Niveau des leçons d'oral de l'agrégation
À quel niveau il faut situer les leçons d'oral de l'agrégation externe, secondaire ou supérieur ?
A-t-on le choix ou c'est imposé ?
A-t-on le choix ou c'est imposé ?
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Réponses
Contrairement au CAPES, il n'y a pas du tout cet aspect didactique à l'agreg. Tu dois donc présenter tes leçons au niveau maîtrisé maximal. A minima, tes leçons doivent être de niveau sup/spé (après ça dépend des leçons, certaines s'y prêtant mieux que d'autres).
Présenter une leçon au niveau secondaire (quand c'est possible, et ça ne l'est peut-être que sur une dizaine de leçons) te vaudrait un note inférieure à 2.
Il s'agit tout de même du recrutement de futurs professeurs...
Donc l'aspect didactique /pédagogique est bien présent dans l'esprit du jury. Même si c'est vrai que ce n'est certainement pas le point central.
Il se peut effectivement que le mot "pédagogie" apparaisse dans le rapport, mais ça veut juste dire que le jury attend que les candidats sachent écrire au tableau correctement, articulent un minimum lorsqu'ils parlent et ne commencent pas à insulter le jury direct. La "pédagogie" se réduit à ça. C'est pas juste que ça soit pas central, ça compte quasiment pas. L'agrégation classe (ou essaye de classer) avant tout en fonction de la maîtrise technique de la discipline.
Pour donner une idée d'à quel point c'est une mauvaise idée de faire une leçon de (très) bas niveau (bac), il suffit d'aller voir dans les rapports comment ils tapent sur les candidats qui utilisent l'intégrale de Riemann au lieu de l'intégrale de Lebesgue à l'oral.
Faire une leçon niveau bac (et en particulier faire un développement niveau bac), je pense effectivement que ça finit par une note en-dessous de 5 quasiment systématiquement : je pense qu'aux questions le jury essaiera de toutes ses forces de monter le niveau si c'est possible.
Si le candidat ne peut pas monter, à mon avis oui ça finit à 2-4. S'il peut, à mon avis ça finit quand même en-dessous de 10 et le jury sera perplexe et ne comprendra pas pourquoi le candidat n'a pas tout de suite placé sa leçon et son développement à plus haut niveau puisqu'il le pouvait. Il conclura sans doute que c'est parce que le candidat n'avait pas travaillé la leçon et n'avait pas de développement => mauvaise note.
Quand on dit qu'on peut rester à "bas niveau" et avoir une bonne note, en général on entend par là "niveau prépa", pour les leçons qui s'y prêtent (leçons d'analyse réelle ou d'algèbre linéaire), et ça demande un bon développement.
D'un autre côté, le niveau L3 suffit pour avoir les notes maximales, inutile de chercher la haute voltige qui est assez risquée.
Précisément, voici ce qu'on lit dans le rapport 2016 :
J'ai du mal à comprendre, en lisant ces lignes (et celles qui les entourent, bien sûr ;-)), que le jury n'a rien à b... des questions pédagogiques.
Maintenant, qu'il n'utilise pas le mot au cours de l'oral, ou que certains candidats aient l'impression que la pédagogie n'est pas une composante du concours, c'est tout autre chose...
Peut-être une minorité de candidats n'ont pas à se poser ce genre de questions parce qu'ils pourront aborder et montrer qu'ils maîtrisent des notions de M1/M2 à la volée. Mais combien (sur les doigts d'une main) sont concernés parmi la masse d'admis ?
Enfin, je répète qu'effectivement ce n'est pas le point central. J'imagine que ça peut amener des points ou des demi-points en plus ou faire pencher la balance sur des arrondis en la faveur d'un candidat, ou au contraire emporter définitivement le jury sous la moyenne parce que le candidat "n'aura même pas pu montrer des qualités pédagogiques minimales". Je n'affirme donc pas (peut-être comme ça peut être le cas pour le CAPES) que tous les candidats seront admis ou recalés grâce à ça !
Par ailleurs, je suis vivement intéressé par avoir plus d'explication sur cette appréciation :
"il suffit d'aller voir dans les rapports comment ils tapent sur les candidats qui utilisent l'intégrale de Riemann au lieu de l'intégrale de Lebesgue à l'oral."
En effet, sauf erreur de ma part, rien n'est indiqué à ce sujet dans les rapports 2015 et 2016 que je viens de consulter. As-tu des références plus précises ?
(*) D'ailleurs, ça me semble même aller contre le bon sens : un candidat qui écrit comme un cochon et ne gère pas super bien le tableau mais fait des développements de M2 maîtrisés et peut tenir tête au jury au niveau mathématique n'aura pas de mal à obtenir une note proche du maximum permis. ("Allez, on ne lui met pas 20 parce qu'il écrit mal et n'importe comment au tableau et ses qualités pédagogiques ne sont pas son point fort. On ne lui mettra que 19...")
-- Schnoebelen, Philippe
Bref, je pense que le niveau nécessaire est bien loin d'être celui d'un M1/M2 maîtrisé. Et que même la L3 (qui est loin pour la plupart des candidats à l'interne) n'est pas une nécessité avec "un peu de chance" à condition d'avoir un peu de chance pour éviter à l'oral les "sujets qui fâchent"... Après, se borner à un niveau du "lycée++" (genre bon niveau de TC d'antan) vaut certainement mieux qu'un niveau prépa où l'on raconte n'importe quoi sur des choses élémentaires, mais si l'on n'a pas assuré aux écrits, les notes risquent d'être insuffisantes au final.
Bref, si on constate que ceux qui savant tout sur tout réussissent mieux que les autres, il y a une bonne part qui réussit sans briller (et de loin), et probablement aussi une toute petite minorité de ... (veinards ? salauds ? chacun verra midi à sa porte) qui réussissent alors qu'ils n'avaient vraiment pas ni le niveau ni le mérite.
Pas d'accord. Un candidat qui maîtrise parfaitement les niveaux L1/L2 mérite tout autant qu'un candidat qui est capable d'élever le niveau de son exposé mais plus fragile sur des questions élémentaires.
Les rapports du concours sont clairs là-dessus.
C'est vrai. À condition de préparer l'externe. Or il est clair que ce sont deux préparations différentes, d'intersection non vide.
D'un autre côté, passer les oraux de l'un est une excellente préparation pour l'autre.
e.v.
Alors soyons plus clair : quand j'évoque un hypothétique candidat qui réussit sans avoir le niveau, je n'envisage pas une seule seconde quelqu'un "qui maîtrise parfaitement les niveaux L1/L2". Je pense plutôt à un candidat qui a réussi à franchir l'admissibilité en faisant les questions assez faciles et avec un peu de réussite puis qui tombe sur des leçons pour lesquelles il a quelque chose à dire à un niveau lycée/prépas, ne répondant quasiment pas aux questions pour ne pas dire trop d'âneries et qui n'aurait rien pu dire pour tout autre sujet. Il est admis, dans les derniers, sans avoir brillé mais en se gardant bien de dire toutes les bêtises qui lui passent par la tête...
Bien entendu il s'agit là d'une description très théorique car je me place à la frontière de l'admission, entre les candidats qui ne savent absolument rien et font des leçons niveau CAPES - celui des années 90 que j'ai connu - : j'en ai vu un à l'externe il y a deux ans, et ceux qui ont manifestement des connaissances mais sont limites par rapport au niveau moyen.
Cependant, l'expression "qui maîtrise parfaitement les niveaux L1/L2" m'interpelle. Comme d'habitude, il peut y avoir discussion sur les mots et l'expression "maîtriser tel ou tel niveau" demanderait à être précisée ici. De mon point de vue, à part le haut du tableau, très peu de candidats maîtrisent le niveau L1/L2. Je veux dire : très peu de candidats ont une idée de l'enchaînement, de la démonstration, des applications, des exemples classiques et des contre-exemples de l'intégralité du programme (y compris la géométrie classique ou différentielle, les groupes, l'analyse numérique, les probabilités...). Très peu de candidats vont réussir à ne pas bloquer rapidement si l'on creuse un peu sur telle ou telle notion classique.
Bref, la maîtrise demande pour moi d'avoir fouillé beaucoup de sources différentes pour étudier les différentes façons d'arriver à un résultat, de connaître les exemples et les exercices ultra-classiques, mais aussi de connaître suffisamment ce qu'il y a en-dessous et de savoir au moins "culturellement" parlant ce qu'il y a au-dessus (avoir suivi un cours de théorie de la mesure avec applications, avoir une idée de l'existence des distributions et savoir en quoi elles sont utiles pour traiter certaines questions importantes d'analyse, connaître au moins le cadre plus global des variétés pour faire de la géométrie différentielle, idem en algèbre, en probas-stats).
Combien de candidats "maîtrisent" toutes les constructions de tous les ensembles de nombres (voire jusqu'aux quaternions, aux octonions ?) et savent les relier à la théorie (groupe, anneaux, corps, fractions, etc.) ? Combien de candidats peuvent citer plus d'une construction de R par exemple ? Et donner les grandes lignes de l'une d'elles ? Combien peuvent faire de même pour la construction de différentes théories de l'intégration (sans même parler de Lebesgue) ? Combien sont à l'aise avec le théorème des fonctions implicites et l'étude des surfaces, des nappes ? Etc.
Un candidat qui maîtriserait donc L1/L2 a pour moi de très fortes chances de réussir l'agrégation externe s'il n'est pas complètement inculte sur les techniques touchant le niveau L3 au moins (Lebesgue, Cauchy et Cie).
C'est pour cela que quand je lis certains affirmer qu'il faut maîtriser M1 ou M2 pour être admis, ou le niveau N+n (avec n au moins égal à 4) pour enseigner au niveau N, je fais des bonds (sur ma chaise) ;-).
Mais en fait, je crois que j'ai dit tout cela dans d'autres sujets. Je vais prendre des vacances :-)...
L'intégrale de Lebesgue peut se voir en L2.
Cauchy ? c'est vaste. Tu voulais dire l'analyse complexe ?
Sinon, bien sûr, pour les candidats tangents entre le capitole et la roche tarpeïenne, le bol a des conséquences considérables.
Bonnes vacances,
e.v.
Les constructions de $\Z$ et $\Q$ sont pourtant élémentaires....Un candidat qui ne maitriserait pas ces constructions ne mérite pas d'être agrégé.
Quand à celle de $\R$, cela s'apprend et devrait faire partie de la culture générale de tout agrégé qui se respecte...
PS: Tu oublies les sédénions ......
Je serais curieux de savoir dans quelle université, on enseigne cela en L2....
Le fait est qu'un bon nombre de leçons portent sur des sujets niveau L3/M1, ça c'est une chose avéré. Pour un bon nombre d'autres leçons un traitement niveau L2 me semble tout à fait approprié. Par contre j'ai lu plusieurs fois dans les rapports que les développements/leçons niveau lycée ou L1 n'étaient pas au niveau de l’agrégation. Je dirai donc que le niveau attendu est L2/L3/M1, mais cela dépend évidemment de la leçon.
Certaines leçons peuvent être placées à différents niveaux, mais il faut tout de même se rappeler que la dernière (et la plus longue) partie de l'oral est consacrée aux questions du jury. Si un candidat présente une leçon utilisant l'intégrale de Riemann plutôt que celle de Lebesgue il doit s'attendre à avoir des questions de la part du jury sur l'intégrale de Lebesgue, qui est au programme de l'agrégation. Si le candidat sait défendre son plan et expliqué pour Riemann plutôt que Lebesgue c'est un plus, mais ça ne lui évitera sans doute pas les questions sur Lebesgue.
Je viens de me faire tirer les oreilles - que j'ai fragiles - par MP à ce sujet. Un théorème de convergence dominée est au programme de MP, pas l'intégrale de Lebesgue. Faut pas pousser (p.p. dans les orties)
Bonne journée à tous et à toutes.
e.v.