Fac et agrégation

Bonjour,
Je passe en troisième année de licence de mathématiques, et j'aimerais passer l'agrégation par la suite.
J'ai pas mal de questions sans réponse, c'est pour cela que j'aimerais que l'on m'éclaircisse.

Est-ce difficile de réussir le concours de l'agrégation externe en provenant d'une fac de province ?

Je sais que cette question est assez subjective, mais combien faudrait-il de moyenne en troisième année de licence pour avoir ses chances de décrocher l'agrégation ?

A-t-on une chance de réussir l'agrégation en faisant un master MEEF ?

Quel est le pourcentage d'agrégés parmi les certifiés qui enseignent dans le secondaire ?

Enfin, comment bien se préparer à l'agrégation et mettre toutes ses chances de son côté ?

Je vous remercie d'avance pour vos réponses.

Réponses

  • Bonjour,
    Voici mon expérience personnelle.

    - J'ai fait ma scolarité dans une fac parisienne (UPMC). Je n'étais pas le meilleur, mais disons que je m'en sortais plutôt bien. En L3 j'avais quelque chose comme 14/20 pour indication.
    - Globalement l'agrégation externe est difficile (à mon humble avis) car il faut avoir un niveau correct un peu partout (même si on peut l'avoir sans cette condition avec un tirage disons chanceux).
    - Je pense que le master MEEF n'est pas adapté au niveau exigé pour l'agrégation. Il vaut mieux choisir un M1 de maths générales en essayant d'avoir une idée de l'option que tu choisiras à l'agreg et choisir tes UE en fonction du programme de l'agreg (Analyse fonctionnelle par exemple) et de ton idée d'option.
    - Je pense qu'il faut faire l'effort de prendre le temps de comprendre les choses en profondeur dès maintenant (par exemple en approfondissant durant les vacances si tu n'as pas le temps durant l'année scolaire).

    En espérant avoir été utile.
  • > Est-ce difficile de réussir le concours de l'agrégation externe
    > en provenant d'une fac de province ?

    Ouh là, il faut pas se dévaloriser comme ça. Il n'a jamais été prouvé qu'une forte exposition au RER ou au Paris SG procure un avantage dans tout ce qui concerne l'étude des formes quadratiques et des transformées de Fourier.

    Sur cette page tu peux voir les archives précises des résultats de la prépa agreg de Nancy.
  • Bonjour,

    Je suis responsable de la préparation à l'agrégation de maths à Nancy, qui est une ville de taille moyenne (19e ou 20e aire urbaine) depuis la session 2010.

    Ici, comme dans beaucoup d'endroits, il y a un fléchage d'options (de parcours maintenant) qui détermine un parcours classique, qui oriente vers le master de mathématiques classique (maths appliquées, maths fondamentales) ou vers le master MEEF. Les étudiants du master de maths fondamentales se dirigent ensuite vers le parcours prépa agreg ou vers le parcours recherche.
    Mon expérience, c'est qu'il est impossible de mettre une moyenne en-dessous de laquelle quelqu'un validant le parcours classique aurait très peu de chances d'avoir l'agrég. Bien sûr, il vaut mieux avoir de bonnes notes, mais il faut tenir compte du fait qu'aujourd'hui en L3 beaucoup d'étudiants ne sont pas au sommets de leur capacités.
    Des L3 avec 12 de moyenne qui terminent dans les 200 premiers, je l'ai vu plusieurs fois.
    Deux constatations:
    - je n'ai jamais vu d'étudiant catalogué "bon étudiant" (on va dire 14 de moyenne) pas admissible à l'agreg
    - je n'ai jamais vu d'étudiant admissible mais pas admis, repréparant l'année d'après en prépa agreg, qui n'obtienne pas l'agrég à cette deuxième présentation. Mais nombreux sont ceux qui n'ont pas la possibilité financière de repréparer et partent travailler (CAPES ou CAFEP en poche).

    A contrario, les très bons étudiants qui ne suivent pas nos conseils et partent en MEEF sont parfois admissibles, mais n'obtiennent pas l'agrég.

    Sinon, à ceux qui entrent en L3 avec l'idée de préparer l'agreg, je conseille de lire déjà les rapports de concours (en particulier la liste des leçons), le programme du concours, et de systématiquement mettre en lien ses cours avec le programme du concours. Aller à la bibliothèque; apprendre à connaître beaucoup de livres.
  • Bonjour Lakrimosa.
    Est-ce difficile de réussir le concours de l'agrégation externe en provenant d'une fac de province ?
    Tout dépend du niveau que l'on a, et des choix d'étude en cours de formation. Mais si tu finis une L2, c'est un peu tôt pour savoir.
    Je sais que cette question est assez subjective, mais combien faudrait-il de moyenne en troisième année de licence pour avoir ses chances de décrocher l'agrégation ?
    Question sans objet, l'agreg se fait sur un programme différent.
    A t-on une chance de réussir l'agrégation en faisant un master MEEF ?
    En général très peu, ce master est fait pour préparer les concours de prof d'école, caplp et capes.
    Quel est le pourcentage d'agrégés parmi les certifiés qui enseignent dans le secondaire ?
    26% d'après ce document
    Enfin, comment bien se préparer à l'agrégation et mettre toutes ses chances de son côté ?
    Rad t'a déjà répondu, mais tu peux déjà regarder (site du ministère de l'éducation) le programme et les rapports des jurys d'agrégation, pour guider tes choix de formation.

    Cordialement.
  • Je me permets également d'ajouter qu'il existe un concours d'entrée en fin de M1 aux ENS de Cachan et Rennes. Ce concours est, à mon avis, à la portée de tout étudiant sérieux de M1.

    Au-delà des conditions exceptionnelles du statut de normalien et des avantages qu'il procure, tenter ce concours en M1 n'a que des avantages puisque le préparer sérieusement est un très bon entraînement pour l'agreg l'année suivante.
  • Merci pour toutes ces réponses, j'y vois déjà plus clair.

    Je passe donc en L3 à la rentrée, et j'ai pu récupérer les cours d'une personne qui y était cette année; j'ai donc tous les éléments pour entamer sereinement cette troisième année.

    Vous parlez d'approfondissement, mais comment ? Je pense avoir un souci d'organisation, et je ne sais jamais vraiment comment réviser. Par exemple, en partiel, si une question sort trop l'ordinaire et diffère de ce que l'on a fait en TD, me voilà perdue.
    L'idée d'approfondir est pour moi une très bonne chose, mais je ne sais pas comment faire. Au passage si vous avez des livres à me conseiller, je suis preneuse !
  • Approfondir dans le sens se poser des questions. Si on enlève telle hypothèse du théorème reste-t-il vrai? Si non, est-ce que je peux trouver un contre exemple ? Est-ce que je connais l'idée de preuve de ce théorème ?
    Se poser des questions c'est aussi se demander "Pourquoi on a introduit cette notion?". Par exemple les séries de Fourier c'est bien beau mais pourquoi on en a eu besoin ? (EDP ?)


    Pour essayer de sortir des exercices classiques des TD tu peux par exemple prendre les sujets du CAPES (bien qu'assez classiques tout de même) pour faire le point après deux années de licence. L'idée n'est pas de faire tout d'un coup (t'es en vacances quand même) mais plutôt de faire un petit truc chaque jour.

    En algèbre je suis assez fan du Grifone qui est très pédagogue mais un peu plus bas que le niveau de l'agreg.
    Sinon pour le reste je travaillais avec les poly des profs jusqu'en M1.
  • Je ne suis pas certain que la notion de révision soit aussi pertinente en mathématiques (en particulier à l'université) qu'elle peut l'être dans d'autres disciplines où le ratio mémorisation/compréhension est plus important.
    Pour réviser, il faut avoir visé, or sauf sur quelques cours très particuliers, il est rare que des choses franchement comprises ne soient pas rapidement mobilisables sans révision.
    Souvent, ce que les étudiants appellent des révisions sont en fait une phase de tentative de compréhension de choses qui ont été remises à plus tard.

    Si on note A,B,C les connaissances à acquérir, et 1 2 3 les niveaux d'approfondissement, un très bon élève va faire
    - dans l'année
    A1/A2/B1/B2/C1/C2/
    - puis en phase de révision
    A3/B3/C3

    alors que l'élève un peu sérieux mais moins organisé va faire
    - dans l'année
    A1/B1/C1
    - puis en phase de révision
    A2/B2/C2 et il va tenter peut-être A3/B3/C3.

    Le piège classique est de reporter à plus tard la compréhension de mécanismes importants.
    Or c'est au moment où les choses sont travaillées en cours qu'il faut acquérir les mécanismes, de manière à tirer profit des cours et pouvoir éventuellement poser des questions.
    Un travail approfondi et régulier est donc une clef importante de la réussite en maths à l'université.
  • Oui on peut réussir à avoir l'agrégation externe en préparant en dehors de Paris. Ce n'est pas trop le lieu où tu reviens qui compte c'est comment tu travailles plutôt. Vive les girondins et halte aux jacobins.
    Ce qui est important à mon sens c'est de profiter de la L3 pour t'entrainer à travailler en groupe : cela aide énormément et préfère un M1 en maths pur et dur si tu en as la possibilité.
    J'insiste vraiment sur le travail en groupe : cela permet de se poser pas mal de questions et/ou d'essayer de répondre aux questions des autres. C'est là qu'on voit si on a compris. Et je rejoins les conseils sur le fait d'aller regarder les livres : la BU tu dois aimer, découvrir plein de livres tu dois.
  • Bonjour !
    Pour la question de la fac de province, je dirais qu'il ne faut pas avoir trop peur ! Je suis actuellement à la fac de Bordeaux, et l'an dernier, tous les inscrits à la préparation agrégation qui allaient régulièrement en cours et étaient sérieux l'ont eu ;) Cette année, ils sont tous admissibles pour le moment. Ça devrait te rassurer sur le simple critère Paris/province.
    Pour ce qui est du reste les autres t'ont déjà bien répondu, je te dirais qu'en fin de L2, il est trop tôt pour t'inquiéter ! Mais clairement, pour moi, un master MEEF ne te permettra pas de préparer l'agrégation. Ce n'est absolument pas le même niveau.
  • aléa a écrit:
    Un travail approfondi et régulier est donc une clef importante de la réussite en maths à l'université.

    Pas seulement les maths à l'université !
    C'est aussi vrai si tu pratiques le trapèze volant ou la neurochirurgie.

    Et encore plus les deux en même temps.

    e.v.

    [ Bon, c'est pas l'exemple idéal, c'est celui qui m'est venu en premier. Le dressage d'ours ? ]
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Bonjour,

    Tous vos message me rassurent. Je me reconnais beaucoup dans votre post aléa, mais plutôt dans la catégorie "élève sérieux mais pas organisé". Lorsque c'est un peu trop compliqué ou technique, je m'arrête et me dit qu'avec de la chance, ça ne tombera pas à l'examen, et je ne prends pas la peine d'approfondir par "manque de temps", alors que je travaille beaucoup en dehors des cours.
    Je vais donc garder en tête cette idée de préparer l'agrégation, de toute façon comme l'a dit Oscar Wild, "Il faut toujours viser la lune, car même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles"...

    Une autre question me vient en tête, est-ce que même avec l'agrégation on a de fortes chances de commencer en région parisienne ?
  • Oscar Fingal O'Flahertie Wills Wilde, (1854-1900) te remercie pour le respect de son patronyme.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


  • Bonjour Lakimosa.

    "Lorsque c'est un peu trop compliqué ou technique, je m'arrête et me dit qu'avec de la chance, ça ne tombera pas à l'examen". Tu as bien mis le doigt sur ce qui fait rater l'agreg, et même souvent le capes aux étudiants : Ils n'ont pas réfléchi aux parties délicates de leurs cours. Or ce sont celles qui servent à plus haut niveau, celles aussi qui, mal connues, font dire des âneries en cours d'oral de concours.

    Tu peux facilement t'améliorer dans ce domaine en creusant vraiment les cours, quitte à poser des questions à tes profs (ils seront tellement content que tu aies essayé de comprendre qu'ils te répondront gentiment), voire même à poser la question ici (avec explication de ce que tu fais et de ce que tu as essayé).

    Cordialement.
  • @lakrimosa: oui et non. L'affectation pour l'académie de stage dépend de ton classement et de l'ensemble des voeux d'affectation des lauréats. En général, on t'affecte dans un établissement correct voir très bon (pour éviter de décourager les stagiaires)
    Par contre, l'année suivante il y a de fortes chances d'arriver en Ile de France sauf si tu es pacsé ou marié ou que tu as des enfants à charge (il n'y a pas de distinction entre agrégés et certifiés sur cette phase d'affectation et tu es obligé de demander ta mutation au niveau national)

    Mais ne te décourage pas, suivant les académies et les années cela peut passer très vite. Je te donne en exemple mon cas: année de stage en Alsace (d'où je suis originaire), puis un an dans l'académie d'Amiens (plus précisément zone de Creil) et enfin retour en Alsace (d'où je n'ai plus bougé depuis)
  • Pour "nuancer".

    On affecte les stagiaires dans des établissements agréés par le rectorat, avec des tuteurs agréés par les IPR.
    Certains de ces établissements font partie de ce qui se fait de mieux aujourd'hui (par inadvertance, on atteindrait le même résultat) mais c'est faux d'en faire une généralité.

    J'appuie les propos de Moua en ce qui concerne l'affectation de l'année suivante : il y a de grande chances de se retrouver à Créteil, Versailles ou Amiens, mais une situation particulière peut vraiment faire la différence.
  • Je prends notes de tous vos conseils/remarques, qui me seront très précieux pour la suite.
    Je me demandais également, l'agrégation se passe-t-elle en fin de M1 ou en M2 ?
    De plus, quel est le salaire moyen d'un professeur agrégé en collège/lycée ?
  • Bonjour,
    Une autre question me vient en tête, quel est le niveau de l'agrégation ? L3 bien maîtrisée ? M1 ?
  • Bonjour.

    Le programme de l'agrégation est publié sur le site du ministère de l'éducation (tu y trouveras aussi les réponses à ton avant-dernier message). L3 ou M1 sont des formations délivrées par des fac, mais il n'existe pas de "niveau L3", ni même de programme commun aux L3. Donc étudie le programme, et choisis ton parcours L3-M1-M2 en fonction de ton but.

    Cordialement.
  • @ Lakrimosa.

    N'importe quoi de bien maîtrisé plutôt qu'un M1 par dessus la jambe.
    De très loin.

    e.v.
    Personne n'a raison contre un enfant qui pleure.


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