Number Fields, A. Frölich ed. Academic Press, 1977. Oups, j'ai failli oublier ``On a theorem of Jordan'' de Serre in https://sms.math.nus.edu.sg/smsmedley/Vol-29-1/On a Theorm of Jordan (Jean-Pierre Serre).pdf et l'histoire du discriminant $-23$ du polynôme $X^3- X - 1$ par lequel beaucoup de choses ont commencé.

A quand un exposé pour des enfants ?

$\bullet$ Anneaux quadratiques imaginaires (Gauss). Le discriminant de $x^2 + 11y^2$ est $D = -44 = f^2 \times (-11)$ avec $f = 2$ et $-11 \equiv 1 \bmod 4$ (discriminant quadratique fondamental) de sorte que l'anneau des entiers du corps quadratique $K = \Q(\sqrt {-11})$ est $\OK = \Z[w]$ avec
$$
w = {\pm 1 \pm \sqrt {-11} \over 2}
$$Mais ce n'est pas cet anneau qui intervient mais le sous-anneau $A_D = \Z[2w] = \Z[\sqrt{-11}]$ d'indice $2$ dans $\OK$, unique anneau quadratique de discriminant $D=-44$. Il y a, à $\SL_2(\Z)$-équivalence près, 3 formes quadratiques de discriminant $-44$ :
$$
q_0 = (1,0,11) = x^2 + 11y^2, \qquad q_1 = (3,2,4) = 3x^2 + 2xy + 4y^2, \qquad \overline {q_1} = (3,-2,4) = 3x^2 - 2xy + 4y^2
$$Equivalent à dire que le groupe des classes d'idéaux inversibles de cet anneau $A_D$, groupe que je note $\Cl(D)$ dans la suite, est d'ordre 3. Il y a une correspondance biunivoque entre classes de formes quadratiques (primitives) de discriminant $D$ et classes d'idéaux inversibles de $A_D$.

Note : quant à l'anneau $\OK = \Z[w]$, il est principal. Il fait partie de la liste des 9 anneaux principaux parmi les anneaux d'entiers des corps quadratiques imaginaires. Cela va apporter une simplification ci-dessous : $K^{\rm Hilbert} = K$.

On s'intéresse au problème de représentation d'un premier par une des 3 formes quadratiques. Il est clair que $q_1$ et $\overline {q_1}$ représentent les mêmes entiers. Ce n'est pas trés difficile de voir qu'un premier $p$ est représenté par $q_0$ ou $q_1$ si et seulement si $-11$ est un carré modulo $p$, ce qui revient à $p$ carré modulo 11 i.e. $p \mod 11 \in \{1,3,4,5,9\}$. Problème beaucoup plus difficile : à quelle condition un premier $p$ est représenté par $q_0$ ?

$\bullet$ Intervenants au niveau corps de classes (ici, extensions abéliennes d'un corps quadratique imaginaire). Ca c'est plus difficile. Je mets à gauche la structure générale où $\Dfond$ est un discriminant quadratique négatif fondamental et $D$ de la forme $D = f^2 \Dfond$. A droite, c'est le cas particulier $\Dfond = -11$, $D = -44$.
$$
\xymatrix {
K^{(D)} \ar@/_1.2cm/@{-}[dd]_{\Cl(D)}\ar@{-}[d] \\
K^{\rm Hilbert}\ar@{-}[d]^{\Cl(\OK)} \\
K = \Q(\sqrt {D}) = \Q(\sqrt {\Dfond}) \ar@{-}[d] \\
\Q \\
}
\qquad\qquad\qquad\qquad
\xymatrix @R = 2cm @C = 0.8cm {
&K^{(-44)} = E^{\rm gal.} = \Q(x, \sqrt {-11}) \ar@{-}[dl]_2 \ar@{-}[dr]^{C_3} \ar@{-}[dd]|{\S_3} \\
E = \Q(x)\ar@{-}[dr]_3 & &K = \Q(\sqrt{-11}) \ar@{-}[dl]^2 \\
&\Q \\
}
$$Je ne vais pas être bavard sur le Graal $K^{(D)}$ : ring class field de l'anneau quadratique $A_{D}$, noix de toto en a parlé un peu. C'est en particulier une extension abélienne de $K$ dont le groupe de Galois est canoniquement isomorphe à $\Cl(D)$ via l'application d'Artin. A droite, avec $D = -44$, c'est ce corps, extension abélienne (ici $C_3$-cyclique) de $K$ qui fait le job pour $p = x^2 + 11y^2$. On va voir plus loin de quel job exact je parle (il est encadré ci-dessous). Ce qu'il faut comprendre c'est que $K^{(D)}$, en plus d'être une extension abélienne de $K$, est une extension galoisienne de $\Q$. Pour $D=-44$, de groupe de Galois est $\S_3$ et $E$ désigne le corps des points fixes par une transposition.

La première chose à faire c'est d'attraper UN (bon) $x$ tel que $\OE= \Q(x)$. Il y en a plusieurs et certains sont meilleurs que d'autres. Note : comme le groupe symétrique $\S_3$ possède 3 transpositions, il y a par points fixes, 3 corps intermédiaires entre $\Q$ et $K^{(-44)}$ isomorphes à $E$ (je compte $E$ dedans).

Il faudrait que j'explique que ce n'est pas $x$ qui est important mais $\OE$. Tout anneau d'entiers de corps de nombres est une $\Z$-algèbre de présentation finie et de ce fait définit un système d'équations à coefficients entiers que l'on appelle un schéma de dimension 0 défini sur $\Z$. On peut y opérer de la réduction modulo $p$, et même sur tout corps fini, et on obtient ainsi un nombre fini de points. Pour $p$ fixé, la fonction de comptage de $\OE$ (du schéma de) dans tous les $\F_{p^n}$ est importante. Elle est liée à la fonction zeta de Dedekind de ce corps de nombres. Par exemple le nombre de points modulo $p$ du schéma est le nombre $\nu_E(p)$ d'idéaux premiers de $\OE$ de norme $p$. Et quand $\OE$ est monogène, $\OE = \Z[x] = \Z[X]/\langle W\rangle$ ($W$ polynôme minimal de $x$ sur $\Q$), le schéma est défini par le seul polynôme unitaire $W$ à coefficients entiers, c'est $\{\xi \mid W(\xi) = 0\}$, et le nombre de points modulo $p$ du schéma est $N_p(W)$ avec l'égalité:
$$
\fbox {$N_p(W) = \nu_E(p)$} \qquad \text{i.e. nombre de racines de } W \bmod p = \text{nombre d'idéaux de } \OE \text { de norme } p
$$
$\bullet$ Intervenants au niveau du demi-plan de Poincaré. A toute forme quadratique $Q = (a,b,c)$ de discriminant $D = b^2 - 4ac < 0$ est associé un habitant $\tau_Q$ du demi-plan de Poincaré
$$
\tau_Q = {- b + \sqrt D \over 2a}
$$Les fonctions analytiques/modulaires permettent d'attraper le polynôme minimal d'un $x$ comme mentionné auparavant. Il y a le polynôme d'Hilbert $H_D$ du discriminant $D=-44$ que noix de toto a donné. Mais en général, c'est un monstre qu'il faut mieux éviter d'utiliser. Il est préférable d'utiliser le polynôme de Weber $W_D$ du discriminant $D$ : la $\Q$-extension engendrée par une racine de $H_D$ est égale (isomorphe) à la $\Q$-extension engendrée par une racine de $W_D$. Pour $D=-44$, voir la différence entre les deux polynômes.

Il y a trois fonctions de Weber notées $\f, \f_1, \f_2$ qui participent à l'élaboration des polynômes de Weber. ICI, pour $D = -44$:
$$
W = X^3 - 2X^2 + 2X -2 = \big(X - \f(\tau_{q_0})\big) \big(X - \zeta_{48}^{-11} \f_1(\tau_{q_1})\big) \big(X - \zeta_{48}^{11} \f_1(\tau_{\overline{q_1}})\big)
$$C'est compliqué! Et pour $D$ quelconque, ça l'est encore plus: cela dépend de congruences de $D$ modulo 32 et du fait que $3$ divise $D$ ou pas, cf l'exposé de Schertz et autres. Difficile d'en dire plus dans ce post.
[color=#000000]> D := -44 ;
> H := HilbertClassPolynomial(D) ;
> H ;
X^3 - 1122662608*X^2 + 270413882112*X - 653249011576832  <--- MONSTRE
> W<X>, R<t> := WeberClassPolynomial(D) ;
> assert W eq X^3 - 2*X^2 + 2*X - 2 ;
> assert R eq (t^24 - 16)^3 / t^24 ;
[/color]
Le polynôme $W$ possède un immense avantage arithmétique : son discriminant est $-44$ et il est sans garbage i.e. $\OE = \Z[x]$ où $x$ est l'une de ses racines. On va pouvoir en déduire, sans aucune exception, pour tout premier $p$, l'équivalence suivante qui fait partie du job de $K^{(-44)} = \Q(x,\sqrt {-11})$
$$
\fbox {$p = x^2 +11 y^2 \iff W \text{ est totalement décomposé mod. } p \iff [-11 \text{ est un carré mod. } p \text{ et } W \text{ admet une racine mod. } p]$}
$$Le ``sans aucune exception'' est dû au fait que la factorisation de $W$ modulo $p$, c'est pareil que la factorisation de $p$ dans $\OE$. Attention à $p=11$ pour lequel la factorisation modulo $p$ de $W$ est $(X+5)(X+2)^2$: 3 racines dans $\F_{11}$ si on tient compte des multiplicités.
En notant $r_Q(n)$ le nombre de représentations $(x,y) \in \Z \times \Z$ de $n$ par la forme quadratique $Q = Q(x,y)$, on a :
$$
2(N_p(W) - 1) = r_{(1,0,11)}(p) - r_{(3,2,4)}(p)
\qquad\qquad \text{ou encore} \qquad\qquad
\fbox{$N_p(W) - 1 = {1 \over 2} \big( r_{(1,0,11)}(p) - r_{(3,2,4)}(p) \big)$}
$$J'ai noté $N_p(W)$ le nombre de racines modulo $p$ de $W$. Il faut prendre son temps pour décortiquer ce que donne cette formule. Prenons celle de gauche non encadrée ; que peut valoir son membre de gauche ? Combien au maximum de racines d'un polynôme de degré 3 ? Et son membre droit ? Réfléchir à la question : quand est ce que deux formes de même discriminant représentent un même premier ? Et pour une forme, un premier est représenté de combien de manières ? ...etc..
Pour aider, je montre la série :
$$
\Theta_{Q}(q) = \sum_{n \ge 0} r_Q(n) q^n = 1 + r_Q(1) q + r_Q(2) q^2 + \cdots \qquad \qquad Q = (1,0,11)
$$
[color=#000000]> QD := BinaryQuadraticForms(D) ;
> ClassNumber(QD) ;
3
> RFQD := ReducedForms(QD) ;
> RFQD ;
[ <1,0,11>, <3,-2,4>, <3,2,4> ]
> q0 := QD![1,0,11] ; q1 := QD![3,2,4] ;
> Tq0 := ThetaSeries(q0, precision) ;
> Tq0 ;
1 + 2*q + 2*q^4 + 2*q^9 + 2*q^11 + 4*q^12 + 4*q^15 + 2*q^16 + 4*q^20 + 2*q^25 + 4*q^27 + 6*q^36 + 2*q^44 + 4*q^45 + 
    4*q^47 + 4*q^48 + 2*q^49 + 4*q^53 + 8*q^60 + 2*q^64 + 4*q^69 + 4*q^75 + 4*q^80 + 2*q^81 + 4*q^92 + 4*q^93 + 2*q^99 +
    6*q^100 + 4*q^103 + 8*q^108 + 4*q^111 + 4*q^115 + 2*q^121 + 4*q^124 + 4*q^125 + 4*q^132 + 4*q^135 + 6*q^144 + 
    4*q^148 + 4*q^155 + 4*q^163 + 4*q^165 + 2*q^169 + 2*q^176 + 4*q^177 + 12*q^180 + 4*q^185 + 4*q^188 + 4*q^192 + 
    2*q^196 + 4*q^199 + 4*q^201 + 4*q^207 + 4*q^212 + 4*q^213 + 4*q^220 + 6*q^225 + 4*q^236 + 8*q^240 + 4*q^243 + 
    2*q^256 + 4*q^257 + 4*q^267 + 4*q^268 + 4*q^269 + 2*q^275 + 8*q^276 + 4*q^279 + 4*q^284 + 2*q^289 + 4*q^291 + 
    4*q^295 + 4*q^297 + 12*q^300 + O(q^301)
> &+[Coefficient(Tq0,p)*q^p : p in PrimesInInterval(2,precision-1)] ;
2*q^11 + 4*q^47 + 4*q^53 + 4*q^103 + 4*q^163 + 4*q^199 + 4*q^257 + 4*q^269
[/color]
La dernière ligne est limitée aux $r_Q(p) q^p$ avec $p$ premier : on y voit que quand $p$ est représenté par $q_0$, il l'est de 4 manières sauf pour $p = 11$ qui n'a que 2 représentations $(x,y) = (0, \pm 1)$ par $q_0$.

Idem pour la $\Theta$-série associée à la forme $q_1 = (3,2,4)$ : quand $p$ est représenté par $q_1$, il l'est de 2 manières. Et un premier ne peut pas être à la fois représenté par $q_0$ et $q_1$.
[color=#000000]> Tq1 := ThetaSeries(q1, precision) ;
> Tq1 ;
1 + 2*q^3 + 2*q^4 + 2*q^5 + 2*q^9 + 4*q^12 + 2*q^15 + 2*q^16 + 4*q^20 + 2*q^23 + 2*q^25 + 2*q^27 + 2*q^31 + 2*q^33 + 
    6*q^36 + 2*q^37 + 2*q^44 + 4*q^45 + 4*q^48 + 2*q^55 + 2*q^59 + 8*q^60 + 2*q^64 + 2*q^67 + 2*q^69 + 2*q^71 + 4*q^75 +
    4*q^80 + 4*q^81 + 2*q^89 + 4*q^92 + 2*q^93 + 2*q^97 + 2*q^99 + 6*q^100 + 8*q^108 + 2*q^111 + 2*q^113 + 2*q^115 + 
    4*q^124 + 2*q^125 + 4*q^132 + 6*q^135 + 2*q^137 + 4*q^141 + 6*q^144 + 2*q^147 + 4*q^148 + 2*q^155 + 2*q^157 + 
    4*q^159 + 2*q^165 + 2*q^176 + 2*q^177 + 2*q^179 + 12*q^180 + 2*q^181 + 2*q^185 + 4*q^188 + 2*q^191 + 4*q^192 + 
    2*q^196 + 2*q^201 + 4*q^207 + 4*q^212 + 2*q^213 + 4*q^220 + 2*q^223 + 6*q^225 + 2*q^229 + 4*q^235 + 4*q^236 + 
    8*q^240 + 4*q^243 + 2*q^245 + 2*q^251 + 2*q^253 + 2*q^256 + 4*q^265 + 2*q^267 + 4*q^268 + 2*q^275 + 8*q^276 + 
    4*q^279 + 4*q^284 + 2*q^291 + 2*q^295 + 2*q^297 + 12*q^300 + O(q^301)
> &+[Coefficient(Tq1,p)*q^p : p in PrimesInInterval(2,precision-1)] ;
2*q^3 + 2*q^5 + 2*q^23 + 2*q^31 + 2*q^37 + 2*q^59 + 2*q^67 + 2*q^71 + 2*q^89 + 2*q^97 + 2*q^113 + 2*q^137 + 2*q^157 + 
    2*q^179 + 2*q^181 + 2*q^191 + 2*q^223 + 2*q^229 + 2*q^251
[/color]
Bref, en se concentrant, on finit par s'assurer que les deux encadrés ci-dessus sont équivalents.

De plus, $W$ étant le polynôme minimal de $x$ et grâce au fait que $\OE = \Z[x]$, les Shadocks qui comptaient nous informent de
$$
\fbox {$N_p(W) = \nu_E(p)$} \qquad \text{i.e. nombre de racines de } W \bmod p = \text{nombre d'idéaux de } \OE \text { de norme } p
$$
$\bullet$ Comportement de $W_D$ modulo $p$ pour quelques premiers $p$.
[color=#000000]> P := PrimesInInterval(2,2*10^2) ;     
> [p : p in P | #Roots(W, GF(p)) eq 0] ;
[ 3, 5, 23, 31, 37, 59, 67, 71, 89, 97, 113, 137, 157, 179, 181, 191 ]
> [p : p in P | #Roots(W, GF(p)) eq 1] ;
[ 2, 7, 13, 17, 19, 29, 41, 43, 61, 73, 79, 83, 101, 107, 109, 127, 131, 139, 149, 151, 167, 173, 193, 197 ]
> [p : p in P | #Roots(W, GF(p)) eq 3] ;
[ 47, 53, 103, 163, 199 ]
[/color]

$\bullet$ Le caractère de Hecke $\chi_3$ sur $K = \Q(\sqrt D)$ obtenu comme un caractère cubique sur $\Cl(D)$. Ou encore combinaison des séries $\Theta$ des formes quadratiques via le caractère cubique $\chi_3$ sur $\Cl(D)$. Il faut voir ${1\over 2}\big(r_{q_0}(p) - r_{q_1}(p)\big)$ qui intervient dans l'encadré à droite ci-dessus comme un coefficient d'une série que je note $S_{\chi_3}$:
$$
S_{\chi_3}(q) :=
{1\over {w_D}}(\Theta_{q_0} - \Theta_{q_1}) =
{1\over {w_D}}\big(\chi_3(q_0)\Theta_{q_0} + \chi_3(q_1)\Theta_{q_1} + \chi_3(\overline{q_1}) \Theta_{\overline{q_1}}\big)
$$où $w_D = 2$ est le nombre d'unités de l'anneau $A_D$ et $\chi_3$ le caractère cubique $\Cl(D) \to \U_3$ défini par (ici $j$ c'est la racine cubique de l'unité habituelle, pas l'invariant modulaire $j$).
$$
\chi_3(q_0) = 1,\quad \chi_3(q_1) = j,\quad \chi_3(\overline{q_1}) = j^2
$$C'est bien la même chose puisque $\Theta_{q_1} = \Theta_{\overline{q_1}}$ et $j + j^2 = -1$.
Mais pourquoi faut-il procéder ainsi? Parce qu'il va y avoir de la fumette du côté des $L$-séries, des représentations galoisiennes et du monde modulaire. Kani peut aider à condition de s'accrocher (longtemps). Une mini-mini contribution dans la petite note attachée.
$$
S_{\chi_3}(q) = \sum_\fa \chi_3(\fa)\, q^{N(\fa)} = \sum_\fa \chi_3(\fb)\, q^{N(\fb)}
$$où $\fa$ parcourt les idéaux inversibles de $A_D$ tandis que $\fb$ parcourt les idéaux de $\OK$ premiers au conducteur $f\OK$. Quand à $N$, c'est la norme d'un idéal i.e. le cardinal de l'anneau résiduel de l'idéal. En ce qui concerne $\chi_3(\fa)$ du côté de $A_D$, c'est $\chi_3([\fa])$ où $[\fa]$ est la classe de $\fa$ dans le groupe des classes d'idéaux inversibles de $A_D$. Du côté de $\OK$, un peu près pareil, cf la note.

Il faut fabriquer le caractère $\chi_3$ de Hecke sur $\OK$ qui réalise $I_{q_1}\OK \to j$ où $I_{q_1}$ est l'idéal de $A_D$ associé à la forme quadratique $q_1 = (3,2,4)$. On profite du fait que cet idéal est premier au conducteur $f\OK$. Avec ce binz, on fabrique une $L$-série. Je fatigue à vouloir expliquer.
[color=#000000]> // Hecke cubic character Cl(D) -> U_3 ~ Z/3Z  q1 --> j in U_3 ~ 1 in Z/3Z
> f := 2 ;
> fOK := f*OK ;
> // q1 = (a,b,c) = (3,2,4) -->  Iq1 = a*Z oplus 1/2*(-b+Sqrt(D))*Z   D = b^2-4ac,  r = \/-11
> Iq1 := a*OK + 1/2*(-b + f*r)*OK where a is 3 where b is 2 ;
> chi3 := HeckeCharacter(fOK, <<Iq1, ResidueClassRing(3)!1>>) ;
> Lchi3 := LSeries(chi3) ;
> Schi3<q> := Qq!FormalSeries(Lchi3,precision) ;
> Schi3 + O(q^50) ;
q - q^3 - q^5 + q^11 + q^15 - q^23 + q^27 - q^31 - q^33 - q^37 + 2*q^47 + q^49 + O(q^50)
> 1/2 * (Tq0 - Tq1) + O(q^50) ;
q - q^3 - q^5 + q^11 + q^15 - q^23 + q^27 - q^31 - q^33 - q^37 + 2*q^47 + q^49 + O(q^50)
[/color]
Remarque : on voit l'adéquation entre les deux séries. A noter que tout ce fourbi se passe au niveau de l'anneau quadratique $A_D$ ou du corps quadratique $K = \Q(\sqrt D)$ si l'on veut.

$\bullet$ D'autres intervenants au niveau des $L$-séries mais cette fois du côté du corps cubique $E/\Q$. Fonction zeta $\zeta_E(s)$ de Dedekind d'un corps de nombres $E/\Q$.
$$
\zeta_\Q(s) = \sum_{n \ge 1} {1 \over n^s} \qquad\qquad
\zeta_E(s) = \sum_{I \ne 0} {1 \over N(I)^s} = \prod_\fp {1 \over 1 - N(\fp)^{-s}} =
\sum_{n \ge 1} {\nu_E(n) \over n^s}
$$Ci-dessus $I$ parcourt l'ensemble des idéaux non nuls de $\OE$ si bien que $\nu_E(n)$ désigne le nombre d'idéaux de $\OE$ de norme $n$. Tandis que $\fp$ parcourt l'ensemble des idéaux premiers de $\OE$.

On définit de manière artificielle une $L$-série comme quotient de la fonction de Dedekind $\zeta_E$ de $E$ et de $\zeta_\Q$, que je baptise $L_{\rho_2}$, voir (??) pourquoi dans la suite.
$$
L_{\rho_2}(s) = {\zeta_E(s) \over \zeta_\Q(s)} = \sum_{n \ge 1} {a_n \over n^s} \qquad\qquad
\nu_E(n) = \sum_{d \mid n} a_d \qquad a_n = \sum_{d \mid n} \mu(n/d) \nu_E(d) \qquad\qquad
\begin {array}{l}
\text{en particulier pour } p \text { premier} \\
\fbox{$\nu_E(p) = 1 + a_p, \quad a_p = \nu_E(p) - 1$} \\
\end {array}
$$Et le truc de dingue réside dans l'égalité des $L$-séries $\fbox{$L_{\rho_2} = L_{\chi_3}$}$. I.e. les coefficients $a_n$ sont ceux de la série $\chi_3$-combinaison des $\Theta$-séries i.e. en termes de séries formelles en $q$ :
$$
S_{\rho_2}(q) = S_{\chi_3}(q) = \sum_{n \ge 1} a_n q^n
$$Et du coup pour $p$ premier:
$$
\nu_E(p) - 1 = \text{coeff}_p(S_{\chi_3}) \qquad \text{i.e.} \qquad
\fbox{$N_p(W) - 1 = \text{coeff}_p(S_{\chi_3}) =_{\rm def}{1 \over 2} \big( r_{(1,0,11)}(p) - r_{(3,2,4)}(p) \big)$}
$$L'égalité des séries $L_{\rho_2} = L_{\chi_3}$ est donc bien plus forte que le résultat sur la représentation de $p$ par la forme $q_0$.
Lire Kani, relire Kani ...etc... Et aussi Cox, Section 9, sous-section D, Ring Class Fields and Generalized Dihedral extensions, en particulier le théorème 9.18 de Bruckner. Le résultat de Bruckner caractérise, pour un corps quadratique imaginaire $K$ fixé, les extensions abéliennes $L/K$ contenues dans un ``ring class field'' $K^{(D)}$.

$\bullet$ Intervenants au niveau des représentations galoisiennes. Le nom $\rho_2$ ci-dessus provient du fait qu'il y a une unique représentation irréductible de dimension 2 du groupe symétrique $\S_3$ (la représentation hyperplane), que je note $\rho_2$. Et le fait qu'ici $\S_3$ cela soit $\Gal(K^{(D)} / K)$ est un producteur d'arithmétique. La série $L_{\rho_2}$ c'est la $L$-série de cette représentation galoisienne. Relire Kani encore et toujours.

Il faudrait prendre le temps de raconter comment chacun peut se créer une $\rho_2$-fumette en prenant comme point de départ une extension cubique $E/\Q$ telle que le discriminant $D$ de $\OE$ soit $< 0$. Ceci donne naissance d'une part au corps quadratique imaginaire $K := \Q(\sqrt D)$ et d'autre part à la fermeture galoisienne $L/\Q$ de $E/\Q$ de groupe de Galois $\S_3$.
$$
\xymatrix @C = 1cm {
&L = E^{\rm gal.}\ar@{-}[dl]_2 \ar@{-}[dr]^{C_3} \ar@{-}[dd]|{\S_3} \\
E \ar@{-}[dr]_3 & &K = \Q(\sqrt{D}) \ar@{-}[dl]^2 \\
&\Q \\
}
$$Tout est prêt pour s'amuser: une représentation galoisienne $\rho_2$ de $L/\Q$, le fait que $L \subset K^{(D)}$ et un caractère cubique sur $\Cl(D)$
$$
\chi_3 : \Gal(K^{(D)}/K) \simeq \Cl(D) \twoheadrightarrow \Gal(L/K) \simeq C_3
$$S'amuser avec la $L$-série de $\rho_2$, celle de $\chi_3$ ...etc...

Mais ce n'est pas la seule manière de créer de la $\rho_2$-fumette. On peut partir d'une discriminant quadratique $D< 0$ dont le groupe de classes $\Cl(D)$ posséde un sous-groupe d'indice $3$. Chaque sous-groupe $H$ d'indice $3$ donne naissance à un caractère cubique $\chi_3 : \Cl(D) \twoheadrightarrow \Cl(D)/H$. La théorie de Galois appliqué à $K^{(D)}/K$ où $K = \Q(\sqrt D)$, fournit une extension intermédiaire
$$
K \subset L \subset K^{(D)}
$$telle que $L/K$ soit 3-cyclique et $L/\Q$ galoisienne de groupe $\S_3$ ..etc... Et il n'y a pas que le groupe $\S_3 = D_3$. Le même genre de scénario peut être réalisé avec le groupe diédral $D_n$ pour $n \ge 3$.

$\bullet$ Intervenants au niveau du monde modulaire. Il s'agit de l'espace des formes modulaires $M_1(\Gamma_0(|D|), \chi_D)$ où $\chi_D$ est le caractère de Kronecker de $D = -44$. $S_{\rho_2}$ est aussi un $\eta$-produit à cause de l'étroitesse du sous-espace cuspidal $S_1(\Gamma_0(|D|), \chi_D)$ de dimension 1 : deux habitants dans un espace vectoriel de dimension 1 sont linéairement liés ...etc..
$$
\eta(q) = q^{1\over 24} \prod_{n \ge 1} (1-q^n) \qquad\qquad\qquad
S_{\rho_2}(q) = \eta(q^2)\eta(q^{22}) = q \prod_{n \ge 1} (1-q^{2n}) (1-q^{22n})
$$
[color=#000000]> Qq<q> := PowerSeriesRing(RationalField()) ;  
> AssertAttribute(Qq, "Precision", precision) ;
> // Yves Martin Multiplicative eta-quotients, Transac. Amer. Math. Soc. Vol 348, number 2 Dec. 1996
> EtaProduit := DedekindEta(q^2) * DedekindEta(q^22) ;       
> Qq!(Srho2 - EtaProduit) ;
O(q^303)
[/color]
Pour $D=-44$, $M_1(\Gamma_0(|D|), \chi_D)$ est de dimension 4 et on y retrouve les séries des deux formes quadratiques $q_0$ et $q_1$.
[color=#000000]> Gamma := DirichletGroup(Abs(D)) ;  
> chiD := Gamma ! KroneckerCharacter(D) ;
> assert Modulus(chiD) eq Abs(D) and Conductor(chiD) eq 11 ;
> M := ModularForms(chiD, 1) ;
> assert Dimension(M) eq 4 ;
> f1, f2, f3, f4 := Explode(Basis(M)) ;
> Tq0 - f1 - 2*f2 ; 
O(q^301)
> Tq1 - f1 - 2*f4 ;
O(q^301)
> // Donc Tq0 + Tq1 + Tq1^-1 = Tq0 + 2*Tq1 in M_1(Gamma0(|D|, chi_D) 
> // Tq0 + 2*Tq1 = f1 + 2*f2 + 2*(f1 + 2*f4) = 3*f1 + 2*f2 + 4*f4
> Tq0 + 2*Tq1 - (3*f1 + 2*f2 + 4*f4) ;
O(q^301)
[/color]
Comme déjà mentionné, on retrouve également $S_{\rho_2}$ dans le sous-espace cuspidal $S_1(\Gamma_0(|D|), \chi_D)$ qui lui est de dimension 1.
[color=#000000]> S := CuspidalSubspace(M) ;
> assert Dimension(S) eq 1 ;
> f := Explode(Basis(S)) ;
> Srho2 - qExpansion(f,precision) ;
O(q^300)
[/color]
Fin (provisoire ?) de l'histoire un tantinet décousue de $p = x^2 + 11y^2$ ou du discriminant quadratique $-44$.

Réponses

  • $\def\OE{\mathcal O_E}$Je viens de reprendre mon post en essayant de mieux (??) expliquer pourquoi l'égalité des L-séries $L_{\rho_2} = L_{\chi_3}$ contient largement le résultat de représentation d'un premier $p$ par la forme quadratique $q_0 = x^2 + 11y^2$.

    En effet, l'égalité des L-séries, c'est une égalité terme à terme, du type $a_n = b_n$ pour tout $n \ge 0$. Tandis que le résultat concernant la représentation de $p$ par $q_0$, consiste, si on s'y prend bien, en les égalités $a_p = b_p$ pour tout $p$ premier.

    Note : les $b_n$ de $L_{\chi_3}$ sont définis par l'anneau quadratique imaginaire $A_D \subset \Q(\sqrt {-11})$ de discriminant $D = -44$. Disons à l'aide des 3 formes quadratiques $q_0, q_1, \overline {q_1}$. Cette L-série s'occupe de la représentation d'un entier $n$ par ces 3 formes quadratiques.

    Tandis que les $a_n$ de $L_{\rho_2}$ sont définis à l'aide de l'extension cubique $E/\Q$, via $\zeta_E(s)/\zeta_\Q(s)$. Et le job de $\OE = \Z[X]/\langle W\rangle$ i.e. de $\zeta_E$ c'est de s'occuper en particulier du comptage de $W$ modulo $p$. Et donc l'égalité des deux n'est pas une mince affaire. Enfin, pour corser le tout, va débarquer pour de vrai la représentation galoisienne $\rho_2$. Et c'est elle qui conduit à l'égalité $\zeta_E(s) = \zeta_\Q(s)\ L_{\rho_2}(s)$.
  • Salut Claude,

    Pour coller à Serre (dans son étude de $N_p(x^3-x-1)$ [ici]), ton premier post indique que :$$q \prod_{n \ge 1} (1-q^{2n}) (1-q^{22n})=\frac 1 2(T_{q_0}-T_{q_1}).$$Ce qui, en soi, est déjà énorme !
    En effet, on déduit de cette égalité que pour tout premier $p$, le coefficient de $q^p$ dans le DSE du membre de gauche vaut $N_p(x^3-2x^2+2x-2)-1$ ce qui permet notamment de savoir si $p$ est représenté par $q_0$ ou $q_1$.
  • $\def\S{\mathfrak S}$Salut Gai-Requin,
    Le fameux papier de Serre ``On a theorem of Jordan'', disons la toute petite partie, celle qui concerne $X^3 - X -1$, a provoqué un déclic chez moi. Et j'ai bien relu plus de 10 fois, sa phrase dans la note 5.3 à la fin du papier ``Since $\S_3$ is dihedral group, Hecke theory applies and shows that ...etc..'' en me demandant ce qu'elle pouvait bien vouloir dire.

    Une petite remarque : pour le discriminant $-23$, c'est un peu plus simple car c'est un discriminant quadratique fondamental, ce qui n'est pas le cas de $-44$. Mais peut-êre que le problème de représentation $p = q_0(x,y) = x^2 + xy + 6y^2$ par la forme neutre est moins ``populaire'' car pas de la forme $p = x^2 + ny^2$ ?

    Dans http://www.les-mathematiques.net/phorum/read.php?5,1745780,1746568#msg-1746568, en ce qui concerne $-23$, j'étais remonté à l'époque de Van Der Blij (1952) avec beaucoup moins d'objets mystérieux. Grâce au papier remarquable de Karen Smith (il y a un pointeur dans le post visé), remarquable car elle reprenait pas mal de choses en charge. Avec un joli titre pour son mémoire.

    J'ai toujours été étonné par les dates car Hecke c'est bien avant Van Der Blij et les propriétés mirifiques du $\eta$-produit $\eta(q)\eta(q^{23})$ étaient donc connues. Alors que j'ai cru comprendre que Van Der Blij avait montré des ``choses à la main''.

    En 1977 (Modular Forms of weight one and Galois representations), the so called Nonoche paper, que j'ai cité, Serre parle encore de Hecke en ce qui concerne les ``Dihedral representations''. Plus tard, les pointures Serre, Deligne ...etc.. vont monter à bord de l'avion et en faire une fusée. Ca va décoller. Si bien que les petits (dont mézigue) vont regarder haut dans le ciel. Ne pas croire que je dis pas qu'avec Kani, cela vole bas. C'est un monde totalement hallucinant.107144
  • Merci pour cette parenthèse historique !
    Si je me souviens bien, au moment de ces premières lectures de "On a thorem of Jordan", tu avais laissé tomber le cas $f=x^4-x-1$. T'y es-tu replongé depuis ?
  • $\def\OE{\mathcal O_E}\def\Cl{\text{Cl}}\def\S{\mathfrak S}\def\F{\mathbb F}$$\bullet$ Replongé dans $X^4 - X - 1$ ? Non. Son groupe de Galois est $\S_4$, pas diédral. Je n'ai d'ailleurs jamais plongé vu les noms qui interviennent dans la remarque 5.4 et qui font peur : Tate, Crespo, Martinet, Langlands & Tunnel. Et dans dans le corps du papier (pas dans la note) de Serre, il y a un autre petit point 5.5 de 4 lignes qui se termine par ``No explicit connection with modular forms (or modular representations) is know, although some must exist because of the Langlands program''.

    Evidemment je ne comprends pas ce que cela signifie. Mais ce que je sais, c'est quand je vois ``Langlands program'', je prends mes jambes à mon cou et je me barre à toute vitesse. Pareil si je vois un théorème attribué à Deligne/Serre.

    Petits joueurs, on s'est contenté avec moduloP de jouer avec $\S_3 = D_3$ et un peu avec les groupes diédraux $D_4, D_6$.

    $\bullet$ J'ai utilisé dans mon post précédent l'adjectif ``hallucinant''. Je crois qu'il y a une certaine vérité. Halluciner : produire des hallucinations. Hallucinogène ...etc.. C'est pour cela qu'avec moduloP, on parlait de fumette. Et également la phrase de Godement : jardin des délices modulaires, opium des mathématiciens ...etc..

    Et j'ose le dire : avec moduloP, on avait trouvé le moyen d'en prendre (un petit coup de fumette). Pour pas cher. Par exemple, prendre un corps cubique $E/\Q$ tel que le discriminant $D$ de $\OE$ soit négatif. C'est pas ce qui manque, cf la suite. Alors le groupe des classes $G := \Cl(D)$ de l'anneau quadratique imaginaire de discriminant $D$ a son ordre divisible par 3. Ce n'est déjà pas banal.
    Et $G$ contient des sous-groupes d'indice 3 : si on considère, en additif, $G/3G$, c'est un $\F_3$-espace vectoriel de dimension $d \ge 1$ (car $3 \mid \#G$) et il est facile de voir que $G$ contient $3^d - 1 \over 2$ sous-groupes $H$ d'indice 3.

    Et avec un tel $H$, on fumait en cachette en faisant de $G \to G/H$ un caractère cubique $\chi_3$, donc une L-série $L_{\chi_3}$. On faisait débarquer, en plus du corps cubique $E$, le corps quadratique imaginaire $K = \Q(\sqrt D)$, la fermerture galoisienne $L = E^{\rm gal.}/\Q$ de groupe $\S_3$ ...etc...
    En cachette ? Pas toujours. Des fois c'était bien en vue sur le forum. Je prends par exemple la base de données des corps cubiques et j'en extrais seulement ceux de discriminant $< 0$ sans les prendre tous, entre $-10^5$ et $0$.
    [color=#000000]> NFD3 := NumberFieldDatabase(3) ;
    > dmin, dmax := DiscriminantRange(NFD3) ;
    > dmin ;
    -999999
    > NFD := sub < NFD3 | -10^5, 0 > ;                    
    > #NFD ;
    17041
    [/color]
    
    17401 corps cubiques de discriminant $<0$, de quoi planer. Euh, je veux dire s'amuser. Petite vérification.
    [color=#000000]> time for E in NFD do
      OE := MaximalOrder(E) ;
      D := Discriminant(OE) ;
      assert IsDivisibleBy(ClassNumber(D), 3) ;
    end for ;
    Time: 5.130
    [/color]
    
    Et ce que je suis en train de dire que l'on se droguait sur le forum ? Hum, enfin, euh...

    $\bullet$ Rien à voir. Mais comme c'est mon fil, j'y fais bien ce que je veux. Je me suis toujours dit que si les grands qui savent, les pointures quoi, voulaient bien prendre le temps d'expliquer des maths aux petits que nous sommes, en des termes élémentaires ...etc.. cela serait le pied. Je rêve ? J'ai fumé ? Non.

    L'extrait ci-dessous est de Kennet Ribet, Modular Forms and Diophantine Questions. Il y parle de Fermat, de courbes elliptiques, de miracles diophantiens, des choses de la vie quoi ... etc.. Et il termine par l'extrait attaché.107152
  • Salut Claude,

    " A quand un exposé pour les enfants " : hum, le problème c'est la quantité de notion a comprendre. Il y a beaucoup d'objet dans ton résumé, et c'est un résumé :-D

    Perso, je compris qu'il y avait un truc vraiment mystérieux mais je ne suis même pas en mesure de comprendre où est le mystère, est-ce que ça réside dans la théorie du corps de classe ou bien dans les travaux de Hecke. Sérieusement, je ne sais pas trop !
  • Salut les fumeurs en cachette B-)-

    En ce premier dimanche d'août, je me suis penché sur les $q$-séries.
    J'ai d'abord fait la connaissance du théorème des nombres pentagonaux d'Euler qui dit que :$$\prod_{n\geq 1}(1-q^n)=1+\sum_{k\geq 1}(-1)^k(q^{k(3k-1)/2}+q^{k(3k+1)/2}).$$On en déduit que :$$\prod_{n\geq 1}(1-q^{2n})(1-q^{22n})=\left(1+\sum_{k\geq 1}(-1)^k(q^{k(3k-1)}+q^{k(3k+1)})\right)\left(1+\sum_{k\geq 1}(-1)^k(q^{11k(3k-1)}+q^{11k(3k+1)})\right).$$A partir de cette égalité et de ce qu'on a vu dans ce fil, j'ai écrit le petit code maple suivant qui calcule $N_p(x^3-2x^2+2x-2)$ pour $p$ premier en entrée.
    N:=proc(p)
    local(a, b, k);
    a := rtable(0 .. p-1);
    k := 0;
    while k*(3*k-1)<=p-1 do a[k*(3*k-1)]:=(-1)^(k);
    if k*(3*k+1) <= p-1 then a[k*(3*k+1)] := (-1)^k; fi;
    k:=k+1; od;
    b := rtable(0 .. p-1);
    k := 0;
    while 11* k*(3*k-1)<=p-1 do b[11* k*(3*k-1)]:=(-1)^(k);
    if 11*k*(3*k+1) <= p-1 then b[11*k*(3*k+1)] := (-1)^k; fi;
    k:=k+1; od ;
    sum('a[l]*b[p-1-l]',l= 0 .. p-1)+1;
    end proc
    
    > p := 2: L := [2, N(2)]: while p <= 100 do p := nextprime(p): L := L, [p, N(p)]: od:
    > L;
    [2, 1], [3, 0], [5, 0], [7, 1], [11, 2], [13, 1], [17, 1], [19, 1], [23, 0], [29, 1], [31, 0], [37, 0], [41, 1],
    [43, 1], [47, 3], [53, 3], [59, 0], [61, 1], [67, 0], [71, 0], [73, 1], [79, 1], [83, 1], [89, 0], [97, 0],
    [101, 1]
    
  • $\def\S{\mathfrak S}$FlipFlop, Gai-Requin
    Bien content de vous voir. Flip Flop : je ne sais pas s'il y a une réponse à te donner mais je vais quand même de répondre dans le PROCHAIN post. Pour l'instant, je réponds à Gai-Requin et petit malin que je suis (?), je VOUS glisse $p_n$ le nombre de partitions de $n$.

    Gai-Requin : je sens bien un petit sourire l'air de dire ``moi, je suis sain, je ne fume pas ...etc..''. On va bien rigoler si tu mets les mains dans les theta séries et tout le binz (cf le déput du chapitre 5 d'Hellegouarch). Si tu arrives à mettre la main sur un article self-contained

    Jean Varouchas, Autour de la formule de Jacobi, RMS, numéro 4, 112 ème année, Juillet 2002

    tu vas comprendre ce qu'est la fumette. Tous les jours, après le café, tu ne pourras pas t'empêcher de ...

    J'en viens aux partitions. Hellegouarch, Invitation aux Mathématiques de Fermat-Wiles, bas de la page 250 (deuxième édition)
    $$
    \prod_{n =1}^\infty(1-q^n)^{-1} = 1 + \sum_{k =1}^\infty p_k q^k
    $$En prenant $\infty = 25$ :
    [color=#000000]> PSR<q> := PowerSeriesRing(Z) where Z is IntegerRing() ;
    > oo := 25 ;
    > AssertAttribute(PSR, "Precision", oo) ;
    > S1 := &*[(1-q^n)^-1 : n in [1..oo]] ;
    > S2 := 1 + &+[NumberOfPartitions(n)*q^n : n in [1..oo]] ;
    > S2 - S1 ;
    O(q^25)
    > S1 ;
    1 + q + 2*q^2 + 3*q^3 + 5*q^4 + 7*q^5 + 11*q^6 + 15*q^7 + 22*q^8 + 30*q^9 + 42*q^10 + 56*q^11 + 77*q^12 + 101*q^13 + 
      135*q^14 + 176*q^15 + 231*q^16 + 297*q^17 + 385*q^18 + 490*q^19 + 627*q^20 + 792*q^21 + 1002*q^22 + 1255*q^23 + 
    1575*q^24 + O(q^25)
    [/color]
    
    Quel est le rapport avec la choucroute ? Il n'y en n'a pas. Sauf qu'il n'y aucune raison de me censurer et que j'avais envie de dire petit quelque chose sur l'inverse du produit $\prod_{n \ge 1} (1-q^n)$. L'identité pentagonale, cela remonte à Euler (1748). Et c'est quand même scandaleux, car ce gars maniait des séries formelles i.e. $\Zq$ sans avoir défini (je suppose) la topologie de cet anneau local complet. Alors que de nos jours, pour les petit(e)s, on commence à mettre un peu d'ordre en définissant ce qu'il faut. On en fait quoi ? C'est une autre histoire.

    $\bullet$ Partitions de $n$ et alors ? Ne faites pas semblant d'avoir oublié les devoirs de vacances donnés par Lupulus il y a un an. Les représentations irréductibles du groupe symétrique $\S_n$ indexées par les partitions $\lambda$ de $n$, cela vous dit quelque chose ? Marie Derrien ....etc.. http://perso.eleves.ens-rennes.fr/people/Gwendal.Soisnard/Rapports_2016/Marie_Derrien_35667.pdf. Les tableaux, tabloïdes et tout le truc. Comme je suis un laborieux, j'ai fini par vraiment regardé et c'est beaucoup beaucoup plus simple que prévu. Si, si. Et le défaut de présentation chez M. Derrien provient en partie du fait qu'elle colle trop à l'ouvrage de B. Sagan. Bref, en prenant du recul (plusieurs semaines), il y de quoi s'amuser. Schur-Weyl, foncteurs, représentations de $\text{GL}_N$, fonctions symétriques de Schur, tableaux de Young ...etc.. J'aurais bien envie plus tard de mettre cela sur le tapis.107218
  • $\def\OK{\mathcal O_K}\def\OE{\mathcal O_E}\def\Cl{\text{Cl}}\def\Dfond{D_{\rm fond}}\def\S{\mathfrak S}\def\Gal{\text{Gal}}\def\f{\mathfrak f}\def\SL{\text{SL}}\def\U{\mathbb U}\def\fp{\mathfrak p}\def\fa{\mathfrak a}\def\fb{\mathfrak b}\def\F{\mathbb F}$Flip-Flop. Ce n'est évidemment pas à nous de raconter quelque chose pour les enfants ...etc... C'est à ceux qui sont clairs et j'espère que je n'ai pas donné l'impression de l'être. Mais quand même il y a eu quelques progrès. J'ai arrangé deux vieux pdf que j'attache.

    $\bullet$ La vraie vérité (je ne voulais pas remettre cela sur le tapis) c'est que j'ai eu beaucoup de mal à cerner les racines (à l'aide des fonctions de Weber) du polynôme de Weber $W_{-44} = X^3 - 2X^2 + 2X - 2$. J'ai fait semblant de donner des références à Schertz, Yui, Don Zagier mais ce n'est pas vrai que j'ai trouvé la réponse chez eux (elle y est peut-être !!). Il a fallu que je m'y colle, en lisant une implémentation magma très très mal écrite, et en écrivant moi-même le truc pour la classe des discriminants $D$ vérifiant $D \equiv 20 \bmod 32$. J'en ai ch.é et c'est vraiment le truc qui m'a coûté. Mais quand tu fais des calculs, tu ne fais pas des calculs avec le polynôme monstrueux d'Hilbert $H_D$. Regarde ce qui suit. J'ai même constaté dans la classe $D \equiv 20 \bmod 32$ et $3 \mid D$ que l'on pouvait améliorer le polynôme de Weber classique.
    [color=#000000]> D ;
    -876
    > W ;
    X^12 - 344*X^11 + 3344*X^10 - 11376*X^9 + 34608*X^8 - 32512*X^7 + 35072*X^6 - 54784*X^5 + 156416*X^4 - 
       256000*X^3 + 98304*X^2 + 36864*X + 4096
    > myW ;
    X^12 - 172*X^11 + 836*X^10 - 1422*X^9 + 2163*X^8 - 1016*X^7 + 548*X^6 - 428*X^5 + 611*X^4 - 500*X^3 + 96*X^2 + 18*X + 1
    > HilbertClassPolynomial(D) ;
    X^12 - 24090865430383449673666248393862931407680*X^11 + 695778455992612150647368347067271893063582127011529216*X^10 - 
        55018035664645178116380756852501594175682342330187536667131904*X^9 + 
        108003281945155064353467240740529244614052536504613880338490228649122267136*X^8 - 
        7958946793757573767804493525057624443863929196429772380272017392159668048700112896*X^7 + 
        1535194982675971860468022058367077171034649405432079144895222334460476328286379216094625792*X^6 - 
        16935464058378610235865627324774195956205616062023708417047998602947156413500434266241735065600*X^5 + 
        75672147189991637886904204937676919908997092745402626021039736008303487823471979532099278851801088*X^4 - 
        153292478764446341939175545119992184928610329758286217444167432922488087841454597804740996932290215936*X^3 + 
        259733150452709389419080098294429097523256028738679371972650935614814764294459116535598589729883308425216*X^2 - 
        28009442974912892483439612507130243205153186321247465404931890210162140147301388556685772860146236883206144*X + 
        4876900621855196849271819609362996729748589113860832685090732164826627681432356454861383380506245254860505088
    [/color]
    
    C'est uniquement pour cette raison que je me suis collé au discriminant $D = -44$. Et de fil en aiguille ...etc...

    $\bullet$ Lire et relire Kani ? J'ai insisté mais c'était surtout pour moi ! J'ai d'ailleurs parcouru de nouveau la première publication http://www.labmath.uqam.ca/~annales/volumes/36-2/PDF/501-534.pdf. Je je dis bien la première. Et je t'assure, comme il ne fait pas débarquer 36 trucs d'un coup comme nous autres, il y des choses que l'on peut comprendre, en particulier certains énoncés.

    La forme quadratique $f$ chez lui, c'est plutôt $Q$ chez nous, et $\vartheta_f$ c'est la série $\Theta_Q$ chez nous autres. Et son $\vartheta_\chi$, c'est ce que j'ai noté $S_\chi$ et que peut-être cela serait mieux de la noter $\Theta_\chi$ où $\chi$ est un caractère sur $\Cl(D)$
    $$
    \Theta_\chi(q) = {1 \over w_D} \sum_{Q \in \Cl(D)} \chi(Q) \Theta_Q \qquad\qquad \Theta_Q = \sum_{n \ge 0} r_Q(n) q^n
    $$On voit que $\Theta_Q$ est dans l'espace des formes modulaires $M_1(\Gamma_0(|D|), \chi_D)$, ce que l'on a toujours ``su''. Mais les combinaisons $\Theta_\chi$ sont soit dans le sous-espace cuspidal soit dans le sous-espace d'Eisenstein.

    Bref, dans le PREMIER papier de Kani, ne débarquent pas 36 acteurs d'un coup et cela permet de comprendre un peu mieux.

    $\bullet$ C'est ENSUITE que cela se complique sérieusement. Je n'ai pas eu le courage pour l'instant d'essayer de parcourir de nouveau le deuxième papier de Kani. Avoir peur de Deligne/Serre ? Oui bien sûr, mais je ne sais même pas de quoi cela parle vraiment. Est ce que ce n'est pas toi qui avait pointé l'article dont j'attache une image?107222
    107228
    107230
    107236
  • Bonjour à tous,

    Claude: juste une question: dans cet extrait de ton post la fonction de Weber qui figure dans le troisième facteur est $\mathfrak{f}_1$. C'est pas $\mathfrak{f}_2$ plutôt ?
    En tout cas, merci d'avoir lancé ce fil.
    ...107252
  • $\def\OK{\mathcal O_K}\def\OE{\mathcal O_E}\def\Cl{\text{Cl}}\def\Dfond{D_{\rm fond}}\def\S{\mathfrak S}\def\Gal{\text{Gal}}\def\f{\mathfrak f}\def\SL{\text{SL}}\def\U{\mathbb U}\def\fp{\mathfrak p}\def\fa{\mathfrak a}\def\fb{\mathfrak b}\def\F{\mathbb F}$Salut df

    C'est là que j'en ai ch.é (bis). Selon toi, la fonction de Weber $\f_2$ évaluée en quel $\tau$ du demi-plan de Poincaré ? Il faut TOUT me dire.

    J'ai été obligé (bis) d'étudier $D \equiv 20 \bmod 32$, ce qui est le cas de $D = -44$. Je ne peux pas travailler de manière approximative, ce truc c'est de la dentelle. Regarde les évaluations ci-dessous.
    [color=#000000]> W ; 
    x^3 - 2*x^2 + 2*x - 2
    > // Cf /home/quitte/..../WEBER-POLYNOMIAL/D=20mod32.magma
    > tau0 := (-b + Sqrt(D)) / (2*a) where a is 1 where b is 0 ;  // (1, 0, 11)
    > Evaluate(W, WeberF(tau0)) ;
    -4.73316543132607083247037139170E-30
    > tau1 := (-b + Sqrt(D)) / (2*a) where a is 3 where b is 2 ;  // (3, 2, 4)
    > e48 := -11 ;   zeta := Exp(2*i*pi * e48/48) ;
    > Evaluate(W, zeta*WeberF1(tau1)) ;
    3.15544362088404722164691426113E-30 + 4.04517905200980303890019145480E-30*$.1
    > tau2 := (-b + Sqrt(D)) / (2*a) where a is 3 where b is -2 ;  // (3, -2, 4)
    > e48 := 11 ;   zeta := Exp(2*i*pi * e48/48) ;
    > Evaluate(W, zeta*WeberF1(tau2)) ;
    3.15544362088404722164691426113E-30 - 4.04517905200980303890019145480E-30*$.1
    [/color]
    
    Ensuite, un extrait de ... En face de chaque forme quadratique réduite $Q = (a,b,c)$ de discriminant $-44$, on voit quelle fonction de Weber il faut évaluer (f0 pour $\f$, f1 pour $\f_1$). Et en quel point du demi-plan de Poincaré ? Il y a une correction par une racine 48-ème de l'unité.
    $$
    \zeta_{48}^{\text{exposant ad-hoc}}\, \tau_Q \qquad \qquad \tau_Q = {-b + \sqrt D \over 2a}, \qquad D = b^2 - 4ac =_{\rm ici} -44
    $$L'exposant ad-hoc ci-dessous c'est e48
    [color=#000000]> load "D=20mod32.magma" ;
    Loading "D=20mod32.magma"
    Loading "WeberTools.magma"
    D = -44  D mod 3 = 1
    X^3 - 2*X^2 + 2*X - 2
     ......
    q=<1,0,11>        f0 e48=0
    q=<3,-2,4>        f1 e48=11
    q=<3,2,4>         f1 e48=-11
    [/color]
    
    ATTENTION : je ne dis pas que $\f_2$ correctement évaluée ne convient pas. Car $\f, \f_0, \f_2$ partagent des relations !

    A toi maintenant de me dire, dans le troisième facteur, le point d'évaluation $\tau$ de la fonction de Weber $\f_2$.

    Tu vois comme je suis autoritaire ``à toi de me dire'' !!
  • Salut Claude,

    Oui, j'avais regardé dans Le Hellegouarch (une mine d'or!). Bien vu.
    Est-ce que tu cherches un article self-contained sur les calculs dans $\mathbb Zq$ ou un article sur les fonctions Thêta ?
  • Gai-Requin,
    Ni l'un ni l'autre car j'ai. C'est pour TOI que j'ai mentionné Varouchas (as tu un accès à RMS ? j'ai mis l'année, le numéro). Pour que tu puisses le matin après ton café te faire une petite fumette tranquillou. Vas-y mollo les deux premières semaines ; après, cela va mieux, on s'habitue.
  • Mince, je n'ai pas accès au site de la RMS et de toute façon, l'article dont tu parles n'a semble-t-il pas été numérisé (voir [ici]).

    En me baladant sur la toile, j'ai trouvé [ce mémoire] plutôt court, écrit par un normalien qui a fait sa thèse à Bordeaux en théorie des nombres, et qui parle de la modularité des fonctions Thêta attachées à des formes quadratiques et (un peu) de la fumette qui va avec !
  • Claude,
    j'ai cherché longtemps: je ne vois pas en quel point du demi-plan de Poincaré il faut évaluer la fonction $\mathfrak{f}_2$.
    Dans le troisième facteur, tu as évalué $\mathfrak{f}_1$ en $\tau_{\: \overline{q_1}}=\frac{-2+\sqrt{D}}{6}$, $D=-44$.
    Pour l'évaluation en $\mathfrak{f}_2$, j'ai pensé chercher un $\tau_Q \in \mathbb{H}$ tel que

    \begin{equation}
    \mathfrak{f}_1\big(\tau_{\: \overline{q_1}}\big) = \mathfrak{f}_2\big(\tau_Q)\big) \Longleftrightarrow \eta \big(\frac{\tau_{\:\overline{q_1}}}{2}\big)=\sqrt{2}\eta \big(2\tau_Q\big)
    \end{equation}

    Je m' y remets ce soir.
    ...
  • $\def\OK{\mathcal O_K}\def\OE{\mathcal O_E}\def\Cl{\text{Cl}}\def\Dfond{D_{\rm fond}}\def\S{\mathfrak S}\def\Gal{\text{Gal}}\def\f{\mathfrak f}\def\SL{\text{SL}}\def\U{\mathbb U}\def\fp{\mathfrak p}\def\fa{\mathfrak a}\def\fb{\mathfrak b}\def\F{\mathbb F}$df (suite)
    $\bullet$ Je ne comprends pas pourquoi tu veux faire intervenir $\f_2$ ? De plus, il me semble que tu as parlé une fois, ``tout seul'', ``le premier'', du polynôme $X^3 - 2X^2 + 2X - 2$ en lui collant le nom $f_{11}$ ou quelque chose comme cela. Où l'as tu trouvé ? Sous le sabot d'un cheval ? Dans une base de données ? Est ce que tu ne nous cacherais pas quelque chose ?

    $\bullet$ De toutes manières, avec MES notations, pour une forme quadratique $Q$ de discriminant $<0$, on a $\tau_{\overline Q} = -\overline {\tau_Q}$. Et la fonction de Weber $\f_1$ vérifie :
    $$
    \f_1(-\overline \tau) = \overline {\f_1(\tau)} \qquad \qquad \tau \in \mathbb H
    $$Enfin, le polynôme $W_{-44} \in \Z[X]$, de discriminant $<0$ (en fait $-44$, perfecto) admet une racine réelle et deux complexes conjuguées. Et donc ...etc...
  • Je n'ai aucun secret pour l'honorable communauté des mathématiciens du forum.
    C'est en quelque sorte sous le sabot d'un cheval que j'ai trouvé ce polynôme: mais quel cheval !

    https://archive.org/details/lehrbuchderalgeb03webeuoft

    https://ia803104.us.archive.org/17/items/lehrbuchderalgeb03webeuoft/lehrbuchderalgeb03webeuoft.pdf

    Pour ceux que ça intéresse: le premier lien offre diverses options de téléchargement. En espérant que vous lisez l'Allemand !
    On peut remarquer l'incroyable somme d'érudition mathématique que représentent les trois volumes du $\textbf{"Lehrbuch der Algebra"}$: algèbre abstraite, corps de classe, courbes et fonctions elliptiques, équations différentielles: tout y passe !

    Le passage qui nous concerne commence à la page 457.

    Un ami, mathématicien de son état, s'est proposé de m'en dire plus sur ce polynôme mais je lui ai rétorqué que je retrouverai seul le polynôme de Weber: $x^3-2x^2+2x-2$.
    J'ai rapidement compris que j'avais été un brin présomptueux !

    Sinon, Claude, j'essayais de répondre à TA propre question: trouver, dans le demi-plan de Poincaré, le point $\tau$ d'évaluation de la fonction de Weber $\mathfrak{f}_2$ pour l'exprimer dans le troisième facteur.
    C'était bien ce que tu demandais ?
    ...107326
  • $\def\OK{\mathcal O_K}\def\OE{\mathcal O_E}\def\Cl{\text{Cl}}\def\Dfond{D_{\rm fond}}\def\S{\mathfrak S}\def\Gal{\text{Gal}}\def\f{\mathfrak f}\def\SL{\text{SL}}\def\U{\mathbb U}\def\fp{\mathfrak p}\def\fa{\mathfrak a}\def\fb{\mathfrak b}\def\F{\mathbb F}$df Ok, je comprends maintenant où tu l'as trouvé : chez Weber lui-même. Merci pour les pointeurs mais je ne lis pas l'allemand.

    Question ? Ne renversons pas les rôles : je ne t'ai pas vraiment posé de question. Rappel : j'ai fourni les 3 racines de $W_{-44}$ à l'aide des fonctions de Weber $\f$ et $\f_1$ évaluées en des points précis du demi-plan de Poincaré, évaluations auxquelles il faut apporter la fameuse correction par une certaine racine 48-ième de l'unité.

    Et tu m'as demandé si ce n'était pas $\f_2$ à la place de $\f_1$. Et j'ai simplement demandé $\f_2(\text{quel point})$ ? Je ne comprends pas pourquoi tu fais une fixette sur $\f_2$. Et à ce propos, tu n'as pas répondu à mon dernier post concernant cette fixette. As tu vu dans ce post le comportement de la conjugaison complexe sur $\f_1$ à l'arrivée ?

    J'insiste sur le fait que cette histoire de polynômes de Weber, je trouve cela très compliqué. Et le cas $D \equiv 5 \bmod 8$ n'est pas implémenté en magma.

    Pour $D \equiv 20 \bmod 32$ et $3 \not\mid D$, un aperçu typique du binz. On y voit les 15 formes quadratiques réduites $Q$ de discriminant $D$, les différentes fonctions de Weber à évaluer en $\tau_Q$ et la correction $\zeta_{48}^\bullet \f_i(\tau_Q)$ par les racines 48-ièmes pour obtenir les racines de $W_D$. I.e. pour CALCULER $W_D$.
    [color=#000000]D = -908  D mod 3 = 1
    X^15 - 6*X^14 - 2*X^13 - 38*X^12 - 48*X^11 - 96*X^10 - 120*X^9 - 96*X^8 - 112*X^7 - 96*X^6 - 96*X^5 - 
         160*X^4 - 48*X^3 - 96*X^2 + 32*X - 32
    
    q=<1,0,227>       f0 e48=0
    q=<4,-2,57>       f2 e48=7
    q=<4,2,57>        f2 e48=-7
    q=<3,2,76>        f1 e48=-11
    q=<12,-10,21>     f2 e48=15
    q=<12,2,19>       f2 e48=-5
    q=<3,-2,76>       f1 e48=11
    q=<12,-2,19>      f2 e48=5
    q=<12,10,21>      f2 e48=-15
    q=<7,-4,33>       f0 e48=14
    q=<11,-4,21>      f0 e48=22
    q=<9,8,27>        f0 e48=12
    q=<7,4,33>        f0 e48=-14
    q=<9,-8,27>       f0 e48=-12
    q=<11,4,21>       f0 e48=-22
    [/color]
    

    A propos de Weber, aspects historiques. Un mathématicien à Strasbourg, 1895-1913, de Norbert Schappacher http://irma.math.unistra.fr/~schappa/NSch/Publications_files/2005b_HWeber.pdf

    Un extrait de Noah Snyder : Artin's L-functionsn A Historical Approach, https://pdfs.semanticscholar.org/36c9/f39a44e13ec1a04cbc673e7d8c29ca5859f2.pdf107336
  • Claude,

    à la forme quadratique réduite $q=<1,0,11>$ de discriminant $D=-44<0$, tu associes la fonction de Weber $\mathfrak{f}$ que tu évalues en $\frac{\sqrt{D}}{2}$.

    Pour $q=<3,-2,4>$, l'évaluation par $\mathfrak{f}_1$ se fait en $\tau_{q_1}=\frac{2+\sqrt{D}}{6}$ et pour $q=<3,2,4>$ en $\tau_{q_2}=\tau_{-q_1}$. En observant ton extrait magma: j'ai bien remarqué la conjugaison complexe: $\mathfrak{f}_1(\tau_{-q_1})=\overline{\mathfrak{f}_1\:(\tau_{q_1}})=3,5544...-i4,0451....$.
    ...
  • Claude,

    tu dis que tu en as bavé pour déterminer les racines du polynôme de Weber.
    Je me demandais si la formule ci-dessous intervenait dans la recherche de ces racines.
    Si on note $H(D)$ l'ensemble des formes quadratiques réduites primitives de discriminant $D$ quelconque, on a le polynôme à coefficients entiers:

    \begin{equation}
    \displaystyle W_D= \prod _{(a,b,c) \in H(D)} \big(X-j\big(\frac{-b+\sqrt{D}}{2a}\big)\big)
    \end{equation}

    où $j$ est la fonction modulaire bien connue.

    edit: Claude, j'ai changé la notation du discriminant $d$ en $D$ pour me mettre à la page.
    ...
  • $\def\f{\mathfrak f}$Df,
    J'ai corrigé une coquille : bien sûr, ce n'est pas le point d'évaluation $\tau_Q$ qu'il faut multiplier par une puissance ad-hoc de $\zeta_{48}$ mais l'évaluation $\f_i(\tau_Q)$ ($\f_i$ ad-hoc) pour obtenir les racines de $W_D$.

    Pour déterminer le polynôme $W_D$, on a besoin des $h(D)$ valeurs $\zeta_{48}^\bullet \f_i(\tau_Q)$, les quantités $\bullet$, $i$ étant variables avec $Q$.

    Je garde mes notations et je n'en changerais pas : $D$, c'est $D$. Et toi tu mentionnes $d$. Tu trouves que ce n'est pas assez compliqué comme cela ?
    Le polynôme que tu mentionnes (sous le nom $W_d$) est le monstre $H_D$.

    Je confirme ce que j'ai dit : c'est la jungle, chacun se dém.rde. Exemple : comment se fait-il que l'article de Schertz de 2002 https://jtnb.centre-mersenne.org/article/JTNB_2002__14_1_325_0.pdf ne cite pas celui de Yui et Don Zagier (1997) https://people.mpim-bonn.mpg.de/zagier/files/doi/10.1090/S0025-5718-97-00854-5/fulltext.pdf ?

    Sais tu que les polynômes de Weber varient selon les auteurs : quand $W$ est de degré impair, là où c'est $W(X)$ chez l'un, cela peut-être $-W(-X)$ chez l'autre. Est ce que quelqu'un va faire le point de A à Z en reprenant tout ? J'en doute.
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